Cette ancienne carrière de Vernon abrite un QG secret du système de communication de l’armée française

Cette ancienne carrière de Vernon abrite un QG secret du système de communication de l’armée française

Le camp de Mortagne, dans l’Eure, pierre angulaire du système de communication des forces armées françaises, vient de bénéficier d’un vaste chantier à 50 millions d’euros pour sa sécurisation et sa modernisation.

e 2 octobre 2024

https://www.leparisien.fr/eure-27/cette-ancienne-carriere-de-vernon-abrite-un-qg-secret-du-systeme-de-communication-de-larmee-francaise-02-10-2024-QP3NG4V6SVAVBEGF2WPMHHIN2M.php

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, était de passage en fin de semaine dernière sur ses terres euroises pour visiter les infrastructures modernisées du camp de Mortagne, pierre angulaire du système de télécommunication de l'armée française. DIRISI
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, était de passage en fin de semaine dernière sur ses terres euroises pour visiter les infrastructures modernisées du camp de Mortagne, pierre angulaire du système de télécommunication de l’armée française. DIRISI 

S’il s’étend sur 130 hectares, le site militaire du camp de Mortagne, situé à Vernon (Eure) n’en reste pas moins discret. Et il a fallu la visite la semaine dernière du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de passage sur ses terres euroises peu après sa confirmation dans le nouveau gouvernement, pour lui offrir un coup de projecteur.

« Il a toujours fallu faire un compromis entre la discrétion qu’impose une telle infrastructure et la volonté d’expliquer nos missions, notamment auprès de la population locale », sourit la colonelle Geribaldi, la cheffe d’État-Major de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (Dirisi), dont l’une des équipes, composée de neuf techniciens, est en poste au cœur de cette ancienne carrière exploitée jusqu’en 1929.

En première ligne lors des opérations Pégase et Sagittaire

Le site abrité des regards par un vaste massif forestier est dédié aux communications de la Défense depuis les années 1950. Clin d’œil de l’histoire, il avait été réquisitionné par les forces allemandes en 1943 pour abriter… un poste de communication secondaire du maréchal Rommel.

La mission de ces spécialistes ? Assurer les transmissions haute fréquence pour les forces armées, en particulier lorsqu’elles sont déployées sur l’ensemble du globe. « C’était notamment le cas lors de la mission Pégase dans le Pacifique ou en 2023, au Soudan, lors de l’opération Sagittaire pour exfiltrer les ressortissants français présents sur place », précise la colonelle Geribaldi. Pour ce faire, 31 antennes aux fonctions diverses et un bâtiment émetteur sont installés sur le camp de Mortagne.

Un vaste chantier de modernisation du camp de Mortagne lancé en 2017 pour un budget de 50 millions d’euros vient de s’achever. Il était notamment destiné à mieux sécuriser le site, afin d’éviter les intrusions au cœur de ce dispositif primordial pour les forces armées. L’Armée en a profité pour améliorer ses équipements, ce qui en fait l’un des centres de transmissions haute fréquence les mieux équipés d’Europe. « La communication est un enjeu stratégique, aussi bien en tant de paix, qu’en temps de guerre. Les menaces évoluent en même temps que les technologies, souligne la cheffe d’État-Major Geribaldi. Il est donc essentiel d’avoir un outil performant et sécurisé pour nos troupes et l’ensemble de notre système de défense. »

La Direction générale de l’armement lance l’initiative « RADAR » pour encourager l’anticipation stratégique

La Direction générale de l’armement lance l’initiative « RADAR » pour encourager l’anticipation stratégique

https://www.opex360.com/2024/09/25/la-direction-generale-de-larmement-lance-linitiative-radar-pour-encourager-lanticipation-strategique/


Dans l’édition 2019 de son « Document de référence d’orientation de l’innovation de Défense » [DROID], l’Agence de l’innovation de défense [AID], alors nouvellement créée sous l’égide de la Direction générale de l’armement [DGA], avait annoncé qu’elle allait avoir recours à des auteurs de science-fiction ainsi qu’à des futurologues pour imaginer « des capacités militaires disruptives ». Et cela au sein d’une structure appelée « Red Team ».

L’objectif était alors d’alimenter les réflexions sur les « conséquences stratégiques de l’arrivée de technologies disruptives » et de définir ainsi les « usages asymétriques possibles des technologies par des éléments malveillants étatiques ou non étatiques ».

Depuis, plusieurs travaux de cette « Red Team » ont été rendus publics [d’autres sont restés confidentiels] et ils ont même donné lieu à la parution trois volumes de la série « Ces guerres qui nous attendent ». Le dernier, publié en février dernier, s’intéresse à la militarisation de la société civile et à la « ruée vers l’espace ».

Cet exercice a-t-il atteint ses limites ? Probablement pas, sauf si l’on considère, comme Descartes, qu’imaginer consiste à associer des éléments connus selon sa fantaisie. Toujours est-il que la DGA a l’intention d’aller plus loin en organisant une « journée de prospective et d’anticipation stratégique de défense », le 7 novembre, à la Maison de la Radio.

« Ce projet s’inscrit dans l’élan donné par la Red Team Défense dont les travaux ont été largement salués. Après trois années d’expérimentation réussie au sein de l’Agence de l’Innovation de Défense, [il s’agit de] changer d’échelle avec l’initiative RADAR« , explique la DGA.

Cet évènement, qui s’adresse aux étudiants, aux dirigeants d’entreprise, aux ingénieurs, aux « acteurs du domaine de la culture » mais aussi aux militaires, consistera à réfléchir sur une « crise inédite » susceptible de survenir en 2034. « La Nation tout entière est impactée : santé, production, agriculture, média, commerce, tout semble terrassé… les équilibres géopolitiques vacillent, de nouveaux conflits appellent une mobilisation générale », résume la DGA.

L’enjeu sera donc de trouver des solutions pour surmonter cette crise, en échangeant avec des experts, en soumettant des idées ou encore en identifiant des « fragilités actuelles ».

« À la fin de la journée, on va faire venir des autorités militaires qui vont donner leur avis et qui vont réagir à ce qui aura été produit. Le mot d’ordre est : ‘qui veut la paix prépare l’avenir’ », a résumé Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement.

Le site : https://radar-defense.org/

Des véhicules blindés chinois repérés dans la région de Donetsk en Ukraine

Des véhicules blindés chinois repérés dans la région de Donetsk en Ukraine

La présence de véhicules blindés chinois sur le champ de bataille ukrainien a récemment été confirmée, avec des images montrant des Tiger 4×4 utilisés par les forces russes. Cette découverte soulève des questions sur l’implication internationale dans le conflit.

Par La rédaction d’Armées.com – Publié le 24 septembre 2024

Vehicules Blindes Chinois Reperes Region Donetsk Ukraine
Des véhicules blindés chinois repérés dans la région de Donetsk en Ukraine – © Armees.com

La présence de véhicules blindés d’origine chinoise sur le champ de bataille ukrainien soulève de nouvelles interrogations sur l’implication internationale dans le conflit. Des images circulant sur les réseaux sociaux russes ont révélé l’utilisation de véhicules blindés Tiger 4×4 par les forces russes dans la région de Donetsk. Cette découverte met en lumière l’évolution du soutien matériel étranger à l’opération militaire de Moscou en Ukraine.

L’arrivée des « Tigres » chinois sur le front ukrainien

Les véhicules Tiger, également connus sous le nom de ZFB-05 Xinxing, ont été repérés en action aux mains des troupes russes. Ces blindés légers, fabriqués par l’entreprise chinoise Shaanxi Baoji Special Vehicles Manufacturing, témoignent de l’internationalisation croissante du matériel militaire utilisé dans ce conflit. Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la région russe de Tchétchénie, a confirmé en juin 2023 la réception d’un premier lot de ces véhicules chinois par les forces russes.

Les Tiger se distinguent par leur polyvalence et leur capacité d’adaptation à diverses missions :

  • Patrouilles
  • Postes de commandement mobiles
  • Ambulances
  • Transport de troupes

Avec un équipage de deux personnes et la possibilité de transporter neuf fantassins équipés, ces véhicules renforcent considérablement les capacités de mobilité des forces spéciales sur le terrain. Leur présence soulève des questions sur le rôle de la Chine dans le conflit, bien que Pékin ait constamment appelé à une résolution pacifique de la guerre.

Modifications et adaptations pour le théâtre ukrainien

Les images partagées montrent que les Tiger ont subi plusieurs modifications pour s’adapter aux conditions spécifiques du front ukrainien. Ces améliorations incluent :

Ces adaptations démontrent la flexibilité du Tiger et sa capacité à évoluer selon les besoins opérationnels. Elles reflètent également l’expérience acquise par les forces russes face aux tactiques ukrainiennes, notamment l’utilisation intensive de drones.

Implications géopolitiques de l’utilisation de matériel chinois

L’apparition de véhicules blindés chinois dans le conflit ukrainien soulève des questions sur l’équilibre des relations internationales. Bien que la Chine maintienne officiellement une position neutre, la présence de ses équipements militaires sur le champ de bataille pourrait être interprétée comme un soutien tacite à la Russie.

Cette situation met en lumière la complexité des échanges d’armements à l’échelle mondiale. Le Tiger, présenté pour la première fois au salon Eurosatory de Paris en 2012, a depuis été exporté vers plusieurs pays, dont la Bolivie, le Tadjikistan et la Somalie. Son utilisation en Ukraine illustre comment les équipements militaires peuvent circuler à travers différents théâtres d’opérations, parfois de manière inattendue.

L’intégration de ces véhicules dans l’arsenal russe pourrait également influencer les stratégies de défense occidentales. Les alliés de l’Ukraine pourraient être amenés à réévaluer leurs propres fournitures d’équipements pour contrer cette nouvelle menace, potentiellement en accélérant le développement de nouveaux chars de combat ou en renforçant leurs capacités anti-blindés.

Perspectives d’évolution du conflit

L’introduction des Tiger chinois sur le front ukrainien pourrait marquer un tournant dans la dynamique du conflit. Ces véhicules offrent aux forces russes de nouvelles options tactiques, notamment pour les opérations de reconnaissance et les assauts rapides. Leur déploiement dans des zones sensibles comme Bucha, Marioupol ou Bakhmut, où les unités tchétchènes ont acquis une réputation controversée, pourrait intensifier les combats.

Face à cette évolution, les forces ukrainiennes et leurs alliés devront probablement :

  1. Adapter leurs stratégies de défense anti-blindés
  2. Renforcer leurs capacités de reconnaissance pour détecter ces nouveaux véhicules
  3. Développer des contre-mesures spécifiques, notamment contre les protections anti-drones

L’utilisation de véhicules blindés chinois en Ukraine souligne la nature globale et complexe des conflits modernes. Elle met en évidence l’interdépendance des industries de défense et la difficulté de maintenir des lignes claires entre les parties impliquées dans un conflit international. Alors que la situation continue d’évoluer, l’impact de ces nouveaux équipements sur le terrain restera un sujet de préoccupation majeur pour tous les acteurs concernés.

La stratégie indopacifique française (1ère partie)

La stratégie indopacifique française
(1ère partie)

Interview de Jérémy Bachelier (*) par Athénaïs Jalabert (*) – Esprti Surcouf – publié le 20 septembre 2024

https://espritsurcouf.fr/geopolitique-7/


L’Indo-Pacifique, qui englobe l’océan Indien et le Pacifique occidental, est devenue aujourd’hui un enjeu stratégique majeur pour les puissances mondiales au XXIe siècle. La France, avec ses territoires d’outre-mer tels que la Réunion, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, se positionne comme un acteur clé dans cette zone géopolitique cruciale.

 

Jérémy Bachelier, chercheur au Centre des Études de Sécurité (CES) de l’Ifri et membre du Laboratoire de Recherche sur la Défense (LRD), spécialiste des questions de puissance maritime,  de l’’action de l’État en mer, et de la présence française en Indopacifique, a bien voulu partager son analyse avec Athénaïs Jalabert.

La région Indo-Pacifique est en passe de devenir un théâtre d’opération au cœur de la rivalité sino-américaines mais aussi de contestations de puissances régionales. Aussi, la stratégie française dans la région viset-elle à renforcer la présence et l’influence de la France mais aussi à se positionner de manière claire et lisible face à ces dynamiques.

Genèse du concept d’Indopacifique

La notion d’Indopacifique est un concept né au milieu des années 2000, dans un contexte qui était celui du rapprochement entre le Japon et l’Inde : c’est par le Japon et plus particulièrement Shinzo Abe, ancien premier ministre japonais, appelait cette notion « la confluence des deux océans ». Par la suite, en 2007, ce dernier a évoqué cette notion même d’Indopacifique devant le Parlement indien, ce qui a été finalement, le lancement de ce concept. Le Japon a été vraiment celui qui a initié cette réflexion géostratégique inhérente à cette jonction des deux océans Pacifique et Indien, et à la continuité finalement qui était celle de ces deux océans, sur le plan notamment de la maritimisation.

Cela a été prolongé ensuite par l’Australie, puisque finalement l’Australie a été le premier pays, en 2013, à évoquer cette notion d’Indopacifique dans son Livre Blanc. Cela a été ensuite suivi par un certain nombre d’autres pays, notamment l’Inde, qui l’a évoqué à travers un sommet de l’ASEAN et à travers le Premier ministre Manamahan Singh, qui en 2012 l’a mentionné effectivement à la faveur d’un sommet auquel il participait.

Et puis après, c’est vraiment quelque chose qui a fait un peu effet boule de neige, les Américains ont effectivement, sous l’administration Trump, après Obama, considéré cette notion d’Indopacifique, puisqu’avant cela, Obama parlait plutôt de « pivot vers l’Asie » et ne mentionnait pas à proprement parler cette notion d’Indopacifique.

L’administration Trump a commencé à parler d’Indopacifique, ce qui en a fait sa concrétisation : cette appellation a provoqué un changement qui a été initié au niveau stratégique. Par exemple, on est passé de l’US PACOM à l’US INDOPACOM à Hawaï, pour la gouvernance de l’ensemble de cette région indopacifique au niveau militaire.

La France, quant à elle, est arrivée un peu plus tardivement sur cette notion mais a suivi tout de même avec grande attention ce qu’il s’est passé de 2007 avec Shinzo Abe jusqu’à cette création en 2018 de l’US INDOPACOM, sans vraiment entreprendre une démarche de conceptualisation de l’Indopacifique. Pour autant, il y avait déjà, dès 2013, un intérêt renouvelé dans le Livre Blanc français de cette notion, non pas « d’Indopacifique », mais « d’Asie-Pacifique », de fait des territoires ultramarins français dans le Pacifique Sud et au sud de l’océan Indien.

La France rappelait qu’elle était puissance souveraine et acteur de sécurité dans l’océan Indien et dans le Pacifique. Il y avait donc déjà, à la faveur de ce Livre blanc, une volonté renouvelée de prendre pied d’une manière plus structurante encore dans la région.

Cela a été effectivement évoqué ensuite par Jean-Yves Le Drian, qui était à l’époque ministre de la Défense, et qui a présenté la France non pas comme une puissance d’Indopacifique, mais comme une puissance de l’Asie-Pacifique. Et une fois que cette dynamique a été initiée, différentes étapes ont été observées : tout d’abord, de 2013 à 2015, un réinvestissement militaire de la marine nationale en particulier dans la région de l’océan Indien et de l’Asie, avec des opérations, des déploiements qui se sont très largement accentués et qui ont progressivement commencé à influencer le cercle des décideurs politico-militaires. C’est vraiment ensuite, en 2016, d’abord à la faveur du soutien à l’export pour les 36 Rafales que les Français ont vendus à l’Inde, puis ensuite le contrat des sous-marins avec l’Australie ainsi que le renouvellement des accords stratégiques à la faveur de cet export massif d’armement avec eux et avec l’Inde d’autre part, que véritablement, il y a eu un réinvestissement stratégique de la part de la France au sein de cette région de l’Indopacifique.

L’année 2016 a vraiment été le tournant même pour réinvestir cette région sur le plan de la défense et la sécurité de manière plus massive, couplé au fait qu’il y a eu une maritimisation du monde qui était déjà observée depuis les années 1990. Cette maritimisation s’est encore accentuée dans les années 2000 avec la montée en puissance de la Chine.

La notion d’Indopacifique augmente dans les esprits de manière progressive, d’abord sur le plan stratégique et ensuite sur le plan politique, notamment en 2018 durant le discours de Gordon Island par le Président Macron. Elle sera ensuite déclinée en 2019 puis en 2021, d’abord par une stratégie française de l’Indopacifique de la DGRIS, puis ensuite une stratégie qui sera à vocation interministérielle et essentiellement portée par le Quai d’Orsay. Une stratégie européenne de l’Indopacifique voit le jour, évidemment très largement instiguée par la France pour qu’elle puisse aboutir.

Ainsi, chaque pays a une vision géographique et/ou géostratégique de l’Indopacifique qui est très différente. Les États-Unis par exemple ne vont pas jusqu’aux côtes africaines mais s’arrêtent au milieu de l’océan Indien dès lors qu’ils partent de l’Indo-Pacifique.

La France, pour sa part, a une vision très exhaustive finalement de l’Indo-Pacifique. Elle consideère qu’elle inclut l’ensemble des océans Indiens et Pacifiques dans une continuité stratégique, là où les Américains, pour des raisons essentiellement de gouvernance militaire, se sont arrêtés effectivement au milieu de l’Océan Indien pour qu’il y ait plutôt une cohérence au niveau de la péninsule arabique sur le plan stratégique et qu’elle soit découplée de la cohérence que j’ai évoquée entre l’océan Indien et l’océan Pacifique. Tout cela dépend très largement des intérêts de chacun et de la vision qui est celle du monde de chacun des pays concernés.

La présence française dans l’Indopacifique

Sur le plan historique, la France possède plusieurs territoires ultramarins depuis maintenant plusieurs décennies, où ont été installées des forces militaires permanentes, des forces dites de souveraineté. Elles sont présentes à La Réunion, en Polynésie française, et puis à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, mais aussi des petits détachements comme à Mayotte. Ces forces ont un rôle très important en matière à la fois de surveillance de la Zone Economique Exclusive mais également en matière de migration clandestine en provenance des Comores, de Madagascar, du Mozambique, voire même de la Tanzanie. Cette présence militaire permanente permet déjà d’affirmer une forme de souveraineté et donc de jouer un rôle saillant dans cette région.

La présence dans la région s’est accentuée ensuite avec la création, par le gouvernement Sarkozy d’une base à Abu Dhabi qui a permis d’avoir un État-major pérenne alors qu’avant il était embarqué sur un bateau. Cet État-major à terre détient cette capacité d’être plus présent auprès des partenaires régionaux, ainsi que d’avoir un point d’appui logistique extrêmement important en Arabie vis-à-vis des flux énergétiques qui sont stratégiques pour la France.

Par la suite, la présence militaire de défense et de sécurité française s’est très largement accentuée avec des déploiements qui ont pris de l’ampleur entre 2013 et 2015, période un peu charnière où la France commençait à s’intéresser à la région. Mais cela ne changeait pas la donne quant à la posture française.

 Le renouvellement et l’intensification des partenariats stratégiques notamment avec l’Inde et l’Australie ont permis véritablement d’initier une forme de tactique au sein de Ministère des armées et d’amplifier très largement les déploiements aéronavals et aéromaritimes qui ont été mis en place dans cette région.

Si bien qu’il y a eu une intensification entre 2016 et 2021, cette dernière année est devenue une année faste en matière de déploiement opérationnel qui a été un petit peu jugulée par différentes difficultés à la fois sanitaires avec le COVID-19 et puis géostratégiques avec la guerre en Ukraine entre 2022. Mais aussi en 2024 si l’on considère le fait qu’il y avait des priorités qui étaient ailleurs. Ainsi, tous ces facteurs ont contraint effectivement de quelque peu la France mais pour autant la dynamique est bien présente et a vocation à perdurer : la marine nationale continue à déployer ses forces et puis cela s’est accentué plus récemment avec l’armée de l’air et les déploiements PEGASE (déploiement aérien en Indopacifique).

Les intérêts stratégiques français dans la région : une voie occidentale alternative 

Le thème même de position d’équilibre, quand il est traduit en anglais, est une notion appelé « balancing power ». « Balancing power” se réfère à une notion anglo-saxonne du XIXe siècle qui est tout à fait différente de ce que la France sous-entend par cette notion de position d’équilibre. Depuis la Revue nationale stratégique en 2022, il y a plusieurs équilibres qui sont recherchés : la France cherche à trouver entre plusieurs puissances émergentes une forme de stabilité et donc d’équilibre entre les puissances, que pourraient être dans le contexte actuel les États-Unis et la Chine. Sauf que la France n’a pas cette capacité à proprement parler de jouer une quelconque forme de balance vis-à-vis de grandes puissances avec la Chine et les États-Unis. Donc cette notion n’est pas très bien comprise puisqu’elle nous positionne pour certains comme une alternative, une troisième voie vis-à-vis d’un certain nombre de partenaires et d’alliés alors même que la France n’a pas vraiment cette ambition. La notion la plus adaptée serait que la France porte une voie occidentale alternative c’est-à-dire une dynamique de défense militaro-centrée comme peuvent l’être les États-Unis mais avec une posture plus inclusive, plus multilatérale et plus dans une recherche de compromis avec tous, qu’il soit compétiteur ou partenaire. L’idée est aussi d’éviter à terme d’arriver à une forme de bloc comme cela a pu être le cas durant la Guerre froide. La France proposerait différentes dimensions à la fois sur le plan des valeurs et de l’humanisme mais aussi sur le plan de l’export d’armement pour parler capacitaire d’avoir une alternative qui ne les oblige pas à choisir entre la Chine et les États-Unis.

La France n’a aucune intention d’être au milieu d’un théâtre géostratégique qui pourrait être celui de la Chine ou des Etats-Unis, elle est clairement un partenaire et un allié propre de celui des États-Unis, au sein de l’OTAN. Le fait d’avoir une proximité géographique, par les territoires ultramarins, avec la Chine ou d’autres puissances régionales, couplé à des enjeux globaux et économiques, ne permet pas de fermer la porte à des partenaires tel que la Chine. La négociation est le maître mot dans un monde globalisé. Du fait du partenariat stratégique extrêmement structurant avec les États-Unis, si demain il devait y avoir une analyse très simple de la part de la Chine sur Taïwan, il est fort à parier que la France jouerait un rôle direct et ou indirect auprès des États-Unis. Il est nécessaire également d’avoir clarification de la position de la France, qui a tenté d’être à plusieurs reprises notamment après les conférences de presse du Président Macron dans l’avion de retour de Chine et qui a été l’objet d’un certain nombre d’incompréhensions de la part des alliés et des compétiteurs comme l’Inde, les États-Unis et le Japon qui n’ont pas forcément très bien saisi la démarche que laissait le Président Macron à l’époque. Le fait d’avoir une position lisible vis-à-vis de nos partenaires réels dans la région permettra de pouvoir d’avoir des partenariats qui seront beaucoup plus aisés à mettre en œuvre, les alliés pourront plus facilement comprendre et s’associer à la démarche.

Dès lors, il y a trois types d’intérêts stratégiques qui se télescopent mais qui ne sont pas à niveau équivalent. Il y a d’abord les intérêts dits fondamentaux, ils ne sont pas vitaux au sens de dissuasion nucléaire mais fondamentaux car ce sont des intérêts souverains qui sont inhérents à la France dans ses territoires ultramarins vis-à-vis de l’intégrité territoriale et l’intégrité de son domaine maritime de 9 à 11 millions de kilomètres carrés de domaine maritime français qui se trouve dans la Pacifique. Cette grandeur rend le territoire difficile à surveiller et à maîtriser surtout face à la stabilité du voisinage notamment vers le Pacifique insulaire avec sa dialectique sino-américaine qui s’intensifie avec des îles insulaires comme au Salomon, et puis dans le voisinage du sud de l’océan Indien avec le canal du Mozambique  qui est un enjeu de taille étant un objet de convoitises de la part des pêcheurs étrangers notamment chinois, et aussi les ressources d’hydrocarbures potentielles importantes qui n’ont pas encore été exploitées.

En deuxième lieu, il existe les intérêts bi-stratégiques tels que la stabilité et la liberté des échanges économiques notamment entre l’Asie et l’Europe avec l’intérêt énergétique lié à la Péninsule Arabique et évidemment aux hydrocarbures et aux gaz en provenance du Golfe Arabo-Persique. Il y a aussi la liberté des échanges dont l’objectif premier est sur le plan maritime en ce qui concerne la marine nationale : de s’assurer que les flux maritimes de l’Asie à l’Europe puissent avoir lieu dans les meilleures conditions possibles sans qu’il n’y ait d’atteinte à la sécurité de ce flux. Par exemple, la prise d’otage du détroit de Bab-el-Mandeb par les iraniens est une entrave à ce flux la communauté maritime. La liberté de navigation est aussi un aspect important puisqu’il y a des atteintes à cette liberté qui sont observées notamment en mer de Chine méridionale via la poldérisation des Spratleys ou encore des Paracels de la part de la Chine mais aussi du Vietnam. Là où la France reste à des distances raisonnables et essaye de rester à un niveau de coercition vis-à-vis des revendications chinoises ou vietnamiennes, les Etats-Unis ont une réponse avec plus d’agressivité et pénétrante.

Le troisième aspect de ces intérêts touche à la sécurité environnementale et au changement climatique, la préservation de la biodiversité, finalement tout ce sur quoi la France essaie d’être motrice en la matière. Ce changement climatique et de cette perte de biodiversité touche essentiellement les pays du Pacifique insulaire tels que l’Indonésie et les Philippines lié directement à nos territoires ultramarins. On observe aujourd’hui environ 12 mm par an d’augmentation du niveau de la mer et donc il y a d’ici la fin du siècle un certain nombre de territoires qui vont être minimum submergés comme la Polynésie française. Cela fait donc parti aujourd’hui des grands enjeux structurants où il est nécessaire d’avoir cette capacité à maitriser l’exploitation et l’exploration des fonds marins.

Enfin, il y en a beaucoup d’autres intérêts comme évidemment la préservation du droit international et du droit de la mer en particulier s’agissant de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer qui est mis à mal aujourd’hui. Egalement, la prolifération des armes de destruction massive que ce soit à l’Extrême Orient avec la Corée du Nord ou l’Iran qui sont l’objet d’embargos de la part des Nations Unies : l’objectif est de participer à des opérations multinationales pour préserver ces intérêts et lutter contre cette prolifération.

La suite paraitra de l’entretien dans le numéro 142

(*) Le capitaine de frégate Jérémy Bachelier est chercheur au Centre des Etudes de Sécurité (CES) de l’Ifri et membre du Laboratoire de Recherche sur la Défense (LRD). Officier d’active dans la marine nationale, sa carrière professionnelle fut essentiellement tournée vers les opérations extérieures. Il a exercé des responsabilités à bord de 8 bâtiments de combat et en état-major. Il est spécialisé notamment sur les thématiques de puissance maritime, maritimisation et action de l’État en mer, sur la présence française en Indopacifique ainsi que le commandement et emploi des forces.
(*) Athénaïs Jalabert-Doury est actuellement étudiante en relations internationales à l’ILERI et stagiaire au sein de la revue Espritsurcouf. Elle se passionne notamment sur les sujets de sécurité internationale, plus particulièrement dans les zones géographiques des Amériques et de l’Europe.

La France et le Royaume-Uni préparent un nouvel accord militaire

La France et le Royaume-Uni préparent un nouvel accord militaire


La France et le Royaume-Uni relancent leur plan commun en matière de défense. Les deux pays évoquent « un contexte de menace renouvelée pour l’Europe en raison du conflit en Ukraine. Le Royaume-Uni cherche à conclure de nouveaux accords bilatéraux avec des partenaires clés du continent, dont la France. 

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Le secrétaire britannique à la Défense, John Healey, a déclaré à Politico qu’il prévoyait de relancer l’accord de Lancaster House, un pacte de défense signé entre le Royaume-Uni et la France en 2010, « en reconnaissance des menaces croissantes émanant d’acteurs hostiles ». Le cabinet du Premier ministre britannique, Keir Starmer, entré en fonction seulement en juillet, souhaite relancer les relations avec Paris dans ce domaine. 

Signés le 2 novembre 2010 par le président français, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, les traités de Lancaster House ont permis d‘établir un partenariat de défense et de sécurité solide entre la France et le Royaume-Uni. Cela obligeait les deux pays à coopérer plus étroitement dans le développement d’équipements militaires. 

Le renouvellement de l’accord portera sur le renforcement de la coopération entre les deux pays « à la lumière des activités hostiles de la Russie », rapporte Politico qui signale que le plan mis à jour fera partie d’une campagne plus large visant à reconnaître le « rôle accru de la défense dans la diplomatie ». 

Plus tôt en septembre, Keir Starmer a rencontré les alliés du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine en Allemagne. Lors de ce voyage, il a fait savoir que le moment est venu de renégocier le traité avec la France. Au cours de ce voyage, il a, selon le média anglophone, déclaré que c’était « le bon moment » pour revoir le traité avec la France et qu’il était « confiant que les Français voudront pousser ce degré de coopération plus loin ». 

Cette décision, a-t-il rajouté, représente « exactement ce que nous avions dit avant les élections, à savoir que nous serons un gouvernement qui restaurera les relations du Royaume-Uni avec l’Europe et en particulier avec les principaux pays européens ». 

Peu de temps après son entrée en fonction, Keir Starmer a stipulé qu’il souhaitait forger une « nouvelle approche » des relations de Londres avec l’Europe, y compris un tout nouveau pacte de sécurité avec l’UE. La soi-disant « réinitialisation » des relations européennes du Royaume-Uni a été annoncée dans le manifeste du Parti travailliste : « Nous renouerons avec nos alliés et forgerons de nouveaux partenariats pour assurer la sécurité et la prospérité au pays et à l’étranger ». 

Le nouveau Premier ministre britannique a déjà eu trois réunions bilatérales avec le président français, Emmanuel Macron, à Washington, au Royaume-Uni et en France. 

Par ailleurs, Londres renforce ses relations avec Berlin. L’équipe de négociation britannique est arrivée en Allemagne cette semaine pour commencer à peaufiner les détails de l’accord bilatéral annoncé par Keir Starmer et le chancelier allemand, Olaf Scholz, lors du récent sommet de l’OTAN, précise Politico. Les parties se concentreront sur un programme commun de missiles.

Euronews soulignait le 13 septembre dernier que « les États-Unis et le Royaume-Uni envisageraient d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles Storm Shadow, en partie de fabrication britannique, pour frapper des cibles situées plus profondément à l’intérieur de la Russie ». Joe Biden et Keir Starmer ont discuté des missiles longue portée pour Kiev. 

Libération rappelait : « Pour Emmanuel Macron, l’Ukraine doit pouvoir frapper les bases russes d’où sont tirés les missiles ». « Le président français a estimé que Kiev doit pouvoir frapper certaines bases russes avec des armes occidentales », a précisé le quotidien françajs. Le Monde titrait : « Emmanuel Macron prêt à autoriser l’Ukraine à frapper les sites militaires russes avec des missiles livrés par la France ». 

Pierre Duval

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6315

Comment les communications du Hezbollah ont été affaiblies

Comment les communications du Hezbollah ont été affaiblies

par Alain RODIER – CF2R – NOTE D’ACTUALITÉ N°652 / septembre 2024

https://cf2r.org/actualite/comment-les-communications-du-hezbollah-ont-ete-affaiblies/


Les 17 et 18 septembre, les services israéliens ont déclenché des attaques non-conventionnelles massives contre les télécommunications du Hezbollah libanais. De ce fait, cette organisation paramilitaire se retrouve très diminuée et dans l’impossibilité – pour l’instant – de conduire des actions d’ensemble cohérentes depuis le Sud-Liban contre l’État hébreu.

C’est un coup très rude porté au Hezbollah dont la chaîne de commandement se retrouve sans possibilité de communiquer rapidement, devant utiliser les vieux systèmes comme le téléphone filaire et les messagers. De plus, à la suite des nombreuses neutralisations de responsables du Hezbollah par les Israéliens depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, le secrétaire général du mouvement chiite libanais, Hassan Nasrallah, avait demandé en février de cette année aux membres de son organisation de remplacer leurs smartphones (qui permettaient aux Israéliens de localiser leurs utilisateurs) par des bipeurs jugés plus sûrs.

Al-Qaida et Daech avaient été confrontés dans le passé aux mêmes problèmes mais la différence réside dans le fait que le Hezbollah fonctionne comme une armée qui a un besoin vital de communications rapides et sûres. Pour un mouvement terroriste clandestin, le temps compte beaucoup moins.

Les services israéliens se sont attaqués aux bipeurs, aux talkies-walkies et même à des radios qui avaient été préalablement piégés. Un certain nombre de ces matériels ont explosé provoquant une véritable panique. Les activistes se sont en plus empressés de se débarrasser de leurs appareils – tous genres confondus – craignant d’être atteints à leur tour.

Les bipeurs

Le 17 septembre 2024, vers 15 h 30, heure locale, au moins un millier de bipeurs (« pagers » en anglais) utilisés par des membres du Hezbollah libanais ont explosé en l’espace d’une demi-heure à travers le Liban et la Syrie.

Des informations disent que les bipeurs ont vibré et montré un message d’erreur sur l’écran. Ils n’auraient explosé que lorsque l’utilisateur a appuyé sur un bouton pour éliminer l’erreur augmentant la probabilité que l’opérateur soit vraiment son propriétaire.

Au moins douze personnes ont été tuées et plus de 2 750 ont été blessées dont certaines gravement. Certaines sources parlent de plus de 600 personnes qui auraient perdu la vue – au moins temporairement. Des civils ont également été atteints.

Mojtaba Amani l’ambassadeur d’Iran au Liban, a été grièvement touché à la tête et aurait perdu un œil après l’explosion du bipeur qu’il portait. Plusieurs membres du personnel de l’ambassade d’Iran ont également été blessés.

Les explosions ont retenti dans de nombreux fiefs du Hezbollah à Beyrouth, dans la vallée de la Bekaa et au Sud-Liban, mais aussi en Syrie où des activistes sont déployés depuis des années en soutien du régime de Bachar el-Assad.

Les hôpitaux ont été submergés de patients dont beaucoup souffrent de blessures au visage, aux mains et au ventre. En réponse, le ministère libanais de la Santé a conseillé aux personnes ayant des bipeurs de s’en débarrasser et a donné pour instruction aux hôpitaux de rester en « alerte élevée ». De son côté, Téhéran a rapatrié nombre de blessés en Iran.

Les bipeurs, bien que relevant d’une technologie ancienne (début des années 2000), sont intéressants sur le plan technique. Le Gold Apollo AR-924 choisi par le Hezbollah pour équiper ses cadres a une autonomie bien supérieure à celle des téléphones portables. Alimenté par de petites piles, il peut fonctionner pendant des semaines sans être rechargé. Cette caractéristique est précieuse dans les zones de conflit ou lors d’opérations prolongées où les ressources sont limitées et où l’accès à l’électricité est rare. Sur le plan sécuritaire, leur fonctionnement repose sur des ondes radio à basses fréquences ce qui les rend moins détectables par les moyens d’interception modernes.

Le Hezbollah aurait acquis quelques 5 000 AR-924 de la société taïwanaise Gold Apollo qui ont été importés au Liban depuis 2022. Les dirigeants de cette firme ont déclaré que ce modèle était assemblé en Hongrie par une société nommée BAC Consulting KFT qui avait obtenu la licence de la marque. Chose étrange, cette société « de conseil » hongroise déclare ne pas assembler de bipeurs et son siège n’est qu’une modeste boîte aux lettres…

Pour le moment, aucune unité de production d’AR-924 n’a été découverte… Les premières investigations laissent entendre que les services israéliens se sont servis de sociétés écran (dont la BAC Consulting KFT) pour développer et importer les bipeurs habilement modifiés.

Même la manière dont ces 5 000 bipeurs sont arrivés au Liban n’est pas connue sauf que cela a eu lieu en plusieurs livraisons. Il n’est pas certain que tous les bipeurs étaient piégés – les premiers livrés en 2022 ont dû être inspectés de près par les services de sécurité du Hezbollah. Ce qui est vérifié, c’est qu’ils étaient la propriété du Hezbollah qui les a distribués à ses cadres – particulièrement intermédiaires – et à des alliés.

L’explosif aurait été installé à côté de la batterie de chaque appareil et un commutateur intégré pour les faire exploser à distance. Les Gold Apollo AR-924 étant des dispositifs programmables, il est techniquement possible de les reprogrammer pour répondre à un signal particulier.

Les talkies-walkies

Le lendemain, une nouvelle vague d’explosions a eu lieu impliquant des centaines de talkies-walkies ICOM V82 qui ont fait a fait au moins neuf morts et plus de 300 blessés dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l’est du Liban. Des postes radio classiques auraient aussi explosé. Les talkies-walkies ICOM V82 parvenaient au Hezbollah via le Power Group – qui représente la société japonaise de télécommunications ICOM au Liban – et Faza Gostrar, qui prétendait être « le représentant officiel de l’ICOM en Iran ».

Le message adressé aux activistes Hezbollah est clair : « nous pouvons vous frapper n’importe où, n’importe quand, au jour et au moment de notre choix et nous pouvons le faire en appuyant sur un bouton ». Il est peu probable que cela va effrayer les activistes dont l’objectif final est de « connaître le martyre ». Mais cela peut décourager une partie de leurs soutiens tout en créant une véritable psychose sécuritaire.

Les questions sont nombreuses

– Comment les bipeurs ont pu être piégés. Le plus probable est que cela se soit passé au moment de la fabrication mais qui les a vraiment assemblés et où ?

– Pourquoi le Hezbollah pourtant très sourcilleux sur sa sécurité n’a pas détecté le piégeage à la réception des appareils ?

– Même questions pour les talkies-walkies (eux fabriqués au Japon).

– Comment les services israéliens (très vraisemblablement le Mossad chargé des opérations secrètes extérieures) ont procédé pour monter cette méga-opération qui fera école dans l’Histoire de l’espionnage ?

La suite

Dès le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front à la frontière sud du Liban avec Israël pour soutenir le Hamas. Après des affrontements continus mais sporadiques qui ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers d’habitants, cette opération non-conventionnelle lancée par Israël marque un changement de stratégie.

Sans l’évoquer, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a estimé que le « centre de gravité » de la guerre se déplaçait « vers le nord ». Il a précisé : « nous menons nos tâches simultanément » au nord et au sud, et « notre tâche est claire : assurer le retour des habitants du nord sains et saufs chez eux ». Ses propos ont été confirmés par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu et le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, dans des déclarations séparées. De son côté, le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a estimé que l’attaque de mardi pourrait être le présage d’une guerre plus large au Moyen-Orient…

Sur le terrain, les bombardements israéliens se sont multipliés au Sud-Liban ciblant des dépôts d’armes et de munitions ainsi que des aires de lancement de missiles et de drones. D’importantes manœuvres terrestre de Tsahal devraient débuter dans le nord d’Israël. C’est une méthode pour dissimuler un déploiement de forces destinées à lancer une offensive mais Israël a des mauvais souvenir de ses interventions précédentes.

À n’en pas douter, le Proche-Orient arrive à un moment clé dont personne ne connaît la suite…

Le nouveau bombardier nucléaire américain à 776 millions $ décolle en guise d’avertissement à Poutine

Le nouveau bombardier nucléaire américain à 776 millions $ décolle en guise d’avertissement à Poutine

Le B-21 Raider, bombardier nucléaire furtif américain à 776 millions de dollars, a effectué ses premiers essais en vol en Californie. Cet appareil, capable de transporter des armes conventionnelles et nucléaires, sera produit à plus de 100 exemplaires. Ces tests envoient un message stratégique face aux menaces globales, notamment de la Russie.

Par Laurène Meghe – armees.com – Publié le 20 septembre 2024

Bombardier Americain Decolle La Reponse Washington Poutine
Le nouveau bombardier nucléaire américain à 776 millions $ décolle en guise d’avertissement à Poutine – © Armees.com

Les États-Unis dévoilent une nouvelle fois leur B-21 Raider, un bombardier furtif de nouvelle génération capable de frapper à tout moment avec une précision redoutable. Cet appareil, dont le coût unitaire s’élève à 776 millions de dollars, représente un tournant dans la dissuasion militaire américaine. Alors que la tension monte sur la scène internationale, notamment face à la Russie, ce bombardier joue un rôle stratégique crucial pour Washington.

Une discrétion maîtrisée autour du B-21

Bien que le B-21 Raider ait été révélé au public en décembre 2022, le gouvernement américain a jusqu’à présent été extrêmement prudent quant à la communication sur cet appareil. Il aura fallu attendre les premiers essais en vol, diffusés récemment, pour que le monde puisse enfin apercevoir cet avion furtif dans les airs. Le 18 septembre 2024, des images de l’appareil décollant de la base aérienne d’Edwards en Californie ont été partagées, marquant une étape clé dans le développement du bombardier.

Le B-21 Raider, conçu par Northrop Grumman, doit encore passer par plusieurs phases de tests avant sa mise en service officielle. Selon l’US Air Force, au moins 100 exemplaires seront construits à l’issue de ces essais, consolidant la place du B-21 comme fer de lance de la force de bombardement américaine.

Un message fort envoyé à la Russie

Face aux tensions croissantes avec la Russie, notamment après les récentes escalades dans la guerre en Ukraine, ce développement prend un sens tout particulier. Le B-21 Raider n’est pas un simple bombardier conventionnel : il est équipé d’une double capacité, pouvant embarquer des munitions conventionnelles ainsi que des armes nucléaires.

Ces essais en vol, largement médiatisés, envoient un message direct à Vladimir Poutine et au Kremlin. Alors que la Russie continue d’intensifier ses menaces nucléaires, les États-Unis répondent par la démonstration de cette capacité de frappe stratégique, capable de traverser les défenses les plus robustes. Comme l’indique l’USAF, ce bombardier est conçu pour pénétrer les environnements de menace les plus contestés et pour frapper n’importe quelle cible à travers le monde, même dans les zones les plus défendues.

Un bombardier furtif aux capacités impressionnantes

Le B-21 Raider représente un bond technologique majeur pour les forces aériennes américaines. Non seulement il est conçu pour éviter les radars adverses, mais il est également modulaire, ce qui permet d’y intégrer rapidement de nouvelles technologies à mesure que les menaces évoluent. Ce système d’arme répond à une stratégie à long terme, garantissant aux États-Unis une supériorité aérienne durable.

Selon l’USAF, les essais en vol actuellement en cours incluent des tests au sol, des roulages et diverses opérations aériennes. Chaque vol est une étape critique pour garantir que cet avion de pointe soit prêt à intervenir en cas de besoin, face aux menaces croissantes qui pèsent sur les alliés et partenaires des États-Unis.

Un futur incertain pour la sécurité internationale

Alors que le B-21 Raider continue de monter en puissance, l’équilibre des forces mondiales semble de plus en plus instable. L’introduction de cet appareil dans l’arsenal américain marque un tournant, non seulement dans la capacité des États-Unis à mener des opérations de dissuasion, mais aussi dans leur manière de communiquer face à des régimes agressifs comme celui de la Russie.

Le message envoyé par ces essais en vol est clair : les États-Unis sont prêts à répondre à toute menace, et avec des armes de cette envergure, ils se positionnent plus que jamais comme un rempart contre les attaques potentielles. L’avènement du B-21 Raider symbolise ainsi une nouvelle étape dans la course aux armements, où la furtivité et la polyvalence nucléaire seront des atouts décisifs.

Avec le B-21, l’Amérique montre qu’elle reste un acteur incontournable dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, même si cela implique de rappeler à ses adversaires qu’elle détient une force de frappe redoutable.


Laurène Meghe

Rédactrice spécialisée en économie et défense armées. Je couvre également les domaines des enjeux industriels et politique, y compris les relations entre les entreprises et leurs partenaires financiers.

L’US Navy prend des mesures pour se préparer à une possible confrontation avec la marine chinoise en 2027

L’US Navy prend des mesures pour se préparer à une possible confrontation avec la marine chinoise en 2027


En mai dernier, le Government Accountability Office [GAO, l’équivalent de la Cour des comptes aux États-Unis] n’a pas eu de mots assez durs à l’égard de la marine américaine, qu’elle a rendue responsable du retard de trois ans pris dans l’exécution de son programme de frégates de nouvelle génération qui, appelé « Constellation », doit coûter la bagatelle de 22 milliards de dollars.

Pour rappel, ces futurs navires étaient censés être conçu à partir du modèle italien de la frégate multimissions [FREMM]. Seulement, les exigences de l’US Navy ont modifié considérablement la conception initiale, d’où les appréciations peu amènes du GAO à son endroit.

« Des pratiques inadéquates […] et des mesures bâclées sur lesquelles le programme de frégates continue de s’appuyer ont […] contribué à lancer prématurément la construction du premier navire avant que la conception ne soit suffisamment stable pour soutenir cette activité », a-t-il affirmé.

Pour le moment, seulement six frégates de type « Constellation » ont été commandées, l’objectif étant pour l’US Navy de remplacer ses navires de combat littoral [LCS – Littoral Combat Ship] qui ne lui ont jamais donné satisfaction, ce qui leur vaut d’être surnommés « Little Crappy Ships » [petits navires de m…].

Lancé au début des années 2000 pour un montant alors estimé à 37 milliards de dollars, le programme LCS prévoyait de doter l’US Navy de 52 navires rapides et rendus polyvalents grâce à l’ajout de « modules de missions » en fonction des tâches qui devaient leur être assignées [lutte anti-sous-marine et anti-navire, déminage, renseignement, surveillance côtière, opérations spéciales]. Et le tout avec un équipage réduit à 40 marins. Seulement, ce concept, qui reposait sur deux modèles de bateau, ne s’est finalement pas avéré le plus pertinent qui soit. Après avoir réduit sa commande à 35 exemplaires, l’US Navy a déjà désarmé plusieurs unités, dont l’USS Sioux City, qui ne comptait guère plus de cinq ans de service.

Plus généralement, les choix technologiques hasardeux auront coûté très cher à la marine américaine. Le cas de la classe de « destroyers » Zumwalt est emblématique. Ayant la signature radar d’un bateau pêche malgré ses 15’480 tonnes de déplacement pour 185,6 mètres de longueur et 24,4 mètres de large, ce navire peut produire suffisamment d’énergie pour alimenter 78’000 foyers en électricité. D’ailleurs il était pressenti pour mettre en œuvre une canon électromagnétique [depuis mis en veilleuse]. L’US Navy espérait en compter 24… Elle en disposera finalement, au mieux de seulement trois, les coûts ayant atteint le niveau « stratosphérique » de 2,4 milliards de dollars par unité en 2016.

Outre ces impasses technologiques, l’US Navy est aussi aux prises avec les difficultés de l’industrie navale américaine [pénurie de main d’œuvre, problèmes d’approvisionnement, capacités de production insuffisantes, etc.]. Difficultés qui freinent les livraisons de nouveaux navires – comme les sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] de la classe Virginia – mais aussi le Maintien en condition opérationnelle [MCO] des unités déjà en service.

Ainsi, dernièrement, le porte-avions USS George Washington est resté immobilisé pendant six ans tandis que l’arrêt technique majeur [ATM] de l’USS John C. Stennis devrait se prolonger jusqu’en 2026 [soit pendant un an de plus] alors qu’il a commencé en 2021. Le navire d’assaut amphibie USS Boxer a passé plus de temps en réparations qu’en mer… Et une autre unités du même type, l’USS Iwo Jima, a récemment dû revenir prématurément à sa base en raison d’une grave avarie dont la nature n’a pas été précisée.

Enfin, un autre problème auquel est confrontée l’US Navy est la pénurie de marins. Au début de cette année, il lui en manquait 22’000 [sur environ 348’000].

Dans le même temps, l’activité opérationnelle ne faiblit pas. Que ce soit au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe et en Indopacifique, les crises s’accumulent et le droit international est de plus en plus souvent remise en cause. Et, pour les États-Unis, une « grande explication » avec la Chine pourrait avoir lieu en 2027, date à laquelle certains observateurs estiment que cette dernière pourrait tenter de mettre la main sur Taïwan. D’ailleurs, elle s’y prépare activement, en développant significativement ses capacités navales… au point, sans doute, de surclasser l’US Navy [c’est déjà le cas, en termes de tonnage…].

Quoi qu’il soit, la cheffe des opérations navales [CNO, l’équivalent de chef d’état-major de la Marine nationale], Mme l’amiral Lisa Franchetti, a repris cette évaluation à son compte. « Le président de la République populaire de Chine [RPC] a demandé à ses forces d’être prêtes à la guerre d’ici 2027. Nous serons encore mieux préparés », a-t-elle en effet lancé, dans le nouveau plan stratégique de l’US Navy.

C’est donc les yeux rivés sur le développement rapide, tant en quantité qu’en qualité, des capacités navales chinoises que l’amiral Franchetti entend remettre sur pied l’US Navy, en se focalisant sur plusieurs domaines clés.

« Le défi est de taille. La flotte chinoise est la plus importante du monde en termes de taille et elle se modernise rapidement. Le plus grand constructeur naval du monde, CSSC, est à la disposition de la marine de l’Armée populaire de libération [APL] » tandis que la base industrielle et technologique de défense chinoise « est sur le pied de guerre », a fait valoir Mme l’amiral Franchetti. Et de souligner que l’APL s’est attachée à intégrer ses différentes composantes [marine, force aérienne, missiles, cyberespace, espace] dans un « écosystème de combat conjoint spécialement conçu pour vaincre » celui des États-Unis.

Faute de pouvoir disposer des moyens budgétaires nécessaires, Mme l’amiral Franchetti estime que l’US Navy doit se concentrer sur les domaines où elle peut obtenir des gains « dans les délais les plus brefs possibles, avec les ressources dont elle dispose ». D’autant plus qu’elle n’a plus le temps pour accroître le nombre de ses navires « traditionnels ».

Parmi ces domaines, le MCO est essentiel. Ainsi, le plan stratégique de l’US Navy insiste sur la réduction des délais de maintenance à « tous les niveaux », l’objectif étant de pouvoir compter sur 80 % de navires de surface, de sous-marins et d’avions disponibles et prêts au combat d’ici 2027. Et ce n’est qu’un « minimum ». Une meilleur disponibilité permettra en outre d’atteindre un autre objectif : celui d’accroître significativement la préparation opérationnelle.

Un autre domaine où l’US Navy devra progresser est celui de la robotisation, en tirant parti des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine [en mer Noire] et des engagements contre les rebelles houthis en mer Rouge. L’objectif est ainsi de disposer de « systèmes robotisés et autonomes », dotés de « capacités matures » et pouvant être intégrés aux groupes aéronavals. Au passage, c’est aussi un moyen de gagner de la masse, ce qui est primordial s’il s’agit de mener un combat d’attrition.

Enfin, il s’agira également de remédier aux problèmes d’effectifs dans les trois ans à venir. Ce qui ne sera pas une mince affaire, déjà que, l’an passé, l’US Navy n’a pas tenu ses objectifs en matière de recrutement, même après avoir réduit ses exigences. Aussi, son plan stratégique prévoit surtout des mesures visant à fidéliser ses marins, en améliorant leurs conditions de vie et de service.

Israël a réussi à cacher des explosifs dans les bipeurs du Hezbollah, selon le «New York Times»

Israël a réussi à cacher des explosifs dans les bipeurs du Hezbollah, selon le «New York Times»

Les bipeurs qui ont explosé mardi 17 septembre au Liban ont été piégés en amont par l’État hébreu qui a réussi à les intercepter avant leur livraison au mouvement chiite libanais, affirme le quotidien américain en s’appuyant sur plusieurs sources. L’attaque sans précédent a fait neuf morts et près de 2 800 blessés.

Les services israéliens ont réussi à insérer quelques dizaines de grammes de matériel explosif avec un déclencheur à côté de la batterie des bipeurs qui ont explosé, selon le «New York Times».
Les services israéliens ont réussi à insérer quelques dizaines de grammes de matériel explosif avec un déclencheur à côté de la batterie des bipeurs qui ont explosé, selon le «New York Times». © Mohamed Azakir / Reuters

Des responsables américains et de plusieurs autres nationalités affirment au New York Times qu’Israël est parvenu à cacher des petits explosifs dans des bipeurs achetés par le Hezbollah à Taïwan et les a déclenchés à distance mardi 17 septembre, tuant 9 personnes et faisant près de 2 800 blessés. Ces sources, qui s’expriment sous le couvert de l’anonymat, ont donné au quotidien américain des détails sur cette opération sans précédent, attribuée par le mouvement islamiste libanais à Israël.

Les petits appareils, du fabricant Gold Apollo à Taïwan, ont été interceptés par les services israéliens avant leur arrivée au Liban, selon ces responsables dont les nationalités ne sont pas détaillées. Quelques dizaines de grammes de matériel explosif ont été insérés à côté de la batterie avec un déclencheur, précise le quotidien.

Réagissant à ces informations, l’entreprise taïwanaise Gold Apollo a démenti mercredi avoir fabriqué les bipeurs. « Ce ne sont pas nos produits (…) Ce ne sont pas nos produits du début à la fin », a affirmé le directeur de l’entreprise, Hsu Chin-kuang, à des journalistes à Taipei. Gold Apollo a assuré que les bipeurs portant sa marque ont été produits et vendus par son partenaire hongrois BAC. « En vertu d’un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l’unique responsabilité de BAC », a indiqué l’entreprise dans un communiqué Gold Apollo, démentant les informations du New York Times selon lesquelles le groupe taïwanais avait lui-même fabriqué les bipeurs.

Des appareils « piratés à la source »

À 15h30 mardi au Liban, un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah a fait biper l’appareil pendant plusieurs secondes avant de déclencher l’explosif, selon le quotidien américain, citant toujours plusieurs sources anonymes. Plus de 3 000 exemplaires, essentiellement du modèle AP924, ont été commandés par le Hezbollah à l’entreprise Gold Apollo de Taïwan, affirment ces sources. Les informations du quotidien américain vont dans le sens de la théorie, avancée mardi par plusieurs experts, selon laquelle les services israéliens seraient parvenus à infiltrer la chaîne logistique du Hezbollah pour planifier cette attaque.

Une source proche du mouvement avait indiqué plus tôt à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison de 1 000 appareils récemment importée par le Hezbollah », qui semblaient selon lui avoir été « piratés à la source ».

L’armée de Terre déploie le véhicule blindé Serval sur un théâtre extérieur pour la première fois

L’armée de Terre déploie le véhicule blindé Serval sur un théâtre extérieur pour la première fois


Contrairement au Véhicule blindé multi-rôles [VBMR] Griffon, l’Engin blindé de reconnaissance et de combat [EBRC] Jaguar et le VBMR Serval n’ont pas eu l’occcasion de connaître les rigueurs du climat sahélien pour leur premier engagement opérationnel étant donné que l’un et l’autre n’ont commencé à être livré à l’armée de Terre qu’au moment où la France s’apprêtait à mettre un terme à sa présence dans la bande sahélo-saharienne [BSS].

En revanche, en mai, le 1er Régiment Étranger de Cavalerie [REC] a déployé plusieurs de ses Jaguar en Estonie, dans le cadre de la mission Lynx. Il s’agissait du premier engagement de ce blindé issu du programme SCORPION sur un théâtre extérieur [et non première participation à une opération extérieure étant donné que les missions menées au titre de l’Otan en Europe de l’Est relèvent de la préparation opérationnelle].

En janvier, le colonel Patrick Ponzoni, alors à la tête du détachement français présent en Estonie, avait confié à ERR, c’est-à-dire la radio-télévision publique estonienne, que le Serval serait engagé dans la mission Lynx à partir du mois d’août.

Finalement, c’est à avec quelques jours de retard que les premiers Serval sont arrivés en Estonie.

« Premier déploiement opérationnel en Estonie pour le véhicule blindé multi-rôles Serval. L’armée de Terre engage ses matériels les plus modernes au service de la solidarité stratégique avec ses alliés », a affirme le général Pierre Schill, son chef d’état-major, via le réseau social X.

Les quatre premiers Serval avaient été livrés au Centre d’appui de préparation au combat interarmes – 51e régiment d’infanterie [CAPCIA-51e RI] de Mourmelon [Marne]. Un an plus tard, le 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa] devint la première unité opérationnelle de l’armée de Terre à en être dotée.

Pour rappel, devant équiper en priorité la force de réaction rapide de l’échelon national d’urgence, le Serval est un blindé 4×4 de 15 à 17 tonnes, produit par KNDS France [ex-Nexter] et Texelis. Partageant les mêmes équipements que les deux autres véhicules du programme SCORPION [vétronique et système d’information et de commandement, notamment], il est équipé d’un tourelleau téléopéré armé d’une mitrailleuse de 12,7 mm et de détecteurs de menaces. En plus de ses deux membres d’équipage, il peut transporter huit soldats équipés du système FELIN [Fantassin à équipements et liaisons intégrés].

Au-delà de ses capacités en matière de combat collaboratif, le Seval se distingue du Véhicule de l’avant blindé [VAB] qu’il remplace par « ses qualités de mobilités tactique et stratégique », d’après la Section technique de l’armée de Terre [STAT].

Photo : armée de Terre