Israël affirme avoir détruit «des milliers de lance-roquettes» du Hezbollah
Dans un message adressé aux habitants du sud du Liban, l’armée israélienne a annoncé le lancement, ce dimanche 25 août, de frappes sur le pays en ciblant le Hezbollah, qui a cependant mené au petit matin « des attaques de grande envergure » contre Israël. Le ministre de la Défense israélien a décrété l’état d’urgence pour 48 heures. Les avions israéliens auraient « visé et détruit des milliers de rampes de lancement de roquettes du Hezbollah ».
L’armée israélienne a annoncé ce dimanche 25 août qu’elle avait opéré des frappes préventives au Liban. Le Hezbollah libanais a cependant annoncé avoir lancé dimanche « plus de 320 » roquettes Katiouchas sur onze bases militaires en Israël et sur le Golan syrien occupé, dans le cadre de « la première phase » de sa riposte à l’assassinat d’un chef militaire le 30 juillet. Dans un communiqué, la formation pro-iranienne a précisé que cette « première phase » s’était « achevée avec succès », précisant qu’elle avait pour objectif de viser les « casernes et positions israéliennes afin de faciliter le passage des drones d’attaques » vers le territoire israélien « en profondeur ». « Notre opération militaire d’aujourd’hui est terminée et accomplie », a donc déclaré le Hezbollah soutenu par l’Iran. Les affirmations d’Israël « concernant l’action préventive qu’il a menée […] et l’échec de l’attaque de la résistance sont des affirmations vides de sens », a-t-il ajouté. Dans l’immédiat, les autorités israéliennes n’ont pas fait état de positions militaires touchées. Le Hezbollah a en outre averti qu’Israël serait « sévèrement puni » s’il portait atteinte aux civils au Liban.
Les murs de la maison ont tremblé plusieurs fois…00:45, Johanna, habitante de la ville israélienne de Maalot
Nicolas Falez
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a tenu une réunion du cabinet de sécurité à 4h TU. Le ministère de la Défense a décrété l’état d’urgence sur tout le territoire d’Israël pour 48 heures. Yoav Gallant a publié un décret dans lequel il écrit être « convaincu qu’il existe une forte probabilité qu’une attaque soit menée contre la population civile également dans les autres zones du pays sur lesquelles la déclaration de « situation spéciale » sur le front intérieur ne s’applique pas ». « Je déclare par la présente la « situation spéciale » […] dans les autres zones du pays », ajoute le texte. En raison des frappes, des vols de ce dimanche matin à Tel-Aviv ont été retardés ou déroutés, mais la situation est depuis revenue à la normale, a annoncé l’aéroport Ben-Gourion.
« Toute personne se trouvant à proximité de zones où le Hezbollah opère doit quitter immédiatement les lieux pour se protéger et protéger sa famille», a exhorté l’armée israélienne. Celle-ci a affirmé avoir « observé des préparatifs pour lancer des obus et des missiles » contre Israël. L’armée « fera tout ce qui est nécessaire pour protéger les citoyens d’Israël », a-t-elle encore indiqué. « Décréter l’état d’urgence permet à l’armée de donner des instructions aux civils en Israël, notamment d’interdire des rassemblements ou de fermer des sites », précise le cabinet de Yoav Gallant. Le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a précisé lors d’une allocution télévisée qu’il reste « possible d’organiser des activités éducatives et de se rendre au travail » dans les secteurs du nord du pays où l’état d’urgence vient d’être étendu, à condition de rester dans « des zones où l’on peut atteindre un abri dans le délai conforme », soit moins d’une minute et demie.
Ces frappes surviennent en pleines négociations au Caire visant à tenter d’obtenir une trêve dans la guerre dans la bande de Gaza. Celle-ci a été déclenchée par une attaque sans précédent en territoire israélien le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas. Dans un message vidéo sur le réseau social X, le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari a déclaré que « des avions de chasse sont en train d’attaquer des cibles du Hezbollah ».
Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah, mouvement chiite soutenu par l’Iran, sont quasiment quotidiens depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza. Le Pentagone a assuré que les États-Unis étaient au côté d’Israël : « Nous continuons à suivre de près la situation et nous avons été très clairs sur le fait que les États-Unis sont prêts à soutenir la défense d’Israël », a déclaré un porte-parole du Pentagone dans un communiqué.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant a annoncé avoir informé son homologue américain Lloyd Austin par téléphone : « Nous sommes déterminés à utiliser tous les moyens dont nous disposons pour défendre nos citoyens », a-t-il notamment dit. Dans le même temps, son bureau assure que les deux ministres ont « discuté de l’importance d’éviter une escalade régionale ». À ce stade, écrit notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul, on ne sait pas si la délégation israélienne aux pourparlers sur une trêve et la libération d’otages va se rendre dans la capitale égyptienne pour la reprise des négociations.
Quoi qu’on en dise, les armées occidentales n’ont pas connu, depuis la guerre de Corée, de réels engagements de haute intensité dans la durée. À ce titre, la guerre du Golfe de 1991, souvent mise en avant pour justifier des arbitrages faits par les occidentaux en matière d’armées, d’équipements et de doctrines, a été trop courte, et trop spécifique, pour en tirer de réelles conclusions.
Dans ce contexte, la guerre en Ukraine, depuis février 2022, est l’occasion, pour ces mêmes armées occidentales, pour confronter leurs équipements, ainsi que, d’une certaine manière, leurs doctrines, à la réalité. Ce fut l’occasion de revenir sur certaines certitudes, notamment concernant l’efficacité relative supposée des équipements occidentaux sur les matériels, plus rustiques, russes.
Cette guerre a également montré le rôle déterminant de l’artillerie dans ce type de conflit. Dans ce domaine, les nouveaux systèmes européens, dotés d’un tube de 52 calibres et de systèmes de visée plus évolués, ont montré leur grande efficacité, face aux matériels russes, mais aussi, américains ou britanniques, moins performants.
Le canon Caesar porté sur camion, de conception française, brille particulièrement dans ce conflit. Un temps jugé trop léger et insuffisamment protégé, face à l’Archer suédois, ou moins mobile sur terrain difficile, que le Pzh2000 allemand, celui-ci a montré, à plusieurs reprises, toute l’efficacité de son concept.
Toutefois, si les ukrainiens ont parfois envoyé des messages contradictoires au sujet de ce système, une récente interview en ligne, sur Telegram, d’artilleurs russes, montre qu’il est, aujourd’hui, le système le plus redouté, et celui qui leur a fait le plus de mal.
Sommaire
Des messages parfois contradictoires concernant le canon Caesar venant d’Ukraine
Aujourd’hui, les armées ukrainiennes alignent une cinquantaine de Caesar, dont 19 en version 8×8 fournis par le Danemark, et 32 en version 6×6 par la France. Celles-ci doivent recevoir, sur 2024, 78 nouveaux Caesar 6×6, financés conjointement par Paris, Copenhague et Kyiv.
Cependant, les messages concernant l’efficacité du Caesar au combat, venant des armées ukrainiennes, ont occasionnellement été contradictoires. Il y a quelques mois, un artilleur ukrainien avait ainsi expliqué à des journalistes français, que le canon tracté M777 américain était plus efficace, car pouvant plus facilement se dissimuler, et de cette façon résister aux attaques de drones, et car trop complexe à employer et à maintenir.
Les faits, cela dit, ne lui donnaient pas raison, notamment par la comparaison des pertes entre les deux systèmes. Et ces déclarations avaient d’ailleurs amené le ministère de la Défense ukrainien, à publier un communiqué pour contredire le colonel Yan Iatsychen, commandant de la 56ᵉ brigade d’infanterie motorisée, et exprimer sa pleine satisfaction du CAESAR.
Il y a quelques jours, Alexandre Zavitnevych, Président de la commission de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement du Parlement ukrainien, la Rada, avait fait l’éloge du Caesar, en particulier aux mains des artilleurs de la 55ᵉ brigade d’artillerie, alors en charge de protéger le théâtre de Zaporojjie.
Il a toutefois précisé qu’ils rencontraient des difficultés concernant le maintien en condition opérationnelle (MCO), une difficulté sur laquelle KNDS-France et les autorités ukrainiennes, travaillent activement. Dans le même temps, il a indiqué que la mobilité du canon français était mise à mal lors des périodes de fortes pluies, au printemps et à l’automne.
Le témoignage d’un artilleur russe sur l’évolution de l’artillerie ukrainienne
À ces sujets, l’interview d’artilleurs russes, menée par des compatriotes milbloggers, apporte une vision complémentaire, et très éclairante, sur la perception concernant l’efficacité de l’artillerie ukrainienne, mais aussi celle du Caesar français.
La première partie de l’interview traite de l’évolution de la doctrine employée par l’artillerie ukrainienne comme russe, au début du conflit, et son évolution au fil du temps. Ainsi, il apparait, comme on pouvait s’y attendre, que l’une comme l’autre appliquaient des doctrines soviétiques au début du conflit, concentrant de puissantes forces d’artillerie menant un feu massif et très soutenu, à chaque utilisation.
On comprend, à ce titre, qu’un officier ukrainien ait eu du mal à faire sienne la doctrine d’emploi du Caesar, conçu pour être très mobile et employé en petite unité, voir de manière individuelle, et puisse privilégier le M777, beaucoup plus conforme, dans l’esprit, à l’utilisation faite de l’artillerie héritée de la doctrine soviétique. « Plusieurs centaines de coups pouvaient être tirés sur une même cible, pour mettre un ou deux coups au but« , précise ainsi l’artilleur russe à ce sujet.
Au fil du temps, les tirs de contrebatterie, d’une part, les frappes de drones et le manque de munitions, de l’autre, ont amené les ukrainiens à évoluer vers des unités beaucoup plus compactes, plus mobiles, et tirant beaucoup moins d’obus par frappe, d’un rapport « un à cent« , selon le témoignage russe, avec toute la subjectivité que cela implique.
Le Caesar est un cauchemar pour les artilleurs russes
La seconde partie de l’interview porte, elle, sur les capacités les plus redoutées par les artilleurs russes. Et le constat est sans appel, il s’agit du Caesar français. Celui-ci n’évolue pas, selon lui, « dans le même siècle que les équipements en service au sein des armées russes« .
« La portée de ces systèmes atteint 40 km avec des obus conventionnels, surpassant de loin les systèmes soviétiques que nous avons, qui plafonnent à 32 km avec des obus à portée additionnée« . « La configuration sur roues de ces залупы » (je vous laisse le choix de la traduction ;-)) « leur permet de rapidement quitter une position, même une fois déployés ».
« Il ne faut que 60 secondes pour le déployer, et 40 secondes pour s’échapper. Le système de visée est automatique, ce qui lui confère une précision extraordinaire« , ajoute-t-il.
De fait, les armées russes ont fait de la destruction des Caesar, une véritable priorité, n’hésitant pas à employer des drones Lancet, et même des roquettes et missiles balistiques à courte portée (OTRK), pour y parvenir.
Et d’ajouter que le Caesar est aujourd’hui un système rare, employé avec parcimonie par les armées ukrainiennes, pour les tirs de contrebatterie, avec une grande efficacité. « Ces obusiers français ont pris un nombre énorme de vies d’artilleurs russes« , conclut-il.
Le concept du Caesar, associant efficacité et masse, s’impose en haute intensité
Bien évidemment, un témoignage ne fait pas une situation. Il convient donc de se montrer prudent, quant à la surinterprétation des conséquences de cette interview, d’autant que, pour des raisons évidentes, celle-ci est volontairement obscure sur de nombreux aspects.
Toutefois, elle tend à accréditer le concept ayant entouré la conception du Caesar lui-même, dans les années 90. Pour rappel, celui-ci n’avait pas vocation, initialement, à remplacer l’artillerie sous casemate chenillée, comme l’AuF1 GCT, sur châssis AMX-30. Le Caesar visait à remplacer les canons tractés TR-F1, plus économiques, plus mobiles, et plus facilement déployables.
Pour autant, celui-ci n’a pas été conçu, comme avancé parfois par le passé, pour une utilisation sur théâtre de moindre intensité. Il visait, effectivement, à remplacer par la mobilité, la précision et l’allonge, la survivabilité liée au blindage, concernant les canons automoteurs, tout en conservant une efficacité opérationnelle identique, y compris en haute intensité.
Le fait est, aujourd’hui, l’Armée de terre va basculer l’ensemble de son artillerie lourde, sur Caesar Mk2, y compris en remplaçant ses derniers AuF1 par ce système. Et plusieurs armées, y compris en Europe, ont fait un choix similaire. En effet, au-delà de ses qualités techniques et opérationnelles, le Caesar offre un atout clé, sensible particulièrement en Ukraine : il est économique, et relativement « facile » à produire.
Ainsi, pour le prix d’un Archer 2 suédois, il est possible d’acquérir 2,5 à 3 Caesar, alors que pour un RCH155, ou un PZH2000, ce sont 3,5 à 4 Caesar qui prennent la ligne. Certes, le Caesar Mk2 n’aura pas l’automatisation de l’Archer 2, ni la capacité de faire feu en mouvement du RCH155, mais avec le même investissement, il permet d’atteindre une masse critique efficace sur le champ de bataille, que ces autres systèmes peinent à atteindre.
On comprend, dans ces conditions, que le Caesar tende à devenir le système d’artillerie de nouvelle génération central des armées ukrainiennes, étant certainement le seul à pouvoir afficher de telles performances, tout en étant produit à 72 unités par an en 2024, 144 unités en 2025, selon l’industriel.
KNDS-France anticipe de nouvelles commandes à venir du Caesar et l’arrivée des concurrents
On comprend également que KNDS-France, ex-Nexter, soit confiant quant à l’avenir commercial de son système, et la raison pour laquelle le français a annoncé une hausse de la production mensuelle pour atteindre 12 unités par mois, d’ici à 2025. Pour rappel, elle n’était que de trois canons par mois en 2022, encore moins auparavant.
En effet, au-delà des commandes ukrainiennes, françaises, belges, tchèques ou encore estoniennes, la démonstration de la validité du concept du Caesar, plus que de ses capacités elles-mêmes, qui étaient déjà connues, a le potentiel d’engendrer, dans les mois et années à venir, de nouvelles commandes, mettant KNDS-France au centre de l’artillerie occidentale.
Reste que ce succès va, aussi, aiguiser les appétits des autres industriels. Jusqu’à présent, les grands industriels européens, s’ils avaient compris l’intérêt de la configuration roues-canon, n’avaient pas adhéré au concept Caesar, donnant naissance à l’Archer suédois, au Zuzana 2 slovaque, ou au RCH155 allemand. Beaucoup plus lourds, et considérablement plus onéreux, ces systèmes n’évoluent donc pas dans la même catégorie que le Caesar.
Maintenant que le concept même est validé, la situation est différente, et des offres basées sur les mêmes paradigmes, émergeront bientôt. C’est déjà le cas du PCL-181 chinois, très proche, dans l’esprit et dans l’aspect, du Caesar français, mais aussi de l’Atmos israélien, probablement le plus sérieux concurrent, aujourd’hui, du système de KNDS-France.
Ainsi, comme les succès des Mirage III israéliens, amenèrent les américains à concevoir le F-16, l’avion le plus vendu de sa génération, il va falloir, à l’industriel français, s’emparer du plus de marchés possibles, avant que les offres concurrentielles ne débarquent vraiment. L’augmentation des cadences de production montre que KNDS-France a parfaitement saisie la temporalité des enjeux qui se présentent aujourd’hui.
Article du 22 avril en version intégrale jusqu’au 27 aout 2024
Clément L., pilote de l’Airbus A400M : « C’est trop bien de revenir avec l’avion du boulot »
À seulement 28 ans, Clément L. a rapatrié l’Airbus A400M jusqu’à l’aéroport de Méaulte pour le meeting qui se déroule samedi à quelques kilomètres de ses terres d’origine à Saint-Quentin. D’élève-pilote aux manettes de cet avion, le Picard vit un rêve éveillé aux quatre coins du globe.
Il y a dix ans, le jeune Clément L., 18 ans, sortait du lycée, bac en poche avec la mention « assez bien ». Une décennie plus tard, le voilà pilote du plus grand avion de transport en service de l’armée française, l’Airbus A400M, qui survolera Albert vendredi 23 août. Plus jeune, ce passionné d’histoire et d’aviation se rendait aux meetings aériens proches de chez lui pour approcher ses exemples. Ce week-end, le Picard sera de l’autre côté de la barrière avec l’uniforme militaire. Prêt à vous accueillir au meeting aérien d’Albert, samedi.
« Devenir pilote à 28 ans, qu’est-ce que ça représente pour vous ? »
C’était un objectif. Pas forcément devenir militaire, à la base. Mais, je me suis dit que j’allais allier les deux. C’est une fierté de porter le drapeau français sur l’épaule gauche. On représente la France et ses valeurs, qui me sont chères. C’est un bel engagement.
Quel attachement avez-vous à la région ?
De base, je suis un Ch’ti, mais j’ai vécu en Picardie toute mon enfance. Les champs et les forêts du coin, c’est le paysage que j’aime. C’est chez moi. C’est trop bien de revenir avec l’avion du boulot et de retrouver les gens de l’aéroclub avec qui j’ai pu voler avant d’être sur l’A400M.
En venant jusqu’à Albert avec cet avion, avez-vous reconnu la Picardie ?
Oui, carrément ! En arrivant à l’aéroport, je ne voyais par très bien le terrain, mais j’ai directement reconnu l’usine Airbus de Méaulte. Je me suis dit : « elle est là, je n’ai plus qu’à remonter la côte et il y a l’aérodrome ». C’est un super sentiment. En plus, c’est un week-end de fête, il n’y a pas forcément de pression. J’ai fait ma part du « job » en amenant l’avion ici. Là, je profite. On va discuter avec les gens, les passionnés et les jeunes qui viennent nous poser des questions car ils aimeraient aussi faire ça.
Depuis tout petit, vous avez cet intérêt pour les meetings aériens. Comment l’expliquer ?
Je trouvais ça super d’avoir accès aux équipes de pilote, de mécaniciens et plus généralement des militaires. On n’ose pas forcément les aborder, il y a un côté un peu strict. Un uniforme, c’est impressionnant. J’aimais bien cet aspect avant d’être du métier. Maintenant que j’en suis, c’est encore mieux de partager ma passion avec le public. J’essaye justement de casser la distance que les gens peuvent mettre avec moi à cause de cet uniforme. On parle entre passionnés, et puis c’est tout.
Votre histoire avec Pascal Cordier, chef d’orchestre du meeting aérien de Méaulte, est très particulière…
Oui. Je pilotais déjà dans le civil avant d’entrer à l’armée. J’ai passé mon brevet de pilote privé quand j’avais une quinzaine d’années. J’ai un peu perdu l’aviation civile (…) jusqu’à Tours avec l’Alpha Jet. J’avais envie de piloter un avion moins rapide pour mieux profiter, et sur le site de l’aéroclub de Pascal, j’ai vu un Piper L4 (un avion d‘observation américain de la Deuxième Guerre mondiale). Je me suis dit : bingo ! Je suis allé à l’aéroclub pour m’inscrire et quand j’ai dit que j’étais élève-pilote de chasse… Alors, là ! Les portes se sont grandes ouvertes. Pascal est tombé de son aile.
Le retrouver ce week-end, c’est un signe ?
J’ai fait exprès de me positionner sur le meeting. Je n’ai pas souvent l’occasion de venir voler dans la région, donc c’était maintenant ou jamais. J’ai sauté sur l’occasion et je n’ai pas laissé la place aux autres. J’aurai été jaloux qu’un autre prenne ma place.
Depuis vos débuts au pilotage de l’A400M, quelles sont les missions qui vous restent en mémoire ?
Ma première mission, quand on est allé en Jordanie sur une base française. C’était un paysage lunaire, avec du sable et des gros cailloux partout ! On est parti jusqu’aux Émirats arabes unis pour livrer du matériel. C’était vraiment dingue. Et cet été, j’ai eu la chance d’être sur la mission Pégase, une mission de projection de l’armée de l’Air. On a fait une sorte de tour du monde : les Émirats, Singapour, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, etc. Et même Wallis-et-Futuna, je n’aurais jamais imaginé ça de ma vie ! Ce sont des missions qui resteront gravées en moi. »
L’armée française signale un contact hostile avec un drone naval en mer Rouge. L’embarcation a été détruite par une frégate de la Marine nationale, alors qu’elle menaçait un pétrolier en difficulté.
Les drones navals ne sont pas seulement à l’œuvre en mer Noire, dans le cadre de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ces embarcations sans pilote apparaissent sous d’autres latitudes, ailleurs dans le monde. La mer Rouge, qui est une route maritime hautement stratégique pour le commerce international, en est la preuve la plus récente.
L’armée française vient de signaler un contact hostile avec un drone naval qui se dirigeait contre le pétrolier grec Sounion dans la matinée du 22 août 2024. L’engin a été détruit par une frégate de la Marine nationale, fait savoir sur X (ex-Twitter) le commandement français de la zone maritime de l’océan Indien (ALINDIEN).
Selon le compte rendu donné par le commandement des forces françaises aux Émirats arabes unis, le Sounion (qui compte un équipage de 29 personnes) a d’abord subi le 21 août deux attaques de la part de pirates sévissant dans la zone. Le pétrolier s’est retrouvé à la dérive, avec une voie d’eau ainsi qu’un incendie en salle des machines.
Alertée, la frégate française qui se trouvait dans les parages s’est déplacée sur zone pour assister le Sounion et évacuer son personnel. C’est alors que l’attaque du 22 août a eu lieu, avec une « embarcation lourdement chargée d’explosifs », selon l’armée. La frégate a alors engagé et détruit le drone, de toute évidence en faisant feu avec des tirs de mitrailleuse.
Une nouvelle menace qui requiert un attirail particulier
Le type d’unité qui a neutralisé la menace n’a pas été précisé, mais il peut s’agir d’une frégate anti aérienne de la classe Horizon. Début juin, le site spécialisé Mer et Marine indiquait l’arrivée en mer Rouge de la frégate Forbin pour un déploiement dans le cadre d’Aspides, la mission européenne visant à sécuriser le trafic maritime dans la région.
La classe Horizon compte un autre navire de ce genre, le Chevalier Paul. Le site Zone Militaire a relevé le passage du bateau au canal de Suez le 16 août. Chacune de ces frégates a dans son arsenal trois canons téléopérés de 20 mm, une artillerie de gros calibre (76 mm), ainsi qu’un éventail de missiles anti-aériens et de torpilles.
« Aspides opère sous mandat défensif et agit en tant qu’acteur européen crédible en matière de sureté maritime. Elle contribue à assurer la liberté de navigation dans sa zone de responsabilité et veille également à la protection des navires marchands qui y transitent », a réagi le commandement européen EUNAVFOR sur X.
L’attaque, qui a eu lieu alors que la frégate portait assistance au Sounion, est une illustration de l’évolution du conflit en mer. Les drones y prennent une part croissante pour endommager ou couler des bâtiments adverses, et cela, à très bas coût. En raison de la guerre russo-ukrainienne, la mer Noire est devenue l’épicentre de l’emploi de drones navals.
La démocratisation des drones aériens ou navals sur le champ de bataille constitue d’ailleurs un défi pour les marines. Ils doivent s’adapter à ces attaques d’un nouveau genre, faciles à actionner et économiques — et qui peuvent aussi avoir un caractère saturant difficile à contrer pour un navire ou un système de défense donné.
Il y a également un autre problème qui est l’adéquation avec le coût pour parer une menace. Les frégates françaises embarquent des missiles qui coûtent entre 1 à 1,4 million d’euros à l’unité. C’est beaucoup pour abattre un drone. D’où des réflexions pour armer autrement les frégates, avec des lasers ou une artillerie renforcée.
Deux semaines le début de l’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk, Volodymyr Zelensky appelle ses alliés à lui accorder l’utilisation d’armes de longue portée contre la Russie. Léo Péria-Peigné, chercheur en Armement et Industrie de défense à l’Institut français des relations internationales (Ifri) apporte à la Dépêche son éclairage.
Deux semaines d’incursion, trois ponts détruits et 92 localités russes, soit 1 250 kilomètres carrés contrôlés. Tel est le bilan affiché mardi 20 août par l’armée ukrainienne depuis sa percée inédite sur le territoire russe le 6 août dernier. Si pour Volodymyr Zelensky, l’armée « atteint ses objectifs », le président ukrainien a appelé ce lundi 19 août ses alliés occidentaux à autoriser Kiev à frapper la Russie avec les armes à longue portée livrées, afin d' »arrêter l’avancée » de l’armée russe dans l’est de l’Ukraine.
Plusieurs alliés sont en mesure de fournir le type d’armes demandées, explique à La Dépêche du MidiLéo Péria-Peigné, chercheur en Armement et Industrie de défense de l’Observatoire des Conflits Futurs à l’Ifri (Institut français des relations internationales) : « Beaucoup de ces matériels sont d’origine américaine, mais ils sont présents dans les inventaires d’autres pays, notamment en France, en Allemagne ou en Grande-Bretagne. »
Selon Léo Péria-Peigné, Kiev pourrait compter sur l’utilisation de missiles air-sol largués depuis des avions, comme les Storm Shadow britanniques (l’équivalent des Scalpfrançais) et les Taurus allemands. Ces armes, précise le chercheur, pourraient intervenir en complément des munitions ATACMS – des missiles tirés depuis le sol par des lance-roquettes américains, les Himars – et être embarqués sur les aéronefs de combat, notamment les F16 qui ont été livrés fin juillet en Ukraine. Autres armes envisagées : des missiles air-air à très longue portée.
Ces dernières « seraient employées pour abattre les avions russes armés de bombes planantes », cite en exemple le chercheur, faisant référence aux missiles qui une fois largués, peuvent atteindre une cible à 50 kilomètres et terrorisent les civils ukrainiens.
Le plus grand atout de ces munitions réside sans conteste dans la profondeur de frappe. Si les ATACMS peuvent parcourir environ 300 kilomètres, les missiles de croisière tels que les SCALP, dont la portée est officiellement de 250 kilomètres, peuvent en réalité atteindre une cible située à plus de 300 kilomètres. Cette distance monte à plus de 500 kilomètres pour les Taurus.
Avec cet arsenal, les attaques pourraient être lancées par l’armée ukrainienne depuis un espace aérien sûr, difficilement atteignable par les défenses aériennes ou l’aviation ennemie.
« Les armes air-sol ou sol-sol, permettent de frapper des cibles à très haute valeur ajoutée sur les arrières du front, comme des postes de commandement, des centres de logistique, des centres d’entraînement, voire même des points économiques ou des points logistiques comme des ponts », détaille Léo Péria-Peigné.
Un usage restreint
Impossible toutefois pour Kiev, d’utiliser de telles munitions selon ses desiderata.
L’usage des armes fournies par les Occidentaux est soumis à des restrictions, souligne le chercheur : « Chaque pays va poser des conditions et des limites à l’utilisation des armes qu’il octroie à l’Ukraine. »
Le domaine militaire est en perpétuelle évolution, cherchant constamment à optimiser l’efficacité des opérations sur le terrain. L’une des plus récentes innovations qui fait couler beaucoup d’encre est le nouveau système développé par l’armée américaine, capable de toucher jusqu’à 1 000 cibles par heure. Ce développement marque un tournant décisif dans les capacités militaires modernes, ouvrant la voie à des opérations plus précises, rapides, et moins dépendantes de larges contingents humains.
Un nouveau système de ciblage
Le système en question est le fruit de plusieurs années de recherche et d’expérimentations menées par le XVIIIe Corps aéroporté, une unité d’élite qui commande notamment la 82e division aéroportée, la 10e division de montagne et la 101e division aéroportée. Ce projet, initialement nommé Scarlet Dragon, a débuté en 2020 et a depuis connu au moins dix itérations, avec des améliorations constantes apportées à chaque étape.
L’innovation clé de ce système repose sur le Maven Smart System, une combinaison de capteurs et de logiciels utilisant l’intelligence artificielle (IA) et le machine learning pour analyser rapidement un champ de bataille, identifier des cibles et les frapper avec une précision inégalée. En effet, lors des premières expérimentations, le processus de ciblage numérique prenait jusqu’à 743 minutes, soit plus de 12 heures. Aujourd’hui, grâce à l’évolution du système, ce même processus peut être accompli en moins d’une minute. Cette réduction drastique du temps de réponse est cruciale pour les opérations militaires modernes, où la rapidité d’action est souvent déterminante.
Applications stratégique et logistique
Le système Maven ne se limite pas au simple ciblage. Il ouvre également de nouvelles perspectives pour la gestion logistique des opérations militaires. En exploitant les capacités de l’IA, les commandants peuvent obtenir une vue d’ensemble globale de leurs chaînes d’approvisionnement et simuler différents scénarios pour anticiper l’impact des besoins logistiques sur les opérations. Cette approche permet non seulement de rationaliser les processus mais aussi de minimiser les erreurs humaines, souvent coûteuses en temps et en ressources.
L’un des aspects les plus remarquables de ce système est sa capacité à gérer un volume de travail immense avec un effectif réduit. Là où l’opération Iraqi Freedom nécessitait plus de 2 000 membres du personnel pour couvrir une vaste zone et de nombreuses cibles en 2003, le système actuel parvient à gérer une charge de travail similaire avec seulement 20 soldats. Cette réduction impressionnante démontre l’efficacité et la précision de ce nouveau système, faisant du XVIIIe Corps aéroporté l’unité la plus avancée en matière de ciblage militaire.
Le développement du système Maven n’est pas encore terminé. De nouvelles expérimentations sont prévues pour les mois et années à venir, avec notamment une démonstration à grande échelle dans le Pacifique lors de l’exercice Yama Sakura en 2026, un exercice conjoint américano-japonais. Ce système pourrait bien devenir un standard pour les opérations militaires de demain, offrant une flexibilité et une rapidité d’exécution sans précédent. Les implications de cette technologie vont bien au-delà du champ de bataille. Elles touchent également à la manière dont l’armée envisage ses opérations futures, tant en termes de logistique que de stratégie. Le Maven Smart System pourrait bien redéfinir la guerre moderne, rendant les opérations plus autonomes et les forces armées plus résilientes face à des défis toujours plus complexes.
Une vive polémique se dessine entre le Pentagone et la Colline du Capitole autour de l’avenir et de l’allocation des fonds destinés à la Loi sur la production de défense (DPA), une loi cruciale de l’ère de la guerre de Corée qui a renforcé la capacité des États-Unis à dynamiser rapidement des industries clés lors des crises de sécurité nationale. Si cette législation s’est avérée indispensable par le passé – alimentant la production de véhicules blindés lors de la guerre en Irak et celle des vaccins contre le COVID-19 – le débat actuel porte surtout sur la meilleure façon de prioriser et de dépenser des milliards pour revigorer le secteur de la défense américaine, un soutien fondamental à des alliés en temps de guerre tels que l’Ukraine et Israël.
Un budget point de friction
Le point d’achoppement principal est le budget du compte d’investissement de la DPA, connu sous le nom de Titre III. Les bureaux du Congrès expriment depuis longtemps leur agacement face à ce qu’ils perçoivent comme des demandes de budget insuffisantes de la part du Pentagone et des plans de dépenses trop spéculatifs. Cette friction est devenue particulièrement évidente en août lorsque le Sénat a publié son projet de loi budgétaire pour la défense pour l’année fiscale à venir, proposant de plus que doubler les fonds demandés par le Pentagone – mais uniquement si ces fonds sont alloués à des projets spécifiques énoncés dans le projet de loi, une rupture avec la coutume selon laquelle le Pentagone exerce un contrôle général sur ce compte.
Vers une plus grande efficacité
Un responsable de la défense, qui a tenu à garder l’anonymat, a admis que le langage prescriptif de la législation limite la flexibilité, mais a reconnu l’existence de plus en plus de préoccupations quant à la gestion efficace du budget en expansion. Malgré les importantes priorités à long terme du Pentagone pour la DPA, il a eu du mal à prouver sa capacité à gérer efficacement le financement accru.
La DPA permet au Pentagone de contourner les processus traditionnels d’acquisition, en investissant directement chez les fournisseurs de niveau inférieur pour accélérer la production d’armes, un élément essentiel pour des réponses opportunes lors des crises. La demande récente du département de la Défense d’un budget de 968 millions de dollars pour l’exercice 2024, soit une augmentation significative par rapport aux 668 millions de l’année précédente, a été réduite par le Congrès à moins de 600 millions. Certaines des coupes sont dues aux réticences du Congrès quant à la capacité du département à gérer efficacement des fonds importants, compte tenu des difficultés de personnel à gérer les dossiers de la DPA.
Paolo Garoscio
Journaliste chez Economie Matin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.
Depuis une dizaine d’années, l’industrie de défense française est engagée dans une dynamique porteuse particulièrement efficace à l’exportation, l’ayant amenée sur la seconde marche du podium mondial, après les États-Unis, mais devant la Russie.
Si la France exporte une grande variété d’équipements, allant du missile antichar au sous-marin, en passant par l’obus d’artillerie et l’avion de chasse, trois équipements se démarquent et portent, en grande partie, la progression des exportations françaises de défense aujourd’hui.
Ainsi, le chasseur Rafale, le sous-marin Scorpene et le canon Caesar, font régulièrement les gros titres, en France comme ailleurs, pour leurs succès internationaux. Si, désormais, tous se félicitent de ces succès, qu’on attribue volontiers à l’innovation et la détermination française, peu savent, en revanche, que ces trois équipements ont eu des débuts pour le moins difficiles, lorsque les armées françaises n’en voulaient pas.
Sommaire
Les stars de l’exportation des équipements de défense français
Il est, aujourd’hui, incontestable que le Rafale, le Scorpene et le Caesar, portent, à eux trois, la dynamique d’exportation française en matière d’armement, grâce à des contrats qui se chiffrent en centaines de millions, voire en milliards d’euros, mais également en entrainant, avec eux, d’importants contrats d’équipements et de maintenance, ruisselant dans toute la BITD (Base Industrielle et Technologie Défense).
Ainsi, après une quinzaine d’années de vaches maigres et d’inquiétudes industrielles et politiques,le Rafale de Dassault Aviation, s’est imposé, avec 300 appareils commandés sur la scène internationale, comme le plus grand succès européen d’exportation d’avions de combat depuis le Mirage F1, dans les années 70 et 80, et comme l’avion de chasse moderne le plus exporté aujourd’hui, après le F-35 américain.
De même, le sous-marin Scorpene, avec 16 navires commandés (bientôt 19 avec la commande indienne) par 5 forces navales, dépasse déjà le précédent record français détenu par la Daphnée dans les années 60, et vient directement menacer le Type 214 allemand, successeur du Type 209 qui détient le record occidental de sous-marins exportés dans les années 80 et 90.
Chose encore plus rare, pour un équipement français, le Caesar est en passe de s’imposer comme un équipement standard au sein de l’OTAN, alors que cinq forces armées européennes, en plus de la France, ont déjà signé des commandes en ce sens (Belgique, Estonie, Lituanie, République tchèque et France), et que deux autres ont signé des lettres d’intention en ce sens (Croatie et Slovénie).
Il est toutefois particulièrement intéressant de constater que ces trois équipements qui, aujourd’hui, portent les exportations françaises en matière d’équipements de défense, et qui rapportent plusieurs milliards d’euros de production industrielle export, chaque année, à la balance commerciale nationale, ont connu des débuts particulièrement difficiles.
En effet, les armées françaises, ou certaines d’entre elles, n’en voulaient pas !
La Marine nationale préférait le F/A-18 Hornet au Rafale M en 1993
Lorsqu’il est question des débuts difficiles du Rafale, et de ses différents échecs commerciaux de 1997 à 2015, au Maroc, au Brésil ou encore aux Pays-Bas, il est fréquent de se voir rappeler la phrase désormais ô combien « pas prophétique » du ministre de la Défense Hervé Morin en 2010, lorsqu’il jugeait l’appareil trop compliqué et trop cher pour pouvoir être exporté.
Cette position ministérielle avait, il est vrai, à ce point inquiété Dassault Aviation, que l’industriel préféra sacrifier la ligne d’assemblage du Mirage 2000, après l’échec de l’appareil en Pologne, même si certains marchés potentiels se profilaient déjà en Europe de l’Est et en Asie, à moyen terme, pour le monomoteur français.
En effet, l’avionneur français craignait que le gouvernement français, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, abandonne le Rafale pour une version modernisée du Mirage 2000, comme pouvait l’être le Mirage 2000-9 vendu aux Émirats arabes unis.
Le fait est, en procédant ainsi, Dassault obligea le ministère de la Défense à respecter ses engagements de commandes minimum de Rafale, avec 11 appareils par an, pour maintenir la ligne de production active, jusqu’à la première commande Égyptienne, en 2015, suivie, depuis, par beaucoup d’autres.
Quelques années plus tôt, cependant, c’est bien le ministère de la Défense, et son locataire, François Léotard, qui sauvèrent le programme Rafale, plus spécifiquement, le Rafale Marine. En effet, en 1993, l’ensemble de l’état-major, rue Royale, n’avait qu’une idée en tête : sortir du programme Rafale, pour pouvoir acheter des F/A-18 Hornet américains.
Il est vrai qu’à ce moment-là, l’aéronavale française était face à une évolution très incertaine, en particulier à court terme. Ainsi, les deux porte-avions français, embarquaient toujours des chasseurs de troisième génération, le Super-Étendard d’attaque, le F-8 Crusader de supériorité aérienne, et l’Étendard-4P de reconnaissance.
Ces appareils, mis en œuvre en Irak trois ans plus tôt, étaient alors largement dépassés face à une défense aérienne ou une chasse moderne, et face au groupe aérien embarqué américain, alignant F-14, F-18, A-6 et A-7.
De fait, lorsque l’US Navy proposa à la Marine nationale, une flotte d’une soixantaine de F/A-18 Hornet en occasion récente, pour le prix de moins de vingt Rafale M, tout l’état-major, ou presque, s’est mobilisé pour tenter de faire pression sur le ministère, et laisser le programme Rafale à la seule Armée de l’Air.
Or, le retrait de la Marine de ce programme aurait non seulement fait porter son développement sur la seule Armée de l’air, mais cela aurait, également, augmenté le prix unitaire de l’appareil, avec, à la clé, une réduction du volume de production. De fait, avec le retrait de la Marine, le programme Rafale pouvait, tout simplement, péricliter.
Le ministère de la Défense décida cependant de rejeter l’offre américaine, et de poursuivre le programme Rafale comme prévu. Notons qu’aujourd’hui, les Rafale M du premier lot, au standard F1, ont été portés au standard F3R multirôle, et volent toujours, alors que l’US Navy a retiré du service l’ensemble de ses Hornet.
Le Caesar, le système d’artillerie révolutionnaire conçu par GIAT dans le dos de l’Armée de terre
Si la Marine nationale a tenté de se retirer du programme Rafale pour se tourner vers un chasseur américain, l’Armée de terre, elle, a tout simplement ignoré, pendant plusieurs années, le canon Caesar, et n’a consenti à en commander que cinq exemplaires, initialement, pour lancer la carrière internationale du système d’artillerie conçu par GIAT.
Il est vrai que quand le concept du Caesar est apparu dans l’esprit des ingénieurs français, l’Armée de terre percevait encore le reliquat de ses nouveaux canons automoteurs AuF1 GCT, dont elle était particulièrement satisfaite, un temps au moins. En outre, elle venait de lancer l’acquisition du canon tracté TrF1, pour soutenir les éléments projetés.
De fait, le besoin d’un nouveau système, tout innovant fut-il, était loin d’être la priorité de l’état-major de l’Armée de terre. Surtout que le programme Caesar semblait devoir relever des défis impossibles.
En effet, il s’agissait non seulement de franchir le cap des tubes de 52 calibres, ce qui entrainait de nombreuses évolutions, notamment au niveau de la culasse, mais aussi de parvenir à installer ce canon sur un châssis 6×6 susceptible de résister aux contraintes mécaniques du tir.
Le Caesar avait, force est de le reconnaitre, des ambitions particulièrement élevées, devant assurer un tir soutenu de 155 mm, avec une grande précision et une portée de 40 km, tout en pouvant embarquer, en monobloc, à bord d’un avion C130. À vrai dire, pas grand monde, en dehors des ingénieurs de GIAT, ne pensaient alors la chose possible. Pas question, donc, de dépenser des crédits dans ce programme.
Ces derniers avaient, pourtant, déjà résolu le problème, en ajoutant un faux châssis au châssis principal du camion UNIMOG 6×6 sélectionné, car seul à répondre aux exigences françaises alors. Celui-ci permettait d’absorber une grande partie des efforts mécaniques lors du tir, alors qu’avec d’autres innovations, le Caesar passait de concept farfelu, à système d’armes efficace et redoutable.
En dépit de ces avancées, et de la présentation officielle du Caesar lors du salon Eurosatory 1994, l’Armée de terre n’était toujours pas convaincue. Le ministre de la Défense, Alain Richard, consenti toutefois à en acquérir cinq exemplaires, pour lancer la carrière internationale du système.
Ce ne sera qu’une fois les premiers exemplaires livrés et expérimentés, que l’Armée de Terre prit la mesure du potentiel de ce nouveau système, d’abord pour remplacer les TrF1, puis pour devenir la pièce d’artillerie standard de ses régiments, en remplaçant les AuF1.
Même aujourd’hui, la Marine nationale ne veut pas entendre parler du Scorpene, ni d’un quelconque sous-marin à propulsion conventionnelle.
Si le ministère de la Défense est parvenu à sauver le programme Rafale, et à faire adopter le Caesar par l’Armée de Terre, personne, en revanche, n’a réussi à faire changer de point de vue la Marine nationale, sur la question des sous-marins à propulsion conventionnelle.
Depuis qu’elle a reçu son premier sous-marin nucléaire d’attaque, le Rubis, en 1983, celle-ci considère, en effet, qu’il lui serait très inefficace de se doter d’une flotte mixte, alliant SNA et sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle, ou SSK. Pour elle, un SNA peut faire tout ce que fait un SSK, en mieux, et un plus rapide, alors que l’inverse n’est pas vrai.
De fait, même si on venait à proposer à la Royale deux SSK plutôt qu’un SNA, soit sensiblement la même enveloppe budgétaire, celle-ci refuserait sans le moindre doute.
Pourtant, le SNA a un immense défaut : il ne s’exporte pas. Or, la flotte de 6 SNA et de 4 SNLE, ne suffit pas pour garantir la pérennité et l’évolution des compétences sous-marines de Naval Group et de sa chaine de sous-traitance et d’équipements, pourtant indispensables à la dissuasion française.
D’ailleurs, la Grande-Bretagne, second, et seul pays opérant une flotte sous-marine nationale à propulsion nucléaire comparable à celle de la France, avec 7 SNA et 4 SNLE, a dû se tourner vers certaines technologies américaines, pour concentrer ses investissements de R&D pour maintenir sa filière industrielle.
Naval Group, alors DCNS, prit un parti différent, en poursuivant la conception, la fabrication et l’exportation de sous-marins à propulsion conventionnelle, un exemple unique sur la planète. En effet, tous les industriels construisant des SSK dans le monde, peuvent s’appuyer sur une commande nationale pour concevoir et fabriquer leurs premiers exemplaires.
C’est le cas de la Chine avec le Type 39A, la Russie avec les 636.3 et 677, l’Allemagne avec le Type 214 et Type 212/CD, de la Suède avec le A26, l’Espagne avec le S80 plus et de la Corée du Sud avec le KSS-III, tous proposant à l’export des sous-marins en service, dérivés de modèles en service ou bientôt en service, dans leur propre marine.
Naval group, pour sa part, est parvenue à faire du Scorpene, un modèle initialement codéveloppé avec l’Espagne, avant de devenir exclusivement français, un véritable succès international. Celui-ci a d’ailleurs dépassé le record de 15 sous-marins français exportés établi par la Daphnée dans les années 60, et vient désormais flirter avec les ventes de Type 214 de l’allemand TKMS, pourtant champion absolu des exportations de sous-marins depuis les années 70 et 80 avec le Type 209.
Il fallut, cependant, beaucoup de détermination, et une certaine dose de chances, pour convaincre Santiago et la Marine chilienne, ses premiers clients, d’acquérir les deux premiers Scorpene, pour lancer la carrière internationale du modèle, alors que la Marine nationale refusait, et refuse toujours, de s’en équiper.
Le puissant lien entre l’attractivité à l’exportation et la mise en œuvre d’un armement par les armées nationales
Pourtant, un équipement militaire majeur, comme un sous-marin ou un avion de combat, bénéficie grandement d’être mis en œuvre par ses armées d’origine, pour son attractivité internationale.
En effet, une commande nationale permet de porter une grande partie de la R&D du modèle, et donc d’en faire un système financièrement compétitif face à la concurrence internationale.
Ainsi, lors de la compétition norvégienne en 2018, Berlin s’assura du succès de TKMS, en annonçant la commande de 2 sous-marins du même modèle pour la Bundesmarine, et en portant 66 % des couts de R&D pour son développement. Ne pouvant s’aligner, Naval Group et le Scorpene, pourtant favoris jusque-là, durent se résigner à abandonner la compétition.
En second lieu, un sous-marin, un avion de combat ou un navire en service dans les armées nationales d’origine, peut prétendre à une meilleure évolutivité, et à une maintenance sécurisée, puisque l’industriel doit, avant tout, assurer ces aspects pour ses propres forces. Ce sont ces paradigmes qui amenèrent la Marine hellénique à exiger des FDI très proches de celles en service au sein de la Marine nationale, pour son programme de frégates.
Enfin, disposer d’un équipement, au sein des armées nationales, permet d’en faire la promotion lors des exercices internationaux, mais aussi lors des conflits. Ainsi, le Rafale et le Caesar sont devenus d’autant plus attractifs qu’ils avaient montré leur efficacité opérationnelle au Levant et en Afrique, obtenant au passage le fameux qualificatif « Combat Proven ».
Peut-on refonder le lien entre les armées et l’industrie de défense au bénéfice des deux ?
Bien évidemment, la commande nationale n’entraine pas le succès international. Toutefois, elle ouvre des opportunités commerciales accrues et renforcées, dans les compétitions et discussions avec les armées partenaires, souvent inaccessibles aux équipements destinés exclusivement à l’exportation.
Cela vaut, d’ailleurs, aussi bien pour les équipements français que pour les autres. Ainsi, le Mig-35 et le JF-31 chinois n’ont toujours pas convaincu sur la scène internationale, alors que le Su-35s, et le J-10C, rencontrent davantage de succès, nonobstant les conditions spécifiques des exportations d’équipements de défens de la Russie et de la Chine.
On peut, dès lors, s’interroger du succès qu’aurait pu rencontrer le Scorpene, ou la corvette Gowind 2500, si la Marine nationale s’était équipée de quelques exemplaires ?
Néanmoins, aujourd’hui, les Armées françaises n’ont aucun intérêt, en dehors de répondre à d’éventuelles exigences du ministère des Armées, pour s’équiper de ces équipements, et, plus largement, pour soutenir l’émergence de nouveaux équipements, n’entrant pas strictement dans son calendrier d’acquisition.
Pourtant, ces exportations représentent un enjeu majeur pour préserver l’autonomie stratégique française, avec une BITD capable de produire la presque totalité des équipements de défense nécessaires, la commande française, seule, ne suffisant pas à cela.
Il conviendrait donc d’imaginer des mécanismes permettant aux armées de retirer des bénéfices directs du succès des exportations françaises, l’amenant à réviser leur stratégie d’équipements pour soutenir l’émergence de ces nouveaux équipements, y compris en participant à leur développement.
Certains pays, comme la Corée du Sud et la Turquie, ont institutionnalisé ce lien, leurs armées commandant, quasiment systématiquement, mais souvent en petites quantités, les équipements produits par leur BITD respective, tant à des fins d’expérimentation opérationnelle, que pour soutenir leurs exportations. Ceci créé, d’ailleurs, un tempo technologique beaucoup plus soutenu pour l’industrie de défense dans ces deux pays.
Une solution, en France, serait de créer un fond ministériel destiné à cette fonction, régénéré par les succès enregistrés à l’exportation de la BITD, par une évaluation et captation des recettes budgétaires ainsi générées. Ce mécanisme budgétaire serait assez proche, dans sa mise œuvre, des recettes variables employées dans les années 2010 pour compléter le financement du ministère de la Défense, par la vente d’infrastructures ou de licences télécom.
Conclusion
On le voit, le succès que rencontre aujourd’hui le Rafale, le Scorpene ou le canon Caesar, doivent bien davantage à la détermination de leurs industriels d’origine, et parfois d’un coup de pouce politique de la part du ministère de la Défense, que du soutien des Armées elles-mêmes.
Il ne s’agit, évidemment, de jeter l’opprobre sur les Armées françaises et leurs état-majors, qui doivent, depuis plusieurs décennies, déployer des trésors d’inventivité pour parvenir à optimiser les programmes industriels indispensables à leur modernisation, avec des budgets sans marge de manœuvre.
Pour résoudre ce problème, et se préparer à absorber le choc que vont représenter l’arrivée des nouvelles BITD chinoises, coréennes ou turques, ainsi que la montée en puissance des offres industrielles allemandes, italiennes ou encore, espagnoles et polonaises, il conviendrait de mettre en œuvre un dispositif dégageant, justement, ces marges de manœuvre, et qui bénéficieraient simultanément aux armées et aux industriels, sans surcouts pour l’état.
Des solutions, en ce sens, peuvent être imaginées, même dans un cadre aussi contraint que celui de la France aujourd’hui. Encore faut-il que le problème soit étudié au bon niveau, par les politiques comme par les industriels eux-mêmes, et bien entendu, par les Armées.
Article du 15 juillet en version intégrale jusqu’au 24 aout 2024
En 2014, lors du sommet de l’Otan organisé à Newport [Pays-de-Galles], la Belgique avait pris l’engagement, comme les autres Alliés, de porter ses dépenses militaires à 2 % du PIB au cours des dix prochaines années. À l’époque, la Défense belge avait dû se résoudre à de nouvelles coupes budgétaires, d’un montant de 140 millions d’euros. Et cela alors que ses ressources avaient déjà diminué d’environ 20 % en l’espace de dix ans.
« Nous sommes sur les rotules », avait alors commenté le numéro deux de la Défense belge. « Nous devons économiser nos moyens lors d’entraînements. Résultat: nos troupes sont moins bien préparées et leur sécurité lors des réelles opérations est compromise », avait-il déploré.
Depuis, le ministère belge de la Défense a lancé plusieurs programmes d’armement, comme l’achat de 34 chasseurs-bombardiers F-35A, le renouvellement des équipements terrestres via le partenariat CaMo [Capacité Motorisée], noué avec la France, ou encore l’acquisition conjointe, avec les Pays-Bas, de nouvelles frégates et d’une capacité de guerre des mines. En outre, il a élaboré le plan STAR [Sécurité/Service – Technologie – Ambition – Résilience], qui définit une vision stratégique jusqu’en 2030
Pour autant, dix ans après le sommet de Newport, le compte n’y est pas. Selon les derniers chiffres de l’Otan, le budget belge de la Défense doit s’élever à seulement 1,3 % du PIB en 2024… Ce qui est encore [très] loin du compte. Et l’engagement pris lors du sommet de Newport ne devrait pas être tenu avant… 2035.
Aussi, en mai dernier, le président du comité militaire de l’Otan, l’amiral Rob Bauer avait morigéné les responsables belges. « Ne pas se préparer à la guerre signifie que l’on augmente la probabilité d’une guerre », avait-il affirmé, lors d’une audition devant la commission de la Défense de la Chambre. Et d’ajouter : « En Belgique comme dans d’autres pays, les gens pensent que cette menace russe est très loin de nous. Ce n’est pas une pensée théorique que la Russie puisse attaquer. Les Russes ont souvent menti : ils ont dit qu’ils n’allaient pas attaquer l’Ukraine, ils l’ont fait. Ils ont dit qu’ils n’annexeraient pas la Crimée, ils l’ont fait ».
Alors que, comme la France, la Belgique se trouve dans une situation politique compliquée, les élections législatives du 9 juin dernier n’ayant pas permis de dégager une majorité claire, le quotidien flamand Het Laatste Nieuws a lancé un pavé dans la mare, cette semaine, en affirmant que l’Otan songerait à délocaliser son Département de communication et d’information [NCIA], qui emploie un millier de personnes, de Mons vers un autre État membre si le gouvernement belge n’augmente pas ses dépenses militaires plus rapidement.
Information ? Bruit de coursive ? En tout cas, d’après la presse d’outre-Quiévrain, il s’agirait d’une « fuite après une réunion entre l’état-major et l’équipe du formateur fédéral ».
« Le siège de l’OTAN est à Bruxelles, en Belgique, et Mons est en Belgique. Beaucoup de pays lorgnent sur ces implantations et d’autres pays qui, notamment, eux, répondent à l’obligation des 2 % et à l’engagement des 2 %. Donc je pense qu’à partir du moment où on se veut crédibles et partenaires, il faut répondre à ces engagements », a résumé Boris Morenville, responsable du Syndicat libre de la fonction publique – Défense, auprès de RTL Info.
Du côté du ministère belge de la Défense, on se veut rassurant. « Plus de 1000 civils et militaires de la NCIA sont actuellement basés en Belgique et il n’est pas prévu de délocaliser les installations ou le personnel de la NCIA de Belgique vers un autre pays », a-t-il réagi.
Lancé en 2019 par la notification d’un contrat de 1,7 milliard d’euros par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] aux Chantiers de l’Altantique et à Naval Group, le programme FLOTLOG [Flotte Logistique], qui vise à remplacer les Bâtiments de commandement et de ravitaillement [BCR, classe Durance] de la Marine nationale, se poursuit à un rythme soutenu.
Pour rappel, FLOTLOG s’inscrit dans le programme franco-italien LSS [Logistic Support Ship], mené pour le compte de la Direction générale de l’armement [DGA] et la Direzione degli Armamenti Navali [NAVARM]. Il repose sur le pétrolier-ravitailleur A5335 Vulcano, conçu par Fincantieri.
Ainsi, livré en 2023 à la Marine nationale, le premier Bâtiment ravitailleur de forces [BRF], le « Jacques Chevallier », a déjà effectué plus de 100 ravitaillements à la mer. Il attend désormais d’être officiellement admis au service actif.
Quant au second, BRF « Jacques Stosskopf », il a fait l’objet d’une première cérémonie militaire en avril dernier, avec la remise de son fanion, ce qui marque la création de son équipage d’armement. Il doit être mis à l’eau d’ici la fin de cette année, soit un peu plus de deux ans après celle du premier navire de la série.
Enfin, la construction du BRF « Émile Bertin » a d’ores et déjà commencé. Après avoir découpé la première tôle, en décembre dernier, Fincantieri a annoncé, cette semaine, que la quille de la section avant de ce futur navire avait été posée lors d’une cérémonie organisée à Castellammare di Stabia [Italie].
« Le projet LSS, caractérisé par un très haut niveau d’innovation, rend les unités extrêmement flexibles dans différents profils d’utilisation, avec un haut degré d’efficacité. Grâce au programme FLOTLOG, nous embarquons des produits technologiquement avancés conçus pour assurer la défense et la sécurité de nos eaux », a fait valoir l’industriel italien, via le réseau social X.
Comme pour les deux précédents navires du programme FLOTLOG, la partie avant de l’Émile Bertin sera ensuite transférée à Saint-Nazaire, les Chantiers navals de l’Atlantique étant chargés de l’assembler à la partie arrière qu’ils auront construite.La Marine nationale devrait prendre possession de son troisième BRF en 2027.Quant à la quatrième unité prévue [le « Gustave Zédé »], elle ne sera pas livrée avant 2031.
D’une longueur de 194 mètres pour une largeur de 24 mètres et un déplacement de 31’000 tonnes en charge [16’000 tonnes à vide], le BRF a une capacité d’emport de 1500 tonnes de fret et de 13’000 m³ de carburants. Doté d’une double coque [contrairement aux BCR actuels…], il dispose d’une passerelle de navigation à 360°, de quatre mâts de ravitaillement polyvalents lui permettant le soutien simultané de deux navires et d’une plateforme aéronautique. Enfin, il est armé de deux systèmes RAPIDFire de 40 mm.