Coronavirus: l’armée «se bat avec tout ce qu’elle a» et ce n’est pas beaucoup

Coronavirus: l’armée «se bat avec tout ce qu’elle a» et ce n’est pas beaucoup

Porte-hélicoptères, Airbus, hôpital de campagne : les moyens militaires spectaculaires masquent la paupérisation de ses capacités sanitaires


Hôpital de campagne de Mulhouse

Hôpital de campagne de Mulhouse © Sipa Press

L’élément mobile de réanimation (EMR) de 30 lits déployés à Mulhouse devait accueillir ses premiers patients dans la journée de lundi. Douze malades ont été transportés, dimanche, par la Marine nationale d’Ajaccio vers Marseille, alors que l’Armée de l’air en a convoyé autant en deux vols d’Airbus la semaine dernière.

La crise du Covid-19 permet de mieux mesurer la faiblesse des moyens dont dispose l’armée française en matière sanitaire. A l’heure du bilan, la « paupérisation » du Service de santé des armées (SSA) fera l’objet sans doute de « messages percutants », anticipe un responsable tenu à l’anonymat. « Ce débat, nous l’aurons ! », promet le député (LR, Haute-Marne) François Cornut-Gentille, spécialiste des questions de défense.

Un Airbus, un porte-hélicoptères et un hôpital de campagne : largement diffusées, les images sont spectaculaires, mais la contribution des armées reste quantitativement bien modeste. « Nous nous battons avec tout ce que nous avons », explique un officier général alors que la directrice du SSA Maryline Gygax Généro reconnaît, dans le Journal du Dimanche, que « mes moyens ne sont pas illimités. »

Les cinq hôpitaux militaires directement mobilisés disposent au total de 117 lits consacrés au traitement du Covid-19, dont 40 en réanimation. Il faut y ajouter les 30 lits de l’EMR (élément mobile de réanimation), l’hôpital de campagne en cours d’installation à Mulhouse. Au total, 70 lits de réanimation sont donc fournis par les armées.

Déploiement. Le délai de déploiement de l’hôpital de campagne a posé question. Il aura fallu sept jours entre l’annonce par le chef de l’Etat, le 16 mars, et l’accueil des premiers patients qui devait alors lieu ce lundi. Les militaires sont partis mercredi matin de La Valbonne pour prendre en compte le matériel à Orléans avant d’aller l’installer durant le week-end à Mulhouse. « En réalité, nous sommes allés plus vite que prévu. Initialement, nous pensions qu’il faudrait onze jours et la mobilisation des personnels a fait la différence », explique une source au cœur du dossier.

Cet élément mobile de réanimation (EMR) a dû être monté de toutes pièces, par le Régiment médical, en assemblant cinq modules de six lits. C’est la première fois qu’un tel « mécano » est testé in vivo. Surtout, il a fallu trouver le personnel pour le faire fonctionner – soit 148 personnes, dont de nombreux médecins spécialistes.

L’autre contribution des armées est le transport des malades pour désengorger les hôpitaux surchargés. 24 l’ont été jusqu’à présent. Les moyens employés sont très impressionnants, notamment le porte-hélicoptères Tonnerre, un bateau de 20 000 tonnes, qui est allé chercher dimanche douze patients à Ajaccio pour les transférer à Marseille. La Corse ne possède que 46 lits de réanimation.

A deux reprises déjà, un Airbus A330 de l’armée de l’air a transporté six patients depuis Mulhouse, vers d’autres hôpitaux du Sud et du Sud-Ouest. Ce nouvel avion baptisé Phénix est à la fois un ravitailleur en vol et un appareil de transport qui peut être configuré en ambulance, grâce à un kit «  Morphée  » (Module de Réanimation pour Patient à Haute Elongation d’Evacuation).

Toutefois, cette « capacité opérationnelle » acquise en 2006 n’est pas sans limitation. Sachant que 1) l’armée de l’air ne possède que deux kits Morphée, 2) qu’après chaque vol, « deux à trois jours » de reconditionnement (notamment pour la désinfection) sont nécessaires, 3) qu’un kit Morphée doit rester en alerte pour une éventuelle évacuation sanitaire de blessés en Opex, on peut en conclure que l’armée de l’air peut effectuer trois vols sanitaires par semaine. Soit moins de vingt patients en réanimation.

Par ailleurs, les militaires spécialisés dans la défense NRBC (nucléaire, radiologique, balistique et chimique) du 2e régiment de Dragons ont participé en fin de semaine dernière à la « désinfection » de l’Assemblée et du Sénat, en conseillant et contrôlant une entreprise privée. C’est ainsi que les parlementaires ont pu voter la loi d’urgence sanitaire. Enfin, le ministère des Armées a livré, le 18 mars, 5 millions de masques qui étaient entreposés à côté d’Orléans.

Logique expéditionnaire. « Et tout ça pour la première armée d’Europe ! », s’emporte un très haut gradé, reprenant l’expression du président Macron lors des vœux aux armées de 2019. Cet état de fait ne doit pourtant pas surprendre : depuis le milieu des années 1990, les armées françaises ont été réorganisées dans une logique expéditionnaire, tout en préservant ce que les documents officiels qualifient parfois un peu pompeusement de « modèle d’armée complet ». Complet, certes, mais à des niveaux quantitatifs tellement faibles que d’aucuns, sous l’uniforme, parlent d’« échantillonaires ».

Au-delà de l’apport aussi réel que limité des armées à la lutte contre le Covid-19, la communication du pouvoir sur la mobilisation des armées vise à rassurer une population angoissée. C’est un grand classique, déjà observé lors des attentats de 2015. Mais beaucoup de Français en sont restés à une image ancienne de l’armée, celle des guerres de masse avec de vastes moyens en réserve. À l’occasion de cette crise, ils risquent de mesurer qu’il n’en est plus rien.

Covid-19 : La Direction générale de l’armement impliquée dans la recherche d’alternatives aux masques médicaux

Covid-19 : La Direction générale de l’armement impliquée dans la recherche d’alternatives aux masques médicaux

http://www.opex360.com/2020/03/22/covid-19-la-direction-generale-de-larmement-impliquee-dans-la-recherche-dalternatives-aux-masques-medicaux/


Covid-19 : Le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre va évacuer des malades d’Ajaccio

Covid-19 : Le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre va évacuer des malades d’Ajaccio

http://www.opex360.com/2020/03/20/covid-19-le-porte-helicopteres-amphibie-tonnerre-va-evacuer-des-malades-dajaccio/

Pourquoi déployer un hôpital de campagne en Alsace prend-il du temps?

Pourquoi déployer un hôpital de campagne en Alsace prend-il du temps?

Mulhouse: la mise en place de l’élément militaire de réanimation commence

Mulhouse: la mise en place de l’élément militaire de réanimation commence

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 21 mars 2020

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/

 

mulhouse2.jpg

Les premiers éléments du convoi militaire transportant l’hôpital de campagne qui doit aider à désengorger l’hôpital de Mulhouse sont arrivés ce samedi matin à destination (photo AFP).

Cet hôpital de campagne (un Element militaire de réanimation, plus précisément) comptera 30 lits de réanimation et une centaine de membres du personnel soignant. Il doit concourir à désengorger l’hôpital de Mulhouse, totalement saturé par un afflux croissant de malades du coronavirus, la commune étant l’un des principaux foyers épidémiques du pays.

mulhouse.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur les 16 camions de la brigade logistique de l’armée de terre qui avaient quitté Chanteau (près d’Orléans) pour Mulhouse vendredi matin (photo ci-dessous, Minarm), six sont arrivés un peu avant 7h à proximité de l’hôpital civil Emile Muller, escortés par des véhicules et des motards de la police. 

 

emr.jpg

 

L’hôpital de campagne doit être installé sur le parking habituellement réservé aux personnels de l’établissement hospitalier civil, où une tente et des camions de transport de troupes avaient déjà été positionnés vendredi, ainsi qu’un groupe électrogène.

Constitué à partir d’éléments habituellement utilisés lors d’opérations extérieures pour « des actes de soins de chirurgie de combat lourds », cet équipement a été reconfiguré « afin de l’adapter au besoin spécifique du COVID-19 (réanimation, ventilation) », selon un communiqué du ministère des Armées.

 

ema mulhouse.jpg

 

Ce communiqué précise que:
« Capacité spécifique du Régiment médical (RMED) de La Valbonne, l’EMR sera armé par du personnel du Service de santé des armées et de ce régiment de l’armée de Terre. Avant son déploiement à Mulhouse, le personnel a procédé à la préparation de l’infrastructure de l’EMR à Chanteau près d’Orléans (45), au sein de la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA).
L’EMR (élément militaire de réanimation) est constitué à partir d’éléments habituellement maintenus en réserve pour déployer des antennes médico-chirurgicales en opérations extérieures, pour des actes de soins de chirurgie de combat lourds nécessitant une configuration particulière. La mise en place de cet EMR consiste à reconfigurer la structure afin de l’adapter au besoin spécifique du COVID-19 (réanimation, ventilation). Il est également indispensable de définir, mettre en place et tester préalablement la structure d’accueil de ces modules, pour ce besoin très particulier de traitement des patients atteints d’une pathologie lourde comme le COVID-19. Ce test a été accompli dans la nuit de jeudi à vendredi.« 

Les hôpitaux militaires ne pèsent que 1% de l’hôpital public

Les hôpitaux militaires ne pèsent que 1% de l’hôpital public

 


Le président de la République a annoncé lundi soir qu’un hôpital militaire de campagne d’une trentaine de lits serait déployé en Alsace. L’armée de l’air participeront aux déplacements de malades d’une région à l’autre avec le module Morphée.

(Extrait d’un article de l’Opinion)

Avec la crise du coronavirus, le grand public risque de découvrir que les moyens des armées sont limités. Un officier pointe le décalage « entre ce que les gens attendent de l’armée et ce qu’elle peut faire pour eux ». Le cas de Service de santé des armées (SSA) est à cet égard révélateur, car les moyens hospitaliers militaires représentent à peine 1 % de l’hôpital public : 1 750 lits sur 250 000 et 2 300 médecins sur 223 000. En se réorganisant, le SSA va pouvoir mettre à disposition des urgences de l’ordre de 70 lits supplémentaires, avec tout le personnel nécessaire, dans les huit hôpitaux d’instruction des armées (HIA, c’est leur nom officiel) que compte le pays, à Clamart, Saint-Mandé, Brest, Bordeaux, Marseille, Toulon, Lyon et Metz.

Depuis une vingtaine d’années, avec la fin du service national, les capacités d’accueil des HIA ont été fortement réduites. Ils participent en permanence au service public hospitalier, en accueillant des civils, mais leur priorité reste le soutien des forces, notamment pour les blessés en opérations. Jeudi dernier, la ministre des Armées Florence Parly s’était rendue à l’hôpital Bégin, à Saint-Mandé, pour rappeler l’engagement du SSA contre l’épidémie, mais « à la hauteur de ses moyens ».

Evasans de Mulhouse à Toulon: l’armée de l’air élargit son théâtre d’opérations

Evasans de Mulhouse à Toulon: l’armée de l’air élargit son théâtre d’opérations

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 18 mars 2020

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/

 

Le docteur Marc Noizet, chef des urgences de l’hôpital de Mulhouse (Haut-Rhin), a annoncé mardi qu’une première évacuation sanitaire de malades du coronavirus sera effectuée par avion militaire depuis l’hôpital de Mulhouse jusqu’à l’un des deux établissements (dont un hôpital des armées) de Toulon (Var). 

Le cabinet de la ministre des Armées promet des informations sur ces Evasans (évacuations sanitaires), ainsi que sur les modalités de déploiement de l’EMR (élément militaire de réanimation). La ministre pourrait s’exprimer plus longuement ce mercredi. Elle a pour l’instant seulement confirmé l’évacuation de 6 patients.

Cette première évacuation sanitaire militaire va se dérouler également ce mercredi, selon l’AFP.

« Je pense que c’est la première en France, je ne connais pas de situation sanitaire qui ait nécessité qu’on déplace (autant de) malades de réanimation d’un bout à l’autre de la région et de la France », a souligné le Dr Noizet. La décision a été « prise (lundi) soir » par le gouvernement, a-t-il indiqué soulignant qu’il s’agissait d’un « dispositif d’exception ».

Les patients seront transportés à bord d’un « quadrimoteur » (MRTT ou C-135FR?) de l’armée de l’Air « déjà équipé de six cellules de réanimation ».

morphee.jpg

Suite au discours présidentiel de lundi, le ministère des Armées a évoqué le déploiement du module de réanimation Morphée qui permet de transporter dans des conditions de prise en charge adaptées entre six et douze patients.

Foyer majeur de la maladie depuis un grand rassemblement évangélique fin février à Mulhouse, le Haut-Rhin a déjà enregistré à lui seul 688 cas de coronavirus et 30 décès. Lundi, Josiane Chevalier, la préfère de la région Grand Est, a déclaré que les capacités de réanimation des hôpitaux du Haut-Rhin sont saturées.

Le Service de Santé des Armées a mis au point un nouveau gilet pare-balles capable d’absorber les impacts

Le Service de Santé des Armées a mis au point un nouveau gilet pare-balles capable d’absorber les impacts

http://www.opex360.com/2019/12/29/le-service-de-sante-des-armees-a-mis-au-point-un-nouveau-gilet-pare-balles-capable-dabsorber-les-impacts/


Le Service de santé des armées veut adapter l’alimentation des soldats à leur environnement opérationnel

Le Service de santé des armées veut adapter l’alimentation des soldats à leur environnement opérationnel

http://www.opex360.com/2019/12/24/le-service-de-sante-des-armees-veut-adapter-lalimentation-des-soldats-a-leur-environnement-operationnel/

Le Service de santé des Armées déploie « Axone », le nouveau système d’information de ses centres médicaux

Le Service de santé des Armées déploie « Axone », le nouveau système d’information de ses centres médicaux