Dans Raids 450: le 1er RHP se prépare à partir au Liban et la France rebat ses cartes en Afrique

Dans Raids 450: le 1er RHP se prépare à partir au Liban et la France rebat ses cartes en Afrique

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 22 décembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/12/22/raids-450-24318.html


Voici le sommaire du numéro 450 de Raids (7,89€, 100 pages): 
EN DIRECT DES ARMÉES
ARMÉE DE TERRE . Le RHP sur tous les fronts .
La CCTP continue sa révolution technologique
ARMÉE FRANÇAISE . La France rebat ses cartes en Afrique
POINTS CHAUDS
DÉFENSE . US Army. Budget 2024
FORCES ARMÉES . Pologne : montée en puissance de l’armée de terre (3e partie)
ARMEMENT ÉQUIPEMENTS . Milipol 2023 et salon armement IDEF (2e partie)
CONTRATS

On lira avec intérêt le sujet consacré au 1er régiment de hussards parachutistes de Tarbes dont une unité se prépare à rejoindre la Liban et la Finul. Le sujet aborde en particulier la question du recrutement désormais possible en “toquant” à la porte du régiment. A ce sujet s’ajoute un article sur la 11e compagnie de commandement et de transmissions parachutiste (170 hommes).

Autre sujet: la recomposition du dispositif français en Afrique. L’absence d’annonces officielles (il y a bien eu quelques informations sur le devenir du contingent tricolore au Gabon, par exemple), le sujet porte davantage sur le démontage du dispositif au Sahel. 

A noter enfin le 3e volet de l’enquête sur l’armée de Terre polonaise et sa montée en puissance. C’est un sujet à suivre car le nouveau pouvoir polonais pourrait remettre en questions certaines commandes; il a toutefois annoncé une hausse des soldes de 20%.

Des officiers et un sous-traitant de l’armée française jugés en septembre pour favoritisme dans la logistique

Des officiers et un sous-traitant de l’armée française jugés en septembre pour favoritisme dans la logistique


Un avion-cargo A400M de l’armée françaiseAFP PHOTO / État-major des Armées

Des officiers et un sous-traitant de l’armée française seront jugés en septembre 2024 à Paris pour des soupçons de corruption et favoritisme.

Plusieurs haut gradés de l’armée française et un de ses principaux sous-traitants pour la logistique des opérations extérieures (Opex) seront jugés en septembre 2024 à Paris pour des soupçons de corruption et favoritisme, a indiqué mardi une source judiciaire, sollicitée par l’AFP.

Au terme d’une enquête du Parquet national financier (PNF) démarrée début 2017 après un signalement de la Cour des comptes, un procès se tiendra à Paris du 9 au 25 septembre pour diverses infractions dont favoritisme, prise illégale d’intérêts, corruption, violation du secret professionnel et abus de biens sociaux. Il concernera plusieurs marchés relatifs à l’affrètement d’avions-cargo ou de navires dédiés au transport militaire.

“Il ne nous appartient pas de commenter une procédure en cours”, a répondu le ministère des Armées, sollicité par l’AFP.

Parmi les prévenus figurent huit militaires, dont l’ancien chef d’état-major du Centre du soutien des opérations et des acheminements (CSOA), le colonel Philippe Rives, qui sera jugé pour favoritisme, corruption passive, violation du secret professionnel et prise illégale d’intérêts. Son avocat Matthieu Hy n’a pas souhaité commenter.

Coût élevé des opérations de fret militaire

Un ancien commandant du CSOA, le général Philippe Boussard, mais aussi un lieutenant-colonel du Commandement des opérations spéciales (COS), Christophe Marie, seront également jugés pour favoritisme.

Tous sont soupçonnés, à des degrés divers, d’avoir participé dans les années 2010 à une opération ayant permis de favoriser la société privée International Chartering Systems (ICS) dans l’attribution de marchés de logistique, notamment concernant le transport aérien, pour les opérations extérieures de l’armée française. Sur le banc des prévenus figureront également la société ICS, en tant que personne morale, son président Philippe de Jonquières et sa directrice administrative.

Les magistrats de la rue Cambon s’étaient étonnés, dans un rapport publié fin 2016, du coût élevé des opérations de fret militaire via des avions-cargos attribués à ICS, faute de solution militaire française.

L’enquête a révélé, selon la cellule investigation de Radio France en 2018, des échanges soutenus entre plusieurs hauts gradés et les responsables d’ICS aux moments clés de passation de marchés. Les investigations de la section de recherches de la gendarmerie de Paris ont également mis au jour plusieurs manipulations potentielles qui auraient permis que la société soit mieux notée dans les processus d’attribution.

L’armée de terre française va-t-elle au-devant d’un cataclysme avec le retrait d’Afrique ?

L’armée de terre française va-t-elle au-devant d’un cataclysme avec le retrait d’Afrique ?


L’armée de terre française va-t-elle au-devant d’un cataclysme avec le retrait d’Afrique ?


Sommaire


Le retrait du Niger et le désengagement français en Afrique, sonne comme le tocsin pour une Armée de Terre jusque-là entièrement tournée vers la projection de puissance et les opérations extérieures. Quelles sont les conséquences prévisibles ou nécessaires sur son organisation, ainsi que sur ses grands programmes d’équipement en cours, alors les perspectives opérationnelles ont radicalement changé en seulement quelques années ?

C’est donc par la petite porte que les forces françaises vont devoir quitter le Niger, et avec lui, réduire considérablement leur présence en Afrique, rompant avec plus d’un siècle de présence ininterrompue l’ayant en grande partie formatée.

Après la Centrafrique en 2015, le Mali en 2022, et le Burkina Faso en 2023, les forces armées françaises quitteront donc le Niger en 2024, comme vient de l’annoncer le Président Macron, a l’issue d’une décennie de lutte intensive contre la menace djihadiste dans la zone sahélo-saharienne.

Au-delà du contexte politique et opérationnel spécifique à ces retraits successifs, ceux-ci marquent également la fin d’une époque durant laquelle les armées françaises avaient développé de grandes compétences pour intervenir sur ce théâtre, tant du point de vue tactique que logistique, leur conférant une aura de forces professionnelles aguerries et efficaces dans le monde, et plus particulièrement en Europe.

L’influence des campagnes africaines sur l’Armée de terre d’aujourd’hui

Toutefois, ces succès militaires, fautes d’avoir été politiques, ne se sont pas faits sans certains renoncements. Ainsi, l’Armée de terre française aujourd’hui dispose d’une force de quatre brigades moyennes ou légères entrainées et spécialement équipées pour ce type de mission, et de seulement deux brigades lourdes, plus adaptées pour des engagements symétriques.

Armée de terre VBMR griffon afrique
L’Armée de terre est structurée pour la projection de puissance, comme le montre son parc blindé composé à 80 % de véhicules de 24 tonnes et moins.

Cette surreprésentation des forces légères, comme l’infanterie de Marine, la Légion, les chasseurs alpins ou les parachutistes, se retrouvent d’ailleurs au sommet de sa hiérarchie.

80 % des chefs de l’Armée de terre depuis 2010 sont issus des forces légères

En effet, sur les neufs Chefs d’état-major et Majors généraux de l’Armée de terre nommés depuis 2010, seuls deux, le général Ract-Madoux (CEMAT 2011-2014) et lé général Margueron (MGAT 2010-2014) n’en étaient pas issus, appartenant respectivement à l’arme blindée cavalerie et à l’artillerie.

Cette spécialisation de fait de l’Armée de terre, très utile lorsqu’il fallut intervenir en Afghanistan, au Levant et en zone sub-saharienne, s’avère désormais un handicap face aux besoins en centre Europe de l’OTAN.

80 % des blindés français en 2030 feront moins de 24 tonnes

Ainsi, si l’Armée de Terre est, et demeurera au-delà de 2030, celle qui disposera du plus grand nombre de véhicules blindés de combat en Europe, avec 200 chars Leclerc, plus de 600 VBCI, et surtout presque 1900 VBMR Griffon, 300 EBRC Jaguar et plus de 2000 Serval, elle sera aussi l’une des plus légères, avec seulement 200 blindés chenillés de plus de 32 tonnes, le Leclerc, alors que l’essentiel de son parc évoluera entre 16 et 24 tonnes.

Or, comme l’ont montré sans surprise les AMX-10RC envoyés en Ukraine, les blindés légers, tout mobiles qu’ils puissent être, s’avèrent aussi sensiblement plus vulnérables que les véhicules plus lourds et mieux protégés dans un engagement de haute intensité.

AMX-10RC ukraine
Les AMX-10RC ont montré qu’ils étaient vulnérables dès lors qu’ils s’approchaient de la ligne d’engagement en Ukraine.

Qui plus est, outre le manque de protection, les blindés français souffrent aussi parfois d’un manque de puissance de feu. C’est notamment le cas du VBCI, le véhicule de combat d’infanterie de l’Armée de Terre, dont l’armement principal repose sur un canon de 25 mm que l’on sait léger face à des véhicules blindés moyens comme des VCI ou des chars légers, et inadapté face à des chars de combat, même anciens.

Même l’artillerie française a évolué vers cette exigence de légèreté et de mobilité. C’est ainsi que le CAESAR, il est vrai une réussite incontestable, s’est révélé beaucoup plus vulnérable que le Pzh2000 allemand en Ukraine, même si par son allonge et sa mobilité, il est aussi bien plus efficace que les M109 et autres AS91, mieux protéger, mais handicapés par un canon court, et donc une portée réduite.

De fait, aujourd’hui, toute l’Armée de terre est organisée, de ses programmes d’équipement à sa structure organique, en passant par son haut-commandement, afin de privilégier les forces légères, mobiles et aisément projetables.

Cette structure était, bien évidemment, pleinement tournée vers l’Afrique, son théâtre de prédilection et d’excellence ces 30 dernières années. De fait, tout porte à croire que le retrait du Niger, et plus généralement l’abandon des dernières cendres de la France-Afrique, représente un cataclysme majeur pour les armées françaises, et plus spécialement pour l’Armée de terre, toute entière tournée vers elle.

Les limites du pivot indo-pacifique annoncé par le président français

Le président français, et son ministre des Armées Sébastien Lecornu, semblent désormais privilégier le théâtre indo-Pacifique, ses nombreux territoires ultramarins (Réunion, Mayotte, Polynésie, Nouvelle-Calédonie) et ses partenariats stratégiques (Djibouti, Émirats arabes unis), comme nouveau pivot stratégique français.

Toutefois, le potentiel que représentent ces territoires est très loin de s’approcher de celui des pays africains quittés récemment, et ne justifient pas l’organisation actuelle de la Force Opérationnelle Tactique, le bras armé de l’Armée de Terre fort aujourd’hui de deux divisions de trois brigades chacune.

Inquiétudes dans les Armées sur fond de réorganisation profonde en perspective

Face à une telle inversion de perspectives, il n’est en rien étonnant que des inquiétudes se fassent jour au sein des Armées, et plus spécifiquement du corps des officiers de l’Armée de terre, probablement le plus concerné par les profonds changements à venir.

Et ce d’autant que la réorganisation, qui ne pourra être évitée, va nécessairement poser des questions quant à la pertinence des programmes actuels, et notamment du dimensionnement du programme SCORPION et des forces légères et d’infanterie françaises, face aux forces lourdes de cavalerie, d’artillerie, ainsi que les armes spécialisées sous-représentées dans la FOT comme dans le commandement.

char Leclerc Armée de Terre
Avec seulement 200 chars Leclerc en 2030, l’Armée de Terre disposera d’une capacité d’engagement de haute intensité limitée, bien en deçà du seuil requis pour compléter la dissuasion nucléaire de manière efficace.

La question se pose, en effet, de l’intérêt de disposer de plus de 4.000 VBMR, et 300 EBRC, lorsque la force de contact se limite à 200 chars lourds soutenus par à peine plus d’une centaine de tubes, et une dizaine de systèmes d’artillerie à longue portée, et sans défense antiaérienne de zone.

Une armée en 2030 conçue pour les conflits de 2015

Cette architecture des forces est de fait considérée par beaucoup de spécialistes comme répondant aux guerres de 2010, alors qu’elle sera pleinement déployée en 2030. Par ailleurs, dans ce domaine, ce n’est pas tant la responsabilité politique que les exigences exprimées par l’Armée de terre elle-même qui sont en cause.

Dans tous les cas, le retrait des forces armées françaises du Niger, et plus généralement, le désengagement français d’Afrique, appelle à une révision profonde de l’organisation même de l’Armée de Terre et de la FOT, amis aussi des programmes industriels en cours.

Cette évolution est nécessaire afin que l’Armée de Terre retrouve le rôle qui était le sien au sein du dispositif de dissuasion conventionnel français, et ne pourra se faire sans revoir, par ailleurs, son format ainsi que ses moyens budgétaires pour assurer sa transformation, notamment en actant la montée en puissance de la garde nationale pour assurer sa masse critique.

Cependant, rien ne semble indiquer, aujourd’hui, que cette dynamique a été engagée à Ballard comme à l’Hôtel de Brienne. C’est probablement cette incertitude qui aujourd’hui mine le plus les militaires français, qui redoutent de se retrouver, dans quelques années, avec le mauvais outil pour s’engager dans la prochaine guerre.

Le premier convoi militaire français parti du Niger arrivé au Tchad “sans encombre”

Le premier convoi militaire français parti du Niger arrivé au Tchad “sans encombre”

Le Point – Source AFP – p

https://www.lepoint.fr/monde/le-premier-convoi-militaire-francais-parti-du-niger-arrive-au-tchad-sans-encombre-19-10-2023-2540044_24.php#11


Le premier convoi militaire français parti du Niger arrivé au Tchad
Le premier convoi militaire français parti du Niger arrivé au Tchad “sans encombre” © AFP/Archives

 

Les premiers soldats français qui ont quitté leurs bases au Niger par la route en direction du Tchad sont arrivés “sans encombre” à N’Djamena, prélude d’un processus complexe qui doit s’achever d’ici fin décembre, a annoncé Paris jeudi.

Parti de Niamey, le convoi est sorti du Nigeren sécurité et en coordination avec les forces nigériennes”, a indiqué à l’AFP le colonel Pierre Gaudillière, porte-parole de l’état-major français.

Il est “bien arrivé sans encombre particulière” à N’Djamena, capitale du Tchad voisin, après dix jours de trajet.

Les rotations aériennes du Tchad vers la France seront organisées “dans les prochains jours”, a ajouté le porte-parole.

Chassée du Niger, l’armée française doit évacuer hommes et matériels en majeure partie par voie terrestre vers le Tchad puis probablement le Cameroun, avant leur rapatriement en France. Un parcours de plus de 3.000 km dont une partie qui traverse des zones hostiles où des groupes jihadistes sont actifs par endroits.

N’Djamena abrite le commandement des opérations françaises au Sahel avec environ un millier de militaires français.

Selon le colonel Gaudillière, la moitié des sites des bases avancées à Ouallam et Ayorou (nord-ouest du Niger), dans la zone dite des “trois frontières” avec le Burkina Faso et le Mali, ont été vidés.

Après avoir rejoint Niamey, le convoi est parti en direction de la frontière tchadienne.

N’Djamena a indiqué dans un communiqué “accepter d’offrir un corridor de son territoire pour le retour des troupes françaises en France”.

Les forces tchadiennes assureront l’escorte de ces convois depuis la frontière nigérienne jusqu’à N’Djamena pour l’aéroport (…) et à la frontière camerounaise pour le port de Douala“, a précisé dans ce texte le chef d’état-major général de l’armée tchadienne, le général Abakar Abdelkerim Daoud.

Les groupes jihadistes sont très présents dans la zone des trois frontières, mais “le niveau de menace sécuritaire est faible sur la route” de Niamey à N’Djamena, a indiqué à l’AFP une source militaire française.

Entretien Macron-Déby

La présence française au Sahel ne cesse de fondre depuis 2020. Des coups d’Etat successifs au Mali, au Burkina Faso et enfin au Niger ont mis fin à la force antijihadiste Barkhane déployée depuis 2014 au Mali, qui a compté jusqu’à 5.500 militaires déployés dans la zone.

Barkhane a cristallisé le sentiment anti-français d’une partie des opinions publiques africaines, faisant peser le risque de manifestations le long des convois. Mais les relations entre la France et le Tchad restent détendues.

Mercredi, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron s’est entretenu à l’Elysée avec le président de la transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby. Ils ont échangé “sur l’ensemble des dossiers régionaux (…) ainsi que sur le retour en France de nos moyens militaires“, a précisé la présidence française.

Interrogé par l’AFP sur l’arrivée des troupes françaises depuis le Niger, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de transition tchadien n’avait pas répondu en fin de matinée.

Des journalistes l’AFP n’ont pas pu s’approcher de la base française de N’Djamena, tenus à distance par des barrages de l’armée tchadienne installés de longue date.

Les semaines à venir seront consacrées à la clôture de ce retrait de l’ensemble des forces françaises du Niger, avec nécessairement l’acheminement par voie terrestre puis maritime d’un certain nombre de matériels lourds via un pays tiers.

Chaque option entraîne son lot de discussions avec les autorités concernées. “Quand on parle d’un retrait en bon ordre, en sécurité et en coopération, tous ces mots sont importants”, a souligné le porte-parole des armées françaises.

Le port de Cotonou aurait été idéal, mais la frontière entre le Niger et le Bénin, opposé aux putschistes nigériens, est toujours fermée. Douala, au Cameroun, “fait partie des options qui peuvent être envisagées” mais n’est pas la seule, a-t-il précisé.

Il y a très probablement du matériel lourd qui partira par bateaux. L’itinéraire pour rejoindre les ports n’a pas été arrêté“.

Selon le général Mille, on va avoir un « vrai problème » en matière de transport aérien stratégique

Selon le général Mille, on va avoir un « vrai problème » en matière de transport aérien stratégique

https://www.opex360.com/2023/10/07/selon-le-general-mille-on-va-avoir-un-vrai-probleme-en-matiere-de-transport-aerien-strategique/


 

Seulement, la guerre en Ukraine a changé la donne : il est désormais exclu d’avoir recours à des Il-76 et la disponibilité des appareils loués dans le cadre du contrat SALIS a été réduite. Qui plus est, ces avions « hors gabarit » approchent de leur fin de vie…

Dans un rapport publié en 2017, l’ex-député François Cornut-Gentille avait alerté sur la dépendance des forces françaises en matière de transport aérien stratégique. « Le ministère de la Défense et le ministère des Affaires étrangères sont ici des adeptes de la méthode Coué : les armées se satisfont du bon acheminement du fret et les diplomates de la solidité du couple franco-allemand au sein de l’Otan! Tous feignent de ne pas voir que, dans les faits, ce sont les Russes et les Ukrainiens qui ont la maîtrise de la projection de nos forces sur les théâtres extérieurs », avait-il dénoncé.

Quoi qu’il en soit, et même si le projet SATOC [Strategic Air Transport For Outsized Cargo] a été lancé grâce à des fonds européens et confié à l’Allemagne [avec la participation de la France, de la République tchèque et des Pays-Bas], le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace [CEMAAE], le général Stéphane Mille, est inquiet pour l’avenir, faute de pouvoir disposer d’une solution à court terme.

« On a un vrai problème. Le contrat SALIS, ce sont de vieux appareils qui commencent à arriver en fin de vie. Et, pour autant, le marché, tout important qu’il soit, n’est pas suffisant pour justifier le lancement d’un programme nouveau », a en effet affirmé le général Mille, lors d’un audition à l’Assemblée nationale, le 5 octobre.

Faut-il en déduire que le projet SATOC a déjà du plomb dans l’aile? « On a un vrai sujet qui est de sensibiliser un certain nombre de pays de manière à pouvoir créer une masse suffisante. Si on n’y arrive pas, on ne pourra pas avancer dans ce domaine », a-t-il dit. En clair, le développement d’une capacité européenne de transport aérien hors gabarit n’est pas une priorité pour la plupart…

« Il faut donc qu’on cherche tous azimuts quels pourraient être les vecteurs utilisables pour ça [le transport hors-gabarit, ndlr]. Et il n’y en a pas beaucoup », a conclu le général Mille.

Si son développement n’avait pas été annulé en 2007, l’A380-800F cargo aurait pu être une solution, avec sa capacité de transporter jusqu’à 150 tonnes de fret. Mais pour le moment, il faut se contenter de A300-600ST « Beluga », qu’Airbus Defense & Space met en avant depuis quelques mois. Seulement, si cet appareil peut emporter des pièces volumineuses, sa capacité de chargement est limitée à « seulement » 47 tonnes.

Crise au Niger : les soldats français amorcent leur retrait «dans la semaine»

Crise au Niger : les soldats français amorcent leur retrait «dans la semaine»


CARTE – Suite au coup d’État du 26 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé que le retrait des 1400 militaires français aurait lieu «d’ici la fin de l’année».

Les troupes françaises déployées au Niger vont amorcer leur retrait du pays «dans la semaine», dans un contexte de relations toujours tendues avec le régime militaire issu du coup d’État du 26 juillet, selon l’état-major des armées. «Nous allons lancer l’opération de désengagement dans la semaine, en bon ordre, en sécurité et en coordination avec les Nigériens», a indiqué l’état-major.

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé le 24 septembre la fin de la coopération militaire avec le Niger et le départ progressif des 1400 militaires français présents dans le pays sahélien, «d’ici la fin de l’année», se conformant ainsi à la volonté des nouvelles autorités ayant renversé le président Mohamed Bazoum, qui ont dénoncé les accords de défense liant Niamey à Paris.

«Nous ferons ce qui est planifié, cela se déroulera conformément à la planification», assure l’état-major français, alors que le régime militaire a accusé la France de ne pas être «dans une logique de quitter le Niger» et semble peu encline à laisser manœuvrer librement les militaires en partance.

 

Quelque 1000 soldats et aviateurs français sont déployés sur la base aérienne française de Niamey et 400 à Ouallam et Ayorou (nord-ouest), aux côtés des Nigériens, dans la zone dite des «trois frontières» entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, sanctuaire du groupe État islamique.

Les militaires déployés sur les bases avancées devraient être les premiers à se désengager. Un schéma similaire à celui du Mali, où le retrait français avait commencé par les trois emprises les plus au nord du pays.

«Nous prenons les dispositions pour assurer la sécurité des gens engagés dans la manœuvre», a précisé l’état-major, en particulier sur la route qui relie les bases avancées à la capitale, ce qui pourrait nécessiter un appui aérien, sur fond de dégradation sécuritaire dans le pays après plusieurs attaques ayant fait des dizaines de morts.

Opération logistique complexe

L’opération s’annonce complexe : le Niger servait depuis 2013 de plateforme de transit pour les opérations antiterroristes menées au Mali, avant de devenir le cœur du dispositif français dans la région après le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso, depuis l’été 2022.

Pour les militaires, ce retrait exigé par la junte met fin à une situation incertaine depuis deux mois, avec des ravitaillements aléatoires et des manifestations antifrançaises régulièrement organisées devant leurs portes à Niamey.

À Niamey, l’enceinte française, située au sein d’une emprise nigérienne, accueille des centaines de bureaux en préfabriqués, des hangars et abris modulaires pour les aéronefs, des tentes sur la base de vie, des cabines de pilotage pour les drones, des bulldozers du génie…

Après la conclusion d’un partenariat de combat à la demande du Niger, la France avait étoffé sa présence dans la capitale avec des blindés et des hélicoptères, venus renforcer les cinq drones Reaper et au moins trois avions de chasse.

Les destinations des matériels ne sont pas encore arrêtées et plusieurs options sont évoquées : le territoire national en priorité, le Tchad voisin qui accueille l’état-major des forces françaises au Sahel, ou encore d’autres théâtres.

120 millions d’euros d’aide publique au Niger en 2022

Les militaires n’ont pas d’autre choix que d’utiliser la voie terrestre, soit par le Bénin – une option que refuse le régime militaire nigérien – soit vers le Tchad, ce qui impliquerait ensuite d’acheminer les containers rentrant en France vers le port de Douala, au Cameroun, selon une source proche du dossier.

L’option d’un pont aérien semble compromise pour l’heure car jusqu’à nouvel ordre, les Nigériens interdisent le survol de leur territoire par des avions français. Au Mali, le désengagement avait mobilisé 400 logisticiens envoyés en renfort. Pour le démantèlement de Gao, la plus grande emprise française du pays, 6000 containers avaient été nécessaires.

Paris, qui ne reconnaît pas les nouvelles autorités, a limité la délivrance de visa pour les Nigériens et mis fin à sa coopération dans le pays, un des plus pauvres au monde. Le Niger a bénéficié en 2022 de 120 millions d’euros d’aide publique au développement de la part de la France et fait actuellement l’objet de sanctions de la part de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) depuis fin juillet.

L’armée de terre française va-t-elle au-devant d’un cataclysme avec le retrait d’Afrique ?

L’armée de terre française va-t-elle au-devant d’un cataclysme avec le retrait d’Afrique ?


Armee de terre afrique

L’armée de terre française va-t-elle au-devant d’un cataclysme avec le retrait d’Afrique ?


Le retrait du Niger et le désengagement français en Afrique, sonne comme le tocsin pour une Armée de Terre jusque-là entièrement tournée vers la projection de puissance et les opérations extérieures. Quelles sont les conséquences prévisibles ou nécessaires sur son organisation, ainsi que sur ses grands programmes d’équipement en cours, alors les perspectives opérationnelles ont radicalement changé en seulement quelques années ?

C’est donc par la petite porte que les forces françaises vont devoir quitter le Niger, et avec lui, réduire considérablement leur présence en Afrique, rompant avec plus d’un siècle de présence ininterrompue l’ayant en grande partie formatée.

Après la Centrafrique en 2015, le Mali en 2022, et le Burkina Faso en 2023, les forces armées françaises quitteront donc le Niger en 2024, comme vient de l’annoncer le Président Macron, a l’issue d’une décennie de lutte intensive contre la menace djihadiste dans la zone sahélo-saharienne.

Au-delà du contexte politique et opérationnel spécifique à ces retraits successifs, ceux-ci marquent également la fin d’une époque durant laquelle les armées françaises avaient développé de grandes compétences pour intervenir sur ce théâtre, tant du point de vue tactique que logistique, leur conférant une aura de forces professionnelle aguerrie et efficace dans le monde, et plus particulièrement en Europe.

L’influence des campagnes africaines sur l’Armée de terre d’aujourd’hui

Toutefois, ces succès militaires, fautes d’avoir été politiques, ne se sont pas faits sans certains renoncements. Ainsi, l’Armée de terre française aujourd’hui disposent d’une force de quatre brigades moyennes ou légères entrainées et spécialement équipées pour ce type de mission, et de seulement deux brigades lourdes, plus adaptées pour des engagements symétriques.

Armée de terre VBMR griffon afrique
L’Armée de terre est structurée pour la projection de puissance, comme le montre son parc blindé composé à 80 % de véhicules de 24 tonnes et moins.

Cette surreprésentation des forces légères, comme l’infanterie de Marine, la Légion, les chasseurs alpins ou les parachutistes, se retrouvent d’ailleurs au sommet de sa hiérarchie.

80 % des chefs de l’Armée de terre depuis 2010 sont issus des forces légères

En effet, sur les neufs Chefs d’état-major et Majors généraux de l’Armée de terre nommés depuis 2010, seuls deux, le général Ract-Madoux (CEMAT 2011-2014) et lé général Margueron (MGAT 2010-2014) n’en étaient pas issus, appartenant respectivement à l’arme blindée cavalerie et à l’artillerie.

Cette spécialisation de fait de l’Armée de terre, très utile lorsqu’il fallut intervenir en Afghanistan, au Levant et en zone sub-saharienne, s’avère désormais un handicap face aux besoins en centre Europe de l’OTAN.

80 % des blindés français en 2030 feront moins de 24 tonnes

Ainsi, si l’Armée de Terre est, et demeurera au-delà de 2030, celle qui disposera du plus grand nombre de véhicules blindés de combat en Europe, avec 200 chars Leclerc, plus de 600 VBCI, et surtout presque 1900 VBMR Griffon, 300 EBRC Jaguar et plus de 2000 Serval, elle sera aussi l’une des plus légères, avec seulement 200 blindés chenillés de plus de 32 tonnes, le Leclerc, alors que l’essentiel de son parc évoluera entre 16 et 24 tonnes.

Or, comme l’ont montré sans surprise les AMX-10RC envoyés en Ukraine, les blindés légers, tout mobiles qu’ils puissent être, s’avèrent aussi sensiblement plus vulnérables que les véhicules plus lourds et mieux protégés dans un engagement de haute intensité.

AMX-10RC ukraine
Les AMX-10RC ont montré qu’ils étaient vulnérables dès lors qu’ils s’approchaient de la ligne d’engagement en Ukraine.

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Les (pas si) beaux restes de la présence militaire française en Afrique

Les (pas si) beaux restes de la présence militaire française en Afrique

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 25 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


On attendait depuis quelques mois des précisions sur le redéploiement militaire français en Afrique. L’actualité au Mali, Burkina Faso et Niger a pris de vitesse l’Élysée et les Armées. Revue de détail du dispositif français sur le continent (photo EMA).

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Et de trois (voire quatre si l’on ajoute la RCA) ! En matière de redéploiements, l’armée française dispose désormais d’une expérience réelle, mais acquise dans l’amertume. Ces redéploiements (des «retraites», diront certains) ont été imposés, non pas par la force des armes, mais par des régimes militaires arrivés au pouvoir lors de putsch qui ont tous débouché sur une remise en question fondamentale des liens avec Paris.

De Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou, la défaite politique française en rase campagne est incontestable.

Maillage à trous

Que reste-t-il désormais de la présence militaire tricolore sur le continent africain? Selon des données de l’état-major des armées (EMA), les forces en Afrique rassembleront au moins 4 750 après le départ des 1 500 soldats français du Niger. Des soldats dont on ne sait pas encore s’ils seront renvoyés en métropole ou repositionnés sur le continent.

Au Sahel, actuellement, le dispositif des forces françaises compte 2 500 militaires engagés dans la lutte contre les groupes armés terroristes aux côtés de leurs partenaires européens et nord-américain. Une fois le contingent tricolore désengagé du Niger, c’est uniquement au Tchad qu’un contingent consistant sera localisé, avec un millier d’hommes. 

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Le reste des forces de présence sont éparpillées dans quatre pays.

A Djibouti:  avec près de 1500 militaires déployés, les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) s’articulent autour de cinq emprises principales centrées sur Djibouti : le 5e régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM) ; le détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) armant 4 hélicoptères Puma et 3 Gazelle ; la base aérienne 188 (BA 188) avec ses 4 avions de défense aérienne Mirage 2000-5, 1 avion de transport tactique Casa, 3 hélicoptères Puma ; la base navale ; le centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert de Djibouti (CECAD). Les FFDJ constituent une plateforme stratégique, opérationnelle et logistique aussi appelée base opérationnelle avancée (BOA).

En Côte d’Ivoire: 900 hommes sont rassemblés au sein des Forces françaises en Côte d’Ivoire. Ces FFCI constituent l’une des deux bases opérationnelles avancées (BOA) en Afrique. Les 900 militaires (dont ceux du 43e BIMa) constituent une réserve d’intervention en Afrique centrale et de l’ouest. Ils sont chargés de soutenir les opérations dans la zone et de conduire les activités de partenariat militaire opérationnel avec la République de Côte d’Ivoire.

Au Sénégal: les éléments français au Sénégal (EFS) disposent d’environ 400 hommes qui réalisent des missions de formation et d’entraînement au profit des armées locales. Les EFS s’articulent autour d’un poste de commandement interarmées, d’un détachement de l’aéronautique navale (Atlantique 2 ou Falcon 50 et sa cellule ravitaillement), stationné à l’escale aérienne ; d’un groupement régional d’intervention NEDEX (Neutralisation Enlèvement et Destruction d’Explosifs), d’éléments de soutien spécialisé et de maintenance.

Au Gabon: 350 soldats constituent les éléments français au Gabon (EFG). Ils constituent le second « pôle opérationnel de coopération » (POC) à vocation régionale avec Dakar. Ils disposent principalement d’un échelon de commandement et d’une unité terrestre: le 6e bataillon d’infanterie de marine. Ce 6e BIMa est organisé en groupement de coopération opérationnelle (GCO), implanté au camp de Gaulle à Libreville; il est tourné vers la coopération opérationnelle régionale, il assure également la protection des emprises des EFG et la maintenance des matériels terrestres.

En périphérie
Hors territoire continental africain, d’autres forces françaises sont positionnées à Mayotte et à la Réunion (1750 légionnaires, parachutistes et marins au total pour ces forces dites de souveraineté). La marine nationale maintient plusieurs dispositifs: des frégates dans l’océan Indien (à partir de la Réunion), la TF 150 aussi dans l’océan Indien (une centaine de marins), les moyens de l’opération Corymbe dans le golfe de Guinée (150 hommes)…

Fin de la présence militaire française au Niger : ce qu’il faut savoir de cette annonce de Macron

Fin de la présence militaire française au Niger : ce qu’il faut savoir de cette annonce de Macron

Le président français a annoncé ce dimanche 24 septembre 2023 la fin de la présence militaire française au Niger « d’ici à la fin de l’année ». Une annonce qui doit conduire au rapatriement de 1 500 soldats déployés sur les bases françaises au Niger, et rapprocher un peu plus la France de la fin de son engagement contre le terrorisme au Sahel. Voici ce qu’il faut savoir sur cette annonce.

Des soldats français du 2e Régiment Étranger de Parachutistes (2eREP) et des soldats nigériens se préparent à une mission sur la base aérienne française BAP, à Niamey, le 14 mai 2023.
Des soldats français du 2e Régiment Étranger de Parachutistes (2eREP) et des soldats nigériens se préparent à une mission sur la base aérienne française BAP, à Niamey, le 14 mai 2023. | ALAIN JOCARD / AFP

Voici ce qu’il faut comprendre des annonces d’Emmanuel Macron concernant le départ de la présence française du Niger.

1 500 militaires à rapatrier

Après avoir annoncé que la France allait rapatrier son ambassadeur au Niger, Sylvain Itté, retenu à Niamey, Emmanuel Macron a annoncé le départ des troupes françaises du Niger « d’ici à la fin de l’année ».

« Nous mettrons fin à notre coopération militaire avec les autorités de fait du Niger, car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme », a annoncé le président.

Cette annonce devrait donc engendrer le retour de tous les militaires stationnés au Niger, environ 1 500.

Trois bases françaises au Niger

Ils seraient aujourd’hui environ 1 500 soldats, principalement sur la base aérienne projetée située près de l’aéroport de Niamey. D’autres étaient déployés sur des bases à Ouallam, au nord de la capitale Niamey, et Ayorou, à la frontière du Mali.

Comme l’indique le site de la BBC, la base de Niamey, située sur le site de l’aéroport international Hamani Diori, servait de base de départ pour les drones Reaper qui effectuent des missions de renseignement et de reconnaissance dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel.

Après le coup d’État du 26 juillet dernier, qui a vu la junte prendre le pouvoir et une hausse des tensions entre le Niger et la France, les soldats étaient confinés dans leurs bases, où les conditions se font de plus en plus précaires.

La fin de dix ans d’opération militaire antiterroriste au Sahel

L’annonce du départ français du Niger n’est pas vraiment une surprise. Après leur coup d’État du 26 juillet, les putschistes avaient rompu les accords de coopération militaire qui liaient jusqu’ici Paris à Niamey et avaient donné un mois à la France pour se retirer militairement et diplomatiquement du territoire nigérien.

Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Institut français de relations internationales (Ifri), interrogé dans nos colonnes au début du mois de septembre, affirmait que le départ des troupes françaises signerait « la fin de la guerre de la France contre le djihadisme au Sahel ».

L’engagement militaire français au Sahel contre le djihadisme avait commencé en 2013, « avec l’opération Serval », précisait Thierry Vircoulon. Le départ met donc fin à dix ans d’opération contre le terrorisme au Sahel.

Après le Mali et la Burkina Faso, la France voit donc son engagement en Afrique être stoppé dans un troisième pays parmi ceux « qui constituaient le champ de bataille de la lutte contre le djihadisme au Sahel ».

Dans la région, la France disposerait alors uniquement d’une présence au Tchad. Aucun redéploiement de forces françaises vers ce pays n’a pour l’instant été annoncé. Pour Thierry Vircoulon, les troupes « vont très probablement rentrer en France ».

L’ambassadeur également rapatrié

Il « fait partie du package » déclarait encore Thierry Vircoulon dans nos colonnes le 6 septembre. Sylvain Itté, ambassadeur de la France au Niger, était, selon Emmanuel Macron « retenu en otage » à l’ambassade à Niamey.

Après la hausse des tensions diplomatiques entre le Niger et la France, successive au coup d’État, et à des manifestations « anti-France » devant l’ambassade à Niamey, les putschistes avaient annoncé, le vendredi 25 août 2023, l’expulsion de l’ambassadeur de France au Niger. La France avait considéré que les « putschistes n’ont pas autorité pour faire cette demande, l’agrément de l’ambassadeur émanant des seules autorités légitimes nigériennes élues », à savoir le gouvernement renversé de Mohamed Bazoum, considéré comme légitime par Paris.

Ce dimanche, le président Emmanuel Macron a confirmé que l’ambassadeur français au Niger serait bien rapatrié.

Forces françaises au Niger: entre se serrer la ceinture et serrer les dents

Forces françaises au Niger: entre se serrer la ceinture et serrer les dents

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 20 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/09/20/niamey2-24118.html


Abandonnés” ! L’humeur est visiblement morose au sein du contingent français au Niger. Principalement, confinés sur la BAP (la base aérienne projetée) située près de l’aéroport de Niamey, les quelque 1 500 soldats français sont au cœur d’un bras de fer entre l’Élysée et les putschistes du 26 juillet qui souhaitent le départ des forces françaises et qui ont dénoncé plusieurs accords de coopération militaire conclus avec l’ex-puissance coloniale (photos EMA prises à Niamey).

Côté français, Emmanuel Macron, intransigeant, maintient qu’un éventuel redéploiement des forces françaises au Niger ne sera décidé qu’à la demande du président Mohamed Bazoum toujours considéré par la France comme le légitime chef de l’État.

En attendant un accord politique, la situation des militaires français se dégrade depuis le début du mois de septembre : relève compromise, réserves qui s’épuisent, encadrement sous stress, peur d’une sortie de crise violente…

A cela s’ajoute la crainte d’être débordés par les manifestants nigériens qui bloquent tous les accès au camp français. “Le problème, c’est la foule. Elle se fait manipuler par le mouvement M62 principalement qui fait monter le sentiment anti-français. Ce sont ces mêmes manifestants qui ont stoppé le boulanger et qui empêchent les personnels locaux de venir travailler sur la BAP. Alors que les personnels locaux peuvent encore travailler pour les Allemands et les Italiens. Le filtrage n’est pas effectué par les forces armées nigériennes mais par les manifestants“, explique un ancien militaire qui travaille sur place.

Ravitaillement aléatoire

Sur la BAP, les conditions de vie sont de plus en plus compliquées : “Aucun mouvement d’avion, les mouvements entre la zone vie et la zone technique sont surveillés et filtrés par l’armée nigérienne, un fossé antichar a été creusé, plus de ravitaillement alimentaire, évidemment pas d’autorisation de sortie. La base vivait sur les réserves des congélateurs jusqu’à cette semaine. Désormais pas de pain, le papier toilette rationné“, a résumé un soldat français à sa famille.

 

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Nous avons encore un stock conséquent de carburant pour les groupes électrogènes, nous sommes aussi autonomes concernant l’eau potable et sanitaire et il y a encore de quoi manger un certain temps“, précise toutefois l’ancien militaire français avant d’ajouter: “En revanche, la situation sur les deux bases avancées (Ouallam et Ayorou) devient intenable : plus de ravitaillement en eau, nourriture et carburant. Bientôt plus d’électricité pour eux. Et il est impossible de les approvisionner”.

A Ouallam, au nord de Niamey, près de 200 soldats vivent de plus en plus chichement, leur autonomie passée devenant un souvenir. “Tout ça ne tient qu’à un fil. Ce qui me pose problème, c’est que nos capacités se dégradent un peu plus tous les jours, décrit un sous-officier qui préfère garder l’anonymat. La mission : « Tenir », c’est OK ; mais il nous faut de quoi manger, se laver et un minimum de confort ! Dimanche, l’électricité coupe et nous n’aurons plus de moyen de recharger nos appareils une fois que nos batteries seront déchargées. Nous attendons juste une direction de manœuvre ; rien que ça, ça nous donnerait du moral.

Des députés inquiets

L’état-major des Armées (EMA) relativise ces difficultés, reconnaissant des “approvisionnements compliqués, tout en se voulant rassurant : “L’état des capacités de combat, dont l’état du moral des militaires, est suivi par le commandement à tous les niveaux. Aujourd’hui, la posture des militaires français au Niger permet de répondre à toutes les éventualités, notamment en cas de besoin d’utiliser la force.

L’EMA précise aussi que “les militaires en opérations sont confrontés par nature à une forme d’incertitude et aux changements de situation. Ils sont formés et entraînés pour agir dans des conditions parfois très rustiques et dans des environnements sécuritaires difficiles. La préparation et la planification des missions intègrent cette complexité“.

Malgré tout, plusieurs députés français se sont émus de la dégradation des conditions de vie du contingent français au Niger. Ainsi, le député brestois Jean-Charles Larsonneur a fait part de ses inquiétudes dans un courrier de lundi au ministre des Armées Sébastien Lecornu.