JO 2024 : 20.000 militaires mobilisés pour assurer la sécurité

JO 2024 : 20.000 militaires mobilisés pour assurer la sécurité

20 000 militaires sont attendus lors des JO 2024 à Paris.

20 000 militaires sont attendus lors des JO 2024 à Paris. HJBC / stock.adobe.com

Près de 20.000 militaires seront mobilisés durant les Jeux olympiques de Paris cet été, a annoncé mardi le chef d’Etat-major de l’armée de Terre, Pierre Schill, lors d’un point presse à Metz.

«Les Jeux olympiques seront un moment extrêmement important pour notre pays. Ce moment important, les armées y seront, et on aura presque 20.000 hommes des armées et de l’armée de Terre déployés à ce moment-là», a-t-il déclaré lors d’un déplacement clôturant sa tournée en régions entamée à l’automne.

Ces hommes et femmes déployés pendant les JO devront «accompagner le parcours de la flamme» olympique, une partie des gardiens étant des militaires. En juillet et en août, «une partie (des militaires) sera mobilisée pour la protection, au sens large, des Jeux olympiques, en accompagnement des forces de sécurité intérieure», avec des missions Sentinelle «de contrôle général des espaces» ou pour «un certain nombre de mesures ou de missions spécifiques».

Les armées auront notamment la charge de la protection du port de départ de la cérémonie d’ouverture des JO sur la Seine, à Paris. «Ce déploiement, il est important qu’il soit anticipé», a-t-il précisé. Les armées vont créer, sur la pelouse de Reuilly, un lieu d’hébergement pour «plusieurs milliers de soldats». Le chef d’État-major de l’armée de Terre a par ailleurs évoqué les difficultés de recrutement rencontrées l’année dernière, évoquant «un trou d’air» nouveau pour l’armée française.

«Sur les 16.000 jeunes que nous recrutons chaque année, il y a une part importante qui est celle des militaires du rang (…) Cette année, 2.000 d’entre eux ne nous ont pas rejoints. Ce qui est une nouveauté. Jusqu’à présent nous étions capables de recruter en quantité et en qualité les militaires dont nous avions besoin», a-t-il indiqué.

Les explications à ce «trou d’air» peuvent être «structurelles» avec «des classes d’âge qui sont en train de diminuer» ou encore «peut-être qu’il y a un éloignement entre le mode de vie moyen et le mode de vie dans les armées». Elles peuvent aussi, selon lui, être «conjoncturelles», avec un potentiel «effet Covid», sur les adolescents confinés en 2020 et désormais en âge de s’engager, a encore détaillé M. Schill.

Mais «la tendance sur la fin de l’année se redresse», a observé M. Schill. Une campagne de recrutement visible «dans les rues» a par ailleurs été lancée. Et «au-delà de la question de l’attractivité pour ceux qui nous rejoignent, on a un enjeu à essayer de fidéliser davantage ceux qui sont dans le rang». Le général Schill a également mentionné «l’implantation, dans le Grand Est, dans les années à venir, d’une compagnie cyber», cette dimension étant «de plus en plus importante».

Sécurité aérienne : une piste pour détecter les turbulences avec des lasers

Sécurité aérienne : une piste pour détecter les turbulences avec des lasers

par Olivier Emile et Janine Emile – Revue Conflits – publié le 30 décembre 2023

https://www.revueconflits.com/securite-aerienne-une-piste-pour-detecter-les-turbulences-avec-des-lasers/


En novembre 2001, un Airbus A300 d’American Airlines parti de New York s’est écrasé deux minutes après le décollage, provoquant la mort des 260 personnes à bord. C’était peu de temps après les attentats aériens du World Trade Center, mais cette fois, l’accident avait des causes bien différentes : des turbulences de sillages, c’est-à-dire des structures tourbillonnantes fortes générées par le passage des avions, ce jour-là créées par un Boeing 747 de Japan Airlines qui avait décollé peu auparavant.

 

Plus récemment, un avion d’affaire Bombardier Challenger 604 a subi une chute de 3 000 mètres dans le sillage d’un A380. Plusieurs passagers ont été blessés et l’intérieur de l’avion a été détruit. Si des incidents sans gravité sont assez fréquents (un par mois), des accidents sérieux surviennent en moyenne tous les deux ans.

Un Cessna pris dans les turbulences de sillage d’un hélicoptère.

En plus d’être responsables de plusieurs catastrophes aériennes, elles sont un frein au développement aérien. En effet, afin de limiter leurs effets, un délai de sécurité arbitraire est imposé entre chaque avion au décollage et à l’atterrissage. Une distance de sécurité minimale doit aussi être respectée en vol – distance que n’ont probablement pas respectée Maverick et Goose dans Top Gun, perdant ainsi le contrôle de leur F-14.

Détecter directement ces turbulences de sillage et leur évolution pourrait permettre de réduire considérablement ces délais et distances, et d’optimiser la fréquentation des pistes des aéroports – renforçant la sécurité aérienne et réduisant les coûts d’utilisation.

Malheureusement, arriver à caractériser complètement un tourbillon, surtout un tourbillon gazeux, est assez difficile.

Si, dans le registre fictionnel, les chasseurs de tornades de Twisters avaient dû sacrifier une voiture, au péril de leurs vies, pour que des billes puissent être aspirées par la tornade et ainsi permettre, par leur écho électromagnétique, de caractériser complètement la tornade, dans la réalité, ce sont des avions avec un équipage qui vont collecter les informations au cœur des dépressions, dans des conditions évidemment très difficiles.

Pour éviter ces dangers, nous cherchons à développer un dispositif capable de sonder à distance ces tourbillons. Un tel dispositif pourrait aussi avoir un intérêt pour l’astronautique, en météorologie, mais aussi pour caractériser des sillages des éoliennes, si dangereux pour les oiseaux et qui peuvent s’étendre sur plusieurs centaines de mètres.

Turbulences de sillage derrière un avion.
tsuna72/Flickr, CC BY

Nous proposons dans notre étude récente d’exploiter un phénomène physique, l’effet Doppler rotationnel, pour mesurer la vitesse et l’évolution de ces tourbillons. Ceci pourrait se faire à relativement faible coût puisque cela nécessite l’emploi d’un simple laser et d’un détecteur, et serait adaptable aux sillages des éoliennes et à la mesure de tornades.

L’effet Doppler rotationnel

L’effet Doppler « usuel » est relatif au décalage en fréquence d’une onde (acoustique ou électromagnétique) lorsque l’émetteur et le récepteur sont en mouvement l’un par rapport à l’autre. Ce décalage est proportionnel à la vitesse relative entre eux. Il est utilisé notamment pour détecter les excès de vitesse par la maréchaussée, en utilisant des ondes radio ou optiques. Il est aussi utilisé en médecine, en autres, pour la mesure des flux dans les vaisseaux sanguins, à l’aide, cette fois-ci, d’une onde acoustique.

Il existe aussi un effet Doppler rotationnel, moins connu, qui est le pendant de l’effet Doppler usuel pour des objets en rotation.

Philéas Fogg s’en est bien aperçu dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours. En effet, la période du voyage, normalement de 80 jours, a été modifiée par la rotation propre de la Terre. Suivant le sens de parcours du tour du monde, cette période passe à 79 ou 81 jours.

Cela peut aussi se comprendre, à des temps plus courts, en regardant une horloge posée sur un tourne-disque en rotation. L’horloge ne tourne pas à la même vitesse si l’on se place sur le tourne-disque ou dans la pièce dans laquelle est placé le tourne-disque.


Une horloge tourne lentement. Lorsqu’elle est placée sur un tourne disque qui tourne plus rapidement, les vitesses de rotation s’additionnent et un observateur voit l’horloge tourner très vite.

Olivier Émile, Fourni par l’auteur

Pour pouvoir utiliser l’effet Doppler rotationnel avec des ondes, celles-ci doivent « tourner ». Ce n’est pas le cas avec les ondes habituelles (planes).

Par contre, il existe des ondes qui ressemblent aux pâtes italiennes « fusilli », et qui tournent à une vitesse proportionnelle à la fréquence de l’onde. Elles sont appelées ondes à moment angulaire orbital ou OAM en anglais.

La lumière rétrodiffusée par des objets en rotation ne tourne plus. Elle n’a plus la forme d’un fusilli. De plus elle se trouve être décalée en fréquence d’une quantité proportionnelle à la fréquence de rotation de l’objet et aux caractéristiques du « fusilli ». En mesurant ce décalage, il est possible mesurer la vitesse de rotation du tourbillon.

le principe de la détection avec les ondes « fusili »
La lumière diffusée par un objet en rotation subit un décalage en fréquence proportionnel à la fréquence de rotation.
Olivier Émile, Fourni par l’auteur

Sonder à distance les tourbillons

Notre équipe travaille depuis quelques années sur les ondes « fusilli », sur leur génération, leur détection et leur utilisation pour faire tourner des objets à l’aide de la lumière.

Nous avons récemment réussi à complètement caractériser un tourbillon liquide « modèle » généré par un agitateur magnétique dans un récipient, en utilisant des ondes optiques en forme de fusilli générées par un laser, et en étudiant la fréquence de la lumière diffusée par l’eau du tourbillon.


Le décalage Doppler rotationnel de la lumière diffusée par le liquide en rotation permet de remonter à la distribution des vitesses dans le tourbillon.

Olivier Émile, Fourni par l’auteur

En particulier, nous avons mesuré la distribution des vitesses angulaires à l’intérieur du tourbillon et, en même temps, nous pouvons effectuer une cartographie dans l’axe du tourbillon. En d’autres termes, nous pouvons connaître la distribution des vitesses de rotation du tourbillon en trois dimensions.

Actuellement, nous essayons de reprendre cette expérience sur un tourbillon gazeux généré par une dépression, en laboratoire, avant d’effectuer ces expériences en situation réelle.

Olivier Emile, Enseignant chercheur en physique et Janine Emile, Professeur en physique

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Génération Kalachnikov

par Pierre-Marie Giraud (avec l’AFP) – L’Essor – publié le lundi 25 décembre 2023

Bourreaux ou victimes, ils sont mineurs et de plus en plus nombreux. Les règlements de comptes meurtriers, liés aux trafics de drogue, voient une présence croissante de très jeunes tueurs à gage utilisant le redoutable fusil d’assaut kalachnikov contre d’autres jeunes. (MIS A JOUR)

Un fusil d'assaut AK-47 (Photo d'illustration: D-G.Sommavilla/Pexels)

Un fusil d’assaut AK-47 (Photo d’illustration: D-G.Sommavilla/Pexels)

Comme à Marseille, épicentre de ces « narcomicides« , où parmi les 48 personnes tuées en 2023 dans le cadre de trafics de drogues, sept étaient des mineurs et où, parmi les 118 blessés, figuraient 18 mineurs. Des chiffres révélés par le procureur de Marseille Nicolas Bessonne. Le magistrat ajoutait que, sur la totalité des personnes mises en examen pour homicides ou tentatives d’homicides, 11 % étaient mineurs (six au total) et 51 % âgés de 18 à 21 ans.

Fin novembre, le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux, révélait que sur 450 victimes recensées en France en 2023, 30 % avaient moins de 20 ans et que 20 % des auteurs de ces homicides avaient de 16 à 19 ans. Début avril à Marseille, Mattéo, tout jeune majeur, a été mis en examen pour l’assassinat de deux adolescents de 15 et 16 ans.

L’AK-47 comme dénominateur commun

Le bureau régional de l’AFP dans le Midi décompte soigneusement le nombre d’assassinats liés à la drogue dans la cité phocéenne: de 2016 à 2023, plus de 180 personnes ont été tuées! Un chiffre supérieur à celui des attentats sanglants de 2015 à Paris (Charlie-Hebdo, Hyper Cacher, Bataclan, terrasses) qui avaient totalisé 150 morts. Dans ces deux séries sanglantes, le même et seul point commun: l’utilisation dans la grande majorité des cas du fusil d’assaut automatique AK-47.

Arme robuste, fiable, et simple à utiliser, cette kalachnikov possède un calibre 7,62 mm, à comparer avec celui du pistolet semi-automatique Colt 45 (11,43 mm), l’arme des règlements de comptes pendant les décennies de l’après-guerre. Les balles d’AK-47 sont beaucoup plus rapides et possèdent une portée bien supérieure à une arme de poing. La munition de 7,62 mm sort en effet du canon de la kalachnikov à la vitesse de 720 mètres par seconde (m/s), trois fois plus vite que la balle de 11,43 mm du colt 45. Elle pénètre en vrillant dans les corps, aggravant les blessures. De plus, les 32 cartouches d’un chargeur du fusil d’assaut AK-47 peuvent être lâchées, en trois secondes, en mode rafale. Il faut cinq secondes pour tirer les 8 balles d’un Colt 45.

Complexité de la prise en charge médicale

Une seule et même balle de kalachnikov peut traverser successivement trois corps humains, rappelle un expert en balistique. Les chirurgiens marseillais qui opèrent régulièrement des victimes touchées par des balles d’AK-47, connaissent bien les dégâts provoqués par cette arme, et bien souvent irréversibles. Un médecin-chef, ancien médecin des commandos marine qui a participé à de nombreuses opérations extérieures (Opex), expliquait ainsi il y a cinq ans à L’Essor: « La balle de 7,62 mm, très puissante et lourde (9,8 grammes), possède une grosse force d’impact » . Il ajoutait que la gravité de la blessure était due au fait que la même balle pouvait toucher plusieurs organes. C’est une balle « full metal jacket » (entièrement métallique) qui cause des lésions profondes et d’importantes hémorragies. Au niveau de l’abdomen, elle peut toucher à la fois la rate et le foie. Il notait également que 25 à 40% des ces blessés sont hémorragiques. Il faut donc « en priorité contrôler l’hémorragie, entamer une transfusion très rapidement avant d’entamer l’opération dans l’heure qui suit«  la survenue de la blessure par balle.

Victimes collatérales

Autre effet de la puissance et de la portée d’une balle de kalachnikov, l’augmentation du nombre des victimes collatérales. À Marseille en 2023, quatre personnes, qui n’avaient absolument rien à voir ni de près ni de loin avec le trafic de stupéfiants, ont été tuées. Le cas le plus emblématique reste celui de Socayna. Cette étudiante de 24 ans avait été tuée d’une balle de 7,62 mm dans la tête alors qu’elle travaillait dans sa chambre, au 3e étage d’une immeuble au pied duquel deux bandes rivales s’affrontaient au fusil d’assaut.

Au fil des ces dix dernières années, la kalachnikov est devenue une arme de guerre qui est de plus en plus facile à se procurer sur le marché clandestin, pour quelque 1.500 euros pièce en moyenne, munitions comprises. Ce qui n’est pas un problème pour le milieu des trafiquants où un point de deal peut dépasser les 10.000 euros de recette quotidienne. Un spécialiste des armes rappelle à L’Essor que l’AK-47 a été fabriquée à cent millions d’exemplaires en Russie, en Chine et dans les ex-pays de l’Est, sans compter ses multiples copies. C’est un arme robuste qui ne demande pas beaucoup d’entretien, qui s’enraye rarement et ne craint pas trop l’eau ou le sable.

Facile à prendre en main

En quelques heures, un néophyte peut la prendre en main. Elle n’a pas pratiquement pas de recul, peut tirer au coup par coup ou en rafale. Son chargeur courbe peut contenir 30 balles. En scotchant deux chargeurs l’un sur l’autre, le tireur peut changer en quelques secondes son chargeur et lâcher 60 balles en une dizaine de secondes avec une portée précise jusqu’à 400 mètres. Facilement transportable dans un sac à dos avec six chargeurs, elle donne au tireur une puissance de feu de près de 200 balles. Il suffit de tenir fermement le dessus de canon pour éviter que les balles ne soient tirées vers le haut.

Pour toutes ces raisons, la « kalach » est devenue l’arme à la mode dans les règlements de comptes. Elle fascine les plus jeunes qui la considèrent comme un objet de jeu vidéo et non comme une arme qui fauche indistinctement jeunes et moins jeunes.

(Article mis à jour avec le 48 e tué avec une fusil d’assaut à Marseille depuis le début de 2023)

Le ministère de l’Intérieur veut s’équiper de LGBT (lance grenades bitubes)

Le ministère de l’Intérieur veut s’équiper de LGBT (lance grenades bitubes)

 

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 14 décembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/12/12/lance-grenades-bi-tubes-24297.html


Police et gendarmerie vont percevoir des lance-grenades bitubes selon un avis (n° 23-170724) publié le 9 décembre 2023. Cet avis porte sur l’acquisition de lance-grenades de calibre 40X46 et de leurs accessoires au profit des forces de la sécurité intérieure.

Le marché porte précisément sur 800 (au minimum, 3000 au maximum) lance-grenades d’une capacité de tir de deux coups, de calibre 40 × 46 , tirant 1 coup par canon, destiné au tir des munitions de maintien de l’ordre. Ce type de lanceur doit être équipé d’une poignée « pistolet » ainsi que d’une crosse fixe et /ou télescopique. 

Le marché, d’une valeur estimée à 5,3 millions d’euros, comporte trois lots:
-Lot n°1 : lance-grenades calibre 40 × 46, pièces détachées correspondantes et formation initiale ;
Poste 1 : Lance -grenades calibre 40 x 46;
Poste 2 : Ensemble des pièces détachées nécessaires à la maintenance et à la réparation du lance-grenade par l’administration ; Poste 3 : Formation initiale portant sur l’entretien, la maintenance, le contrôle et la réparation du lancegrenade ;
Poste 4 :Fourniture initiale de 20 jeux d’outillage permettant le contrôle des armes ;

– Lot 2 : housse de transport ;

– Lot 3 : brêlage permettant l’emport de 20 grenades.

Pourquoi en acheter des nouveaux ? Maxime Sirvins, du média politis_fr, l’explique dans un récent article: « Une partie de la réponse peut se trouver dans le fait que les lanceurs multicoups actuels ont tendance à s’enrayer en plus d’une transition progressive du 56mm au 40mm (comme le lanceur du Centaure par exemple). » Son article, très bien documenté, est à lire ici

Parmi les armes de ce type, citons le Flas

Lutte contre l’insécurité Inadaptée et inefficace

Lutte contre l’insécurité
Inadaptée et inefficace

par Eric Stemmelen (*) Esprit Surcouf – publié le 10 mars 2023
Commissaire divisionnaire honoraire de la Police Nationale  

https://espritsurcouf.fr/securite_lutte-contre-l-insecurite-inadaptee-et-inefficace_par_eric-stemmelen-n209-100323/


Dans une de nos précédentes publications, l’auteur nous alertait, chiffres à l’appui, sur  l’augmentation de l’insécurité. Il complète ici son propos, en dressant un inventaire, non exhaustif, des défaillances et des dysfonctionnements des Pouvoirs Publics et de nos Institutions. Ses idées sont partisanes, bien sûr, mais il sait nous montrer qu’incontestablement, il y a des choses qui « ne collent pas », à commencer par les zones de non-droit.

 

La France compte 1 000 zones de non droit. Des immeubles, des quartiers entiers sont sous la coupe d’individus ayant leurs propres règles, basées sur l’usage systématique de la violence, les profits criminels et les régressions communautaristes. L’autorité de l’Etat ne s’y immisce que sous forme d’actions policières ponctuelles totalement inefficaces. L’envoi d’une compagnie de CRS n’a que peu d’effets, car au bout de quelques jours, et dans le meilleur des cas de quelques semaines, les CRS s’en vont et les trafiquants reviennent.

Cette incapacité de l’Etat est flagrante dans les émeutes à base criminelle qui présentent toutes des caractéristiques similaires. Une bande d’individus, plusieurs centaines parfois, créent des désordres importants basés sur la violence, pour systématiquement contester une décision de justice ou se heurter aux forces de l’ordre (et plus généralement aux représentants des services de l’Etat, pompiers, médecins,…).

Ces émeutiers ont une caractéristique que personne ne veut reconnaître, à savoir leur appartenance à ungroupe ethnique facilement identifiable, originaire du Maghreb ou de l’Afrique sub-saharienne. Ces émeutes sont la traduction non seulement du refus d’obéir aux lois mais aussi du refus d’être citoyen, car l’appartenance au groupe, à l’ethnie prime sur l’appartenance à la communauté française. Ce n’est pas une question de couleur de peau mais de culture. On ne trouve quasiment jamais dans ces groupes nos compatriotes de la Réunion, de Guadeloupe ou de Martinique.

Les manques systématiques de la République face aux délinquants et aux criminels ont pour conséquence le découragement de forces de l’ordre désabusées, en porte à faux dans leur mission. Des gouvernements (de droite comme de gauche) fixent aux policiers des objectifs inspirés du secteur privé, alors que le seul objectif doit être le respect de la loi. Fixer des objectifs de rentabilité en se basant sur le nombre de garde à vue n’est pas pertinent : la garde à vue ne préjuge en rien de la décision judiciaire qui va suivre. Ce qui compte, ce n’est pas la peine encourue mais la peine prononcée et effectivement exécutée,  ce qui compte ce n’est pas la nature de la peine mais la certitude d’avoir une peine. Tout le reste n’est que de la communication.

LÉGISLATION ET PRATIQUES JUDICIAIRES

Les incohérences des textes législatifs et la pratique judiciaire mettent à mal aux yeux des citoyens la lisibilité et la crédibilité de la justice. Au fil des années les crimes sont devenus des délits, les délits des contraventions, les contraventions des incivilités et ces dernières sont devenues  un mode de vie habituel. Le code pénal et le code de procédure pénale, trop complexes, favorisent les recours et les nullités de procédure au détriment d’une bonne justice. De dangereux individus sont ainsi remis en liberté, car non jugés dans des délais raisonnables au regard des textes européens. 

 

 

Photo justice.gouv.fr

Une des caractéristiques de la justice pénale française est sa lenteur excessive, ce qui est catastrophique pour l’exemplarité et la signification même de la peine. Un pays démocratique comme la Norvège a mis 1 an pour juger de façon définitive Anton Breivik, auteur d’un massacre de dizaines de personnes. Combien d’années en France pour les auteurs des attentats à Charlie Hebdo ou au Bataclan avant d’arriver à une décision définitive ?

La notion même de détention provisoire à la place de détention préventive est significative de l’état d’esprit du législateur. Il préfère limiter dans le temps la privation de liberté, plutôt que d’affirmer le nécessaire besoin pour la société de mettre à l’écart des individus dangereux. Parfois, les  mots employés dans les affaires pénales n’ont plus de sens : la réclusion criminelle à perpétuité est la sanction la plus lourde depuis l’abolition de la peine de mort. Or cette peine prononcée est immédiatement atténuée par la notion de peine incompressible comme si le mot perpétuité ne signifiait plus rien.

Les permissions de sortie  sont devenues la règle, comme les remises de peine, devenues automatiques. Et que dire des peines de prison fermes prononcées à l’audience, mais non exécutées faute de mandat de dépôt.

Les mesures répressives sont d’une faiblesse insigne. 97% des auteurs de délits, multirécidivistes ou multi-réitérants, ne sont jamais condamnés à une peine de prison ferme.

90% des peines de prison prononcées sont inférieures ou égales à 2 ans. Les lois Dati et Taubira, constatant l’engorgement des prisons, permettent à des condamnés à moins de 2 ans

d’incarcération à ne pas exécuter leur peine. En d’autres termes les parlementaires ont voté des lois visant à ne pas appliquer la loi, plutôt que de construire en nombre suffisant des établissements pénitentiaires  pour exécuter des décisions de justice prononcées au nom du peuple français.

La question des prisons ! Voilà un autre grave dysfonctionnement sécuritaire. 450 individus condamnés à des peines supérieures à 5 ans, qui ne sont donc pas de petits délinquants mais de dangereux multirécidivistes, sont en liberté faute de places derrière les barreaux.

DES PRISONS SURPEUPLÉES

L’administration pénitentiaire dispose de  60 670 places de  prison  Au 1er janvier 2023, 72 173 personnes étaient détenues dans les prisons françaises, en augmentation de 4,2 % par rapport à 2022. A ce chiffre, il faut ajouter 14 561 écroués non détenus (sous surveillance électronique ou en placement extérieur). La population carcérale comprend 20% de prévenus en attente de jugement.

La France est en proie à une surpopulation carcérale chronique qui contraint deux à trois personnes, parfois plus, à partager des cellules de 9m2. Chaque nuit, ils sont 2111  à dormir  sur des matelas posés à même le sol, un chiffre en augmentation de 33,6 %  en une seule année, ce qui est un véritable scandale.

La législation européenne, et surtout la législation française depuis une loi de 1875, imposent la règle d’un détenu par cellule. Cette loi n’a quasiment jamais été appliquée, faute de volonté politique. Or la criminalité, notamment violente, a été multipliée par 4 en 40 ans ? Si aujourd’hui, on incarcérait autant de monde que dans les années soixante, il faudrait avoir 250 000 places de prison, soit 4 fois plus que les chiffres actuels..

La prison de Loos, près de Lille, est abandonnée depuis plus de dix ans. Mais on s’attend à voir les matons déambuler sur la coursive. Photo DR

A chaque élection revient le thème de la politique de tolérance zéro : effet d’annonce sans réelle portée concrète. Car si on se base sur les expériences menées aux Etats Unis, et si on les rapporte à la population française, il faudrait incarcérer 400 000 personnes, ce qui bien évidemment n’arrivera jamais ! Outre le manque de places de prison, ce qui est encore plus significatif de l’état de délitement de la société, c’est le chiffre d’environ 25 000 condamnés à de la prison ferme, dont la peine ne sera jamais exécutée !

Ces dernières années, la France a eu à subir de nombreux attentats terroristes  commis quasi-exclusivement par des individus violents, ayant un passé de criminel ou de délinquant, et qui se sont radicalisés au nom de l’Islam au cours de séjours en prison. Or, cette radicalisation a une cause essentielle : les contacts entre détenus et avec l’extérieur. La réponse du gouvernement et de l’administration pénitentiaire a longtemps été confuse (isolement-regroupement- échecs des expériences de dé-radicalisation). Le regroupement des terroristes, soit dans un quartier spécialisé, soit dans un même établissement pénitentiaire, n’est en aucune façon un isolement qui par définition interdit tout contact entre détenu. Le fait de pouvoir se déplacer en groupe et d’avoir le droit d’échanger des propos ne peut que favoriser la radicalisation.

Comme l’indiquait Jack Lang dans un courrier adressé au Premier Ministre Manuel Valls en 2014, on estime que deux-tiers des détenus sont de confession musulmane, chiffre à rapporter aux statistiques relatives à la population musulmane vivant en France. Elle est estimée d’après les sondages à 23 %, mais serait en réalité de 8 et 10 %, à en croire un article du journal le Monde de janvier 2015. On ne peut avoir aucune certitude sur ces chiffres, car la loi du 6 janvier 1978 dite « loi informatique et libertés » interdit les statistiques ethniques et religieuses.

L’AVIS DU CITOYEN

La criminalité, notamment celle des actes violents, est en augmentation, comme le sentiment d’insécurité. La confiance entre la population d’une part, et la police et la justice d’autre part,  est indispensable en démocratie, car c’est l’Etat qui doit avoir le monopole de la violence légitime.

En février 2022, le centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) chiffre à 72% la confiance des Français dans leur police, mais à 60% seulement en ce qui concerne les 18-24 ans, chiffre qui passe à 30% pour les jeunes d’Ile de France. Si la confiance dans l’armée atteint 83%, celle dans la justice tombe à 46%.

En ce qui concerne les contacts entre police et population, 41 % des français estiment que la police n’est pas accessible. 37 % d’entre eux estiment que la police ne traite pas les citoyens avec respect, alors 45 % des jeunes ont la même opinion. A comparer avec les 60% des jeunes Britanniques et les 71% des jeunes Allemands qui sont satisfaits de leurs rapports avec la police. En réalité plus une police est indépendante du pouvoir politique, comme dans les pays anglo-saxons, plus la confiance avec la population est élevée.

En regardant l’évolution de la criminalité et de l’insécurité sur les 50 dernières années on ne peut finalement s’empêcher de penser que l’adage « c’était mieux avant » a un fond de vérité.

(*) Eric Stemmelen, commissaire divisionnaire honoraire, a effectué sa carrière en France et à l’étranger. En France, d’abord à la direction centrale de la police judiciaire, puis dans les organismes de formation et enfin au service des voyages officiels. Responsable de la sécurité des sommets internationaux et des conférences internationales, chargé de la protection rapprochée des Chefs d’Etat et de Gouvernements étrangers, il a été  mis comme expert à la disposition du ministère des affaires étrangères, pour la sécurité des ambassades françaises, de leur personnel et des communautés françaises dans de nombreuses capitales (Beyrouth, Kaboul, Brazzaville, Pristina, entre autres). Diplômé de l’Académie Nationale du FBI, auditeur de l’IHESI, il est aujourd’hui consultant et expert dans les domaines de la  Sécurité (au Conseil de l’Europe, par exemple).