Légion étrangère : pourquoi ce célèbre chef étoilé s’est rendu dans la cuisine du régiment de Castelnaudary

Légion étrangère : pourquoi ce célèbre chef étoilé s’est rendu dans la cuisine du régiment de Castelnaudary

Le chef étoilé Thierry Marx s’est rendu à Castelnaudary pour coacher des légionnaires lors de l’épreuve façon « Top Chef » organisée à l’issue de leur formation en restauration.

Le chef Thierry Marx prodiguant ses conseils à des stagiaires attentifs.
Le chef Thierry Marx a prodigué ses conseils à des stagiaires attentifs, dans les cuisines du château des Cheminières. ©4e Régiment étranger

Lundi 11 novembre, le 4e Régiment étranger de Castelnaudary organisait dans l’enceinte de son château des Cheminières, sur le domaine du Quartier Danjou, un repas de gala concocté par de jeunes légionnaires à l’issue de leur formation dans la branche « Restauration, hébergement et loisir ». Une centaine de légionnaires sont ainsi formés chaque année dans ce secteur d’activité pendant huit semaines. Une période qui se clôture par l’organisation d’un repas dont le menu est cuisiné par les stagiaires.

Cette année, pour le grand jour de Mémoire du 11 novembre, c’est le célèbre chef étoilé Thierry Marx qui est venu leur apporter son savoir-faire et ses conseils dans les cuisines exiguës du château des Cheminières. Un moment d’autant plus inoubliable pour les jeunes légionnaires qu’une équipe de M6 est venu le filmer.

Un concours façon « Top chef »

Deux équipes étaient en concurrence, à l’image du concept de l’émission télévisée Top chef dont Thierry Marx a été l’un des membres du jury au moment de son lancement. Ils avaient pour défi de concevoir et réaliser un menu composé de deux entrées, deux plats de résistance et deux desserts, le tout accompagné du vin de Puyloubier produit par les anciens de la Légion.

Le jury était constitué par les 28 convives, civils et militaires. Même s’il n’est pas facile de comprendre l’art de la gastronomie française, pour ces étrangers qui viennent parfois du bout du monde pour servir la France, d’abord comme combattants et ensuite comme spécialistes, les deux équipes de cuisiniers stagiaires ont eu droit aux félicitations du jury.

Les liens forts de Thierry Marx avec l’Armée de terre

Chef cuisinier étoilé et président confédéral de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), Thierry Marx est très attaché à l’armée de Terre puisqu’il a servi comme parachutiste dans l’infanterie de marine. Ce n’est pas la première fois qu’il intervient ou s’investit de la sorte auprès des militaires français. Il a notamment pris l’habitude d’élaborer le menu du dîner caritatif Vulnerati qui permet de récolter des fonds pour les blessés de l’armée de Terre.

Certains iront se perfectionner chez Thierry Marx

Le colonel Montull, chef de corps du 4e Régiment étranger, estimait les « résultats très encourageants, avec une certaine marge de progression », tandis que le chef Thierry Marx faisait part de son expertise et de quelques recommandations.

Chacun saluait le travail d’équipe et la volonté de donner le meilleur de soi-même. Notons que certains de ces jeunes légionnaires auront la chance d’effectuer un stage de perfectionnement dans les cuisines du célèbre chef.

Carte – La portée des missiles ATCMS en territoire russe

Carte – La portée des missiles ATCMS en territoire russe

par Revue Conflits avec AFP – publié le 18 novembre 2024

https://www.revueconflits.com/carte-la-portee-des-missiles-atcms-en-territoire-russe/


Les États-Unis ont autorisé dimanche l’Ukraine à frapper le territoire russe avec les missiles longues portées ATCMS qu’ils lui fournissent. Un changement stratégique qui devrait permettre à l’Ukraine de gagner en profondeur stratégique et de disposer d’un argument supplémentaire en vue des négociations de paix. Volodymyr Zelenski a accueilli la nouvelle avec prudence, même s’il demandait cette possibilité de longue date.

Les ATACMS (Army Tactical Missile System) sont des missiles balistiques sol-sol capables de frapper une cible à plus de 300 kilomètres. Une première salve avait été livrée en octobre 2023, puis une deuxième au printemps 2024, mais les missiles étaient limités à 165 km pour éviter une escalade. Selon des responsables américains cités par le New York Times, « ces armes seront probablement utilisées dans un premier temps contre les troupes russes et nord-coréennes pour défendre les forces ukrainiennes dans la région de Koursk, à l’ouest de la Russie ».

L’armée ukrainienne n’est pas capable seule de tirer ce type de missile. Elle ne dispose pas, par exemple, des capacités de reconnaissance spatiale nécessaires. Le tir doit donc être réalisé avec des spécialistes de l’OTAN, ce qui entraînera une nouvelle escalade.

Carte de l’Ukraine et de la Russie montrant les régions russes à moins de 300 kilomètres des régions ukrainiennes contrôlées par Kiev, soit la portée potentielle des missiles longue portée de l’Ukraine sur le territoire russe / AFP / Valentina BRESCHI

La Guyane est une terre d’enjeux immenses – Entretien avec le général Jean-Christophe Sintive

Entretien avec le général Jean-Christophe Sintive, commandant la Gendarmerie de la Guyane-Française

AASSDN – publié le 14 novembre 2024

https://aassdn.org/amicale/la-guyane-est-une-terre-denjeux-immenses/


Commentaire AASSDN : Compte tenu de sa situation géographique proche de l’équateur, de ses ressources naturelles et de sa superficie importante (1/6e de la Métropole), la Guyane est un atout pour la France.
Mais la très forte immigration étrangère, les trafics et l’insécurité qui atteint des niveaux inconnus en Métropole sont de nature à transformer ce département d’Outre-mer à devenir un boulet pour notre pays, voire une proie pour ses voisins.
Il est donc impératif et urgent de restaurer la sécurité et l’intégrité de ce territoire où opèrent de nombreux clandestins, souvent orpailleurs armés venus du Surinam et du Brésil. La Guyane doit constituer notamment avec Kourou, un pôle d’influence français en Amérique du Sud.

Affecté à la tête de la Gendarmerie de la Guyane Française depuis le 1er août 2022, le général Sintive décrit un territoire dont la beauté n’a d’égale que l’exigence de l’engagement des gendarmes qui y servent.

Avec ses 84 000 km², la superficie de la Guyane est comparable à 1/6e de l’Hexagone, mais ne compte que 300 000 habitants. Seul outre-mer français à ne pas être une île, ce territoire partage plus de 500 kilomètres de frontière avec le Suriname et 700 kilomètres avec le Brésil (plus précisément avec l’État fédéré de l’Amapá), ce qui en fait ainsi la plus grande frontière terrestre de la France, au cœur de l’Amérique du Sud. La Guyane constitue ainsi une porte d’entrée vers l’Europe, qu’il s’agisse de flux licites ou illicites de personnes et de biens.

Recouvert à 94 % de forêt équatoriale, ce territoire présente une biodiversité exceptionnelle. Celle-ci est néanmoins menacée par la déforestation, par l’orpaillage illégal et la pêche illégale. Terre de convoitises, la Guyane dispose de réserves aurifères et halieutiques importantes.

Passionné par ce territoire, le général Jean-Christophe Sintive s’engage quotidiennement aux côtés des gendarmes servant sous ses ordres. « J’adore la Guyane. J’exerce un commandement hors du commun. La gendarmerie est la force qui compte sur ce territoire, elle y fait face à des enjeux immenses. »

De ses débuts en Guyane jusqu’aux fonctions de Commandant de la gendarmerie de la Guyane Française

« Scientifique de formation, j’ai choisi la gendarmerie après ma scolarité à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. À l’issue de la formation à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN, nouvellement Académie militaire de la gendarmerie nationale – AMGN), j’ai rejoint l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 46/2 de Châtellerault, d’abord en tant que commandant d’un peloton blindé, puis à la tête du peloton d’intervention. J’ai participé à plusieurs missions, mais la première s’est déroulée en Guyane, constituant ainsi un véritable marqueur de ma carrière. J’ai également été engagé au Kosovo. J’ai ensuite été affecté à l’École polytechnique en tant qu’instructeur, avant de devenir commandant de la compagnie de gendarmerie départementale de Béziers. Ce temps de commandement s’est révélé particulièrement formateur en raison de l’activité judiciaire soutenue et des nombreux événements d’ordre public. Après un temps à la Direction générale de la gendarmerie nationale et une année de scolarité à l’École de Guerre, j’ai eu l’opportunité d’occuper un poste nouvellement créé au sein de l’Inspection générale de l’administration (IGA), dans le cadre du rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur. Cette affectation m’a permis de disposer d’une compréhension des enjeux interministériels et d’obtenir des diplômes d’audit. Dans la continuité de ce poste, j’ai rejoint l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) afin de participer au développement de l’audit interne en gendarmerie. J’ai ensuite servi au sein du Bureau personnel officier, où j’ai pu appréhender les enjeux de l’Institution en matière de ressources humaines. De 2016 à 2019, j’ai commandé le Groupement de gendarmerie départementale de la Gironde, marqué par des enjeux périurbains et estivaux importants. À ce temps de commandement a succédé une nouvelle scolarité au sein du Centre des hautes études militaires (CHEM) et de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Cette formation m’a permis d’approfondir ma compréhension de la décision interministérielle et des enjeux géopolitiques de la France. À l’issue, j’ai occupé le poste de conseiller sécurité intérieure et défense sécurité auprès du ministre des Armées. En 2022, j’ai été affecté comme Commandant de la gendarmerie de la Guyane Française (COMGEND-GF).

Ce poste est exactement celui que je souhaitais obtenir. Je suis revenu en Guyane 23 ans après y avoir servi. Il s’agit d’un territoire exceptionnel, au sein duquel la gendarmerie joue un rôle majeur. Elle agit en effet sur plus de 99 % de ce territoire et assure la sécurité de 80 % de la population. À cela s’ajoutent les spécificités liées à la Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI), qui est une opération qui n’existe nulle part ailleurs, et à la protection du Centre spatial Guyanais (CSG). Pour ces raisons, commander la gendarmerie de Guyane présente un intérêt particulier. »

L’état de la menace

« La Gendarmerie doit faire face à des enjeux de sécurité extrêmement importants. La Guyane est confrontée à toutes les difficultés de l’Amérique du Sud et à des problématiques migratoires conséquentes. Les populations frontalières immigrent en Guyane en quête d’une vie meilleure. Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant de ce territoire est deux fois supérieur à celui du Brésil et trois fois supérieur à celui du Suriname. La Guyane est marquée par un haut niveau de violence et par une circulation massive d’armes à feu. Les trafiquants de drogue utilisent la Guyane comme porte d’entrée vers l’Europe. Nous enregistrons 35 % des vols à main armée avec arme à feu et 20 % des tentatives d’homicide constatés par la gendarmerie sur le territoire national. Plusieurs phénomènes criminels sont aujourd’hui notables.

Depuis cinq ans, nous faisons face à l’arrivée de factions armées brésiliennes. Il s’agit de groupes criminels organisés qui ont commencé à se constituer dans les années 80 dans les prisons de ce pays. Ils cherchent désormais à s’étendre dans toute l’Amérique du Sud, voire à l’Europe via le Portugal mais aussi la France, en raison de la situation géographique de la Guyane. Les deux principales factions implantées en Guyane sont la FTA (Familia Terror do Amapá) et le Commando rouge. Ces organisations sont rivales, ce qui explique aussi les nombreux règlements de compte que nous constatons.

La Guyane est également victime de l’orpaillage illégal au cœur de la forêt équatoriale. On estime que 5 tonnes d’or ont été extraites illégalement en 2023. Cette année-là, nous avons saisi 61 millions d’euros d’avoirs criminels liés à l’orpaillage illégal. Actuellement, nous avons déjà atteint 76 millions de saisies et destructions. Ces résultats montrent que nous sommes présents et réactifs, mais cela ne suffit pas pour endiguer l’orpaillage illégal, dont la croissance est largement corrélée à l’augmentation du prix de l’or. Les moyens que nous engageons pour lutter contre ce phénomène doivent être proportionnels, pérennes et renouvelés. L’enjeu est de tenir la forêt équatoriale pour éviter qu’elle ne soit dévastée par des délinquants qui n’ont aucune conscience environnementale.

Le CSG constitue également un véritable enjeu de sécurité. La gendarmerie est chargée de la protection du site dans le cadre d’une convention conclue avec le Centre national d’études spatiales (CNES). Une partie des effectifs dédiés est financée par cette agence. À la suite du lancement réussi d’Ariane 6, l’activité du site va s’intensifier dans les prochaines années. L’ambition commune du CNES et de l’Agence spatiale européenne est de pouvoir réaliser jusqu’à trois lancements par mois. La gendarmerie devra s’adapter à cette accélération et monter en puissance.

Nous sommes également confrontés au défi de l’accroissement démographique. La population augmente de 3 % par an et même de 5 % par an dans certaines communes du territoire. La gendarmerie doit être en mesure de suivre cette évolution en adaptant son dispositif territorial. Le plan de création de 239 brigades lancé par le président de la République prévoit l’implantation de quatre nouvelles unités en Guyane. La première d’entre elles, la brigade fluviale de gendarmerie de Saint-Laurent-du-Maroni, a été inaugurée en avril 2024 et est aujourd’hui pleinement opérationnelle. »

Un engagement exigeant

« La gendarmerie a pris en compte le phénomène des factions. En raison de la difficulté à conduire les investigations les concernant, la Section de recherches (S.R.) de Cayenne a été réorganisée. Ses effectifs ont également été augmentés. Alors qu’elle ne comptait que deux divisions en début d’année (une division consacrée aux crimes commis en forêt équatoriale et une division dédiée à ceux commis sur le littoral, c’est-à-dire dans les zones habitées), elle est désormais structurée en quatre divisions (criminalité organisée, criminalité sérielle et complexe, criminalité économique et financière et LCOI). À celles-ci s’ajoute un Groupe appui renseignement (GAR). La division criminalité organisée est spécifiquement chargée de la lutte contre les factions. De nombreuses opérations judiciaires visant les factions ont d’ores et déjà été réalisées afin d’entraver leur développement. Ce travail commence à porter ses fruits.

La LCOI a été organisée autour de l’opération Harpie. Il s’agit d’un dispositif comprenant à la fois un contrôle de zone dans la profondeur, des actions aéroportées d’opportunité et des points de contrôle terrestres et fluviaux en forêt et sur le littoral, afin d’endiguer les flux logistiques. Deux Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) sont normalement consacrés à cette mission en plus des unités de gendarmerie départementale de Guyane, de la Brigade fluviale et nautique de Matoury, de la Section de recherches (S.R.) de Cayenne, de la Section aérienne gendarmerie (SAG) et de l’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (A-GIGN). Cette opération est coordonnée par le Centre de conduite des opérations (CCO). Rattaché au COMGEND-GF, cet état-major dédié à la LCOI est chargé de planifier, d’organiser et de conduire les opérations menées dans ce domaine, en lien avec les Forces armées en Guyane (FAG). Innovant en permanence, la gendarmerie de Guyane a fusionné son J2 CCO (renseignement) avec celui de l’État-major interarmées des FAG, afin de poursuivre l’amélioration du ciblage des opérations.

Notre action sur le terrain s’est toutefois amoindrie ces derniers mois en raison de l’engagement des EGM sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, ainsi qu’en réponse aux crises survenues en Nouvelle-Calédonie et en Martinique. Nous avons tout mis en œuvre pour compenser la diminution du nombre de gendarmes mobiles par un renforcement de l’activité des gendarmes départementaux et leur déploiement en forêt. Cette manœuvre a également permis de former largement les gendarmes départementaux sur une mission fondamentale pour la Guyane. Cet investissement estival multiplie aujourd’hui nos capacités opérationnelles en la matière. »

La coopération au cœur de l’efficacité opérationnelle

« Nous travaillons étroitement avec les FAG, tant dans le cadre de la LCOI, qu’au CSG. Nos actions et nos moyens sont complémentaires. Nous coopérons également avec de nombreux services étatiques, et notamment avec la police nationale, à Cayenne, à Saint-Laurent du Maroni, à Saint-Georges ou encore à l’aéroport. Le Parc amazonien de Guyane (PAG), l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’Office national des forêts constituent également des partenaires quotidiens dans nos missions de protection de l’environnement.

On ne pourrait pas être efficaces si on ne développait pas des relations privilégiées avec les partenaires internationaux. Nous avons renforcé notre coopération avec la Korps Politie Suriname (KPS), en mettant en place des patrouilles conjointes des deux côtés du Maroni, ainsi qu’avec les polices du Brésil, notamment la police fédérale et les polices de l’État de l’Amapá. L’interpellation très récente par la KPS à Paramaribo, d’une équipe de cinq malfaiteurs chevronnés qui avait fui la Guyane et leur remise immédiate à la gendarmerie constituent la démonstration que nous sommes sur la bonne voie.

Structure prévue par une loi française et brésilienne, le Centre de coopération policière (CCP) de Saint-Georges facilite et fluidifie l’échange d’informations judiciaires et policières. »

Une gendarmerie de proximité

« Il est important que la gendarmerie soit un acteur reconnu de la sécurité des Guyanais. Elle doit être appréciée pour son contact, sa proximité et son intégration dans la vie guyanaise. À cette fin, nous avons développé des missions de Police de sécurité du quotidien (PSQ) permettant de nous rendre dans les villages isolés habités par les populations autochtones. Ce dispositif nous permet de mieux les comprendre et de rencontrer des gens qui ne sont pas en mesure de venir jusqu’à nous.

La proximité passe également par un recrutement local. Depuis deux ans, j’ai développé cet objectif au sein de la réserve et des gendarmes adjoints volontaires, grâce notamment à la montée en puissance du centre régional d’instruction. Nous en constatons les premiers résultats avec une augmentation de notre attractivité. À cette fin, nous avons signé un partenariat avec le Régiment du service militaire adapté (RSMA). »

Des gendarmes passionnés

« La Gendarmerie de Guyane peut vraiment compter sur le dynamisme de ses gendarmes. Ils remplissent des missions passionnantes qui ont du sens. La population apprécie leur action. Ses attentes envers eux sont fortes. Les gendarmes qui travaillent ici sont véritablement passionnés. Ils sont confrontés à un engagement majeur, probablement l’un des plus exigeants de leur carrière, mais celui-ci est particulièrement galvanisant.
Dans le même temps, la Guyane est une terre accueillante. La population est avenante et les gendarmes ont développé une véritable solidarité entre eux, ce qui les aide à se sentir bien dans leur vie professionnelle comme personnelle.
Ils ont la chance de servir sur un territoire d’une beauté extraordinaire. La forêt équatoriale présente une biodiversité incroyable. C’est un émerveillement quotidien, tant pour les gendarmes que pour leurs familles. »

Des enjeux d’avenir

« Les enjeux sont énormes et les possibilités le sont tout autant. La Guyane est une terre d’innovation. Nous avons déployé la Starlink sur le territoire. Au regard des résultats satisfaisants de ce système, nous l’avons expérimenté sur un véhicule pendant le Relais de la Flamme Olympique. Ce premier véhicule équipé du système Starlink permet de procéder à des contrôles en mobilité sur tous les axes du territoire, ce qui n’était pas le cas avant. De nombreuses initiatives sont menées, ce qui est pour moi, comme pour les gendarmes, une véritable source de satisfaction.

Capitaine Tristan MAYSOUNAVE

Crédit photo : © GEND/ SIRPAG/ ADC.BOURDEAU

Le 1er Régiment de Hussards Parachutistes a développé une munition antichar téléopérée de courte portée

Le 1er Régiment de Hussards Parachutistes a développé une munition antichar téléopérée de courte portée


Comme le montre la guerre en Ukraine, s’approprier rapidement les innovations les plus pertinentes afin de les décliner ensuite en capacités militaires peut s’avérer crucial pour faire la différence sur le champ de bataille. Le cas de la transformation des drones FPV [First Person View ou pilotage en immersion] en munitions téléopérées [MTO] en est un exemple, leur usage s’étant généralisé au sein des forces ukrainiennes et russes.

Peu coûteux à produire, « consommables » et faciles à piloter, ces engins peuvent être d’une efficacité redoutable, d’autant plus qu’ils sont rapides et difficiles à détecter, sauf à déployer des moyens de lutte antidrone importants, notamment en matière de guerre électronique. Et encore, certains modèles étant désormais filoguidés, de tels dispositifs n’ont pas l’efficacité escomptée pour les contrer.

La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit un effort financier conséquent pour acquérir au moins 1 800 munitions téléopérées au profit de la force opérationnelle terrestre [FOT] avant 2030. Mais encore faudra-t-il qu’elles ne soient pas dépassées au moment de leur mise en service. Ce point a d’ailleurs été soulevé par le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

« L’évolution des munitions téléopérées […] est tellement rapide que la question des stocks n’est pas la seule grille d’analyse pertinente. Il importe d’avoir des industries capables de produire les munitions les plus à jour possible, tant dans leur conception physique que logicielle, en incluant notamment l’intelligence artificielle afin d’offrir des capacités pour résister au brouillage, trouver des cibles ou se repérer grâce à l’analyse des images », a en effet affirmé le CEMAT.

Et d’insister : « Le flux de production doit permettre de s’entraîner et de disposer d’un stock minimum. Il doit surtout permettre de monter en cadence de production en cas de conflit, car constituer des stocks importants préalables ferait courir le risque de posséder des munitions obsolètes. Il s’agit d’une nouvelle modalité d’acquisition des munitions et un des aspects de l’économie de guerre qui nous impose de revoir nos façons de nous entraîner et de distribuer les équipements dans nos armées ».

Cela étant, l’innovation participative peut y répondre. En effet, en s’inspirant des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine, un adjudant du 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP] a eu l’idée d’une munition téléopérée de courte portée destinée à compléter la trame antichar de son unité, en adaptant d’anciennes grenades à fusil au drone FPV Racer.

« J’ai été impressionné par les capacités du drone FPV Racer. Je me suis dit qu’il pouvait compléter la trame antichar du régiment, avec des caractéristiques permettant de s’intercaler entre l’AT4 [lance-roquettes antichar de 84 mm] et le MMP [Missile Moyenne Portée ou Akeron MP]. Un de mes co-équipiers pratique le FPV Racer sur son temps libre. Nous en avons discuté, nous avons rédigé un cahier des charges et nous nous sommes lancés », explique ce sous-officier, dans les pages du dernier numéro de Terre Mag.

La charge militaire de cette MTO de courte portée repose sur deux anciens modèles de grenades à fusil, à savoir l’AC58 et APAV40. En tir tendu, elles peuvent respectivement perforer 35 et 20 cm d’acier.

Selon l’adjudant du 1er RHP, il s’agit de permettre à son régiment de disposer d’un moyen supplémentaire peu coûteux et pouvant être utilisé rapidement pour détruire des objectifs « durcis ». « L’idée était aussi de pouvoir adapter et modifier la trajectoire quasiment jusqu’à l’impact, sur une portée de 50 à 2 000 mètres, lors d’un vol de 30 minutes », a-t-il ajouté.

Le développement de cette MTO a bénéficié d’une aide apportée par un élève ingénieur, qui a donné des conseils sur la conception, et il a fait l’objet d’un partenariat avec le FabLab de Tarbes [laboratoire de fabrication ouvert]. Partenariat qui a permis de fabriquer plusieurs prototypes.

Le projet porté par le sous-officier est soutenu par la cellule innovation du 1er RHP ainsi que par le Battle Lab Terre et la Section technique de l’armée de Terre. Il est également appuyé par la Direction générale de l’armement [DGA], celle-ci ayant étudié la possibilité d’adapter la grenade AC58 au drone FPV. Des essais de tir « dynamiques » seront prochainement réalisés.

Photo : armée de Terre / illustration

L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ?

L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ?

Dans le monde des blindés lourds, deux titans s’affrontent : le char américain M1 Abrams et l’israélien Merkava IV. Ces mastodontes d’acier, conçus pour dominer le champ de bataille moderne, présentent chacun des caractéristiques uniques. Plongeons dans une analyse comparative de ces deux géants pour déterminer lequel pourrait l’emporter dans un hypothétique duel.

Par Laurène Meghe – armees.com –  Publié le 16 novembre 2024

Abrams Merkava Quel Char Triompherait Affrontement
L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ? – © Armees.com

L’Abrams et le Merkava IV sont tous deux équipés de canons de 120 mm capables de détruire la plupart des chars soviétiques à longue distance. Mais, leurs approches diffèrent sur certains points :

  • Le Merkava peut tirer des missiles antichars depuis son canon principal
  • L’Abrams dispose de munitions à l’uranium appauvri, plus performantes contre les blindages réactifs modernes
  • Le char israélien est doté d’un mortier léger de 60 mm, utile en combat urbain

Ces différences reflètent les priorités stratégiques de chaque nation. Israël se concentre sur la polyvalence en milieu urbain, tandis que les États-Unis privilégient la supériorité face aux blindés adverses.

Mobilité et protection : des philosophies distinctes

En termes de mobilité, l’Abrams a longtemps eu l’avantage avec une vitesse de pointe supérieure à 65 km/h. Le Merkava IV a en revanche rattrapé son retard grâce à un nouveau moteur de 1500 chevaux, atteignant désormais les 64 km/h. L’autonomie du char israélien reste supérieure, avec 500 km contre 425 pour son homologue américain.

Côté protection, le Merkava IV se distingue par son système de protection active Trophy. Ce dispositif révolutionnaire, capable d’intercepter les missiles antichars, a prouvé son efficacité au combat. L’Abrams, bien que doté d’un blindage composite extrêmement résistant, ne dispose pas encore d’un tel système, le rendant plus vulnérable face aux menaces modernes.

Le char israélien intègre également des innovations uniques pour la survie de l’équipage :

  • Moteur placé à l’avant, servant de bouclier supplémentaire
  • Trappe d’évacuation à l’arrière
  • Chaînes à boules pour dévier les roquettes

Ces caractéristiques illustrent l’importance accordée par Israël à la protection de ses soldats, une priorité née des expériences de combat intensif dans des environnements hostiles.

Adaptation aux théâtres d’opérations : polyvalence contre spécialisation

Le Merkava IV excelle dans la défense et le combat urbain, répondant aux besoins spécifiques d’Israël. Sa capacité à transporter des fantassins (jusqu’à 4 soldats) en fait un outil polyvalent sur le champ de bataille. L’Abrams, quant à lui, est conçu pour des opérations offensives rapides sur de longues distances, reflétant la doctrine militaire américaine.

Voici un tableau comparatif résumant les forces de chaque char :

En définitive, déterminer lequel de ces deux titans l’emporterait dans un affrontement direct relève de la spéculation. Chacun excelle dans son domaine et répond aux besoins spécifiques de son armée. Le Merkava IV se distingue par sa survivabilité exceptionnelle et sa polyvalence, tandis que l’Abrams reste une référence en matière de puissance de feu et de mobilité offensive.

L’évolution constante des technologies de blindage et de protection active, comme celle développée par Israël, pourrait bien redéfinir les standards des chars de combat du futur. Les armées du monde entier observent attentivement ces innovations, cherchant à adapter leurs propres véhicules aux défis des conflits modernes.

Guerre en Ukraine. Zelensky compte sur Trump, Kiev remercie la France… le point sur la nuit

Guerre en Ukraine. Zelensky compte sur Trump, Kiev remercie la France… le point sur la nuit

Volodymyr Zelensky estime que « la guerre se terminera plus tôt » avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, mais sans préciser de date pour d’éventuelles négociations. L’armée ukrainienne a remercié Paris pour la formation et l’équipement d’une brigade de l’armée de Terre, assurés par les militaires français. Retour sur les événements qui ont marqué la nuit du vendredi 15 au samedi 16 novembre 2024.

 

Volodymyr Zelensky estime que l'arrivée de Donald Trump permettra une résolution plus rapide de la guerre en Ukraine.
Volodymyr Zelensky estime que l’arrivée de Donald Trump permettra une résolution plus rapide de la guerre en Ukraine. | HANDOUT / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé vendredi 15 novembre 2024 que « la guerre se terminera plus tôt » sous la présidence de Donald Trump, louant ses derniers contacts avec le républicain malgré la crainte d’une baisse du soutien de Washington.

« Il est certain que la guerre se terminera plus tôt avec les politiques de l’équipe qui va maintenant diriger la Maison Blanche. C’est leur approche, leur promesse à leur société », a déclaré M. Zelensky lors d’un entretien avec le média ukrainien Suspilne.

« La guerre se terminera, mais nous n’en connaissons pas la date exacte », a-t-il cependant nuancé.

M. Zelensky a assuré avoir eu une « interaction constructive » avec Donald Trump lors de leur conversation téléphonique après sa victoire à la présidentielle américaine.

Donald Trump « a entendu les bases sur lesquelles nous nous appuyons. Je n’ai rien entendu qui aille à l’encontre de notre position », a-t-il ajouté.

Guerre en Ukraine : faites-vous confiance à Donald Trump pour proposer une issue « juste » ?

Très critique des dizaines de milliards de dollars débloqués pour l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe en février 2022, M. Trump a promis de régler ce conflit « en 24 heures », sans jamais expliquer comment.

Vendredi, il a encore promis de « travailler très dur sur la Russie et l’Ukraine » car « cela doit s’arrêter ».

L’Ukraine craint un affaiblissement du soutien américain, au moment où ses troupes sont en difficulté sur le front, ou qu’un accord impliquant des concessions territoriales à la Russie ne lui soit imposé.

L’Ukraine remercie la France

Sur les réseaux sociaux le ministère ukrainien de la Défense a remercié « sincèrement le peuple français et le ministre de la Défense Sébastien Lecornu pour leur leadership et leur soutien qui renforcent considérablement les capacités de nos forces de défense ».

 

Ce message intervient pour marquer la fin de la formation de militaires ukrainiens, entraînés par l’armée française.

« La première brigade de l’armée de Terre ukrainienne, formée et équipée en France » a terminé sa formation ce vendredi 15 novembre 2024.

Bilan des pertes russes

L’État-Major ukrainien a publié son bilan quotidien des pertes subies par les troupes russes depuis l’invasion du pays le 24 février 2022.

Selon Kiev, 717 590 soldats de Moscou auraient été mis hors d’état de combattre, en étant tués, blessés ou faits prisonniers, soit une hausse de 1 520 soldats en l’espace de vingt-quatre heures.

Les forces du Kremlin auraient également perdu 29 167 citernes et véhicules de ravitaillement (+77). Le décompte fait aussi état de la destruction de 20 492 pièces d’artillerie (+20), 18 968 véhicules blindés (+21) ou encore 18 886 drones (+34), 9 330 chars d’assaut (+11) et 2 641 missiles de croisière (+1).

La publication régulière de ces chiffres, qui n’ont pu être vérifiés, fait partie de la stratégie de communication ukrainienne destinée à saper le moral des troupes de Moscou.

Aide financière norvégienne

Lors de sa visite à Oslo, le ministre de la défense ukrainien, Roustem Oumerov, a conclu un accord avec le Premier ministre Jonas Gahr Støre et le ministre de la Défense Bjørn Arild Gram. LComme l’a fait le Danemark, la Norvège financera directement la production d’armes et d’équipements ukrainiens.

« Cela permettra une fabrication et une livraison plus rapides des armes essentielles pour nos forces de défense », a affirmé Kiev.

Les multiples offensives russes accentuent la pression sur l’Ukraine

Les multiples offensives russes accentuent la pression sur l’Ukraine

Un mortier ukrainien en action près de Pokrovsk (Photo Diego Herrera Carcedo / ANADOLU / Anadolu via AFP)

La guerre de « trois jours » lancée par les Russes en février 2022 (il y a bientôt mille jours) a tout d’un fiasco. Les gains territoriaux initiaux, dans le nord et le sud de l’Ukraine, ont été perdus ; l’armée russe connaît une saignée sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale et les irréductibles Ukrainiens soutenus par les Occidentaux continuent de lui tenir tête.

Néanmoins plus de 18 % du territoire ukrainien, si l’on compte la Crimée et les secteurs du Donbass déjà aux mains des Russes depuis 2014, échappent au contrôle de Kiev. En outre les efforts insensés de l’armée russe lui permettent actuellement de grignoter des pans de l’est de l’Ukraine. Au cours de chacune des dernières semaines, les gains territoriaux russes au détriment des Ukrainiens ont varié de 160 km2 à 200 km2 selon le cartographe français « Poulet Volant « . L’objectif est d’arriver en force à la future table de négociations, surtout si est acceptée l’idée de Donald Trump d’imposer une fin des hostilités figeant le front et entérinant de facto les conquêtes territoriales russes.

C’est pourquoi le pouvoir russe entend atteindre des objectifs nouveaux et précis.

D’abord, chasser les forces de Kiev du territoire russe en reconquérant la poche au sud de Koursk aux mains des Ukrainiens depuis août dernier. D’où le déploiement suspecté de quelque dix mille soldats nord-coréens aux côtés des Russes.

Ensuite, multiplier les coups de boutoirs dans l’Est, de Koupiansk (nord du Donbass) à Robotyne (sud du Donbass), à proximité de la grande ville de Zaporijia. Du nord au sud, les forces russes attaquent donc en masse sur plusieurs axes. Un de leurs objectifs est la ville de Koupiansk où ils ont tenté une incursion mercredi13 novembre. Ils visent aussi Sloviansk, Chassiv Yar, Kostiantynivka et Pokrovsk où les combats acharnés saignent les deux camps.

Enfin, couper les voies de communication routières (dont les nationales H-2O et T-0504) et ferroviaires et empêcher l’arrivée des renforts et du ravitaillement vitaux pour les défenseurs du sol ukrainien. Malgré les avancées russes, les pertes humaines et la lassitude, ces derniers ont toujours le soutien d’une majorité de la population. En effet, à 58 %, les Ukrainiens restent opposés à des concessions territoriales à la Russie pour obtenir la paix, selon un sondage publié mardi par l’institut international de sociologie de Kiev (KIIS).

L’acquisition conjointe de missiles MISTRAL 3 officiellement soutenue par l’Europe

L’acquisition conjointe de missiles MISTRAL 3 officiellement soutenue par l’Europe


Cinq programmes d’acquisition conjointe d’équipements ou de munitions recevront un coup de pouce financier de l’Union européenne, dont l’un conduit par la France au profit de huit autres pays et portant sur le missile sol-air MISTRAL 3. 

Chacun des cinq projets retenus parmi 12 candidats recevra une enveloppe de 60 M€ via le mécanisme européen EDIRPA (European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act). Cet appui servira non pas à financer les matériels et munitions acquis mais à compenser les coûts administratifs supplémentaires résultants des différents rapprochements. Parmi les lauréats, l’un relève du missile MISTRAL 3. Neuf pays se sont accordés pour en acquérir ensemble, dont cinq sont à l’origine d’un accord signé avant l’été : la France, la Belgique, Chypre, l’Estonie et la Hongrie. Des utilisateurs ou futurs utilisateurs rejoints en cours de route par l’Espagne, la Slovénie, la Roumanie et la Danemark.

Si Madrid est un opérateur de longue date du système produit par MBDA, Bucarest puis Ljubljana avaient successivement annoncé leur volonté de rejoindre le club au cours de l’année écoulée. Le Danemark est quant à lui resté discret sur le sujet, sa présence parmi les bénéficiaires venant officialiser un scénario évoqué en août et devant lui permettre d’armer une version de défense sol-air de son blindé Piranha V. Le besoin combiné pourrait dépasser les 1500 missiles, indiquait en juin le ministère des Armées en juin dernier.

Les quatre autres projets, desquels la France est absente, relèvent de l’acquisition de munitions d’artillerie de 155 mm, de véhicules blindés CAVS et de systèmes de défense sol-air IRIS-T SLM. La plupart répond par ailleurs à l’un des critères du mécanisme, celui d’un achat soutenant également l’Ukraine en « renforçant les moyens de défense du pays dans le contexte de l’agression russe en cours », indique la Direction générale de l’industrie de la défense et de l’espace (DEFIS) dans un communiqué.

L’enveloppe peut paraître modeste au vu du contexte mais, faut-il le rappeler, rien de tel n’existait en Europe 12 mois plus tôt. Avec ces 310 M€, ce dispositif temporaire n’a pas tant pour objectif de se substituer aux budgets nationaux que d’inciter les pays à s’aligner pour augmenter les volumes, générer des économies d’échelle, donner de la visibilité aux industriels et construire leur interopérabilité. Le tout en achetant davantage européen et en créant un précédent sur lequel s’appuyer à l’avenir. 

« Les cinq projets sélectionnés représentent une valeur d’approvisionnement combinée supérieure à 11 Md€, ce qui illustre l’effet de levier élevé du financement de l’UE. L’investissement de 300 M€ de l’EDIRPA a suscité un engagement plus de 36 fois plus important, démontrant l’efficacité du programme pour stimuler des investissements substantiels dans le domaine de la défense dans l’ensemble de l’UE », constate la direction européenne.

L’achat de canons CAESAR n’a pas été retenu mais certains « propositions prometteuses » ont été intégrées dans une « liste de réserve », les rendant identifiables pour un financement futur. « Les États investis dans ces propositions pourraient par exemple chercher à les soutenir financièrement en transférant les fonds européens inutilisés qui leur sont alloués dans le cadre de la gestion commune ». EDIRPA désormais en cours de finalisation, la suite s’écrira au travers de l’European Defence Industry Programme (EDIP). 

Crédits image : EMA

La relocalisation en France d’une capacité de production de munitions de petit calibre se précise

La relocalisation en France d’une capacité de production de munitions de petit calibre se précise


En 2017, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, passa outre les réticences de la Direction générale de l’armement [DGA] en donnant le coup d’envoi d’un projet visant à recréer une capacité française de production de munitions de petit calibre, cette filière ayant disparu avec la fermeture de l’établissement de Giat Industries au Mans, à la fin des années 1990.

Cette décision avait été en partie inspirée par un rapport parlementaire qui, publié deux ans plus tôt, avait demandé si la France pouvait être certaine d’être approvisionnée en munitions de petit calibre en cas de crise majeure. Estimant qu’il n’y avait aucune garantie à ce sujet, ses auteurs recommandèrent de relocaliser une telle filière industrielle en expliquant que cela nécessiterait un investissement de 100 millions d’euros, la rentabilité devant être assurée « à partir d’une production annuelle de 60 millions de cartouches sous réserve qu’un niveau de commandes constant soit assuré durant les cinq premières années ».

Décrit, à l’époque, comme devant être un « acte de souveraineté nationale », le projet de M. Le Drian reposait sur un montage associant NobelSport, spécialiste français des cartouches pour la chasse et le tir sportif, à Thales [via sa filiale TDA Armement] et à Manurhin, fabricant de machines de cartoucherie.

Seulement, après les élections du printemps 2017, et même si un protocole avait été signé par les acteurs concernés, ce projet fut abandonné, avec les mêmes argument qui avaient été avancés pour s’opposer à sa mise en œuvre [viabilité économique non garantie, possibilité de s’approvisionner à l’étranger, complications juridiques au niveau européen, etc.].

Sauf que la crise du covid-19 et la guerre en Ukraine ont changé la donne, comme en témoignèrent les difficultés du ministère de l’Intérieur pour s’approvisionner en cartouches de 9 mm. Aussi, en décembre 2023, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, fit savoir qu’il avait commandé une étude à la DGA afin de « documenter les coûts de la recréation d’une filière » munitions de petit calibre.

Finalement, moins de six mois après, la France signa une lettre d’intention avec la Belgique en vue d’établir une coopération industrielle sur les munitions de petit calibre.

« Cette filière ayant disparu en France, l’objectif est de la recréer en s’appuyant sur les compétences belges. Ce nouveau volet doit comprendre la création d’une ligne d’assemblage de munitions en France et l’achat de munitions directement auprès de l’industrie belge. Les industriels travaillent à ce stade sur les questions de financement de l’investissement, le projet devant démarrer dans les prochains mois », expliqua le ministère des Armées.

Devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, le mois dernier, M. Lecornu revint brièvement sur ce dossier. « En ce qui concerne les munitions de petit calibre, les choses avancent bien. Le modèle économique devra englober le ministère de l’intérieur et peut-être même le tir de loisir : il faut des débouchés, pour éviter la situation ayant conduit à la disparition de la filière dans années 2000 », détailla-t-il.

Cette coopération entre la France et la Belgique va sans doute se concrétiser prochainement, en reprenant l’intuition qu’avait eue M. Le Drian il y a près de huit ans. En effet, ce 15 novembre, le groupe FN Browning [dont FN Herstal est une filiale] a confirmé qu’il venait d’entrer en « négociations exclusives » avec l’armurier français Sofisport, l’un des principaux producteurs de munitions de chasse et de tir sportif [via ses filiales Nobel Sport, Cheddite, Maxam, Sofiam, etc.] en vue de son rachat.

« Browning Group, dont les filiales comprennent entre autres FN Herstal et Browning, annonce son entrée en négociations exclusives pour l’acquisition du groupe français Sofisport, leader mondial de la fabrication de cartouches de chasse et de tir sportif et de leurs composants », a en effet annoncé l’industriel belge.

Et d’ajouter : « Le projet de rapprochement repose sur une forte complémentarité industrielle, géographique et culturelle entre Sofisport entreprise française à l’actionnariat familial, et FN Browning Group, détenu par la Région wallonne, une composante de l’Etat fédéral belge ».

L’objectif de cette opération est de constituer un « systémier européen d’envergure mondiale, pleinement intégré dans le domaine des armes légères et des munitions », la complémentarité des deux groupes devant leur permettre de renforcer « leur positionnement concurrentiel, leur performance et leurs capacités de développement, avec des effets favorables au maintien de l’activité et de l’emploi ».

Selon le journal économique belge L’Écho, ce rapprochement entre FN Browning et Sofisport serait susceptible de favoriser la « création d’une nouvelle ligne de production » en France, l’industriel wallon ayant prévu d’installer des capacités supplémentaires « de fabrication de munitions de petits calibres à Herstal et à Zutendaal, en collaboration avec la Défense belge ».

Quoi qu’il en soit, la coopération franco-belge dans le domaine de l’armement terrestre ne cesse de prendre de l’ampleur. Celle-ci a été amorcée par le partenariat stratégique CaMo [Capacité Motorisée] qui vise à rendre les forces terrestres des deux pays parfaitement interopérables grâce au programme français SCORPION. Puis, elle s’est poursuivie avec la reprise d’Arquus par le groupe John Cokerill, en juillet dernier.

« Nous aidons la Belgique sur CaMo et celle-ci nous aide à reconstruire une filière pour les petits calibres. Des rapprochements industriels intéressants ont lieu, notamment entre Arquus et Cockerill. Il s’agit d’un partenariat précieux », avait résumé M. Lecornu lors de sa dernière audition au Sénat.

Une militaire française, servant au 121e régiment du train de Montlhéry, meurt durant une mission au Liban

Une militaire française, servant au 121e régiment du train de Montlhéry, meurt durant une mission au Liban

La maréchal des logis Fany Claudin, rattachée au 121ᵉ régiment du train de Montlhéry, est décédée vendredi lors d’un accident de la route durant une mission d’escorte au Liban.

La maréchal des logis Fany Claudin s'est engagée le 4 février 2020 au 121ᵉ régiment du Train. Ce dernier fait part de son
La maréchal des logis Fany Claudin s’est engagée le 4 février 2020 au 121ᵉ régiment du Train. Ce dernier fait part de son « immense tristesse » à l’annonce de son décès lors d’un accident de la circulation survenu le 15 novembre sur la route côtière au nord de Naqoura au Liban. (©X / 121ᵉ régiment du Train)


L’annonce a été faite par le ministère des Armées. Vendredi 15 novembre 2024, la maréchal des logis Fany Claudin, servant au 121ᵉ régiment du train de Montlhéry (Essonne), est décédée dans un accident de la route lors d’une mission d’escorte de convoi au Liban. Elle avait 23 ans.

Elle assurait une mission d’escorte de convoi logistique

Arrivée au pays du cèdre au début du mois de novembre, la militaire française née à Annemasse (Haute-Savoie) était déployée au sein de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul) dans le cadre de l’opération Daman, destinée à préparer le retour des populations déplacées par la guerre dans le Sud-Liban.

Elle assurait une mission opérationnelle d’escorte de convoi logistique entre Dayr Kifa et Naqoura lorsque l’accident qui lui coûta la vie s’est produit.

« Malgré une prise en charge rapide par un médecin de la Finul, l’équipe médicale n’a pu que constater le décès du maréchal des logis Claudin », précise le communiqué du ministère des Armées.

Le chef d’état-major des Armées fait part de « grande tristesse »

« Je m’associe à la douleur de sa famille, ses proches et ses frères d’armes du 121ᵉ régiment du train et les assure du soutien des armées françaises », écrit sur X le chef d’état-major des Armées Thierry Burkhard faisant part de sa « grande tristesse » à l’annonce du décès accidentel de la maréchal des logis Fany Claudin.

« Elle contribuait quotidiennement au soutien de la force œuvrant au retour de la paix », ajoute-t-il.

Selon l’Armée de Terre, la jeune militaire était en couple, sans enfant.

Plusieurs de ses camarades ont été blessés dans l’accident

De son côté, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, partage sur X, sa « vive émotion en apprenant le décès de la maréchal des logis Fany Claudin ».

« Nos pensées vont à sa famille, ses frères d’armes et ses camarades blessés dans l’accident. Ainsi qu’à l’ensemble des 700 militaires français qui œuvrent, au sein de la Finul pour la désescalade au Sud-Liban », poursuit-il.

« Tous les agents de l’État en Essonne s’associent à la peine de ses proches et de ses frères d’armes », déclare, sur X, la préfète de l’Essonne, faisant également part de sa « vive émotion » à l’annonce du décès de la militaire française.

Une militaire qui a fait preuve d’un « dévouement permanent »

Dans une biographie publiée sur Facebook, l’Armée de Terre décrit Fany Claudin comme un « élément prometteur aux yeux de ses chefs » qui «se distingue par son dynamisme, sa camaraderie, et montre de réelles aptitudes au commandement ».

Avant d’être déployée au Liban, la militaire française avait été projetée au Niger d’octobre 2022 à février 2023, au sein du groupement tactique désert logistique « Jura ». Elle y fit preuve « d’un dévouement permanent en s’investissant quotidiennement dans sa mission » selon l’Armée de Terre.

Fany Claudin avait obtenu en avril dernier son brevet militaire n° 1 avec des « résultats remarquables ».

En quelques années de service, la maréchal des logis avait obtenu plusieurs décorations : la croix du combattant, la médaille d’outre-mer avec agrafe « Sahel », la médaille de la protection militaire du territoire avec agrafe « Sentinelle » et la médaille de bronze de la défense nationale.

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