Armement : 109 canons Caesar de nouvelle génération commandés par le Ministère français des Armées

Armement : 109 canons Caesar de nouvelle génération commandés par le Ministère français des Armées

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/armement-109-canons-caesar-de-nouvelle-generation-commandes-par-le-ministere-francais-des-armees-20240201

 

Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu devant un canon Caesar, à la base navale de Cherbourg le 19 janvier 2024.

Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu devant un canon Caesar, à la base navale de Cherbourg le 19 janvier 2024. CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP

 

Le nouveau modèle se voit doté d’une cabine blindée, d’une motorisation plus puissante, de nouveaux logiciels de conduite de tir et l’intégration du Caesar dans le programme Scorpion de l’armée de Terre.

Le ministère français des Armées a annoncé jeudi avoir passé commande de 109 canons automoteurs Caesar de nouvelle génération à Nexter, filiale du groupe franco-allemand KNSD, afin d’avoir une «meilleure capacité d’appui-feu longue portée mobile». La commande de ces camions porteurs d’un canon de 155 mm, capable de tirer six obus à 40 kilomètres en moins d’une minute, s’élève à «environ 350 millions d’euros» et a été notifiée le 30 décembre, selon un communiqué du ministère. La première livraison est prévue «à l’horizon 2026».

Le développement du Caesar Mark II avait été lancé en février 2022 par le Premier ministre Jean Castex pour 600 millions d’euros. Les développements portent sur l’ajout d’une cabine blindée, une motorisation plus puissante, de nouveaux logiciels de conduite de tir et l’intégration du Caesar dans le programme Scorpion de l’armée de Terre permettant aux véhicules de communiquer entre eux.

18 Caesar pour Kiev

Paris, qui est équipé depuis 2008 de Caesar, vise un parc de 109 de ces canons en 2030. La France en disposait de 76 exemplaires avant 2022 et en a cédé 18 à l’Ukraine pour la soutenir face à l’invasion russe. Outre l’Ukraine, ce matériel s’avère un succès à l’exportation. Il a été vendu à 336 exemplaires à l’Arabie saoudite, à la République tchèque, à l’Indonésie, au Maroc, au Danemark (19 canons depuis cédés à Kiev), à la Lituanie et à la Belgique.

Face à la demande de ce canon, Nexter est parvenu à ramener à 15 mois la durée de production, moitié moins qu’avant l’invasion russe de l’Ukraine, et a porté sa capacité de production de deux à six canons par mois. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a par ailleurs annoncé le 18 janvier que Kiev avait commandé six Caesar supplémentaires et que la France en financerait 12 de plus en 2024 pour le compte de Kiev pour 50 millions d’euros.

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, l’artillerie est maintenant la « reine des batailles »

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, l’artillerie est maintenant la « reine des batailles »

https://www.opex360.com/2024/01/21/pour-le-chef-detat-major-de-larmee-de-terre-lartillerie-est-maintenant-la-reine-des-batailles/


« Si l’appellation de « reine des batailles » a été donnée à l’infanterie durant le premier conflit mondial, il aurait été plus exact de l’accorder à l’artillerie, ne serait-ce que par la place prépondérante qu’elle occupe peu à peu dans les opérations, au point de représenter le tiers des effectifs des armées belligérantes de 1918. Point d’artillerie, point d’offensive! », fait ainsi valoir le colonel [ER] Henri Ortholan, historien et auteur de « L’artillerie de la grande guerre 1914-1918 – Une arme en constante évolution« , paru en 2020.

Par bien des côtés, la guerre en Ukraine rappelle les combats de 1914-18. D’ailleurs, c’est le constat établi par le général Valeri Zaloujny, le commandant en chef des forces ukrainiennes. « Tout comme lors de la Première Guerre mondiale, nous avons atteint un niveau technologique qui nous met dans une impasse », a-t-il en effet expliqué dans les pages de l’hebdomadaire The Economist, en novembre dernier.

Dans ce contexte, l’artillerie est [re]devenue incontournable, alors que, avec la fin de la Guerre Froide et les « dividendes de la paix », elle a été « ringardisée », pour reprendre le mot du général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], qui a fait part de ses réflexions sur ce sujet via Linkedin, cette semaine.

« Les armées n’ont pas été épargnées par la ‘fin de l’Histoire’ théorisée après la chute du mur de Berlin. Dans le sillage de la Guerre Froide, des savoir-faire, des capacités, des gammes de matériels ont été écartés comme obsolètes, ‘ringardisés’ voire oubliés », a ainsi rappelé le général Schill. Et avec les réductions budgétaires qui marquèrent cette période, « le besoin de disposer d’une artillerie puissante était discutable », a-t-il ajouté. D’autant plus que la puissance aérienne était censée « faire le travail », face à des adversaires supposés être technologiquement inférieurs.

Cependant, l’artillerie démontra qu’elle restait pertinente lors des opérations menées contre l’État islamique [EI ou Daesh] en Syrie et, surtout, en Irak. Entre 2016 et 2019, le détachement français Wagram, doté de quatre CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie de 155 mm], assura environ 2500 missions de tirs [soit 18’000 obus tirés], notamment au cours de la bataille de Mossoul.

Quoi qu’il en soit, pour le CEMAT, la guerre en Ukraine « met en évidence le point suivant : dans un environnement tactique où la supériorité aérienne n’est plus acquise, où les volumes comptent encore plus que la technicité, l’artillerie est la ‘reine des batailles’ », avec des « duels d’artillerie » qui « paralysent le champ de bataille » et provoquent « l’essentiel des pertes ».

En outre, poursuit le général Schill, « l’intérêt et l’efficacité de l’artillerie sont décuplés par l’omniprésence des drones, conférant ce qu’il est désormais convenu d’appeler la transparence du champ de bataille, démultipliant les capacités de la ‘chaîne’ artillerie ».

« Plus que jamais, ‘l’artillerie conquiert, l’infanterie occupe’, ce qui conduit au paradoxe suivant : dans l’environnement très technologique de la guerre en Ukraine, c’est possiblement le volume d’obus disponibles qui fera pencher le cours de la guerre », constate le CEMAT.

Sur ce point, les forces russes ont l’avantage, comme l’a souligné Cédric Perrin, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, à l’occasion de la présentation d’un rapport rédigé après un déplacement en Ukraine, le mois dernier.

Selon lui, l’armée ukrainienne « tire entre 5000 et 8000 » obus de 155 mm par jour… soit près deux fois moins que les Russes [entre 10’000 et 15’000 coups quotidiennement, ndlr]. « Les autorités ukrainiennes ont fait de la production de munitions la priorité. Si la production locale de munitions a été multipliée par vingt depuis 2022, cela reste très insuffisant », affirme le rapport.

Et celui-ci de relever que, « entre mai et décembre 2023, le nombre de soldats russes aurait augmenté de 20% sur le front, tandis que les nombres de chars et de pièces d’artillerie déployés auraient chacun augmenté de 60% ce qui illustre combien la ‘masse’ demeure du côté russe. Ces chiffres contrastent brutalement avec l’essoufflement des livraisons occidentales à l’Ukraine ».

Dans le même temps, la promesse de la Commission européenne de livrer 1 million d’obus à Kiev tarde à se concrétiser. Pour autant, le commissaire Thierry Breton a assuré, cette semaine, que l’Union européenne aurait la capacité d’en produire 1,3 million d’ici la fin de cette année. « Nous sommes à un moment crucial pour notre sécurité collective en Europe, et, dans la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine, l’Europe doit et continuera à soutenir l’Ukraine avec tous ses moyens », a-t-il fait valoir.

En attendant, « la pénurie de munitions est un problème pressant auquel nos forces armées sont actuellement confrontées. […] Nous devons renforcer les capacités de défense ukrainiennes pour protéger le monde libre contre le danger russe », a affirmé Rustem Umerov, le ministre ukrainien de la Défense, lors du lancement de la coalition « Artillerie pour l’Ukraine », dirigée par la France.

Celle-ci devrait se traduire par la livraison de 78 CAESAr supplémentaires aux forces ukrainiennes dans le courant de année. Quant aux obus de 155 mm, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a assuré que la France serait en mesure de leur en fournir 3000 par mois d’ici la fin janvier.

Or, dans leur avis budgétaire sur le programme 146 « Équipement des forces », publié en novembre, les sénateurs Hélène Conway-Mouret et Hugues Saury, ont expliqué que « l’ambition affichée par le ministère des Armées en matière de munitions demeure très insuffisante au regard des exigences des combats de haute intensité » étant donné que, pour les obus de 155 mm, les « livraisons devraient être de 20’000 unités en 2024 soit l’équivalent de quatre jours de consommation des armées ukrainiennes ».

« Or, malgré les déclarations du gouvernement, les volumes d’acquisition des munitions resteront dans les années à venir similaires aux moyennes constatées les années précédentes pour les munitions d’artillerie », ce qui « place dangereusement la France en décalage par rapport à ses partenaires. […] Nexter estime qu’il conviendrait de garantir l’achat de 15’000 obus pour permettre de pérenniser la filière et rendre possible une montée en puissance rapide de la production à 40 à 45’000 obus. À plus long terme le groupe KNDS/Nexter vise une capacité de production de 100’000 obus et appelle toujours de ses vœux davantage de perspectives sur les commandes de l’État », ont conclu les deux parlementaires.

Photo : TF Wagram / EMA

Après l’idée d’un “club Reaper”, voici la “coalition Artillerie” lancée ce jeudi à Paris

Après l’idée d’un “club Reaper”, voici la “coalition Artillerie” lancée ce jeudi à Paris

ae3d5cf_1664550121473-000-32cj8bc.jpg

Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 16 janvier 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/01/16/apres-l-idee-d-un-club-reaper-voici-la-coalition-artillerie-24364.html


On se souviendra (enfin, le faut-il?) du projet, en 2015, de club des utilisateurs européens de Reaper, particulièrement en matière de formation et d’entraînement… Voici que l’on parle désormais d’une “coalition artillerie” au profit de l’Ukraine et on lui souhaite et plus longue vie qu’au club Reaper.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, reçoit son homologue, Rustem Umerov, ministre de la Défense de la République d’Ukraine, ce jeudi, à Paris pour le lancement de la “coalition artillerie”, avec un saut à Bourges (Nexter) puis à Selles-Saint-Denis (MBDA).  Ces “coalitions de capacités” sont chargées de coordonner les contributions des membres de la coalition pour chaque domaine de capacité majeur: véhicules blindés, pièces d’artillerie, armée de l’air, unité navale et technologies de l’information. 

Les deux ministres doivent ouvrir la Conférence de lancement de la “Coalition artillerie”, l’un des groupes de travail thématiques du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine (UDCG), sous pilotage de la France et des Etats-Unis. Elle “vise à fédérer les efforts des nations participantes pour aider – dans le court et le long terme – l’Ukraine à disposer d’une force d’artillerie adaptée aux besoins de la contre-offensive et de son armée de demain”, a précisé le ministère.

Pour rappel, l’armée ukrainienne a reçu 49 CAESAR (Camions équipés d’un système d’artillerie de 155 mm):
– 18 ont été tirés du parc de l’armée de Terre en 2022.,
– en janvier, Kiev en a commandé 12 autres auprès de Nexter, lesquels ont aussi été prélevés dans l’inventaire de l’artillerie française, 
– le Danemark a livré à Kiev les 19 qu’il avait acquis en version 8×8.

Dans un communiqué du 24 décembre, le ministère ukrainien de la Défense soulignait qu’il était “très important pour l’Ukraine de renforcer sa puissance de feu grâce à la fourniture de systèmes d’artillerie par les alliés. Les forces armées ukrainiennes sont notamment intéressées par la poursuite de l’acquisition de systèmes d’artillerie automoteurs Caesar pour leurs besoins“.

Le communiqué précisait que “les systèmes d’artillerie automoteurs Caesar ont fait preuve d’une grande efficacité et d’une grande précision au combat” et qu’en 2024, il est prévu de “tester la conduite de tir des systèmes d’artillerie automoteurs Caesar à l’aide de l’intelligence artificielle”. Selon le vice-ministre de la défense, l’utilisation de l’IA permettra de réduire de 30 % l’utilisation de munitions pour l’acquisition et l’engagement des cibles. 

Faux CAESAR et autres idées pour doter l’épée d’un bouclier

Faux CAESAR et autres idées pour doter l’épée d’un bouclier

par – Forces opérations Blog – publié le

Non, le CAESAR n’est pas invulnérable. Comme tout équipement militaire engagé dans un conflit tel que celui qui se joue depuis bientôt deux ans en Ukraine. Loin de rester les bras croisés, les industriels du secteur planchent sur un éventail de réponses, dont celle du leurre gonflable. 

Faux CAESAR

Passés 300 à 400 mètres, impossible pour l’œil peu ou non averti de distinguer ce CAESAR très particulier d’un autre. Menace parmi d’autre, un drone aurait lui aussi du mal à discriminer le vrai du faux. Du moins, c’est le pari proposé par ce leurre gonflable de nouvelle génération, une première pour le système d’artillerie français. De dimensions identiques à son pendant réel, ce leurre ne pèse par contre qu’une cinquantaine de kilos. Sa mise en œuvre ne nécessite que dix minutes à deux personnels formés. Idem pour son reconditionnement avant déplacement, démonstration à la clef lors du lancement du club CAESAR organisée le mois dernier à Canjuers (Var). 

Tactique ancienne quelque peu oubliée par la plupart des armées, le leurrage est revenu au goût du jour au cours d’un conflit russo-ukrainien où « rien ne peut se faire sans être immédiatement détecté par les yeux de l’ennemi », nous rappelle un industriel du secteur. Dans pareil contexte, protéger les armements différenciants, tromper l’ennemi sur ses intentions ou sur l’envergure de ses capacités redevient essentiel. Pour approfondir, mieux vaut se tourner vers « Les opérations de déception » du colonel Rémy Hémez, spécialiste de la question et actuel chef de corps du 3e régiment du génie. 

Apparue il y a un peu plus d’un an, l’idée nécessitait de s’adosser à un industriel expert du segment. Et qui mieux qu’Inflatech, société créée en 2014 en République tchèque, pour y répondre ? Quand l’Occident avait quelque peu perdu de vue le sujet, les pays d’Europe de l’Est ne s’en sont jamais totalement détournés. Le savoir-faire s’y est conservé et revit aujourd’hui par ce spécialiste à la fois du sur-mesure et de la série. 

Cible de haute valeur pour la Russie, l’artillerie automotrice ukrainienne repose notamment sur une cinquantaine de CAESAR 6×6 et 8×8. Il était donc naturel de rajouter cette référence à une gamme comprenant de plus en plus de systèmes occidentaux, dont le char Leopard et le lance-roquettes HIMARS. L’armée tchèque est par ailleurs un client majeur, avec 52 pièces 8×8 commandées et une production en série qui devrait démarrer d’ici à l’été 2024.

Le retour de cette technique de déception exigeait néanmoins une mise à jour pour tenir compte du développement et de la prolifération des systèmes de guerre électronique et de détection. Outil multispectral, ce CAESAR factice va au-delà du visible et intègre un système interne de diffusion d’air chaud afin d’en recopier la signature thermique. Enfin, des réflecteurs habillement positionnés participent à imiter la surface équivalente radar (SER) pour brouiller les pistes dans le champ électromagnétique. 

Inflatech détient la capacité de concevoir un leurre rapidement en partant d’une feuille blanche. Un mois de travail aura suffit pour le CAESAR. Conséquence de cette réactivité, l’entreprise engrange auourd’hui des commandes par centaines d’unités. Un pays du Golfe lui commandait récemment 400 leurres. Des volumes peu surprenants au vu du faible investissement demandé, un système factice ne coûtant que quelques dizaines de milliers d’euros en moyenne. 

Dans l’armée de Terre, le leurrage ressort progressivement des cartons à l’aune d’expérimentations ciblées essentiellement conduites par la 11e brigade parachutistes. L’an dernier, plusieurs de ses régiments avaient profité de l’exercice Manticore pour éprouver de premières idées, tel que ce camion GBC 180 camouflé en CAESAR par le 35e régiment d’artillerie parachutiste. 

Surfant sur cette vague, Inflatech s’est d’emblée rapproché d’une entreprise française pour promouvoir l’idée auprès de l’armée de Terre, laquelle envisagerait d’établir un bataillon de leurrage à Lyon auprès du Centre interarmées des actions sur l’environnement (CIAE). Si l’intérêt est marqué, reste à passer la seconde en lançant éventuellement une évaluation technico-opérationnelle. Et, pourquoi pas, ensuite élargir le spectre ? Passé le CAESAR, d’autres matériels seraient en effet éligibles de part leur rareté et leur valeur sur le terrain, à l’image du Griffon EPC, d’engins de franchissement, du successeur du lance-roquettes unitaire et, bien sûr, du char Leclerc. 

Crédits image : Inflatech

Une riposte modulaire

Ce CAESAR factice n’est qu’un pan de l’éventail de contre-mesures disponibles ou en développement présentées en novembre à Canjuers. Certaines améliorations déjà actées découlent de retours d’expérience engrangés avant le conflit russo-ukrainien. Le lancement du standard 2 du CAESAR 6×6 était officialisé cinq jours avant que les forces russes ne franchissent la frontière ukrainienne. Il amènera une cabine blindée et un moteur de 460 ch, annonciateurs d’une meilleure protection passive pour l’équipage et d’une plus grande mobilité. D’autres briques pourront concourir à sa protection, à l’instar du brouilleur anti-IED BARAGE et du détecteur d’alerte laser ANTARES de Thales. 

À l’image du leurre, le système s’entoure progressivement d’une « bulle » de survivabilité conçue en allant piocher un peu partout dans la filière. Présenté l’an dernier, l’exemple de Solarmtex a depuis lors bien progressé. Partant d’un besoin exprimé par un utilisateur CAESAR du Moyen-Orient, l’entreprise de Vierzon (Cher) mettait au point un complexe textile multicouche capable d’emprisonner de l’air pour créer des barrières thermiques. Ce qui répondait à l’origine à l’enjeu de conservation du système dans des températures maîtrisées pour en garantir les performances est aussi devenu une solution de réduction de la signature thermique.

Conduite depuis plusieurs années, cette voie parallèle doit permettre de mystifier les capteurs adverses en redéfinissant la cartographie thermique. En découle une technologie mature livrée sous forme de kit prototype à des fins de tests. Réalisés par Nexter en lien avec l’armée de Terre et la Direction générale de l’armement (DGA), ces essais sur CAESAR 6×6 ont démontré une réduction de 9° C sur le canon après un tir, ce qui est suffisant pour maintenir le système en dessous de 40° C. L’intérêt confirmé, Solarmtex se positionne aussi sur le 8×8 mais « avec des besoins potentiellement différents ».

Menaces majeures, drones et munitions téléopérées exigent des répliques précises. Là aussi, les industriels sont forces de proposition. Inutile de revenir sur cette version « lutte anti-drones » du blindé Serval, véhicule d’accompagnement que Nexter propose d’armer d’un tourelleau téléopéré ARX 30 et d’un fusil anti-drones. Côté capteurs, de nouveaux radars apparaissent en complément d’un COBRA en service depuis près de deux décennies. Exemple à Canjuers avec le Ground Master 200 Multi Mission Compact (GM200 MM/C) de Thales adopté par les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark. 

Nexter et Thales se sont par ailleurs rapprochés pour accélérer la boucle OODA (observer, s’orienter, décider et agir). Acquisition de cible, coordination des feux, feux et évaluation sont fluidifiés grâce à de nouveaux outils « maison », que sont les évolutions du logiciel ATLAS, la jumelle multifonction Sophie Ultima ou encore le micro-drone Spy’Ranger. Résultat espéré : un gain de réactivité, un adversaire pris de vitesse et une contre-batterie contrecarrée. 

Cette accélération était au cœur d’un exercice de préparation opérationnelle conduit en novembre à Canjuers par le 40e régiment d’artillerie (40e RA). « Du 6 novembre au 5 décembre, dans le cadre d’une préparation à la projection, les artilleurs ont concrétisé l’accélération de la boucle renseignement-feux par l’action combinée de bout-en-bout des drones SMDR [Spy’Ranger 330] et de canons CAESAR », déclarait alors le ministère. Une manoeuvre de réglage des tirs par drone qui relevait jusqu’alors d’expérimentations. D’autres applications sont dans le viseur du Spy’Ranger, dont les capacités de géolocalisation sont compatibles avec la munition de 155 mm guidée Katana en cours de développement chez Nexter. 

Tout comme l’invulnérabilité, la réponse parfaite n’existe pas. Chacune ne se focalise que sur une ou, parfois, plusieurs menaces. Déployées séparément, elles seront inévitablement insuffisantes et c’est bien leur combinaison qui offrira à l’épée le bouclier le plus réactif, évolutif et résilient.

Artillerie : Le ministère ukrainien de la Défense dit vouloir acquérir plus de CAESAr français

Artillerie : Le ministère ukrainien de la Défense dit vouloir acquérir plus de CAESAr français

https://www.opex360.com/2023/12/26/artillerie-le-ministere-ukrainien-de-la-defense-dit-vouloir-acquerir-plus-de-caesar-francais/


Selon le site Oryx, qui documente les pertes subies par les forces ukrainiennes et russes depuis la guerre déclenchée par Moscou le 24 février 2022, six de ces obusiers automoteurs ont été détruits [cinq CAESAr 6×6 et un CAESAr 8×8]. Dans la plupart des cas, ils ont été touchés par une munition téléopérée [MTO, ou drone kamikaze] de type Lancet qui, produite par une filiale du groupe Kalachnikov, a une portée maximale de 40 km. Évidemment, cela pose la question de leur protection contre les drones, ce qui pourrait passer par l’ajout de capacités défensives ou bien par l’amélioration de leur camouflage.

Pour rappel, la portée d’un CAESAr est d’environ 40 km, avec une capacité de tirer six coups en une minute, la sortie de batterie de fait en moins de deux minutes, ce qui limite le risque d’un tir de contre-batterie.

Cela étant, selon le témoignage d’un officier ukrainien récemment rapporté par le quotidien Le Monde, le CAESAr ne serait pas exempt de critiques.

« Votre canon automoteur CAESAr tire très vite et avec une précision d’orfèvre. Mais je l’utilise très peu parce qu’il est très vulnérable et mal adapté aux réalités de la guerre », a confié le colonel Yan Iatsychen, commandant de la 56e brigade d’infanterie motorisée de l’armée ukrainienne.

La « taille importante » de l’obusier, avance Le Monde, en ferait une « cible prioritaire » pour les drones russes [ce qui, au passage, est aussi valable pour les autres obusiers automoteurs…]. « Si je le sors en terrain découvert pour tirer, il devient la cible de tirs de contrebatterie au bout de trois à quatre minutes. Je n’ai pas le temps de l’évacuer hors de la zone de danger », a continué l’officier, qui a dit préférer le canon [tracté] américain M777… Or, selon Oryx, 77 de ces pièces d’artillerie ont été détruites ou endommagées, sur environ une centaine…

Puis il a tenu des propos encore plus surprenants… « Cette dame [le CAESAr] aime trop la propreté. Ses opérateurs sont comme des chirurgiens, toujours avec des gants et des couvre-chaussures, contraints de dormir dedans pour le pas la salir ».

Quoi qu’il en soit, le ministère ukrainien de la Défense ne partage pas la même appréciation du CAESAr que le commandant de la 56e brigade d’infanterie motorisée. Via un communiqué publié le 24 décembre, il a en effet souhaiter en « acquérir davantage » pour répondre aux besoins » de ses forces armées.

« Les CAESAr ont démontré une grande efficacité et une grande précision au combat », a fait valoir le général Ivan Gavryliuk, le vice-ministre ukrainien de la Défense. « Il est très important pour l’Ukraine d’augmenter sa puissance de feu grâce à la fourniture de systèmes d’artillerie par les alliés », a-t-il ajouté.

Ce sera justement la raison d’être de la création, en janvier prochain, d’une « coalition artillerie » qui, devant être dirigée par la France, viendra ainsi s’ajouter à celles précédemment mises en place pour les avions de combat F-16, la défense aérienne et les chars Leopard.

Cela étant, l’armée ukrainienne entend améliorer la conduite de tir du CAESAr en ayant recours à l’intelligence artificielle. Cela « permettra de réduire de 30% l’utilisation de munitions pour viser et atteindre les cibles », a avancé le général Gavryliuk, après avoir annoncé que des essais seraient menés à cette fin en 2024.

Début du passage de témoin pour l’emploi du mortier de 120 mm tracté

Début du passage de témoin pour l’emploi du mortier de 120 mm tracté

Forces opérations Blog – publié le

Des artilleurs vers les fantassins, le passage de témoin pour l’emploi du mortier de 120 mm tracté a démarré à Draguignan (Var). Une première étape vers le reversement de cette capacité d’appui-feu dans l’infanterie, conformément au plan du chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill. 

« La semaine dernière a commencé la formation sur le mortier de 120 mm au profit des référents de l’école de l’infanterie », déclaraient cette semaine les écoles militaires de Draguignan (EMD). Au menu : 15 jours d’appropriation ou de réappropriation théorique de la pièce pour les instructeurs de la cellule mortier de l’école de l’infanterie.

Dispensé par les cadres de l’école de l’artillerie, ce cycle se poursuivra début 2024 dans le Var par deux semaines de formation pratique au sein du camp de Bergerol et s’achèvera par une école à feu sur le camp de Canjuers. 

« Pour l’école de l’infanterie, cette solide séquence de formation représente la toute première étape vers l’acquisition de sa propre capacité à former les instructeurs », indiquent les EMD. Des instructeurs qui, à leur tour, mettront sur pied les noyaux des neufs prochaines sections d’appui mortier 120 des régiments d’infanterie dit « de nouvelle génération ». Au rang des concernés, le 1er régiment d’infanterie, le 2e régiment étranger de parachutistes, le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine ou encore la 13e demi-brigade de la Légion étrangère. 

Cette formation, c’est l’un des signes tangibles d’une dynamique de fond visant à basculer d’une « armée de Terre de contact » à une « armée de Terre de combat ». Les régiments d’infanterie, pour ne citer qu’eux, seront à terme plus ramassés mais dotés de capacités renforcées. Le retour du mortier s’accompagne ainsi de la mise sur pied d’une section de guerre électronique par régiment, du déploiement de munitions téléopérées et de robots terrestres, et de la densification des capacités antichars. 

Crédits image : EMA

Artillerie : L’Italie va pouvoir se procurer 21 systèmes M142 HIMARS américains pour 370 millions d’euros

Artillerie : L’Italie va pouvoir se procurer 21 systèmes M142 HIMARS américains pour 370 millions d’euros

 

https://www.opex360.com/2023/12/16/artillerie-litalie-va-pouvoir-se-procurer-21-systemes-m142-himars-americains-pour-370-millions-deuros/


Sur ce dernier point, l’Italie devra en effet finaliser la mise en service des chasseurs-bombardiers F-35A et F-35B et soutenir le programme GCAP [Global Combat Air Program] au sein duquel elle est associé avec le Royaume-Uni et le Japon afin de développer un avion de combat de 6e génération. Et cela va s’ajouter à ses ambitions dans le secteur naval.

Seulement, dans le même temps, et selon sa programmation budgétaire pluriannuelle 2023-25 [le « Documento programmatico pluriennale ou DDP], le ministère italien de la Défense envisage un effort significatif au profit de ses forces terrestres. Ainsi, il est question de moderniser 125 chars Ariete, d’acquérir 133 Leopard 2A8, de participer au programme franco-allemand MGCS [Main Group Combat System – Système principal de combat terrestre] et de lancer le projet AICS [Armored Infantry Combat System], qui vise à développer une famille de véhicules blindés selon une approche « multi-domaines » pour l’infanterie mécanisée.

La liste ne s’arrête pas là puisque le DDP prévoit également de renforcer significativement la capacité de « feux dans la profondeur » de l’artillerie italienne, laquelle relève du 5º Reggimento Artiglieria Terrestre « Superga ».

Actuellement, cette unité est doté de 21 lance-roquettes multiples M270 MLRS, qu’il est prévu de porter au standard M270A2, afin d’améliorer leur conduite de tir [avec le CFCS, pour Common Fire Control System] et de leur permettre de tirer des munitions GLMRS ER [d’une portée supérieure à 150 km] ainsi que le nouveau missile américain PrSM [Precision Strike Missile, capable de toucher une cible à 500 km de distance]. Cette modernisation vise également à améliorer leur motorisation [avec un moteur de 600 chevaux] et leur protection.

Cela étant, le 5º Reggimento Artiglieria Terrestre sera bientôt réorganisé afin de pouvoir mettre en œuvre 21 systèmes M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] de conception américaine. Ce projet devrait bientôt se concrétiser puisque la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains, a donné son feu vert à l’achat de telles pièces d’artillerie par l’Italie.

En effet, dans un avis publié le 15 décembre, la DSCA recommande au Congrès d’accepter la vente « potentielle » de 21 systèmes M142 HIMARS à l’Italie, pour un montant estimé à 400 millions de dollars [environ 370 millions d’euros]. À noter que les munitions ne sont pas prises en compte dans cette évaluation.

« Ce projet de vente soutiendra la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis en contribuant à améliorer la sécurité d’un allié de l’Otan, qui est un partenaire important pour la stabilité politique et le progrès économique en Europe », justifie la DSCA.

« L’Italie demande ces capacités pour assurer la défense des troupes déployées, la sécurité régionale et l’interopérabilité avec les États-Unis », poursuit l’agence américaine.

Depuis le début de la guerre en Ukraine [et excepté le cas particulier de l’armée ukrainienne], l’Italie sera le quatrième pays à se doter de M142 HIMARS, après la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie. Dans le même temps, les Pays-Bas et le Danemark [probablement bientôt suivis par l’Allemagne] ont fait le choix du système israélien Euro-PULS. Quant à la France, elle entend développer sa propre capacité, avec l’objectif de doter l’armée de Terre avec seulement 13 systèmes d’ici 2030 [et d’au moins 26 à l’horizon 2035].

Le couple « drones/CAESAr » est désormais intégré à la préparation opérationnelle des régiments d’artillerie

Le couple « drones/CAESAr » est désormais intégré à la préparation opérationnelle des régiments d’artillerie

https://www.opex360.com/2023/12/11/le-couple-drones-caesar-est-desormais-integre-a-la-preparation-operationnelle-des-regiments-dartillerie/


En effet, lors de son dernier point presse, le 7 décembre, le ministère des Armées a fait savoir que la campagne de tirs que venait d’effectuer, durant cinq semaines, le 40e Régiment d’Artillerie [RA], avait pris en compte, pour la première fois, « l’accélération de la boucle renseignement-feux » lors d’une préparation opérationnelle.

Et cela grâce à l’association du CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie, d’une portée de 42 km] avec le Système de mini-drones de reconnaissance [SMDR], ce dernier permettant de collecter du renseignement, de désigner les coordonnées d’une cible, de transmettre une demande de tir via le système ATLAS [automatisation des tirs et liaisons de l’artillerie sol/sol] et d’évaluer les dommages infligés à l’adversaire.

Ainsi, avec le SMDR, souligne l’armée de Terre, il est désormais possible de « développer un lien direct permettant un tir en quelques minutes ». Évidemment, les drones viennent compléter les équipes d’observateurs avancés [FO] et les VAB OBS [Véhicule de l’Avant Blindé-OBServateur], en voie d’être remplacés par le Griffon VOA [« version observation d’artillerie »].

Cette « accélération de la boucle renseignement-feux » a été rendue possible par les performances de ces nouveaux mini-drones de reconnaissance, encore appelés « Spy’Ranger ». Développés par Thales, ils disposent d’une autonomie de 2h30 et, surtout, de la capacité de transmettre un flux vidéo en haute définition, de manière sécurisée, sur une distance d’au moins 30 km [contre 10 km pour les Drones de renseignement au contact – ou DRAC – qu’ils ont remplacés].

Sept armées se rapprochent pour écrire une nouvelle page de l’histoire du CAESAR

Sept armées se rapprochent pour écrire une nouvelle page de l’histoire du CAESAR

– Forces opérations Blog – publié le

Sept pays ont formalisé hier la création d’un club dédié au CAESAR, lieu d’échanges privilégié pour progresser conjointement sur les évolutions techniques et l’emploi d’un système d’artillerie pour lequel l’intérêt va croissant.Quel meilleur cadre que le musée de l’artillerie pour écrire une nouvelle page de l’histoire du CAESAR ? C’est en son sein, au coeur des écoles militaires de Draguignan, que naissait un club consacré à ce système d’artillerie, fruit d’une initiative lancée en janvier dernier par le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, et le PDG de KNDS France, Nicolas Chamussy.

Sept pays utilisateurs et futurs utilisateurs se sont succédés pour signer la charte fondatrice : la France, la Belgique, la Thaïlande, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, la République tchèque et la Lituanie. Cinq autres délégations étrangères complétaient l’assistance, autant de prospects susceptibles de parier à leur tour sur la gamme CAESAR et d’élargir le cercle par la suite. 

Cet engagement « est la pierre angulaire de cette formidable entreprise de coopération internationale », déclarait en préambule le général Alain Lardet, représentant du CEMAT et actuel sous-chef plans-programmes au sein de l’état-major de l’armée de Terre.

« L’artillerie a retrouvé récemment une place prépondérante sur l’échiquier militaire. (…) Les leçons apprises du Haut-Karabagh, les combats qui font rage à l’est de l’Europe, le rôle non démenti des appuis-feux dans les opérations de stabilisation : tous les conflits contemporains nous rappellent la primauté d’une artillerie », soulignait l’ancien commandant de la Légion étrangère. 

« Dans un cycle d’évolutions technologiques où chaque acteur s’adapte toujours plus rapidement, le CAESAR incarne cette supériorité technologique et cette capacité de domination par les feux. (…) Pour autant, et ne nous y trompons pas, cette excellence opérationnelle du CAESAR n’est ni un acquis, ni une fin en soi », complétait le général Lardet. 

Espace de dialogue autant qu’incubateur d’idées, ce club CAESAR s’inscrit parfaitement dans une « quête perpétuelle » d’évolutions qui requiert « énergie, moyens et capacités à innover ». Loin du consortium de circonstance, ce qui sera aussi un canal de diffusion des retours d’expérience « doit nous permettre de nous réinventer » et contribuera à faire naitre de nouveaux concepts d’emploi sur les plans technique, tactique et du soutien. 

Acheteuse en 2022 d’un premier lot de neuf CAESAR Mk II, la Belgique consolide par là sa position de partenaire de premier rang de l’armée de Terre. Pour un officier de la délégation belge, ce club « ouvre la possibilité de gagner en expérience sur un système d’arme que nous percevrons seulement en 2027. Cela permet de préparer l’avenir en établissant des contacts avec les partenaires français, qu’il s’agisse des unités opérationnelles ou de l’école de l’artillerie car nous prévoyons de former nos instructeurs ici, à Canjuers et à Draguignan ». 

Inaugurée par un tir de canon de 75, cette journée inaugurale s’est poursuivie sur le camp de Canjuers (Var), lieu retenu pour accueillir une démonstration dynamique conduite par le 35e régiment d’artillerie parachutiste ainsi qu’un « village d’innovations » propres à répondre aux enjeux actuels et futurs. 

Crédits image : armée de Terre

Ces commandes d’armements prioritaires anticipées en 2023

Ces commandes d’armements prioritaires anticipées en 2023

– Forces opérations Blog – publié le

L’anticipation, un terme plusieurs fois visible dans le budget 2024 de la mission Défense et que le ministère des Armées a traduit en actes en avançant plusieurs commandes inscrites dans la prochaine loi de programmation militaire, principalement au profit de l’armée de Terre.

Pourquoi reporter à l’an prochain ce qui peut être anticipé dès maintenant grâce aux 2,1 milliards de crédits ouverts en fin de gestion 2023 au bénéfice des armées ? C’est le choix défendu ce mardi par leur ministre, Sébastien Lecornu. 

« Cette somme nous permet d’anticiper certaines commandes prioritaires, rendues possibles par l’économie de guerre », expliquait le ministre en séance publique au cours des débats entourant l’adoption du PLF 2024. Des achats financés par le budget 2023 et qui, en s’intégrant aux tableaux d’équipement de la LPM 2024-20203, « rendront la première année de programmation soutenable et efficace, quant à la masse des équipements comme pour leur cohérence », ajoutait-il.

Ainsi, 226 M€ de crédits de paiement ont permis l’acquisition de 130 missiles sol-air Mistral, de 1300 missiles antichars (MMP) et de six canons CAESAR. Si ces derniers permettront de progresser dans le renouvellement du parc, l’effort sur les MMP est lui aussi significatif. D’un bloc, le ministère aura commandé l’équivalent de plus de 40% de la cible fixée d’ici à 2030 pour l’armée de Terre. 

« Une deuxième série d’anticipations de commandes correspond aux différents contrats opérationnels votés dans le tableau du rapport annexé à la loi de programmation militaire », complétait Sébastien Lecornu. Un bloc de 639 M€ comprenant notamment la commande de 35 véhicules blindés Griffon mais aussi de huit hélicoptères NH90 au standard FS, un complément aux dix exemplaires déjà prévus « qui constituait l’une des grandes urgences identifiées durant la préparation de la LPM ».

Pour le ministre, ces décisions et la « digestion » rapide des crédits qu’elles impliquent participeront à « assurer la continuité entre la LPM qui s’achève et celle qui s’ouvrira en 2024 ». « Tirant les leçons du passé, nous avons veillé à assurer de bonnes conditions d’entrée à la première année de la LPM 2024-2030 », concluait-il. 

Crédits image: État-major des armées