Recrutement : comment l’armée de Terre se prépare aux défis de demain
L’armée de Terre se lance dans un vaste défi de recrutement, avec un objectif ambitieux de 16 000 nouvelles recrues par an. Dans un contexte géopolitique tendu, ce renouvellement des effectifs est crucial pour maintenir la performance opérationnelle de l’armée, qui doit aussi répondre aux nouvelles exigences technologiques et humaines.
Par Jean-Baptiste Giraud – armees.com – Publié le 24 octobre 2024
Le défi du recrutement militaire : un enjeu stratégique
Pour l’armée de Terre, recruter 16 000 personnes chaque année représente un défi majeur. Comme l’a souligné le général Arnaud Goujon, il ne s’agit pas seulement d’atteindre ce nombre, mais aussi de s’assurer que ces nouvelles recrues possèdent les compétences et les qualités requises pour faire face aux défis modernes. Les campagnes de recrutement se multiplient et visent des profils variés, en mettant en avant les opportunités de formation, de spécialisation, et les valeurs fortes que porte l’institution.
L’armée cherche à attirer des candidats motivés, prêts à s’engager dans des carrières qui demandent non seulement des compétences techniques et physiques, mais aussi une capacité d’adaptation face aux nouvelles technologies militaires et aux exigences croissantes du terrain. Cette recherche de talents est indispensable pour garantir la modernisation des forces et leur efficacité face à des situations de plus en plus complexes.
Les difficultés croissantes du recrutement militaire
Le recrutement de l’armée de Terre n’échappe pas aux problématiques rencontrées dans d’autres secteurs. En effet, attirer de nouvelles recrues devient de plus en plus difficile dans un marché de l’emploi concurrentiel et en pleine mutation. « Le recrutement est un défi permanent », reconnaît un officier supérieur, soulignant que le contexte actuel – tensions internationales et complexité des missions – nécessite non seulement des candidats en nombre, mais surtout des profils particulièrement qualifiés.
Le ministère des Armées fait face à des enjeux multiples : d’une part, un certain manque d’attractivité du métier militaire auprès de la jeunesse. « Nous devons faire comprendre aux jeunes générations que l’armée offre des perspectives de carrière uniques, mais il y a une forte concurrence avec d’autres secteurs », explique un porte-parole du ministère. D’autre part, il y a aussi les exigences physiques et psychologiques que le métier impose. En effet, l’entraînement militaire, la préparation aux missions sur le terrain et les conditions parfois difficiles peuvent dissuader certains candidats.
Enfin, le ministère des Armées souligne que la digitalisation croissante des métiers militaires, avec l’introduction des nouvelles technologies et de la robotique, crée un besoin de compétences spécifiques : « Le soldat de demain doit maîtriser la technologie tout en conservant une capacité à s’adapter rapidement aux évolutions des théâtres d’opération », précise un responsable des ressources humaines militaires. Malgré ces défis, l’armée de Terre reste confiante dans sa capacité à attirer des talents, grâce notamment à des campagnes de recrutement modernisées et à des partenariats avec des institutions éducatives et des entreprises technologiques.
Comment rejoindre les rangs de l’armée de Terre
L’accès à l’armée de Terre s’effectue via plusieurs canaux. Les jeunes intéressés peuvent postuler directement en ligne ou se rendre dans les centres d’information pour participer à des sessions de présentation des métiers militaires. Le processus de recrutement est structuré en plusieurs étapes, comprenant des tests physiques, psychologiques et techniques, afin de s’assurer que chaque recrue possède les capacités nécessaires pour répondre aux missions de défense du territoire.
L’armée met également en avant les valeurs qui caractérisent ses forces : l’engagement, l’esprit de camaraderie, et la résilience. Ces qualités sont essentielles pour progresser au sein des rangs et pour mener à bien les différentes missions de défense et d’opérations extérieures. En proposant un large panel de métiers et de spécialisations, l’armée de Terre offre des opportunités variées pour ceux qui souhaitent s’engager dans une carrière au service de la nation.
Alors que de nombreux métiers évoluent et, parfois, disparaissent avec l’avènement de certaines innovations comme l’Intelligence artificielle, l’armée reste un employeur d’avenir. La diversité de ses missions permet des évolutions de carrière multiples et adaptées à chaque situation. Enfin, de nombreux jeunes se retrouvent chaque année dans les idéaux militaires de service de la nation, de camaraderie et d’exigence.
Jean-Baptiste Giraud
Journaliste éco, écrivain, entrepreneur. Dir de la Rédac et fondateur d’EconomieMatin.fr. Fondateur de Cvox.fr. Officier (R) de gendarmerie.
Le SNU, ou Service National Universel, lancé en 2019, a, parmi ses objectifs, d’améliorer la mixité sociale et le sentiment d’engagement auprès d’une jeunesse présentée, à tort ou à raison, comme de plus en plus éloignée de la vie de la Nation.
Celui-ci vient de faire l’objet d’un rapport de la Cour des Comptes du plus préoccupant, jugeant le dispositif onéreux, mal planifié et, surtout, dont les objectifs s’avèrent flous et à géométrie variable selon l’actualité.
Ce constat contraste, presque en tous points, avec les retours élogieux concernant le dispositif de conscription choisie mis en œuvre par la Norvège et d’autres pays scandinaves, qui suscite à la fois l’adhésion de la jeunesse et des armées, au plus grand profit de la résilience nationale.
Se pose alors la question, de l’opportunité de remplacer un SNU peu efficace et onéreux, par un dispositif de conscription choisie, qui permettrait, pour un investissement identique, de renforcer le format des Armées, d’améliorer le recrutement des postes d’active et de la Garde Nationale, et d’accroitre, significativement, la résilience de la Nation, au sens large du terme ?
Sommaire
La cour des comptes publie un rapport très critique sur le Service National Universel
Né d’une des promesses de campagne du candidat Macron lors des élections présidentielles de 2017, pour remettre en place un service national, le SNU a été lancé dès 2019, avec l’objectif d’atteindre, pour 2027, son plein potentiel.
Toutefois, les objectifs de ce service national universel, tels que présentés initialement, se sont rapidement effacés face à la réalité d’intégrer une classe d’âge, soit 850 000 jeunes, à un dispositif général nécessitant des infrastructures, des moyens humains et des crédits qui n’existent pas.
Très tôt, le ministère des Armées a pris ses distances avec cette initiative, mettant en avant ses effectifs trop réduits et ses infrastructures bien trop limitées pour relancer une forme de service national obligatoire, comme durant la guerre froide.
Dès lors, aujourd’hui, même les personnes impliquées dans ce projet, peinent à en tracer les contours exacts. « Cette diversité d’objectifs a entretenu une incertitude sur l’ambition
et le sens du SNU, se traduisant par des attentes diverses et contradictoires » indique ainsi le rapport de la cour des Comptes. En outre, deux des principaux objectifs, la mixité sociale d’une part, et l’engagement de l’autre, ne sont pas atteints, de l’avis de l’institution, alors même que le SNU n’en est qu’à sa forme simplifiée et réduite, uniquement fondée sur le volontariat.
Enfin, la Cour de Comptes interroge sur l’avenir de ce programme, qui couterait aujourd’hui autour de 3 000 € par jeunes pour les seules Phase 1 et 2 (en dehors de la Phase 3 d’engagement, donc), alors que les budgets pour son extension, estimés de 3 à 5 Md€, ne sont pas sécurisés, et que la construction des infrastructures et les recrutements nécessaires, ne sont pas même planifiés.
… pendant que les armées peinent à recruter et fidéliser leurs effectifs
Le rapport de la Cour des Comptes sur le SNU, fait naturellement écho aux difficultés rencontrées par les Armées, non seulement pour accroitre, mais aussi pour simplement maintenir leurs effectifs, y compris pour ce qui concerne la Garde Nationale, ce d’autant qu’il s’agissait d’un de ses objectifs premiers, tel qu’imaginé initialement.
En effet, en 2023, alors que les Armées devaient voir leurs effectifs croitre de près de 1.500 militaires d’active, celles-ci les ont vus, en fait, décroître de 2.500 militaires. Comme partout en Occident, les armées françaises souffrent de plusieurs maux concomitants, créant des tensions importantes dans le domaine des ressources humaines.
En premier lieu, elles peinent à recruter ou, plus précisément, à recruter les profils recherchés. Ainsi, sous l’effet de l’augmentation de la technicité demandée aux militaires, quels qu’ils soient, les armées doivent désormais recruter des profils plus poussés et mieux formés, qui sont aussi activement recherchés par le marché du travail.
En outre, les contraintes de la vie militaire, même si elles se sont sensiblement améliorées ces dernières années, découragent beaucoup de jeunes, qui préfèrent se tourner vers des carrières dans le privé ou vers la fonction publique.
Enfin, la sédentarité croissante des populations, entrainent une nette augmentation des profils inaptes médicaux, même si, là aussi, les armées ont ajusté leurs exigences pour ne pas se retrouver face à un mur, dans certaines spécialités en particulier.
Non seulement ont-elles du mal à recruter, mais les armées voient aussi le taux de renouvellement des contrats baisser ces dernières années, spécialement à l’issue du premier engagement. L’appétence du privé, en particulier de l’industrie, pour les personnes formées par les armées, entraine une certaine hémorragie de certains profils, qu’il est difficile d’endiguer, ce qui fait peser une importante pression sur le format des armées, ainsi que sur les pyramides des grades et des âges, particulièrement difficiles à équilibrer.
Le modèle de la conscription choisie, appliqué par les armées scandinaves, séduit en Europe
Les armées françaises sont loin d’être les seules à rencontrer ces problèmes de ressources humaines. Au contraire, elles sont même parmi les armées européennes et occidentales, qui résistent le mieux à cette menace.
Plusieurs solutions ont été mises en œuvre par celles-ci, comme l’attribution de très fortes primes à la signature d’un nouveau contrat au sein des armées US, en particulier pour les spécialités les plus en tension, comme les codeurs informatiques ou les pilotes.
La Norvège a été la première à mettre en œuvre une nouvelle forme de conscription, répondant précisément aux besoins de ses armées. Pas question, en effet, en Norvège comme ailleurs, de revenir à une conscription obligatoire généralisée, les armées n’ayant ni les moyens humains, ni matériels, et pas davantage les infrastructures et les moyens budgétaires pour cela, qui plus est dans une période de fortes tensions internationales, comme aujourd’hui.
Pour répondre aux besoins de ses Armées, Oslo s’est donc tourné vers une nouvelle forme de conscription, appelée conscription choisie : si la conscription demeure obligatoire pour toute la classe d’âge, comme pendant la guerre froide, elle ne concernera, dans les faits, qu’une partie de celle-ci, en fonction des besoins et des moyens des armées.
La sélection des conscrits ne se fait pas par tirage au sort, comme le Draft américain en temps de guerre, mais directement par les armées elles-mêmes, sur les dossiers scolaires et péri-scolaires des jeunes, ainsi que sur l’acte, ou non, de volontariat.
Introduite en 2015, cette forme de conscription concerne, en 2024, autour de 9000 jeunes norvégiens, soit 10 % de la classe d’âge, tous ou presque des volontaires. En effet, dans le pays, la conscription est devenue un sésame précieux à la fin des études, pour justifier de son appartenance à une certaine élite, et les volontaires sont plus nombreux que les places disponibles.
La Suède et le Danemark ont mis en place, eux aussi, une forme conscription choisie dans les années ayant suivi l’exemple norvégien, avec des retours tout aussi prometteurs. D’autres pays européens, y compris l’Allemagne, envisagent désormais d’y avoir recours, pour renforcer les effectifs de leurs armées.
Doit-on investir les 3 à 5 Md€ du SNU dans une conscription choisie pour renforcer les effectifs des armées ?
La comparaison des deux modèles, le SNU français, d’un côté, la conscription choisie scandinave, de l’autre, ne plaide évidemment pas en faveur du premier. Non seulement la conscription choisie vise-t-elle des objectifs parfaitement identifiés, au bénéfice des armées et de la résilience nationale, mais elle s’inscrit dans un modèle parfaitement adaptable et maitrisé, qui en garantit la pérennité et l’efficacité, y compris budgétaire.
Se pose, alors, la question du bienfondé du SNU, une fois sa dimension purement symbolique et politique écartée, et surtout, de l’opportunité de le remplacer par une conscription choisie qui, elle, serait performante sur de nombreux aspects, y compris ceux qui, aujourd’hui, sont vaguement identifiés comme étant les objectifs du SNU.
En effet, le SNU, dans sa forme actuelle, constitue un crible potentiellement efficace pour permettre aux armées de « choisir » les profils à retenir pour cette conscription d’une durée suffisante pour s’avérer efficace du point de vue militaire, c’est-à-dire au moins 10 à 12 mois.
Il constitue, en outre, le cadre adapté pour permettre aux armées de dialoguer avec la jeunesse, et présenter les fonctions du conscrit, une fois choisi, le cas échéant, de façon valorisante, avec l’objectif de créer, rapidement, la même dynamique volontaire que celle observée en Scandinavie.
Enfin, le budget prévu pour le SNU par la Cour des Comptes, de 3 à 5 Md€, s’avère largement suffisant pour le convertir en conscription choisie portant sur plusieurs dizaines de milliers de conscrits chaque année, y compris en tenant compte des infrastructures à construire pour cela, avec une progressivité des dépenses correspondant aux contraintes budgétaires françaises actuelles.
Les 3 atouts de la conscription choisie
Évidemment, un tel basculement ne se ferait pas sans résistance. De la part du ministère de l’Éducation nationale, d’abord, assez peu connu pour sa coopération apaisée avec les armées. Mais aussi de la part des militaires, eux-mêmes, qui, en dépit de leurs difficultés à recruter, expriment souvent leurs fortes réticences à devoir restructurer leurs forces pour former et encadrer des conscrits ne restant qu’une année sous les drapeaux. Ce fut aussi le cas concernant les réservistes pendant longtemps et jusqu’il y a peu, cela dit.
Pourtant, la conscription choisie offre des atouts significatifs, susceptibles de séduire jusqu’aux plus rétifs, une fois correctement définie et bordée.
Progressivité et adaptabilité de la montée en puissance des effectifs
L’atout premier de la conscription choisie, est qu’elle permet une montée en puissance progressive et maitrisée des effectifs, sans remettre en question son propre modèle. Chaque année, en effet, les armées expriment leurs objectifs de conscription en termes de profils quantifiés, en fonction de leurs besoins, mais aussi de leurs moyens, qu’il s’agisse de personnels d’encadrement et de service (administratif, santé…), d’infrastructures, ainsi que de moyens militaires.
La conscription choisie vise, en effet, à former des militaires efficaces, susceptibles d’être employés de manière opérationnelle le cas échéant. Les armées doivent donc, comme c’était le cas avec le service militaire historique, être en mesure de former et d’entrainer leurs recrues, ce qui suppose de disposer de l’ensemble des moyens nécessaires à cette mission, y compris les armements et équipements militaires.
Dans un contexte budgétaire contraint, l’acquisition et le déploiement de ces moyens, ne pourra être que progressif, ce qui exige que le nombre de conscrits le soit également, pour en optimiser l’efficacité.
Des volontaires au profil requis pour répondre aux besoins des armées
Le second atout de la conscription choisie, repose précisément sur sa spécificité, la sélection des profils. Cette fonctionnalité permet, aux armées, de retenir les profils qui répondent le mieux à leurs besoins, et qui seront les plus efficaces dans leurs fonctions, notamment en termes d’adaptation aux exigences militaires.
Dans ce domaine, le volontariat jouera un rôle déterminant, sans être absolu. Il convient, ainsi, de garder à l’esprit que le taux d’abandon, lors des premiers jours, ou des premières semaines, des contrats d’engagement dans les armées, sont souvent, si pas élevés, tout au moins significatifs.
Cette approche permet surtout d’écarter les profils qui poseront des problèmes d’adaptation, de disciplines ou de comportement, et viendront détériorer l’efficacité du dispositif lui-même, comme c’était fréquemment le cas dans les unités constituées de conscrits, dans les années 80 à 90, avant que le Service Militaire soit suspendu.
Renforcer la porosité entre la jeunesse et les armées pour améliorer le recrutement de l’active et de la Garde Nationale
Enfin, cette sélection contribuera, comme en Scandinavie, à créer un sentiment positif vis-à-vis des armées, qui contribuera lui-même à accroitre leur attractivité auprès des jeunes, en amont de la conscription, tout comme en aval, pour rejoindre l’active ou la Garde nationale.
Cette dimension tendra également à améliorer l’image des armées dans la société civile, tout en étendant sensiblement, une fois que le dispositif aura atteint son régime de croisière, la porosité entre ces deux entités qui forment la Nation.
Ce d’autant que, efficacement articulée, la sélection des conscrits pourra participer efficacement à l’objectif de mixité sociale, cher au SNU, tout en conservant une certaine dimension « d’élite », articulée non sur l’origine sociale ni même, exclusivement, sur les résultats scolaires, mais sur l’acte de volontariat, l’implication dans la vie de la société, et dans le respect des institutions.
Conclusion
On le voit, si le SNU, sans grande surprise, s’avère un dispositif décevant, peu efficace et consommateur de deniers publics, il peut, en revanche, être transformé avantageusement pour former le socle d’une conscription choisie qui, elle, répondrait à des besoins bien identifiés, au profit de la résilience des armées, et avec elles, de la Nation, dans un contexte sécuritaire international qui ne cesse de se détériorer.
Outre le renforcement immédiat des effectifs des armées, la conscription choisie permettrait, très probablement, d’améliorer le recrutement pour les postes d’active, comme c’était le cas du Service militaire précédent, ainsi que de la Garde Nationale, et ainsi accroitre la sécurité du pays.
Enfin, la conscription choisie peut participer à recréer un lien plus étroit entre les armées et la jeunesse, et après elle, avec une partie significative de la société civile, qui l’aura pratiqué de l’intérieur, pour mieux en comprendre le fonctionnement et les besoins, de sorte à redonner aux questions de Défense, la place qui devrait être la leur, dans le débat public et politique.
Pour autant, la conscription choisie, en ayant perdu son caractère universel faussement égalitaire, aura certainement du mal à convaincre, en France, une classe politique et une opinion publique arcboutée, parfois, sur certains grands principes déconnectés de la réalité, mais dont l’audience publique fait encore recette.
Article du 13 septembre en version intégrale jusqu’au 16 octobre 2024
Epargné par les coupes, même si des inconnues demeurent, le ministère des Armées va voir son budget augmenter de 3,3 milliards d’euros en 2025, conformément à la loi de programmation militaire. Futur porte-avions, drone de combat UCAV, Rafale… Gros plan sur les équipements livrés et commandés.
Vue d’artiste du porte-avions de nouvelle génération (PANG). Le lancement officiel de ce programme de plus de 10 milliards d’euros est prévu en 2025 – Naval Group / Chantiers de l’Atlantique / TechnicAtome
L’essentiel est sauf. C’est le sentiment largement partagé dans les armées à l’annonce des arbitrages du projet de loi de finances (PLF) 2025. Comme prévu par la loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM), le budget de défense, si le PLF est adopté, va augmenter de 3,3 milliards d’euros l’année prochaine, à 50,5 milliards d’euros. Un effort conséquent, d’autant plus marquant qu’il tranche avec le régime sec imposé à d’autres ministères. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu assume sans ciller. « Pourquoi la défense ne fait-elle pas l’objet de coups de rabot ? Les efforts ont déjà eu lieu, assurait le ministre le 14 octobre devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale.Je rappelle les chiffres : 54.000 postes supprimés [de 2008 à 2013, NDLR], un régiment sur deux de l’armée de terre et 11 bases aériennes fermées. »
Comment vont se répartir ces milliards de la défense ? Les deux tiers de l’effort (31,3 milliards) portent sur les équipements. La masse salariale représente 27 % du budget (13,6 milliards). Le reste se répartit entre les coûts de fonctionnement (4,8 milliards) et la provision destinée à financer les opérations extérieures (OPEX) et missions intérieures (Missint). Cette dernière passe de 800 millions d’euros en 2024 à 750 millions en 2025.
Près de 6 milliards pour la dissuasion
Comme chaque année, la dissuasion reste un des postes majeurs de dépenses. L’investissement dans le nucléaire atteindra 5,8 milliards d’euros en 2025, soit une hausse de 500 millions d’euros. L’année 2025 verra notamment le lancement du programme de la nouvelle version du missile nucléaire stratégique M51 embarqué sur les sous-marins lanceurs d’engins (SNLE), dite M51.4, prévue pour le milieu des années 2030.
L’investissement dans la future génération de sous-marins lanceurs d’engin, dite SNLE 3G, monte également en puissance. La première tôle du premier exemplaire a été découpée en mars dernier sur le site Naval Group de Cherbourg. Le ministère des Armées a prévu d’investir 752 millions d’euros en 2025 sur ce programme, vers lequel sont fléchés 12.9 milliards d’euros en tout. Le premier SNLE 3G, qui pourrait atteindre 150m de long et un poids de 15.000 tonnes (trois fois le poids des sous-marins nucléaires d’attaque de classe Suffren), doit entrer en service en 2035. La livraison du dernier des quatre engins est prévue en 2050.
821 millions d’euros fléchés vers le drone de combat
2025 sera également l’année du lancement officiel du programme de porte-avions de nouvelle génération (PANG), un géant de 75.000 tonnes qui doit succéder au Charles de Gaulle (42.000 tonnes) à l’horizon 2038. Selon les annexes du PLF 2025, 10,9 milliards d’euros doivent être investis dans ce projet, dont 224 millions sur l’année 2025.
L’année 2025 va aussi la montée en puissance de l’investissement dans le Rafale F5, la future version connectée du chasseur français, et du drone de combat qui l’accompagnera à l’horizon 2030. Ce drone va faire l’objet, selon les annexes du projet de loi de finances, d’un investissement de 821 millions d’euros, qui s’étalera sur les prochaines années avec une montée en puissance progressive (55 millions en 2025, 190 en 2026).
500 millions pour le système sol-air SAMP/T NG
Les autres grands agrégats du budget de défense reflètent les priorités du ministère : 1,9 milliard d’euros dédié aux munitions, un chiffre en hausse de 400 millions ; 700 millions d’euros pour le spatial, avec notamment la mise en orbite, prévue en décembre, du satellite espion CSO-3 ; 450 millions d’euros pour les drones et robots ; 400 millions d’euros pour les forces spéciales ; 500 millions d’euros pour la défense sol-air (système SAMP/T NG), 500 millions pour le renseignement, 300 millions pour l’IA, 300 millions pour le cyber, et 265 millions pour la fidélisation des militaires et civils du ministère, un des chantiers majeurs de l’hôtel de Brienne.
Ces investissements importants se retrouvent dans les livraisons d’équipements attendues en 2025. Parmi les principales, le ministère attend la livraison de la frégate FDI Amiral Ronarc’h, 2 Atlantique 2 rénovés, de 14 Rafale et 12 Mirage 2000D rénovés, d’un ravitailleur A330 MRTT et un avion de transport A400M, de 6 hélicoptères Tigre HAD, mais aussi de 308 véhicules Scorpion (Serval, Griffon, Jaguar), 28 véhicules légers et 30 poids lourds dédiés aux forces spéciales, de 8.000 fusils d’assaut HK416, ainsi que de lots de torpilles lourdes F21, des missiles Exocet, Scalp et Akeron MP.
Côté commandes, outre le contrat pour le porte-avions de nouvelle génération, le PLF prévoit la commande d’une frégate FDI, de missiles Mistral, Scalp, Mica, Meteor, Akeron MP mais aussi de camions-citernes et de bâtiments hydrographiques de nouvelle génération.
700 créations de postes
L’entraînement et la maintenance bénéficient également largement de la hausse des crédits. 7,8 milliards d’euros seront consacrés à la préparation et l’emploi des forces (+ 364 millions), et 5,9 milliards d’euros au maintien en condition opérationnels des matériels.
Les RH montent également en puissance : le ministère prévoit de créer 700 postes sur l’année 2025, dont 194 dans l’IA et le numérique, 119 dans les fonctions de soutien, 170 pour la DGSE, et une soixantaine pour la dissuasion (Direction des applications militaires du CEA). Les effectifs devraient atteindre 271.100 agents, dont trois quarts de militaires et un quart de civils.
OPEX et gels de Bercy, les deux inconnues
Dans ce panorama plutôt réjouissant pour les armées subsistent quand même quelques incertitudes majeures. La première, c’est le sort des quelque 2,6 milliards d’euros de crédits gelés par Bercy sur l’exercice 2024. Sébastien Lecornu a souligné, devant le Sénat et l’Assemblée nationale, que les crédits mis en réserve avaient toujours été dégelés les années précédentes. Si ce n’était pas le cas cette année, l’hôtel de Brienne entamerait 2025 avec une sorte de déficit de 2,6 milliards d’euros, qui obérerait d’autant la hausse prévue du budget.
L’autre incertitude réside dans le financement du surcoût des opérations extérieures (OPEX) et intérieures de l’année 2024. La provision de 800 millions d’euros destinée à financer ces opérations sera, à l’évidence, insuffisante pour couvrir tous les coûts assumés par l’armée. Les déploiements en Roumanie (mission Aigle) et en Estonie (Lynx) coûtent cher : le coût de la mission Aigle avait été estimé à 700 millions d’euros en 2022 par le sénateur Dominique de Legge, rapporteur spécial des crédits de défense.
L’effort financier des armées pour la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris était quant à lui estimé entre 300 et 400 millions d’euros par le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense le 15 octobre.
300 millions d’avoirs russes récupérés
Selon la LPM, le surcoût OPEX, s’il dépasse la provision annuelle inscrite en loi de finances, est pris en charge par un effort interministériel, à due proportion des budgets respectifs des ministères. Si cet engagement n’était pas tenu, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros de dépenses imprévues que devrait honorer le ministère.
Ce dernier bénéficie certes de la baisse de l’inflation, qui lui permettra d’économiser 400 à 600 millions d’euros sur l’année 2024, selon Sébastien Lecornu. Mais cette somme a été fléchée, de même que les 300 millions d’euros issus des intérêts des avoirs russes gelés, vers l’aide à l’Ukraine. En cas de mauvaise surprise, l’hôtel de Brienne devra trouver les fonds ailleurs.
Le HCECM, Haut comité pour l’évaluation de la condition militaire, présidé par la conseillère d’état Catherine de Salins et dont l’un des membres est le général de corps d’armée (2S) de Gendarmerie Jean-Marc Descoux, consacre son 18ème rapport aux réserves. L’instance a remis dernièrement son rapport au président de la République. Le Haut comité qui passe en revue dans le détail le dispositif des réserves militaires formule quatorze recommandations.
En préambule de ce rapport très complet, le HCECM rappelle que la France a un objectif ambitieux : porter le nombre de réservistes du ministère des Armées à 80 000 d’ici à 2030 puis 105 000 en 2035, et atteindre un effectif total de 50 000 réservistes dans la gendarmerie nationale en 2027.
“Ce renforcement ne se limite pas à une simple augmentation quantitative, il répond à la volonté de mieux préparer et d’intégrer ces forces de réserve dans la défense active de la nation. Les réservistes jouent un rôle croissant dans la défense nationale” écrit le Haut comité dont le rapport “vise à guider les actions futures pour assurer que la réserve française puisse répondre pleinement aux exigences des conflits modernes, tout en restant un exemple des valeurs de notre République.”
Parmi celles-ci, l’amélioration de la connaissance des activités civiles des réservistes, la garantie des moyens alloués aux réserves par la Loi de programmation militaire, une meilleure représentativité des réservistes dans le cadre du dispositif de la concertation, la formalisation et la mise en œuvre de parcours de carrière des réservistes dans une politique de ressources humaines sur le long terme, une réflexion relative au régime de défraiement des réservistes, la confirmation de l’exonération fiscale qui est appliquée à la solde des réservistes, pour toutes les catégories hiérarchiques et pour tout type d’activités, la mise en œuvre de mesures visant à mieux valoriser l’engagement des cadres de la réserve, soit par une mesure nouvelle, soit par le biais de la prime de compétence et de responsabilité des militaires (PCRM) ; recommande d’encourager l’emploi de tous les leviers existants en termes de reconnaissance, notamment en invitant plus largement les réservistes à participer aux activités de tradition et de cohésion des unités, et en améliorant l’information relative à l’accès à l’honorariat du grade.
Revoir à la hausse le contingent d’ordres nationaux pour les réservistes
Par ailleurs, Le Haut comité préconise l’évolution des règles relatives au contingentement des ordres nationaux pour prendre en compte la montée en puissance des réserves et l’évolution du ratio réserve/active.
Recommandation 1
Le Haut Comité recommande d’améliorer la connaissance des caractéristiques des réservistes, en particulier leur activité professionnelle civile (secteur d’activité, employeur, etc.), notamment afin de garantir leur employabilité en cas de mobilisation. Par ailleurs, il préconise de systématiser les entretiens lors des départs pour identifier les principales causes d’insatisfaction qui les motivent, et de mettre en œuvre de manière plus régulière des sondages du moral des réservistes pour mesurer l’évolution de leur condition militaire et adapter en conséquence les politiques RH, avec une procédure adaptée à leurs spécificités, et notamment à leur présence intermittente dans les unités (sondage internet via ROC et Minot@ur). Les modalités de ces enquêtes doivent permettre de mieux identifier les disparités relatives aux différentes « familles » de réservistes (ab initio, anciens d’active).
Recommandation 2
Le Haut Comité recommande de garantir dans la durée, dans une logique pluri-annuelle, les moyens alloués à la réserve opérationnelle tels que prévus par la loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 et la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, aussi bien en ce qui concerne la masse salariale que pour les autres natures de crédits qui participent directement à la condition militaire des réservistes : formation, équipement individuel et collectif, hébergement, infrastructures, systèmes d’information, etc.
Recommandation 3
Le Haut Comité recommande de rechercher les pistes de fluidification du parcours de recrutement. En particulier, le passage des visites médicales d’aptitude en dehors du SSA pourrait être une piste à exploiter afin de permettre aux réservistes de réaliser ces visites à proximité de leur lieu de domicile, et de soulager les tensions qui pèsent sur le SSA. L’utilisation de médecins réservistes en dehors de leurs périodes d’activité ou d’anciens praticiens d’active appartenant à la RO2 pourrait être envisagée.
Recommandation 4
Le Haut Comité recommande l’édition d’un « memento du réserviste » pour améliorer l’information relative aux modalités du soutien, de la gestion « ressources humaines », des droits individuels (retraite, etc.), ou encore des prestations sociales auxquelles peuvent prétendre les réservistes opérationnels. De même, les obligations de disponibilité qui s’imposent à eux devraient être rappelées. Ce memento devra porter une attention particulière à l’accessibilité des informations et être diffusé à tous les réservistes à échéances régulières pour rester à jour des évolutions de ces modalités.
Recommandation 5
Le Haut Comité recommande, dans le cadre des travaux portant sur le système de concertation des réservistes, de garantir que celui-ci permette la bonne représentativité de tous les réservistes, et en particulier des réservistes directement issus de la société civile, et de prévoir une bonne articulation avec les CFM d’armée et le CSFM.
Recommandation 6
Le Haut Comité recommande de revoir les modalités de pilotage budgétaire de la masse salariale « réserves » en veillant à une plus grande responsabilisation des employeurs de réservistes, pour leur garantir les ressources annuelles à leur disposition, et ainsi donner plus de visibilité aux réservistes sur leur niveau d’emploi.
Recommandation 7
Le Haut Comité recommande de poursuivre la formalisation et la mise en œuvre de parcours de carrière des réservistes dans une politique RH sur le long terme, qui devrait prendre en compte les spécificités des réservistes (temps partiel, disponibilité fluctuante, conciliation avec l’activité professionnelle civile).
Ces parcours pourraient proposer plus de passerelles vers et depuis l’active, veiller à mieux valoriser les cadres de la réserve, et envisager des moyens de garder un lien entre l’institution et les anciens réservistes pour permettre une réintégration dans la réserve à des moments plus propices.
Par ailleurs, afin de responsabiliser les réservistes eux-mêmes dans l’élaboration de leur parcours de carrière, le Haut Comité recommande de redynamiser la « bourse aux emplois de la réserve » en s’appuyant sur les SI ROC et Minot@aur afin qu’ils puissent être mieux informés des opportunités de changer de poste au sein de la réserve. Ces propositions pourraient également être accessibles dès l’étape de la candidature à l’engagement dans la réserve, pour permettre aux candidats de mieux s’orienter.
Enfin, cette modularité accrue des parcours de réservistes devrait s’accompagner d’une plus grande exigence pour garantir un engagement minimal annuel, nécessaire pour que l’investissement des armées, notamment dans leur formation, soit rentabilisé.
Recommandation 8
Le Haut Comité recommande :
de garantir que les réservistes bénéficient effectivement des droits qui leur sont ouverts enmatière de droits financiers, notamment en matière d’avancement d’échelon ;
de lancer une réflexion relative au régime de défraiement des réservistes (frais de transport, repas, etc.) tenant compte des particularités de leur engagement afin de mettre en place unrégime spécifique plus adapté aux sujétions qu’ils subissent ;
de se saisir du problème des délais excessifs de versement de la solde des réservistes du ministère des armées en mettant en œuvre des mesures techniques et organisationnelles permettant de garantir à tout réserviste que sa solde lui sera versée dans un délai raisonnable.
Recommandation 9
Le Haut Comité recommande de confirmer l’exonération fiscale qui est appliquée à la solde des réservistes, pour toutes les catégories hiérarchiques et pour tout type d’activités, qui représente une juste compensation des sujétions auxquelles sont soumis les réservistes.
Recommandation 10
Le Haut Comité recommande de faire évoluer les droits à indemnités spécifiques pour les réservistes afin de mieux prendre en compte les particularités de leur engagement, en prévoyant :
la création d’une avance de solde avant déploiement en opération, sur le modèle de l’avance de solde avant affectation à l’étranger (versement d’un mois de solde 45 jours avant le départ, puis régularisation) ;
la mise en œuvre de mesures visant à mieux valoriser l’engagement des cadres de la réserve,soit par une mesure nouvelle, soit par le biais de la prime de compétence et de responsabilitédes militaires (PCRM) ;
la mise à jour des conditions d’attribution de la participation au financement du permis deconduire (PERMRES) ou sa suppression au profit d’une autre mesure d’attractivité plus pertinente.
Recommandation 11
Le Haut Comité recommande d’encourager l’emploi de tous les leviers existants en termes de reconnaissance, notamment en invitant plus largement les réservistes à participer aux activités de tradition et de cohésion des unités, et en améliorant l’information relative à l’accès à l’honorariat du grade.Par ailleurs, les règles relatives au contingentement des ordres nationaux pourraient évoluer pour prendre en compte la montée en puissance des réserves et l’évolution du ratio réserve/active.
Recommandation 12
Le Haut Comité recommande :
– de mieux identifier les compétences que les réservistes ont acquises dans leur carrière civile et la valeur ajoutée qu’elles peuvent apporter aux armées ;
– de mieux recenser et formaliser l’acquisition de compétences dans la réserve, afin de les mettre plus à profit au sein des armées et de les valoriser auprès des employeurs civils. La mise en œuvre de cette recommandation pourra utilement profiter des évolutions des systèmes d’information dédiés à la réserve.
Recommandation 13
Afin d’améliorer le soutien à l’engagement dans la réserve par les employeurs civils des réservistes, le Haut Comité recommande :
d’améliorer l’information générale qui leur est délivrée sur les obligations qui s’imposent à eux, mais aussi sur les droits, incitations et accompagnements dont ils peuvent bénéficier, et, enfin, sur les bénéfices apportés par les activités de réserve au sein d’une carrière civile (acquisition de compétences, savoir-être, etc.); pour les employeurs publics, cette information pourrait faire l’objet d’une mise à jour de la circulaire du Premier ministre de 2005 relative à l’emploi d’agents publics au sein de la réserve militaire ;- de systématiser, sauf demande expresse du réserviste à l’autorité militaire, l’envoi d’une lettre personnalisée vers les employeurs de nouveaux réservistes, à la signature de l’ESR ;- de développer la stratégie partenariale du secrétariat général de la garde nationale dans deux directions complémentaires : au niveau central via les conventions de branches professionnelles, et au niveau local via les officiers généraux de zones de défense et de sécurité.
Recommandation 14
Afin d’améliorer le niveau de protection sociale dont bénéficient les réservistes, le Haut Comité recommande :
– de prendre en compte la situation particulière des réservistes dans les travaux sur le volet « prévoyance » de la protection sociale complémentaire ;
– de garantir par tous les services instructeurs la bonne application du régime de réparation intégrale du préjudice subi à la suite d’une blessure ou maladie imputable au service ;
– de renforcer l’information diffusée auprès des réservistes, par exemple via le site internet de la Maison numérique des blessés et de leurs familles (MNBF) et les SI ROC et Minot@ur, afin de garantir qu’ils sont conscients des conséquences que peuvent entraîner une blessure ou une maladie survenue à l’occasion de leurs activités dans la réserve dans tous les aspects patrimoniaux et extrapatrimoniaux.
Chiffres clés
73 624 réservistes opérationnels de 1er niveau (RO1) dans les armées et la Gendarmerie nationale au 31 décembre 2023 dont 53,7 % issus directement de la société civile (ab initio), 34,1 % d’anciens militaires d’active et 12,1 % d’anciens appelés du contingent.
93 199 réservistes opérationnels de 2e niveau (RO2)
6 523
réservistes citoyens de défense et de sécurité
23,1 % taux de féminisation de la RO1 contre 18,5 % pour les militaires d’active
5 670 réservistes employés en moyenne chaque jour dont 3 648 au ministère des armées et 2 022 dans la Gendarmerie nationale
13 % : taux de réservistes opérationnels de 1er niveau non employés en 2023
Composition du HCECM
Présidente : Catherine de Salins, conseillère d’État, présidente adjointe de la section de l’administration du Conseil d’État
Vice-président : Terry Olson, conseiller d’État, président de la Cour administrative d’appel de Versailles
Membres :
Isabelle Delarbre, ancien cadre dirigeant chez Renault et TotalEnergies
Élisabeth Grosdhomme :dirigeante de Paradigmes et cætera, société d’étude et de conseil spécialisée en prospective et innovation
Yves d’Hérouville : Président de l’Institut des dirigeants d’associations et fondations
Cécile Wendling : dirigeante de Pan-or-amiques, société de conseil en prospective, et chercheuse associée au Centre de sociologie des organisations (CNRS-Sciences Po Paris).
Jean-Luc Tavernier: directeur général de l’Insee (membre de droit), représenté par Alain Bayet : directeur de la diffusion et de l’action régionale et coordinateur des directeurs régionaux, chef de l’inspection générale de l’Insee
Général d’armée aérienne Éric Autellet, ancien major général des armées
Général d’armée (2e section) Éric Bellot des Minières, ancien inspecteur général des armées – Terre
Général de corps d’armée (2e section) Jean-Marc Descoux, ancien commandant de la gendarmerie outre–mer
Secrétaire général : contrôleur des armées Vincent Berthelé
l’essentiel Pour la troisième fois depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, Vladimir Poutine a décidé d’augmenter la taille de l’armée russe. 180 000 hommes supplémentaires vont venir grossir les rangs. La hausse des effectifs entrera en vigueur le 1er décembre.
L’armée russe va enrôler de nouveaux soldats. Vladimir Poutine a décidé d’augmenter les effectifs des forces armées russes pour la troisième fois depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. Il est prévu que l’armée russe porte ses effectifs à 2 389 130 hommes au total dont 1,5 million de militaires.
La Russie poursuit son avancée en direction de Pokrovsk et doit faire face à l’opération menée par l’Ukraine sur son territoire dans la région de Koursk. 180 000 personnes supplémentaires vont venir grossir les rangs de l’armée selon le décret signé par Vladimir Poutine. Il entrera en vigueur le 1er décembre 2024.
22 000 dollars pour rejoindre l’armée
Ces hommes supplémentaires seront « des citoyens exprimant le désir de servir sous contrat« , précise le gouvernement russe, qui précise qu’il n’y aura « pas d’augmentation significative de la circonscription ou de la mobilisation« , détaille The Kyiv Post. Pourtant la Russie rencontrerait pourtant des difficultés à recruter de nouveaux soldats volontaires, malgré une somme de 2 millions de roubles (22 000 dollars) pour intégrer l’armée.
Comment expliquer cette nouvelle hausse des effectifs ? Pour l’expert militaire Oleksandr Kovalenko, interrogé par RBC-Ukraine, « la pénurie d’équipements incite la Russie à s’appuyer davantage sur l’augmentation de ses ressources humaines« . Il laisse entendre que l’armée russe pourrait devenir une force basée sur l’infanterie et dotée d’un équipement minimal.
La dernière hausse des effectifs de l’armée russe datait de décembre 2023 et portait sur le recrutement de 170 000 hommes supplémentaires. Le ministère russe de la Défense avait alors justifié la hausse des effectifs par « l’opération militaire spéciale » et l’expansion de l’Otan.
Plus de 600 000 soldats russes morts
Depuis le début de la guerre, les pertes russes se montent à 610 000 hommes selon les services de renseignements britanniques. En août 2024, la Russie a perdu 1187 hommes par jour en moyenne comprenant des soldats morts et blessés.
Avec 1,5 million de militaires, la Russie possèdera la seconde armée au monde derrière la Chine (2,35 millions) et devant l’Inde (1,4 million), les Etats-Unis (1,35 million) et la Corée du Nord (1,35 million), indique le quotidien russe Komsomolskaïa Pravda.
Au cours de l’été 2023, le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] avait sonné le tocsin en demandant à ses subordonnés d’utiliser « tous les leviers » à leur disposition pour enrayer une « baisse inhabituelle des effectifs globaux », les projections pour la fin d’année ayant suggéré que les objectifs en matière de recrutement et de fidélisation n’allaient pas être tenus. Il était alors question d’un « déficit » de l’ordre de 2000 postes.
En outre, il s’agissait aussi pour l’armée de Terre de « jouer » sur deux autres variables pour optimiser son recrutement, à savoir le taux de sélectivité et le taux de dénonciation de contrat durant la période probatoire. Or, alors qu’il doit être le plus élevé possible, le premier s’était effondré l’an passé, avec à peine plus d’un candidat pour un poste. Quant au second, il s’était élevé à environ 30 %.
En octobre, revenant sur ces chiffres au cours d’une audition parlementaire, le général Schill avait expliqué que la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT] cherchait à savoir si cette tendance était « structurelle », c’est-à-dire due à un vivier de recrutement en train de se tarir pour des raisons démographiques et/ou sociologiques, ou « conjoncturelle » car liée à un « contre-coup du covid », avec des classes d’âges ayant « souffert des confinements peut-être plus qu’on ne l’imaginait au départ ».
Puis, le CEMAT avait énuméré plusieurs mesures pour tenter d’inverser la tendance, dont le renforcement de la chaîne de recrutement, un nouvelle campagne de communication [qui ne devrait pas tarder à être dévoilée] et l’adaptation des processus de sélection, notamment en matière d’aptitudes médicales.
« Il ne s’agit pas de diminuer nos objectifs [sur le plan des aptitudes, ndlr] mais de les individualiser davantage en fonction des métiers et réfléchir à la notion d’aptitude immédiate puisque nous formons nos jeunes durant un an avant de les envoyer en opération », avait alors expliqué le général Schill. Puis, un nouveau type de contrat a été créé, à titre d’expérimentation : celui de volontaire découverte de l’armée de Terre [VDAT].
Un an plus tard, l’armée de Terre a visiblement corrigé le tir. C’est, en tout cas, ce qu’a affirmé le CEMAT dans un entretien publié par le Figaro, ce 12 septembre.
«L’armée de Terre doit recruter entre 15’000 et 16’000 soldats chaque année. Jusqu’en 2022, nous n’avions pas rencontré de difficultés. L’année dernière […], nous avons connu une alerte : moins de jeunes s’étaient présentés. Nous avons pris des mesures et nous avons ensuite atteint nos objectifs, même si nous n’avons pas rattrapé tout notre retard », a confié le général Schill.
Quant à ce « trou d’air » constaté l’an passé, selon le CEMAT, il avait à la fois des causes structurelles et conjoncturelles. Et de citer, pêle-mêle, la diminution des classes d’âges, la baisse du chômage et « l’écart sans doute croissant entre le style de vie de notre société et les impératifs des armées ». Mais il s’est aussi dit « persuadé qu’un facteur conjoncturel, lié à la génération qui avait entre 16 et 18 ans pendant le confinement, a joué ».
Quoi qu’il en soit, la tendance observée durant les neuf premiers mois de l’année est « satisfaisante ». Selon le général Schill, les « chiffres du recrutement » ont retrouvé leur niveau et la « fidélisation s’améliore ». Et cela, a-t-il dit, « grâce à des mesures spécifiques ».
Pour autant, devant être aussi menée pour renforcer la réserve opérationnelle, la « bataille des effectifs » est permanente… Et l’armée de Terre devra s’adapter pour tenir compte des facteurs structurels décrits par son chef d’état-major. La féminisation peut être un levier. « Notre campagne de recrutement s’adresse aussi aux jeunes femmes, dont nous avons besoin », a-t-il souligné dans les pages du Figaro.
Si les recrues doivent être formées au combat [« c’est le socle »], le général Schill a rappelé que l’armée de Terre recherche aussi des « profils diversifiés dans le numérique, le cyber, les drones, le renseignement, l’entretien mécanique », avec notamment 300 postes de plus ouverts en matière de numérique et de cyber, une centaine dans le domaine du renseignement et une cinquantaine « en ce qui concerne les drones ». « Nous avons besoin de jeunes à l’aise avec les nouvelles technologies pour être performants sur le champ de bataille 2.0 », a-t-il conclu.
Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont marqué un tournant dans l’histoire du sport français, avec un total de 62 médailles remportées, dont 16 en or. Ce record historique dépasse largement celui des Jeux d’Atlanta en 1996. Mais un élément majeur de cette réussite est à mettre au crédit des militaires français, qui ont brillé par leur contribution significative : 30 % des médailles françaises ont été remportées par des athlètes issus du ministère des Armées. Ce chiffre impressionnant montre l’importance du sport de haut niveau au sein des forces armées.
Une délégation militaire performante
Le général Sanzey, commandant du Centre national des sports de la Défense (CNSD), a souligné que les athlètes militaires représentaient seulement 13 % de la délégation olympique française, mais qu’ils ont remporté près d’un tiers des médailles. Parmi les 47 athlètes militaires et 8 parathlètes participant sous la bannière tricolore, certains noms se sont démarqués lors de ces Jeux.
Parmi eux, le soldat de première classe Luka Mkheidze a décroché une médaille d’argent en judo dans la catégorie des moins de 60 kg, tandis que la seconde maître de la Marine nationale Shirine Boukli a décroché le bronze en judo (moins de 48 kg). L’adjudant de gendarmerie Clarisse Agbégnénou, figure emblématique du judo français, a également ajouté une médaille de bronze à son palmarès. En dehors des tatamis, l’armée a aussi brillé avec des sportifs comme la surfeuse Johanne Defay, matelot de la Marine, médaillée de bronze, ou encore le maréchal des logis Maxime Petit, qui a remporté le bronze au fleuret par équipe.
Ces résultats montrent l’efficacité du dispositif mis en place par les armées pour soutenir les athlètes militaires. Ceux-ci bénéficient d’un cadre d’entraînement unique au sein du Bataillon de Joinville, où ils sont pleinement dédiés à leur préparation sportive tout en restant rattachés à l’institution militaire.
Une contribution active aux Jeux paralympiques
Les Jeux paralympiques 2024, qui débuteront le 28 août, mettront également en lumière des athlètes militaires d’exception. Huit parathlètes issus des forces armées participeront à ces compétitions. Parmi eux, des champions de renommée internationale tels que Luca Mazur, triple champion du monde de para-badminton, ou Rémy Boullé, vice-champion du monde de paracanoë-kayak. Ils seront accompagnés d’autres talents comme Fabien Lamirault et Matéo Boheas en para-tennis, ou encore Manon Genest en saut en longueur, qui avait terminé au pied du podium lors des Jeux de Tokyo.
Un soutien institutionnel sans faille
Le ministère des Armées dispose d’un programme dédié aux sportifs de haut niveau. Près de 200 athlètes bénéficient ainsi du statut militaire, leur permettant de concilier leur carrière sportive avec un engagement au service de la nation. Ces sportifs, bien que détachés de leurs fonctions opérationnelles pour se concentrer sur les compétitions, restent des représentants des forces armées françaises. Ils suivent chaque année des stages d’acculturation militaire et participent à des événements institutionnels.
Le général Sanzey insiste sur l’importance de ce modèle unique, qui repose sur des valeurs partagées par le sport et la défense : discipline, dépassement de soi, esprit d’équipe et résilience. Il souligne également que ces athlètes apportent une image positive des forces armées au grand public, en incarnant l’excellence française sur la scène internationale.
Un modèle de réussite et d’exemplarité
Le succès des athlètes militaires aux JO 2024 est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, mêlant préparation physique rigoureuse, suivi psychologique et encadrement technique de haut niveau. Le Bataillon de Joinville, institution emblématique de l’armée française, joue un rôle central dans cette réussite. Créé en 1852 pour promouvoir le sport au sein de l’armée, il continue aujourd’hui à former et soutenir les champions de demain.
Ce modèle de soutien aux sportifs militaires s’étend également aux disciplines paralympiques, permettant à des athlètes en situation de handicap de bénéficier des mêmes moyens pour atteindre l’excellence. Cette approche inclusive reflète l’engagement des armées à promouvoir l’égalité des chances et la diversité au sein de ses effectifs.
Une reconnaissance nationale et internationale
Avec 30 % des médailles françaises remportées par des athlètes militaires, les Jeux de Paris 2024 mettent en lumière l’impact du sport militaire sur la performance nationale. Cette contribution dépasse le cadre purement sportif, en renforçant les liens entre l’armée et la société civile. Le succès des athlètes sous l’uniforme est également une fierté pour les forces armées, qui voient dans ces performances un reflet de leurs valeurs et de leur engagement au service de la nation.
En attendant les Jeux paralympiques, la dynamique est lancée pour que ces sportifs militaires continuent de briller, prouvant une fois de plus que l’armée française est non seulement un pilier de la défense nationale, mais aussi un acteur incontournable du sport de haut niveau en France.
Ballon-Saint-Mars. 80 officiers de réserve sur les pas de la 2e DB
Le Maine Libre –Publié le
Ils étaient près de 80 officiers de réserve à se présenter samedi 3 août, derrière la mairie de Ballon-Saint-Mars, face au magnifique panorama où, 80 ans plus tôt, la 2e Division Blindée et les alliés ont repoussé l’ennemi.
Le lieutenant-colonel Christophe Gué, officier historien et tacticien a conduit les activités tout au long de la journée. Ces derniers suivent le cours supérieur des officiers de réserve spécialistes d’État-major, dispensé par l’École supérieure des Orsem (officiers de réserve spécialistes d’État-major).
Une école de prestige
Cette école délivre un enseignement militaire de haut niveau à des officiers de réserve de l’Armée de terre, dans le but de fournir aux forces armées des personnels aptes à occuper des responsabilités en état-major, en France comme à l’étranger. Cet enseignement bénéficie d’aménagements afin de permettre aux stagiaires réservistes de concilier l’engagement militaire avec les obligations civiles.
L’objectif de cette opération
Cette étude historique sur le terrain n’était pas une simple évocation des combats menés dans la zone d’action qui a vu progresser la 2e DB, mais il s’agissait d’une opération d’envergure ayant un objectif précis.
Tout en permettant aux participants de découvrir certaines pages méconnues de l’histoire militaire française, cette étude historique de terrain a pour objectif de contribuer à leur formation d’officiers d’État-major. Il ne s’agit pas de leur fournir des recettes prêtes à l’emploi, mais de les entraîner au raisonnement tactique. Les officiers vont devoir résoudre les problèmes qui se sont posés en août 1944, sur les lieux mêmes des combats qui ont fait rage dans la région de Ballon et d’Alençon, et dans la forêt d’Écouves explique le lieutenant-colonel Christophe Gué.
Une mise en situation comme en 1944
L’officier supérieur lance l’exercice en présentant les forces en présence, au début d’août 44. Les participants ont une connaissance du cadre géographique et de l’emplacement des troupes. Il présente la situation et les missions des unités françaises mais aussi alliées, sans oublier, celles des Allemands. Les officiers de réserve se sont transportés vers Dangeul, Mézières-sur-Ponthouin, sur les traces de la 2e DB vers de Rouessé-Fontaine, puis terminer la journée au château de Courtilloles, près de Champfleur.
– Adjudant Clarisse Agbegnénou : médaille de bronze en judo -63kg ;
– Sergent Léo Bergère : médaille de bronze en triathlon ;
– Sergent Anthony Jeanjean : médaille de bronze en BMX Freestyle;
– Maître Charline Picon: médaille de bronze en voile, en équipage de deux, série 49er FX;
– Sergent Sylvain André: médaille d’argent en BMX Racing;
– Sergent Romain Mahieu: médaille de bronze en BMX Racing;
– Maréchal des logis Lisa Barbelin: médaille de bronze en tir à l’arc.
Le dimanche 4 août, le sergent Yohan Ndoye-Brouard, SHND au sein de l’armée de Terre, a décroché la médaille de bronze avec son équipe,dans la course relais masculin 4 x 100 mètres
Le 4 août également, le sergent Enzo Lefort, SHND au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, et le maréchal des logis chef Maxime Pauty, SHND au sein de la Gendarmerie nationale, ont emporté le bronze au fleuret par équipe.
Modification des conditions du port de l’uniforme militaire par les réservistes de la réserve militaire, les anciens réservistes admis à l’honorariat de leur grade
Un arrêté du 26 juillet 2024, paru au J.O. du 1er aout, modifie l’arrêté du 14 décembre 2007 relatif au port de l’uniforme militaire par les réservistes.