La question des îles Éparses et l’importance stratégique du canal de Mozambique (2ème partie)

La question des îles Éparses et l’importance stratégique du canal de Mozambique (2ème partie)

Paul Villatoux (*) – Esprit Surcouf – publié le 29 novembre 2024
https://espritsurcouf.fr/geopolitique_la-question-des-iles-eparses-et-l-importance-strategique-du-canal-de-mozambique_par_paul-villatoux_291124/


Suite et fin de l’étude proposée sur l’espace indopacifique spécifique que constituent les îles Eparses.

La dimension diplomatique et militaire

Pour autant, la question du litige territorial est loin d’être réglée, les îles Éparses comme Mayotte n’étant pas inclus dans le champ de coopération de la COI. Celle-ci renvoie à la période du processus de décolonisation de Madagascar en 1960. À la veille de la prise d’indépendance de la Grande Île, le gouvernement français décide, par le biais d’un simple décret daté du 1er avril 1960, de détacher en toute discrétion les îles Éparses administrativement afin de les placer sous l’autorité du ministre des DOM-TOM, le préfet de La Réunion étant chargé de les administrer. Leur statut est alors incertain, en marge du cadre institutionnel français, ces îles étant considérées comme des domaines privés de l’État à l’accès réglementé. Laissée longtemps dans l’ignorance, la jeune République malgache s’insurge dès les années 1960 contre ce qu’elle considère comme une mesure de captation unilatérale ne respectant pas les frontières héritées de la colonisation. Toutefois, c’est en 1973, au moment du retrait français de Madagascar, que la contestation des autorités malgaches issues de la révolution de mai 1972 se fait plus vigoureuse sous l’impulsion de Didier Ratsiraka qui s’attache à faire amorcer un virage progressiste à la Grande Île. La tension à propos de ces îles monte brusquement d’un cran en novembre 1973, en plein choc pétrolier et quelques semaines après la fin de la guerre du Kippour. Convaincu de l’imminence d’un coup de force malgache sur les îles Glorieuses, le gouvernement français décide la mise en place de garnisons militaires d’une quinzaine de parachutistes et de légionnaires des Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) assistés d’un gendarme sur les 3 îles d’Europa, de Juan de Nova et des Glorieuses. Ces détachements sont relevés tous les 45 jours suivant un processus logistique relativement lourd : situées à 1 800 km de La Réunion, les îles reçoivent un certain nombre d’aménagements nécessaires à leur ravitaillement (piste d’atterrissage, bâtiments de vie et d’entrepôt, citernes…). Ce dispositif de nature essentiellement dissuasif est complété par le déploiement régulier de moyens maritimes dans la zone du canal de Mozambique, notamment dans le cadre de la surveillance et du contrôle du trafic maritime sur la route du Cap, chapeauté par un commandement opérationnel sous les ordres d’un amiral commandant la zone de l’océan Indien.

Or, si sur le plan militaire la tension s’apaise quelque peu au fil des ans, même si le survol de la Grande Île reste interdit aux avions de l’armée de l’Air, le contentieux franco-malgache se joue, à partir de la fin des années 1970, sur le terrain diplomatique. L’objectif d’Antananarivo est de porter le litige sur la scène internationale et de faire condamner la France qui subit coup sur coup deux revers diplomatiques en décembre 1979 et décembre 1980 par le biais du vote de deux résolutions de l’ONU invitant « le gouvernement français à entamer sans plus tarder des négociations avec le gouvernement malgache en vue de la réintégration des îles ». C’est incontestablement au cours de la décennie 1979-1989 que le différend franco-malgache sur les îles Éparses connaît son apogée, d’autant que l’exemple de la crise des Malouines au printemps 1982 incite naturellement à la vigilance. Pour autant, la fin de la guerre froide et la reprise des relations militaires franco-malgaches au début des années 1990 permettent aux forces armées des deux pays d’entamer une période de coopération fructueuse qui se concrétise rapidement par l’organisation d’exercices bilatéraux et un très actif programme d’assistance militaire. Des projets de cogestion sur les îles sont même initiés dès 1999 par le président Chirac, mais ne déboucheront jamais sur des mesures concrètes.

À dire vrai, à cette date, la question de la souveraineté des îles Éparses semble avoir perdu une grande partie de sa pertinence, alors même que, côté malgache, les problèmes de politique intérieure de la première moitié des années 1990 – crise institutionnelle, économie sinistrée, autosuffisance alimentaire non assurée, déforestation accélérée – font passer au second plan le traitement de ce dossier. Du côté français, ce climat de détente se traduit par l’automatisation progressive des stations de la météorologie nationale, entre avril 1999 et septembre 2001 et même une velléité de retrait des détachements militaires en 2009. Le projet s’inscrit ainsi dans un continuum de décisions dont l’une des plus spectaculaires est le rattachement – en 2 temps 2005 puis 2007 – des îles Éparses aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) en tant que 5e district de cette entité, permettant de leur conférer un statut officiel et définitif.

Plusieurs facteurs vont pourtant bousculer le schéma apaisé qui se dessine à la fin des années 2000. Le premier est avant tout opérationnel dans la mesure où une menace nouvelle fait brusquement son apparition dans la zone du canal de Mozambique : la lutte contre la piraterie – essentiellement somalienne – autour de la Corne de l’Afrique, est en passe de provoquer une déstabilisation de la région. Entreprise en 2008, l’opération militaire maritime européenne « Atalante » dans le golfe d’Aden a pour effet indirect de repousser les pirates dans le sud de l’océan Indien. Aperçus non loin des Seychelles, des groupes de pirates sont même repérés dans les parages de l’archipel des Glorieuses en septembre 2009. Cette menace d’une possible installation de base aérienne par les pirates somaliens n’incite naturellement pas à initier un processus de désengagement. En outre, le canal de Mozambique est de plus en plus en proie à des trafics illicites en tous genres, notamment de drogue : « Le canal du Mozambique fait partie de la route sud de l’héroïne qui relie les zones de production afghanes à l’Afrique australe ». Il en est de même pour la pêche illégale, notamment de concombres de mer, qui attire de nombreuses embarcations agissant pour des commanditaires asiatiques dont certaines n’hésitent pas parfois à narguer les détachements militaires qui ont été dotés de Zodiac pour intervenir au-delà des littoraux afin de lutter plus efficacement contre ce fléau[i].

Zone concurrentielle, le canal de Mozambique demeure enfin un espace profondément instable. La menace djihadiste, avec la montée de l’islamisme dans les pays d’Afrique de l’Est et notamment au Mozambique depuis 2017[ii], constitue ainsi un risque majeur de déstabilisation régionale. La présence militaire française sur les îles Éparses, de par son ancienneté et sa remarquable continuité, apparaît à cet égard comme l’un des rares facteurs de stabilité au sein d’un espace « fragmenté dans son intériorité par les îles qui en font un puzzle de souverainetés » et « écartelé entre plusieurs aires d’influence, politiques, culturelles et marchandes »[iii]. Il est ainsi symptomatique de constater que ce sont précisément les orces des FAZSOI, chargées de se relayer sur les Éparses depuis près de 50 ans, qui, en mars 2021, ont été mis en alerte dans le cadre d’une intervention sur le Mozambique voisin, en proie à une insurrection islamique menée par le groupe Al-Shabab (lié à l’État islamique) dans la province de Cabo Delgado. L’intervention est finalement annulée au dernier moment. Un an plus tard, une équipe de cette même unité est finalement projetée au Mozambique dans le cadre d’un déploiement original mêlant engagement opérationnel et formation des forces militaires locales à la lutte anti-terroriste. Annick Girardin, alors ministre de la Mer, ne s’en est pas cachée : les 300 millions d’euros versés au titre de la coopération bilatérale avec le Mozambique vont « permettre de protéger les îles Éparses et les intérêts de notre pays dans le canal ».

Enfin, dernier facteur important dans la décision du maintien des détachements militaires, la crise politique que connaît la Grande Île en 2009 provoque une forte rancœur à l’égard de la France et ravive les vieux souvenirs de la « Françafrique ». La question des îles Éparses devient un thème important de la politique intérieure malgache, sa médiatisation étant en partie assurée sur les réseaux sociaux et par le biais de la diaspora malgache à l’étranger. Or, sans aucun doute, ce retour du « refoulé » sur les Éparses n’est-il pas étranger aux nouvelles convoitises économiques qui se manifestent. Les revendications malgaches pour la restitution des îles Éparses sont d’autant plus vigoureuses que s’affirment d’autant plus que les discussions entre le Royaume-Uni et l’île Maurice sur la restitution de l’archipel des Chagos (57 îles) a débouché sur un accord le 3 octobre 2024, après un demi-siècle de litiges. Le président malgache Andry Rajoelina ne s’y est pas trompé en invitant les autorités françaises à faire de même dans une interview au Figaro datée du 11 octobre 2024.

La dimension économique

Avouons-le d’emblée : le facteur économique compte pour très peu dans l’intérêt que suscitent à l’origine les petites îles du canal de Mozambique. Tout bascule au début des années 1970 grâce à l’émergence du nouveau droit de la mer en lien avec la notion de « zone économique exclusive ». Celle-ci repose sur la possibilité de tirer profit des ressources naturelles de toutes sortes dans les eaux et le sous-sol entourant les littoraux sur une zone pouvant s’étendre jusqu’à 200 milles nautiques (environ 370 km). Cette zone est évidemment sans rapport avec la superficie terrestre d’une île et prend une importance qui ne fait que croître à mesure que cette île est éloignée d’autres rivages. C’est précisément suivant ce principe que la France institue des ZEE au large des côtes de chacune des îles Éparses en février 1978. Ces délimitations, aussitôt contestées par Madagascar et donc non officiellement reconnues sur le plan international[iv], offrent ainsi à la France un peu plus 360 000 km² pour seulement 42 km² de terres émergées[v], soit près de la moitié de la surface du canal si l’on ajoute Mayotte (74 000 km²).

Cette initiative ouvre alors de nouvelles perspectives aux autorités françaises sur le plan économique :

  • Celle de faire de ces îles des sentinelles avancées sur la « route du pétrole » en s’offrant même la possibilité d’interdire de passage certains navires (à condition de disposer et d’investir en moyens adéquats en matière de surveillance aéronavale). Pour l’heure, dans l’attente de l’arrivée des nouveaux patrouilleurs outre-mer (POM) de 1 300 tonnes en 2025, deux frégates de surveillance et un patrouilleur basés à La Réunion et le détachement encore insuffisant d’un Falcon 50M sont les principaux moyens déployés, trop limités compte tenu de l’immensité de la zone à couvrir.
  • -Celle de délivrer à des navires français, mais aussi étrangers des licences pour exploiter les ressources halieutiques dans la zone dont on estime, à la fin des années 1970, qu’elle permettrait la pêche d’environ 40 000 tonnes de thon par an. Des licences ont ainsi été accordées au coup par coup à des flottilles japonaises dès 1979, principalement pour des raisons politiques : la reconnaissance implicite d’une grande puissance industrielle de la souveraineté française sur les îlots du canal de Mozambique. En réalité, il n’en reste pas moins que, sur un plan strictement économique, les retombées de l’exploitation de la ressource halieutique demeurent toujours modestes pour différentes raisons parmi lesquelles l’éloignement des installations frigorifiques du port de la Pointe des Galets à La Réunion de la zone de pêche. Une relance de l’activité a cependant été entamée dans la seconde moitié des années 2000 grâce à l’expertise des TAAF, mais suivant un modèle exemplaire de « pêche durable et raisonnée »[vi]. Un modèle qui se veut au fond l’exact contraire de ce qui est aujourd’hui pratiqué dans le canal de Mozambique où la surpêche risque prochainement de mettre en péril le renouvellement des stocks, notamment de thons pour lesquels la demande mondiale est en constante augmentation. Le Mozambique et Madagascar accueillent ainsi chaque année un nombre croissant de navires chinois qui, face à l’épuisement relatif des stocks de poissons près des côtes chinoises, n’hésitent plus désormais à réaliser des campagnes prolongées dans le canal de Mozambique, ce qui motive en partie le soutien de Pékin aux revendications de Madagascar sur les îles Éparses[vii]. L’épuisement des stocks dans le canal du Mozambique, notamment des grands migrateurs comme les thons, risque en effet d’accentuer à l’avenir la pression de pêche illégale dans les ZEE françaises.
  • Enfin, parmi les perspectives nouvelles, la plus prometteuse reste bien évidemment la possibilité d’exploiter le sous-sol marin des ZEE des îles Éparses, potentiellement riche en hydrocarbure (gaz et pétrole) et en nodules polymétalliques (hydroxydes de fer et de manganèse).

Ce dernier aspect est celui qui attire aujourd’hui les plus grandes convoitises dans le canal de Mozambique. C’est ainsi que des gisements offshores ont été découverts entre 2010 et 2013 au large du Mozambique, suscitant l’intérêt des grands groupes pétroliers et gaziers mondiaux, dont Total Energies. C’est d’ailleurs le groupe français qui assure la mise en œuvre du projet d’exploitation de gaz à Cabo Delgado, au nord du Mozambique malgré une situation sécuritaire très dégradée du fait de l’insurrection islamiste en cours. Les réserves seraient estimées à plus de 500 milliards de mètres cubes de gaz et entre 6 milliards et 12 milliards de barils de pétrole, attisant les convoitises chinoises, mais aussi russes. Les Chinois, dont 80 % des importations énergétiques transitent par l’océan Indien et pour lesquels le canal de Mozambique est le prolongement naturel de la « route maritime de la soie », ont tissé des liens économiques importants avec certains États riverains, au premier rang desquels le Mozambique[viii] et surtout Madagascar[ix], qui abrite une diaspora chinoise qui s’élève à 100 000 personnes, et dont elle est devenue le premier partenaire commercial. Elle finance ainsi des infrastructures, notamment portuaires et militaires suivant une approche de type « collier de perles », tout en développant une habile politique d’influence grâce à un activisme diplomatique très actif et une offre de coopération institutionnelle dans des domaines aussi divers que la santé, éducation, agriculture, culture, sécurité, etc. La Russie enfin mène avec doigté, depuis plusieurs années, une politique d’influence ciblée, notamment en direction de Madagascar, en lui apportant son soutien sur le dossier des îles Éparses en 2015 puis en 2022. Ces formes d’ingérence ciblées vont de pair avec un sentiment diffus de déclassement de la France, savamment entretenu par les réseaux d’influence russes, au cœur d’une région faisant pourtant partie de la sphère d’influence traditionnelle de Paris. Couvrant par sa ZEE près de la moitié de la superficie totale du canal, la France apparait comme l’un des principaux bénéficiaires potentiels de la manne pétrolière et gazière dans la zone. En décembre 2008, des licences d’exploration offshore au large de Juan de Nova sont même accordées à des entreprises pétrolières tandis que deux autres demandes de permis de recherches de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux sont déposées pour la ZEE d’Europa. Les premières campagnes de forages exploratoires sont lancées entre décembre 2012 et mars 2013, les licences étant prolongées en décembre 2015 puis en 2018. Toutefois, en février 2020, le programme, sur lequel subsistent de nombreuses incertitudes (existence, profondeur des gisements), a été brusquement abandonné dans le cadre de la mise en application de la loi du 30 décembre 2017, mettant « fin à la recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures ».

Cette décision – et c’est ainsi que nous conclurons – répond officiellement à la volonté française de sanctuariser les îles Éparses pour les consacrer à la recherche scientifique ainsi qu’à la préservation de l’environnement et de la biodiversité[x]. Alors même qu’une partie de ces îles bénéficie depuis 2021 d’un classement en réserve nationale naturelle avec l’ambition, à terme, de l’étendre à l’ensemble du district, les autorités françaises s’appuient désormais sur « un droit environnemental » pour justifier de leur occupation. Lors de sa visite aux Glorieuses en 2019 (la première d’un président de la République), le président Macron avait ébauché à cet égard un discours consistant à conférer à la France, sur ces îlots, une forme de devoir vis-à-vis du reste du monde : « On n’est pas là pour s’amuser, mais pour bâtir l’avenir de la planète. » Ce narratif s’inscrit ainsi dans un véritable processus de « Soft Power », fondé sur les principes de développement durable et de gestion raisonnée des ressources halieutiques. Les îles Éparses constituent aujourd’hui l’une des clés de voûte de ce modèle, au cœur d’un espace qui cumule les fragilités et les vulnérabilités, qu’il s’agisse des trafics, de la surpêche, des tensions géopolitiques et sécuritaires ou des convoitises en matière de ressources énergétiques. De par son ancienneté et sa remarquable continuité, la présence française apparaît à cet égard comme l’un des rares facteurs de stabilité au sein d’un espace « fragmenté » par les îles « qui en font un puzzle de souverainetés » et « écartelé entre plusieurs aires d’influence, politiques, culturelles et marchandes »[xi]. Le risque est évidemment celui de l’isolement, d’où la nécessité d’inscrire son discours à destination des autres puissances régionales et territoires insulaires dans une volonté de multiplier les efforts multilatéraux. Le récent projet franco-malgache de réhabilitation de l’ancien port stratégique de Diego-Suarez, au nord du canal de Mozambique, participe de cet effort.

Cette ambition implique donc le maintien d’une contribution appréciable à la stabilité stratégique de la région et, au-delà de son soft power, ce sont avant tout ses capacités militaires qui font de la France encore aujourd’hui un acteur majeur dans le sud de l’océan Indien. Les îles Éparses conservent ainsi leur présence militaire et continuent donc à jouer le rôle de points d’appui au cœur du canal de Mozambique dans le cadre d’un maillage régional permettant à la France de projeter des unités lorsque cela lui paraît nécessaire dans le cadre de crises régionales.


[i] En janvier 2014, un équipage de quinze Malgaches parvient même à débarquer sur Juan de Nova avant d’être rejeté à la mer. Quelques semaines plus tard, le 29 mars, cinq navires et 112 pêcheurs font irruption dans le lagon de Juan de Nova avant d’être arraisonnés par la frégate Nivôse appuyée par le détachement du 2e RPIMa, avec près d’une tonne d’holothuries saisies et rejetées à la mer.

[ii] Le Mozambique fait face depuis octobre 2017 à de violentes attaques de la part d’un groupe militant islamiste appelé Ahlu Sunna Wal-Jamaa (les gens de la tradition du Prophète et du Consensus).

[iii] Olivier Vallée, « Le canal du Mozambique : un espace géocritique », Le Grand Continent, 15 avril 2021, https://legrandcontinent.eu/fr/2021/04/15/le-canal-du-mozambique-un-espace-geocritique/

[iv] Notons que le seul accord passé par la France pour sa ZEE des îles Éparses est celui du 19 février 2001 avec les Seychelles relatif à la délimitation de la frontière maritime de la zone économique exclusive et du plateau continental entre les îles Glorieuses et du Lys et les îles d’Assomption et Astove. Précisons cependant que l’Union européenne a conclu en 2001 un accord de pêche avec Madagascar précisant les limites de la « zone de pêche malgache » qui prend en considération les zones sous juridiction française du canal de Mozambique et de Tromelin, avec toutefois quelques légers chevauchements entre la ligne d’équidistance figurant sur les cartes françaises et cette zone de pêche.

[v] Bassas da India (123 700 km²) + Europa (127 300 km²) + Juan de Nova (61 050 km²) + Glorieuses (48 350 km²) = 360 400 km². 3,27 % des 11 millions de km² de ZEE française.

[vi] Pour la campagne 2020-2021, 18 thoniers senneurs ont été autorisés à pêcher dans ces ZEE, auxquels s’ajoutent trois palangriers français et 6 navires auxiliaires.

[vii] Dans ses « scénarios noirs de l’armée française » élaborés en mars 2023, l’hebdomadaire L’Express imagine la possibilité d’un coup de force sur les îles Glorieuses en août 2028 par le biais d’un « patrouilleur malgache secondé par une frégate chinoise », en réponse à des « tirs de sommation français » faisant suite à la pénétration dans les eaux de la ZEE des Éparses de navires chinois. « Scénario 3 : Madagascar reprend les îles Éparses », in Clément Daniez, Étienne Girard et Alexandra Saviana, « La guerre est déclarée. Les scénarios noirs de l’armée française », L’Express, n° 3739, 2 mars 2023, p. 23. Ce scénario est par la suite développé sous la forme d’une vidéo mise en ligne le 11 août 2023 : https://www.youtube.com/watch?v=6lg0FDAFsaM&t=213s

[viii] On évalue les créances chinoises du Mozambique à environ 2,2 milliards de dollars, soit près de 15 % de la dette extérieure du pays. Voir : « Le canal du Mozambique : luttes d’influence pour un passage stratégique en devenir », Brèves Marines, n° 246, Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM).

[ix] En 2017, la France, troisième fournisseur de la Grande Île, a vu sa part de marché diminuer (6,4 % contre 6,9 % en 2016). Elle est devancée par l’Inde (9,3 %) et reste loin derrière la Chine (18,6 %). Tristan Coloma et Quentin René François Ygorra, Le canal du Mozambique : un espace de compétition crisogène, Notes de l’Ifri, Ifri, juin 2022, p. 27.

[x] D’autres facteurs ont pu jouer, parmi lesquels le risque d’instabilité juridique lié à la contestation non résolue du litige territorial avec Madagascar. Le chercheur magache Johary Ravaloson pointe ainsi le fait que ces investissements, « situés dans un territoire contesté, étaient menacés, d’une part, par les risques de face à face des souverainetés pouvant produire des black swans [effets de surprise] issus de la concurrence de permis, à l’instar de ceux délivrés pour la pêche dans la zone Tromelin et, d’autre part, par la prise en compte d’intérêts jusque-là négligés du droit des investissements internationaux, comme ceux de l’environnement mais également des communautés locales. Les sociétés américaines South Atlantic Petroleum et Marex Petroleum détentrices de permis français d’exploitation auraient pu être acculées devant une juridiction américaine, par exemple, pour atteinte aux intérêts d’une communauté locale, les pêcheurs nomades Vezo qui fréquentent traditionnellement la zone. La Cour Suprême des États Unis reconnaît en effet une voie de recours aux étrangers pour obtenir réparation des préjudices subis à cause de la conduite des entreprises américaines contraire au droit international, coutumier ou conventionnel, où que celles ci se trouvent ; sans que cela soit nécessaire de se prononcer sur une quelconque souveraineté. »

[xi] Olivier Vallée, « Le canal du Mozambique : un espace géocritique », Le Grand Continent, 15 avril 2021, https://legrandcontinent.eu/fr/2021/04/15/le-canal-du-mozambique-un-espace-geocritique/


(*) Paul Villatoux est docteur en histoire des relations internationales et habilité à diriger des recherches. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages et de plusieurs centaines d’études, d’articles et de communications sur l’histoire militaire et le monde contemporain. Il est par ailleurs rédacteur en chef des magazine Gazette des Armes et Action et responsable éditorial des éditions Mémorabilia.

Offensive djihadiste à Alep : la Turquie en arrière plan

Offensive djihadiste à Alep : la Turquie en arrière plan

Opposition forces take control of areas outside Aleppo, Syria, Friday, Nov. 29, 2024. (AP Photo/Ghaith Alsayed) /XSG101/24334687881304//2411292026

 

par Revue Conflits – publié le 30 novembre 2024

https://www.revueconflits.com/offensive-djihadiste-a-alep-manipulations-turques/


Le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) en Syrie a lancé mercredi une « opération » d’envergure sur les forces de Bachar al-Assad.

Selon le ministère syrien de la Défense, les combattants du HTS et leurs alliés mènent « une vaste attaque sur un large front avec un grand nombre de terroristes qui ont recours aux armes lourdes pour cibler villages et localités et positions militaires ». Le groupe tient le dernier bastion djihadiste à Idleb, au nord-ouest de la Syrie.

Les combats auraient fait plus de 270 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ONG qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs à Alep.

Prise d’Alep

Les rebelles auraient mené des bombardements sur Alep, visant notamment le centre universitaire. Quatre personnes ont été tuées. Les forces armées syriennes ont tellement reculé que les djihadistes ont pu entrer vendredi dans Alep, par les quartiers ouest et sud-ouest, provoquant des mouvements de panique chez les habitants. Il semblerait qu’ils étaient parvenus aux portes de la ville après « deux attentats-suicides avec des voitures piégées », selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Ils contrôleraient aujourd’hui la majeure partie de la ville, dont les bâtiments historiques, gouvernementaux et les prisons.

Les combats se sont également déroulés près de Saraqeb, ville stratégique qui se situe au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes reliant Damas à Alep et à Lattaquié. Les djihadistes se sont emparés de la ville et contrôlent désormais cet axe stratégique.

La Russie intensifie ses bombardements et a appelé le régime syrien à « mettre de l’ordre au plus vite » à Alep. De son côté, l’Iran a renouvelé son soutien à la Syrie, pays stratégique pour relier le Hezbollah à Téhéran et acheminer la drogue et les armes.

Le jeu turc

La région bénéficiait d’une certaine accalmie depuis un accord de cessez-le-feu conclu entre le gouvernement syrien et les rebelles, en mars 2020. Dans cet épisode, l’action de la Turquie semble être centrale. Ankara soutient plusieurs groupes rebelles de longue date, et l’offensive menée depuis mercredi pourrait bien être un nouveau message du sultan Erdogan adressé pour deux raisons : la première, se réconcilier avec Bachar al-Assad – argumentation orientale –, la deuxième, presser l’Occident de délivrer plus facilement des visas aux Turcs et d’accroître les échanges commerciaux afin de libérer la Turquie du marasme économique dans lequel elle est plongée. Malgré une lourde inflation, le pays enregistrait une croissance de 4 à 5% par an depuis le Covid. Mais au trimestre dernier, la croissance s’est contractée à 0,4% et la hausse des taux d’intérêt a plongé le pays dans la récession.

Exercice Yellow Guardian : construire l’interopérabilité entre unités de reconnaissance et de renseignement

Exercice Yellow Guardian : construire l’interopérabilité entre unités de reconnaissance et de renseignement

par – Forces opérations Blog – publié le

Environ 600 militaires et véhicules belges, français, luxembourgeois et néerlandais sont à pied d’oeuvre depuis ce lundi dans le sud-est de la Belgique. Le double objectif de cet exercice baptisé « Yellow Guardian » ? Réaliser une mission de reconnaissance au contact tout en renforçant l’interopérabilité et le partage de connaissances entre unités de renseignement alliées. 

Après un temps de préparation, l’essentiel de ce contingent conduit par les chasseurs à cheval belges a entamé sa progression au travers du massif ardennais. En trois jours, 350 à 400 spécialistes du renseignement auront parcouru une centaine de kilomètres pour parvenir au plus près de la première ligne ennemie. Leur mission principale ? Récolter de l’information sur la force adverse présente dans la zone et sur la praticabilité d’un terrain ardennais capricieux. Un travail essentiel d’observation pour permettre aux analystes du bataillon de générer un renseignement exploitable au profit, dans ce scénario, de la brigade. 

Exercice multinational, Yellow Guardian repose pour moitié sur des détachements en provenance de pays alliés. Ce sont tout d’abord des éléments français du 1er régiment de spahis, du 61e régiment d’artillerie, du 2e régiment de hussards et du 54e régiment de transmissions. Voisin et partenaire régulier, le Grand-Duché de Luxembourg a envoyé un escadron au complet. Un peloton du 42e escadron de reconnaissance de la 13 brigade légère est venu des Pays-Bas pour compléter le dispositif. Face à eux, un adversaire « intelligent, flexible et très mobile » simulé par un escadron belge. 

« C’est une première depuis longtemps », souligne le chef de corps du bataillon de Chasseurs à Cheval, le lieutenant-colonel BEM Jean-François Verheust. Traditionnellement proche du 1er RS, il l’a aussi été avec l’ex-commandement du renseignement (COM RENS). L’avènement de son successeur, le commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (CAPR), permet d’étendre un lien centré sur l’analyse vers des capteurs inexistants dans l’arsenal belge. C’est le cas de systèmes de guerre électronique propres au 54e RT, par exemple, qui permettront de caractériser l’empreinte électromagnétique de la force amie, de relever les éventuels écueils et erreurs et de contribuer à disparaitre des radars. 

Crédits image : Jérémy Smolders – Bataillon de Chasseurs à Cheval

Organiser un exercice comme Yellow Guardian allait de soi, « parce que cela fait plusieurs années que nous n’avons plus eu l’occasion de nous entraîner ensemble dans un contexte qui a quelque peu changé ces dernières années », rappelle le LCL Verheust. De fait, les missions de maintien de la paix en théâtre sahélien ont laissé place aux opérations de réassurance sur flanc oriental de l’Europe, avec tout ce que la résurgence d’un adversaire à parité comporte comme menaces nouvelles ou à redécouvrir. 

Il devenait impératif pour ceux qui sont « vos yeux et vos oreilles sur le champ de bataille » de travailler les métiers spécifiques dans un environnement plus transparent donc moins permissif. Sans doute moins prégnante auparavant, la discrétion redevient la norme. « Avant, on disait souvent que, quand une force de reconnaissance tire, c’est qu’elle a raté son objectif principal », rappelle le LCL Verheust. Pour des troupes légères dotées d’armement tout aussi légers, se dissimuler est donc la meilleure option pour éviter tout contact direct avec un ennemi souvent plus « musclé » et le désengagement dare-dare qu’il nécessiterait. 

« Nous allons tester différents procédés tactiques. Les Français ne travaillent pas comme les Luxembourgeois et ne travaillent pas comme nous. Cela permettra de voir comme nous pouvons intégrer tout cela étant donné que, de plus en plus, nous travaillons dans un contexte multinational », observe le LCL Verheust. Les challenges ne manquent pas, des liaisons entre systèmes d’information nationaux aux différences entre capteurs et processus d’analyse de l’information. « Les senseurs que les Français amènent sont différents des nôtres, cela ajoute un peu de complexité ». Et le spectre s’étend à des sujets qui regagnent en substance, dont celui d’un volet logistique assuré par la Belgique. Le temps des retours d’expérience viendra, mais le commandant des chasseurs se veut confiant : « Nous verrons vers quoi cela évolue, mais je crois qu’il y a de belles choses à faire ensemble ». 

L’escadron Alpha du bataillon belge va progressivement « calquer » sa structure et ses méthodes sur celles appliquées côté français (Crédits image : Jérémy Smolders – Bataillon de Chasseurs à Cheval)

Yellow Guardian intervient sur fond de transformation pour les chasseurs à cheval. S’il n’est pas le premier concerné par le partenariat franco-belge « Capacité Motorisée » (CaMo), sa structure, son matériel et ses savoir-faire seront partiellement adaptés pour renforcer l’interopérabilité avec l’armée de Terre. Le rapprochement concerne l’ensemble du bataillon mais à des degrés variables afin de permettre au bataillon de continuer à oeuvrer tant en appui de la brigade motorisée que du régiment des opérations spéciales (SORegt). 

L’effort principal relève de la transformation de l’escadron Alpha en escadron de renseignement au contact (ERC). Une bascule dans laquelle les liens construits avec le 1er RS s’avèrent précieux « car ils ont des capacités que nous devons développer ici en Belgique ». Pour l’instant, il s’agit de faire comme les Spahis mais à partir d’équipements différents, à l’image des blindés légers Falcon perçus en remplacement des véhicules 6×6 Pandur. La perspective d’un contact plus « musclé » demande par ailleurs de revoir l’armement des pelotons, notamment par l’ajout d’une arme antichar débarquée. 

Demain, les chasseurs à cheval entreront eux aussi dans la bulle SCORPION par l’entremise du système d’information associé (SICS), mais pas uniquement. Véhicule de transition, le Falcon doit à terme s’effacer au profit d’un véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE) développé en franco-belge. Les autres escadrons conserveront le Dingo et le Pandur rénové. Si rien n’est aujourd’hui prévu pour remplacer ce dernier, un virage vers le Serval ne serait pas exclu pour renouveler une partie du parc. De fait, plusieurs versions potentiellement utiles à cette unité spécialisée se profilent à l’horizon, à l’instar du Serval SA2R (surveillance, appui, renseignement et reconnaissance). Voire, si le budget le permet, sa variante de guerre électronique. 

Crédits image : Jérémy Smolders – Bataillon de Chasseurs à Cheval

Carte – Tensions à la frontière maritime coréenne

Carte – Tensions à la frontière maritime coréenne

par Revue Conflits avec AFP – publié le 29 novembre 2024


Cette carte illustre un point chaud géopolitique majeur : la frontière maritime ouest entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. La ligne de limite du Nord (Northern Limit Line, ou NLL), tracée unilatéralement en 1953, reste l’un des points les plus sensibles de la péninsule coréenne. Pyongyang conteste régulièrement cette démarcation, tandis que Séoul maintient une présence militaire renforcée autour d’îles stratégiques. Les îles sud-coréennes proches de cette ligne, telles que Baengnyeong et Yeonpyeong, sont en effet régulièrement le théâtre d’incidents militaires. En juin 2024, des soldats nord-coréens ont brièvement franchi la frontière terrestre, provoquant des tirs de sommation de la part de l’armée sud-coréenne. Entre manœuvres navales et échanges diplomatiques tendus, cette région reste un baromètre des dynamiques intercoréennes.

De 2300 à 600: le rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique présenté à Macron

De 2300 à 600: le rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique présenté à Macron

A Gao, au Mali en novembre 2021. Photo P. CHAPLEAU

 

Personne n’a oublié qu’en février 2023, le président français Emmanuel Macron a annoncé une prochaine « diminution visible » des effectifs militaires français en Afrique. Un an plus tard, on apprenait que Jean-Marie Bockel, éphémère ministre de la Coopération de l’ancien président Nicolas Sarkozy en 2007, était chargé d’une mission sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique.

Il était alors prévu qu’un rapport serait remis au Président à la mi-juillet 2024.

Lundi, Jean-Marie Bockel a remis au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, a annoncé l’Elysée. Ce rapport prône un partenariat « renouvelé » et « coconstruit ».

« Les recommandations s’inscrivent dans la volonté de mise en œuvre d’un partenariat de défense renouvelé, répondant aux besoins exprimés par nos partenaires, et coconstruit avec eux, dans le plein respect de leur souveraineté », a ajouté la présidence sans commenter les constats et les recommandations. L’AFP précise d’ailleurs en ce 26 novembre que le plan de réduction « ne devrait pas faire l’objet d’annonces formelles ».

La mission de l’ancien secrétaire d’Etat à la Coopération sous l’ancien président Nicolas Sarkozy concernait les quatre pays où sont implantées des bases militaires françaises sur le continent, hors celle de Djibouti. Ces quatre pays sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Tchad et le Gabon. Au début de l’été dernier, deux sources proches de l’exécutif et une source militaire avaient confié à l’AFP que le projet visait à conserver une centaine de militaires au Gabon (contre 350 alors), autant au Sénégal (contre 350) et en Côte d’Ivoire (600 auparavant) ainsi que quelque 300 au Tchad (contre 1000). Soit un passage de 2300 militaires des forces prépositionnées à 600, volume qui constituera peut-être le « dispositif socle » dont parlait Jean-Marie Bockel, il y a quelques jours sur France24.

A noter qu’en avril 2024, la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale a tenu à prendre part à la réflexion sur l’avenir de la politique française de défense en Afrique en organisant, à partir du mois de novembre 2023, un large cycle d’auditions sur les mutations stratégiques du continent. Son Rapport d’information n°2461 est à lire ici.

La dimension aéroterrestre, un enjeu stratégique pour l’armée de Terre

La dimension aéroterrestre, un enjeu stratégique pour l’armée de Terre

IHEDN – publié le 25/11/2024

https://ihedn.fr/lundis-de-lihedn/la-dimension-aeroterrestre-un-enjeu-strategique-pour-larmee-de-terre/


Mis en valeur lors de la présentation de l’armée de Terre la semaine dernière à l’École militaire, l’espace aéroterrestre est de plus en plus essentiel pour la mobilité tactique et stratégique. Décryptage.

Pour son édition 2024, la présentation de l’armée de Terre (PAT) mettait en avant les « Enjeux et finalités du milieu aéroterrestre » à l’École militaire. Un profane pourrait s’étonner : quel lien entre le milieu aérien et une armée terrestre ? La réponse est que ces liens sont très nombreux, et prennent une importance croissante dans l’évolution contemporaine des conflits.

Sur des théâtres de plus en plus complexes, la dimension aéroterrestre vise à accroître l’efficacité opérationnelle. Selon les opérations, il y a bien évidemment une coordination stratégique entre l’armée de Terre et l’armée de l’Air et de l’Espace. Mais en son sein même, l’armée de Terre recèle aussi des capacités aériennes, qui composent la dimension aéroterrestre avec les forces au sol.

Les principaux usages aéroterrestres sont les suivants : renseignement et surveillance par drones et capteurs aériens, appui feu aérien pour les forces terrestres, transport tactique et logistique, opérations aéromobiles et parachutistes, et enfin défense sol-air contre les menaces aériennes.

La plus connue des capacités aéroterrestres est sans doute l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). Disposant d’environ 300 aéronefs (surtout des hélicoptères), elle sert au repérage des cibles, au combat antichars ou au transport de soldats, apportant à l’armée une mobilité rapide et un appui feu crucial pour les unités déployées.

L’ALAT inclut des hélicoptères de combat (comme le Tigre), d’assaut (NH90 Caïman), et un modèle multitâches, le Guépard (Airbus H160M).

Aboutissement d’un programme lancé en 2017, le Guépard brille par sa polyvalence, puisqu’il remplace 5 modèles précédemment utilisés au sein de l’ALAT : les Fennec, Gazelle, Panther, Alouette III et Dauphin.

Le Guépard (Airbus H160M)
Le Guépard (Airbus H160M).

L’autre composante majeure de la dimension aéroterrestre est la large flotte de drones de l’armée de Terre. Il peut s’agir de drones tactiques, de renseignement, de contact… Plusieurs étaient la semaine dernière à la PAT.

Drone à voilure fixe, le SQ20 est utilisé comme cible aérienne pour l’entraînement au tir antiaérien à l’arme légère d’infanterie, à la mitrailleuse ou au canon mitrailleur. Le RQ-11 Raven, lui, est un drone de combat léger de conception américaine.

Le drone SQ20.
Le drone SQ20.
Le drone RQ-11B-RAVEN.
Le drone RQ-11B-RAVEN.

Les sapeurs-sauveteurs (militaires de la sécurité civile) utilisent aussi des drones, par exemple pour avoir un soutien visuel en intervention, notamment sur des sites inaccessibles ou dangereux. C’est les cas des différentes variantes des drones DJI Matrice ou Mavic.

Les drone DJI matrice 300 / drone DJI matrice 30T / drone DJI Mavic 3T.
Les drone DJI matrice 300 / drone DJI matrice 30T / drone DJI Mavic 3T.

Autre appareil présent à l’École militaire, le mini-drone AVATAR, développé par DGA Techniques terrestres et l’Agence innovation défense, sera un drone de combat embarquant des capteurs et un fusil d’assaut HK-416 à tir laser.

Le projet AVATAR.
Le projet AVATAR.

Dernière fonction cruciale de la dimension aéroterrestre, la préparation d’artillerie, avec la gestion de l’espace aérien pour des tirs longue portée (avec des canons Caesar ou des lance-roquettes unitaires par exemple).

Le programme Scorpion de modernisation des capacités de combat, qui fête cette année ses 10 ans, est crucial pour la dimension aéroterrestre, puisque son système d’information du combat unique facilite les communications sol-air entre tous types d’appareils : par exemple, les véhicules blindés nouvelle génération comme le Griffon, le Serval ou le Jaguar sont équipés de capteurs et de systèmes d’information avancés qui leur permettent de recevoir et partager en temps réel des données tactiques, en lien notamment avec les moyens aériens d’observation.

La miniaturisation et les nouvelles technologies permettent ainsi une intégration de plus en plus poussée des capteurs, des systèmes d’armes et des centres de décision. Combinant puissance aérienne et expertise terrestre, la dimension aéroterrestre constitue une réponse efficace aux menaces modernes. Grâce à ses moyens avancés et à une coordination étroite entre les forces, elle offre une capacité unique d’intervention, de protection et de projection de puissance, essentielle pour les conflits d’aujourd’hui et de demain.

L’Ukraine envoie de force des civils au front : la France pourrait-elle enrôler aussi en cas de guerre ?

L’Ukraine envoie de force des civils au front : la France pourrait-elle enrôler aussi en cas de guerre ?

En Ukraine, la mobilisation générale se dessine. Et en France, si l’armée professionnelle ne suffit plus, pourriez-vous aller sur le front ?

En Ukraine, des soldats volontaires sont amenés à un centre de soin, du retour du front.
En Ukraine, des soldats volontaires sont amenés à un centre de soin, du retour du front. (©DIEGO FEDELE / AFP)

1 000 et deux nuit dans la guerre. Le 24 février 2022, la Russie envahissait son voisin ukrainien avec des avions de chasse rutilants, des chars d’assauts pétaradants et une armée professionnelle préparée. En face, dans l’urgence, la nation de Volodymyr Zelensky organisait la riposte avec des moyens américains et européens flambants neufs.

Près de trois ans plus tard, c’est l’usure et l’horreur du conflit qui dominent les esprits. Des milliers de civils ukrainiens sont morts, plus de six millions se sont exilés. Le conflit a fait fondre la population du pays d’un quart. Et le bilan des pertes militaires demeure inconnu.

Qu’importe, les volontaires ne suffisent plus à abreuver le front en hommes. Depuis quelques mois, la nation jaune et bleue oblige les citoyens à embrasser l’uniforme de l’armée, au point d’enrôler de force des civils, comme l’ont montré plusieurs vidéos, comme ici sur BFM. En France, dans une situation de guerre, l’État pourrait-il, lui aussi, nous enrôler ?

Aux armes, (tous les) citoyens ? 

En cas de conflit armé dans lequel la France serait impliquée, l’État pourrait donner l’ordre à une partie de sa population de s’engager dans l’armée. « En pratique, le pouvoir en place pourrait abroger la loi de suspension du service national », détaille Annie Crépin, historienne, spécialiste d’histoire militaire et maîtresse de conférences honoraire de l’université d’Artois, à actu.fr. Cette loi du 28 octobre 1997, souhaitée par Jacques Chirac, annonçait la fin du service miliaire obligatoire.

La mobilisation générale, ça n’existe plus. Mais avec cette abrogation, la France (qui, comme l’Ukraine, ne pourrait se suffire de son armée professionnelle pour mener la guerre) envisagerait de compter sur les citoyens. « Après avoir épuisé tous les volontaires et les réservistes, l’État serait enjoint de puiser dans la population. »

Qui serait concerné ? L’âge, le genre et d’autres conditions seraient encore à définir. Les plus fragiles pourraient-ils se retrouver sur le front ? Les femmes ? Si l’on se fie aux conditions d’accès au service militaire volontaire (SMV), tous les jeunes Français, dès 18 ans, est-il écrit sur le site du gouvernement, pourraient être enrôlés dans l’armée. Et ce, jusqu’à 35 ans.

« Les personnes considérées comme pas assez en formes, les plus âgés et d’autres cas seraient sans doute réformés », tempère tout de même Annie Crépin. Autrement dit, si vous êtes majeur, que vous avez la trentaine ou moins, que vous ne présentez aucune comorbidité, vous pourriez vous retrouver avec une arme à la main.

Brève histoire du service militaire

La conscription, appelée aujourd’hui service milliaire obligatoire, a vu le jour sous le directoire en 1789 avec la loi Jourdan-Delbre. Tous les citoyens âgés de 20 à 25 ans pouvaient servir dans l’armée. Au fil des régimes, la conscription s’est allégée. D’abord en termes de durée, puis de devoir, avant d’être définitivement suspendue en 1997.

Ouf, une (petite) armée existe

Autre paramètre à prendre en compte, avant de vous envoyer au front, comme Candide face aux Bulgares : la France possède une armée régulière. Ce sont les forces opérationnelles qui seront mobilisées les premières, en cas de guerre sur le territoire.

C’est-à-dire, comme le rappelle un rapport parlementaire portant sur le budget 2022 de la Défense, 77 000 hommes de l’armée de terre, 34 000 de la marine et 40 000 de l’armée de l’air et de l’espace. Des troupes professionnelles, avec environ 5 000 réservistes en renfort.

Outre ces prêts, au total, l’armée française, toutes armes, tous métiers confondus, comprenait 269 055 équivalents temps pleins. Trois quarts de ces temps pleins (76,5 %) sont occupés par des militaires, les autres, des civils au service de l’armée.

Côté matériel, la France possède, selon les derniers chiffres disponibles, 222 chars Leclerc, 6 200 blindés à roues et approximativement 3 800 autres véhicules de combat. Avec ceci, 211 avions de combat, 45 avions de chasse et une cinquantaine d’avions de surveillance, sans oublier les neuf sous-marins et un porte-avions. Bref, la France a, en théorie, de quoi se défendre en cas de conflit.

Cependant, pour combien de temps ? Sur le long terme, cette armée professionnelle suffirait-elle pour tenir les fronts, attaquer l’ennemi, ou encore défendre la population ? « L’armée française est une armée américaine en version bonsaï », rappelait sur France Info, Jean-Dominique Merchet, journaliste, spécialiste des questions militaires et stratégiques.

Qui sait recharger un FAMAS ?

Depuis la suspension du service militaire, en 1997, plus personne n’est formé aux maniements des armes, ni à ce que c’est vraiment, une guerre. Avec tout ce qu’elle comporte d’horreur, de froideur et de cynisme. Envoyer un citoyen en première ligne, la fleur fusil, serait considéré comme une hérésie.

« C’est un vrai problème, si on en arrive là », reprend l’historienne, avant d’ajouter : « La Première Guerre mondiale s’est gagnée avec les réservistes. »

Avant de puiser parmi les civils, il existe en effet une réserve militaire constituée de deux composantes. Une réserve citoyenne défense et sécurité (des volontaires agréés par l’armée en raison de leurs compétences et de leur expérience) et une réserve opérationnelle.

En somme, des réservistes avec ou sans expérience militaire, âgés de 17 à 35 ans, qui se sont engagés sur la base du volontariat pour soulager les armées environ 25 jours par an en moyenne, indique le ministère des Armées.

Au total, près de 140 000 personnes sont théoriquement mobilisables, dont 40 000 volontaires de la réserve opérationnelle, peut-on lire sous la plume de Jean de Monicault dans la Revue de Défense Nationale, parue en 2021. Ça en fait du monde, avant de demander aux boulangers, plombiers et banquiers de France de prendre les armes. Mais les chiffres paraissent ridicules face aux 4,5 millions de Français appelés sous les drapeaux en 1939 lors de la Seconde Guerre mondiale.

Évidemment, ces scénarios paraissent improbables. La France, avec 31 autres pays, est membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). L’article 5 de cette organisation dispose que si un pays est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque dirigée contre l’ensemble des membres, peut-on lire sur son site.

Le scénario pourrait devenir envisageable, le jour où la France, pour des raisons politiques, se retrouverait sans l’OTAN, isolée du reste du monde.

L’Europe face aux Etats-Unis : stratégiquement à la traîne

L’Europe face aux États-Unis : stratégiquement à la traîne

par Denis Jacquet (*) – Eprit Surcouf – publié le 15 novembre 2024

https://espritsurcouf.fr/humeurs-43/
*Avocat fiscaliste chez Baker & Mac Kenzie


L’Europe décline. C’est une réalité que seuls les Européens veulent ignorer. Personne ne met un pays Européen dans le top 10 des pays les plus puissants en 2050.  Moins visionnaire que la Chine, investissant infiniment moins que les USA, impuissante sur les évènements internationaux, divisée et sans stratégie, elle n’est pas taillée pour la puissance brutale de Trump et le génie Chinois. Sa classe politique ressemble aux ailes de l’albatros de Baudelaire. Elle ne court plus depuis longtemps et ne parvient même plus à marcher. L’incompétence crasse dénoncée par tous désormais des présidences Macron et le statuquo de l’Allemagne, fait du moteur de l’Europe un pneu crevé. Trump risque de nous asséner le coup de grâce.

USA-EUROPE: « 50 nuances de grey »

« Lorsque je regarde dans le miroir j’ai honte, quand je me compare, c’est pire ». Cette très mauvaise paraphrase peut néanmoins s’appliquer à la perfection quand on compare l’Europe et les USA. Nous avons désormais en ce bas monde, une 2 CV et une Ferrari et aucun mécanicien à l’horizon pour espérer changer le moteur et la carrosserie. Cela fait plus de 15 ans que sur les 10 critères qui permettent de mesurer le droit d’espérer un avenir meilleur, il n’en est pas un seul qui place l’Europe sur l’échiquier mondial à 2050. Dans le top 5, on prévoyait que l’Allemagne parviendrait à conserver sa place, mais désormais le pays de la bière sent le sapin, son leadership industriel fuit de toute part, notamment en Chine qui devient plus innovante et plus spécialisée qu’elle, en version discount.

Pourquoi sommes-nous si mauvais, alors que les Français sont si bons ?

Les raisons sont nombreuses, mais tiennent quand même beaucoup aux inepties politiques qui marquent au fer rouge nos divers pays en Europe. Il n’est plus contestable, ni même politiquement incorrect de dire que le gouvernement Macron aura mené le pays au sommet de l’incompétence. Les chiffres sans cesse aggravés de la dette, à l’insu du plein gré d’un Ministre des Finances pour qui l’économie resta un mystère, suscitent l’incrédulité de tout élève de CAP redoublant. L’Allemagne ne parvient plus à se renouveler et Angela Merkel a été un remarquable outil du maintien du statu quo, certes, mais dans un monde où l’immobilisme n’est plus en marche. L’Italie riche d’un « super Mario » (Mario Draghi) à qui il aura fallu 800 pages et 15 ans pour réaliser que l’Europe avait raté le coche du virage technologique et qu’il fallait appuyer sur l’accélérateur d’urgence. Ce que de modestes entrepreneurs comme nous, disions depuis déjà plus de 10 ans et en 1,5 pages. Bref, notre classe politique est ignorante, celle des USA n’est pas toujours plus brillante, mais l’économie dépend moins d’eux. C’est toute la différence.

Parmi les critères qui expliquent le succès possible d’une nation, il y a de nombreux éléments. L’investissement. La fiscalité. La stabilité juridique. L’indépendance et l’accès aux ressources essentielles. La dette. Les brevets. La recherche…etc..

L’un des plus importants à ce jour, reste l’investissement. La dette est également un critère clé, mais tout dépend de sa composition. Elle est infiniment plus lourde aux USA, mais elle est non seulement composée d’une masse plus critique d’investissements et non un tonneau percé de coûts de fonctionnement insensé comme en France notamment, mais elle est aussi compensée par une fuite en avant positive, alimentée par la croissance. Enfin quand on parle d’avenir, l’indépendance et l’accès aux ressources est essentiel, et sur ce terrain, nous cédons aux BRICS la plus grande partie des ressources mondiales dont l’humanité aura besoin demain pour prospérer et seuls les USA peuvent encore y résister et combattre.

L’investissement tout d’abord. Sur la partie non technologique, il reste à l’Europe de beaux restes. Elle investit encore. Les grandes entreprises, sont de belles machines incrémentales, fondées sur de bonnes vieilles habitudes. On ne change rien, on investit là où l’on a pied et on évite de s’aventurer au-delà. Sur ce point, nous faisons jeu égal avec le reste du monde.

Sur les investissements technologiques, nous sommes 6 fois moins investisseurs que les USA et plus de 3,5 fois moins que la Chine. Par tête d’habitant. La « brillante » Ursula, réélue sur d’autres critères que la compétence, déclarait ainsi à Davos, en février dernier, que nous devions nous emparer du sujet de l’IA. Je parle bien de 2024 !!! La Chine a commencé il y a plus de 12 ans. Macron a annoncé un plan de 500 millions en 2022 ; autant dire de l’argent de poche, quand la 20ème ville chinoise investit, dans le même temps, près de 2,5 milliards. De quoi rire jaune. Nous sommes totalement dépassés sur cette technologie, mais aussi sur le quantique, l’espace, les puces…

En clair, dans la boule de cristal de l’avenir lié à la technologie, aucune sœur Anne ne voit rien venir en Europe !

Et quand il s’agit des ressources nécessaires aux data-centers, aux batteries des véhicules électriques, aux métaux rares de nos téléphones, nous sommes et serons totalement dépendants du reste du monde. JD Sénard, président de Renault, le rappelait encore récemment, en moquant un continent qui veut de l’électrique, mais n’a pas de supply-chain pour se fournir en matériaux nécessaires pour l’alimenter.

La lourde perte d’une assise européenne en Afrique

La calamiteuse politique africaine de ce gouvernement nous a aliéné le Burkina, le Niger, le Gabon. Autant dire le bois, l’uranium, le lithium, l’or et tant d’autres ressources livrées aux Russes. Notre incapacité à vouloir exploiter ce qui constitue une des plus grandes réserves au monde de métaux rares (notamment) qui se trouvent au pied d’un littoral le plus important au monde (grâce au DOM TOM), nous prive de ressources qui nous tendent pourtant les bras.

Les USA l’ont compris. Depuis 2 ans, ils accélèrent en Afrique, pour ne pas la laisser aux mains des Russes et des Chinois. Ces derniers, associés dans les BRICS à l’Arabie Saoudite, la Turquie, le Venezuela, la Russie etc.. sont à la tête de ressources qui feront de l’Europe leurs vassaux dans les 15 années à venir.  A nouveau, seuls les USA ont une politique comparable. La Chine et le Moyen-Orient achètent depuis 10 ans des terres agricoles, l’or vert véritable du futur, et Bill Gates, à lui seul, est devenu l’un des plus gros propriétaires de terres agricoles au monde.

L’offensive américaine is back

L’inflation-Act de Biden, un lourd débit à mettre à son crédit, a attiré tous les plus gros investissements de la terre et permis une réindustrialisation basée sur un prix compétitif de l’énergie, pendant que l’Europe étouffe ses PME (63 000 liquidées en France ces 12 derniers mois), non seulement en les ayant condamné par une politique Covid dont nous réalisons enfin qu’elle était insensée et mortifère, et en leur assénant le coup final par des coûts stratosphériques de l’énergie. Elle est pourtant disponible en telle quantité que nous l’exportons. Une folie, doublée par la duplicité de l’Allemagne de Merkel qui a tout fait pour tuer le nucléaire en France, et continue à voter pour des appels d’offres européens qui sont gagnés par les USA et la Corée contre EDF, et fait rouler ses voitures électriques au charbon. Quand on a des amis comme ceux-là, nul besoin d’ennemis.

L’arrivée de Trump au pouvoir va ouvrir une ére de négociation intense. Menaces de droits de douane accrus, investissements massifs dans la Tech et l’IA sous la houlette et les conseils de Musk, dans l’espace et j’en passe. Comme les Chinois il menacera de taxer ce que nous savons exporter, nos avions, nos alcools, notamment, en échange d’ouverture à ses produits agricoles et autres. Il va accroître le leadership des USA de l’IA, en négociant (comme Biden) un Yalta avec la Chine sur ce point précis, excluant totalement l’Europe pour qui il n’a que peu de considération, surtout pour Macron, lui préférant pour les négociations sur l’Ukraine, Viktor Orban. Naïve, désordonnée et sans vision, l’Europe va être rasée mais pas gratis.

Il faudrait donc que le couple franco-allemand retrouve la lumière, mais elle semble avoir perdu l’accès à l’interrupteur depuis un long moment, et rien n’indique que personne ne soit susceptible de lui en montrer le chemin. Super Mario ? Un homme est bien peu de choses face à la machine à dévorer et enterrer les rapports les plus fins, qui ont pour désavantage de mettre à jour l’incompétence de ce « machin » divisé, naïf, sans stratégie, passionné par l’investissement dans les armes pour l’Ukraine, pour ce qui tue, au lieu de se concentrer sur ce qui donnera la vie demain.

Désormais le numéro de téléphone européen répondra sur la ligne de Viktor Orban, pendant que les autres standardistes, choisis pour leur asservissement (Ursula) ou leurs amitiés particulières (Séjourné), continueront à répondre aux abonnés absents sur les sujets économiques.

Trump pourrait achever une Europe déjà au sol !


(*) Denis Jacquet est diplômé d’HEC (89) et titulaire d’un Maitrise de Droit des Affaires. Il est avocat fiscaliste chez Baker & Mac Kenzie, dirigé par Christine Lagarde.

Il est, depuis l’âge de 25 ans, entrepreneur et a développé plusieurs entreprises qu’il a revendues. Il est désormais fondateur et CEO de Top Cream, un service B2B, sorte de Netflix des meilleures conférences mondiales. Par ailleurs, il est chairman (USA) de la principale ONG Sahélienne, SOS SAHEL, dédiée à l’Afrique sahélienne et son développement économique pour le recul du désert. www.sossahel.org. Il est également l’auteur de livres à succès (Ubérisation : Un Ennemi qui vous veut du bien ? (Dunod) et Pourquoi votre prochain patron sera Chinois (Eyrolles).

Il est chroniqueur chez Atlantico et un habitué de CNews, Europe1, BFM business, RCF…

Son dernier livre, COVID : Début de la Peur, fin d’une démocratie, a été publié, en 2021, aux éditions Eyrolles.

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents


L'Allemagne fait la découverte de l'année dans l'informatique quantique qui va lui donner une longueur d'avance sur ses concurrents
L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

 

Des chercheurs allemands mettent à jour l’entrelacement de la lumière et du son dans le monde quantique.

Les chercheurs de l’Institut Max-Planck pour la Science de la Lumière (MPL) ont mis au point une méthode novatrice permettant d’entrelacer des photons optiques (particules de lumière) avec des phonons (quasi-particules représentant des ondes sonores). Cette réalisation ouvre de nouvelles perspectives pour l’élaboration de systèmes hybrides en communication et en calcul quantique, marquant un tournant potentiel dans la façon dont nous pourrions manipuler et utiliser les informations quantiques.

Les allemands écrivent un nouveau chapitre dans l’histoire de l’entrelacement quantique

L’entrelacement quantique, ce lien étrange qui permet à des particules de rester connectées quelles que soient les distances les séparant, a traditionnellement été réalisé entre des particules de même nature, comme des photons avec des photons. Toutefois, l’innovation de MPL introduit la possibilité d’entrelacer des types de particules fondamentalement différents, une avancée qui pourrait transformer les technologies de l’information quantique.

Mécanisme de l’entrelacement optoacoustique

Le processus proposé par l’équipe du MPL repose sur la diffusion Brillouin, un phénomène où les photons interagissent avec les vibrations des atomes ou molécules dans un matériau, générant des phonons. Cette interaction entraîne un changement de fréquence de la lumière, qui varie en fonction du mouvement des phonons. Contrairement aux systèmes optomécaniques classiques, cette méthode offre une nouvelle façon de coupler la lumière et le son à un niveau fondamental, permettant de créer des paires entrelacées stables, moins sensibles aux fluctuations de température.

Avantages et potentiel de l’entrelacement hybride

L’entrelacement de photons et de phonons présente plusieurs avantages significatifs. D’une part, il est résilient et adapté pour fonctionner à des températures beaucoup plus élevées que celles requises par les méthodes traditionnelles, réduisant ainsi la dépendance à des équipements coûteux et complexes comme les réfrigérateurs à dilution. D’autre part, cette approche hybride ouvre la porte à des applications dans des domaines variés allant de la communication quantique sécurisée à la computation, en passant par la métrologie quantique et la téléportation quantique.

Implications et applications futures

Les capacités de cette nouvelle technique à manipuler et à contrôler les interactions entre la lumière et le son à un niveau quantique ont le potentiel de révolutionner notre compréhension et notre exploitation des propriétés quantiques des matériaux. En particulier, cela pourrait significativement avancer notre capacité à stocker, à traiter et à transmettre des informations de manière plus efficace et plus sécurisée.

Cet article explore les implications profondes de la nouvelle technique d’entrelacement de la lumière et du son via la diffusion Brillouin, en soulignant son potentiel révolutionnaire pour avancer dans la compréhension et l’utilisation des phénomènes quantiques. En connectant des mondes aussi différents que ceux des photons et des phonons, cette percée scientifique ouvre des portes vers des applications innovantes qui pourraient un jour redéfinir notre approche des technologies de l’information et de la communication, tout en renforçant les bases de la télécommunication quantique et du traitement de l’information.

Source : Max Planck Institute

Des dangers de la diplomatie de l’imprévision !

Des dangers de la diplomatie de l’imprévision !

par Jean Daspry* – CF2R – TRIBUNE LIBRE N°163 / novembre 2024

https://cf2r.org/tribune/des-dangers-de-la-diplomatie-de-limprevision/

*Pseudonyme d’un haut fonctionnaire français, docteur en sciences politiques

 

 

©Agence Pappleweb – 2024