En construction, la frégate de défense et d’intervention Amiral Ronarc’h aurait été la cible d’un sabotage

En construction, la frégate de défense et d’intervention Amiral Ronarc’h aurait été la cible d’un sabotage

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Cela étant, ce cas de sabotage « présumé » n’est pas isolé… En effet, selon des informations révélées par « Le Télégramme », la Frégate de défense et d’intervention [FDI] Amiral Ronarc’h, première d’une série de cinq unités, a été visée par des « actes de malveillance », alors qu’elle est encore en construction à Lorient. Ainsi, comme le HMS Glasgow, « plusieurs câbles ont été volontairement sectionnés ». Les faits se seraient produits il y a « quelques semaines », avance le quotidien.

Une plainte a été déposée par Naval Group après la découverte de ce sabotage. Le parquet de Rennes, compétent pour les affaires militaires, a été saisi de cette affaire. Une enquête pour « destruction de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation » a été ouverte. Les investigations ont été confiées à la Gendarmerie maritime.

Par ailleurs, Naval Group a indiqué avoir renforcé la surveillance de son site de Lorient. Mais il ne souhaite pas donner plus de détails sur ces actes de malveillance ayant visé la FDI Amiral Ronarc’h, lancée en novembre 2022. La même discrétion est de mise du côté de la justice. « eu égard au contexte de ces faits, je n’envisage d’apporter aucune précision sur leur matérialité », a confié Philippe Astruc, le procureur de Rennes.

Au regard du contexte international, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait évoqué, en septembre 2022, un « risque de sabotage contre les chaînes de production des industriels français de l’armement ». Et d’ajouter : « Nous constatons et nous surveillons un certain nombre d’agissements. Je n’irai pas plus loin parce que cela est couvert par le secret ».

Il n’est pas impossible que des actes de sabotages aient un rapport avec le climat social et politique. En tout cas, le Directeur du renseignement et de la sécurité de la Défense [DRSD], le général Philippe Susnjara, n’a pas écarté cette hypothèse lors d’une récente audition parlementaire.

« D’une manière générale, nous suivons l’ensemble de la radicalisation, qui se développe malheureusement dans la société actuelle. […] Nous suivons la présence de l’ultradroite au sein des armées, mais il n’y a pas de sujet particulier : nous prenons les mesures d’entrave, en lien avec le commandement, lorsqu’elles sont nécessaires. Et nous agissons de la même façon avec l’islam radical. Pour l’ultragauche, la situation est opposée puisque nous avons plutôt affaire à des gens qui pourraient viser la BITD [Base industrielle et technologique de défense, ndlr] ou les institutions de l’extérieur : là, nous travaillons de manière coordonnée avec les autres acteurs du renseignement », avait-il expliqué.

Pour rappel, affichant un déplacement de 4500 tonnes pour une longueur de 122 mètres, la FDI est conçue selon une « architecture numérique innovante lui permettant de s’adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles ». En plus, notamment, d’un sonar de coque, d’un radar Sea Fire 500 à quatre antennes planes fixes entièrement numérique et d’un mât unique rassemblant l’intégralité des capteurs aériens, elle sera dotée de deux lanceurs de 8 missiles Aster 30, d’une tourelle de 76 mm, de canons de 20 mm télé-opérés. de torpilles MU-90 et de missiles anti-surface Exocet.

Selon le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, la Marine nationale en comptera trois unités à l’horizon 2030, les deux dernières devant lui être livrées avant 2035. Par ailleurs, la construction de la première des trois FDI commandées par la Grèce a commencé en octobre 2022, à Lorient.

Le futur drone aérien de la Marine a été testé en configuration opérationnelle pour la première fois

Le futur drone aérien de la Marine a été testé en configuration opérationnelle pour la première fois

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S’il a été confirmé à l’occasion du plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique dévoilé en juin 2020, avec la commande d’un second prototype, ce programme a récemment fait l’objet de rumeurs au sujet de son possible abandon par la Marine nationale.

En effet, par rapport au drone aérien Serval [le S-100 Camcopter de Schiebel, ndlr] des porte-hélicoptères amphibies [PHA], le SDAM est trois fois plus lourd, avec une capacité d’emport « seulement » deux fois plus élevée. Et il n’est pas prévu, du moins pour le moment, qu’il soit armé. D’où les doutes qui ont pu être exprimés à son endroit… D’autant plus qu’il a été affecté par des complications techniques.

« Le programme SDAM est suivi par la Direction générale de l’armement [DGA]. Les essais réalisés sur une plateforme ont permis d’en montrer tout l’intérêt mais, au moment de passer sur une frégate, le système a connu des difficultés techniques », avait en effet indiqué l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale, lors d’une audition parlementaire, en octobre 2022. « Ce programme sera examiné dans le cadre des travaux sur la Loi de programmation militaire en vue d’assurer une convergence coût-performance-délai », avait-il ajouté.

Visiblement, des assurances au sujet de cette convergence « coût-performance-délai » ont été données… Puisque le SDAM figure dans le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Ainsi, huit systèmes devront avoir été livrés d’ici 2030. Et la Marine nationale en comptera « au moins quinze » à l’horizon 2035.

Quoi qu’il en soit, en janvier, la DGA a fait savoir qu’elle venait de valider les « capacités techniques en phase de survol maritime du démonstrateur de drone VSR-700, dans le cadre de l’étude de levée de risques ». Et d’ajouter : « Cette capacité technique représente une avancée majeure et une première mondiale pour un drone de cette catégorie ».

En outre, la DGA a également laissé entendre que la phase d’essais à bord d’une frégate de la Marine nationale serait lancée sans tarder. Mais c’était sans doute aller trop vite en besogne…

En effet, le 15 mai, Airbus Helicopters a dit avoir testé pour la première fois le VSR700 en « configuration opérationnelle ». Ainsi, cet appareil « a effectué 80 décollages et atterrissages entièrement autonomes depuis un navire civil […] au large des côtes bretonnes.

« Cette campagne d’essais en vol a été une étape importante pour le VSR700 car elle nous a permis de valider les excellentes performances du drone dans des conditions opérationnelles représentatives de ses futures missions », s’est félicité Nicolas Delmas, le responsable du programme SDAM chez Airbus Helicopters.

« Le prototype VSR700 a ouvert son enveloppe de vol dans des vents supérieurs à 40 nœuds, a accumulé huit heures d’essais en 14 vols et a réussi des atterrissages [appontage? ndlr] dans plusieurs états de mer différents », a-t-il ajouté.

Pour rappel, construit avec des matériaux composite, le VSR700 a une endurance de 8 heures avec deux charges utiles. Il peut voler à 5000 mètres d’altitude, à la vitesse de 185 km/h. L’un des défi à relever est de pouvoir le faire décoller et apponter de manière autonome sur une plateforme en mouvement, dans une mer de niveau 5 [mer forte, avec des hauteurs de 2,5 à 4 mètres]. Ce qui est possible avec le système DeckFinder.

Celui-ci permet « le lancement et la récupération autonomes de drones avec une précision de 10 à 20 cm dans conditions difficiles, indépendamment des systèmes de géolocalisation par satellite [GNSS/GPS] », souligne Airbus Helicopters.

Au cours de ses précédents essais, poursuit l’industriel, le VSR700 a ainsi « démontré sa capacité à opérer en milieu maritime » tandis que ses capteurs [radar de surveillance maritime, optronique, récepteur AIS] et son système de mission ont été éprouvés.

Désormais, la prochaine étape verra la mise en œuvre d’un VSR700 depuis une frégate multimissions [au cours de second semestre 2023, ndlr] et le vol inaugural du second prototype commandé en 2020.

Photo : Airbus Helicopters

La Marine nationale va créer des « flottilles côtières » grâce au renforcement de sa réserve opérationnelle

La Marine nationale va créer des « flottilles côtières » grâce au renforcement de sa réserve opérationnelle

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« Affectés au sein des forces ou en état-major, ils contribuent à la protection des installations et des unités de la marine, à la surveillance du littoral et au contrôle naval du trafic commercial. Ils soutiennent donc pleinement la mission de protection et de défense maritime du territoire national », précise la Marine nationale.

Lors de son audition à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du projet de LPM 2024-30, son chef d’état-major [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, a assuré qu’elle serait « pleinement engagée dans l’augmentation des réserves souhaitée par le ministre [des Armées, Sébastien Lecornu], avec une structuration en trois axes : l’appui aux marins d’active, la création de flottilles côtières pour renforcer l’action littorale […] et le développement de compétences spécifiques dont la Marine ne dispose pas ou pas assez ».

Ce renforcement significatif de la réserve opérationnelle au sein de la Marine nationale visera surtout à « durcir la défense maritime du territoire ».

« Nous sommes en train de retendre notre dispositif global, qui repose notamment sur la chaîne sémaphorique. Les moyens des sémaphores seront renouvelés et certains d’entre eux seront équipés de drones. Nous allons renforcer nos liens avec les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage [Cross], afin de pouvoir corréler les faits qu’ils observent avec la situation militaire », a d’abord expliqué l’amiral Vandier.

Or, avec 19’000 km de côtes à surveiller, ce sera donc dans cette idée de « durcir la défense maritime » que, pour la plupart, les futurs réservistes de la Marine nationale seront affectés à des « flottilles côtières », avec l’objectif de « combler les angles morts » tout en favorisant les « interactions » avec les collectivités du littoral.

« Dans le cadre du doublement des réserves, nous allons constituer des flottilles côtières : il y en aura une par façade en métropole, avec des antennes outre-mer », a indiqué le CEMM. « L’objectif est de constituer des moyens de surveillance nautique qui seront armés par des réservistes, à la fois anciens et jeunes. Ces derniers navigueront sur des embarcations à coque semi-rigide et patrouilleront en lien avec les sémaphores dans des missions d’assistance publique et de renseignement », a-t-il ajouté.

Mettant l’accent sur leur « développement innovant », ces flottilles côtières, a expliqué l’amiral Vandier, seront progressivement créées « à partir de gens qui ont de l’expérience et en incorporant des jeunes » ayant « envie de naviguer et d’aller dans les territoires ». Et de préciser : « L’architecture retenue consiste à essaimer dans de petites escouades, sur le littoral »

Ces flottilles côtières suivront un « développement innovant », a précisé l’amiral Vandier. Ainsi, « l’idée générique est d’incorporer nos réservistes, de prendre des jeunes ayant envie de naviguer et d’aller dans les territoires », l’architecture « retenue » consistant « à essaimer dans de petites escouades, sur le littoral ».

Pour rappel, l’objectif inscrit dans le projet de LPM 2024-30 vise à atteindre le ratio d’un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active à l’horizon 2035.

Avec Croix du Sud, l’armée française met en scène sa stratégie Indo-Pacifique

Avec Croix du Sud, l’armée française met en scène sa stratégie Indo-Pacifique

Exercice à Koumac, dans le cadre de l’exercice Croix du Sud 2023  


19 pays, 3 000 civils et militaires sur le terrain… jamais l’exercice Croix du Sud n’avait attiré autant de participants et autant de nations différentes. La France fournit une bonne part des effectifs, grâce à la mission Jeanne-d’Arc, arrivée à bord d’une frégate et d’un porte-hélicoptère amphibie, il y a dix jours. Une manière de renforcer les liens avec les alliés de la zone et d’affirmer la stratégie française dans l’Indo-Pacifique.

Posé dans la baie de Karembé, à Koumac, le porte-hélicoptère amphibie (PHA) Dixmude et ses 200 mètres de long ne passe pas inaperçu. En comparaison, le minéralier en attente de chargement, stationné non loin, paraît presque frêle.

Le navire participe depuis lundi à la phase la plus visible de l’exercice Croix du Sud, débuté le 24 avril : un exercice grandeur nature d’aide à un pays ravagé par un tsunami. Pas moins de 10 bâtiments et 3 000 soldats et civils, représentant 19 nations, y prennent part jusqu’à samedi.

Assurer une présence physique dans les eaux françaises

Avec la frégate rapide furtive La Fayette, le Dixmude est le porte-étendard du groupe Jeanne-d’Arc, parti de Toulon début février avec, entre autres missions, celle d’assurer la visibilité de la présence militaire française dans ses territoires maritimes. « La France dispose de la deuxième Zone économique exclusive dans le monde, 11 millions de kilomètres carrés, lance le capitaine de vaisseau Emmanuel Mocard, le commandant du Dixmude. 90 % se trouve dans l’Indo-Pacifique. C’est une zone gigantesque et je répète assez souvent qu’une zone qui n’est pas contrôlée est un jour pillée. Et ce qui est pillé est un jour contesté. Donc c’est important que les forces de souveraineté contrôlent, surveillent ces zones pour éviter des dérives. »

Une zone qui n’est pas contrôlée est un jour pillée, et ce qui est pillé est un jour contesté.

Capitaine de vaisseau Emmanuel Mocard, commandant du Dixmude

La Nouvelle-Calédonie n’est pas épargnée par le pillage des ressources, en témoigne la crise des Blue Boats, ces navires vietnamiens venus pêcher illégalement les holothuries entre 2016 et 2017. Près d’une centaine avait été repérée, dans l’immense ZEE calédonienne, et 16 d’entre eux avaient été arraisonnés et ramenés à Nouméa par les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC), après parfois des altercations musclées avec les braconniers vietnamiens.

La mission Jeanne-d’Arc doit justement mettre à profit son déplacement dans la région en apportant son soutien à l’Agence des pêches du Forum des îles du Pacifique, dans le domaine de la police des pêches.

Pour mener à bien ses missions de surveillance, le Dixmude peut compter sur des hélicoptères Dauphin et Gazelle, ainsi que sur deux drones tactiques, capables de voler six heures en autonomie.

La coopération au cœur des enjeux

Des moyens qui, dans le cadre de l’exercice Croix du Sud, servent à renforcer la coopération entre les différents pays de la région. Des troupes fidjiennes ont ainsi été débarquées sur la plage de Pandop par l’Eda-R (engin de débarquement amphibie rapide), capable d’évoluer « à la vitesse de 60 km/heure avec 100 tonnes de matériel à son bord, soit l’équivalent d’un char Leclerc, le plus gros char de l’armée française et de naviguer en autonomie pendant 3 jours sur une distance de 400 km », détaille Maxime, chef du détachement amphibie.

« L’axe de la coopération est très important pour les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC), souligne leur commandant, le général Valéry Putz. Notamment pour faire face aux enjeux qui touchent le plus les populations, à savoir les conséquences du changement climatique. Cet axe passe par plusieurs canaux pour discuter avec nos partenaires, avoir une vision commune des enjeux de la région, une vision commune de la manière de faire face à ces enjeux-là et d’y répondre collectivement. »

Une coopération mise en œuvre notamment dans le cadre de l’accord FRANZ (pour France-Australie-Nouvelle-Zélande), signé en 1992 et qui permet aux pays insulaires confrontés à une catastrophe naturelle de solliciter une aide tripartite. Le dernier exemple de déclenchement de l’accord FRANZ remonte à début mars, après le passage de deux cyclones au Vanuatu.

La présence chinoise en toile de fond

Un terrain de coopération post-catastrophe sur lequel la Chine semble de plus en plus présente. La semaine dernière, un navire militaire chinois, le Changbai Shan, a accosté à Port-Vila, avec à son bord 20 tonnes de riz et 3 000 tonnes de matériel d’urgence et de reconstruction.

 

 

L’aide chinoise n’est pas nouvelle, mais elle illustre la guerre d’influence que se livrent les grandes puissances dans la région, les Etats-Unis ayant de leur côté annoncé l’ouverture prochaine d’une ambassade à Port-Vila, un mois après avoir décidé de rouvrir celle des Salomon, après la signature en mars 2022 d’un accord de sécurité entre les Salomon et la Chine, le premier du genre dans la région.

Depuis, les Etats-Unis ont rencontré des difficultés pour faire ravitailler leurs navires, à deux reprises aux Salomon, mais également au Vanuatu en janvier.

Pour autant « le Pacifique Sud n’est pas le Pacifique Ouest », où se situe Taïwan, tempère le général Valery Putz. Mais la présence, lors de Croix du Sud, du n°2 de l’armée américaine dans le Pacifique, le général James Jarrard, illustre l’importance grandissante prise par le Pacifique Sud dans la stratégie des grandes nations. « C’est important pour nous de développer notre inter-opérabilité lors d’exercice comme celui-ci, avec des alliés qui partagent nos valeurs comme celle de la liberté de navigation », note pour sa part le général Jarrard.

Quant à la France, elle dispose à Nouméa d’une frégate, le Vendémiaire, qui est régulièrement utilisée pour des missions dans le Pacifique Ouest, comme en début d’année dernière ou en 2019, où sa présence dans le détroit de Formose avait même suscité un début d’incident diplomatique.

 C’est important pour nous de développer notre inter-opérabilité lors d’exercice comme celui-ci, avec des alliés qui partagent nos valeurs comme celle de la liberté de navigation .

Le général James Jarrard, commandant général adjoint de l’armée américaine dans le Pacifique

En janvier dernier, lors de ses vœux aux armées, le président de la République avait fait de la présence militaire dans les territoires ultramarins une priorité : « Nos Outre-mer ne doivent jamais quitter notre regard et notre présence. Et la marche du monde met nombre de ces territoires, en particulier dans le Pacifique et l’océan Indien, aux premières loges des possibles confrontations de demain », avait déclaré Emmanuel Macron, qui souhaite que les Outre-mers français deviennent « une constellation stratégique, à la fois tête de pont relais et point de veille de nos intérêts dans le monde».

La Nouvelle-Calédonie va d’ailleurs voir ses moyens encore renforcés dans les mois et années à venir. Un nouveau patrouilleur, l’Auguste-Bénébig, est arrivé à Nouméa le mois dernier. Un deuxième, le Jean-Tranape, doit être livré en 2025. Un engin de débarquement rapide est, lui, attendu l’année prochaine. Avant le renouvellement des hélicoptères de l’armée de l’air, puis celui des avions de surveillance maritime de la marine, inscrit dans la dernière loi de programmation militaire.

Dissuasion : Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins « Le Terrible » a tiré un missile M51 avec succès

Dissuasion : Le sous-marin nucléaire lanceur d’engins « Le Terrible » a tiré un missile M51 avec succès

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 19 AVRIL 2023

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Quatrième et dernier sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] de la classe « Le Triomphant » à avoir été admis au service [en 2010], le « Terrible » n’a plus effectué de patrouille opérationnelle depuis janvier 2021, date de son transfert au bassin 8 de la base navale de Brest pour son « grand carénage » [*] [ou « Indisponibilité périodique pour entretien et réparation » – IPER].

D’une durée de 14 mois, ces travaux, réalisés sous la maîtrise d’ouvrage du Service de soutien de la Flotte [SSF], ont concerné « l’entretien de la coque et des structures, l’énergie et la propulsion, la sécurité plongée, les systèmes de conduite et d’exploitation de la plate-forme, les servitudes liées à la vie à bord, la détection et la lutte contre les menaces et enfin le Système d’armes de dissuasion [SAD], selon Naval Group, désigné maître d’oeuvre de ce chantier. En outre 300 modifications étaient au programme, afin d’améliorer « la conduite et les performances » du sous-marin.

Cette IPER étant sur le point de se terminer, il était nécessaire de vérifier le système d’arme du « Terrible » avant son retour dans le cycle opérationnel. Ce qui a été fait ce 19 avril.

En effet, la Direction générale de l’armement [DGA] et la Marine nationale ont indiqué que le SNLE « Le Terrible » venait de tirer avec succès un missile balistique mer-sol M-51 [M51.2?] depuis la baie d’Audierne, au large du Finistère.

« Le missile a été suivi tout au long de sa phase de vol par les moyens de DGA Essais de missiles et ceux du bâtiment d’essais et de mesures Monge. La zone de retombées se situe en Atlantique Nord à plusieurs centaines de kilomètres de toute côte. Cet essai a été effectué sans charge nucléaire et dans le strict respect des engagements internationaux de la France », a expliqué la DGA.

Et celle-ci d’ajouter : « Ce tir valide la capacité opérationnelle du système d’armes global du SNLE Le Terrible et démontre à nouveau l’excellence de la haute technologie que les industries françaises mettent en œuvre dans ce domaine ».

Il s’agit du sixième tir d’un missile M51 effectué par un SNLE de la classe Triomphant. Le dernier jusqu’ici en date avait été réalisé par le SNLE « Le Téméraire », en juin 2020. Mais c’est surtout le premier depuis le début de la guerre en Ukraine… « Le succès de ce tir d’essai […], sans charge militaire, matérialise la crédibilité et la robustesse de notre dissuasion nucléaire », s’est félicité Sébastien Lecornu, le ministre des Armées.

Pour rappel, les missiles M51.2 emportent de nouvelles têtes océaniques [TNO] d’une puissance de 100 kilotonnes. La version suivante, appelée M51.3, est en cours de développement. Elle aura une portée plus élevée ainsi que de meilleures capacités de pénétration des défénses antimissiles adverses.

[*] Selon Naval Group, 30 mois de travail sont nécessaires à la réalisation de chaque IPER d’un SNLE, répartis entre l’Ile Longue et le bassin 8 de la base navale de Brest.FOSTIPER, SNA, Sous-marin, Le Terrible, M51, M51.2, Marine Nationale, Monge, SNLE, dissuasion,

La marine russe cherche un équipage pour son porte-avions « Amiral Kouznetsov »

La marine russe cherche un équipage pour son porte-avions « Amiral Kouznetsov »

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Selon des sources industrielles russes, cités notamment par l’agence TASS, ce navire devrait reprendre son « cycle opérationnel » en 2024… Mais à condition de lui trouver un équipage qualifié. Or, d’après le journal Izvestia, l’exercice s’annonce compliqué dans la mesure où la marine russe doit trouver au moins 1500 marins pour assurer non seulement le bon fonctionnement du porte-avions mais aussi les opérations aériennes.

« La formation de l’équipage d’un tel navire est un processus très complexe. […] Si la marine américaine dispose de nombreux porte-avions et qu’elle transférer des spécialistes d’un bâtiment à un autre, l’Amiral Kouznetsov est le seul du genre [au sein de la marine russe]. […] En plus des officiers et des aspirants, il est nécessaire de recruter des marins contractuels. C’est une tâche très difficile pour les services de ressources humaines », a expliqué l’historien militaire Dmitry Boltenkov, dans les pages d’Izvestia.

Cela étant, en France, qui dispose également d’un seul porte-avions [à propulsion nucléaire, qui plus est], la Marine nationale pourrait être confrontée à des difficultés similaires avant la mise en service du PA NG [porte-avions de nouvelle génération].

« Nous n’avons plus les ressources humaines en propre permettant d’avoir des marins pour armer le noyau d’équipage du porte-avions en 2032 et atteindre 900 personnes en 2035 pour débuter les essais » avait expliqué l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] en 2021. Et d’ajouter : « Soit on désarme un sous-marin nucléaire d’attaque tout neuf pour que ses atomiciens démarrent la chaufferie nucléaire en 2034, soit on recrute et on forme le noyau d’équipage – ce qui prend environ dix ans ».

Cependant, le recrutement est une chose… la formation en est une autre. Or, depuis le temps que le « croiseur lourd porte-avions » [telle est la dénomination officielle de l’Amiral Kouznetsov, ndlr] est en cours de modernisation, des compétences ont été perdues. Et les marins les plus anciens [et donc les plus expérimentés] ont été affectés ailleurs, quand ils n’ont pas été rendus à la vie civile.En outre, le navire ayant reçu de nouveaux systèmes, il faudra aussi du temps à l’équipage pour se les approprier. Et c’est sans compter sur l’entraînement des pilotes de Su-33 et de MiG-29 embarqués. Aussi, la reprise du « cycle opérationnel » en 2024 paraît-il bien ambitieux…

Quoi qu’il en soit, l’activité de l’Amiral Kouznetsov n’a jamais été importante… son premier engagement opérationnel ayant eu lieu en 2016, au large de la Syrie. Et il avait perdu deux de ses chasseurs embarqués. Mais une fois qu’il sera apte à reprendre la mer, il retrouvera la Flotte russe du Nord, dont la zone de responsabilité couvre les régions arctiques.

Pour rappel, évaluée à 300 millions d’euros au début du chantier, la modernisation de l’Amiral Kouznetsov a consisté à lui changer ses chaudières, à remplacer ses installations aéronautiques et à le doter de nouveaux moyens de guerre électronique et de communication ainsi que des systèmes de défense aérienne modernes [dont le Pantsir-M].

LPM 2024-30 : Les chars légers AMX-10RC et les VAB Ultima devront durer au-delà de 2030

LPM 2024-30 : Les chars légers AMX-10RC et les VAB Ultima devront durer au-delà de 2030

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 4 avril 2023

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La future Loi de programmation militaire [LPM], qui sera présentée lors du Conseil des ministres de ce 4 avril, va confirmer une hausse « sans précédent » du budget des armées, avec une enveloppe de 413 milliards d’euros [dont 13 milliards de recettes exceptionnelles] sur la période 2024-30.

D’un montant de 43,9 milliards en 2023 [voire plus, une rallonge de 1,5 milliard ayant été demandée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées], le budget de la mission « Défense » devrait augmenter d’environ 3 milliards d’euros à partir de 2024. Puis la hausse maintiendra ce rythme jusqu’en 2027. Puis, il reviendra à la prochaine majorité d’accentuer cet effort, avec des « marches » de 4,3 milliards à partir de 2028.

Selon l’entourage de M. Lecornu, cette trajectoire financière ne sera pas gravée dans le marbre dans la mesure où « il faudra éventuellement prévoir des compléments » en fonction de l’évolution des menaces. Cependant, la portée de cette hausse des dépenses militaires pourrait être amoindrie par les effets de l’inflation, évaluée à 30 milliards d’euros pour les sept années à venir, selon l’hypothèse la plus pessimiste.

Aussi, paradoxalement, des choix ont dû être faits. Seront-ils pertinents? L’avenir le dira… En tout cas, plusieurs annonces faites par M. Lecornu durant ces dernières semaines devraient être confirmée; comme les efforts en faveur de la défense sol-air [5 milliards d’euros], des drones [5 milliards], des forces spéciales [2 milliards] et du renseignement [5 milliards].

La lutte informatique, qu’elle soit défensive, offensive et d’influence, devrait bénéficier d’un nouveau coup de pouce de 4 milliards d’euros. De même que le spatial, avec une enveloppe de 6 milliards. À noter que la LPM va acter l’annulation du troisième satellite de télécommunication de type Syracuse IV, au profit d’une « constellation » dont les détails restent à préciser.

Comme l’avait suggéré le président Macron lors de ses voeux aux Armées, le 20 janvier, les forces de souveraineté, implantées dans les départements et territoires d’outre-Mer, devraient voir leurs moyens augmenter de 13 milliards d’euros. Et un effort significatif – 10 millards – est annoncé en faveur du soutien à l’innovation, afin de financer les recherches sur les « technologies de rupture », comme les armes hypersoniques et le quantique.

Enfin, le montant des crédits alloués au Maintien en condition opérationnelle [MCO] des équipements devrait progresser de 40% pour atteindre les 49 milliards d’euros. Et ce ne sera sans pas de trop… puisque certains équipements appelés à être remplacés d’ici 2030 ne le seront finalement pas… Ou, du moins, ils le seront plus tard.

Ce sera en effet le cas des chars légers AMX-10RC et des Véhicules de l’avant blindé [VAB] Ultima, le programme SCORPION devant être « décalé » de quelques années. Ainsi, 100 engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] Jaguar – sur les 300 attendus – seront livrés à l’armée de Terre après 2030. Même chose pour « quelques centaines » de véhicules blindés multi-rôles Griffon et Serval.

Cette décision d’étaler le programme SCORPION entraînera inévitablement des surcoûts. « Cela soulève des difficultés de gestion des lignes et de stockage des composants. Quant au surcoût du MCO, plus les matériels sont anciens, plus l’obsolescence augmente : rien n’est impossible, mais cela a un prix », a récemment expliqué Emmanuel Levacher, le Pdg d’Arquus, lors d’une audition au Sénat.

Cela étant, l’armée de Terre, qui sera appelée à se « transformer », devrait pouvoir remplacer ses Lance-roquettes unitaires [LRU], dont deux exemplaires ont été livrés à l’Ukraine, et renforcer ses capacités en matière d’artillerie avec de nouveaux CAESAr. En outre, elle disposera de plus de 3000 drones, dont des munitions téléopérées.

Quant à la Marine nationale, si elle n’avait pas de souci à se faire pour ses futurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de 3e génération, indispensables à la dissuasion nucléaire, elle obtiendra un nouveau porte-avions nucléaire à l’horizon 2038… Mais elle devra patienter pour aligner ses cinq frégates de défense et d’intervention [FDI], la livraison de deux unités étant désormais prévues après 2030. Et elle devra se passer de trois patrouilleurs océaniques, sur les dix attendus.

Enfin, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] ne passera pas au « tout Rafale » dans les années à venir… étant donné que les livraisons de 42 avions Rafale, prévues entre 2027 et 2030, devraient finalement s’étaler jusqu’en 2032. Ce qui fait qu’elle ne disposera que de 137 Rafale en 2030, alors qu’elle devait en aligner 185. Quant à ses capacités de transport, et à la fin de la LPM, elles reposeront en partie sur 35 A400M [contre 21 actuellement] sur les 50 initialement envisagés.

Surveiller la mer : le rôle du préfet maritime

Surveiller la mer : le rôle du préfet maritime

 

par Martin Capistran* Avocat, docteur en droit – Revue Conflits – publié le 3 avril 2023

https://www.revueconflits.com/surveiller-la-mer-le-role-du-prefet-maritime/


La mer a aussi son préfet. Institué sous Napoléon, maintenu par la suite avec des compétences qui ont évolué, le préfet maritime est le garant de la protection des côtes et des espaces maritimes français. 

Le préfet est une institution essentielle en droit administratif français, issue directement de la création de Napoléon Bonaparte. Celui-ci les a institués par la loi du 18 Pluviôse an VIII. Aujourd’hui, le préfet est inscrit à l’article 72 de la Constitution qui dispose que « dans les collectivités territoriales de la République, le représentant de l’État, représentant de chacun des membres du Gouvernement, du contrôle administratif et du respect des lois ». 

Un acteur essentiel depuis l’époque napoléonienne 

S’agissant du préfet maritime, c’est dans le même esprit que Napoléon les as mis en place par le décret du 7 Floréal an VIII, en lui donnant les missions de la « sûreté des ports, de la protection des côtes, de l’inspection de la rade, et des bâtiments qui y sont mouillés ». Le préfet maritime avait ainsi la charge de missions de police administrative assez classiques comparativement à ce qui pouvait se passer à terre. Si l’institution a été supprimée sous la Restauration au profit du commandant de la Marine et de l’intendant, le préfet maritime est vite réapparu puisque, faisant état de la mauvaise administration maritime, Charles X l’a rétabli en 1827. Absolument essentiel pour coordonner les politiques publiques maritimes, le préfet maritime a quasiment toujours été un amiral de la Marine française. 

Dans les décennies 1960 et 1970, plusieurs naufrages, dont celui du pétrolier Torrey canyon dans les îles Scilly, conduisent le politique à renforcer les pouvoirs du préfet maritime. Celui-ci devient le pivot des situations d’urgences dans l’organisation des secours et du sauvetage en mer, coordonnant les différents acteurs impliqués. Quelques jours avant le naufrage de l’Amoco Cadiz au large du Finistère, son rôle est renforcé en matière de coordination. Ce naufrage démontre avec pertinence le besoin de renforcer la lutte contre la pollution maritime. 

Aujourd’hui, le préfet maritime voit son rôle renforcé, car en plus de sa police administrative générale et de ses prérogatives de gestion de crise, il est au cœur de la planification de l’espace maritime, c’est-à-dire de la gouvernance des espaces littoraux et maritimes français, afin de les valoriser durablement. 

Les multiples casquettes du préfet maritime

Le décret 2004-112 dispose que le préfet maritime est un officier général de marine, c’est-à-dire un amiral. Ce dernier va revêtir trois casquettes différentes : commandant d’une zone maritime, commandant d’un arrondissement maritime, et enfin préfet maritime. Pour comprendre les compétences qui vont avec chaque casquette, il est plus simple de dire pour le compte de qui le préfet maritime agit en chacune de ces qualités. 

En tant que commandant de zone maritime, il agit pour le compte du chef d’état-major des armées. Il s’agit d’un commandement opérationnel des forces déployées dans sa zone : celui-ci comprend la planification, mais également la conduite, le suivi et le soutien des opérations en cours. Le préfet maritime de Brest exerce ce commandement en Atlantique, le préfet maritime de Toulon en Méditerranée et celui de Cherbourg en Manche et mer du Nord. Ces responsabilités s’appliquent au-delà de la ZEE mais dans des grandes zones de contrôle opérationnel. 

Pour ce qui est de sa qualité de commandant d’arrondissement maritime, le préfet maritime agit pour le compte du chef d’état-major de la marine. Sa mission est d’assurer la préparation des forces présentes dans son arrondissement : cela comprend aussi bien l’instruction des marins que le maintien en conditions opérationnelles des bâtiments et équipages.

Enfin, le préfet maritime en tant que tel est le représentant du gouvernement dans la zone qui lui est attribuée. Cette qualité est purement civile et correspond à l’action de l’État en mer : il dispose d’un pouvoir de police administrative générale lui permettant de couvrir les missions qui lui sont confiées. Concrètement, le préfet maritime va être compétent dans différentes matières allant de la sécurité maritime au sauvetage en mer et au maintien de l’ordre en mer, en passant par l’environnement marin ou encore la coordination de la lutte contre les activités illicites. En cette qualité, le préfet maritime a des compétences assez comparables avec celles d’un préfet terrestre.

Une institution au cœur d’un écosystème administratif complexe

Quand on parle d’administration et de mer, on pourrait avoir tendance à croire que le préfet maritime est le seul compétent en mer. Tant s’en faut. Les préfets de département et de région poursuivent de nombreuses missions qui concernent le maritime par le moyen des services déconcentrés que sont les directions départementales des territoires et de la mer ou bien les directions interrégionales de la mer. 

Celles-ci ont de nombreuses compétences en matière de pêche et aquaculture, d’aménagement du littoral, de gestion des gens de mer, d’environnement marin, ou encore de sécurité maritime. Au fond, l’administration de la mer n’est pas cloisonnée en termes de compétences : ce sont différents préfets qui agissent de façon coordonnée dans le même domaine. À l’évidence, les multiples casquettes du préfet maritime lui permettent une action facilitée sur le terrain, car il a la maîtrise opérationnelle des nombreux moyens de la Marine nationale qui agissent dans le cadre de l’action de l’État en mer.  

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que le préfet maritime reste un organe déconcentré de l’État. Autrement dit, il est en perpétuel dialogue avec les différents services centraux de l’État : les ministères, le secrétariat général de la mer, l’État-major de la marine, la direction générale des affaires maritimes de la pêche et de l’aquaculture. Ces derniers sont eux-mêmes tenus par de nombreux engagements internationaux. De nombreuses politiques maritimes sont particulièrement intégrées au niveau européen comme en matière de pêcheries, de douanes ou d’environnement marin. Il en va de même au niveau international, à l’instar du sauvetage en mer ou de la sécurité maritime, où l’OMI joue un rôle prépondérant. 

Dans tous les départements et collectivités d’outre-mer, il n’existe pas de préfet maritime en tant que tel. Les compétences que ce dernier détient en métropole sont réparties entre le délégué du gouvernement, en tant que délégué du gouvernement pour l’action de l’État en mer, et le commandant de la zone maritime. 

La construction du nouveau porte-avions nucléaire français débutera entre fin 2025 et début 2026

La construction du nouveau porte-avions nucléaire français débutera entre fin 2025 et début 2026

Naval Group et les Chantiers de l'Atlantique pilotent ensemble les travaux du porte-avions français de nouvelle génération.

Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique pilotent ensemble les travaux du porte-avions français de nouvelle génération. Naval Group

 

Les premiers essais à la mer du successeur du Charles-de-Gaulle devraient avoir lieu en 2036-2037, selon Sébastien Lecornu. Le ministre des Armées a aussi annoncé une loi sur les militaires français désirant se reconvertir à l’étranger.

La construction du nouveau porte-avions à propulsion nucléaire français, censé remplacer le Charles-de-Gaulle, débutera entre fin 2025 et début 2026 avec les premiers essais en mer en 2036-37, a annoncé samedi le ministre français des Armées. Dans une interview au Parisien, Sébastien Lecornu a indiqué que le gouvernement allait «enclencher définitivement le début de sa réalisation fin 2025/début 2026».

Le processus sera acté dans la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, d’un montant total de 413 milliards d’euros, qui doit être présentée ce mardi en Conseil des ministres. «Les sociétés Naval Group, Technicatome et les chantiers de l’Atlantique pourront démarrer sa construction», a ajouté le ministre. «Les essais à la mer devront avoir lieu en 2036-2037», a-t-il précisé, en décrivant «une cathédrale de technologie et de compétences humaines» de 75.000 tonnes.

«Il n’y a plus que deux pays au monde qui savent construire et mettre en œuvre des porte-avions nucléaires : les Américains et nous», a-t-il encore affirmé, revendiquant sa nécessité dans un environnement mondial marqué par la guerre en Ukraine et de multiples tensions internationales. «Avoir un groupe aéronaval renforce notre présence bien au-delà de notre propre espace maritime», a estimé Sébastien Lecornu. «Renoncer à cette capacité, c’est perdre des savoir-faire uniques chez nos marins, et assumer un déclassement durable parmi les autres nations».

«Accélérer la réparation de nos armées»

Selon lui, une première somme de 5 milliards d’euros sera consacrée au porte-avions dans la future LPM. Il a par ailleurs affirmé avoir «demandé au président de la République et à la première ministre de présenter prochainement au parlement une demande de dépense supplémentaire de 1,5 milliard d’euros en 2023» pour «amortir les effets de l’inflation mais aussi accélérer la réparation de nos armées».

Dans les discussions sur la LPM, Élisabeth Borne a plaidé pour de petites marches annuelles, afin de repousser le plus gros de l’effort budgétaire après 2027, soit à la fin du quinquennat. En cas de vote par le Parlement, l’augmentation budgétaire pour 2023 passerait donc de 3 à 4,5 milliards d’euros. «Il y a des urgences opérationnelles», a-t-il martelé évoquant en particulier «nos capacités en matière de drones et de lutte anti-drone», selon lui des enjeux clés de sécurité notamment avant les Jeux olympiques et Paralympiques de Paris-2024.

Travail des militaires à l’étranger

Le ministre français des Armées a aussi déclaré vouloir faire voter un texte imposant un feu vert officiel aux militaires souhaitant travailler pour l’étranger, afin de vérifier que les intérêts du pays ne sont pas menacés, a-t-il indiqué samedi. «La protection de notre souveraineté n’est pas négociable», a estimé Sébastien Lecornu, avant la présentation mardi en conseil des ministres de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030.

«Je proposerai donc dans la LPM une mesure d’autorisation préalable pour les soldats de l’armée française qui seraient tentés pour leur reconversion de travailler pour certaines entreprises ou pays étrangers», a-t-il expliqué. À l’avenir, selon le projet du ministre, les militaires «devront demander au ministère si cette reconversion compromet ou non nos intérêts stratégiques. En cas de refus et de non-respect de la décision, des poursuites pénales pourront être engagées».

Le ministre était interrogé par le quotidien sur le fait que des formations étaient assurées par des anciens pilotes français à des pilotes chinois. Le site Intelligence Online notamment avait affirmé en mars avoir «repéré en 2022 des pilotes français assurant des formations pour leurs homologues de l’Armée populaire de libération» chinoise.

Devant être livré au cours de l’été prochain, le sous-marin Duguay-Trouin a débuté ses essais en mer

Devant être livré au cours de l’été prochain, le sous-marin Duguay-Trouin a débuté ses essais en mer

https://www.opex360.com/2023/03/28/devant-etre-livre-au-cours-de-lete-prochain-le-sous-marin-duguay-trouin-a-debute-ses-essais-en-mer/


 

D’après le calendrier suivi par son précédesseur, on pensait alors que ce sous-marin débuterait ses essais en mer en janvier, voire en février 2023.

Finalement, le Duguay-Trouin a effectué sa première sortie en mer les 27 et 28 mars, au large de base navale de Cherbourg, avec son équipage « bleu » à bord. C’est en effet ce qu’a indiqué le ministère des Armées, via un communiqué diffusé ce jour.

« La première sortie à la mer, qui marque le démarrage des essais à la mer est un jalon majeur avant la réception du deuxième sous-marin de type Suffren », souligne-t-il.

Comme pour le Suffren [et ce sera aussi le cas pour les quatre SNA suivants], ces essais en mer, qui visent à vérifier les capacités techniques et opérationnelles, sont menés sous la supervision de la Direction générale de l’armement [DGA], de la Direction des applications militaires [DAM] du Commissariat à l’énergie atomique et des énergies renouvelables [CEA], de Naval Group et de TechnicAtome, les deux industriels étant par ailleurs les propriétaires du navire, jusqu’à sa livraison.

Le Duguay-Trouin est « placé sous la responsabilité de la Marine nationale pour son commandement opérationnel et en sa qualité d’exploitant nucléaire délégué. Maître d’ouvrage du programme Barracuda, la DGA et le CEA sont, quant à eux, responsables des essais jusqu’à la réception du navire et sa livraison à la Marine nationale », rappelle le ministère des Armées.

À noter que, depuis le 23 mars, le Duguay-Trouin est pourvu de ses deux équipages, le « rouge » ayant été officiellement créé lors d’une cérémonie au mémorial du Mont Faron, à Toulon.

« La première mission qui vous attend va être de transformer un sous-marin en essais en un bâtiment de combat apte à se déployer sur les théâtres d’opérations. Dans le sillage de l’équipage bleu, […] il va vous falloir à compter de l’été vous approprier le sous-marin, ses installations, ses modes de conduite, son système d’armes, afin de poursuivre la conquête du domaine d’emploi et avancer vers son admission au service actif. C’est une responsabilité véritablement extraordinaire, qui vous oblige véritablement, tant le niveau d’exigence, de complexité, d’attentes est élevé », a dit le capitaine de vaisseau Jérôme Colonna d’Istria, commandant l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque [ESNA] aux sous-mariniers de cet équipage « rouge ».

Une fois livré à la Marine nationale, le Duguay-Trouin devra encore effectuer un déploiement de longue durée [DLD], au cours duquel ses capacités militaires seront mises à l’épreuve. Ce n’est qu’à l’issue qu’il sera officiellement admis au service actif pour remplacer le SNA Rubis, désarmé en novembre 2022.

Pour rappel, d’une longueur de 99 mètres pour un diamètre de 8,8 mètres et un déplacement de 5’300 tonnes en plongée, les SNA de la classe Suffren sont dotés des dernières technologies en matière de capacités sous-marines [automatisation, mât optronique, numérisation, recours à l’intelligence artificielle, etc]. Plus discrets et plus maneouvrables que leurs prédécesseurs de la classe Rubis, ils sont censés naviguer à plus de 300 mètres de profondeur. Enfinn ils emportent des missiles de croisière navale [MdCN], des missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, des torpilles lourdes filoguidées F-21 et des mines.

« Les quatre autres sous-marins du programme Barracuda [Tourville, de Grasse, Rubis et Casabianca] sont actuellement à différents stades de construction, et leurs livraisons s’échelonneront jusqu’à l’horizon 2030 », a conclu le ministère des Armées.