Quand la réalité niée conduit au cauchemar

Quand la réalité niée conduit au cauchemar

par le Général (2s) Antoine MARTINEZ – publié le 25 février 2025   

https://www.minurne.org/billets/44455


Le titre de cette tribune reprend dans son esprit celui de l’étude publiée le 20 juillet 2022 (cf. ukraine-russie-du-fantasme-a-la-realite.pdf ), étude complétée par le point établi un an après le déclenchement de l’opération militaire russe (cf. Ukraine-Russie, un an de conflit ). Il confirme les propos prédictifs formulés alors à partir d’une grille d’analyse reposant sur un simple bon sens qui a beaucoup manqué à la très grande majorité des dirigeants européens qui n’ont pas su éviter le piège d’une guerre par procuration entre deux grandes puissances nucléaires, les Etats-Unis et la Russie, et qui ont négligé totalement les intérêts de l’Europe et des peuples européens. Dans cet aveuglement généralisé, la France a, pour sa part, alors qu’elle présidait l’Union européenne (UE) au cours du premier semestre 2022, manqué un rendez-vous historique. La réalité reprend soudainement ses droits dans une période d’accélération de l’Histoire et le constat est aujourd’hui, après trois ans de guerre, brutal pour certains et le réveil sera douloureux pour beaucoup.

En effet, une certitude s’impose cruellement après trois ans d’une guerre qui n’aurait jamais dû avoir lieu : la stratégie d’isolement du président russe méticuleusement orchestrée par les Etats- Unis, version Clinton/Obama/Biden, et accompagnée servilement par l’UE, a volé en éclat après l’entretien téléphonique du 12 février dernier entre Donald Trump, ayant pris ses fonctions le 20 janvier, et Vladimir Poutine. Ce changement radical de la situation peut être perçu comme prometteur pour envisager, enfin, un retour de la diplomatie scandaleusement écartée avant même le 24 février 2022. Mais ce changement est avant tout un véritable séisme pour l’UE et l’OTAN et constitue même pour de nombreux de ses dirigeants une première humiliation dans la mesure où leurs certitudes » viennent de se fracasser sur le mur de la réalité qu’ils ne pouvaient pas anticiper puisqu’ils la niaient.

L’élection de Donald Trump, indéniablement à l’origine de ce bouleversement, n’avait pas été imaginée car ils étaient certains, autre « certitude », de la victoire de Kamala Harris qu’ils soutenaient sans retenue contre Donald Trump accusant, par ailleurs, la Russie d’ingérence dans les élections en Géorgie et en Roumanie.

Au-delà d’une frustration compréhensible, ce bouleversement a provoqué une véritable panique entraînant des déclarations contradictoires et révélé des désaccords de fond lors du conseil de sécurité de Munich ou du sommet d’urgence sur l’Ukraine de Paris qui n’ont abouti, en fait, qu’à mettre en lumière la division des dirigeants européens sans vision stratégique commune. S’agissant du sommet de Paris, aucune décision formelle n’a été prise et des désaccords ont été évoqués notamment sur le déploiement de troupes en Ukraine. L’arrivée à ce sommet de Giorgia Meloni avec un retard de près d’une heure pourrait d’ailleurs être considéré comme une manifestation de désaccord de sa part sur l’opportunité ou, du moins, sur les modalités d’organisation de ce sommet. Pourquoi, en effet, le président français n’a-t-il pas plutôt opté pour la convocation d’un conseil européen extraordinaire ? Poser la question c’est probablement y répondre car certains représentants d’Etats de l’UE absents à ce sommet n’ont pas hésité à qualifier ses participants (7 pays sur 27 + 2 dirigeants de l’UE) de partisans de la guerre n’ayant cessé depuis le début de jeter de l’huile sur le feu. On le constate, la frustration et l’affolement qu’elle provoque conduisent ces dirigeants à multiplier, à présent, tous types d’initiatives – même les plus absurdes – dans le but d’occuper l’espace médiatique en brandissant la peur et les fantasmes (comme cela a déjà été fait afin de soumettre les citoyens lors de la crise du covid) pour nuire au dialogue qui s’établit entre les présidents américain et russe.

L’établissement de ce dialogue vient contrarier sérieusement les partisans de la poursuite de la guerre, peu soucieux des intérêts de leurs peuples, et aboutit fatalement à une autre humiliation puisqu’à peine un mois après l’investiture du président américain, une première

rencontre au niveau des chefs de la diplomatie s’est tenue entre Américains et Russes à Riyad, en Arabie saoudite. Cela démontre au passage que si les relations internationales ont toujours été régies par le rapport de forces, il est fortement conseillé de laisser la diplomatie – non pas celle à ciel ouvert, par nature contre-productive, pratiquée scandaleusement en début d’année 2022, mais celle de l’ombre et de la discrétion – jouer pleinement son rôle. La rapidité de la tenue d’une telle réunion à un tel niveau a manifestement provoqué l’affolement de l’UE et de ses membres les plus engagés contre la Russie pris de court et craignant d’être ignorés et écartés des futures négociations. Il faut cependant rester prudent et lucide car ce premier pas, engagé par Donald Trump, avait pour but d’essayer, après trois ans de dialogue rompu, de s’assurer, après leur entretien téléphonique, de la sincérité de Vladimir Poutine sur la recherche de solutions pour la paix et d’établir une véritable normalisation des relations entre les Etats-Unis et la Russie. On peut d’ores et déjà affirmer sans se tromper que cette normalisation se fera au détriment des Européens.

C’est d’ailleurs la raison de l’affolement de ces derniers, en particulier des partisans de la poursuite de la guerre qui réalisent, un peu tard, qu’avoir entretenu, sous la houlette de l’administration américaine précédente, un conflit qui n’aurait pas dû avoir lieu aura des conséquences dramatiques pour l’Ukraine, ce qui était prévisible depuis le début. Quant à l’UE, que ce soit à sa tête ou au niveau des dirigeants des Etats membres les plus bellicistes qui continuent de tenir un discours de guerre, alors que se présente une opportunité d’arrêter le massacre, ils seront les dindons de la farce et seront obligés de manger leur chapeau. Un véritable cauchemar ! Cela dit, cette réunion des responsables américains et russes de la diplomatie n’est qu’une première étape dans le rétablissement de leurs relations. Les discussions tenues sont probablement restées générales et doivent permettre de désigner des équipes d’experts de haut niveau, en élargissant le processus à la participation des Européens qui seront mis sous pression, pour commencer à travailler sur une issue du conflit en Ukraine. Il est possible cependant que des réunions soient tenues sans ces derniers. Cela devrait donc prendre du temps, probablement plusieurs mois, le temps de la diplomatie n’étant pas celui des médias. Une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine semble donc prématurée à ce stade.

S’agissant de l’Ukraine, elle ne pouvait pas gagner cette guerre car la Russie, elle, ne pouvait pas la perdre. C’est une question de bon sens et cela était prévisible. Son sort était, en fait, scellé dès le 24 février 2022 avec l’intervention militaire russe engagée en réaction aux bombardements intensifs et sans répit déclenchés par Kiev, une huitaine de jours plus tôt, sur les populations du Donbass, bombardements qui devaient précéder une vaste opération militaire de nettoyage pour neutraliser les velléités d’autonomie réclamée par les habitants de cette région.

Beaucoup d’erreurs ont été commises depuis la fin de la Guerre froide, avec l’élargissement continu de l’OTAN vers l’Est, et en particulier dans les derniers mois, voire semaines qui ont précédé l’opération russe. Il ne faut pas oublier que le coup d’Etat de Maïdan de 2014, fomenté par la CIA (cf. Victoria Nuland « Fuck EU ») avait entraîné le renversement du président ukrainien pro-russe, les Occidentaux n’ayant curieusement jamais évoqué une ingérence étrangère dans les affaires d’un pays souverain. Cette ingérence est pourtant à l’origine d’une véritable guerre civile qui a provoqué 14 000 morts dans l’indifférence la plus totale et un silence assourdissant des dirigeants et des médias occidentaux. Alors, ne pas avoir voulu tenir compte des réalités, avoir menti aux Ukrainiens, les avoir encouragés dès le début à ne pas négocier et au contraire à faire la guerre, leur avoir fait croire qu’ils gagneraient avec l’aide occidentale est monstrueux et criminel. La grande majorité des dirigeants occidentaux, qui ont suivi aveuglément les Etats-Unis qui abandonnent aujourd’hui leur « protégé » en scellant définitivement son triste sort, sont responsables de l’amputation inéluctable à venir du territoire de l’Ukraine et des pertes humaines considérables. En outre, ce pays n’entrera jamais dans l’OTAN. Résultats catastrophiques au regard de l’aide financière et matérielle des pays occidentaux. Un vrai cauchemar ! Quant au cas personnel du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le réveil est douloureux et son avis ne comptera absolument pas dans les futures négociations pour la paix. Il pourrait même devenir gênant pour la nouvelle administration américaine et être poussé vers la sortie. Une fin peu glorieuse pour un président qui a sacrifié inutilement ses soldats et mené son pays à sa perte. Comment réagiront les Ukrainiens ?

La Russie, de son côté, ne pouvait pas perdre cette guerre à laquelle elle ne pouvait d’ailleurs pas échapper devant l’intégration graduelle de l’Ukraine dans l’OTAN qui était en cours depuis 2014 et le massacre des populations russophones du Donbass, les derniers bombardements intensifs de la population civile et son appel au secours le 20 février 2022 ayant été le déclencheur. Trois ans après le début de ce conflit, le constat qui était prévisible, sauf pour des va-t-en-guerre déconnectés des réalités, est sans appel : la Russie a non seulement gagné la guerre, mais Vladimir Poutine a réussi à rétablir son pays au rang de grande puissance sur la scène internationale. L’arrivée de Donald Trump lui permet, par ailleurs, de rompre l’isolement de la Russie et d’écarter l’UE et l’Ukraine des premières réunions visant à préparer un processus de négociations pour la paix. Indiscutablement, c’est Vladimir Poutine qui est à présent maître des horloges et en mesure de refuser le retour aux frontières de 1991 et d’empêcher l’Ukraine d’intégrer l’OTAN. Ces deux conditions seront pour lui très certainement non négociables d’autant plus que sur le terrain des opérations, les Russes continuent de progresser et les négociations de paix devraient prendre du temps. Raison de plus pour ne plus en perdre.

C’est dans ce contexte que les dirigeants de l’UE viennent de se rendre à Kiev pour réaffirmer leur soutien à l’Ukraine, la présidente de la Commission européenne affirmant que « L’UE doit accélérer la livraison d’armes et de munitions à l’Ukraine ». Elle a également annoncé une nouvelle aide de 3,5 Mds € alors que l’aide financière accordée à l’Ukraine depuis 2022 s’élève à 135 Mds pour l’UE. En signant son suicide géopolitique et géostratégique en 2022, l’UE a engagé le délabrement et la régression de ses capacités de développement en raison des sanctions infligées à la Russie, sanctions aux effets préjudiciables pour les économies européennes, alors que l’axe Paris-Berlin-Moscou, une Europe de Lisbonne à Vladivostok, pourrait dominer et inspirer le monde. On ne peut que regretter le maintien d’un tel discours guerrier. L’UE souhaite manifestement la poursuite d’une guerre pourtant déjà perdue. Son entêtement irrationnel la discrédite totalement et la fera sortir de l’Histoire si elle poursuit dans cette voie suicidaire, car elle n’a encore pas compris que la nouvelle administration américaine ne défendra, dans les futures négociations pour la paix, que ses propres intérêts qui ne sont pas ceux des Européens. Mais depuis trop longtemps l’UE œuvre contre les intérêts des peuples européens qu’elle est censée défendre et il devient urgent et impératif qu’elle soit totalement réformée si elle ne veut pas exploser. La Commission européenne devenue trop puissante doit être ramenée au niveau d’organe d’exécution et de mise en œuvre des décisions prises au niveau du Conseil européen par les seuls chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres. La situation actuelle qui met les peuples européens en danger dans tous les domaines (économique, risque de guerre, immigration, sécurité, civilisationnel…) n’est plus tenable. Une révolution s’impose.

Quant à la France, le déplacement à Washington, ce 24 février, d’Emmanuel Macron n’aura aucun impact sur les futures négociations qui seront, en réalité, menées par les deux grands acteurs de cette guerre par procuration, États-Unis et Russie. D’ailleurs, les États-Unis et la Russie ont voté ce même jour à l’ONU une résolution réclamant la fin rapide du conflit sans référence à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ce qui constitue en soi une défiance à l’égard de l’UE au discours guerrier et un camouflet pour le président français après son propos « la paix sans capitulation pour l’Ukraine ». La France avait l’occasion de jouer un rôle majeur en 2022 – pour elle-même et pour l’Europe – car elle aurait pu s’imposer comme puissance d’équilibre alors qu’elle présidait l’UE au premier semestre, et provoquer, avant même le déclenchement du conflit, des discussions entre Ukrainiens et Russes au plus haut niveau, voire organiser une Conférence pour la paix visant à faire baisser les tensions et à amener les deux parties opposées à la raison. Le président Macron affirme que la Russie constitue une menace existentielle pour l’Europe. Mais, sérieusement, comment un pays de moins de 150 millions d’habitants pourrait-il envahir la partie ouest du continent peuplé de 450 millions d’habitants ? Non, les mots ont un sens. Si la France, si l’Europe sont menacées dans leur existence ce n’est pas par la Russie mais par l’islam conquérant et son bras armé l’islamisme. Cette menace est, de plus, alimentée aujourd’hui par les provocations agressives de l’Algérie qui restent étonnamment sans réponse de l’Etat français. La Russie, elle, n’a pas de visée sur l’Europe : elle possède un territoire déjà bien assez vaste. Elle ne veut simplement pas de l’OTAN à sa frontière avec l’Ukraine. Ne pas avoir compris ou voulu comprendre cette revendication légitime et avoir suivi aveuglément les Etats-Unis aura affaibli notre pays et compromis durablement son prestige et son rôle sur l’échiquier international.

Le retour de Donald Trump à la Maison blanche a indéniablement produit un véritable tremblement de terre qui bouleverse complètement la donne et bouscule les certitudes affirmées d’une grande partie des dirigeants occidentaux et des organisations tentaculaires comme l’UE et l’OTAN qui vont devoir admettre la réalité : cette guerre était perdue d’avance. Alors, pourquoi l’avoir permise ? Leur responsabilité est immense dans l’entretien du conflit pendant trois ans qui a conduit à un désastre prévisible pour l’Ukraine. Aujourd’hui, le processus pour organiser des négociations de paix est lancé mais il faut être conscient qu’il prendra du temps. Même si le président américain est pressé, les discussions avec le président russe, en position de force, seront rudes et difficiles et certaines de ses exigences, de nature existentielle, ne pourront pas être écartées, que ce soit par les Américains ou par les Européens. Les négociations pourraient donc durer des mois sachant cependant que Donald Trump vise également le rétablissement et la normalisation des relations avec la Russie. Dans ce contexte compliqué par nature, la lucidité commande d’être prudent sur le déroulement des négociations mais aussi devant une inconnue que personne ne maîtrise : le niveau d’hostilité à ces négociations pour la paix des partisans de la poursuite de la guerre qui pourrait déboucher sur l’irréparable.

Airbus va construire le réseau de communication de l’armée de l’air et de la marine française

Airbus va construire le réseau de communication de l’armée de l’air et de la marine française

Par Margot VENIER – L’Opinion Indépendante – Publié le 27/02/2025

Au total, plus de 80 navires seront équipés du réseau RIFAN. © Airbus
Au total, plus de 80 navires seront équipés du réseau RIFAN. © Airbus

Le 25 février dernier, Airbus a annoncé qu’il allait construire le réseau de communication de l’armée de l’air et de la marine française dans le cadre d’un contrat d’une valeur maximale de 480 millions d’euros et d’une durée maximale de dix ans.

Une étape supplémentaire. Le 25 février dernier, Airbus Defense and Space a annoncé qu’il avait été choisi par l’Armée française en vue de réaliser le nouveau réseau de communication de l’armée de l’air et de la marine française.

D’un montant maximal de 480 millions d’euros et d’une durée maximale de dix ans, le contrat porte sur les évolutions du réseau IP de la force aéronavale (RIFAN), son déploiement et son maintien en condition opérationnelle.

Augmenter la connectivité inter-navires

En pratique, les développements seront réalisés progressivement entre 2026 et 2030, puis déployés sur des navires entre 2028 et 2032. Au total, plus de 80 navires seront équipés du réseau RIFAN : porte-avions, porte-hélicoptères amphibies, navires de commandement, sous-marins…

Ce nouveau contrat RIFAN 3 vise notamment à augmenter la connectivité inter-navires pour répondre progressivement aux besoins de combat collaboratif, grâce à de nouveaux moyens de transmission à haut débit et à faible latence.

La résilience du réseau devrait également être renforcée par le développement de mécanismes de reconfiguration rapide pour s’adapter aux moyens de communication disponibles dans différents scénarios tactiques et opérationnels.

Face aux cybermenaces croissantes, « le réseau s’appuiera par ailleurs sur une cybersécurité renforcée pour préserver l’intégrité et la continuité des opérations », précise l’avionneur européen.

Pour rappel, le système RIFAN 2 a été mis en service par la marine nationale et Airbus Defence and Space et ses partenaires entre 2012 et 2016. Il rassemble et exploite l’ensemble des moyens de communication disponibles à bord et les ressources radio.

Il permet aux navires de communiquer sur un réseau IP garantissant un très haut niveau de sécurité, et d’échanger des données avec des niveaux de classification allant de « non protégé » à « secret ».


Margot VENIER
Écrit par Margot VENIER

Journaliste web et radio, Margot est notamment passée par La Dépêche du Midi et CFM Radio avant de rejoindre l’équipe de L’Opinion Indépendante.

Contact : margotvenier@lopinion.com

ARMÉE / Mission BUBO 25 : En immersion à bord de l’A400M

ARMÉE / Mission BUBO 25 : En immersion à bord de l’A400M

Après une phase en Guyane pour sécuriser le lancement du satellite militaire CSO3 par Ariane 6, l’armée de l’Air et de l’Espace, a mené des entraînements en Martinique, Guadeloupe et Saint-Martin dans le cadre de la mission BUBO 25 du 25 au 27 février

Cette opération d’envergure a marqué le premier déploiement de Rafale aux Antilles et mobilisé plusieurs aéronefs, dont un Airbus A400M et un Airbus A330 MRTT Phénix.

En parallèle des exercices aériens, l’opération a permis de tester les capacités de projection rapide des forces françaises, notamment pour des missions de surveillance, de lutte contre le narcotrafic et d’aide aux populations.

Dans le cockpit d’un avion militaire

Mercredi dernier, un exercice d’atterrissage d’assaut a eu lieu à l’aéroport de Grand-Case, mobilisant un Airbus A400M Atlas, trente soldats du 33e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) et une Jeep P4 de l’armée de terre.

L’appareil, capable de transporter jusqu’à 37 tonnes de fret sur 4500 km, a simulé une arrivée en zone non sécurisée, nécessitant une intervention rapide des troupes pour sécuriser la piste. Plusieurs manœuvres ont été réalisées avec succès, démontrant l’intervention rapide et efficace de l’armée française.

Le commandant de bord et ses 5 membres d’équipage ont présenté les capacités de cet Airbus basé à Orléans dont l’armée française en compte 25, notamment sa soute modulable pour le transport de troupes et de matériel, ainsi que son rôle clé dans les missions humanitaires et militaires.

À bord de l’A400M, la presse locale ainsi que quelques représentants de la préfecture et de la gendarmerie ont pu vivre une expérience immersive en participant à un vol militaire et aux différentes étapes de l’opération.

Cet exercice interarmées a illustré l’importance des forces armées dans la protection et l’assistance aux populations en cas de crise.

Comment le ministère des Armées veut faire décoller un drone MALE français en 2026

Comment le ministère des Armées veut faire décoller un drone MALE français en 2026

– Forces opérations Blog – publié le

Faire décoller un drone MALE bas du spectre dès l’an prochain, c’est le défi proposé à la filière française par le ministère des Armées. Un pan d’une méthode adoptée pour rattraper le retard et développer une offre française « solide » dans plusieurs segments, annonçait ce matin le cabinet ministériel en amont d’une visite de Sébastien Lecornu sur le site blésois de l’entreprise Turgis & Gaillard. 

Dialoguer, stimuler et simplifier : trois ingrédients d’une recette visant à favoriser l’émergence d’une filière drone nationale. Et, au passage, à s’assurer que les retards constatés au cours de la décennie précédente ne soient plus qu’un lointain souvenir. Ce tournant, le ministère des Armées assure l’avoir engagé dès 2022 et l’éclatement d’un conflit russo-ukrainien n’ayant fait que confirmer le rôle central des drones dans la guerre d’aujourd’hui et démontrer l’étendue des besoins pour les militaires français.

Depuis, les initiatives se sont multipliées. C’est ce Pacte Drones signé en juin dernier au cours du salon Eurosatory, un mécanisme initié par le GICAT pour développer les réflexions et échanges entre le ministère, les industriels et les opérationnels. Ce sont les 5 Md€ inscrits dans la loi de programmation militaire pour 2024-2030, une envelopper à laquelle plus de 500 M€ ont été ajoutés lors du dernier ajustement annuel de la programmation militaire (A2PM). De quoi notamment passer la seconde sur les munitions téléopérées (MTO) et enclencher la première sur le drone de moyenne altitude et longue endurance (MALE) du « bas du spectre », un objet qui pourrait intéresser les trois armées. 

Après des projets COLIBRI et LARINAE précurseurs, le ministère s’est à nouveau tourné vers la filière pour monter au plus vite en gamme sur le segment MALE. Une expression de besoin s’est matérialisée début 2024. Simplifiée, centrée sur quelques spécifications, la demande a su autant attirer quelques grands noms du secteur que des petits acteurs « prêts à prendre du risque », observe le cabinet ministériel. « Aucun de ces industriels ne disposent aujourd’hui d’un drone MALE sur étagère. Il faut donc véritablement développer et innover », continue-t-il. 

Hors de question, à ce stade, de s’engager sur une acquisition. La volonté reste bien de stimuler l’innovation en soutenant les idées les plus prometteuses. Seule une ligne de 10 M€ est d’ailleurs prévue cette année pour financer entre cinq et dix solutions, des crédits de paiements non prévus en LPM mais que le ministère a su récupérer grâce aux provisions sur les retards de certains grands programmes, dont celui de l’Eurodrone. Les premières conventions de subvention seront signées en juin prochain lors du salon du Bourget, annonce l’entourage du ministre. À charge ensuite des lauréats de « trouver le chemin » vers un vol de démonstration en 2026. 

« Ceux qui ne passent pas ce jalon seront considérés comme n’étant pas sélectionnés », relève le ministère. Pour le ou les autres, la feuille de route n’exclut pas de basculer sur une commande courant 2027. Trois ans auront alors suffi pour développer et adopter une ou plusieurs nouvelles plateformes complémentaires du MQ-9 Reaper déjà en service, de l’Eurodrone en cours de développement et du Patroller en cours d’adoption par l’armée de Terre. La multiplication des moyens amènera des défis en matière de formation et de maintenance, mais cette densification n’aura rien d’un luxe pour des opérationnels disposant au final de davantage d’options pour remplir leurs missions, pointe un intervenant. 

Objet de ce déplacement ministériel sur l’aérodrome de Blois-le-Breuil, « Turgis & Gaillard est un acteur particulièrement intéressant dans le cadre de cette démarche ». Remarquée pour son drone MALE AAROK dévoilé en 2023, l’entreprise a non seulement répondu à la demande d’information pour un drone bas du spectre, mais son agilité lui permet également de participer au troisième pilier, celui de la simplification normative. Un marché d’expérimentation lui a en effet été notifié avec pour enjeu de développer un drone « certifiable mais non certifié ». Autrement dit, de démontrer la capacité de ce drone à voler dans une zone confinée sans mener à son terme un processus de certification « toujours long et pénible ». 

Le déplacement ministériel d’aujourd’hui n’a donc rien d’anodin. « Acteur particulièrement pertinent dans cet écosystème », Turgis & Gaillard envisage d’implanter une « usine AAROK » à Blois, un projet qui contribuerait à créer 50 emplois sur un site dont l’effectif a déjà quadruplé depuis 2020. Derrière le segment MALE, Turgis & Gaillard se positionne également sur celui des munitions téléopérées longue portée. Les travaux portent en partie sur les problématiques de masse et de coût. L’inspiration pourrait venir d’une industrie civile habituée aux volumes désormais exigés par les armées. De la motorisation à la soudure et du collage aux matériaux, les synergies entre filières drone et automobile, par exemple, sont en effet envisageables et à l’étude. « Rien n’est encore formalisé », indique le ministère, mais le scénario a au moins cela d’intéressant d’illustrer à son tour l’effort de prise de masse engagé depuis deux ans. 

Crédits image : Turgis & Gaillard

Permanence de la menace de l’État islamique

Permanence de la menace de l’État islamique

par Alain Rodier – CF2R – Note d’actualité N°675 / février 2025

https://cf2r.org/actualite/permanence-de-la-menace-de-letat-islamique/


Le groupe État islamique (EI) continue d’être actif non seulement sur le terrain, mais aussi grâce à ses publications sur les réseaux sociaux en particulier via le centre médiatique Al-Hayat créé en 2014 en même temps que le « califat ». Ce dernier cible les publics étrangers et produit ses publications en anglais, allemand, russe, ourdou, indonésien, turc, bengali, chinois, bosniaque, kurde, ouïghour et français.

Des musulmans radicalisés souhaitant exprimer leurs frustrations et leur révolte par la violence sont encouragés par de ses discours actuels ou passés (plus rarement par ceux d’Al-Qaida qu’ils considèrent comme « ringard ») à se livrer à des attentats avec les moyens disponibles, généralement en lançant leur véhicule sur la foule ou, plus couramment, en utilisant des armes blanches. Ces moyens avaient déjà été « conseillés » par les sites islamistes-jihadistes au milieu des années 2010 par lemagazine Inspire d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) et dans les propos du porte-parole de l’époque de l’EI, le Syrien Abou Mohammed al-Adnani : « Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou un Australien ou un Canadien, ou tout (…) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière. (…). Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture, jetez-le d’un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le ». Les attentatsles plus meurtriers ont été ceux des camions lancés dans la foule le 16 juillet 2016 à Nice (86 morts, 458 blessés), le 19 décembre 2016 à Berlin (13 morts, 50 blessés) et le 31 mai 2017 à Kaboul (environ 90 morts et 400 blessés). La liste des attentats à l’arme blanche s’allonge elle aussi avec le temps. Parfois certains fidèles parviennent à se procurer des armes à feu et cela tourne au carnage.

Par contre, il est symptomatique de constater que les activistes qui passent à l’acte aujourd’hui ne recherchent plus systématiquement à mourir en « martyrs » comme c’était le cas pour leurs aînés qui étaient généralement équipés de vestes explosives (attentats du 13 novembre 2015 à Paris) où s’exposaient volontairement aux tirs de riposte des forces de l’ordre (attentats des 7 et 9 janvier 2015 à Paris).

Les risques début 2025

En 2024, le porte-parole officiel du mouvement, Abou Hudhayfah al-Ansari, a adressé le message suivant aux forces de la coalition anti-Daech : « vous vous réunissez pour trouver des solutions (…) ; il n’y en n’a pas (…). L’expansion continue au niveau global (…) la guerre américaine a commencé contre un petit groupe en Irak et aujourd’hui l’EI est en Afrique ». Dans un autre message, il prévient que des attaques seront menées à l’échelle globale. Les « loups solitaires » sont encouragés à viser spécifiquement des chrétiens et des juifs, surtout en Europe, aux États-Unis, à Jérusalem et en Palestine. Il a appelé à de nouvelles attaques contre les troupes américaines en Irak et a exhorté les cellules clandestines au Mozambique et aux Philippines à poursuivre leurs activités.

Le mois du Ramadan (qui débute cette année le 1er mars) est généralement favorable au déclenchement d’actions terroristes Cela est dû au fait que selon la tradition musulmane, le Ramadan est une période pendant laquelle Dieu donne la victoire aux croyants. Les jihadistes se réfèrent principalement à la bataille de Badr (624) qui at vu les disciples de Mahomet triompher d’une caravane de la tribu Quraysh. Ce mois sacré est aussi considéré comme une période durant laquelle toutes les actions des musulmans pieux sont davantage récompensées par Dieu.

Enfin, l’EI via le média anglophone non officiel Hallummu a appelé ses partisans à commettre des attentats dans les stades, soulignant que ce sont des « cibles faciles à atteindre » pour des « résultats énormes ».

En dehors de son sanctuaire moyen-oriental, l’EI a développé des « provinces » extérieures formées d’anciens activistes d’Al-Qaida et de nouvelles recrues attirés par ses succès et par sa propagande effrénée. Les plus importantes se trouvent dans le Sinaï (elle semble aujourd’hui en perte de vitesse), au Yémen, en Indonésie, sur le continent africain – qui en compte au moins cinq (État islamique dans le Grand Sahara, État islamique en Afrique de l’Ouest, État islamique en Afrique centrale, EI Somalie, EI Libye) et au Khorasan (EI-K) basé en Afghanistan et au Pakistan.

L’État islamique représente ainsi toujours une menace importante pour l’Iran, la Russie et la Turquie, comme le montrent les attaques de 2024 : double attentat du 3 janvier à Kerman, en Iran (94 morts, 284 blessés) ; attentats contre la salle de spectacles Crocus le 22 mars à Moscou (145 morts, 551 blessés). Il ne s’agit alors pas là de terrorisme endogène mais de petits commandos dépêchés de l’extérieur ou de cellules clandestines intérieures qui se sont rangées sous la bannière de l’EI. Dans le cas de Moscou, les activistes ont été capturés, mais à Kerman, ils se sont fait exploser avec leur ceinture piégée.

Les opérations de l’EI-K

De nombreuses actions terroristes ayant eu lieu en Europe ont été attribuées à l’EI-K mais dans le cas de l’attentat de Moscou de 2024, les principales revendications ont été estampillées « État islamique » et pas « État islamique au Khorasan » (EI-K), qui pourtant est la wilaya (province) à laquelle appartiendraient les activistes qui ont effectué l’attaque. Cela laisse à penser qu’il reste un « commandement central », sans doute toujours basé en Syrie et/ou en Irak, mais que les « provinces » ont une grande autonomie de décision. Quand l’opération est suffisamment spectaculaire, elle serait alors revendiquée au plus haut niveau. Par contre, le nouveau calife se fait très discret pour ne pas subir le sort de ses prédécesseurs, alors que les responsables des provinces extérieures sont en grande partie identifiés.

L’EI-K semble être la branche chargée de l’action internationale, un peu à l’image d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA). Cela vient peut-être du fait que beaucoup de ses membres sont des Caucasiens pouvant passent inaperçus en Occident.

Son émir de l’EI-K serait toujours Sanaula Ghafari – alias Shahab al-Muhajir – bien qu’il ait été donné pour mort à plusieurs reprises. Il désigne les talibans au pouvoir à Kaboul comme des « alliés des deux camps », et appelle les « noyés dans le complotisme » à avancer de théories défaitistes » car cela participe à l’effondrement moral des populations et facilite la tâche des recruteurs. La choura de cette wilaya se déplacerait en permanence entre l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan…

L’État islamique en Syrie

En Syrie et en Irak, malgré les craintes d’une résurgence locale, l’EI n’a pas lancé d’attaques à grande échelle ces dernières années, se contentant de mener des embuscades et des coups de main dans des régions reculées. Il n’a pas conquis de territoire majeur mais parvient à survivre car aucune résistance sérieuse ne lui est opposée.

Dans sa publication Al-Naba et dans une vidéo de 15 minutes, le groupe a récemment déclaré la guerre au nouveau gouvernement de Damas, qualifiant ses dirigeants de « pions » de « puissances étrangères ». Si sa capacité de combattre à grande échelle apparaît émoussée, sa résilience idéologique et sa capacité de guerre asymétrique demeurent préoccupantes. La persistance des menaces terroristes sur zone dépend donc non seulement de la force de l’EI, mais aussi de la stabilité de la Syrie.

Par contre, la capacité de l’EI à se régénérer en Syrie et en Irak dépend souvent des évasions de prisons ou de centres de rétention comme cela a été le cas lors de l’opération Abattre les murs menée par l’EI en 2013 en Irak.

Donc, une des questions les plus pressantes dans la Syrie post-Assad est le sort de milliers de combattants de l’EI et de leurs familles détenues dans les camps contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS), en particulier ceux d’al-Hol et d’al-Roj, dans le nord-est du pays. Construits pour abriter 5 000 réfugiés irakiens dans les années 1990, ils abritent aujourd’hui environ 70 000 personnes, dont 35 000 Syriens et un nombre similaire d’Irakiens, ainsi que 10 000 ressortissants de 30 à 40 autres pays.

Les FDS qui ont joué un rôle central dans les combats contre l’EI aux côtés de la coalition dirigée par les États-Unis, se trouvent dans une position précaire. Elles craignent un retrait américain, ce qui pourrait les rendre vulnérables à des attaque de l’EI et plus encore, à une action militaire turque d’envergure.

L’EI poursuit donc ses combats en Syrie, en Irak, sur le continent africain et en Afghanistan. Ailleurs, il inspire des convertis à sa cause à passer à l’action et continue de recruter de nouveaux combattants grâce à sa propagande. Curieusement, il ne s’est pas impliqué directement dans le soutien à la cause palestinienne – s’en servant uniquement pour victimiser, dans sa propagande, les musulmans du monde entier et se présenter comme leur seul défenseur.

Il ne faut pas se faire d’illusions : les actions terroristes d’origine salafiste-jihadiste vont perdurer dans le monde car l’idéologie mortifère prônée par l’EI ne parvient pas à trouver de contradiction convaincante et parce qu’il attire un nombre croissant d’adeptes sensibles à ses discours qu’ils considèrent comme « révolutionnaires ».

L’État-major de l’ALAT va s’installer à Metz

L’État-major de l’ALAT va s’installer à Metz

A partir de l’été prochain, l’Etat-major de l’ALAT va poser ses valises dans la ville de Metz.

par Jean-Baptiste Leroux – armees.com – Publié le,
Un hélicoptère Tigre de l'ALAT. Wikipedia
Un hélicoptère Tigre de l’ALAT. Wikipedia | Armees.com

Dès l’été prochain, Metz accueillera l’état-major de l’Aviation légère de l’Armée de Terre (ALAT). Un renforcement militaire et économique significatif pour la ville.

Un transfert en plusieurs étapes

Avec l’arrivée du commandement de l’Aviation légère de l’Armée de Terre (ALAT), Metz renforce sa présence militaire. Ce déménagement, prévu dès l’été, constitue un tournant stratégique après la perte de plusieurs unités en 2008. Cette relocalisation s’inscrit dans la volonté de rééquilibrer les implantations militaires sur le territoire français.

Actuellement basé à Vélizy-Villacoublay, l’ALAT compte 145 militaires et civils. Une centaine d’entre eux intégreront Metz dès les premiers mois, tandis que les autres suivront progressivement sur les deux à trois prochaines années. Certains postes seront pourvus par des recrutements locaux.

Un choix géographique stratégique

L’arrivée de nouveaux militaires et de leurs familles dynamisera l’économie locale. Des dispositifs municipaux ont été mis en place pour faciliter leur intégration. En plus de renforcer le tissu économique, cette installation contribue à redonner un poids stratégique à Metz sur la carte militaire nationale.

La Lorraine s’est imposée comme un choix logique pour l’installation du commandement de l’ALAT. La présence des régiments d’hélicoptères de combat de Phalsbourg et d’Étain garantit une synergie opérationnelle idéale. Cette proximité facilite également la coordination avec d’autres unités spécialisées.

Des infrastructures modernisées

Le commandement de l’ALAT s’établira dans la caserne Ney, en plein cœur de Metz. Rénovés pour répondre aux exigences contemporaines, ces locaux offriront aux militaires un cadre de travail optimal. Cet investissement marque aussi une réhabilitation bienvenue d’un site historique de la ville.

Metz retrouve une place clé dans l’organisation militaire française. Après la fermeture de la base de Frescaty, ce retour d’un commandement prestigieux est perçu comme une reconnaissance de l’importance stratégique de la ville. L’installation de l’ALAT représente bien plus qu’un simple déménagement : elle s’inscrit dans un projet global de renforcement des capacités de l’armée de Terre.

Vers l’achat de 60 Robots d’Investigation (ROBIN) pour les unités du Génie

Vers l’achat de 60 Robots d’Investigation (ROBIN) pour les unités du Génie

Le Fardier MKII de Soframe

Un avis de marché du 21 février concerne l’acquisition de robots d’investigation (ROBIN) destinés aux missions de levée de doute ou d’investigation portant sur des objets suspects de type « engins explosifs improvisés » au profit des unités du Génie de l’armée de Terre française.

Selon la DGA, le système ROBIN se positionne sur le segment des robots lourds (supérieurs à 1500 kg).

Il se compose :
– d’une plateforme téléopérée à plusieurs centaines de mètres et équipée de moyens d’observation et de communication ;
– d’un bras d’investigation équipé d’un outil multifonctions ;
– d’éléments d’environnement (lot de bord, timon, accessoires fixés sur la plateforme…).

Le système ROBIN permettra, après la détection d’un objet suspect enterré, de retirer la couche de matériau dissimulant l’objet, d’observer et permettre ainsi une première analyse. Le cas échéant, l’objet sera déplacé pour l’extraire et l’éloigner de l’axe de progression. Sur longues distances, le ROBIN est transporté sur une remorque attelée à un véhicule de type Griffon (la remorque est hors du périmètre de la présente procédure). Le système ROBIN doit également pouvoir être tracté, attelé directement à un véhicule de type Griffon, sur des distances de l’ordre de plusieurs centaines de mètres parcourues à une vitesse de 30km/h. Le marché porte sur la fourniture d’un maximum d’environ 40 systèmes ROBIN et environ 20 systèmes ROBIN sans bras d’investigation (i.e. plateformes robotiques nues).

Soframe pourrait présenter son Fardier MKII.

Direction le cercle polaire pour la mission Jeanne d’Arc 2025

Direction le cercle polaire pour la mission Jeanne d’Arc 2025

Les officiers-élèves ont appareillé de Toulon pour la mission Jeanne d’Arc 2025 ce 24 février. Cette année, direction le cercle polaire pour la marine de demain.

par Samuel Azemard – le Var informations – publié le

https://mesinfos.fr/83000-toulon/direction-le-cercle-polaire-pour-la-mission-jeanne-d-arc-2025-217076.html

© S. Azemard - Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral a une vitesse maximale de 19 nœuds.

© S. Azemard – Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral a une vitesse maximale de 19 nœuds.


Ce 24 février, 151 officiers-élèves (OE) de l’école navale à Lanvéoc-Poulmic ont appareillé de Toulon pour la mission Jeanne d’Arc 2025. Thomas est l’un d’eux. Ce « bordache », surnom usuel des élèves de l’école navale rendant hommage au « Borda », navire qui l’accueillait historiquement, ne cache pas son enthousiasme à l’idée de participer à ce déploiement.

« J’ai hâte », débute-t-il ! « Ça fait longtemps que nous attendons ça. On a vu nos pairs faire la mission Jeanne d’Arc l’an passé, c’est une grande chance que ce soit notre tour », poursuit-il.

Former et déployer

La mission Jeanne d’Arc c’est un déploiement annuel opérationnel d’une durée de cinq mois, où près de 800 militaires, comprenant 640 marins, dont 151 OE, ainsi que 150 soldats de l’armée de Terre du groupement tactique embarqué (GTE), prennent le large. Une tradition vieille de 161 ans.

Le but de cette mission est double : former la marine de demain et déployer l’ensemble des fonctions stratégiques de la Marine nationale, à savoir : « connaissance – anticipation », « prévention », « influence » et, si la situation l’exige, « intervention ».

Le groupe Jeanne d’Arc 2025 est composé de :

  • Porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral
  • Frégate type La Fayette (FLF) Surcouf
  • Groupement tactique embarqué (GTE) de l’armée de Terre

Une mission décisive pour les officiers-élèves

Malheureusement la pluie était elle aussi au rendez-vous pour ce départ. Mais elle n’a pas gâché l’euphorie ambiante. Les troupes ont trouvé une solution de repli : la cérémonie s’est déroulée au sein du PHA, dans un hangar suffisamment grand pour accueillir les marins, les autorités militaires ainsi que celles politiques locales et nationales. 

La cérémonie était en effet présidée par la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants de France, Patricia Mirallès, en présence du vice-amiral d’escadre Éric Janicot, directeur du personnel militaire de la Marine.

C’est ici que nous retrouvons Thomas, avec son uniforme tiré à quatre épingles. Après son bac S, il s’est tourné vers les classes préparatoires au lycée naval de Brest. C’est à ce moment-là qu’il découvre l’école navale et décide de tenter son concours d’entrée. « J’ai eu la chance et l’honneur d’être pris et la mission Jeanne d’Arc est la finalité », conclut-il.

©S. Azemard – Thomas fait partie des 151 officiers-élèves présents pour cette JDA 2025.

Son enthousiasme a laissé place à la concentration face au poids des traditions et à l’enjeu de cette mission. Thomas sait qu’elle sera décisive pour sa carrière. « Je suis pré-orienté par l’école navale en filière opération énergie. Mais je souhaite toujours présenter la filière de pilote d’hélicoptère », souligne-t-il. En effet, les officiers-élèves sont soumis à un suivi et une évaluation continue tout au long de leur « Jeanne ». Le but : à la mi-mission, ils se verront attribuer une spécialité.

Destiné à l’armée de Terre, le futur Engin du Génie de Combat vient de franchir un nouvelle étape

Destiné à l’armée de Terre, le futur Engin du Génie de Combat vient de franchir un nouvelle étape


Jusqu’à présent, le programme SCORPION [Synergie du Contact Renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation] s’est concentré sur le remplacement des blindés médians de l’armée de Terre, avec la mise en service des Griffon, des Serval et autres Jaguar. Mais il vise également à renouveler les capacités des unités du Génie, via le projet EGC [Engin du Génie de Combat], appelé auparavant MAC [pour Moyen d’Appui au Contact].

Actuellement, les régiments du génie disposent de l’EBG [Engin Blindé du Génie] qui, mis en service en 1989, a été conçu à partir du châssis du char AMX-30B2. Depuis, il a fait l’objet de deux opérations de modernisation, la dernière ayant consisté à lui installer une climatisation et à remplacer le bras de levage par un autre modèle pour lui permettre d’effectuer des travaux de terrassement.

Le projet EGC vise à remplacer non seulement les EBG mais aussi les EGRAP [Engins du génie rapide de protection] et les EGAME [Engins du génie d’aménagement]. En outre, l’an passé, il a été rejoint par la Belgique, au titre du partenariat stratégique CaMo [Capacité Motorisée]. Il s’agira de permettre à la composante Terre de la Défense belge de remplacer ses véhicules Pionnier.

Selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, l’armée de Terre devrait recevoir ses cinq premiers EGC avant 2030 [et 125 d’ici 2035]. Mais ce calendrier ne sera pas tenu, selon la consultation de marché que vient de publier l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], chargée de suivre ce programme pour le compte de la France et de la Belgique.

En effet, les premières livraisons de l’EGC ne sont pas attendues avant 2031. Au total, 200 exemplaires devront être produits, pour un coût compris entre 800 millions et 1,2 milliard d’euros [somme qui tient compte du développement, de la production et du soutien initial].

« L’OCCAr a l’intention de négocier et d’attribuer un contrat par le biais d’un processus concurrentiel qui devrait démarrer en 2025. Celui-ci sera ouvert uniquement aux fournisseurs de l’OCCAr issus de ses États membres et de l’Union européenne », explique l’organisation.

Selon l’armée de Terre, l’EGC devra s’intégrer au réseau SCORPION, en ayant une « mobilité adaptée au rythme de la manœuvre tactique », ce qui passera par des « capacités élevées à organiser le terrain dans des délais contraints pour l’appui à la manœuvre offensive et défensive ». Aérotransportable, il offrira une « protection suffisante pour permettre de réaliser des travaux sous le feu ».

À ce jour, un seul candidat pour ce projet est connu : l’Auroch. Développé par CNIM Systèmes industriels, qui s’est associé à Texelis et KNDS France, il s’agit d’un véhicule de type 8×8 affichant une masse de 28 tonnes. Équipé de système optroniques pour surveiller son environnement et d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm, il serait en mesure de rouler à 80 km/h sur route, grâce à un moteur diesel de 600 chevaux.

Photo : Illustration / Auroch

Les contrats d’État à État (GtoG) sur le marché international de l’armement

Les contrats d’État à État (GtoG) sur le marché international de l’armement

Fondation pour la Recherche Stratégique – publié en février 2025

https://www.frstrategie.org/publications/recherches-et-documents/contrats-etat-etat-gtog-sur-marche-international-armement-2025


Tensions sécuritaires et impératifs de modernisation des équipements des forces armées viennent nourrir une hausse des dépenses de défense au niveau mondial, notamment en Europe, au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique. De nouvelles dynamiques se font jour sur le marché international de l’armement, avec l’entrée en force de la Chine et plus récemment de la Corée du Sud dans le Top 10 des États exportateurs, et des États clients demandeurs de partenariats stratégiques et de coopérations industrielles (exigences de transferts de technologies et de compétences). Cette montée des ambitions et des attentes transparaît dans l’importance donnée aux relations interétatiques dans le domaine des ventes de matériels militaires. Ce cadre intergouvernemental peut être plus ou moins formalisé et engageant pour les différentes parties prenantes. 

Cette étude entend mieux appréhender ces dispositifs intergouvernementaux dans le domaine de l’armement, et en particulier les contrats d’État à État (GtoG ou G2G), c’est-à-dire les ventes de biens et de services de défense effectuées de gouvernement à gouvernement. Cette modalité de ventes se distingue des contrats notifiés directement par un État acheteur étranger à une entreprise. Elle implique que l’État exportateur agisse au nom et pour le compte de l’État client en passant un marché public au fournisseur industriel et apporte toutes les garanties nécessaires à la bonne exécution du contrat. En la matière, le mécanisme américain des Foreign Military Sales (FMS) est un modèle du genre. Mais il n’est pas le seul. Des offres GtoG concurrentes se développent, portées par des États exportateurs souhaitant répondre aux besoins exprimés par les États acheteurs. 

Afin de comprendre cette tendance d’évolution sur le marché international de l’armement, l’étude propose, dans un premier temps, un état des lieux des dispositifs mis en place par les principaux États exportateurs (hors Russie et Chine) : États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Suède, Espagne, Israël et Corée du Sud. Dans un second temps, nous nous pencherons sur la scène européenne pour illustrer la hausse de la demande d’accompagnement étatique dans un contexte sécuritaire dégradé. Nous questionnerons les motivations des États acheteurs en la matière ainsi que les implications de modalités de ventes plus complexes pour les États exportateurs et leurs fournisseurs.

[…]

La version intégrale de cette publication n’est disponible qu’au format PDF.
Afin de lire cette version, merci de télécharger le fichier ci-dessous.

FRS- Les contrats d’État à État (GtoG) sur le marché international R&D 01/2025