UE : La généralisation des moteurs électriques à partir de 2035 risque de poser des problèmes aux armées

UE : La généralisation des moteurs électriques à partir de 2035 risque de poser des problèmes aux armées

 

http://www.opex360.com/2022/11/24/ue-la-generalisation-des-moteurs-electriques-a-partir-de-2035-risque-de-poser-des-problemes-aux-armees/


 

Ainsi en est-il de la voiture électrique, qui a dû s’effacer devant les moteurs thermiques, alors que l’on comptait pourtant plus de bornes de recharge à New York que de pompes à essence au début du XXe siècle!

Depuis, la motorisation hybride est [ré]apparue, l’un des premiers véhicules avec un tel mode de propulsion ayant été la « Vélo Gonnet », sortie en 1952. Et, dans le même temps, les moteurs électriques ont fait des progrès… Quitte à prendre l’avantage sur ceux à essence? Cela reste encore à prouver. En tout cas, et en l’état actuel des choses, le propriétaire d’une Citröen 2CV qui passerait « à l’électrique » ne gagnerait pas au change puisqu’il n’aurait plus qu’une autonomie de 90 km en ville [à condition de rouler à 40 km/h de moyenne] et de 70 km sur route alors que le moteur thermique de sa « Deuche » consommait 4 à 6 litres au 100 km.

Quoi qu’il en soit, en 2035, plus aucune voiture à moteur thermique ne pourra être vendue dans l’Union européenne. Et cela vaudra aussi pour les véhicules hybrides, l’enjeu étant de réduire drastiquement les émissions de CO2. Et cela ne pourra qu’avoir de lourdes répercussions sur l’industrie, et pas seulement pour les constructeurs automobiles : leurs sous-traitants seront évidemment impactés pour la plupart, à commencer par les fonderies, qui produisent les pièces mécaniques. En outre, des savoir-faire seront immanquablement délaissés, même si le secteur des engins lourds [camions, machines agricoles, engins de chantier, etc] n’est pas [encore?] concerné.

Cependant, la décision de l’UE pourrait avoir des répercussions sur les… véhicules militaires. C’est en effet ce qu’a suggéré le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une récente audition au Sénat.

« Le problème reste de savoir quelles normes seront applicables aux forces armées. S’il n’est pas question de sacrifier la défense de la France, la question est toutefois pertinente, car les grands industriels délaisseront de plus en plus le thermique au profit de l’électrique, ce qui remettra en cause notre capacité à conserver une industrie productrice de moteurs thermiques », a en effet affirmé le CEMA. « Le sujet sera de souveraineté et de responsabilité », a-t-il ajouté.

Cela étant, le ministère des Armées est déjà engagé dans une démarche de réduction de sa consommation de produits pétroliers. Et il est même question de développer un groupe motopropulseur hybride pour le véhicule blindé multirôles [VBMR] Griffon, cette techonologie présentant plusieurs avantages opérationnels [réduction de la signature thermique et sonore, capacité d’esquive renforcée, besoins logistiques moindres, etc…].

Mais le signal envoyé par l’UE risque de compliquer les choses… comme le Maintien en condition opérationnelle [MCO] de ces blindés. Car si les industriels n’ont plus intérêt à maintenir les compétences en matière de propulsion hybride ou thermique, comment et où seront fabriquées leurs pièces de rechange? Et, surtout, à quel prix?

En attendant, pour répondre aux besoins énergétiques croissants de ses véhicules de la gamme SCORPION, dus à l’électronique qu’ils embarquent et à leur masse plus élevée, l’armée de Terre a confié un projet au pôle GAI4A [« Groupement Académies, Industries, Ingénieurs d’Ile-de-France pour l’Innovation au profit de l’Armée de Terre »] afin de mettre au point des « algorithmes de commande robustes, de planification de trajectoires sûres et à moindre coût énergétique ». Pour schématiser à grands traits, il vise à fournir une aide à la « conduite économique, écologique et sûre couplée à l’hybridation du matériel roulant ». Mais pas seulement.

« Pour un véhicule donné et pour divers scénarios, il s’agit d’évaluer l’optimisation énergétique pour les 4 concepts suivants : conseils de conduite au pilote via un algorithme de consommation optimale, mise en place de plusieurs sources d’énergie sur le véhicule [hybridation], amélioration de la connaissance du parcours, reconnaissance et pilotage de la trajectoire d’un convoi de véhicules par le véhicule de tête », détaille l’armée de Terre.

Jusqu’à quatre ans pour régénérer les matériels revenus de Barkhane

Jusqu’à quatre ans pour régénérer les matériels revenus de Barkhane


Après le défi logistique de la réarticulation de Barkhane, celui de la régénération des matériels désengagés du théâtre sahélien. Ceux du volet terrestre de l’opération nécessiteront parfois plus de quatre années de travail avant d’être à nouveau confiés aux régiments.  

D’après le directeur central de la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT), le général Christian Jouslin de Noray, plus de 700 matériels ont été identifiés et étaient en cours de tri sur place. À la mi-octobre, 180 avaient été rapatriés en France en priorisant ceux dont les forces ont le plus besoin, expliquait-il au cours d’une audition parlementaire sur le projet de loi de finances pour 2023.

« La réarticulation de l’opération Barkhane devrait redonner des marges de manœuvre à l’armée de Terre en termes de disponibilité des hommes et des matériels. Toutefois, l’état-major de l’armée de Terre anticipe d’importants surcoûts et un cycle de retrait et de régénération des véhicules très long », relève le député Renaissance François Cormier-Bouligeon dans un rapport pour avis sur le PLF 2023.

De fait, ces opérations de régénération pourraient prendre « entre 4 ans et 4 ans et demi », complète le député, chargé d’émettre un avis sur la préparation et l’emploi des forces terrestres. Principale cause avancée, la conjonction entre un terrain sahélien très abrasif, l’intensité et la durée des opérations et l’âge avancé de certaines flottes. La vitesse d’évacuation du théâtre, de même que les capacités des industriels à traiter les demandes sont d’autres facteurs qui peuvent peser sur le rythme de réinjection.

D’un parc à l’autre, les délais vont fortement varier. Si le cas du VAB est souvent cité, la patience est de mise en ce qui concerne VBCI, « dont un volume important projeté lors de l’opération Barkhane est en attente de régénération ». A contrario, les 32 Griffon envoyés au Sahel devraient être plus rapidement disponibles car ceux-ci n’ont été engagés qu’à partir de l’été 2021. Selon le rapporteur, la réinjection des matériels au sein des forces devrait débuter courant 2024.

La refonte toujours en cours de l’engagement au Sahel redonnera un peu de souffle à l’armée de Terre. Elle a déjà facilité l’envoi de moyens en Roumanie, « notamment des VBCI qui vont pouvoir être réinjectés plus facilement dans l’opération Aigle », et d’aborder plus sereinement un exercice Orion appelé à mobiliser beaucoup de potentiel.

Derrière, l’armée de Terre poursuit son effort d’amélioration de la disponibilité technique opérationnelle de ses matériels (DTO). Malgré « une légère atténuation de la cible cette année », le niveau de DTO s’élève à plus de 90% en moyenne en OPEX et plus de 70% en métropole. Et si des fragilités subsistent, celles-ci seront progressivement atténuées par des commandes de pièce de rechange, les nouveaux contrats de soutien et la poursuite des livraisons de véhicules SCORPION. L’effort est aussi financier, avec 184 M€ de crédits supplémentaires fléchés vers l’EPM en 2023.

Crédits image : EMA

Pour le moment, le coût d’entretien des blindés Griffon est 2,4 fois plus élevé que celui des VAB

Pour le moment, le coût d’entretien des blindés Griffon est 2,4 fois plus élevé que celui des VAB

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« S’agissant des seules dépenses d’investissement, l’écart de prix entre le VBMR Griffon et la régénération VAB visant à l’intégrer à la bulle SCORPION s’établit à 100’000 euros environ, soit 6,7 % seulement. Mais en tenant compte des coûts d’entretien et des durées d’amortissement de chacun de ces matériels, la possession d’un Griffon est plus économique que celle d’un VAB modernisé », avait ainsi souligné le député Thomas Gassiloud, dans un avis budgétaire publié en 2017. Et d’ajouter : « Aussi, en tenant compte de l’amortissement du véhicule, le coût d’un griffon s’établit-il à 156’600 euros par an, tandis que celui d’un VAB modernisé s’élève à 183’200 euros par an ».

D’autres arguments plaidèrent en faveur d’une accélération des livraisons de VBMR Griffon et Serval : d’abord, cela allait permettre d’améliorer la protection et l’efficacité des troupes. Ensuite, la régénération des VAB s’annonçait compliquée en raison du nombre de versions en service… Et il n’était pas certains qu’elle fût possible, compte tenu des modifications à leur apporter, tant en termes de masse que de mobilité et d’ergonomie.

Cependant, l’entretien de nouveaux équipements coûte cher au moment de leur mise en service. En général, l’évolution de ces coûts suit une courbe en forme de U : importante durant les premières années d’utilisation, elle se stabilise à la baisse pendant quelques temps, avant de repartir à la hausse à mesure que des obsolescences apparaissent au fil du temps. Qu’en sera-t-il pour les blindés de la gamme SCORPION?

Dans son avis sur les crédits alloués à l’armée de Terre pour 2023, le député François Cormier-Bouligeon a avoir constaté que « le soutien soutien des matériels Scorpion livrés est globalement satisfaisant, malgré une hausse importante des coûts de maintenance qui devrait se poursuivre en raison du niveau technologique et de la complexité technique des matériels de nouvelle génération comme le Griffon, ainsi que par la part plus importante de tâches confiées à l’industriel pour son soutien ».

Notant que la disponibilité des 35 Griffon déployés au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane a été « satisfaisante », le parlementaire note cependant qu’il « devra être tenu compte de ce ‘pic du MCO’ [Maintien en condition opérationnelle] à venir dans la programmation ». Ainsi, les chiffres qu’il a donnés dans son rapport, le Griffon « présente un coût d’entretien programmé des matériels [EPM] 2,4 fois plus élevé que le VAB » soit 1,2 million d’euros pour le premier contre 500’000 euros pour le second, en version infanterie.

Aussi, estime M. Cormier-Bouligeon, « l’enjeu principal des parcs Scorpion sera donc la fiabilisation de la programmation budgétaire pluriannuelle des besoins en EPM, ce qui exige au préalable une consolidation de leur coût de maintenance ». Cela étant, a-t-il continué, « si le coût du Griffon, premier parc livré, n’est pas encore stabilisé car une partie des pannes n’est pas couverte pas le forfait contractuel, le coût de maintenance du Serval sera, en principe, plus faible […], en cohérence avec sa dimension moindre ».

Quoi qu’il en soit, a-t-il souligné, il sera « nécessaire de veiller à la prise en compte du coût de soutien et des stocks de rechange, nécessaires à un engagement de haute intensité ».

Par ailleurs, la cohabitation d’équipements très modernes et vieillissants [VAB, AMX-10RC] donne lieu à des coûts de MCO importants. Cela « explique que les crédits investis dans l’entretien programmé du matériel ne produisent pas nécessairement une hausse homothétique de l’activité », fait observer le rapporteur.

Cela étant, par rapport au VAB, le Griffon apporte une plus-value opérationnelle significative, comme en témoigne le retour d’expérience [RETEX] de son engagement au Sahel.

Le Griffon se « distingue par son ergonomie permettant une utilisation simplifiée. Il intègre une première capacité de géolocalisation amie [GLA] et d’échange d’informations, apportant une véritable plus-value opérationnelle. Fonctionnant avec le poste radio de 4e génération [PR4G], les développements en cours portent sur l’intégration du SIC-S sur la nouvelle radio CONTACT », rapporte M. Cormier-Bouligeon. Aussi, il permet une « accélération des cycles de décision », tout en offrant une meilleure protection ainsi qu’une plus grande mobilité.

Général Parisot : « Nous avons de la chance » quand un hélicoptère Puma est disponible en Nouvelle-Calédonie

Général Parisot : « Nous avons de la chance » quand un hélicoptère Puma est disponible en Nouvelle-Calédonie

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Finalement, dans le cadre un plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique, dévoilé en juin 2020 afin de faire face aux conséquences de la pandémie de covid-19, il fut annoncé que l’AAE serait dotée de huit hélicoptères H225M Caracal neufs. Ce qui était cependant encore loin de faire le compte… Toujours que ces appareils furent commandés à Airbus Helicopters en avril 2021, leur livraison devant commencer à partir de 2024. Quant au projet de location, il est apparemment passé à la trappe étant donné qu’il n’a pas fait parler de lui [et l’avis de marché diffusé en octobre 2019 est clos].

En attendant, et alors que les chiffres relatifs à la disponibilité des aéronefs ne sont plus diffusés par la ministère des Armées, la situation des Puma de l’AAE ne s’est visiblement pas améliorée. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 20 juillet, le major général de l’armée de l’Air & de l’Espace [MGAAE], le général Frédéric Parisot, n’a pas manqué d’attirer l’attention des députés sur cette dernière.

« Ce sont les flottes les plus anciennes qui sont les moins disponibles. À l’aéroport international de Nouméa, la Tontouta, nous avons de la chance lorsqu’un PUMA est disponible sur les trois dont nous disposons. Je rappelle que la moyenne d’âge de la flotte Puma est de quarante-trois ans », a en effet déclaré le général Parisot.

Ce problème n’est pas propre aux hélicoptères basés en Nouvelle-Calédonie… Ceux mis en oeuvre par les Forces armées en Guyane [FAG] ne sont pas mieux lotis… Au point que, en 2021, des sénateurs avaient indiqué que des légionnaires du 3e Régiment Étranger d’Infanterie, alors engagés dans l’opération Harpie, avaient dû rester 72 jours en forêt, faute de moyens aériens pour les récupérer.

Et le sénateur Cédric Perrin avait alors relevé qu’il fallait 18 heures de travail aux mécaniciens pour permettre à un Puma d’effectuer une heure de vol. « Nous avons décortiqué les causes avec le commandant de la base aérienne et on retrouve toujours les mêmes causes : disponibilité des pièces de rechange, vétusté des matériels. On ne peut pas faire de miracles avec des appareils de 44 ans d’âge! », avait-il expliqué.

Photo : FANC

La disponibilité des avions de transport tactique de l’armée de l’Air peine toujours à décoller

La disponibilité des avions de transport tactique de l’armée de l’Air peine toujours à décoller

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La maintenance prédictive s’invite sur le HK416 F

La maintenance prédictive s’invite sur le HK416 F

 

Loin de se limiter aux véhicules et aéronefs, la maintenance prédictive devrait prochainement s’inviter sur l’armement individuel du soldat. C’est ainsi que SilMach, spécialiste français des microsystèmes électromécaniques (MEMS), étudie aujourd’hui l’intégration d’un capteur de monitoring passif sur le fusil d’assaut HK416 F des armées françaises, au travers d’un programme baptisé « ShootMEMS 2 » et mené en coopération avec la DGA.

 

D’ici 2028, l’armée de Terre aura plus de 93 000 HK416 F en dotation… dont il faudra assurer le MCO (Crédit photo: CCH Guillaume C/armée de Terre)

D’ici 2028, l’armée de Terre aura perçu 93 080 HK416 F en remplacement d’un FAMAS dont le « soutien devient de plus en plus difficile car le coût de maintien en condition opérationnelle est très élevé », expliquait le ministère des Armées lors des premières commandes. Près de 8000 exemplaires seront livrés en 2019, ce sont autant de systèmes d’armes dont l’entretien devra être assuré en concordance avec la « révolution culturelle » en matière de MCO poursuivie par la SIMMT. La maintenance prédictive, entre autres solutions à l’étude, est incontestablement celle qui fait le plus couler d’encre. Basée en partie sur les technologies du « big data », celle-ci envisage le développement d’outils permettant de collecter un maximum de données consécutives à l’usage des systèmes d’armes, puis de les exploiter afin de fournir un diagnostic précis.

Autrement dit, l’analyse de toutes ces variables devrait permettre à terme de « prédire » l’état de santé du système à un instant « t ». Sauf que, ce qui parait envisageable sur un véhicule, dont les données quantifiables sont issues de capteurs « globaux », l’est beaucoup moins avec un fusil d’assaut dont l’éventail de données s’avère plus spécifique et nécessite donc une technicité accrue. Il faudra donc, pour se conformer à ces contraintes, « faire l’effort de se poser la question de savoir quelle est l’information utile », mentionne Pierre-François Louvigné, Directeur des ventes de SilMach. De fait, si « collecter des millions de données est utile pour faire du big data quand ces données sont fournies par un système compatible avec un emploi opérationnel », ajoute-t-il, « il faut faire au plus simple » lorsqu’on se situe sur un dispositif tel qu’une arme individuelle. La DGA s’est dès lors concentrée sur ce qui reste l’un des facteurs d’usure principaux d’un fusil d’assaut: le tir. Par ailleurs, le second grand obstacle de toutes ces approches visant à optimiser le MCO c’est « d’avoir des technologies qui soient compatibles avec l’environnement opérationnel », précise Louvigné. Ne manquait donc qu’un système suffisamment miniaturisé, robuste et fiable pour récolter les données nécessaires à l’établissement de diagnostics. Et c’est ici que SilMach entre en piste.

 

Spin-off du CNRS lancée en 2003, cette PME de Besançon s’est d’emblée spécialisée dans la conceptualisation et le prototypage de systèmes MEMS. En autres applications, SilMach a conçu une nouvelle génération de capteurs passifs hybrides fonctionnant sans électronique ni source d’énergie et capables de compter et de mémoriser une multitude d’évènements mécaniques tels que des chocs, des vibrations ou des accélérations. Continuellement affûtée depuis 15 ans, cette technologie a été façonnée pour correspondre, aussi, aux besoins distinctifs de l’écosystème de défense. Elle a notamment été déployée en 2012 au sein du programme SPRAT (Système de Pose Rapide de Travures) de l’armée de Terre, afin de répondre « à un besoin de monitoring de la structure ». Soumis à des efforts importants, le SPRAT nécessitait en effet un suivi constant « pour rester dans le domaine d’emploi et pouvoir prévoir quelles seraient les limites en terme de nombre de passages par classe de véhicules ». Quelques années plus tard, ShootMEMS 2 s’insère à son tour « dans l’orientation assez générale donnée à tous les équipements en dotation, à savoir de mieux maîtriser le MCO, d’avoir des méthodes de suivi en service qui puissent constituer des données d’entrée sûres pour pouvoir piloter un soutien qui serait optimisé ».

 

Pour autant, ce projet de développement se limite dans l’immédiat à la vérification d’« une capacité technique du comptage de tirs ». À l’instar du SPRAT, le principe appliqué par SilMach pour le HK416 F reposera sur « un capteur micromécanique qui utilise les évènements mécaniques pour faire de la détection et du comptage ». Ce dispositif comporte une petite masse inertielle mise en mouvement par une accélération et qui va entrainer une roue de comptage, « un peu comme une roue à cliquets ». Les particularités techniques du HK416 F nécessiteront néanmoins d’adapter sensiblement les technologies MEMS maîtrisées par SilMach. « Typiquement, on rencontre sur une arme des répliques de l’accélération qui sont issues du départ de coup qu’il faudra s’abstenir de compter comme d’autres coups », nous apprend-t-on. De même, ShootMEMS 2 devra être en mesure de distinguer les différents types de munitions utilisées (balles réelles, à blanc, etc) afin de satisfaire au mieux à « une logique de suivi en service, c’est à dire de déterminer où l’on se situe dans la durée de vie résiduelle de l’arme ».

 

Enfin, l’accélération et le mouvement étant inhérents au fonctionnement du ShootMEMS 2, l’une des difficultés sera donc de pouvoir différencier un incident de manipulation d’un coup de feu. « Il faut éviter que le compteur retienne un tir en mémoire si, par exemple, l’arme tombe par terre » et fausse en conséquence les données récoltées. Sur demande de la DGA, SilMach devra s’attacher à spécifier et intégrer les caractéristiques des chocs potentiellement subits par l’arme afin qu’elles soient suffisamment différentes de celles d’un tir pour pouvoir les distinguer.

 

Bien entendu, le travail effectué par SilMach se situe très en amont de l’objectif de maintenance 2.0 voulu par la SIMMT. « Il s’agit avant tout d’un projet de développement mené afin de vérifier une capacité technique du comptage de tirs », rappelle Louvigné. Durant les 18 prochains mois, la finalité poursuivie par cette étude sera avant tout de vérifier la possibilité d’adapter un dispositif existant à son utilisation sur un tel type d’arme. La première étape consistera à définir la signature d’un tir, afin de constituer un corpus de données d’entrée. Celles-ci seront ensuite traduites en un cahier des charges, en vue de la conception et de la réalisation du capteur. Cette étape répondra à certaines contraintes d’intégration car « il faut que l’on puisse se positionner sur l’arme à un endroit qui est adapté, autrement dit que le capteur ne gêne pas l’ergonomie et qu’il n’interfère avec aucune autre fonction de l’arme ». Restera, enfin, l’évaluation en laboratoire puis sur l’arme réelle en vue de la validation de la capacité. Affaire à suivre donc.

 

Pour la maintenance aéronautique, Mme Parly préfére « la rationalité Ford » à « l’imagination de Kafka »

Pour la maintenance aéronautique, Mme Parly préfére « la rationalité Ford » à « l’imagination de Kafka »

par Laurent Lagneau – Zone militaire – Publié le  27-09-2018

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En décembre 2017, la ministre des Armées, Florence Parly, présenta une réforme du Maintien en condition opérationnelle [MCO] aéronautique. Il s’agissait alors d’une urgence étant donné que, en 15 ans, la disponibilité des aéronefs avait baissé globalement de 10% alors que les coûts de maintenance s’était envolés, durant la même période, de 40%.

« Il faut que ça vole », avait alors lancé Mme Parly. Et d’annoncer la création la Direction de la maintenance aéronautique [DMAé] pour remplacer la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense [SIMMAD]. Et, en avril, Mme l’ingénieur général hors classe de l’armement [IGHCA] Monique Legrand-Larroche a été officiellement nommée à sa tête.

Lors d’un discours prononcé à l’occasion du salon « ADS Show », organisé sur la base aérienne de Mérignac, ce 27 septembre, Mme Parly a indiqué, entre deux formules bien senties, ce qu’elle attendait des différents acteurs impliqués dans la maintenance aéronautique.

Le problème du MCO Aéronautique n’est pas un problème de moyens (au passage, les crédits alloués à la maintenance des matériels seront augmentés de 8% à la faveur du budget 2019, pour être portés à 4,2 milliards d’euros) mais d’organisation, de méthode et de responsabilités. « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué »…

Or, pour Mme Parly, « chaque euro dépensé » doit être un « euro utile ». « Je veux que l’argent employé le soit à bon escient, que les investissements réalisés soient fructueux, que si nous donnons priorité à la maintenance, il y ait des résultats rapides et visibles », a-t-elle dit.

Et cela passe donc par un changement radical d’approche. « La DMAé, ce n’est pas l’école des fans. Non, tout le monde n’aura pas toujours gain de cause. Non, la recherche d’un consensus mou n’est pas la panacée. Oui, il faudra prendre des décisions dans l’intérêt de la maintenance aéronautique, dans l’intérêt de nos forces, de nos opérations et de notre préparation opérationnelle », a prévenu la ministre.

L’un des défis que la DMAé aura à relever sera d’abord celui de ses ressources humaines. Pour Mme Parly, cette direction centrale a besoin de « stabilité » et « d’encadrement », ce qui passera pas une hausse du nombre d’ingénieurs et de techniciens civils pour assurer le suivi de contrats devant s’inscrire dans un cycle long. Ce qui est plus compliqué avec des militaires obligés de changer d’affectation tous les deux ou trois ans.

« J’ai fixé à Monique Legrand-Larroche l’objectif de passer de 20% à 40% de personnels civils d’ici 2021 avec comme objectif que la moitié des effectifs de la DMAé soient civils à la fin de la LPM en 2025. Sur la même période, les effectifs des cadres devront augmenter et passer de 28 à 35% d’ici 2021 et 40% en 2025 », a ainsi précisé Mme Parly.

Ensuite, la DMAé devra mettre un terme à la situation – ubuesque – des contrats MCO. Par exemple, la maintenance des Cougar est couverte par « 21 marchés de soutien » alors que le disponibilité moyenne est de 6,6 appareils sur une flotte qui en compte 26. Pour la ministre, un effort de rationalisation s’impose.

« Sur Rafale, l’objectif est de passer de 25 contrats aujourd’hui à 2 contrats principaux dès 2019. Sur l’Atlantique 2, utilisée au-dessus de la mer comme sur des théâtres d’opérations terrestres, nous passerons de 24 à 3 contrats. Le même effort sera entrepris sur les hélicoptères : le Cougar, très employé par nos forces spéciales et en opérations extérieures, passera de 21 à 4 contrats, tout comme le Caracal », a annoncé Mme Parly.

Un autre enjeu majeur concerne la gestion des stocks de pièces détachées. Et, là aussi, la situation peut être kafkaïenne. « Le stock des rechanges aéronautique est considérable, il représente un montant énorme : 13 milliards d’euros. Ma conviction est double, ce stock ne correspond pas à notre juste besoin et nous n’avons pas besoin de tout gérer nous-mêmes », a estimé Mme Parly, pour qui il il faut « aussi mettre fin aux coupures entre les prestations logistiques et industrielles et rationaliser les processus logistiques dans nos bases, alors que parfois plusieurs stocks différents opérés par plusieurs acteurs différents coexistent. »

Pour la ministre, il s’agit que le ministère des Armées fasse bien ce qu’il a à faire et qu’il confie « confions ce qui peut être fait avec plus de performance et un coût maîtrisé aux industriels ». En clair, a-t-elle résumé, « que j’aimerais que le MCO aéronautique s’inspire un peu plus de la rationalité Ford et un peu moins de l’imagination de Kafka. »

Cela étant, Mme Parly veut rapidement des résultats. « Dès 2018, nous visons une augmentation de 15% de la disponibilité du Caracal. D’ici la fin de l’année, nous devrons doubler le nombre d’A400M disponibles de 3 à 6, aussi, passer de 6 à 7 Atlantique 2 disponibles. Des objectifs associés aux systèmes d’information du MCO aéronautique, à la gestion du maintien de la navigabilité et au maintien en condition de sécurité des systèmes sont également fixés. Et en 2019, nous devrons continuer sur cette voie, amplifier le mouvement », a-t-elle affirmé.

 

 

Le ministère des armées assurera le soutien du futur avion de combat et de l’hélicoptère HIL

Le ministère des armées assurera le soutien du futur avion de combat et de l’hélicoptère HIL

Par Michel Cabirol – La tribune |  20/08/2018

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/le-ministere-des-armees-assurera-le-soutien-du-futur-avion-de-combat-et-de-l-helicoptere-hil-787021.html

Selon la directrice de la direction de maintenance aéronautique, Monoque Legrand-Larroche, »le SIAé n’a pas vocation à être sous-traitant d’un industriel avec lequel l’État passe un contrat ». (Crédits : Airbus Helicopters) Le ministère des Armées souhaite confier le soutien de certaines de ses flottes au Service industriel aéronautique (SIAé). Notamment une partie du maintien en condition opérationnelle du système de combat aérien du futur (SCAF) et de l’hélicoptère interarmées léger (HIL).

Ceux qui avaient des craintes sur l’avenir du Service industriel de l’aéronautique (SIAé) peuvent être rassurés après l’audition de la directrice de la direction de la maintenance aéronautique (DMAé), Monique Legrand-Larroche, début juillet devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale. « Nous souhaitons garder un SIAé étatique, car l’État a besoin de cette compétence en son sein« , a-t-elle annoncé aux députés. Dans ce cadre, elle ne prévoit pas « à ce stade des fermetures de sites du SIAé ». Auteur d’un rapport sur le MCO aéronautique, Christian Chabbert, avait pourtant estimé que « l’existence même du SIAé n’est pas assumée par les instances de direction du ministère ».

« Je crois profondément en l’utilité de disposer, au service de l’État, d’un outil industriel apte à concevoir et effectuer des solutions de réparation innovantes et de haut niveau », avait clairement souligné en décembre dernier la ministre des Armées, Florence Parly.

En revanche, la question de l’évolution du statut du SIAé (vers un EPIC?) n’est « pas tranchée », avait précisé Monique Legrand-Larroche, mais selon la directrice de la DMAé, « elle ne me paraît pas déterminante dans l’objectif consistant à assurer la pérennité du SIAé ». En revanche, a rappelé Monique Legrand-Larroche, la France a fait le choix de « ne plus faire appel à une entreprise privée » pour le MCO (Maintien en condition opérationnelle) de ses appareils « mais d’assurer ce soutien par le SIAé ». « Cela n’appelle pas de mise en concurrence, puisque c’est l’État qui assurera le soutien », a-t-elle fait valoir. La volonté politique est aujourd’hui là. Au SIAé de saisir sa chance.

Le SIAé, un acteur à part entière du soutien aéronautique

Pour conforter le SIAé, pas question que cet organisme devienne le sous-traitant des industriels du secteur. « Je considère que le SIAé n’a pas vocation à être sous-traitant d’un industriel avec lequel l’État passe un contrat, car cela équivaudrait à se condamner à une double peine : l’industriel pourrait avoir tendance à étrangler le SIAé et ce serait ensuite à l’État qu’il reviendrait de renflouer son service maltraité par l’industriel!« , a expliqué la directrice de la DMAé. Pour éviter ce scénario, la DMAé a prévu à l’avenir « de passer un contrat avec le SIAé et, en parallèle, un autre contrat avec un industriel pour assurer le reste du soutien ». Ce sera le cas par exemple pour les avions de patrouille maritime Atlantique 2.

« Pour ce qui est de l’impact de la nouvelle organisation sur le SIAé, nous cherchons à responsabiliser les industriels en choisissant l’un d’eux comme maître d’œuvre », a affirmé Monique Legrand-Larroche.

Comment assurer la pérennité du SIAé

Pour garder un SIAé étatique efficace et dans la durée, l’ingénieure générale hors classe de l’armement souhaite dans un premier temps s’assurer qu’il puisse intervenir « pour le soutien de nos flottes d’aujourd’hui, mais aussi pour celui de nos flottes de demain ». C’est d’ailleurs elle dans son poste précédent qui avait déjà poussé le SIAé à assurer le soutien du C-130H et celui de l’A400M. Et ce en dépit de certaines réticences fortes à l’époque. Ce sera également le cas pour le soutien des avions Atlantique 2. Au-delà, Monique Legrand-Larroche souhaite que le SIAé soit associé au soutien du système de combat aérien du futur (SCAF) et de l’hélicoptère interarmées léger (HIL). « Il faudra, a-t-elle affirmé, que le SIAé garde une compétence à la fois sur les avions de combat, les hélicoptères, les avions de transport – c’est fait avec le C-130 et l’A400M ».

« Si nous avons choisi de travailler avec Airbus Helicopters pour le Cougar, en revanche, pour le Dauphin Pedro, le Panther et le C-130H, nous avons souhaité que le SIAé soit le maître d’œuvre du soutien de ces appareils : c’est pour lui une nouvelle compétence« .

Assurer la pérennité du SIAé implique de lui assurer également « au minimum le maintien d’un compte de commerce performant », « un compte pleinement actif, sans contraintes administratives particulières », a expliqué la directrice de la DMAé. Selon elle, « le SIAé ne serait pas en état d’assurer une activité industrielle s’il revenait en zone budgétaire ». Si l’évolution du statut n’est pas prioritaire pour Monique Legrand-Larroche, elle a toutefois estimé que « l’une des difficultés pour le SIAé est que son statut ne lui permet pas de conclure de vrais partenariats engageants avec l’industrie ». Concrètement, la DMAé ne ne peut pas faire intervenir le SIAé en cotraitance. « Je suis obligée de passer un contrat avec un industriel et, en parallèle, un quasi-contrat avec le SIAé, ce qui est à l’origine d’une coupure qui peut être dommageable », a-t-elle regretté.

Des modes d’action modernisés

Les modes d’action du SIAe seront également modernisés. Le MCO aéronautique justifie que« le SIAé dispose de moyens industriels, et notamment qu’il ait la capacité d’embaucher sans avoir besoin de trop d’autorisations pour ce faire, d’anticiper sur une future augmentation de la charge de travail et former ses personnels », a estimé la directrice de la DMAé. D’autant que le MCO aéronautique, a-t-elle rappelé, nécessite l’intervention d’équipes ayant suivi une formation d’un excellent niveau. Le SIAé a récemment obtenu une souplesse dans la gestion de ses personnels. Ils ont aujourd’hui la possibilité de travailler en deux huit, a fait remarquer Monique Legrand-Larroche. Le feu vert a été donné pour permettre un meilleur soutien de l’A400M, afin de pouvoir procéder aux visites dans un délai plus réduit.

S’agissant des moyens industriels, le SIAé doit entre autre acquérir la technologie permettant de fabriquer des pièces en fabrication additive, a convenu Monique Legrand-Larroche. Plus largement, le SIAé doit être doté des moyens qui lui permettront « de se moderniser et d’acquérir les nouvelles compétences du MCO aéronautique de demain, de manière à être toujours aussi performant dans le soutien de nos aéronefs ». Christian Chabbert avait d’ailleurs estimé que le SIAé est « en train de décrocher par rapport aux standards industriels actuels (système d’informations, datas, flexibilité, innovation, management …) » dans certains activités. Au SIAé de se réformer pour assurer sa place dans le soutien aéronautique.

 

Défense. Près de Rennes, ce régiment est l’expert des mécaniques de l’armée

Défense. Près de Rennes, ce régiment est l’expert des mécaniques de l’armée

Le 2e Rmat assure la maintenance opérationnelle des engins de l’armée de Terre. | Laurent Tréhu/Ouest-France

Pascal SIMON – Ouest France – Publié le 23/07/2018

https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/defense-pres-de-rennes-ce-regiment-est-l-expert-des-mecaniques-de-l-armee-5893056

 

Ce lundi 23 juillet, la ministre des Armées Florence Parly visite le 2e Régiment du matériel (2e Rmat), basé à Bruz (Ille-et-Vilaine). Elle est accompagnée du général François Lecointre, chef d’état-major des armées et du général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre. Au 2e Rmat, 650 soldats et civils assurent la maintenance des équipements de l’Armée de terre du Grand Ouest et participent au soutien technique des unités en opération extérieur

A Bruz, le 2e régiment du matériel est implanté en plein cœur de ville. Difficile de passer à côté sans apercevoir des dizaines de hangars, sur le terrain militaire du quartier Wiltz.

Le 2e Rmat est implanté en plein coeur de Bruz, à une dizaine de kilomètres au sud de Rennes. | Ouest-France

Le bâtiment le plus récent a été livré au début de l’année 2017 ; les plus anciens, eux, datent du milieu du XXe siècle. Sur les parkings, on aperçoit des véhicules couleur sable, peinture camouflage ou siglés Nations unies…

Soldats et civils en caserne

Le cœur de métier du 2e Rmat ? Assurerla maintenance des matériels de l’Armée de terre du Grand Ouest.

À Bruz, travaillent 650 personnes, deux tiers de militaires, un tiers de personnels civilssous contrat. Autour de 20 % de femmes.

 

Du véhicule blindé de transport de troupes jusqu’à la lunette de tir d’un système antichar, en passant par les armes: le 2e Rmat assure l’entretien de toute la gamme du matériel de l’armée de Terre. | Laurent Tréhu/Ouest-France

Le camp de la Maltière, à Saint-Jacques-de-la-Lande, accueille aussi une antenne de ce 2e Rmat, chargée de la logistique et de l’approvisionnement de pièces détachées. Ce régiment compte aussi 350 personnes à Poitiers (Vienne).

Sont aussi rattachés au régiment près d’une centaine de réservistes: des citoyens volontaires qui, après un stage initial de quinze jours, sont appelés pour des « périodes ».

Mécanos mais pas que…

Ici, on est d’abord les mécanos de l’armée. Pour tout type de matériels. Du véhicule blindé de transport de troupes jusqu’à la lunette de tir d’un système antichar, en passant par les armes. Tout, sauf les chars de combat, comme le Leclerc.

On répare tout à la garnison. Des équipements de haute technologie, mais aussi des matériels parfois anciens. « On a de jeunes mécaniciens qui vont parfois entretenir et réparer des engins qui ont deux fois leur âge », convenait l’an dernier le lieutenant-colonel Xavier Janny, chef de corps du 2e Rmat.

 

Deux véhicules blindés de l’armée de Terre que le 2e régiment du matériel (2e Rmat) de Bruz est en mesure d’entretenir. Ici, en démonstration lors du Triomphe 2018 des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. | Pascal SIMON/Ouest-France

Pour tout cela, le 2e Rmat mobilise un panel de compétences et de savoir-faire très large. Avec une kyrielle de métiers différents. De la mécanique légère ou lourde ou encore de la carrosserie auto jusqu’à l’électronique sophistiquée. Des spécialisations que l’on trouve certes dans le civil… Sauf qu’au régiment, il s’agit d’abord de militaires. On répare aussi bien les climatiseurs de matériels embarqués de transmissions que des groupes électrogènes jusqu’à 400 kWat pouvant éclairer la totalité d’un camp. Ou de l’armement.

Des personnels en opex

Au 2e Rmat, les militaires et les techniciens civils assurent une mission de soutien aux régiments du Grand Ouest. Qu’ils soient en caserne ou en opérations. Sur le territoire métropolitain ou en outre-mer

Parmi ses « principaux clients », la 9e Brigade d’infanterie de marine (9e BIMa) implantée à Poitiers (1). Et aussi les centres de formation militaire de la région, comme l’école voisine des transmissions de Cesson-Sévigné.

Des équipements utilisés par le 11e régiment d’artillerie de marine, ici en démonstration lors du Triomphe 2018 des écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. | Pascal Simon/Ouest-France

Outre la participation à l’opération Sentinelle, des missions de deux mois pour renforcer la sécurité sur le territoire en complément du plan Vigipirate, le 2e Rmat envoie des personnels « en opex » (opérations extérieures). Ces dernières années, le régiment a ainsi été mobilisé en Afrique subsaharienne, à Djibouti, au Gabon, en Centre Afrique, au Liban, Sénégal, Mali, Irak…

(1) La 9e brigade d’infanterie de marine (9e Bima), basé à Poitiers, comprend sept régiments dont le 2e RIMa de Champagné, près du Mans ; le 3e RIMa de Vannes ; le 11e Régiment d’artillerie de marine (11e Rama) de Saint-Aubin-du-Cormier plus connu ici sous le nom de camp de la Lande-d’Ouée, et le 6e Régiment du génie d’Angers

 

La nouvelle organisation de la maintenance des véhicules de l’armée de Terre porte-t-elle ses fruits?

La nouvelle organisation de la maintenance des véhicules de l’armée de Terre porte-t-elle ses fruits?

 

Il y a exactement deux ans, le 4 juillet 2016, l’armée de Terre mettait en place une nouvelle organisation du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres dans le cadre du plan de transformation MCO-Terrestre 2025.

Depuis, ce MCO-T repose sur deux pilliers : le Commandement de la maintenance des forces [COM-MF], dont la mission est de garantir la disponibilité technique opérationnelle des matériels utilisés par les forces engagées sur le territoire national et dans les opérations extérieures, et le Service de la maintenance industrielle terrestre [SMITer], concentré sur la régénération des équipements en lien avec l’industrie.

Visiblement, cette réforme commence à porter ses fruits, si l’on en juge par le taux de disponibilité des véhicules de l’armée de Terre au 31 décembre 2017. Ces données viennent d’être communiquées par le ministère des Armées au député François Cornut-Gentille qui les avait demandées pour rédiger son rapport sur l’exécution des crédits 2017 de la Défense.

Cela étant, il est sans doute prématuré de tirer une conclusion définitive à partir de ces chiffres, dans la mesure où il manque les taux de disponibilité de plusieurs équipements de l’armée de Terre, comme le véhicule Aravis, le Souvim, le LRU [lance-roquette unitaire] ou encore le SPRAT [Système de pose rapide de travures].

Toutefois, dans l’ensemble, la disponibilité de la majeure partie des véhicules terrestres s’améliore.

Ainsi en est-il pour le PVP [Petit Véhicule Protégé], dont le taux de disponibilité est passé de 31 à 43%, alors qu’il ne cessait de se dégrader au cours de ces dernières années, notamment à cause de défauts de conception qui ont nécessité un retour en usine pour les corriger.

Le taux de disponibilité du char AMX-10RC affiche une forte porgression, passant de 48 à 57% entre 2016 et 2017. Idem pour les 41 Véhicules Articulés Chenillés [VAC] BV 206 encore en dotation (48% contre 37%) et les Véhicules Haute Mobilité [VHM].

Globalement, la disponibilité des équipements de l’armée de Terre se maintient, quand elle ne progresse pas légèrement, y compris pour les anciens camions GBC 180 et les Véhicules de l’avant blindé (VAB), dont l’attrition semble arrêtée.

Cependant, le coût du MCO pour le VAB est relativement élevé : il faut compter 22.792 euros par unité. Ce véhicule sera remplacé par le VBMR Griffon, dans le cadre du programme SCORPION.

Les chars Leclec, dont 4 exemplaires ont été envoyés en Estonie puis en Lituanie, ont un taux de disponibilité de 64% (en hausse de 3 points), alors que leur maintenance a coûté 324.934 euros par exemplaire.

Le taux de disponibilité des CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie] progresse de 4 points pour s’établir à 72%. C’est d’ailleurs la meilleure « performance », avec les VHM. Et cela alors que 4 d’entre eux sont encore intensivement sollicités en Irak, au sein de la force Chammal. D’où, d’ailleurs, des interrogations sur la capacité à régénérer ces matériels, l’activité opérationnelle au Levant causant une usure « prématurée » des canons. Au passage, le MCO d’un CAESAr a coûté 167.628 euros l’an passé.

S’agissant des Véhicules blindés de combat d’infanterie [VBCI], leur taux de disponibilité a légèrement baissé (70% en 2017 contre 74% en 2016). Mais le plus préoccupant reste la situation des camions TRM 700/100 qui, avec une moyenne d’âge de 20 ans, voient leur disponibilité baisser à nouveau (30% seulement) alors que le coût de leur MCO, par unité, est de 17.586 euros.

Plus récents, les camions lourds de dépannage Kerax coûtent cher à entretenir (46.948 euros par unité)… et leur taux de disponibilité s’écroule (51% contre 65% en 2016). Par comparaison, les très récents PPT [Porteurs Polyvalents Terrestre, livrés par Iveco] affichent une disponibilité de 62% pour un coût de 7.347 euros par véhicule.