ÉCONOMIE – La guerre économique des États-Unis contre l’Europe : Une attaque stratégique

Guerre économique entre les États-Unis et l'Europe
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Loin d’être une simple mesure commerciale, l’augmentation des droits de douane américains contre l’Europe s’inscrit dans une logique plus vaste et plus inquiétante : celle de la guerre économique. 

ÉCONOMIE – La guerre économique des États-Unis contre l’Europe : Une attaque stratégique

Depuis plusieurs décennies, les États-Unis ont perfectionné l’art de la coercition économique, utilisant le commerce, la finance et la technologie comme des armes pour défendre leurs intérêts stratégiques et affaiblir leurs concurrents. L’Europe, longtemps persuadée que l’ouverture des marchés garantissait la prospérité et la stabilité, se retrouve aujourd’hui prise dans un engrenage dont elle n’a pas mesuré la dangerosité.

L’analyse de Christian Harbulot, l’un des plus grands théoriciens de la guerre économique, permet de mieux comprendre la nature du conflit en cours. Contrairement à une vision naïve du commerce international, qui le présente comme un jeu d’échange mutuellement bénéfique, Harbulot démontre que l’économie est avant tout un terrain de confrontation où les rapports de force se jouent avec autant de brutalité que dans les conflits militaires. Si les armes conventionnelles restent silencieuses, la pression exercée sur les secteurs industriels stratégiques, la domination des infrastructures technologiques et la manipulation des règles du commerce international remplacent les batailles d’antan. Dans cette logique, les droits de douane ne sont pas de simples mesures de protection économique : ils sont des instruments de domination et d’affaiblissement ciblé.

La stratégie américaine, sous couvert de protectionnisme, poursuit un objectif clair : réduire la compétitivité des industries européennes pour forcer l’UE à dépendre davantage du marché américain. Ce mécanisme est d’autant plus insidieux qu’il s’accompagne d’un narratif habilement construit, celui d’une Amérique qui cherche à rétablir l’équilibre face à des pratiques commerciales supposément injustes. Pourtant, la réalité est bien différente. Derrière cette rhétorique, Washington impose des barrières à des secteurs où l’Europe excelle – de l’automobile aux technologies vertes, en passant par l’acier et l’aluminium – tout en attirant les industries européennes grâce à des subventions massives et des incitations fiscales. L’Inflation Reduction Act, conçu pour soutenir les entreprises américaines, fonctionne aussi comme un piège qui pousse les entreprises européennes à délocaliser outre-Atlantique, sous peine de perdre en compétitivité.

Mais ce qui frappe le plus, c’est la réaction – ou plutôt l’absence de réaction – de l’Europe. Face à cette offensive économique d’une ampleur inédite, Bruxelles se contente d’exprimer son mécontentement, oscillant entre indignation et vaines menaces de représailles. L’Union européenne, paralysée par ses divisions internes et sa culture du compromis, semble incapable de comprendre qu’elle est engagée dans une bataille dont elle n’a pas choisi les règles. Trop longtemps, elle a cru que la coopération transatlantique était fondée sur des intérêts partagés et une loyauté réciproque. Or, la réalité est toute autre : dans le monde impitoyable de la guerre économique, il n’y a ni amis ni partenaires durables, seulement des rapports de force à gérer.

L’Europe se retrouve donc dans une position critique. Si elle continue de subir sans réagir, elle risque de voir son industrie décliner, ses emplois disparaître et son influence économique s’éroder. Une désindustrialisation progressive, dictée par les règles américaines, la transformerait en simple marché de consommation, dépendant des importations étrangères pour ses biens de haute technologie et ses infrastructures énergétiques. Les États-Unis, maîtres du jeu, imposeraient leur modèle, obligeant les entreprises européennes à s’aligner sur leurs normes et leurs exigences.

Une autre issue serait celle d’une réaction tardive et désordonnée, où l’Europe tenterait, sous la pression des événements, de colmater les brèches en instaurant quelques mesures de protection économique, sans réelle stratégie d’ensemble. Mais ce sursaut ne suffirait pas. La guerre économique exige une vision de long terme, une capacité d’anticipation et une volonté politique qui, jusqu’à présent, ont cruellement manqué.

Pourtant, il existe encore une alternative, celle d’une prise de conscience radicale. Si l’Europe veut conserver son rang, elle doit cesser de jouer un rôle passif et adopter une posture offensive. Cela implique de renforcer ses outils de défense commerciale, de protéger ses industries stratégiques et de cesser de croire que les règles du libre-échange seront respectées par tous. Il s’agit aussi d’investir massivement dans les secteurs clés du futur – intelligence artificielle, semi-conducteurs, énergies renouvelables – et d’empêcher le pillage de ses technologies par des puissances rivales.

Mais plus encore, l’Europe doit comprendre que la guerre économique n’est pas un phénomène temporaire ou une aberration du système, mais bien une dynamique permanente des relations internationales. Le monde ne fonctionne pas sur des principes d’équité, mais sur des logiques de puissance. Tant que cette évidence ne sera pas intégrée dans la pensée stratégique européenne, l’UE continuera à subir les décisions prises ailleurs, incapable de défendre ses propres intérêts.

L’Europe a encore le choix. Mais le temps presse. Loin des discours de façade et des illusions de partenariat, elle doit accepter la réalité : dans le grand affrontement économique du XXIe siècle, seuls les blocs capables de défendre leur souveraineté industrielle et commerciale pourront prétendre à un avenir de puissance. Les autres, eux, seront condamnés à l’effacement progressif.


Guerre économique entre les États-Unis et l'Europe

Giuseppe Gagliano a fondé en 2011 le réseau international Cestudec (Centre d’études stratégiques Carlo de Cristoforis), basé à Côme (Italie), dans le but d’étudier, dans une perspective réaliste, les dynamiques conflictuelles des relations internationales. Ce réseau met l’accent sur la dimension de l’intelligence et de la géopolitique, en s’inspirant des réflexions de Christian Harbulot, fondateur et directeur de l’École de Guerre Économique (EGE)

Il collabore avec le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) (Lien),https://cf2r.org/le-cf2r/gouvernance-du-cf2r/

avec l’Université de Calabre dans le cadre du Master en Intelligence, et avec l’Iassp de Milan (Lien).https://www.iassp.org/team_master/giuseppe-gagliano/

Ouvrages en italien

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Ouvrages en français

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Ukraine: première opération de guerre pour les Mirage 2000 livrés par la France

Ukraine: première opération de guerre pour les Mirage 2000 livrés par la France

L’Ukraine a utilisé pour la première fois, ce vendredi, des Mirage 2000 livrés par la France pour repousser des frappes russes, selon un communiqué de l’armée ukrainienne. Une étape saluée par le président ukrainien, Volodimir Zelensky sur le réseau social X: « Aujourd’hui, des avions de chasse F-16 et des Mirage fournis par la France ont été utilisés pour protéger le ciel ukrainien. En particulier, les Mirage ont intercepté avec succès des missiles de croisière russes. Merci ! »

Des F-16 ont aussi été engagés pour faire face à l’attaque russe de ce vendredi matin. Au moins 58 missiles et 194 drones russes ont été tirés contre des cibles en Ukraine. Dans son communiqué, l’armée de l’air ukrainienne a précisé avoir abattu au moins 134 de ces cibles, dont 34 missiles et 100 drones.

Le 6 février, le ministre français des Armées avait confirmé la livraison de ces avions (voir ici).

Pipelines entre sécurité énergétique et stratégies géopolitiques

Pipelines entre sécurité énergétique et stratégies géopolitiques

Eloïse Herbreteau (*) – Esprit Surcouf – publié le 7 mars 2025
Etudiante en en 3ème année de licence de sciences politiques

https://espritsurcouf.fr/geoplitique_pipelines-entre-securite-energetique-et-strategies-geopolitiques_par_eloise-herbreteau_n252-070325/

 


Le projet East African Crude Oil Pipeline qui se situe entre l’Ouganda et la Tanzanie orchestré par Total energie fait débat. En effet, EACOP sera le plus long oléoduc chauffé du monde, grand de près de 1 443 km. Cependant, ce projet suscite de nombreuses préoccupations, que ce soit de la société civile et des ONG environnementales. L’acheminement des matières premières par pipelines est un sujet central en géopolitique car il est quasi généralisé  à l’échelle mondiale. Cependant, son aspect transnational et écologique questionne. Nous pouvons nous demander, comment les réseaux de pipelines influencent-ils la sécurité énergétique des États et leurs stratégies géopolitiques ?

Les pipelines comme levier géopolitique

Il existe environ 2 millions de kilomètres de pipelines traversant le monde. Le contrôle de ces infrastructures permet à certains pays de détenir une part significative du pouvoir sur les flux énergétiques mondiaux, ce qui est particulièrement vrai pour les nations productrices de pétrole et de gaz, comme la Russie, les pays du Moyen-Orient ou ceux d’Asie centrale.

 La construction de nouveaux pipelines modifie les relations économiques et politiques entre les pays, car ces infrastructures créent des interdépendances. Ainsi, le contrôle des pipelines offre à un pays la possibilité de sécuriser ses approvisionnements énergétiques tout en réduisant sa vulnérabilité aux coupures potentielles. En effet, la dépendance des pays aux matières premières peut être utilisée comme un levier de pouvoir, établissant ainsi un axe de domination.

Dans le droit international, la construction des pipelines dépend généralement de l’accord des États concernés, qui négocient souvent les conditions de leur installation. Cela se reflète dans des accords comme celui du 12 août 2018, sur le statut de la mer caspienne signé par les chefs d’État de la Russie, de l’Iran, du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan, qui a permis la création du gazoduc transcaspien de 878 km.

 Un réseau de pipelines international nécessite une coopération minimale entre les États, matérialisée par l’« Intergovernmental Agreement » (IGA), accord intergouvernemental qui stipule les conditions de transit énergétique et l’engagement des États à garantir les terrains nécessaires pour son passage. Cet IGA est souvent accompagné de contrats entre la compagnie opératrice et chaque État hôte.

Cependant, il convient de noter que, bien que les pipelines sous-marins soient régis par des lois internationales solides, les pipelines terrestres ne bénéficient pas du même cadre juridique en droit international. Néanmoins, les perspectives de développement de ces infrastructures sont vastes et en constante évolution, comme en témoigne l’exemple des accords liés au Nord Stream 2.

Les enjeux géopolitiques : Europe, Moyen-Orient et Asie

Nous pouvons prendre le cas de l’Europe qui utilise les pipelines comme levier géopolitique. En effet, il y a divers pipelines qui acheminent les matières premières vers l’Europe que ce soit Nord stream 1 et 2, trans adriatic pipeline (indiquez sa longueur)…

Nous allons nous pencher sur le cas Nord Stream 1 et 2. En quelques chiffres, Nord Stream atteint 1 222 km de longueur, 55 milliards m3/a en capacité de transport entre Oust-Louga en Russie jusqu’à Greifswald en Allemagne. De ce fait, depuis le début de la guerre en Ukraine, les enjeux géopolitiques des pipelines reviennent sur le devant de la scène car en septembre 2022, Nord Stream 1 et 2 ont été sabotés occasionnant d’importantes fuites.

Les auteurs de ce sabotage ont fait l’objet de nombreuses spéculations. De nombreuses agences de presse soupçonnent un commando ukrainien. De plus, , depuis le début de la guerre en Ukraine, afin de réduire les exportations énergétiques  russes, , les pays européens se sont entendus pour suspendre leur flux via le Nord stream 2, illustrée par la citation de l’ancien ministre de l’économie français Bruno Le Maire « Nord Stream 2 pourra ouvrir le jour où le pouvoir russe respectera ses engagements internationaux et l’intégrité du territoire de l’Ukraine ».

Nord stream 2 fait polémique car il accroît la dépendance aux ressources russes et donc retire à l’Europe de la souveraineté en matières premières. Ce qui peut être dangereux lorsqu’il s’agit de conflits. Nord stream est un gazoduc maritime, il ne traverse ni les pays baltes, ni l’Ukraine. Il prive donc ces territoires de revenus de transport (estimés à 1,5 milliard d’euros par an).

Dans le contexte du Moyen-Orient, la situation est différente. On y observe  une distinction entre les grandes puissances pétrolières et les pays moins favorisés. Les pipelines sont au centre des enjeux géopolitiques et des débats. Prenons l’exemple du « Dolphin Pipeline », lancé en 1998 pour fournir du gaz qatari aux Émirats arabes unis. Ce projet a toutefois été source de tensions, notamment avec l’Arabie Saoudite qui a contesté en 2006 le passage du pipeline dans ses eaux territoriales. Le projet Dolphin a été officiellement lancé en 2004, avec la Mubadala Development Company (détentrice de 51 % des parts, appartenant à Abu Dhabi), le géant français Total et l’Américain Occidental Petroleum détenant chacun 24,5 % des parts. Le Qatar, quant à lui, fournit le gaz, et le pipeline est capable de transporter jusqu’à deux milliards de pieds cubes standard de gaz naturel par jour.

Le Dolphin Pipeline a traversé plusieurs crises, comme la « crise du Golfe » de 2017 à 2021, sans affecter son fonctionnement. Ce projet a émergé grâce à des considérations économiques et énergétiques significatives, avec une politique tarifaire au cœur des discussions. En 2022, le Qatar a dépassé les États-Unis en termes de production de gaz naturel. De plus, en participant au projet Dolphin, il a pu bénéficier d’un tarif avantageux, ne payant que 1,28 $ par million de BTU, alors que la moyenne mondiale était de 5 $.

En Asie, la Chine exerce une véritable domination sur les matières premières. En l’espace de quatre ans, sa capacité de stockage a augmenté, passant de 1,7 milliard à 2 milliards de tonnes. En 2023, la Chine a importé 16 % de matières premières en plus par rapport à l’année précédente. Plusieurs pipelines traversent l’Asie pour acheminer ces ressources, comme le China-Myanmar Oil and Gas Pipeline et le gazoduc d’Asie centrale. Ce dernier relie le Turkménistan à la région autonome du Xinjiang, à l’ouest de la Chine. Inauguré en 2009, ce gazoduc atteint 1 833 kilomètres de longueur et est conçu pour transporter 40 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an vers la Chine

Le gaz en provenance du Turkménistan permet de répondre aux besoins énergétiques croissants de la Chine, dont la demande a augmenté de 2 % en 2023. Les pipelines jouent ainsi un rôle crucial dans la géopolitique asiatique, avec la Chine dominant le marché énergétique de la région. Par conséquent, elle est perçue par les Européens et les Américains comme un concurrent majeur menaçant leur souveraineté énergétique.

Les enjeux énergétiques deviennent de plus en plus centraux dans les relations internationales, soulevant la question de l’influence des pipelines sur la sécurité énergétique globale et leurs impacts sur les relations internationales.

Les pipelines et la transition énergétique

Même si nous savons que les pipelines sont soumis à des lois plus ou moins respectées, ils (pipelines est du masculin) sont également exposés aux crises géopolitiques tel que les Nord Stream 1 et 2.

Deutsch: Karte der Explosionen, die an den Nord-Stream-Pipelines am 26. September 2022 verursacht wurden.
05 october 2022
Source : Commons.wikimedia.org

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Les pipelines sont vus comme un axe de transaction très sécurisé et sûr pour assurer une bonne transaction de matière première entre les pays. Nous pouvons parler de “la théorie des pipelines”. Cette théorie repose sur le fait que les pipelines sont le transport d’hydrocarbures le plus sûr du monde. En effet, ils sont moins sujets aux accidents, aux problèmes météorologiques. Ils sont par ailleurs plus efficaces et rentables que des tankers et supertankers, car ils peuvent transporter une plus grande quantité en continu.

Les pipelines réduisent ainsi la dépendance à une route commerciale spécifique, évitent les zones sensibles qui jalonnent les routes maritimes tel le détroit de Malacca où plusieurs interruptions du trafic maritime ont été recensées en raison des actes de piraterie et de tensions locales.  Un pipeline qui passe par des zones plus stables peut assurer un approvisionnement plus sûr. Cela a conduit à des projets de pipelines transitant par des pays comme le Kazakhstan ou le Turkménistan pour assurer un flux énergétique continu vers la Chine ou l’Europe.Nous pouvons prendre aussi l’exemple du pipeline Myanmar-China offre à la Chine une route alternative pour accéder au pétrole et au gaz naturel en provenance du Moyen-Orient et de la région du Golfe, réduisant ainsi le risque de perturbations dues à des tensions maritimes mais aussi le Trans-Anatolian Natural Gas Pipeline (TANAP) qui permet d’acheminer du gaz naturel de l’Azerbaïdjan à travers la Turquie vers l’Europe, diversifiant les sources de gaz pour les pays européens.

Plus sûrs, les pipelines permettent une meilleure planification à long terme et garantissent ainsi une meilleure stabilité des prix. Ce qui nous renvoie aussi à la réduction des prix de transport environ 5 à 7$ dollar moins cher sur le baril de pétrole. Par rapport à un bâtiment de surface, ils permettent d’éviter les rejets de dioxyde de carbone, propice à la formation de gaz à effet de serre.moins de gaz à effet de serre : Selon une étude de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les émissions moyennes du cycle de vie des oléoducs sont d’environ 18,5 grammes d’équivalent CO2 par mégajoule (gCO2e/MJ), tandis que la moyenne des gazoducs est d’environ 15,3 gCO2e/MJ. Ces valeurs varient en fonction du type et de la qualité du carburant, de la distance et du terrain du pipeline, ainsi que de l’efficacité et du taux de fuite du système.

Selon une étude du Département d’État américain, les alternatives au projet d’oléoduc Keystone XL, qui transportent le pétrole du Canada vers les États-Unis, sont le train, le camion ou une combinaison des deux. L’étude a révélé que ces alternatives entraîneraient 28 % à 42 % d’émissions de gaz à effet de serre en plus que le pipeline.

Nous ne pouvons pas parler de matières premières et d’énergie sans parler de transitions écologiques. En effet, dans l’essai d géographe suédois Andreas Malm Comment saboter un pipeline? (2020), l’auteur nous explique que le sabotage peut être une forme d’activisme écologique. Même si les pipelines ont beaucoup d’avantages, leurs constructions sont source de débat écologique. Cela englobe un large éventail de facteurs environnementaux qui peuvent être influencés par les pipelines, notamment l’utilisation des terres, la qualité de l’eau, la pollution de l’air et la perturbation de l’habitat de la faune.

Les écologistes soulignent les risques de marées noires et de fuites de pétrole, qui peuvent entraîner une contamination des plans d’eau et des sols, nuire aux écosystèmes et mettre la faune sauvage en danger. De plus, la construction de pipelines implique souvent la déforestation et la destruction d’habitats, ce qui aggrave encore l’impact sur la biodiversité. En effet, les pipelines sont remis en cause par la transition écologique vers les énergies renouvelables. Certains chercheurs estiment que les pipelines réduisent l’ascension des énergies renouvelables car les pipelines sont encouragés par davantage d’investissements.

On retiendra, in fin, que les pipelines sont des instruments géopolitiques clés, garantissant une sécurité énergétique et influençant les relations internationales. Ils permettent de sécuriser les approvisionnements en énergie tout en créant des interdépendances stratégiques. Cependant, leur impact environnemental, notamment en termes de pollution et de déforestation, ainsi que leur rôle dans la transition énergétique, suscitent des préoccupations croissantes. Les enjeux géopolitiques et écologiques liés aux pipelines illustrent la complexité des défis énergétiques mondiaux et la nécessité de trouver rapidement le point équilibre entre sécurité énergétique et durabilité environnementale.

Eloïse Herbreteau (*) est étudiante à l’Université catholique de l’Ouest (campus de Nantes) en 3ème année de licence de sciences politiques, le parcours géopolitique et stratégie internationale. Elle se spécialise en relations internationales. Héloïse Herbeteau est actuellement en stage de fin de licence au sein de la revue Espritsurcouf.

Planisphère. La géopolitique résiste-t-elle au cyber ?

Planisphère. La géopolitique résiste-t-elle au cyber ? Avec F. Manet

Par Emilie Bourgoin, Florian Manet, Pierre Verluise – Diploweb – publié le 6 mars 2025 

https://www.diploweb.com/Planisphere-La-geopolitique-resiste-t-elle-au-cyber-Avec-F-Manet.html


Florian Manet, Colonel de la gendarmerie nationale. Il commande le volet opérationnel du Commandement du Cyberespace du Ministère de l’Intérieur.

Interview organisée et conduite par Pierre Verluise, docteur en Géopolitique, fondateur du Diploweb, il produit Planisphère sur Radio Notre Dame et RCF depuis septembre 2024. Cette émission a été diffusée en direct le 4 mars 2025.
Synthèse par Émilie Bourgoin, étudiante en quatrième année au BBA de l’EDHEC et alternante au sein de la cellule sûreté d’un grand groupe. Elle a la charge du suivi hebdomadaire de l’actualité des livres, revues et conférences géopolitiques comme de la rédaction des synthèses des épisodes de l’émission Planisphère pour Diploweb.

La géopolitique résiste-t-elle au cyber ? Le cyber, est-ce virtuel, immatériel ou matériel ? De quelles façons la couche matérielle du cyber est-elle un champ d’affrontement géopolitique entre acteurs étatiques mais aussi non étatiques ? Pourquoi la couche logicielle du cyber est-elle l’enjeu de l’expression des rivalités de puissance étatique comme non étatique ? Comment pouvons-nous comprendre la géopolitique des infrastructures numériques ? Dans le cyber, l’État est-il un acteur disqualifié ? Pour répondre, nous avons l’honneur de recevoir Florian Manet.

Cette émission, Planisphère, La géopolitique résiste-t-elle au cyber ? Avec F. Manet, sur RND

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Cette émission, Planisphère, La géopolitique résiste-t-elle au cyber ? Avec F. Manet, sur RCF

Planisphère, sur Spotify

Synthèse de cette émission, Planisphère, La géopolitique résiste-t-elle au cyber ? Avec F. Manet, rédigée par Émilie Bourgoin pour Diploweb.com. Revue et validée par F. Manet

Dans un monde de plus en plus connecté, la dimension géopolitique du cyberespace soulève de nombreuses interrogations [1]. Le cyber, souvent essentiellement perçu comme un domaine immatériel, prend de plus en plus d’importance dans les enjeux de pouvoir entre États et entre acteurs privés. Le colonel Florian Manet met en lumière les aspects matériels et les confrontations géopolitiques qui se jouent dans cet espace numérique. La question centrale est alors de savoir si l’organisation géopolitique traditionnelle peut encore résister à la montée en puissance des menaces cyber, ou si elle est irrémédiablement transformée par cette nouvelle dimension.

Planisphère. La géopolitique résiste-t-elle au cyber ? Avec F. Manet
Florian Manet
Florian Manet publie « Thalassopolitique du narcotrafic international, la face cachée de la mondialisation ? » aux éditions EMS. Il s’exprime à titre personnel. Crédit photographique : Pierre Verluise
Verluise/Diploweb.com

La dimension matérielle du cyber

Contrairement à une idée répandue, le cyber n’est pas un espace purement immatériel. Il repose sur une infrastructure physique complexe, composée de câbles sous-marins, de data centers et d’une multitude d’objets connectés. Avec environ 1,2 million de kilomètres de fibres optiques sillonnant les océans, ces installations matérielles constituent la colonne vertébrale des échanges de données mondiaux. Florian Manet souligne l’importance de ces infrastructures, qui sont devenues des cibles potentielles d’actes malveillants. Le cyber, bien que virtuel dans ses effets, repose sur une base matérielle concrète, indispensable au bon fonctionnement des sociétés modernes.

Les attaques sous-marines : Nord Stream 2 en 2022 brisent un accord tacite

L’exemple le plus frappant de l’importance stratégique des infrastructures sous-marines est l’attaque sur le gazoduc Nord Stream 2 en septembre 2022 [2]. Cet incident a mis en lumière la vulnérabilité des installations offshore, qu’il s’agisse de gazoducs ou de câbles de communication. Le milieu marin comme l’éloignement des côtes n’est plus guère une protection. L’attaque a brisé un accord tacite selon lequel ces infrastructures restaient à l’abri des agressions. Le précédent créé par cet acte impose une révision des stratégies de protection des infrastructures critiques sous-marines, qui sont devenues des enjeux géopolitiques de premier plan. La protection de ces installations est désormais une priorité pour les États et les alliances comme l’OTAN.

Avec l’introduction massive des drones dans les conflits, notamment en Ukraine, la guerre prend une nouvelle forme, où les barrières géographiques sont facilement contournées. Les drones terrestres, aériens et marins peuvent être utilisés pour saturer les réseaux et cibler des infrastructures critiques comme les câbles sous-marins et les data centers.

Le dark web : un espace d’activités illicites

Le dark web, une partie obscure de l’Internet accessible uniquement via des navigateurs spécifiques comme Tor, est un espace où les activités illicites prolifèrent. Initialement développé par des agences de renseignement américaines, Tor permet d’accéder à des marchés non indexés où s’épanouissent des activités illicites à l’échelle mondiale. Ainsi, circulent des données volées obtenues notamment lors de cyberattaques comme des rançongiciels et où sont proposés à la vente des produits ou substances illicites comme des armes, des produits stupéfiants ou des contenus pédopornographiques. Ainsi, le cyberespace décloisonne des espaces géographiques, culturels, dessinant de fait une nouvelle géopolitique. À titre d’illustration, des solutions logicielles contribuent à opacifier des échanges par voie numérique en rendant incertaine la localisation géographique des acteurs. Des outils comme les VPN ( ou Virtual Private Network) permettent aux utilisateurs de masquer leur localisation géographique précise, ce qui présente l’avantage de protéger les internautes dans des zones soumises à forte censure ou pour éviter d’être repérés.

En plus des VPN, il convient d’évoquer d’autres typologies de cyberattaques qui illustrent à dessein les enjeux géopolitiques du cyberespace dans leurs capacités à fragiliser toutes tentatives d’attribution d’un acte malveillant. Il s’agit des attaques par DDOS, autrement dit des attaques par déni de service distribué. Des machines zombies c’est-à-dire des ordinateurs indûment contrôlés à distance par des hackers sont mobilisées, simultanément, pour saturer par des requêtes envoyés en grand nombre sur des services en ligne par exemple. L’effet est immédiat : le service ne peut répondre et se trouve de fait inopérant dans ses fonctionnalités ou « service ». Ces attaques, déclenchées à l’insu des propriétaires des machines, saturent les serveurs visés, rendant difficile l’identification des attaquants. Ainsi, la géographie physique n’est plus un obstacle, transformant la cybercriminalité en un défi majeur pour la sécurité internationale.

Les data centers : installations physiques névralgiques au cœur de la guerre cyber ?

Les data centers, véritables centres névralgiques du cyberespace, jouent un rôle clé dans la sécurisation des données et des communications à l’échelle mondiale. Ces infrastructures, souvent gérées par des entreprises privées, hébergent de nombreux serveurs contenant des données comme des boites mail, des fichiers d’entreprise ou des données techniques (logs de connexion, journaux d’événements etc.…). Ces centres sont devenus des points clés pour les cyberattaques. Pour les attaquants comme pour les services étatiques. Ils focalisent l’attention de toutes les parties. Ils constituent des portes d’entrée vers le « point d’eau » que constitue la «  data  », cet or du XXI -ème siècle. Il s’agit alors d’accéder à la donnée, de la rendre intelligible en passant outre les obstacles du chiffrement et des architectures informatiques souvent complexes. Ou d’exploiter les traces laissées sur les réseaux numériques par les acteurs malveillants afin de les identifier et, de fait, d’attribuer l’attaque à un groupe cybercriminel ou para-étatique. Dans ce cadre, une géopolitique des data centers émergent, distinguant les acteurs publics comme privés sur le critère de la compliance et de la coopération sollicitée par les autorités publiques.

L’État, concurrencé par les géants du numérique

L’un des changements majeurs apportés par le cyber concerne la remise en cause de la souveraineté des États sur les infrastructures de communication. Autrefois maîtres de leurs réseaux de communication, les gouvernements voient aujourd’hui leur autorité défiée par des entreprises privées de taille mondiale, comme les GAFAM (Google, Apple, Meta, Amazon, Microsoft) et les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). Ces géants du numérique, qui contrôlent des infrastructures critiques, ont acquis une influence géopolitique transnationale. Les États se retrouvent en position de dépendance vis-à-vis de ces entreprises pour l’accès à des services essentiels. Cette situation complexifie encore plus les relations internationales, car les entreprises privées, au même titre que les États, deviennent des acteurs géopolitiques de premier plan.

Les cryptoactifs : une nouvelle forme de monnaie indépendante des États ?

Un autre exemple du défi lancé aux États dans l’espace cyber est la montée en puissance des cryptoactifs. Ces devises numériques, basées sur la blockchain ou chaine de blocks constituant un registre numérique de transactions décentralisées, échappent au contrôle des gouvernements et des banques centrales. Elles contribuent à l’émergence d’une Finance Décentralisée qui unifie le marché des transactions financières à l’échelle internationale sur le principe d’une dérégulation absolue. Contrairement aux monnaies traditionnelles, ces cryptoactifs ne sont adossés à aucune autorité étatique, ce qui en fait une alternative autonome et transnationale. Ces nouvelles formes de monnaie sont l’expression même de la décentralisation du cyberespace, où les États perdent peu à peu leur emprise sur des secteurs stratégiques, comme la finance. C’est donc un marqueur caractéristique de l’identité d’une puissance publique qui s’en trouve contesté.

La manipulation de l’information : une arme cyber au service de guerre hybride ?

L’une des armes les plus redoutables du cyberespace est la manipulation de l’information. Elle agisse sur le champ de la connaissance et des perceptions, affectant, de fait, l’ordre public socio-économique. Elle contribue à remettre en cause la valeur de la parole publique et de la vérité de faits établis. Ainsi, à titre d’illustration, les technologies d’intelligence artificielle permettent aujourd’hui de produire des contenus falsifiés extrêmement réalistes, que ce soient des images, des vidéos ou des enregistrements audios. Dans ce nouvel écosystème numérique, la vérité devient mouvante et manipulable à volonté. Les « deepfakes », ces montages numériques qui prêtent des propos ou des actions fictives à des personnalités publiques, posent des questions éthiques et philosophiques sur la liberté de communication et sur la responsabilité de l’État dans la régulation de l’information. La manipulation de l’information via le cyber n’est plus uniquement l’apanage des États ; elle est désormais à la portée de groupes criminels et para-étatiques ou, bien encore, d’acteurs privés, ce qui modifie les rapports de force géopolitiques.

Ressources recommandées

Pour approfondir ces sujets complexes, le Colonel Florian Manet recommande le Rapport annuel sur la cybercriminalité 2024, publié par le ministère de l’Intérieur et le Commandement du cyberespace. Ce document constitue une référence essentielle pour comprendre les évolutions récentes de la cybercriminalité et les stratégies mises en place pour y faire face.

Les victimes de cybermalveillance peuvent aussi recourir au site dédié cybermalveillance.gouv.fr

Copyright pour la synthèse Mars 2025-Bourgoin/Diploweb.com


[1] NDLR : Cette émission a été enregistrée le 23 septembre 2024. La synthèse a été revue et validée le 6 mars 2025.

[2] NDLR : Les gazoducs Nord Stream 1 et 2, situés en mer Baltique, ont subi quatre explosions dont trois le 26 septembre 2022 et une le 29 septembre 2022.

Liban – Europe : la route des migrants. Entretien exclusif avec un passeur

Liban – Europe : la route des migrants. Entretien exclusif avec un passeur

In this photo released by the Lebanese Army official website, a Lebanese army vessel rescues migrants in the Mediterranean Sea, near the shores of Tripoli, north Lebanon, Friday, Oct. 6, 2023. Lebanon’s state-run National News Agency says the army has rescued more than 100 migrants after their boat faced technical problems in the Mediterranean Sea. The agency says the boat called for help after it ran into difficulties Friday afternoon in Lebanese territorial waters.

 

par Pierre-Yves Baillet – Revue Confits – publié le 7 mars 2025


Typologie des migrants, coûts des passages, rôle des officiers et des forces de sécurité, un passeur libanais brise le silence et dévoile le fonctionnement de l’immigration clandestine. Un entretien exclusif.

La croissance des départs a alimenté un réseau de trafic humain illégal en plein essor, où même des membres de l’armée libanaise, des agences de renseignement et des forces de sécurité seraient impliqués. Des réseaux rivaux se disputent farouchement la domination de ce commerce qui devient de plus en plus lucratif. Dans ces réseaux clandestins, les tensions ethnico-religieuses s’effacent ainsi que la solidarité intra-communautaire. L’humain n’a plus de valeur, seul l’argent compte. Dans une interview exclusive pour Conflits, un passeur révèle les mécanismes cachés de ces réseaux, jetant un éclairage sur les alliances, les rivalités et le coût humain dévastateur d’un système mû par le désespoir et la corruption.

La guerre a-t-elle augmenté le nombre de personnes voulant fuir le pays ?

Oui, les chiffres ont triplé, et un nouveau type d’immigrant est apparu : les chiites. Après la guerre et leur déplacement forcé hors de leurs maisons et villages, ils ont également commencé à vouloir partir. Pendant des années, les migrants que nous avions étaient principalement des Syriens, des sunnites de Tripoli et des Palestiniens. Mais maintenant, ce sont aussi les familles chiites de Beyrouth et du sud qui souhaitent quitter le pays. Ils ont été encouragés après avoir commencé à interagir avec nous. Comme vous le savez, la division politique empêchait les chiites de venir dans le nord. Mais une fois qu’ils sont arrivés, ils ont compris que tout cela était politique et que nous ne les détestions pas. Cela les a encouragés à faire confiance aux passeurs du nord, sunnites, pour les emmener en bateau.

Parmi ces personnes, quelles sont les principales nationalités et/ou communautés ?

Il s’agit principalement de Palestiniens, de Syriens et de Libanais. Les plus nombreux sont les Syriens, suivis des Libanais, avec quelques Palestiniens et très peu de Soudanais. Les Palestiniens veulent partir, mais ils n’ont pas l’argent pour cela. Cependant, vous trouverez toujours trois à quatre Palestiniens dans chaque bateau. Les Syriens ont les fonds nécessaires grâce à leurs familles en Europe qui leur envoient de l’argent pour financer leur voyage, malgré les risques élevés. Je ne mentirai pas : le voyage est très risqué, car lorsqu’on voyage, il y a une forte probabilité d’être intercepté ou de ne pas atteindre l’Europe. Les Libanais viennent principalement du nord, mais nous voyons désormais des chiites qui souhaitent partir. En fait, le dernier bateau secouru par l’armée libanaise au large contenait des chiites. Ce n’était pas mon bateau, mais celui d’une connaissance.

Quel est le coût de la traversée ?

Le minimum est de 4 000 dollars et le maximum de 7 000 dollars, en fonction du prix du bateau, des garanties, du nombre de passagers et des pots-de-vin versés.

Que voulez-vous dire par « garantie » ?

Tout le monde ne paie pas à l’avance. Beaucoup, notamment ceux du nord, ne paient qu’une fois arrivés à destination et laissent l’argent en garantie auprès d’un tiers de confiance des deux parties. Ces personnes paient généralement plus, car nous prenons un risque : si elles n’atteignent pas leur destination finale, aucun paiement ne sera effectué. Quant aux Palestiniens et aux Syriens, nous exigeons généralement un paiement à l’avance. Les prix varient : pour les individus, cela peut atteindre 7 000 dollars ; pour les familles, les personnes âgées paient environ 5 000 et les enfants autour de 3 000 dollars. Il n’y a pas de prix fixe, car les tarifs dépendent de nombreux facteurs.

Certaines personnes ne paient même pas, car ce sont elles qui conduisent le bateau ou assistent le capitaine. Parfois, si le capitaine dépose simplement les passagers sur le rivage de l’UE et retourne avec le bateau, les prix sont réduits. Si nous achetons un bateau en excellent état et qu’il ne revient pas, les prix augmentent. Les pots-de-vin versés à la marine libanaise et à la sécurité générale influencent également les prix. Parfois, s’il y a peu de passagers ou si le bateau est en mauvais état, les prix augmentent. Et inversement, si le bateau est bondé et en état correct, les prix baissent. Nous savons généralement à l’avance combien cela coûtera. Contrairement à d’autres passeurs, je ne change pas les prix après les avoir fixés.

Quelle est la nature de vos interactions avec la police ou le personnel militaire que vous soudoyez ?

En général, nous n’avons pas de relations avec la police (les forces de sécurité intérieure) parce qu’elles n’opèrent pas le long des côtes ou des ports libanais. Ce sont principalement la Sûreté générale et l’armée libanaise/renseignements militaires qui sont impliqués. Rarement le département des renseignements (des FSI) enquête sur des cas de contrebande, mais c’est le plus difficile à traiter.

Je parle de mon expérience personnelle et non de celle des autres. J’ai toujours eu une relation avec l’armée libanaise et la Sûreté générale, car ma famille et moi avons travaillé pendant des années dans le port de Tripoli. En 2019, après la crise économique, les gens ont commencé à me demander un moyen de quitter le pays. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à envisager de les faire passer clandestinement, non seulement via les navires quittant le port, mais aussi par des bateaux au départ des côtes du nord. J’avais déjà de bonnes relations avec tout le monde, alors j’ai commencé à demander autour de moi et à chercher qui pouvait m’aider. Certains officiers/soldats ont accepté de coopérer avec moi. Ce qui m’a le plus aidé, c’est la crise économique, car les soldats et officiers avaient vraiment besoin d’argent. Comme vous le savez, ce sont des fonctionnaires, et leurs salaires ont été dévalués. Un officier qui gagnait autrefois 4 000 dollars par mois ne touche plus que l’équivalent de 500.

Pour être honnête, ils n’acceptent pas tous. Certains disent qu’ils veulent aider, mais changent d’avis. D’autres prétendent être prêts à coopérer, mais complotent en réalité pour vous piéger en flagrant délit. Cela m’est déjà arrivé : ils ont intercepté un bateau qui m’appartenait après m’avoir assuré qu’ils voulaient aider, et j’ai perdu plus de 75 000 dollars. Certains refusent même d’en parler. Tous les officiers et soldats ne sont pas pareils, mais j’ai réussi à construire mon propre réseau. Les relations avec les soldats/officiers sont toujours précaires. Si quelque chose tourne mal, aussi insignifiant soit-il, ils n’hésiteront pas à vous dénoncer. Je comprends les règles du jeu. Tout ce que je leur demande, c’est de me prévenir quand ils sont de service et d’éteindre les radars. Je m’occupe du reste.

Concernant la Sûreté générale, elle contrôle les ports ainsi que l’entrée et la sortie de chaque personne. Si j’ai quelqu’un recherché par les autorités (mais pas pour des crimes graves), ils ferment les yeux lorsqu’il quitte le pays. La plupart du temps, nous coordonnons avec les forces de sécurité, surtout si la personne est recherchée pour des accusations de terrorisme. Je tiens à rester dans les règles, car sinon, je risque d’être arrêté et accusé de terrorisme moi-même.

Comment établissez-vous ces relations ?

Je suis né et j’ai grandi dans le port de Tripoli. Ma famille et moi avons travaillé toute notre vie dans ce port, donc les relations existaient déjà. Après la crise, je les ai renforcées. Depuis, j’entretiens de bonnes relations avec toutes les forces de sécurité. Mais en fin de compte, ces relations reposent sur un intérêt mutuel : je fais passer des gens clandestinement et je suis payé, tandis qu’eux reçoivent de l’argent pour faciliter mon activité. Si demain je cesse de payer les services de renseignement libanais et la Sûreté générale, je serai le premier à être arrêté. Ils ouvriront des dizaines de dossiers contre moi, et je passerai sept ans en prison, alors qu’ils s’en sortiront sans problème. Le juge ne m’écoutera pas si je déclare qu’ils étaient impliqués dans la contrebande. La règle la plus importante dans la contrebande, que ce soit par voie terrestre ou maritime, est de toujours soudoyer les forces de sécurité, de toujours coordonner avec elles et de ne jamais agir dans leur dos. De nombreux passeurs ont pensé qu’ils pouvaient s’en passer. Le jour où ils ont cessé de payer, ils ont été arrêtés.

Combien cela coûte-t-il généralement de « sécuriser » la coopération des autorités ?

Il n’y a pas de tarifs fixes, mais croyez-moi, beaucoup d’argent est en jeu. Les gens pensent que les passeurs gagnent énormément d’argent, mais en réalité, ce n’est pas vrai, car les dépenses sont également très élevées. Entre l’achat du bateau, l’équipement GPS et satellite, et les pots-de-vin, on finit par gagner environ 30 à 50 000 dollars par bateau. Cependant, cela prend beaucoup de temps pour préparer un bateau et trouver des clients.

Aucun passeur ne peut gérer plus de trois ou quatre bateaux par an. Parfois, nous devons fusionner nos clients avec ceux d’un autre passeur. Les dépenses sont nombreuses, et la plus grande part revient à la fois au bateau et aux forces de sécurité. Au sein de ces forces, il faut principalement payer trois groupes :

  1. Les soldats de l’armée/garde-côtes et leurs officiers.
  2. Les officiers et soldats des renseignements libanais.
  3. Les officiers et soldats de la Sûreté générale.

Dans chaque cas, les paiements sont directs (lors de l’accord) et indirects (cadeaux, déjeuners, dîners). Parfois, après avoir payé, un soldat ou un officier est transféré ailleurs, et tout l’argent dépensé est perdu.

Certains officiers deviennent gourmands et exigent jusqu’à 50 000 dollars pour permettre au bateau de partir, prétextant qu’ils doivent payer d’autres officiers et soldats. Je sais que ce n’est pas toujours vrai, mais si je ne paie pas, le bateau ne quittera pas les eaux nationales. Je suis donc souvent contraint d’accepter leurs demandes.

Combien, environ ?

Il n’y a pas de prix exact, mais la fourchette se situe généralement entre 30 000 et 50 000 dollars, et parfois jusqu’à 60 000, selon les circonstances. C’est un vaste réseau impliquant de nombreux officiers et soldats, et j’aime m’y investir activement. Tout ce qui m’importe, c’est que mon bateau quitte les eaux nationales. Mais il est certain que la deuxième dépense la plus importante dans la contrebande concerne les forces de sécurité. Il faut nourrir beaucoup de monde. Si vous négligez quelqu’un et qu’il se fâche, vous perdez tout. Un jour, j’ai dû annuler un bateau parce qu’ils demandaient 1 000 dollars par personne. Cela faisait un total de 107 000 dollars. Si j’avais accepté, j’aurais perdu de l’argent. J’ai donc transféré les passagers à un autre passeur et touché 15 000 en tant qu’intermédiaire.

Faites-vous face à des refus de certains agents ? Si oui, comment gérez-vous ces situations ?

Oui, certains refusent d’être corrompus, mais la plupart acceptent, car ils sont dans le besoin. Pour ceux qui refusent, nous attendons qu’ils soient en congé ou absents, puis nous travaillons avec d’autres. En général, tout le monde finit par coopérer.

Nous avons un proverbe arabe : « Cherche, et tu trouveras un chemin. » Avec de l’argent, cela fonctionne comme par magie. Certains refusent parce qu’ils craignent que cela nuise à leurs promotions. Dans ce cas, ils nous facilitent le travail, mais demandent que les bateaux partent lorsqu’ils ne sont pas en poste. Ainsi, en cas de problème, ils restent irréprochables.

Notre activité est importante, et elle ne s’arrête pas à un refus d’un officier ou d’un soldat. Nous trouvons toujours un moyen de faire partir les bateaux du Liban. L’essentiel est de toujours garder les officiers satisfaits. Même si un soldat refuse de coopérer, il ne peut pas nous dénoncer, car il devra en référer à ses supérieurs, qui nous protègent.

Ces relations avec les autorités se retournent-elles parfois contre vous ?

Oui, très souvent. Si quelque chose se passe mal à n’importe quelle étape, c’est moi qui en paie le prix. Comme je l’ai dit, j’ai perdu un bateau valant 75 000 dollars. Parfois, je suis interrogé sur des événements dont je ne suis pas responsable ou sur des bateaux qui sont partis sans que je sois impliqué. Ils pensent que je joue un double jeu. Deux fois, mon domicile a été perquisitionné par des officiers que je connaissais, simplement pour me montrer leur pouvoir.

Je suis toujours sous leur radar, ce qui affecte parfois ma famille et moi. Mais c’est ainsi dans ce métier : il y a du bon et du mauvais dans chaque affaire.


Pierre-Yves Baillet, Journaliste indépendant spécialisé sur la géopolitique du Moyen-Orient.

La défense française en 2025

La défense française en 2025

par Alain RODIER – CF2R – Tribune libre N°175 / mars 2025

https://cf2r.org/tribune/la-defense-francaise-en-2025/


 

 

Un ancien haut diplomate qui a été ambassadeur de France, en Israël puis aux États-Unis, écrit sur X : « L’Europe assiégée[1] ». Le ton catastrophique adopté provoque la question suivante : par qui ?[2]

Dans son intervention télévisée du 5 mars, le président Emmanuel Macron s’est fait plus précis : «La menace russe est là, et touche les pays d’Europe. La Russie a fait du conflit ukrainien un conflit mondialen violant les frontières, manipulant l’information, les opinions (…)  Qui peut croire que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ? Elle est devenue une menace pour la France et pour l’Europe. »

Certes la situation mondiale est chaotique et les évolutions à venir sont imprévisibles – les analystes n’ayant jamais rien prévu de correct -, mais à priori personne ne veut aujourd’hui envahir l’Europe.

Qu’en est-il de la menace russe ?

Il est vrai que Moscou lorgne sur les pays baltes qui commandent l’accès à l’enclave de Kaliningrad considérée comme vitale par le Kremlin, un peu comme le port de Sébastopol en mer Noire. Enfin, toujours traumatisée par l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale et 45 années de servitude, la Pologne continue à fantasmer le danger que la Russie ferait peser sur elle. Il y a également le problème de la Transnistrie qui souhaite son détachement de la Moldavie pour rejoindre la Russie.

Bien logiquement les dirigeants de ces pays en appellent à la solidarité de l’OTAN (les États baltes et la Pologne en sont membres et peuvent bénéficier de l’article 5) et de l’Europe car ils savent que la Russie – malgré les grandes déficiences de son armée constatées lors de l’« opération militaire spéciale » menée en Ukraine – peut les agresser et qu’il leur sera impossible d’y répondre seuls – d’autant que les pays baltes ont des armées lilliputiennes.

Si Moscou décide de passer à l’action, cela risque plus de ressembler à la conquête de la Crimée par les « petits hommes verts » en 2014 qu’à une offensive généralisée de grande ampleur. En effet, la Russie peut compter sur les populations russophones et russophiles nombreuses dans ces États (sauf pour la Pologne) pour lui apporter leur soutien du type « cinquième colonne. »

Mais une fois énoncées ces problématiques, il n’en reste pas moins que l’armée russe n’a ni la puissance ni la volonté d’envahir l’Allemagne, la France, ni d’autres pays européens.). La Russie n’est pas l’URSS d’autrefois et, en dehors de sa puissance nucléaire, elle n’a pas les moyens humains et matériels pour constituer une menace classique pour la vieille Europe – ni d’ailleurs la volonté. Qu’est qu’elle ferait de ces pays et de leyr citoyens pour le moins « ingérables » ?.

Au demeurant, durant la Guerre froide, la puissance militaire de l’URSS et du Pacte de Varsovie avaient été volontairement surévaluées par les Américains pour des questions de présence en Europe de l’Ouest. Bien sûr, elles n’étaient pas négligeables mais la « fable » des chars russes atteignant les côtes atlantiques de l’Europe en trois jours a été de mise jusqu’à ce que les faiblesses de l’Armée rouge n’aient été dévoilées lors de la guerre en Afghanistan (1979-1989) : matériels rustiques mais dépassés, valeur combative de la troupe sujette à caution, encadrement insuffisant, corruption endémique, etc.

Toujours est-il que la situation globale est très instable et la menace peut venir de là où ne l’attend pas. Il faut donc consacrer plus de moyens à la défense mais en déterminant une priorité dans les menaces.

La menace intérieure

La menace est d’abord intérieure, provenant des nombreux activistes de toutes tendances – et plus particulièrement ceux qui se revendiquent du salafisme/djihadisme – qui n’attendent que l’occasion de passer à l’action.

Les forces de sécurité intérieures doivent être beaucoup plus nombreuses et bien formées et disposer d’un renseignement adapté. Leurs unités (gendarmerie mobile, CRS, groupes d’intervention spécialisés) doivent être bien réparties sur le territoire pour pouvoir intervenir le plus rapidement possible afin d’empêcher qu’une situation violente ne dégénère en insurrection.

Des mesures ont déjà été prises avec la « recréation » la montée en puissance des anciens RG (Direction nationale du renseignement territorial/DNRT), l’implantation des d’antennes du GIGN en région, etc. Il convient encore de renforcer les effectifs de la gendarmerie et de la police et de développer une réserve opérationnelle plus active.

La menace sur l’Europe

Il n’y a pas de corps blindé-mécanisé russe prêt à fondre sur les pays de l’Union européenne, ni de forces de quadrillage pouvant être déployées pour le contrôle des terrains conquis comme du temps du Pacte de Varsovie. S’il y a une menace conventionnelle, elle est surtout aérienne. La défense de l’espace aérien ne commence pas aux frontières de l’hexagone. Elle devrait être intégrée au niveau européen, ce qui est déjà grandement le cas.

En revanche, il existe des affrontements d’influence – en particulier grâce à la guerre cybernétique – où les amis d’hier peuvent être les adversaires du jour. S’il y a eu une prise de conscience des autorités l’insuffisance de moyens humains et techniques est toujours d’actualité.

La menace sur l’Europe est donc totalement hybride et peut alimenter les mouvements activistes intérieurs. D’où l’importance de renforcer la défense des points sensibles comme les centrales nucléaires contre des actions de type terroriste pouvant être menée par tout idéologue radicalisé.

Par ailleurs, la guerre est aussi économique et a besoin de renseignements. Il convient de développer donc les services d’acquisition du renseignement offensif et le contre-espionnage défensif, bien que beaucoup d’efforts dans ces domaines aient été consentis ces dernières années. 

Les menaces hors d’Europe

Hors d’Europe, la principale menace concerne les voies de circulation maritime par lesquelles passent nos approvisionnements et nos possessions ultramarines.

Là, ce sont les frégates multi-missions qui manquent ainsi que des moyens aériens projetés à l’extérieur (un nouveau porte-avions pourrait être utile.). Pour élargir le rayon d’action de la Marine, les drones aériens navalisés doivent être considérablement développés.

La Russie constitue un redoutable adversaire hors d’Europe – comme cela a été constaté sur le continent africain – et dans les territoires d’outre-mer, parfois via des pays tiers comme l’Azerbaïdjan. Mais les dangers à venir pourront venir d’autres acteurs comme la Chine en mal d’expansion. Il ne faut pas oublier non plus les États-Unis qui sont de redoutables prédateurs économique.

La dissuasion nucléaire

La dissuasion nucléaire reste l’ultime garde-fou qui assure l’indépendance de la France et garantit sa place de membre permanent au Conseil de Sécurité. Bien sûr, le flou doit être maintenu concernant les conditions d’emploi afin qu’un adversaire éventuel ne puisse penser les contourner.

Il convient aussi de conserver les deux composantes : l’une aéroportée, pouvant servir aussi pour une éventuelle frappe de « dernier avertissement » et l’autre sous-marine pour déclencher « ‘l’apocalypse. ». L’arme aéroportée (actuellement le missile de croisière air-sol moyenne portée amélioré ASMP-A) n’est en aucun cas une arme « tactique » destinée à emporter une décision sur un champ de bataille. Elle fait partie de la doctrine stratégique de la France[3].

En Europe, les Britanniques ne sont pas libres de mettre en œuvre les armes nucléaires stratégiques embarquées sur leurs SNLE sans l’autorisation de Washington. Par ailleurs, ils n’ont plus d’armes aéroportées. Les bombes nucléaires B-61 armant certaines forces de l’OTAN (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Turquie[4]) ne sont destinées qu’à un emploi stratégique et le décideur final reste Washington. La question qui s’est toujours posée est : les États-Unis sont-ils prêts à sacrifier des villes américaines pour tenter de sauver l’Europe ? Le général de Gaulle était persuadé du contraire d’où sa décision de développer une force de frappe totalement indépendante.

Dans le domaine nucléaire, la menace est constituée par tous les pays qui la détiennent ou qui pourraient l’avoir. Il est donc essentiel de moderniser en permanence la force de dissuasion pour qu’elle reste « crédible. »  

Tout cela coûte cher. Les responsables politiques doivent donc faire des choix. Plus on dépense pour la défense (intérieure et extérieure), moins on en fait pour l’action sociale, ce qui risque de poser des problèmes sociétaux générateurs de désordres intérieurs, pouvant être exploités ou initiés par des adversaires étatiques étrangers. C’est le serpent de mer qui se mord la queue…


[1] https://x.com/GerardAraud

[2] Plus globalement, les discours des politiques et des groupes de pression divers et variés, amplifiés à souhait par les médias en mal d’audience, sont catastrophiques pour le moral des populations, en particulier pour la jeunesse. Ils promettent un réchauffement climatique qui va causer une sorte de fin de monde (grillé ou/et noyé), des épidémies dévastatrices de type Covid, des guerres meurtrières (aujourd’hui russe, demain chinoise), des mouvements de populations apocalyptiques, un chômage endémique et le rétablissement du service militaire obligatoire… Après, on se désole que la jeunesse n’ait pas le moral !

[3] Par contre, l’emploi d’armes nucléaires « tactiques » fait partie des doctrines américaine, russe et chinoise.

[4] Qui ne possède pas d’avions capables de les emporter.

Rafale : Dassault se prépare à augmenter la production

Rafale : Dassault se prépare à augmenter la production

Le groupe Dassault a annoncé être en mesure de pouvoir augmenter la production du Rafale pour honorer ses commandes et répondre au contexte international.

par Jean-Baptiste Leroux -armees.com – Publié le

Dassault se prépare à augmenter la cadence dans la production du Rafale. Wikipedia
Dassault se prépare à augmenter la cadence dans la production du Rafale. Wikipedia | Armees.com

Dassault Aviation prévoit d’augmenter la production du Rafale pour répondre à la demande nationale et internationale. Une hausse de cadence qui nécessite une organisation rigoureuse au sein du groupe français.

Une production en pleine montée en puissance

Au vu du contexte international et des dernières déclarations d’Emmanuel Macron, le constructeur du Rafale répond présent. Dassault Aviation planifie actuellement une augmentation significative de la production du chasseur multifonctions. Le constructeur français vise un rythme de cinq appareils par mois pour satisfaire la demande croissante, aussi bien de l’armée française que des clients internationaux. Cette décision s’inscrit dans un contexte de renforcement des capacités de défense et de contrats en expansion.

Actuellement, la production a déjà connu une nette progression. En seulement quatre ans, Dassault Aviation est passé d’un avion assemblé par mois à trois. Une performance remarquable, réalisée malgré les difficultés d’approvisionnement au sein de la chaîne de sous-traitance. Le constructeur mise sur une augmentation graduelle, ajoutant en moyenne un demi-point de cadence par an.

Une réponse à une demande internationale croissante

Outre les besoins de l’armée française, la demande étrangère pour le Rafale ne cesse de croître. L’Inde, déjà cliente avec une commande de 36 appareils en 2016, s’apprête à acquérir 26 Rafale Marine pour son porte-avions INS Vikrant. Ce n’est qu’une partie de son ambition, puisque l’Indian Air Force a exprimé un besoin de 400 nouveaux avions.

Pour honorer ces engagements, Dassault Aviation envisage la création d’une chaîne d’assemblage en Inde. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie « Make in India » du gouvernement Modi et permettrait à l’entreprise de réduire ses coûts tout en augmentant sa capacité de production. L’expansion industrielle pourrait également inclure le recrutement et l’agrandissement des infrastructures en France.

Un carnet de commandes record

Fin 2024, Dassault Aviation disposait d’un carnet de commandes impressionnant : 164 Rafale à exporter et 56 pour la France, garantissant une activité continue pour les onze prochaines années. Le succès commercial de l’appareil, illustré par de nouveaux contrats avec la Serbie et l’Indonésie, a porté la valeur des commandes à un record de 43,2 milliards d’euros.

Ce dynamisme se traduit également par des performances financières en hausse. En 2024, Dassault Aviation a franchi le cap des 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, enregistrant une croissance de 30 % par rapport à l’année précédente. La rentabilité a également progressé, avec un résultat net dépassant pour la première fois le milliard d’euros.

Un enjeu stratégique pour l’avenir

Malgré ces succès, plusieurs incertitudes planent sur l’industrie aéronautique française. L’éventuelle augmentation des taxes américaines sur les produits européens pourrait impacter la compétitivité des avions d’affaires Falcon, un autre segment de Dassault. De plus, le contexte géopolitique incertain pousse les industriels à renforcer leur indépendance et leur capacité de production.

Dans cette dynamique, Dassault Aviation continue de s’affirmer comme un acteur majeur de la défense européenne. Si les ambitions de l’Union européenne en matière de défense se concrétisent, le Rafale pourrait bénéficier d’un soutien accru. En attendant, le constructeur anticipe et s’organise pour faire face à une demande toujours plus forte.

Défense européenne : effort de guerre, budgets… le plan européen à 800 milliards d’euros de l’Europe suffira-t-il face à la menace russe ?

Défense européenne : effort de guerre, budgets… le plan européen à 800 milliards d’euros de l’Europe suffira-t-il face à la menace russe ?

L’essentiel

En s’alignant sur Moscou pour régler la guerre en Ukraine, Donald Trump bouleverse les alliances. L’Europe est forcée de se réarmer mais son plan à 800 milliards d’euros suffira-t-il ? La France, qui envisage de continuer à muscler son budget de la Défense, doit réfléchir à l’évolution de son armée et se préparer aux choix douloureux qu’impose une économie de guerre.

Après la spectaculaire volte-face de Donald Trump qui se range désormais aux arguments de Moscou contre Kiev dans la guerre en Ukraine et, ce faisant, bouleverse les alliances entre les États-Unis et ses alliées forgées depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est au pied du mur.

L’Union européenne et le Royaume-Uni doivent s’organiser urgemment pour poursuivre l’aide militaire à l’Ukraine et compenser – si c’est possible – celle des États-Unis mise sur pause par Donald Trump, et, surtout, bâtir cette Europe de la Défense pour laquelle Emmanuel Macron plaide depuis 2017, mais qui joue l’arlésienne depuis des décennies. Cette fois, les Européens n’ont plus le choix et vont devoir concrétiser en acte « l’économie de guerre » qu’ils appelaient de leurs vœux au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Un plan européen « ReArm » à 800 milliards d’euros

Cela passe en premier lieu par une capacité à se réarmer et à financer ce réarmement. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi dévoilé mardi un plan pour « réarmer l’Europe » qui doit lui permettre de mobiliser près de 800 milliards d’euros pour sa défensedont 150 milliards de prêts à disposition des 27 – et fournir une aide immédiate à l’Ukraine.

« Le moment est venu pour l’Europe. Et nous sommes prêts à nous renforcer », a dit Ursula Von der Leyen, ancienne ministre de la Défense allemande. Mais au-delà des prêts, le premier « pilier » de ce plan baptisé « ReArm » repose essentiellement sur les dépenses nationales dans chaque État membre, que la Commission européenne veut faciliter. Ainsi, la présidente de la Commission a confirmé sa volonté d’encourager les États à dépenser plus pour leur défense, sans être contraints par les règles budgétaires qui les obligent à limiter leur déficit public à 3 % de leur Produit intérieur brut (PIB).

Cette dérogation aux règles de Maastricht résonne agréablement aux oreilles de la France, qui doit maintenir sa dissuasion nucléaire – la seule de l’UE – et a rehaussé fortement son budget de la Défense ces dernières années.

La France doit-elle aller à 3 ou 3,5 % du PIB ?

Dans le dernier projet de loi de finances des Armées 2025, l’augmentation de l’effort de la Nation pour la Défense a acté une hausse de +3,3 milliards d’euros, portant la mission Défense à 50,5 milliards d’euros hors pensions. Le budget des armées augmente ainsi de 56 % sur la période entre 2017 et 2025. Les crédits votés dans la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 se montent à 413 milliards d’euros.

Faut-il aller plus loin ? Presque tous les pays de l’OTAN ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024, une majorité atteignant l’objectif fixé en 2014 d’accorder 2 % de leur PIB à la Défense, objectif qui n’était atteint que par 11 des 30 États de l’organisation en 2023. La France est à 2,06 % du PIB.

« Depuis trois ans, les Russes dépensent 10 % de leur PIB dans la défense. On doit donc préparer la suite, en fixant un objectif autour de 3, 3,5 % du PIB », a déclaré Emmanuel Macron au Figaro le 2 mars, rajoutant qu’il voulait remettre sur le métier la LPM. « On devra réviser à la hausse. La question, c’est : est-ce qu’on aura besoin de plus de financements nationaux ? Comment on mobilise mieux les financements européens ? »

 

Les dépenses militaires des pays de l’OTAN en fonction de leur proximité avec la Russie.
Les dépenses militaires des pays de l’OTAN en fonction de leur proximité avec la Russie. DDM

 

« Les Américains représentent 30 % de l’OTAN. Cela va nous prendre dix ans pour nous désensibiliser, en investissant massivement au niveau national et européen », analysait encore Emmanuel Macron.

Reste une question capitale : aller à 3 ou 3,5 % du PIB de dépenses militaires – soit 70 milliards d’euros par an – changerait-il réellement la donne ? Les équipements militaires possèdent des technologies toujours plus avancées et forcément très coûteuses ; la hausse du coût des équipements est donc plus rapide que les budgets, ce qui conduit à jouer sur les quantités.

L’autre écueil est que « l’industrie de défense française demeure dans une logique d’arsenal, très dépendante de l’État, et manque de souplesse », expliquait au Figaro Élie Tenenbaum, directeur du Centre des Études de Sécurité de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI). Un investissement sûr et dans la durée est donc indispensable. Ce qui n’empêche pas la France d’avoir été le 2e pays exportateur d’armes majeures dans le monde derrière les États-Unis entre 2019 et 2023 et de voir certains de ses champions tricolores afficher de très bons résultats comme Dassault, concepteur du Rafale, qui a annoncé un chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros en 2024 contre 4,8 milliards d’euros en 2023.

Des choix douloureux pour financer l’effort

Mais la question clé en cas de désengagement des États-Unis et même s’il y a plus d’argent consacré à la Défense est de savoir s’il faut changer le modèle d’organisation des Armées françaises : passer d’un modèle d’armée complète, multitâche, mais de taille réduite et limitée – certains parlent d’un corps expéditionnaire ou d’une armée « bonsaï » – à une armée plus spécialisée sur certaines menaces seulement alors que la guerre en Ukraine a mis en évidence le retour de la guerre à haute intensité et la guerre hybride avec une forte dimension cyber

Enfin, la hausse des budgets militaires imposera de faire des choix douloureux, des arbitrages politiquement sensibles et explosifs entre dépenses de défense et dépenses sociales pour être réellement en économie de guerre…

Un débat qui concerne tous les pays européens, le Danemark envisage de reculer l’âge de départ à la retraite de 67 à 70 ans pour, entre autres, financer la défense du pays. Une telle option serait volcanique en France, d’où d’autres idées pour trouver de l’argent comme mobiliser une partie de l’épargne des Français ou lancer un grand emprunt national.

La dissuasion nucléaire française est-elle crédible face à la Russie ?

La dissuasion nucléaire française est-elle crédible face à la Russie ?

L’arsenal nucléaire français (290 têtes déployées) est sous-dimensionné pour répondre à la menace russe (1.600 têtes déployées). À quelles conditions la France pourrait-elle assurer une dissuasion à l’échelle européenne, alors que la protection des États-Unis ne semble plus garantie ?

Des avions de l’armée française en démonstration. © David ALLIGNON

Benoît Grémare, Chercheur associé à l’Institut d’Etudes de Stratégie et de Défense, Université Jean Moulin Lyon 3

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.


Dès 2020, Emmanuel Macron a proposé une réflexion sur la dimension européenne de la dissuasion nucléaire française. En ce sens, il a proposé un dialogue stratégique ainsi que des exercices nucléaires conjoints entre les partenaires européens. Cinq ans plus tard, en février 2025, Friedrich Merz, futur chancelier fédéral, a répondu à cet appel, préconisant une extension du parapluie nucléaire français à l’Allemagne alors que les États-Unis de Donald Trump n’apparaissent plus comme un partenaire fiable pour protéger l’Europe.

Mais la France a-t-elle les capacités de défendre l’Europe ? L’hypothétique déploiement du parapluie nucléaire français en Europe de l’Est permettrait-il de concrétiser l’autonomie stratégique de l’Europe, lui donnant les moyens de se défendre en toute indépendance ?

La dissuasion nucléaire française face à la menace russe

À l’origine, la France a développé son armement atomique pour répondre à la menace de l’invasion soviétique et pour éviter toute dépendance vis-à-vis des États-Unis. Selon une doctrine stable et régulièrement réaffirmée par le pouvoir politique, Paris utiliserait son arsenal stratégique par voie aérienne et sous-marine en cas d’attaque contre ses intérêts vitaux.

Reste que, sans le soutien états-unien, le rapport de force apparaît largement défavorable à la France, laquelle dispose de 290 têtes nucléaires contre 1 600 têtes déployées (4 380 têtes avec les stocks) côté russe.

Certes, la puissance explosive des ogives thermonucléaires, alliée à la portée balistique du missile mer-sol balistique stratégique français M51, permettrait de vitrifier les principales villes russes, dont Moscou.

Mais à l’inverse, il suffirait aux Russes de « 200 secondes pour atomiser Paris », selon une estimation donnée à la télévision russe au sujet des missiles thermonucléaires Satan.

Cette opération classique de communication renvoie à la perspective dite du « goutte à goutte » consistant à détruire les villes ennemies dans un échange atomique au coup par coup, dans lequel la Russie peut compter sur son immensité pour gagner à l’usure. C’est cette potentielle vitrification réciproque qu’il faut garder à l’esprit dans le pari mutuel de la dissuasion nucléaire.

Afin de doper l’impact de la dissuasion nucléaire français, un partenariat pourrait être envisagé avec le Royaume-Uni. Puissance nucléaire depuis 1952, Londres ne possède plus que des missiles balistiques lancés par sous-marin et a décidé, depuis le Brexit, de renforcer son arsenal à 260 têtes nucléaires. Mais, bien que partageant des intérêts communs, ces deux puissances nucléaires européennes ne sont pas équivalentes.

Contrairement au Royaume-Uni, qui est membre du groupe des plans nucléaires de l’Otan et dont les ogives sont conçues aux États-Unis, la France produit ses armes sur son propre territoire et n’est soumise à aucune obligation de l’Otan, ce qui donne à Paris une grande marge de manœuvre pour définir sa doctrine. Enfin, la France reste légitime pour parler au nom de l’Union européenne, dont elle fait politiquement partie depuis sa création.

La force nucléaire française : une alternative à la dissuasion élargie des États-Unis

La France est devenue officiellement une puissance atomique dès 1960 en s’appuyant sur ses propres ressources, le soutien extérieur des États-Unis oscillant au gré des événements. Car l’apparition d’une force stratégique française indépendante a longuement contrarié Washington qui a cherché à la restreindre par des traités internationaux – comme le traité de 1963 limitant les essais nucléaires atmosphériques ou encore le Traité de non-prolifération (TNP) en 1968. Depuis 1974, officiellement, la force nucléaire française a un rôle dissuasif propre au sein de l’Otan, contribuant à la sécurité globale de l’Alliance en compliquant les calculs des adversaires potentiels.

Il y a près de soixante ans, la mise en place de la riposte graduée par le président Lyndon Johnson avait renforcé les doutes sur la détermination de la Maison Blanche à s’engager pleinement dans la défense de l’Europe. Aujourd’hui, la volonté du président Trump de mettre fin au soutien de son pays à l’Ukraine confirme ces soupçons. Dès lors, des voix de plus en plus manifestes et insistantes plaident pour l’acceptation d’une force nucléaire française qui ne serait plus chimiquement pure, mais qui s’étendrait à l’échelle européenne.

Le pré-positionnement du parapluie nucléaire français en Europe de l’Est

La demande du futur chancelier allemand Friedrich Merz rejoint la proposition française d’établir un dialogue engageant les Européens dans une démarche commune. Comme l’a rappelé le ministre des armées, la définition précise de l’intérêt vital relève de la seule responsabilité du président de la République française en fonction des circonstances. Pour autant, l’emploi de l’arme nucléaire pour protéger l’Europe implique une discussion stratégique pour définir la puissance à acquérir, les intérêts à défendre et le mode de commandement du feu nucléaire.

Avancer vers le cadre d’une européanisation de la force nucléaire signifie augmenter les capacités de dissuasion et, donc, accroître l’arsenal français pour lui permettre de répondre aux menaces qui concernent l’ensemble des 27 États membres de l’Union européenne. Cela nécessite de constituer des stocks supplémentaires de matières fissiles et donc de réactiver les usines de production de Pierrelatte (Drôme) et Marcoule (Gard) démantelées en 1998, sacrifiées sur l’autel du désarmement unilatéral.

Le dogme de la stricte suffisance doit également être questionné. Si aujourd’hui, 290 têtes nucléaires représentent la valeur que la France accorde à la défendre de son existence, ce prix paraît négliger l’échelle du continent européen, et la logique le confirme : les puissances nucléaires de taille continentale telles que les États-Unis, la Russie et bientôt la Chine déploient un arsenal à hauteur d’un millier de têtes thermonucléaires.

La remontée en puissance prendra du temps et nécessitera un effort budgétaire pour son extension européenne au travers de l’augmentation du nombre de missiles et d’avions porteurs. Outre la construction de nouvelles infrastructures dans les pays européens partenaires, le coût pourrait dépasser 10 milliards d’euros annuels, sans compter les coûts indirects liés à la maintenance et à la logistique. Un temps long à prendre en compte d’autant que l’offre politique et stratégique d’une protection nucléaire élargie évolue au gré des circonstances.

Alors que Berlin préférait jusqu’à présent que la France assume un rôle simplement complémentaire à la dissuasion élargie des États-Unis, l’abandon de l’Ukraine par ces derniers donne une prime à l’agresseur russe. Comme l’indique Emmanuel Macron, la France pourrait en réaction proposer un prépositionnement de ses forces nucléaires dans les pays d’Europe de l’Est avec l’idée de se substituer à terme aux États-Unis.

Ce parapluie nucléaire français concrétiserait l’autonomie stratégique européenne à travers le déploiement d’avions de combat à capacité nucléaire, signe de la solidarité politique européenne et rendant plus difficiles les calculs de Moscou.

La présence visible de ces avions en Europe de l’Est pourrait empêcher la Russie d’attaquer les pays en question avec des moyens conventionnels, une telle attaque risquant de provoquer une riposte nucléaire française au nom de l’Europe.

Guerre Ukraine-Russie, jour 1105 : l’aide américaine suspendue, Vance maintient la pression

Guerre Ukraine-Russie, jour 1105 : l’aide américaine suspendue, Vance maintient la pression

Un député sud-coréen a indiqué mardi 4 mars 2025 avoir rencontré deux soldats nord-coréens détenus en Ukraine. Donald Trump a décidé d’ordonner lundi une « pause » dans l’aide militaire des États-Unis à l’Ukraine, selon un responsable de la Maison-Blanche.

Funérailles d’un militaire ukrainien à Kiev, lundi 3 mars 2025. SERGEY DOLZHENKO / EPA

Un député sud-coréen rencontre des soldats nord-coréens

Un député sud-coréen a déclaré mardi 4 mars avoir échangé avec deux soldats nord-coréens détenus en Ukraine après avoir combattu pour la Russie, et que l’un d’eux lui avait dit son souhait de vouloir vivre « une vie normale » en Corée du Sud.

En janvier, les renseignements sud-coréens ont affirmé que l’armée ukrainienne avait capturé deux soldats nord-coréens envoyés par Pyongyang en Russie pour combattre l’Ukraine.

Le député Yu Yong-weon a affirmé au cours d’une conférence de presse avoir pu échanger avec ces deux soldats détenus dans une prison d’Ukraine – dont la localisation exacte n’a pas été dévoilée – après avoir obtenu le feu vert des autorités de Kiev.

Trump suspend l’aide militaire à l’Ukraine

Donald Trump a mis sa menace à exécution et ordonné lundi une « pause » dans l’aide militaire des États-Unis à l’Ukraine en guerre contre la Russie, selon un responsable de la Maison-Blanche. « Nous faisons une pause et réexaminons notre aide pour nous assurer qu’elle contribue à la recherche d’une solution » au conflit entre l’Ukraine et la Russie, a déclaré ce responsable sous couvert d’anonymat.

« Le président a clairement indiqué qu’il se concentrait sur la paix. Nous avons besoin que nos partenaires s’engagent eux aussi à atteindre cet objectif », a-t-il ajouté. Il s’agit essentiellement de l’aide militaire déjà approuvée sous l’ancienne administration de Joe Biden et très largement soldée mais dont il reste encore des équipements et armes à livrer.

JD Vance convaincu que Zelensky finira par discuter de la paix

Le vice-président des États-Unis, J. D. Vance, s’est dit convaincu que le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky finirait par accepter de discuter de la paix avec la Russie, après le fiasco de sa rencontre vendredi avec Donald Trump.

Dans un entretien à la chaîne Fox News, il a estimé que le président ukrainien avait « montré un refus clair de s’engager dans le processus de paix » souhaité par le président américain. « Je pense que Zelensky n’y était pas encore, et je pense, franchement, qu’il n’y est toujours pas, mais je pense qu’il finira par y arriver. Il le faut », a affirmé le vice-président dans cet entretien enregistré avant l’annonce d’une pause dans l’aide militaire américaine à l’Ukraine.

Les députés français divisés sur la défense européenne

Unis dans leurs mots de soutiens à Kiev, les députés ont de nouveau étalé leurs divergences stratégiques à l’Assemblée sur la défense française et européenne, son financement, ou l’intégration de l’Ukraine dans l’UE et l’Otan.

« Accélérons le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. C’est la solution pour pouvoir faire front lors des échanges à venir », a martelé l’ancien premier ministre Gabriel Attal, chef du groupe Ensemble pour la République.

Marine Le Pen pour le RN a appelé à « soutenir » Kiev avec « réalisme ». « Nous ne pouvons pas promettre à l’Ukraine une adhésion à l’Otan » et une adhésion à l’Union européenne « va incontestablement à l’encontre de nos intérêts », a-t-elle avancé.

Retour en Russie de 33 habitants de la région de Koursk

Moscou a annoncé le retour en territoire sous contrôle de la Russie de 33 personnes venant de la partie de la région de Koursk occupée par l’armée ukrainienne et qui avaient été évacuées en Ukraine.

Le 24 février, Moscou avait indiqué avoir trouvé un accord avec Kiev pour rapatrier des habitants de la région qui se trouvaient en Ukraine. « Il s’agit principalement de personnes âgées, mais il y a aussi quatre enfants. Nombre d’entre eux souffrent de blessures et de maladies graves », a indiqué sur Telegram la médiatrice russe pour les droits humains, Tatiana Moskalkova.

D’après elle, la Russie « a négocié avec la partie ukrainienne » avec « le soutien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la médiation de la Biélorussie », allié de Moscou par lequel ont transité les évacués.