L’avenir du char français reste dans le collimateur des parlementaires

L’avenir du char français reste dans le collimateur des parlementaires


L’exercice est devenu récurrent. Chaque discussion budgétaire est propice à la remise en cause du projet franco-allemand de système de combat terrestre principal (MGCS) et aux interrogations quant à la pérennité du char Leclerc. L’examen du budget 2025 par la commission défense de l’Assemblée nationale n’y fait pas exception, nouvelle salve d’amendements infructueux à la clef. 

Caramba, encore raté. Une poignée d’amendements portant sur l’avenir de la fonction char ont été déposés par des groupes parlementaires n’ayant jamais fait mystère de leur opposition vis-à-vis des projets capacitaires franco-allemands. Si tous ont été rejetés, certains avaient au moins le mérite de dépasser l’habituel abandon du MGCS ou l’adoption de l’EMBT – un objet… franco-allemand – pour miser davantage sur l’évolution du char Leclerc. 

Entre autres tentatives, celle proposée par le Rassemblement national pour une solution de transition basée sur le Leclerc Evolution, une variante embarquant un canon ASCALON de 120 mm et plusieurs nouvelles briques de protection. L’acquisition en 2025 de six exemplaires, au coût unitaire estimé à 8 M€, aurait permis selon le RN « de consacrer l’évolution du Leclerc et son exportation, au même titre que l’évolution du char allemand Leopard, dont les nouveaux modèles sont déjà exportés en Europe, en attendant que le MGCS ne les remplace tous les deux ». 

L’ambition était moindre dans des socialistes focalisés sur la survivabilité du Leclerc rénové face aux armements antichars, à commencer par les munitions téléopérées. « La vulnérabilité liée à l’absence de dispositifs tactiques de protection contre ces attaques est plus que significative et pourrait entrainer, sans une réponse matérielle adaptée, une incapacité opérationnelle de nos unités blindées », ont observé les députés LFI-NFP. Essentiellement symbolique, la proposition trouve en réalité un écho dans une double démarche conduite de longue date par la Direction générale de l’armement. Ce sont les programmes d’auto-protection soft-kill et hard-kill PRONOÏA et PROMETEUS portés par Lacroix Defense d’un côté et par Thales et KNDS France de l’autre. 

« Les besoins militaires de l’armée de Terre nous ont bien indiqué lors des auditions que les forces terrestres ne souhaitent pas d’un char Leclerc amélioré », rappelait Isabelle Santiago, rapporteur pour avis sur la préparation et l’emploi des forces terrestres. Si « il faut redonner les moyens de pérenniser, de moderniser le char Leclerc pour le faire durer jusqu’en 2040-2045 », la députée socialiste rappelle que « l’enjeu consiste à ne pas rater la marche du changement de génération en consacrant des ressources à un modèle intermédiaire ». 

« Nous sommes un certain nombre à partager un intérêt pour soutenir les évolutions du char Leclerc, notamment pour que nos industriels soient en capacité de proposer des solutions innovantes mais plutôt en vue du char MGCS », relativisait pour sa part le rapporteur pour avis du programme 146, François Cormier-Bouligeon. « Ce qui compte, c’est d’investir dans les briques », des briques aujourd’hui conjointes mais qui pourront aussi venir alimenter un éventuel programme alternatif, notait-il.

Surtout, certaines idées se heurtent désormais au mur de l’austérité budgétaire. « Je ne suis pas certain que nous soyons en capacité les uns et les autres, mais à commencer par nous, de développer des solutions souveraines », admettait le député Renaissance. Les crédits prévus en loi de programmation militaires se concentrent, du moins en surface, sur les études relatives au MGCS et sur les efforts de rénovation et de pérennisation du Leclerc, tous deux lancés en amont. Et si le ministère des Armées envisageait sa trajectoire budgétaire comme un socle éventuellement renforcé par des crédits nouveaux, ce scénario paraît maintenant bien moins probable au vu de l’état de santé des finances publiques et des restrictions imposées à d’autres. À enveloppe fermée, tout changement de direction risquera de peser sur d’autres lignes tout autant urgentes. La coopération européenne reste donc le seul horizon, en attendant le point d’étape sur le projet franco-allemand promis par le ministre des Armées pour l’an prochain.

Le premier avion au monde équipé d’un moteur aerospike prêt à voler ce mois-ci après un échec en vol

Le premier avion au monde équipé d’un moteur aerospike prêt à voler ce mois-ci après un échec en vol

Le programme ambitieux de Polaris Aerospace, visant à tester le premier avion équipé d’un moteur aerospike, fait son grand retour après un premier vol test qui s’est soldé par un échec. Déterminée, l’entreprise est prête à lancer deux nouvelles versions de son aéronef, les Mira II et Mira III, dans le cadre d’un projet aux multiples enjeux techniques et commerciaux.

Le Premier Avion Au Monde Equipe Dun Moteur Aerospike Pret A Voler Ce Mois Ci Apres Un Echec En Vol
Le premier avion au monde équipé d’un moteur aerospike prêt à voler ce mois-ci après un échec en vol – © Armees.com

Lors de ses premiers essais, la Mira I a accumulé plusieurs succès, volant grâce à quatre moteurs à turbine fonctionnant au kérosène. Cependant, tout a basculé lors de l’intégration du moteur aerospike fonctionnant avec un mélange de kérosène et d’oxygène liquide (LOX). Au moment de l’envol, l’aéronef a dérivé et s’est écrasé à plus de 160 km/h, compromettant ainsi l’aboutissement du premier test aerospike en vol. Face aux dégâts subis par la structure, Polaris a choisi d’abandonner la Mira I pour se concentrer sur les deux nouveaux prototypes.

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Mira II et Mira III : des designs optimisés pour la réussite

Les nouveaux modèles, Mira II et III, sont identiques et mesurent environ cinq mètres de long, avec une surface d’aile augmentée de 30 % par rapport au modèle précédent. Construites en fibre de verre, ces structures de démonstration permettent à l’équipe de Polaris d’intégrer les nombreuses leçons tirées de Mira I, tout en maintenant une conception légère et adaptable. Cette décision stratégique permet à la firme de poursuivre ses essais en gardant une réserve en cas de problème.

Le moteur aerospike, au cœur de ce projet, se distingue par une architecture innovante. Contrairement aux moteurs traditionnels, il adapte automatiquement son efficacité en fonction de l’altitude, permettant un gain de performance dans une grande variété de conditions. En théorie, l’aerospike pourrait être opérationnel de la surface terrestre jusqu’aux limites de l’espace, une promesse que Polaris espère concrétiser avec ces nouvelles versions.

Vers un espace plus accessible : les ambitions de Polaris

La vision de Polaris dépasse les simples tests en vol. Avec la série Mira, l’entreprise vise à créer une plateforme spatiale capable de décoller et d’atterrir sur une piste, assurant ainsi une réutilisabilité totale. Cette avancée pourrait transformer le secteur du transport spatial en réduisant les coûts et en augmentant l’accessibilité, que ce soit pour du transport de fret ou de passagers. Si les prochains essais sont concluants, Polaris se rapproche d’un objectif de stade orbital en une seule étape (SSTO), un concept prometteur mais encore jamais atteint dans le domaine spatial.

Les tests prévus devraient se dérouler dans les prochaines semaines, potentiellement sur le même site de l’aérodrome de Peenemünde en Allemagne. Polaris prévoit également de lancer un prototype supersonique nommé NOVA dès 2025, visant à développer un modèle commercial pour répondre aux besoins de transport rapide et sécurisé entre les points les plus éloignés du globe.

Le Premier Avion Au Monde Equipe Dun Moteur Aerospike Pret A Voler Ce Mois Ci Apres Un Echec En Vol 2

Une innovation historique en marche

Avec l’aerospike, Polaris Aerospace n’entend pas seulement réaliser un exploit technologique mais ouvrir la voie à un nouveau standard dans la propulsion spatiale. Ce moteur, conçu pour ajuster son efficacité en temps réel, se distingue des modèles à tuyère traditionnelle et pourrait redéfinir le domaine des vols orbitaux en réduisant la complexité des systèmes actuels. Le monde attend avec impatience de voir si Polaris parviendra à franchir cette étape historique, confirmant la promesse de l’aerospike pour un avenir plus rapide et plus efficace dans l’espace.

L’industrie de l’aviation et de l’aérospatial garde les yeux tournés vers Polaris Aerospace, dans l’attente d’un succès qui pourrait bien redéfinir les limites des technologies de propulsion actuelles.


Jean Baptiste Giraud
Jean-Baptiste Giraud

Journaliste éco, écrivain, entrepreneur. Dir de la Rédac et fondateur d’EconomieMatin.fr. Fondateur de Cvox.fr. Officier (R) de gendarmerie.

Il est urgent de soutenir la filière française de robotique militaire

Il est urgent de soutenir la filière française de robotique militaire

 

par Thierry Berthier – revue Conflits – publié le 29 octobre 2024

https://www.revueconflits.com/il-est-urgent-de-soutenir-la-filiere-francaise-de-robotique-militaire/


Sur tous les théâtres d’opération, les armées de drones sont à l’action, modifiant en profondeur les structures de combat. Pour la France, il est urgent de disposer d’une filière de robotique militaire afin de tenir le choc du développement des drones.

Thierry Berthier

La guerre russo-ukrainienne, le conflit israélo-palestinien, la guerre civile du Myanmar (Birmanie), la guerre du Yémen, les opérations de harcèlement menées par les Houthis en mer Rouge, les combats entre narco-cartels mexicains et armée régulière, la potentielle future invasion de Taiwan par la Chine ont un dénominateur commun : la construction et l’engagement croissant d’une « armée des drones ». Celle-ci est employée en phase offensive pour percer les défenses ennemies et en phase défensive pour stopper la progression de colonnes de chars ou de blindés, pour figer un front ou pour frapper dans la profondeur. D’une manière générale, la robotique militaire aéroterrestre transforme le champ de bataille en un espace incompatible avec la vie du combattant humain, qu’il soit embarqué dans un équipage de char, de camion, de système d’artillerie ou de base radar. Les munitions téléopérées (MTO) ou drones kamikazes modifient l’art de la guerre. Elles participent à la construction d’une dissuasion technologique en complément de la dissuasion nucléaire.

Le drone est partout

L’armée française est parfaitement consciente du rôle central des drones sur le champ de bataille et de la nécessité de constituer, au plus vite, une future armée des drones. Elle mène des expérimentations de haut niveau à l’image du 17e Groupe d’Artillerie de Biscarosse et de son laboratoire d’Innovations Drones qui réalise un travail fantastique [1]. La révolution de la robotique aéroterrestre est en marche et les armées sont disposées à en tirer tous les avantages au combat. Le principal défi réside dans la constitution d’une filière industrielle française du drone qui soit robuste, adaptative, scalable et la plus souveraine possible en minimisant les dépendances aux composants électroniques étrangers.

La base industrielle française de robotique militaire s’est structurée au fil des années, sans soutien externe, à la seule force de son innovation. Il existe une quinzaine de constructeurs de drones aériens sur le territoire national en dehors du leader européen et top2 mondial PARROT. De taille modeste (ce sont des startups), ces constructeurs vivent de la vente de leurs produits souvent très innovants et sont capables de rivaliser avec des concurrents internationaux très soutenus par leurs pays d’origine. C’est la différence essentielle entre notre base industrielle de robotique militaire qui évolue sans soutien étatique et les bases industrielles chinoises, russes, turques, iraniennes, américaines, israéliennes, indiennes qui disposent toutes de soutiens financiers et étatiques de très haut niveau. Il en est de même pour la base industrielle française de robotique terrestre qui compte cinq constructeurs dont l’un d’entre eux a atteint le statut de leader mondial des robots évoluant en environnement extrême (SHARK ROBOTICS). Là encore, la croissance de ces sociétés hyper innovantes a été réalisée sans aide externe, au rythme des ventes à l’international. Cette absence de soutien profite à la concurrence internationale et transforme le marché français en espace « Darwinien » où seuls les meilleurs survivent.

Trouver des financements

Concrètement, il est encore terriblement difficile de lever des fonds en France sur un projet de startup de robotique militaire (!). Les fonds d’investissement français sont, par principe, doublement réticents à soutenir le développement de produits « hardware » et encore plus réticents quand ces produits sont destinés au marché militaire… Cette aridité de l’investissement privé (et de la subvention nationale) affaiblit l’ensemble de la filière : Un ingénieur sortant de son école n’a objectivement aucun intérêt à se lancer dans un projet de startup de robotique militaire, car il sait, par avance, que les futures levées de fonds seront un parcours du combattant épuisant et sans issue favorable. Plus grave encore, une société ayant atteint un niveau international aura les mêmes difficultés à boucler un tour de table de croissance « français » d’une levée de fonds de série B ou C.

Développer une filière

À ce jour, aucune initiative n’est parvenue à résoudre cette difficulté de financement souverain de la filière de robotique aéroterrestre. Par conséquent, les constructeurs français qui recherchent des investisseurs n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers des fonds étrangers, européens, américains, chinois ou saoudiens. L’aridité du financement de Private Equity, l’aridité des subventions et de la commande nationale détruisent nativement l’ambition de souveraineté. L’instabilité d’un monde multipolaire et le retour de la guerre de haute intensité sur le sol européen nous obligent à casser cette dynamique d’évitement du financement de la robotique militaire. Il faut inciter fiscalement les banques d’affaires et les fonds d’investissement français à investir dans des dossiers de robotique militaire, tout en modifiant leurs chartes d’investissement socialement responsable. Nous devons retourner la situation et rendre « non éthique » l’évitement des projets militaires. L’État doit également se responsabiliser, prendre conscience de cette vulnérabilité en créant un fonds souverain national dédié aux drones aéroterrestres et navals qui permettra de soutenir la filière au même niveau que ce que font la Turquie, l’Inde, Israël, l’Iran, les deux Corées, et les trois acteurs dominants, Russie, Chine, États-Unis.

L’écosystème financier français sait soutenir ses startups d’intelligence artificielle générative avec des levées de fonds rapides et de très haut niveau. Il faut parvenir au même niveau de réactivité et de soutien pour la filière de robotique militaire, car lorsqu’il faudra combattre nos ennemis, ChatGPT ne sera d’aucune utilité face à un char ennemi, contrairement à un drone kamikaze conçu et produit en France [2].

[1] 17e GA Biscarosse – Groupe Innovations Drones :

https://theatrum-belli.com/linnovation-drone-au-17e-groupe-dartillerie/

[2] VELOCE 330 – EOS TECHNOLOGIE

https://www.youtube.com/watch?v=xbsn4iwNXGQ

Le premier hélicoptère Tigre porté au standard MK2 a été livré à l’armée de Terre… avec 4 ans de retard

Le premier hélicoptère Tigre porté au standard MK2 a été livré à l’armée de Terre… avec 4 ans de retard

https://www.opex360.com/2024/10/29/le-premier-helicoptere-tigre-porte-au-standard-mk2-a-ete-livre-a-larmee-de-terre-avec-4-ans-de-retard/


La flotte d’hélicoptères d’attaque et de reconnaissance EC665 Tigre de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] fait l’objet de deux opérations industrielles distinctes.

La première, décidée en 2015, consiste à faire évoluer les appareils livrés dans la version HAP [appui et protection] vers le standard HAD [appui et destruction]. Or, les 40 exemplaires concernés n’ont pas tous encore été modifiés. Selon le Projet annuel de performance [PAP] du programme 146 « Équipement des forces » mis en annexe au projet de loi de finances pour 2025, cette opération devrait être achevée en 2026.

Dans le même temps, il s’agit aussi de moderniser les Tigre HAD en les portant au standard Mk2. Cette opération a fait l’objet d’un contrat notifié par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] à Airbus Helicopters et à TDA Armements [intégré depuis à Thales LAS, ndlr] en décembre 2016.

À l’époque, l’OCCAr avait expliqué que cette modernisation porterait sur l’intégration de la roquette à guidage laser ACULEUS de 68 mm, d’une précision submétrique et d’une portée d’environ 6 kilomètres, d’un antenne diagramme de rayonnement contrôlé [CRPA] « TopShield » et d’un nouveau récepteur GPS insensible au brouillage électronique. D’après le calendrier prévu, les livraisons des Tigre HAD Mk 2 à l’ALAT devaient commencer en 2020 pour s’achever trois ans plus tard.

Seulement, ces échéances ne purent pas être tenues. Ainsi, les expérimentations technico-opérationnelles [EXTO] du Tigre HAD Mk2, réalisées par le Groupement aéromobilité de la Section technique de l’armée de Terre [GAMSTAT], ne furent achevées qu’en octobre 2021. Pour autant, elles n’ouvrirent pas la voie aux livraisons de ces hélicoptères ainsi modernisés à l’ALAT…

En effet, ce n’est que le 24 octobre qu’un premier Tigre HAD Mk2 a été remis au ministère des Armées sous l’égide de l’OCCAr.

Cette mise à niveau « apporte au Tigre HAD une amélioration opérationnelle significative, lui permettant de conserver toute sa pertinence sur le terrain », a commenté l’OCCAr, via un communiqué. « Cette première réception marque le début de la modernisation de la flotte de 67 hélicoptères de combat de l’armée de terre française, qui se poursuivra avec le programme de modernisation à mi-vie vers le standard Mk3 pour la France et l’Espagne », a-t-elle ajouté.

En réalité, il conviendrait de parler de standard Mk 2+ étant donné que les ambitions qui avaient été affichées pour cette modernisation à mi-vie du Tigre ont dû être revues à la baisse, l’Allemagne s’étant retirée de ce programme. Et, côté français, elle ne concernera que 42 appareils.

Ce standard Mk 2+ [Tigre RMV] visera notamment à intégrer aux Tigre concernés le SICS ALAT [Système d’information du combat Scorpion], le poste radio CONTACT et une capacité de coopération drones-hélicoptères [MUM-T].

Guerre en Ukraine : la Russie déploie des chars « vintage » de la Seconde Guerre mondiale

Guerre en Ukraine : la Russie déploie des chars « vintage » de la Seconde Guerre mondiale

Par Paolo Garoscio – armees.com – Publié le 29 octobre 2024

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guerre-ukraine-russie-chars-vintage-WWII-strategie – © Armees.com

 

Depuis le 28 octobre 2024, des rapports indiquent que la Russie utilise des chars anciens de la Seconde Guerre mondiale sur le front en Ukraine. Face à des difficultés matérielles et logistiques, Moscou a décidé de recourir à des équipements militaires « vintage » pour combler les lacunes de son arsenal moderne. Des modèles emblématiques comme le T-34, le IS-3, et le canon automoteur ISU-152 ont été repérés, marquant un tournant stratégique surprenant.

Les modèles de chars de la Seconde Guerre mondiale repérés en Ukraine

Ces véhicules représentent des reliques militaires, autrefois au cœur des batailles de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, leur technologie et leurs capacités sont dépassées par les standards modernes, mais ils possèdent encore certains atouts dans des situations spécifiques.

Le T-34 : le char de légende

  • Production : 1939 – 1958, principalement en URSS.
  • Armement : Initialement équipé d’un canon de 76,2 mm, puis amélioré avec un canon de 85 mm pour contrer les blindés allemands.
  • Blindage et mobilité : Grâce à une inclinaison intelligente de son blindage, le T-34 offrait une protection renforcée contre les tirs directs. Sa capacité à évoluer sur différents terrains et sa relative vitesse en faisaient un char redoutable pour l’époque.

Les experts estiment qu’environ 80 000 unités de T-34 ont été produites, et plusieurs pays en possèdent encore. En raison de sa facilité d’entretien et de sa conception robuste, ce char reste fonctionnel, mais face aux armes antichars modernes, sa survie serait limitée.

L’IS-3 : la réponse soviétique aux chars lourds

  • Conception : Mis en service en 1945, le char IS-3 (Iosif Stalin) visait à surpasser les chars lourds allemands tels que le Tiger II.
  • Blindage : Sa particularité réside dans son blindage avant, formé en pointe de flèche, un choix technique qui améliore sa résistance aux projectiles. Sa conception était en avance sur son temps et a influencé la conception de chars modernes.
  • Armement : Équipé d’un canon de 122 mm, l’IS-3 pouvait engager des cibles lourdes à des distances modérées.

L’IS-3, bien qu’impressionnant, souffre d’une vitesse de déplacement lente, de difficultés de manœuvre, et d’un habitacle étroit, rendant son équipage vulnérable dans les combats modernes. Peu adapté aux besoins de mobilité des guerres contemporaines, ce modèle reste néanmoins intimidant en parade militaire.

L’ISU-152 : le « Briseur de fortifications »

  • Rôle stratégique : Le canon automoteur ISU-152 a été conçu pour des opérations de destruction massive contre des structures défensives et des positions fortifiées.
  • Armement : Son obusier de 152 mm est capable de tirer des projectiles explosifs puissants, idéaux pour neutraliser des bunkers et des formations de blindés.
  • Limites : Ce modèle est lourd et son armement principal, bien que destructeur, manque de précision à longue distance, ce qui limite son efficacité dans les environnements de combat modernes.

L’ISU-152, surnommé le « Zveroboy » (tueur de bêtes), a été produit à environ 4 600 exemplaires. Toutefois, son impact reste limité en raison de la lenteur de son canon à se repositionner et de sa faible cadence de tir.

Contexte stratégique : pourquoi la Russie déploie ces vieux chars en Ukraine ?

L’apparition de ces chars relève d’une stratégie de dernier recours. Plusieurs facteurs contribuent à cet usage :

  1. Pénurie de matériel moderne : Les rapports indiquent que la Russie fait face à un épuisement de son équipement militaire moderne, dû à une consommation excessive en raison de la durée du conflit.
  2. Mobilisation des ressources de réserve : Face à une pression logistique croissante, le Kremlin se tourne vers des équipements des entrepôts. L’objectif serait de compenser les pertes matérielles tout en conservant les ressources modernes pour des opérations plus stratégiques.
  3. Usage dans des scénarios d’entraînement ou pour des campagnes de propagande : La réintroduction de ces véhicules sur le terrain pourrait aussi être un message adressé à la population russe et aux observateurs étrangers, symbolisant une résilience historique.

Selon Anton Gerashchenko, ex-ministre ukrainien de l’Intérieur, « des vidéos montrent un T-34, un IS-3 et un ISU-152, tous issus de la Seconde Guerre mondiale ». Son analyse laisse entendre que la Russie pourrait utiliser ces chars pour former les recrues ou même préparer des parades symboliques.

NOELREPORTS, une source d’information sur Twitter, confirme également la présence de ces équipements en précisant qu’ils « ont été sortis de l’entrepôt ». De nombreux analystes estiment qu’ils pourraient être utilisés pour des démonstrations de force ou des manœuvres dans des zones sécurisées loin des lignes de front actives.

Vieux chars russes : Une stratégie de la dernière chance… mais pas que

Avantages potentiels

  • Utilisation dans des zones rurales ou en soutien logistique : Ces chars pourraient être efficaces dans des contextes limités, où l’ennemi dispose de peu d’armes antichars modernes.
  • Effet dissuasif psychologique : Bien que datés, ces modèles de chars peuvent créer une forte impression, rappelant aux observateurs les sacrifices et la persévérance de la Russie durant la Seconde Guerre mondiale.

Limites et vulnérabilités

  • Vulnérabilité aux armes modernes : Ces chars seraient facilement neutralisés par des missiles antichars modernes tels que le Javelin ou le NLAW.
  • Obsolescence technique : Comparativement aux chars contemporains, leur blindage, leur puissance de tir et leur maniabilité sont inférieurs, réduisant leur impact sur le champ de bataille moderne.

Le retour de ces véhicules anciens reflète une situation difficile pour l’armée russe. Elle semble être poussée à trouver des solutions alternatives face aux pertes cumulées et aux sanctions internationales qui entravent la production de matériel moderne. Cette stratégie de « recyclage » pourrait avoir des impacts à court terme, mais demeure une solution temporaire qui révèle la complexité croissante de maintenir un front actif en Ukraine.

Ces chars, bien qu’emblématiques, risquent de devenir des cibles faciles pour les forces ukrainiennes mieux équipées. En somme, ce déploiement symbolise davantage une tentative de pallier une pénurie plutôt qu’une réelle avancée stratégique.

Artillerie : L’armée de Terre a terminé l’évaluation du couple formé par le CAESAr et le drone DT46 de Delair

Artillerie : L’armée de Terre a terminé l’évaluation du couple formé par le CAESAr et le drone DT46 de Delair


Le 6 novembre, à Canjuers [Var], le 3e Régiment d’Artillerie de Marine [RAMa] va effectuer un exercice au cours duquel ses CAESAr [Camion équipés d’un système d’artillerie] seront associés au Système de minidrone de renseignement [SMDR], lequel repose sur trois drones Spy’Ranger [fournis par Thales].

Selon les explications fournies par le ministère des Armées, le SMDR permet « aux observateurs d’artillerie de se soustraire à la vue de l’adversaire, d’accroître la transparence du champ de bataille et d’optimiser la portée et la précision » du CAESAr.

Mais ce n’est pas la première fois que ce mode opératoire est expérimenté. L’an passé, lors d’une campagne de tirs ayant duré cinq semaines, le 40e Régiment d’Artillerie [RA] avait « pris en compte l’accélération de la boucle renseignement – feux » en ayant justement recours au SMDR.

Seulement, les Spy’Ranger sont désormais de conception ancienne, le marché « SMDR » ayant été notifié à Thales par la Direction générale de l’armement [DGA] en 2016. Ce qui est une éternité dans ce domaine… D’autant plus que des drones plus performants et mieux adaptés aux contraintes des artilleurs sont désormais sur le marché. C’est notamment le cas du DT-46 du constructeur français Delair.

Ayant la particularité de fonctionner selon deux configurations [VTOL, c’est-à-dire à décollage et atterrissage verticaux, ou voilure fixe], il affiche une endurance comprise entre 3h30 et 7h30, tout en portant une charge utile de 5 kg [boule optronique, LIDAR, etc.]. Sa portée est de 100 km… alors que celle du Spy’Ranger n’est que de 30 km.

D’où le vif intérêt que lui porte la Section technique de l’armée de Terre [STAT], qui vient de finaliser son évaluation technico-opérationnelle [EVTO], avec le concours du 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste [RAP]. Et, visiblement, le DT-46 a donné satisfaction.

« Ce drone sera prochainement déployé dans l’armée de Terre. Il effectuera des missions de renseignement et d’acquisition d’objectifs au profit de l’artillerie », a fait savoir la STAT, via le réseau social LinkedIn. Et de préciser que les tirs effectués par son équipe de marque « drones spécialisés », renforcée par des « télépilotes » du 3e RAMa, du 11e RAMa et du 68e RAA et avec le concours du 35e RAP ont été les « premiers » à avoir été « réalisés avec une numérisation ATLAS complète entre un drone et des CAESAr ».

Pour rappel, le système ATLAS [Automatisation des Tirs et Liaisons de l’Artillerie Sol/sol] permet de transmettre automatiquement des « informations entre les principales équipes du régiment dans la fonction feux mais aussi dans les fonctions commandement, renseignement, logistique et NBC ».

La faiblesse de l’armée britannique est reconnue par le ministre de la Défense du Royaume-Uni : Le pays serait incapable de soutenir une guerre

La faiblesse de l’armée britannique est reconnue par le ministre de la Défense du Royaume-Uni : Le pays serait incapable de soutenir une guerre

La faiblesse de l'armée britannique est reconnue par le ministre de la Défense du Royaume-Uni : Le pays serait incapable de soutenir une guerre
La faiblesse de l’armée britannique est reconnue par le ministre de la Défense du Royaume-Uni : Le pays serait incapable de soutenir une guerre

 

Alerte du ministre de la défense britannique : « Nous ne sommes pas prêts pour la guerre » !

Doit-on en rire ou en pleurer ? Le ministre britannique de la Défense, John Healey, a fait un aveu qui sonne comme un avertissement : le Royaume-Uni n’est pas prêt à mener une guerre. Cette déclaration, faite lors d’un discours relayé par The Telegraph le 24 octobre 2024, révèle des lacunes significatives dans la préparation militaire du pays.

Une armée britannique sous-équipée et mal préparée

Malgré un budget de défense supérieur à 2% du PIB, conformément aux engagements de l’OTAN, le Royaume-Uni se trouve avec des forces armées qui laissent à désirer en termes de modernité et de préparation. Selon un récent rapport parlementaire, l’armée de terre britannique, la British Army, n’a pas évolué significativement depuis l’époque de la bataille de Waterloo. De son côté, la Royal Air Force manque cruellement d’avions de combat adaptés aux conflits de haute intensité, et la Royal Navy, bien que dotée de deux porte-avions, souffre d’un manque de navires de premier rang et rencontre des difficultés de recrutement et de disponibilité pour ses sous-marins nucléaires et ses frégates.

Une déclaration sans précédent

Pour la première fois, un ministre de la Défense britannique admet publiquement que le pays n’est pas prêt à soutenir une guerre. Cette révélation est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient dans un contexte où les menaces globales, notamment de la part de la Chine et de la Russie, sont en augmentation. John Healey insiste sur le fait que sans une capacité réelle de combattre, le Royaume-Uni ne peut pas dissuader efficacement les agressions potentielles. Le constat du ministre Healey sur l’état des finances et des forces armées britanniques est alarmant. Pris au pouvoir après les élections législatives, il a été confronté à une situation bien plus précaire que prévu, avec des implications graves pour la sécurité nationale et la capacité de défense du pays.

Incertitudes budgétaires

Alors qu’une nouvelle revue stratégique de défense est en cours, il semble peu probable que le ministère de la Défense obtienne les fonds nécessaires pour rectifier le tir. Des hauts responsables militaires ont exprimé des doutes quant à l’augmentation du budget de la défense pour l’exercice 2025, ce qui pourrait entraver les efforts de modernisation et de préparation requise.

Réactions officielles et garanties de sécurité

Malgré ces défis, un porte-parole du 10 Downing Street a réaffirmé que le gouvernement prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre le pays. Il a souligné que les forces armées britanniques, parmi les meilleures au monde, assurent la défense du pays en permanence et travaillent en étroite collaboration avec les alliés pour anticiper et se préparer à tout événement.

Un avenir militaire incertain

Cette situation intervient alors que le général Roland Walker, chef d’état-major de la British Army, a averti que le Royaume-Uni avait peu de temps pour se préparer à un conflit majeur potentiel, en particulier une confrontation avec la Chine. De plus, quelle que soit l’issue du conflit en Ukraine, la menace russe restera prégnante et probablement vengeresse.

Cet article explore la récente déclaration choc du ministre britannique de la Défense, révélant que le Royaume-Uni n’est pas préparé à affronter les défis militaires actuels et futurs. Cette révélation met en lumière les lacunes dans la préparation militaire du pays et soulève des questions sur sa capacité à maintenir sa sécurité et à dissuader les menaces externes dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu.

Source : Telegraph

D’exercices en expérimentations, comment l’ALAT intègre les drones dans l’aérocombat

D’exercices en expérimentations, comment l’ALAT intègre les drones dans l’aérocombat

–  Forces opérations Blog – publié le

L’heure à l’exploitation tous azimuts du potentiel des drones pour l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). Mandats et expérimentations se multiplient parmi les régiments d’hélicoptères de combat pour construire la collaboration entre plateformes habitées et inhabitées et démultiplier les capacités de l’aérocombat. 

Fini l’hélicoptère, remplacé par un drone moins complexe, moins onéreux et dès lors mieux adapté pour répondre à l’attrition de la haute intensité ? Loin s’en faut, les deux outils ont davantage vocation à collaborer qu’à s’évincer. La dernière édition de l’exercice Baccarat, grand rendez-vous annuel de la 4e brigade d’aérocombat (4e BAC), l’aura encore démontré en intégrant plusieurs drones dans un même espace aérien, du micro-drone de surveillance aux SMDR du 61e régiment d’artillerie et Puma du 32e régiment royal d’artillerie britannique. 

Clôturé la semaine dernière, Baccarat était une nouvelle étape dans une dynamique globale visant à intégrer le drone dans la manœuvre tactique. Essentiellement exploratoire, la démarche amène un double enjeu selon le commandant de la 4e BAC, le général de brigade Jean-André Casanova. D’un côté, le défi de la coordination des acteurs de la troisième dimension, ou la capacité à faire voler davantage d’objets dans un espace restreint. De l’autre, le défi de la coopération entre drones et hélicoptères, ou comment tirer le meilleur parti de chacun des vecteurs pour maximiser les effets. 

Étape par étape, chaque régiment d’hélicoptères de combat monte en gamme sur la question. À l’instar du reste de l’armée de Terre, tous disposent désormais de leurs propres micro-drones, formation de télépilotes régimentaires à la clef. Ces équipements « du combattant » sont principalement mis à profit pour la surveillance de zone ou des approches d’un poste de commandement, une mission confiée durant Baccarat au système mobilisé par le 3e régiment d’hélicoptères de combat d’Étain. Demain, rien n’empêchera d’étendre le spectre à la protection, par exemple, d’un « Forward Arming and Refueling Point » (FARP), ces stations-service mobiles projetées vers l’avant pour l’avitaillement des machines. 

L’intégration volontaire ou non de nouveaux acteurs dans la bulle aéroterrestre nécessite de se pencher sur les problématiques de coordination. Un tel travail a déjà été réalisé à plusieurs reprises au Sahel par tous les régiments. Il s’agit désormais d’adapter les savoir-faire à la haute intensité et à un environnement allant au-delà de la ligne de contact, mission confiée au 3e RHC. Voilà un moment que ce dernier multiplie les expérimentations en lien direct avec le groupement aéromobilité de la section technique de l’armée de Terre (GAMSTAT). 

Pour l’adjudant Marina, contrôleuse aérienne au sein du 3e RHC, le drone « est un type de vecteur auquel il faut que l’on s’intéresse particulièrement, notamment en termes de déplacement, de liaison avec le télépilote et de réaction en cas de panne. C’est une gymnastique supplémentaire ». Deux enjeux s’imposent d’eux-même : celui de la communication avec un télépilote qui n’a pas nécessairement le visuel sur sa machine, et celui de l’anticipation des événements en gestion de trafic tout en respectant le cadre tactique.

« La doctrine française est bien faite pour admettre tout ce qui vole. Ce qui change, ce sont nos habitudes et les drones qui se multiplient, mais sinon les principes restent les mêmes », observe le capitaine Guillaume, officier 3D du 3e RHC durant Baccarat. « Nous devons davantage coopérer mais les outils existent déjà », explique-t-il en écho à l’ « Integrated Command and Control », ce logiciel de l’OTAN conçu pour la programmation et la conduite des opérations aériennes. En théorie réservé aux échelons de commandement supérieurs, l’ICC est depuis peu descendu à l’échelon régimentaire dans l’ALAT. Nécessaire pour une coordination optimale, l’atteinte de ce niveau de granularité se traduit in fine par un gain d’agilité et de réactivité pour le chef tactique, note le capitaine Guillaume. 

La collaboration, enfin, revient à définir « comment nous pouvons utiliser des drones qui existent déjà pour renforcer l’efficacité de nos appareils », résume le général Casanova. Hélicoptères et drones ont chacun leur utilité, leurs points faibles et points forts. Quand les premiers l’emportent en matière d’élongation et d’emport, les seconds représentent un « gain important dans le domaine tactique, car il est bien moins détectable qu’un hélicoptère et s’avère plus économique au vu du coût de l’heure de vol », rappelle l’adjudant Marina. Combiner l’un et l’autre devrait donc permettre de répondre à certains des challenges imposés par l’action dans la profondeur face à un ennemi à parité. 

Cette « dronisation » de l’aérocombat est « le sujet le plus complexe parce que nous sommes presque imbriqués, mais aussi le plus exaltant car il implique de nouvelles procédures et l’achat de nouveaux matériels. C’est un nouveau domaine que nous avons commencé à explorer », indique le COM4BAC. Entre la hauteur de la marche à franchir et l’accélération technologique, la question est d’emblée devenue prioritaire pour l’ALAT. 

Du leurrage à l’illumination, plusieurs applications sont simultanément à l’étude. Projeter des Tigre et des Caïman dans la profondeur du dispositif, c’est s’assurer de les exposer à un maillage de défense sol-air dense et potentiellement infranchissable. Plutôt que de s’y frotter, l’ALAT cherchera à créer une brèche à distance en misant sur le drone FPV, cette « bombe volante » pilotée à distance, abondamment utilisée en Ukraine et, surtout, susceptible de prolonger l’armement embarqué de l’hélicoptère. 

Autre piste, le drone-leurre agira pour attirer les radars et autres capteurs adverses vers d’autres objets que les hélicoptères. Cette manœuvre de déception, « nous la travaillons déjà tactiquement via la simulation », avec pour objectif de déterminer le drone capable de simuler la surface équivalente radar d’un hélicoptère en vol. Aux industriels d’ensuite prendre le relais pour proposer une contre-mesure active abordable car « jetable » et apte à être programmée pour réaliser des vols en patrouille. 

Si le 3e RHC est en pointe de l’effort mandaté par l’état-major de l’armée de Terre, il reviendra au 1er régiment d’hélicoptères de combat d’explorer une troisième voie, celle du « drone illuminateur ». Un « oeil déporté » chargé d’aller sur l’avant pour illuminer une cible et guider une frappe tout en permettant au Tigre de rester en retrait. Pour l’instant totalement exploratoire, l’idée aboutit déjà à une ébauche de solution et à de premiers liens avec des industriels du cru. 

L’approche se veut progressive. « Nous avons déjà franchi un certains nombres d’étapes que je fixe moi », poursuit le général Casanova. « Aujourd’hui, nous sommes capables de télépiloter un drone FPV depuis la soute ou la place arrière d’une Gazelle ». Il s’agira ensuite d’arriver à le larguer et à le prendre en compte immédiatement depuis la soute pour le piloter. Et, plus tard, d’imaginer comment poser la charge dessus sans menacer la sécurité de l’appareil. Le drone FPV préfigure en quelque sorte l’arrivée des munitions téléopérées, « ces MTO qui, demain, pourraient être mises en oeuvre depuis les paniers de roquettes d’un Tigre, par exemple ». Autant de succès initiaux d’où émergeront les briques qui viendront alimenter un projet d’ensemble : celui du drone d’aérocombat, une ambition cette fois portée en dehors de la 4e BAC. 

Crédits image : GAMSTAT

L’Armée Française Révolutionne ses Canons Caesar avec des Drones

L’Armée Française Révolutionne ses Canons Caesar avec des Drones

Dans le fracas des conflits modernes, une révolution technologique s’opère dans l’ombre. L’armée française, toujours à la pointe de l’innovation, vient de franchir un cap décisif dans l’art de la guerre en mariant ses redoutables canons Caesar à la précision chirurgicale des drones. Une synergie homme-machine qui repousse les limites du champ de bataille.

L’Armée Française Révolutionne ses Canons Caesar avec des Drones


L’armée française innove en utilisant des drones pour piloter ses canons Caesar. Une révolution technologique qui change la donne sur le champ de bataille. Découvrez comment cette synergie homme-machine repousse les limites de l’art de la guerre…

Le Drone, Œil Céleste de l’Artilleur

Fini le temps où les éclaireurs devaient s’aventurer en territoire hostile pour repérer les cibles et guider les tirs d’artillerie. Désormais, c’est un drone qui joue ce rôle crucial, survolant la zone de combat à la recherche de l’ennemi. Véritable prolongement des sens de l’artilleur, il transmet en temps réel des images haute définition permettant d’ajuster chaque tir au millimètre près.

Grâce à cette technologie de pointe, les canons Caesar français peuvent désormais frapper avec une précision redoutable, tout en maintenant leurs servants à l’abri. Un atout considérable qui change la donne sur le théâtre des opérations.

Une Coordination Minutieuse

Mais pour que cette collaboration homme-machine soit optimale, encore faut-il une coordination sans faille. C’est tout l’enjeu des entraînements menés par l’armée française, où artilleurs et pilotes de drones apprennent à travailler main dans la main.

Chaque tir est le fruit d’un ballet millimétré entre le canon et son drone. Une chorégraphie guerrière où chacun doit jouer sa partition à la perfection.

Un pilote de l’armée de Terre.

Lors de ces exercices grandeur nature, les équipes s’entraînent à coordonner leurs actions en temps réel, affinant leurs procédures pour gagner en rapidité et en efficacité. Le moindre grain de sable dans cette mécanique bien huilée pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le champ de bataille.

L’Ukraine, Laboratoire Grandeur Nature

C’est d’ailleurs en Ukraine que cette révolution des drones a pris tout son sens. Face à un ennemi retranché et déterminé, l’utilisation massive de ces aéronefs sans pilote s’est imposée comme une nécessité. Éclaireurs, correcteurs de tir, mais aussi armes de frappe à part entière, les drones ont profondément modifié la physionomie de ce conflit.

Consciente de cette mutation, l’armée française a accéléré l’intégration des drones dans ses unités d’artillerie. Les canons Caesar en sont la parfaite illustration, combinant puissance de feu et intelligence artificielle dans un package redoutablement efficace.

Une Révolution Qui Ne Fait Que Commencer

Mais cette symbiose entre artillerie et drones n’est qu’un premier pas. À l’avenir, ces engins pourraient gagner en autonomie, voire se passer totalement d’opérateur humain. Une perspective qui soulève autant d’espoirs que d’inquiétudes, tant la frontière entre progrès technologique et déshumanisation de la guerre est ténue.

Une chose est sûre : avec ses canons Caesar pilotés par drone, l’armée française est à la pointe de cette révolution qui s’annonce. Une avancée technologique majeure qui pourrait bien redéfinir l’art de la guerre au XXIe siècle.

Un siècle d’aviation militaire. Entretien avec Vincent Lanata

Un siècle d’aviation militaire. Entretien avec Vincent Lanata

par Revue Conflits – publié le 24 octobre 2024

https://www.revueconflits.com/un-siecle-daviation-militaire-batailles-aeriennes-et-enjeux-strategiques-entretien-avec-vincent-lanata/


Photo : Un avion de chasse F-16 taïwanais vole à côté d’un bombardier H-6 chinois (en haut) dans la ZIDA de Taïwan. Crédit : Wiki commons,
 

Vincent Lanata, ancien pilote de chasse et chef d’état-major de l’armée de l’air, raconte comment l’aviation militaire a réussi à s’imposer au sein des forces armées, et comment elle ne cesse de révolutionner l’art de la guerre.

 Propos recueillis par Paulin de Rosny

Comment l’Armée de l’Air s’est-elle imposée comme une armée à part entière ?

L’aviation, rappelons-le, n’a que 120 ans. Et ses débuts furent hasardeux. Comme je l’explique dans mon livre, des visionnaires comme Clément Ader ont imaginé ce que pourrait être l’apport de l’utilisation de la troisième dimension dans les opérations militaires, puis sont apparus les précurseurs, ceux qui ont construit les premières machines volantes et enfin les pionniers, ceux qui se sont les premiers confrontés au combat dans les airs. La Première Guerre mondiale a vu l’aéronautique initialement cantonnée à l’observation conquérir de nouvelles missions comme la chasse puis le bombardement et la reconnaissance : pour la première fois de l’Histoire, l’aviation prenait une part importante dans la conduite des opérations.

Les débuts ont été très marqués par une méfiance de la part des états-majors, qui avaient du mal à concevoir l’avion comme une arme stratégique. Pour beaucoup de généraux de l’époque, la guerre se gagnait avant tout par la manœuvre des troupes, et l’avion ne pourrait jouer qu’un rôle subalterne. Bien que la guerre ait prouvé le rôle essentiel qu’avait joué l’aviation, cette réticence à lui accorder plus de place retarda sa reconnaissance comme branche indépendante des armées. Ce n’est qu’en 1934 que l’aéronautique militaire, alors rattachée à l’armée de terre, est officiellement séparée de l’armée de terre pour devenir une armée indépendante : l’armée de l’air.

Au début du XXe siècle, il existait aussi plusieurs visions doctrinales concurrentes sur le rôle de l’arme aérienne : dans l’entre-deux guerres, des théoriciens établirent des doctrines d’emploi ou d’organisation des forces aériennes ; ce furent Douhet en Italie, Trenchard au Royaume-Uni ou Mitchell aux États-Unis. Tous ont dû lutter contre les conservatismes pour faire accepter l’idée que l’aviation pouvait jouer un rôle décisif et non seulement auxiliaire. En France, qui avait été pionnière de l’emploi de l’arme aérienne, il n’y eut aucun de ces théoriciens qui auraient pu élever notre pays au-dessus de la seule technique.

De quelle innovation technologique déterminante avez-vous été témoin pendant votre carrière ?

Lorsque j’ai pris le commandement de l’état-major de l’armée de l’air, on brandissait sans arrêt ce nombre magique : 450 avions de combat. La première chose que je décidai en arrivant fut de retirer du service une centaine d’appareils qui n’étaient plus à même de participer à des opérations modernes du fait de leur obsolescence. Parallèlement l’effort fut porté sur la modernisation du reste de la flotte qui fit l’objet d’un nombre important de réorganisations et d’acquisitions de matériels modernes.

Pour prendre un exemple d’action, il nous manquait encore la capacité de tir de précision de nuit. À l’époque, le chef d’état-major de l’armée de l’air était indépendant et avait un accès direct au ministre, sans passer par le chef d’état-major des armées. J’ai donc informé le ministre Pierre Joxe que j’avais l’intention de lancer un « crash program » pour que nous disposions au plus vite de cette capacité ; après son accord, les discussions avec les services techniques et les industriels permirent d’envisager la livraison d’un équipement répondant aux spécifications opérationnelles. Restait à fixer la date de livraison, nous étions en janvier et j’avais besoin du matériel pour l’été. Les industriels me dirent que le délai était trop court, j’insistai, et pour leur forcer la main, je fis paraitre un communiqué de presse annonçant que l’Armée de l’Air allait se doter de tel équipement et qu’il serait inauguré par le ministre de la Défense le 31 juillet ! Le 31 juillet, le matériel était inauguré.

Quelle est la place de l’homme dans les combats ?

On sait très bien faire un avion de ligne sans pilote. Cependant, si la technique permettait déjà aujourd’hui de réaliser un tel appareil avec toutes les sécurités nécessaires, il n’est pas encore possible de faire embarquer les passagers sans aucune réticence de leur part. Encore trop tôt, mais un jour ce sera réalisé. Pour ce qui est de l’aviation de combat, aujourd’hui, la complexité des machines et des missions ne permet pas encore de se passer de l’intelligence humaine. Cependant, on peut imaginer qu’avec les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle, ainsi que de la rapidité de calcul, on puisse arriver à se passer un jour de l’homme. On le voit avec l’utilisation des drones de plus en plus sophistiqués et de plus en plus performants. Mais ce jour-là le combat changera de dimension et d’âme et il se fera par électronique interposée, l’homme étant absent de l’action directe ainsi que du risque du combat.

Peut-on tirer des leçons du conflit ukrainien ?

Pour ce qui est des opérations aériennes, il est difficile de tirer une leçon du conflit russo-ukrainien. L’Ukraine a très peu d’aviation, mais possède une bonne défense anti-aérienne, ce qui fait que les avions russes ne sortent pas de la zone dans laquelle ils sont hors de portée de la défense sol-air.

L’aviation militaire française est-elle en mesure de maintenir son indépendance stratégique ?

L’indépendance stratégique de la France a été pensée par le Général de Gaulle. Grâce aux programmes d’armement français, on sait tout produire, du plus petit équipement à l’arme nucléaire. Mais cela engendre des coûts de développement importants : si on dispose des moyens techniques et industriels, nous ne possédons pas les ressources financières nécessaires pour développer et produire seuls nos moyens de défense. C’est pour cette raison que nous sommes contraints de travailler en coopération avec les pays européens. Alors engageons-nous dans cette Europe de la défense dont nous faisons partie afin d’acquérir une indépendance au moins européenne. Comment envisager qu’une entité comme l’Europe puisse être totalement dépendante d’un pays tiers pour sa défense ?

Les enjeux climatiques représentent-ils une menace pour l’aviation militaire ?

On ne peut pas imaginer un avion de combat sans performances maximales.  La puissance de l’avion est un élément essentiel de ses performances, ce qui donne des moteurs gourmands en carburant. N’oublions pas cependant que, bien qu’en maintenant notre exigence sur les performances, nous sommes toujours à la recherche d’une réduction de la consommation. C’est d’ailleurs autant un gain environnemental qu’un gain financier, ou même qu’une amélioration des performances (en termes d’autonomie par exemple). N’oublions pas non plus que l’aviation civile et militaire ne représente que 3% des gaz à effet de serre, contre 10% pour l’automobile par exemple.