Le couple « drones/CAESAr » est désormais intégré à la préparation opérationnelle des régiments d’artillerie

Le couple « drones/CAESAr » est désormais intégré à la préparation opérationnelle des régiments d’artillerie

https://www.opex360.com/2023/12/11/le-couple-drones-caesar-est-desormais-integre-a-la-preparation-operationnelle-des-regiments-dartillerie/


En effet, lors de son dernier point presse, le 7 décembre, le ministère des Armées a fait savoir que la campagne de tirs que venait d’effectuer, durant cinq semaines, le 40e Régiment d’Artillerie [RA], avait pris en compte, pour la première fois, « l’accélération de la boucle renseignement-feux » lors d’une préparation opérationnelle.

Et cela grâce à l’association du CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie, d’une portée de 42 km] avec le Système de mini-drones de reconnaissance [SMDR], ce dernier permettant de collecter du renseignement, de désigner les coordonnées d’une cible, de transmettre une demande de tir via le système ATLAS [automatisation des tirs et liaisons de l’artillerie sol/sol] et d’évaluer les dommages infligés à l’adversaire.

Ainsi, avec le SMDR, souligne l’armée de Terre, il est désormais possible de « développer un lien direct permettant un tir en quelques minutes ». Évidemment, les drones viennent compléter les équipes d’observateurs avancés [FO] et les VAB OBS [Véhicule de l’Avant Blindé-OBServateur], en voie d’être remplacés par le Griffon VOA [« version observation d’artillerie »].

Cette « accélération de la boucle renseignement-feux » a été rendue possible par les performances de ces nouveaux mini-drones de reconnaissance, encore appelés « Spy’Ranger ». Développés par Thales, ils disposent d’une autonomie de 2h30 et, surtout, de la capacité de transmettre un flux vidéo en haute définition, de manière sécurisée, sur une distance d’au moins 30 km [contre 10 km pour les Drones de renseignement au contact – ou DRAC – qu’ils ont remplacés].

Sept armées se rapprochent pour écrire une nouvelle page de l’histoire du CAESAR

Sept armées se rapprochent pour écrire une nouvelle page de l’histoire du CAESAR

– Forces opérations Blog – publié le

Sept pays ont formalisé hier la création d’un club dédié au CAESAR, lieu d’échanges privilégié pour progresser conjointement sur les évolutions techniques et l’emploi d’un système d’artillerie pour lequel l’intérêt va croissant.Quel meilleur cadre que le musée de l’artillerie pour écrire une nouvelle page de l’histoire du CAESAR ? C’est en son sein, au coeur des écoles militaires de Draguignan, que naissait un club consacré à ce système d’artillerie, fruit d’une initiative lancée en janvier dernier par le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, et le PDG de KNDS France, Nicolas Chamussy.

Sept pays utilisateurs et futurs utilisateurs se sont succédés pour signer la charte fondatrice : la France, la Belgique, la Thaïlande, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, la République tchèque et la Lituanie. Cinq autres délégations étrangères complétaient l’assistance, autant de prospects susceptibles de parier à leur tour sur la gamme CAESAR et d’élargir le cercle par la suite. 

Cet engagement « est la pierre angulaire de cette formidable entreprise de coopération internationale », déclarait en préambule le général Alain Lardet, représentant du CEMAT et actuel sous-chef plans-programmes au sein de l’état-major de l’armée de Terre.

« L’artillerie a retrouvé récemment une place prépondérante sur l’échiquier militaire. (…) Les leçons apprises du Haut-Karabagh, les combats qui font rage à l’est de l’Europe, le rôle non démenti des appuis-feux dans les opérations de stabilisation : tous les conflits contemporains nous rappellent la primauté d’une artillerie », soulignait l’ancien commandant de la Légion étrangère. 

« Dans un cycle d’évolutions technologiques où chaque acteur s’adapte toujours plus rapidement, le CAESAR incarne cette supériorité technologique et cette capacité de domination par les feux. (…) Pour autant, et ne nous y trompons pas, cette excellence opérationnelle du CAESAR n’est ni un acquis, ni une fin en soi », complétait le général Lardet. 

Espace de dialogue autant qu’incubateur d’idées, ce club CAESAR s’inscrit parfaitement dans une « quête perpétuelle » d’évolutions qui requiert « énergie, moyens et capacités à innover ». Loin du consortium de circonstance, ce qui sera aussi un canal de diffusion des retours d’expérience « doit nous permettre de nous réinventer » et contribuera à faire naitre de nouveaux concepts d’emploi sur les plans technique, tactique et du soutien. 

Acheteuse en 2022 d’un premier lot de neuf CAESAR Mk II, la Belgique consolide par là sa position de partenaire de premier rang de l’armée de Terre. Pour un officier de la délégation belge, ce club « ouvre la possibilité de gagner en expérience sur un système d’arme que nous percevrons seulement en 2027. Cela permet de préparer l’avenir en établissant des contacts avec les partenaires français, qu’il s’agisse des unités opérationnelles ou de l’école de l’artillerie car nous prévoyons de former nos instructeurs ici, à Canjuers et à Draguignan ». 

Inaugurée par un tir de canon de 75, cette journée inaugurale s’est poursuivie sur le camp de Canjuers (Var), lieu retenu pour accueillir une démonstration dynamique conduite par le 35e régiment d’artillerie parachutiste ainsi qu’un « village d’innovations » propres à répondre aux enjeux actuels et futurs. 

Crédits image : armée de Terre

Ces commandes d’armements prioritaires anticipées en 2023

Ces commandes d’armements prioritaires anticipées en 2023

– Forces opérations Blog – publié le

L’anticipation, un terme plusieurs fois visible dans le budget 2024 de la mission Défense et que le ministère des Armées a traduit en actes en avançant plusieurs commandes inscrites dans la prochaine loi de programmation militaire, principalement au profit de l’armée de Terre.

Pourquoi reporter à l’an prochain ce qui peut être anticipé dès maintenant grâce aux 2,1 milliards de crédits ouverts en fin de gestion 2023 au bénéfice des armées ? C’est le choix défendu ce mardi par leur ministre, Sébastien Lecornu. 

« Cette somme nous permet d’anticiper certaines commandes prioritaires, rendues possibles par l’économie de guerre », expliquait le ministre en séance publique au cours des débats entourant l’adoption du PLF 2024. Des achats financés par le budget 2023 et qui, en s’intégrant aux tableaux d’équipement de la LPM 2024-20203, « rendront la première année de programmation soutenable et efficace, quant à la masse des équipements comme pour leur cohérence », ajoutait-il.

Ainsi, 226 M€ de crédits de paiement ont permis l’acquisition de 130 missiles sol-air Mistral, de 1300 missiles antichars (MMP) et de six canons CAESAR. Si ces derniers permettront de progresser dans le renouvellement du parc, l’effort sur les MMP est lui aussi significatif. D’un bloc, le ministère aura commandé l’équivalent de plus de 40% de la cible fixée d’ici à 2030 pour l’armée de Terre. 

« Une deuxième série d’anticipations de commandes correspond aux différents contrats opérationnels votés dans le tableau du rapport annexé à la loi de programmation militaire », complétait Sébastien Lecornu. Un bloc de 639 M€ comprenant notamment la commande de 35 véhicules blindés Griffon mais aussi de huit hélicoptères NH90 au standard FS, un complément aux dix exemplaires déjà prévus « qui constituait l’une des grandes urgences identifiées durant la préparation de la LPM ».

Pour le ministre, ces décisions et la « digestion » rapide des crédits qu’elles impliquent participeront à « assurer la continuité entre la LPM qui s’achève et celle qui s’ouvrira en 2024 ». « Tirant les leçons du passé, nous avons veillé à assurer de bonnes conditions d’entrée à la première année de la LPM 2024-2030 », concluait-il. 

Crédits image: État-major des armées

Un effort sur les munitions d’artillerie en 2024

Un effort sur les munitions d’artillerie en 2024

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Inscrite dans la nouvelle loi de programmation militaire pour 2024-2030, l’inflexion consentie pour consolider les stocks de munitions des armées se précise au fil des auditions parlementaires relatives au budget 2024.

Cette nouvelle LPM pour 2024-2030, ce sont 16 Md€ inscrits pour les munitions toutes armées confondues, dont 2,6 Md€ pour l’armée de Terre. L’essentiel, soit 1,6 Md€, sera consacré aux munitions non complexes. Entre masse et haute technologie, l’enveloppe permettra l’achat de plus de 16 millions de munitions de petit calibre, 300 000 obus de mortier, 3000 missiles MMP, 2000 munitions téléopérées ainsi que plusieurs dizaines de milliers d’obus de 120 mm pour les chars Leclerc.

Les premiers effets seront ressentis l’an prochain. La ligne accordée aux équipements d’accompagnement et de cohérence atteindra alors 261 M€ en crédits de paiement. Soit une hausse de 7% par rapport à 2023 pour un effort de 17 M€ correspondant à « l’acquisition de munitions supplémentaires pour répondre aux besoins de la haute intensité », pointait ce matin le député Renaissance François Cormier-Bouligeon, rapporteur pour avis sur les crédits alloués à la préparation et à l’emploi des forces terrestres. 

Ces crédits permettront d’entamer la remontée de certains stocks critiques, « en priorité les obus de 155 mm et de mortier de 120 [mm] », et d’amener les munitions d’entraînement nécessaires au durcissement et au réalisme des activités de préparation opérationnelle. 

Cette première annuité de la LPM actera notamment la mise en place de contrats-cadres, dynamique répondant au besoin de visibilité des munitionnaires. Elle annonce ainsi la notification d’un marché pluriannuel de munitions pour mortier de 120 mm. De quoi accompagner dans la durée la création de 21 sections de mortiers de 120 mm parmi les régiments d’infanterie ainsi que la montée en puissance du parc de Griffon MEPAC.

Au vu du contexte, les volumes annuels de certaines références sont désormais confidentiels. C’est le cas des obus d’artillerie de 155 mm, désormais l’objet d’une opération dédiée baptisée « munitions gros calibres » (MGC). Introduite par la LPM 2024-2030, celle-ci couvre l’acquisition de munitions de 155 mm au travers d’incrément successifs. La première étape s’est concrétisée cette année et se traduira par la livraison de lots dès 2024, année de lancement en réalisation d’un second incrément.

La discrétion devient également la norme pour les missiles MMP (Akeron MP) et Mistral. Seule certitude pour le premier, l’anticipation de commandes en 2023 « s’inscrivant dans une démarche d’économie de guerre » et l’augmentation de la quantité annuelle livrée, établie à 200 exemplaires en 2022. Les crédits 2024 permettront, enfin, l’acquisition de missiles air-sol Hellfire pour l’hélicoptère Tigre, projet pressenti au gré des annonces américaines.

Crédits image : armée de Terre

Nexter/KNDS est sur le point d’avoir la capacité de quadrupler sa production de CAESAr par rapport à 2022

Nexter/KNDS est sur le point d’avoir la capacité de quadrupler sa production de CAESAr par rapport à 2022

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Ainsi, devant la députés de la commission de la Défense, la semaine passée, le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] a annoncé que le premier des dix-huit CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie] commandés en juillet 2022 pour remplacer ceux cédés aux forces ukrainiennes allait être prochainement livré par Nexter/KNDS.

Et le CEMAT d’ajouter qu’il avait bon espoir que cinq autres suivraient avant la fin de cette année. En tout cas, la commande devrait être honorée dans le courant 2024, ce qui permettrait aux unités d’artillerie de retrouver la dotation qui était la leur avant la guerre en Ukraine.

Cela a été rendu possible par la réduction des délais de livraison : en 2022, fabriquer un CAESAr prenait trente mois. Il n’en faut plus maintenant que quinze. Mais Nexter/KNDS a également revu son organisation pour augmenter ses cadences de production. Avant la guerre en Ukraine, seulement deux CAESAr sortaient d’usine tous les mois. Ce chiffre a été muliplié par trois.

« Ce triplement de la capacité de production permettra à la France de remplacer, à l’horizon du début 2024, les 18 Caesar cédés à l’Ukraine pour l’aider à se défendre face à la Russie. Soit une reconstitution des stocks avec un an d’avance sur le calendrier initial! », a souligné le ministère des Armées, ce 17 octobre, après une visite du ministre, Sébastien Lecornu, au site de Nexter/KNDS établi à Roanne.

« Cette nouvelle capacité de production permettra aussi de continuer à fournir l’ensemble des partenaires de la France qui font le choix de se tourner vers KNDS pour équiper leurs forces terrestres », a d’ailleurs fait valoir ce dernier.

D’autant plus que Nexter/KNDS entend encore accroître ses cadences de production, avec 8 CAESAr assemblés par mois « dès le début de l’année prochaine ».

Pour réduire ses délais de livraison et accélérer ses cadences de production, l’industriel s’est inspiré des processus mis en oeuvre par les constructeurs automobiles, en mettant en places des lignes d’assemblage. En clair, un CAESAr n’est plus assemblé par une même équipe sur un emplacement fixe mais lors de plusieurs « stations » successives. En outre, Nexter/KNDS a constitué des stocks auprès de ses fournisseurs [Arquus pour le châssis, Aubert & Duval pour le canon, etc.] afin de se prémunir contre d’éventuelles ruptures d’approvisionnement.

Évidemment, un tel modèle n’est viable que si le carnet de commandes est plein. Ce qui est le cas pour le CAESAr, au regard des contrats signés au cours de ces deux dernières années. Par ailleurs, la réduction des délais de livraison pourra aussi être un argument commercial susceptible de favoriser de nouvelles commandes.

Selon le ministère des Armées, la production d’obus [de 155 mm] a également été augmentée assez significativement, celle-ci étant passée de 1000 munitions produites par mois en janvier 2023 à 3000 près d’un an plus tard.

« Le même effort a été engagé sur les munitions de défense aérienne », a souligné M. Lecornu. C’est notamment le cas du missile Mistral, MBDA ayant doublé sa production mensuelle [40 actuellement contre 20 en 2022].

Jusqu’à six CAESAR neufs livrés à l’armée de Terre d’ici 2024

Jusqu’à six CAESAR neufs livrés à l’armée de Terre d’ici 2024

Forces opérations Blog – publié le

Les premiers CAESAR destinés à remplacer les 18 cédés à l’Ukraine seront livrés avant la fin de l’année 2023 à l’armée de Terre, annonçait son chef d’état-major (CEMAT), le général Pierre Schill, hier en audition parlementaire.

« Jusqu’à six » CAESAR flambant neufs devraient être réceptionnés par l’armée de Terre d’ici à l’an prochain, escompte le CEMAT. Attendus à Canjuers (Var), fief des 1er régiment de chasseurs d’Afrique et 3e régiment d’artillerie de marine, ces premiers exemplaires ont réalisé des tirs de validation auprès de la Direction générale de l’armement (DGA), complétait hier le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, également au-devant des parlementaires. 

Inscrit au projet de loi de finances 2024, cette première tranche sera complétée l’an prochain des 12 systèmes restants, objectif conforme aux plans annoncés plus tôt et rendu possible par l’inflexion consentie par les industriels pour accélérer les cadences.

En revenant à son parc initial de 76 pièces, l’armée de Terre fermera une parenthèse qui, tout en la contraignant à certains ajustements durant près de deux ans, ne l’aura pas empêché de déployer des sections de CAESAR en Estonie et en Roumanie. 

Entre ce recomplétement, l’arrivée de nouveaux équipements et la transformation amorcée, « la question de l’artillerie et des feux est une dimension extrêmement importante de la cohérence générale de notre armée de Terre », évoquait le CEMAT.

Les prochaines années seront riches en évolutions pour les unités concernées. D’ici fin 2027, 109 CAESAR auront basculé vers un standard de « nouvelle génération » (NG), programme pour lequel des engagements sont prévus dès l’an prochain pour le soutien initial des premiers exemplaires et l’acquisition des stocks de fonctionnement.

Les huit premiers Griffon MEPAC seront livrés l’an prochain, des systèmes SCORPION qui s’accompagnent de la recréation de sections de mortiers de 120 mm au sein des régiments d’infanterie. De quoi permettre aux régiments d’artillerie de se concentrer davantage sur les feux longue portée tout en se préparant à la prise en main des futures munitions téléopérées moyenne portée. Des régiments d’artillerie rassemblés à terme au sein d’une 19e brigade d’artillerie bientôt recréée à Lyon et elle même inféodée au futur commandement de l’appui dans la profondeur et du renseignement (CAPR). 

Crédits image : armée de Terre

L’après-LRU engagé dès l’an prochain

L’après-LRU engagé dès l’an prochain

– Forces opérations Blog – publié le

La quête d’un successeur aux lance-roquettes unitaires (LRU) de l’armée de Terre sera lancée dès l’an prochain, révèlent les documents entourant le projet de loi de finances pour 2024. 

« Les LRU arriveront en fin de vie en 2027. Il est donc impératif de trouver une solution à court terme », rappelait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, en mai dernier. Cette solution, le ministère des Armées entend commencer à la matérialiser en 2024 au travers d’une nouvelle opération d’armement baptisée « frappe longue portée – terrestre » (FLP-T).

Ni cible finale, ni échéancier de commandes et de livraisons pour le sujet FLP-T, mais une première ligne budgétaire de 180 M€ dont les deux tiers seront engagés l’an prochain. S’il ne représente qu’une fraction des 600 M€ consentis dans la loi de programmation militaire 2024-2030 pour les feux longue portée, ce socle financier permettra d’entamer les travaux de préparation du premier incrément de FLP-T. Un incrément dont le lancement en réalisation, annonciateur d’une contractualisation, interviendrait un an plus tard. 

Entre l’objectif d’au moins 13 systèmes en service d’ici à 2030 et celui du doublement de ce parc à horizon 2035, il n’y a visiblement pas une minute à perdre. Le calendrier est ambitieux mais semble avoir été anticipé dans les rangs industriels, premières pistes à la clef. En attendant d’en connaître la teneur, un embryon de besoin émergeait ces derniers mois du côté des utilisateurs. 

Ainsi, le futur système devra a minima égaler la profondeur de tir du LRU, « y compris en tirant les mêmes munitions », soulignait le CEMAT. Voire, être en mesure de frapper bien au-delà du rayon actuel de 70 km. « Est-ce un armement adapté aux seuls besoin du combat des divisions, ou l’armée de Terre doit-elle apporter à l’interarmées une capacité de frappe opérative davantage dans la profondeur ? Cette deuxième option me semble retrouver toute sa pertinence », relevait à ce titre le CEMAT.

Caesar, EFA et robots de déminage: victoire commerciale française en Ukraine mais la guerre n’est pas gagnée

Caesar, EFA et robots de déminage: victoire commerciale française en Ukraine mais la guerre n’est pas gagnée

 

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 30 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


La visite à Kiev de Sébastien Lecornu et d’une délégation d’industriels de la Défense français, jeudi, s’est soldée par la signature de plusieurs contrats et accords. A Kiev, le ministre français venu défendre des partenariats avec des industriels ukrainiens, a rencontré le ministre Oleksandr Kamychine, chargé des industries stratégiques (photo ci-dessus. Les photos de ce post sont de moi), et Rustem Umerov, le nouveau ministre de la Défense. 

Sa visite a précédé l’ouverture par le président Zelensky du premier forum international consacré à l’industrie de la défense, qui veut attirer des fabricants étrangers capables de produire des armes en Ukraine et de lui “construire un arsenal” face à la Russie. “Nous sommes intéressés par la localisation de la production des équipements nécessaires à notre défense et des systèmes de défense avancés utilisés par nos soldats”, a résumé Zelensky dans son discours d’introduction, diffusé ce samedi.

Voici la liste  des accords et contrats signés vendredi (c’est moi qui souligne):
Coopération DGA / DPA
La direction générale pour l’armement (DGA) et son homologue ukrainienne, la Defense Procurement Agency (DPA) ont signé un accord pour favoriser la coopération en matière d’armement entre les deux pays.

Coopération industrielle
Le GICAT a signé deux accords, avec les Ministère de la Défense et Ministères de l’Industrie Stratégique ukrainiens sur le développement de la coopération en matière d’industrie de défense entre la France et l’Ukraine.

Artillerie
Fourniture de 6 systèmes d’artillerie supplémentaires. Au-delà des canons Caesar déjà fournis, que ce soit au titre des cessions par l’armée françaises (18) ou au titre des acquisitions par le ministère ukrainien directement auprès de KNDS (12), KNDS va fournir 6 canons Caesar supplémentaires.
MCO (maintien en conditions opérationnelles) des systèmes Caesar fournis. Le MCO des systèmes CAESAR est d’ores et déjà assuré par KNDS via un flux de pièces de rechanges. Par ailleurs, KNDS a signé un accord avec une société ukrainienne pour assurer le MCO des Caesar dans la durée sur le territoire ukrainien, comprenant la production de pièces localement. Cet accord prend également en compte le MCO des AMX 10 cédés par l’Armée de Terre.

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Véhicules terrestres
Intégration d’armements : La société KNDS a signé un accord avec une société industrielle ukrainienne pour l’intégration en Ukraine d’armements sur les véhicules des Forces Armées Ukrainiennes.
MCO des véhicules fournis : ARQUUS, fabriquant de VAB (Véhicules de l’avant blindé), s’est engagé, au travers d’un accord signé avec une société ukrainienne, à soutenir les véhicules cédés par les Armées françaises – notamment à travers de la production locale de pièces – et à étudier la mise en place d’un partenariat avec des entreprises ukrainiennes afin de produire des VAB neufs dans le pays.
Fabrication additive : La société Vistory a signé un accord avec une société ukrainienne pour des solutions de fabrication additive de pièces de rechange. Ce sujet est très prometteur pour autonomiser les Ukrainiens, y compris potentiellement pour déployer des solutions mobiles de fabrication de pièces de rechange sur le théâtre d’opérations.
Fourniture d’engins amphibie : La société CEFA va fournir 8 engins amphibie qui permettent le franchissement de cours d’eau.

Drones
Drones Delair : Au-delà du premier contrat de drones, et dont les premiers exemplaires sont en cours de livraison auprès des Ukrainiens, la société Delair a signé un nouveau contrat avec le MOD ukrainien pour la fourniture de drones supplémentaires, ainsi qu’un accord portant sur la maintenance des drones livrés et ouvrant la voie à une production locale.
Partenariats industriels : les sociétés Thales d’une part et Turgis & Gaillard d’autre part ont chacune signé un accord avec des sociétés ukrainiennes pour co-développer des drones, avec comme perspective une fabrication locale de drones.

Déminage
L’entreprise CEFA a signé un contrat pour la fourniture de 8 premiers robots SDZ de déminage. C’est un moins qu’espéré (10 unités) mais le résultat témoigne de la confiance des Ukrainiens dans ce matériel. 

Quelques remarques personnelles:

Ces bons résultats et ses bonnes perspectives sont dus aux efforts conjoints des équipementiers français, du ministère des Armées et du GICAT qui a organisé du 18 au 20 septembre, à Kiev, un premier séminaire de coopération industrielle franco-ukrainien. 

En termes de fournitures, on notera les drones Delair (type non spécifié), les 6 Caesar supplémentaires mais surtout les 8 robots de déminage SDZ de l’entreprise CEFA (deux livrables à l’armée de Terre française pourraient être déviés vers l’Ukraine). En matière de déminage, la France s’avère malgré tout en retrait d’autres pays dont les entreprises spécialisées ont capté une partie du marché il y a déjà plusieurs mois (je reviendrai sur ce sujet dans un prochain post).

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Cette même entreprise va aussi livrer 8 EFA (engins de franchissement de l’avant. Photo ci-dessus prise lors d’Orion 4); ces systèmes d’occasion issus de l’ex-parc du génie pourront être livrés très rapidement. 

Un 11e Griffon VOA livré à l’armée de Terre

Un 11e Griffon VOA livré à l’armée de Terre


Un 11e Griffon « véhicule d’observation d’artillerie » (VOA) a été livré le 11 septembre à l’armée de Terre par la Direction générale de l’armement (DGA). Une version dédiée aux régiments d’artillerie et bientôt mobilisée pour l’atteinte d’un jalon majeur du programme SCORPION. 

La spécificité de ce membre de la famille Griffon ? L’intégration « d’un mât d’observation optronique, de moyens de pointage, télémétrie et désignation laser permettant l’observation, la désignation d’artillerie, voire de frappe aérienne avec présence d’un JTAC (Joint Terminal Attack Controller : contrôleur aérien avancé) », rappelle la DGA dans un communiqué diffusé aujourd’hui. 

Cette version embarque également un radar MURIN déployable hors du véhicule, un système de surveillance du champ de bataille conçu par Thales et en service depuis 2019 dans les batteries d’acquisition et de surveillance des régiments d’artillerie. 

Ce Griffon VOA vient s’ajouter aux cinq déjà livrés en 2023 et porte à 11 le nombre de véhicules fournis jusqu’à présent à l’armée de Terre. « Trois autres sont attendus d’ici la fin de l’année », complète la DGA. Ce parc initial équipera la Section technique de l’armée de Terre (STAT) et le 3e régiment d’artillerie de marine (3e RAMa).

Employé en juin lors de l’exercice Royal Black Hawk, le Griffon VOA le sera aussi en fin d’année lors de l’exercice BIA23. Six véhicules du 3e RAMa participeront à cette étape clé dans la constitution d’une première brigade interarmes SCORPION projetable. 

Crédits image : 1er régiment d’artillerie

De quelques évolutions de l’armée de Terre dite de combat…

De quelques évolutions de l’armée de Terre dite de combat…

Mars attaque – publié le 12 septembre 2023

Quelques points (évidemment non exhaustifs) transparaissent peu à peu sur des évolutions capacitaires significatives à venir de l’armée de Terre de demain (dite “de combat“), pour densifier la bulle aéroterrestre (en termes de létalité, de transparence, et de protection).


Par exemple, à terme, il est recherché 3 gammes différentes de munitions télé opérées (MTO / MUNTOP) :

  • MUNTOP – AD (appui direct) pour la zone 0-30 km, soit celle de la brigade interarmes (BIA), dans la zone du radar Murin, du Griffon VOA d’observation, du Griffon MEPAC de mortier embarqué, du drone SMDR… ;
  • MUNTOP – AE (action d’ensemble) dans la zone 0-80 km, soit celle de la division (dans la zone des tirs de Caesar, ou de la roquette LRU, qu’elle soit non souveraine, aujourd’hui, ou demain potentiellement souverraine…) ;
  • Puis, à terme, MUNTOP – FLP (feux longue portée), dans la zone des 0-150 km.

Cela s’ajoutera à de nouvelles capacités acquisition/feux :

  • Radars Cobra ou équivalents pour passer de 40 km à 100 km en acquisition ;
  • Un SDT pleinement opérationnel, dans les 0-150 km ;
  • Des drones MALE/MAME dédiés aux feux dans les 0-150 km ;
  • Le retour des Détachements d’appui dans la profondeur (DAP)…

En parallèle, il est poursuivi l’ambition de faire de l’armée de Terre le 1er opérateur de systèmes automatisés en Europe (un peu comme l’ALAT est depuis quelques temps déjà le 1er opérateur d’Europe en nombre d’hélicoptères détenus) :

  • Dès 2025, il devrait y avoir un peu moins de de 900 systèmes militarisés (un système + plusieurs drones) et plus ou moins 600 drones civils, plus les MTO FS (environ 100 exemplaires) ;
  • Vers 2026, le SDT (armé ?) et le drone MAME FT (cf. ci-dessus), plus l’automatisation des nano et micro drones et intégration dans la bulle Scorpion de l’ensemble, avec en parallèle la mise en œuvre de MTO souveraines de courte portée en développement rapide actuellement (pour une commande de l’ordre de 1.000 exemplaires – projet Colibri) ;
  • Vers 2028, des MTO souveraines de moyenne portée en développement rapide (projet Larinae), de l’ordre de plus de 250 exemplaires ;
  • Pour au final en 2030 : 2 type de MTO souveraines à plus de 1.250 exemplaires + environ 1.100 systèmes militaires + de l’ordre de 800 drones civils.

A noter que ces chiffres ne sont pas forcément des volumes de commandes, mais plutôt des parcs détenus à l’instant t (grâce à une petite agilité contractuelle (enfin possible…) pour pouvoir recompléter rapidement et facilement les stocks au fil du temps, malgré les pertes, leur utilisation, etc.).

En parallèle toujours, la feuille de route robotique progressera, avec des plateformes polyvalentes terrestres de combat pour 2030, après des premiers prototypes en 2027, plus les MTO en phase de généralisation progressive pour 2026, plus l’école des drones pleinement opérationnelle (qui passera à terme du Commandement du renseignement COMRENS à la brigade d’Artillerie BART).

Pour les capacités émergentes et/ou critiques (drones armés, défense sol-air – DSA, feux dans la profondeur, cyber, influence et champs immatériels), un phasage sera mené… parce que ce n’est pas si simpliste de faire de la remontée en puissance et du capacitaire… Avec en plus un rééquilibrage des fonctions opérationnelles au profit des capacités C2, intégration des effets, appui et soutien, une remontée des stocks de munitions et de rechanges, et l’accompagnement à la montée en compétences et masse d’une BITD MCO terrestre.

  • D’ici 2025, comblement progressif des ruptures de capacité prioritaires en artillerie moyenne portée et drone tactique ;
  • D’ici 2027, efforts sur les soutiens tactiques et opératifs (notamment sur les flottes tactiques et logistiques) et comblement des faiblesses en artillerie moyenne portée, drone tactique, contre-minage, transport d’engins blindés… ;
  • D’ici 2030, montée en puissance des flottes logistiques, efforts sur la décontamination de l’avant et d’ensemble, le ravitaillement carburant et transport médian, la défense sol-air d’accompagnement…
Pour les effets dans les champs immatériels, un “bataillon de leurragedevrait prochainement voir le jour (à Lyon), rattaché au CIAE (Centre interarmées des actions sur l’environnement), en plus de l’École de l’influence qui y sera opérationnelle et de la 1ère Unité multi-capacités (UMC) pour opérer en LID (lutte informatique défensive), LIO (lutte information offensive) et L2I (lutte informatique d’influence).

Enfin, un effort sera mené sur la consolidation et la modernisation des forces de souveraineté, notamment dans les capacités de protection, de prévention et d’influence, via des stocks prépositionnés, un renforcement de capacités notamment C2/renseignement/influence/cyber/réserves/formation des partenaires…, les capacités d’accueil de renforts… Cela ira notamment de paire avec la régionalisation géographique des divisions et la sectorisation des brigades (changeants à intervalles réguliers), pour une meilleure connaissance des zones d’opérations potentielles.

Une vision encore partielle, non exhaustive, et non définitive, à compléter.