En novembre dernier, le Pentagone a annoncé qu’il livrerait à l’armée ukrainienne des systèmes de lance-roquettes à guidage laser VAMPIRE [Vehicle-Agnostic Modular Palletized ISR Rocket Equipment] dans le courant de l’année 2023. Une commande de 14 exemplaires, d’une valeur de 40 millions de dollars, a ensuite été notifiée à L3Harris en janvier.
Se composant d’un panier de quatre roquettes à guidage laser AGR-20 APKWS [Advanced Precision Kill Weapon System], d’un système de visée modulaire WESCAM MX-10 RSTA-D et de différents capteurs, ce dispositif a la particularité de pouvoir être installé en moins de deux heures sur n’importe quel véhicule 4×4 de type pick-up, qu’il soit militaire ou civil. Destiné aux forces spéciales et à l’infanterie légère, il permet d’engager des cibles terrestres et aériennes, dont les drones.
Visiblement, le système VAMPIRE a donné des idées aux forces françaises… puisqu’un projet similaire a été dévoilé lors d’une journée dédiée à l’innovation organisée par l’École des troupes aéroportées [ETAP] de Pau, dont « Qui Ose Gagne« , le bulletin de l’amicale du 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], s’est fait l’écho dans son dernier numéro.
Cependant, celui-ci n’a pas donné de détails sur ce projet encore en cours de développement, si ce n’est qu’il a été baptisé « BUTHUS » [du nom d’un scorpion que l’on trouve surtout dans le sud de la France] et qu’il repose sur un « panier lance-roquettes à guidage laser, d’une précision métrique et d’une portée utile de 7 km» pouvant être installé sur un… fardier.
Pour rappel, le ministère des Armées a commandé un total 300 véhicules de type fardier [avec 172 remorques] auprès de l’entreprise française UNAC. D’une masse de 2 tonnes, ces engins peuvent être soit parachutés par un avion de transport tactique, soit transportés sous élingue par un hélicoptère NH-90 ou Caracal. Leur armement se compose de deux mitrailleurs de 7,62 mm et ils sont capables de tracter un mortier de 120 mm ou de transporter jusqu’à 400 kg d’équipements grâce à leur remorque.
Cela étant, il n’est pas non plus impossible que ce panier lance-roquettes soit intégré sur le Grizzly, le nouveau « véhicule de reconnaissance et d’avant-garde aéroportée » de la 11e Brigade Parachutiste [BP].
Quant à la roquette que le système BUTHUS est susceptible d’utiliser, la description donnée par le bulletin de l’amicale du 1er RPIMa fait penser à la FZ275 LGR de 70 mm qui, selon Thales, est « la plus légère et la plus compacte du marché », tout en ayant une précision métrique et une portée de 7 km.
Le putsch militaire au Niger — troisième du genre au Sahel ces dernières années — est un nouveau revers pour la France en Afrique de l’ouest, sa zone de prédilection. Et surtout pour ses forces militaires, restées présentes sur le continent plus de soixante ans après la vague des indépendances, et de moins en moins supportées par les populations et les classes politiques locales.
par Philippe Leymarie – Le Monde diplomatique – publié le 2 août 2023
Depuis la défection du Mali, puis du Burkina Faso, le Niger était — avec le Tchad, également gouverné par un régime de type militaire — le seul pays sahélien à accueillir, et même à demander le secours de forces étrangères. Le président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet dernier par le général Abdourahamane Tchiani, chef de sa garde présidentielle, était un allié fidèle et assumé de la France, même s’il connaissait depuis longtemps les limites de ce pari risqué (1).
La présence renforcée des éléments militaires français avait été assortie de conditions qui en faisaient le « laboratoire » d’un nouveau « partenariat de combat » : une empreinte « modulable et légère » — avec le désir de « ne plus être visible sur le temps long », et une action de terrain placée exclusivement sous commandement nigérien, soulignait en mai dernier (2) le général Bruno Baratz, chef des forces françaises au Sahel, pour qui il fallait « reformater les esprits de nos militaires. On a beaucoup d’unités qui sont passées au Mali et ont connu l’opération Barkhane. Or, ce que font les forces françaises au Niger et au Tchad aujourd’hui n’a rien à voir. On se met vraiment à la disposition des partenaires, on se cale sur leur rythme opérationnel. C’est un changement culturel ».
Montée en puissance
Contrainte en 2022 d’évacuer ses bases au nord et au centre du Mali, puis au début de cette année son emprise de « forces spéciales » au Burkina Faso, et de renoncer à l’ambition régionale incarnée côté français par l’opération Barkhane, et côté africain par le G5-Sahel, Paris avait replié une partie de ses effectifs au Niger, atteignant 1500 hommes, pour mettre en œuvre des moyens essentiellement aériens — chasseurs et drones —, tandis que mille hommes sont restés stationnés au Tchad, ancien centre de commandement de l’opération Barkhane. Au total, les effectifs des troupes françaises au Sahel auront déjà été divisés par deux en quelques mois. Il était prévu qu’ils soient à nouveau réduits d’ici 2025, parallèlement à la montée en puissance de l’armée nigérienne — un pays qui a mis en place « une stratégie de contre-insurrection particulièrement efficace », reconnaissait le général Baratz.
Ce « partenariat de combat » d’un type nouveau, qui s’appliquait notamment dans la zone irrédentiste des « trois frontières », aux limites du Niger, du Mali et du Burkina Faso, où sévissent des groupes armés, et qui semblait fonctionner plutôt bien, ne paraît pas pouvoir être reconduit sous le nouveau régime, qui n’a pas supporté la condamnation immédiate du putsch par Paris, ainsi que la suspension des aides financières, et a accusé la France « d’ingérence », laissant des manifestants dans la capitale s’en prendre à des symboles français et brandir des drapeaux russes. Les incidents du dimanche 30 juillet avaient conduit l’Élysée à menacer la junte d’une « réplique immédiate et intraitable », en cas de menace sur ses ressortissants, militaires, diplomates au Niger ; ils ont motivé la décision le 1er août de rapatrier par voie aérienne militaire les Français et Européens qui le souhaitaient. L’étape suivante devrait être au minimum la suspension, voire l’arrêt de toute coopération militaire avec le Niger.
Les relations avec le gouvernement américain, qui dispose d’une base de drones au nord du pays mais a rapidement condamné le putsch, s’annoncent également problématiques. La solitude militaire à laquelle le Niger risque ainsi de s’astreindre pourrait être périlleuse pour un pays qui est défié sur deux fronts « djihadistes » : au nord-ouest, les attaques dans la zone des « trois frontières » ; au sud-est, les mille deux cents kilomètres de frontière avec le Nigeria, où sévissent les sectes armées de Boko Haram.
Utilité technique
Côté français, la nouvelle formule de coopération militaire avec le Niger faisait partie d’une réforme plus large du dispositif français sur le continent, avec le souci d’alléger encore les effectifs permanents — actuellement près de 6000 hommes — et de transformer le rôle des bases d’Abidjan, Dakar et Libreville : dans ce schéma, elles deviendraient des centres de formation militaire et non plus des points d’appui pour des interventions. La diminution des effectifs en Côte d’Ivoire, et l’accent mis sur l’affectation de coopérants militaires en longue durée — notamment d’enseignants dans les écoles militaires nationales à vocation régionale (ENVR) que Paris soutient depuis leur création — rendront difficile à l’avenir des opérations offensives, comme Serval au Mali, en 2013.
L’heure était, ces derniers mois, à l’africanisation, à la mutualisation de ces emprises qui remontent pour la plupart aux années soixante, voire plus avant… et ont souvent concentré les contestations ou protestations africaines. Aucune ex-puissance coloniale autre que la France n’a ainsi conservé un tel réseau et des capacités militaires aussi étendues sur le continent. L’efficace évacuation en mai dernier de plusieurs centaines de ressortissants français ou européens du Soudan, et l’actuelle opération du même genre au Niger, démontrent l’utilité technique — à défaut de politique — de ce réseau d’implantations.
Dans Afrique XXI, Raphaël Granvaud, de l’association Survie, invitait — avant même ce putsch — à ne pas se laisser abuser par le « trompe-l’oeil » de la « ré-articulation » du dispositif français dans le Sahel, décidée par le président Emmanuel Macron après la dissolution de l’opération Barkhane, et qu’illustraient les nouvelles pratiques militaires au Niger. Il s’agit, selon cet analyste, d’un « ravalement de façade » ; il rappelle que les gouvernements des dernières décennies ont tous promis la fin de la françafrique, la réduction des effectifs militaires, le changement de vocation des bases… et voulu déchirer l’image de « gendarme de l’Afrique » qui a longtemps collé à la peau des Français.
Survivances de la colonisation
Même si les modalités d’un retrait plus que probable des soldats français (et sans doute américains, et autres) du Niger ne sont pas encore détaillées, le putsch de Niamey signe sans doute la fin de l’aventure de l’armée française au Sahel, qui remonte aux temps coloniaux. Et aussi le déclin quasi total d’une arme originale au sein des forces françaises : l’infanterie de marine. Ces troupes, survivantes de la colonisation, sont détentrices d’un savoir-faire acquis dans les interventions outre-mer. Elles revendiquent leur origine populaire, le goût du voyage et de l’aventure, et défendent l’idée d’un soldat attentif aux besoins des populations, comme d’une certaine rusticité (3).
Elles ont été l’ossature des expéditions au Mexique, à Tahiti, en Chine et Cochinchine, en Crimée, Tunisie, à Madagascar, et en Afrique de l’ouest et centrale au XIXe siècle. Renforcés par des unités de spahis et tirailleurs recrutés sur place, les régiments de « marsouins » et « bigors » ont été engagés dans les combats de 14-18, puis en Rhénanie, en Syrie, au Maroc, dans les Balkans. Ils ont formé le gros des volontaires de la France libre, à la fin de la seconde guerre mondiale, puis participé — avec la Légion étrangère — aux opérations de « pacification » à Madagascar, en Indochine, en Algérie.
On les retrouvera, dans la seconde moitié du siècle dernier, et au début du siècle en cours en « forces de souveraineté » dans les départements et territoires d’outre-mer, en « forces de présence » dans les bases militaires en Afrique, et comme fer de lance des interventions extérieures (« opex ») au Tchad, Liban, Nouvelle Calédonie, Djibouti, Afghanistan, et en Europe de l’est ainsi qu’au Sahel — que les forces françaises n’avaient jamais vraiment quitté, avec notamment une présence quasi-permanente au Tchad depuis les débuts de la colonisation.
Omniprésence militaire
Pour la France, déjà évincée de fait en République centrafricaine avant de l’avoir été dans plusieurs pays du Sahel, et dont les principaux alliés en Afrique de l’ouest et du centre (Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Sénégal) risquent d’être confrontés à des contextes difficiles de succession, le putsch au Niger fait figure de nouvel échec politique, après plusieurs autres dans les parages. Aucun bilan de la « guerre perdue » au Mali, par exemple, n’a été mené jusqu’ici, à l’échelon militaire comme politique.
Et la réflexion sur le maintien ou non d’un dispositif militaire qui paraît de plus en plus insupportable aux opinions publiques des pays africains n’a pas été entamée au Parlement ou dans d’autres enceintes de débat, alors même que le poids, l’influence diplomatique, économique et culturelle de la France sur le continent sont sans commune mesure aujourd’hui avec son omniprésence militaire, pour le coup, très « visible », et que les résultats — notamment au Sahel — n’ont pas été à la hauteur des attentes. Trop axée sur le militaire (alors que gendarmes et policiers auraient parfois été plus adaptés), à la recherche d’un ennemi aux contours flous (le « terrorisme »), sur un temps trop long finissant en « occupation » de fait, la stratégie politico-militaire française dans cette région a été victime aussi de ses rigidités « éthiques » : « Jamais avec les djihadistes… Jamais avec Wagner… »
Autres fronts
Même si cette accumulation de déconvenues a l’allure d’une défaite (4), l’armée française ne quittera pas complètement le terrain africain : outre une coopération plus étendue en matière de formation, plus bilatérale et sur mesure, il reste une demande de certains pays en appui à l’antiterrorisme, notamment dans le golfe de Guinée ; et toujours, des ressortissants à exfiltrer dans tel ou tel pays : et, dans les deux cas, du travail pour les forces spéciales » — les moins « visibles » justement.
Pour les militaires français, il reste surtout du grain à moudre sur les autres fronts : déjà, ces derniers mois, il y avait plus d’hommes mobilisés à l’est européen, aux frontières de l’Ukraine, ou en Méditerranée orientale que sur le continent africain. Des forces restent déployées au Proche-Orient, au Liban, en Jordanie, dans les Émirats, à Djibouti, en Irak. Et l’exécutif souhaite développer une stratégie de présence dans l’Indo-Pacifique, et renforcer les emprises dans les départements et territoires d’outre-mer, notamment sur le plan aérien et naval. Mais l’adieu croissant à l’Afrique sera, de fait aussi, un sacré « changement culturel »…
(3) Cf, Michel Goya, « Les troupes de marine, les conquérants de l’outre-terre », Guerres et Histoire n° 33.
(4) Et d’une autre, passée inaperçue : la fin prématurée de l’opération Tabuka, au Mali, dans laquelle Paris avait entraîné plusieurs pays européens, et qui n’a pas survécu l’an dernier au désengagement français.
Bien qu’admis officiellement au service en juin 2022, le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Suffren, premier d’une série qui comptera six unités, ne dispose pas encore de toutes les capacités pour lesquelles il a été conçu : il lui manque en effet celle devant lui permettre de déployer des commandos via le Propulseur sous-marin de 3e génération [PSM3G], grâce à un hangar de pont amovible [encore appelé Dry Dock Shelter, ou DDS] placé derrière son kiosque.
Confidentialité des opérations spéciales oblige, les détails sur ce nouveau matériel sont rares. On sait seulement qu’il est produit par Exail [ex-ECA Group], dans le cadre d’une collaboration avec le Commando Hubert, et qu’il peut emporter une dizaine de nageurs de combat. « C’est un véritable outil anti-déni d’accès. […] Il y a très peu de nations qui possédent ce type de vecteur et maîtrisent la capacité globale du triptyque PSM-DDS-SNA. Les capacités opérationnelles du PSM3G sont révolutionnaires par rapport à l’actuel PSM2G », explique seulement la Marine nationale.
Cela étant, pour le moment, le Suffren n’est pas en mesure de mettre en oeuvre ce PSM3G en opération [ni même éventuellement des drones, ndlr] étant donné que son hangar de pont n’a pas encore été qualifié par la Direction générale de l’armement [DGA]. Mais ce ne serait qu’une question de temps.
En effet, selon le dernier numéro du magazine RAIDS, le Suffren a entamé une campagne d’essais avec son hangar de pont amovible en juin dernier. L’un des enjeux est de voir dans quelle mesure sa présence dégrade ses performances.
« Les essais menés sur le Suffren […] doivent permettre d’aboutir à la mise en service du DDS, dont la présence sur le pont du sous-marin dégrade légèrement les performances, dans une mesure qui n’est pas connue », écrit en effet RAIDS.
Au passage, on apprend que le PSM3G a été utilisé par le commando Hubert lors de la phase 4 de l’exercice interarmées et interalliés Orion… mais depuis un navire de surface.
En septembre 2022, la Direction générale de l’armement [DGA] a annoncé qu’elle venait de prononcer la qualification partielle du Système de mise à terre des chuteurs opérationnels [SMTCOPS], destiné aux forces spéciales et aux groupements de commandos parachutistes.
Ce dispositif permet des sauts à partir d’une altitude supérieure à 9’000 mètres et offre la possibilité de parcourir une cinquantaine de kilomètres sous voile, avec une charge de 200 kg [chuteur et équipement compris]. Cela étant, la qualification du SMTCOPS ne portait alors que sur le parachute, l’emport de charge sous gaine et les équipements de sécurité… mais pas sur le système de communication et de navigation ainsi que sur la capacité d’emport de colis autoguidée.
Cela étant, il n’est pas impossible que cette dernière bénéficie à l’avenir d’une technologie reposant sur des algorithmes d’intelligence artificielle [IA] dits « d’Apprentissage par Renforcement ». Tel est, en tout cas, le sens du projet Colibot, qui vient de faire l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par IDEA3, le Pôle innovation de défense de la DGA « Techniques Aéronautiques », dédié à l’aéromobilité.
S’adressant aux entreprises et aux centres de recherche spécialisés, ce projet vise en effet à mettre au point un prototype de « colis autoguidé »par des algorithmes d’Apprentissage par Renforcement [RL pour Reinforcement Learning] ayant la capacité d’effectuer un vol autonome tout en étant évidemment plus performant en précision et douceur de posé que les systèmes actuellement disponibles.
Ce prototype de colis autoguidé reposera sur un boîtier de navigation autonome [BNA] doté d’un « logiciel de vol à base d’IA permettant de manœuvrer un parachute aile d’une surface de voile d’environ 50m² ».
Deux configurations sont prévues. Ainsi, s’agissant de la première, appelée MANPACK, ce BNA sera « placé sur le buste » d’un parachutiste tout en étant « fixé sur son harnais, de sorte à ne pas altérer ses mouvements » afin de permettre une « reprise en main du vol à à tout moment, en cas de vol en perdition ».
Quant à la seconde, appelée PADS, elle prévoit de placer le BNA entre la charge utile et le parachute, au moyen d’un harnais adapté ». Selon la fiche du projet, la masse totale de l’ensemble [c’est à dire le parachute, le BNA et la charge utile] devra être comprise entre 150 et 250 kg.
Cela étant, la DGA explique que le projet Colibot s’inscrit dans une démarche plus large.
« L’augmentation de l’autonomie et des performances des systèmes dans le domaine des drones, de la robotique ou encore des missiles représente un enjeu majeur pour le ministère des Armées », souligne-t-elle. Aussi, poursuit la DGA, « l’Intelligence Artificielle appliquée à la thématique du guidage/contrôle de tels systèmes est perçue comme une piste prometteuse mais nécessite de monter en maturité et d’être évaluée de façon concrète sur des systèmes réels et non seulement en simulation ». D’où le projet Colibot, qui intéresse les forces spéciales… mais aussi l’armée de Terre ainsi que l’armée de l’Air & de l’Espace.
« De par sa facilité à répondre aux contraintes d’expérimentation aérienne et son intérêt opérationnel pour les Forces, le développement d’un prototype de ‘Colis autoguidé’ par des algorithmes RL est un candidat idéal pour expérimenter et progresser dans le domaine de l’IA embarquée », conclut la DGA.
En janvier 2016, la Direction générale de l’armement [DGA] notifia à Arquus le programmes PLFS [Poids Lourd des forces spéciales] afin de remplacer les véhicules légers de reconnaissance et d’appui [VLRA] utilisés par les unités mises à la disposition du Commandement des opérations spéciales [COS].
Seulement, les 25 premiers exemplaires livrés dans un « premier standard pour répondre aux besoins les plus urgents » ne répondirent pas aux attentes exprimées par le COS, celui-ci ayant fait état de « dysfonctionnements » pouvant contrarier leur emploi en opération. Et ils furent donc renvoyés à l’industriel.
Pour autant, les modifications apportées à ces 25 PLFS au standard 1 ne donnèrent toujours pas satisfaction au COS. « Ces véhicules ont montré trop de limites d’emploi », résuma le magazine spécialisé RAIDS, en 2022. Finalement, il fut décidé de les livrer aux groupements de commandos de la 27e Brigade d’infanterie de montagne [BIM] et de la 11e Brigade parachutiste [BP] pour leurs patrouilles motorisées.
Cela étant, le ministère des Armées a visiblement décidé d’aller plus loin… En effet, lors de son dernier point presse, le 29 juin, il a annoncé que le 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP] venait de recevoir ses premiers « véhicules de reconnaissance et d’avant-garde aéroportée » appelés « Grizzly ».
« Développé par Arquus et dérivé de la gamme Sherpa, le Grizzly est conçu pour fournir des capacités d’infiltration/exfiltration de renseignements d’intérêt majeur en totale autonomie pendant plusieurs jours, dans un environnement dégradé et hostile », a expliqué Olivia Penichou, la Déléguée à l’information et à la communication de la Défense [DICoD]. Aucune précision sur le coût de ce programme n’a été donnée.
D’ici 2030, la 11e BP recevra une quarantaine de Grizzly… alors que ce nouveau véhicule ne figure pas dans le tableau capacitaire du rapport mis en annexe de la Loi de programmation militaire [LPM]. Et, a priori, il ne sera destiné qu’aux troupes aéroportées puisque le 2e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa] en sera également doté, une dizaine d’exemplaires devant être envoyés à La Réunion.
Une dizaine de véhicules Armure seront livrés aux forces spéciales françaises par Technamm. Leur future mission ? L’extraction d’urgence sous blindage d’un blessé, capacité pour l’instant inexistante parmi les unités du Commandement des opérations spéciales.
Une fois livrés, les huit véhicules Armure commandés seront rebaptisés « VOS-MED », nous expliquait cette semaine un représentant de Technamm. Ils auront vocation à accompagner une patrouille et à permettre la stabilisation et l’évacuation d’un blessé vers l’échelon médical supérieur. Une nouveauté pour des unités qui, jusqu’alors, misaient en premier lieu sur l’une de leurs grandes forces : la débrouille.
Exit la version 4×4 d’origine, le VOS-MED reposera sur le châssis 6×6 rallongé et renforcé du Masstech T6 (VOS-APP). De quoi rajouter le bon mètre de longueur nécessaire pour l’emport d’un blessé. Le VOS-MED constituera aussi un embryon de capacité sous blindage en propre au sein de forces spéciales qui ont longtemps misé sur les Aravis empruntés au 13e régiment du génie.
Seul véhicule entièrement blindé de la gamme défense, l’Armure offre une protection balistique de niveau B6, de quoi arrêter une munition d’AK-47 tout en conservant une certaine légèreté chère aux forces spéciales. Pour concevoir sa cabine, Technamm s’est tourné vers AMEFO, entreprise bourguignonne notamment mobilisée pour le VBL et le CAESAR Mk 1.
Axée à première vue vers les forces spéciales Terre, cette première expérience pourrait faire tâche d’huile du côté des commandos marine, relève la société de Lambesc (Bouches-du-Rhône). Le prototype est aujourd’hui en cours de production, ajoute ce spécialiste du sur-mesure. Cette tête de série devrait être prise en compte en fin d’année par la Section technique de l’armée de Terre à des fins d’évaluations. Sauf écueil majeur, les livraisons débuteront dans les premiers mois de 2024.
Cette commande vient s’ajouter à d’autres succès récents, telle que l’acquisition de lots de Masstech Commando pour la brigade des forces spéciales air (BFSA) et par la Jordanie. Inspirée du VPS2, cette version sera bientôt l’objet d’une campagne de tir conduite par un CPA sur le camp militaire de Captieux (Gironde) afin de valider le système d’arme.
En 2021, la Direction générale de l’armement [DGA] a remis à l’armée de Terre les derniers Ensembles de parachutage du combattant [EPC], qui avaient été commandés en 2009, dans le cadre d’un marché notifié à l’entreprise britannique Airborne Systems Europe [devenue, depuis, IrvinGQ], pour un montant de 73,5 millions d’euros.
Pour rappel, l’EPC a remplacé l’Équipement de parachutage individuel [EPI], que les troupes aéroportées [TAP] utilisaient depuis le début des années 1980. Ayant une capacité d’emport de charge de 165 kg [contre 130 kg pour son prédécesseur], ce nouveau parachute permet d’effectuer des sauts à des hauteurs inférieures, avec le même niveau de risque », explique l’armée de Terre. Et ce « gain concourt à la sécurité de l’avion tout en réduisant la vulnérabilité du parachutiste et la dispersion de la mise à terre », poursuit-elle.
Par ailleurs, la DGA a récemment prononcé la qualification partielle du Système de mise à terre des chuteurs opérationnels [SMTCOPS], développé par Zodiac Aerosafety Systems [repris par Safran] et destiné aux forces spéciales et aux groupes commandos parachutistes [GCP]. Ce système permet des sauts depuis une altitude de 9000 mètres et de parcourir, sous voile, environ 50 km, avec une charge de 200 kg [chuteur et équipement compris].
Mais un troisième type de parachute pourrait prochainement entrer en dotation au sein de la 11e Brigade parachutiste [BP], dans le cadre du projet « infiltration sous voile modernisée », lequel a été présenté lors d’un journée d’échanges « dédiée à l’innovation », organisée par l’École des troupes aéroportées [ETAP] de Pau, le 29 mai dernier.
« Ce nouveau système, et notamment sa voile haute finesse, offre un gain de performance de 30 % par rapport aux parachutes d’arme actuels », indique l’armée de Terre, ce 5 juin, en précisant qu’il « viendra compléter le programme d’armement SMTCOPS ». Et d’ajouter : « La formation, l’entraînement et la préparation de mission doivent évoluer afin d’employer au maximum ce gain au profit des opérations ».
Comme le SMTCOPS, ce nouveau parachute, mis au point par Safran, via sa filiale Zodiac Aerosafety Systems, permettra des sauts depuis des altitudes comprises entre 1200 et 9000 mètres. Le tout avec une capacité d’emport plus importante [entre 130 et 270 kg selon les différents types d’IVSM envisagés].
Par ailleurs, un autre projet, intitulé « Réarticulation rénovée et modernisée », est aussi en cours. Selon l’armée de Terre, il s’inscrit dans le cadre d’un « engagement face à un ennemi maîtrisant les modes d’action liés au déni d’accès et à la guerre électronique », ce qui suppose des mises à terre éloignées des zones d’action… et donc des marche d’infiltration plus longues. Aussi, il s’agit d’augmenter l’autonomie tactique d’une unité aéroportée potentiellement coupée de ses soutiens logistiques et sanitaires.
Quelques innovations ont été mises au point à cette fin. Tel est, par exemple, le cas de la Mule de largage démontable [MLD], capable de supporter des charges allant jusqu’à 255 kg.
En cas de conflit dans la région du Pacifique, les forces américaines ne pourront plus compter sur l’hydravion PBY Catalina, qui rendit de grands services durant la Seconde Guerre Mondiale… D’où le projet du commandement américain des opérations spéciales [USSOCOM] de développer une version amphibie de l’avion de transport MC-130J Commando II, conçu pour mener des missions d’infiltration/exfiltration dans les zones hostiles?
Cela étant, une telle idée n’est pas nouvelle : dans les années 1960, Lockheed proposa à l’US Navy un hydravion conçu à partir de son C-130 Hercules. Sans succès… L’industriel revint à la charge, plus tard, avec cette fois l’US Coast Guard [garde-côtière]. Mais sans plus de résultat.
Quoi qu’il en soit, le projet d’un MC-130J Commando II amphibie fut dévoilé en mai 2021 par le colonel Ken Kuebler, lors d’une conférence dédiée à l’industrie [SOFIC – Special Operations Forces Industry Conference]. « C’est un défi », avait-il dit, avant d’ajouter que l’ingénierie numérique permettrait de trouver rapidement une solution. Puis, quelques semaines plus tard, l’Air Force Special Force fit savoir qu’elle espérait le premier vol d’un prototype en 2023.
Sauf que l’ingénierie numérique n’est pas une pierre philosophale, comme en témoigne les problème que rencontre l’avion d’entraînement T-7 « Red Hawk », développé selon cette approche. En effet, celui-ci sera mis en service en 2027, soit avec trois ans de retard. Et cela « en raison de problèmes découverts au début de la phase de développement et de tests », a récemment fait savoir Andrew Hunter, le secrétaire adjoint à l’Air Force pour l’acquisition, la technologie et la logistique.
En tout cas, le développement de la version amphibie du MC-130J Commando II ne semble pas avoir réalisé de progrès notables depuis les annonces faites en 2021. Aussi, l’US SOCOM envisage de se tourner vers le Japon, qui a une certaine expérience en la matière, avec l’hydravion de transport ShinMaywa US-2.
« Le Japon est un partenaire très important dans [l’Indo-Pacifique]. Nous envisageons un partenariat pour voir ce que nous pouvons apprendre de leurs expériences avec l’US-2 », a en effet déclaré Jim Smith, le responsable des acquisitions pour le compte de l’US SOCOM, lors d’une conférence organisée à Tampa [Floride], le 9 mai.
Cela étant, en fonction de ce que donneront les discussions avec Tokyo, l’US SOCOM n’exclut pas de se procurer quelques US-2 auprès du constructeur nippon ShinMaywa, ses procédures d’acquisition étant particulières.
Pour rappel, mis en service en 2007, l’US-2 est un hydravion de 33,46 mètres de long pour une envergure de 33,15 mètres. Affichant une masse au décollage de 43 tonnes, il peut transporter une vingtaine de passagers. Doté de quatre turbopropulseurs Rolls-Royce AE 2100J, il peut voler à la vitesse maximale de 560 km. Enfin, son autonomie est de 4700 km.
L’invention de ce militaire a séduit les forces spéciales françaises et américaines
Armurier à la BA105 d’Évreux, Killian Pezet est revenu d’une mission avec l’envie de créer un établi mobile pour entretenir les différents équipements. Son innovation a été primée.
Militaire à la base aérienne 105 d’Évreux (Eure), Killian Pezet se définit comme quelqu’un de discret. Pourtant, depuis quelques jours, il se retrouve sous les projecteurs grâce à son invention primée lors d’un prestigieux salon dédié à l’innovation militaire.
Originaire de Cherbourg, le jeune homme de 24 ans est arrivé à la BA105 il y a cinq ans et demi. Un brevet professionnel en poche, il a suivi les traces de son père et est devenu armurier. Un poste « assez rare » (il y en a quatre ou cinq par base) qui consiste à entretenir, réparer et modifier les armes, du pistolet au fusil d’assaut utilisé en mission.
Une armurerie mobile
C’est lors d’une opération extérieure (Opex) dans le Sahel que les premières graines de son innovation ont germé. En tant qu’armurier, il est installé sur une grande base, quand bon nombre de militaires sont situés dans des avant-postes à deux heures de vol.
Lorsqu’ils ont besoin de réparer leurs armes, ces derniers sont obligés d’attendre la fin de leur mission et doivent se déplacer avec tout leur équipement jusqu’à la base. Une galère logistique.
Je me suis demandé pourquoi l’armurerie n’irait pas au plus près de nos hommes.
De retour en France après cinq mois de mission, il propose son idée : « Condenser tous les moyens techniques et technologiques d’une armurerie dans un caisson d’un mètre cube. » Une armurerie mobile en somme. La boîte doit être transportable en avion et larguée sur les terrains de conflits si besoin.
Une fois déployée, elle devient une table de 2 m de largeur et de 70 cm de longueur composée de tiroirs comportant l’outillage nécessaire à la réparation et au nettoyage des armes, les pièces, les ingrédients (huiles, colles…), les tablettes (principalement utilisées pour indiquer la marche à suivre pour chaque arme), les éclairages, microscope et endoscope… « Chaque centimètre est utilisé pour caler et emporter le plus de choses », résume l’inventeur.
Une maquette avec des déchets
Dans un premier temps, ses collègues pensent à une blague. Pas de quoi désarmer le jeune caporal. « Il a fallu démontrer que j’y croyais fort. Au pire on m’aurait dit que c’était nul. Au mieux ça marchait », explique-t-il, simplement. Il prend ses soirées pour se former à la modélisation en trois dimensions afin de présenter son projet aux autorités.
Un sens de la débrouille qui fait mouche, puisqu’à l’automne 2021, son exposé suscite l’intérêt des autorités. Killian Pezet réalise une maquette en bois à peu de frais, notamment en se servant de déchets et en faisant appel aux menuisiers de la BA105, afin de montrer son concept.
Pour le prototype, il obtient un financement de la Direction générale de l’Armement (DGA), qui tient les cordons de la bourse. Ayant la possibilité de compter sur un budget imposant, le caporal se limite à 15 000 €. « Je n’avais pas besoin de plus », assure-t-il.
Un coût maîtrisé grâce aux capacités de recherche et de fabrication au sein même de l’armée française. Il met à contribution l’atelier industriel de la base de Bordeaux, unique en France, « qui peut tout construire ». Surtout, cette phase permet à son invention de passer entre les mains d’ingénieurs qui peuvent aller dans le détail.
« Être autonome à 100 % »
Si le caisson de l’inventeur ébroïcien est crédible, c’est avant tout parce qu’il est issu « de l’expérience du terrain et qu’il n’a pas été commandé dans un bureau ». Deux panneaux solaires dépliables permettent de recharger tablettes et éclairages si aucune prise n’est disponible. « L’idée, c’est d’être autonome à 100 % », appuie Killian Pezet.
Le côté table de camping pliable est totalement assumé par le jeune homme, qui a voulu rendre le tout simple d’utilisation.
On met moins de soixante secondes à le déployer. Le but, c’est que l’on ne se pose pas de question et qu’on ne le casse pas.
Le plan de travail, totalement magnétique, a lui aussi été pensé pour répondre aux exigences du terrain. « Il faut éviter que les petites vis tombent et roulent dans le sable », précise celui qui se définit lui-même comme un « bricoleur maladroit ». Seul véritable « point noir » du paquetage : son poids. Il pèse une centaine de kilos, mais le caporal a trouvé l’alternative en y ajoutant un système de chariot pour qu’un seul homme soit en mesure de le tirer, quel que soit le terrain.
« Mieux que le concours Lépine »
Fin mars, Killian Pezet a participé au salon SOFINS (special operations forces specials network seminar) à Bordeaux. Un événement très fermé qui se tient tous les deux ans et pour lequel il faut montrer patte blanche.
Ça réunit les forces spéciales du monde entier et les industriels qui fabriquent les gadgets à la James Bond.
Parmi la cinquantaine d’innovateurs présents, il a gagné le prix dans la catégorie GCOS (général commandant les opérations spéciales). « C’est mieux que le concours Lépine », assure-t-il. Un prestige, mais surtout « une crédibilité gigantesque » pour l’invention et l’inventeur.
C’est à cette occasion que Killian Pezet a choisi le nom d’Artac (Armurerie tactique). Un intitulé plus punchy que Caisse projetable d’entretien des armes (CPEA), et surtout plus facile à dire. « Je bégayais beaucoup, j’aurais loupé la prononciation », confie l’inventeur ébroïcien. Pourtant, pendant les quatre jours du salon, son handicap ne l’a pas gêné : « Je savais exactement de quoi je parlais, ça a aidé. »
Des entreprises intéressées
L’armée française a déposé le brevet pour son usage et Killian Pezet peut en faire ce qu’il veut pour le civil. Il a déjà été approché par des entreprises qui gèrent des pipelines au Moyen-Orient qui voudraient utiliser le caisson.
Car la structure pourra s’adapter à différents clients en fonction de leurs besoins : armes spécifiques aux différents corps (armée conventionnelle, forces spéciales, GIGN, Raid…), réparation de drones, réparation d’hélicoptères, camions…
L’invention a d’ailleurs beaucoup plu aux forces spéciales américaines.
Mais avant de penser à la vendre, Killian Pezet travaille sur sa version finale, « qui doit être efficace sur le terrain ». Pour ça, pas de secret : l’expérience. « On essaye de le malmener », s’amuse l’inventeur. Le caisson est confié à d’autres personnes « un peu plus brutales » pour tester sa solidité. Prochaine étape : un largage en avion.
Le 23 avril, à la suite des États-Unis, la France a lancé une opération d’évacuation de ses ressortissants [RESEVAC] au Soudan, pays en proie à des combats opposant l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide [FSR], dirigées par son désormais ancien allié, le général Mohamed Hamdane Daglo [alias Hemeti].
Une telle opération est d’autant plus délicate à planifier et à mener que les délais de réaction sont très courts et que plusieurs conditions doivent être réunies [autorisations de survol de pays voisins, accalmie dans les combats, disponibilité des moyens susceptibles d’être engagés, etc].
Les autorités françaises ont peu communiqué sur les modalités et les conditions de cette opération menée au Soudan. Cependant, quelques heures après son lancement, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, a précisé, via Twitter, qu’elle avait été baptisée « Sagittaire » et qu’elle mobilisait des avions de transport A400M et des commandos des forces spéciales. Du moins, c’est ce qu’ont suggéré les photographies diffusées par l’État-major des armées [EMA] sur les réseaux sociaux.
Or, peu après l’annonce du déclenchement de l’opération Sagittaire, il a été dit qu’un convoi français avait essuyé des tirs au niveau du quartier de Bahri, au nord de Karthoum, et que l’un de ses membres avait été blessé. Et cela, dans des conditions confuses, les FSR ayant soutenu avoir été visées par un raid aérien au moment des faits. Sollicitées par l’AFP, des sources diplomatiques et militaires ont alors dit refuser de « telles rumeurs » tant que le RESEVAC « n’est pas encore terminé ».
Quarante-huit heures après, à l’ouverture d’un Conseil de défense et de sécurité nationale, à l’Élysée, le président Macron a confirmé qu’un commando des forces spéciales avait bien été blessé – assez sérieusement, a priori – durant cette opération.
« J’ai eu, ce matin, des nouvelles rassurantes du commando des forces spéciales qui a été blessé au cours de cette opération. Et son état est maintenant stabilisé, sa vie n’est plus en danger. Il est en transfert vers les soignants qui lui permettront, dans les prochaines heures, je l’espère, de retrouver l’intégralité de ses facultés », a en effet affirmé M. Macron.
Pour le moment, l’opération Sagittaire a permis d’évacuer 538 personnes, dont 209 ressortissants français, du Soudan. Dans sa courte déclaration, le chef de l’État a remercié Djibouti et l’Éthiopie [qui a accepté d’ouvrir son espace aérien aux avions français].
Selon les précision de l’EMA, dix convois entre Khartoum et la base de Wadi Seidna [dont il a fallu s’assurer le contrôle] ont été organisés au cours des 72 dernières heures. Puis un pont aérien a été mis en place vers Djibouti, avec sept rotations d’A400M Atlas et deux de C-130J Hercules.
À noter que la frégate multi-missions à capacité de défense aérienne renforcée [FREMM-DA] Lorraine, qui effectue actuellement son déploiement de longue durée en vue de son admission au service, a également été sollicitée pour transporter des personnes évacuées de Port-Soudan vers l’Arabie Saoudite, en lien avec les Nations unies.