Des véhicules blindés chinois repérés dans la région de Donetsk en Ukraine

Des véhicules blindés chinois repérés dans la région de Donetsk en Ukraine

La présence de véhicules blindés chinois sur le champ de bataille ukrainien a récemment été confirmée, avec des images montrant des Tiger 4×4 utilisés par les forces russes. Cette découverte soulève des questions sur l’implication internationale dans le conflit.

Par La rédaction d’Armées.com – Publié le 24 septembre 2024

Vehicules Blindes Chinois Reperes Region Donetsk Ukraine
Des véhicules blindés chinois repérés dans la région de Donetsk en Ukraine – © Armees.com

La présence de véhicules blindés d’origine chinoise sur le champ de bataille ukrainien soulève de nouvelles interrogations sur l’implication internationale dans le conflit. Des images circulant sur les réseaux sociaux russes ont révélé l’utilisation de véhicules blindés Tiger 4×4 par les forces russes dans la région de Donetsk. Cette découverte met en lumière l’évolution du soutien matériel étranger à l’opération militaire de Moscou en Ukraine.

L’arrivée des « Tigres » chinois sur le front ukrainien

Les véhicules Tiger, également connus sous le nom de ZFB-05 Xinxing, ont été repérés en action aux mains des troupes russes. Ces blindés légers, fabriqués par l’entreprise chinoise Shaanxi Baoji Special Vehicles Manufacturing, témoignent de l’internationalisation croissante du matériel militaire utilisé dans ce conflit. Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la région russe de Tchétchénie, a confirmé en juin 2023 la réception d’un premier lot de ces véhicules chinois par les forces russes.

Les Tiger se distinguent par leur polyvalence et leur capacité d’adaptation à diverses missions :

  • Patrouilles
  • Postes de commandement mobiles
  • Ambulances
  • Transport de troupes

Avec un équipage de deux personnes et la possibilité de transporter neuf fantassins équipés, ces véhicules renforcent considérablement les capacités de mobilité des forces spéciales sur le terrain. Leur présence soulève des questions sur le rôle de la Chine dans le conflit, bien que Pékin ait constamment appelé à une résolution pacifique de la guerre.

Modifications et adaptations pour le théâtre ukrainien

Les images partagées montrent que les Tiger ont subi plusieurs modifications pour s’adapter aux conditions spécifiques du front ukrainien. Ces améliorations incluent :

Ces adaptations démontrent la flexibilité du Tiger et sa capacité à évoluer selon les besoins opérationnels. Elles reflètent également l’expérience acquise par les forces russes face aux tactiques ukrainiennes, notamment l’utilisation intensive de drones.

Implications géopolitiques de l’utilisation de matériel chinois

L’apparition de véhicules blindés chinois dans le conflit ukrainien soulève des questions sur l’équilibre des relations internationales. Bien que la Chine maintienne officiellement une position neutre, la présence de ses équipements militaires sur le champ de bataille pourrait être interprétée comme un soutien tacite à la Russie.

Cette situation met en lumière la complexité des échanges d’armements à l’échelle mondiale. Le Tiger, présenté pour la première fois au salon Eurosatory de Paris en 2012, a depuis été exporté vers plusieurs pays, dont la Bolivie, le Tadjikistan et la Somalie. Son utilisation en Ukraine illustre comment les équipements militaires peuvent circuler à travers différents théâtres d’opérations, parfois de manière inattendue.

L’intégration de ces véhicules dans l’arsenal russe pourrait également influencer les stratégies de défense occidentales. Les alliés de l’Ukraine pourraient être amenés à réévaluer leurs propres fournitures d’équipements pour contrer cette nouvelle menace, potentiellement en accélérant le développement de nouveaux chars de combat ou en renforçant leurs capacités anti-blindés.

Perspectives d’évolution du conflit

L’introduction des Tiger chinois sur le front ukrainien pourrait marquer un tournant dans la dynamique du conflit. Ces véhicules offrent aux forces russes de nouvelles options tactiques, notamment pour les opérations de reconnaissance et les assauts rapides. Leur déploiement dans des zones sensibles comme Bucha, Marioupol ou Bakhmut, où les unités tchétchènes ont acquis une réputation controversée, pourrait intensifier les combats.

Face à cette évolution, les forces ukrainiennes et leurs alliés devront probablement :

  1. Adapter leurs stratégies de défense anti-blindés
  2. Renforcer leurs capacités de reconnaissance pour détecter ces nouveaux véhicules
  3. Développer des contre-mesures spécifiques, notamment contre les protections anti-drones

L’utilisation de véhicules blindés chinois en Ukraine souligne la nature globale et complexe des conflits modernes. Elle met en évidence l’interdépendance des industries de défense et la difficulté de maintenir des lignes claires entre les parties impliquées dans un conflit international. Alors que la situation continue d’évoluer, l’impact de ces nouveaux équipements sur le terrain restera un sujet de préoccupation majeur pour tous les acteurs concernés.

La France et le Royaume-Uni préparent un nouvel accord militaire

La France et le Royaume-Uni préparent un nouvel accord militaire


La France et le Royaume-Uni relancent leur plan commun en matière de défense. Les deux pays évoquent « un contexte de menace renouvelée pour l’Europe en raison du conflit en Ukraine. Le Royaume-Uni cherche à conclure de nouveaux accords bilatéraux avec des partenaires clés du continent, dont la France. 

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Le secrétaire britannique à la Défense, John Healey, a déclaré à Politico qu’il prévoyait de relancer l’accord de Lancaster House, un pacte de défense signé entre le Royaume-Uni et la France en 2010, « en reconnaissance des menaces croissantes émanant d’acteurs hostiles ». Le cabinet du Premier ministre britannique, Keir Starmer, entré en fonction seulement en juillet, souhaite relancer les relations avec Paris dans ce domaine. 

Signés le 2 novembre 2010 par le président français, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, les traités de Lancaster House ont permis d‘établir un partenariat de défense et de sécurité solide entre la France et le Royaume-Uni. Cela obligeait les deux pays à coopérer plus étroitement dans le développement d’équipements militaires. 

Le renouvellement de l’accord portera sur le renforcement de la coopération entre les deux pays « à la lumière des activités hostiles de la Russie », rapporte Politico qui signale que le plan mis à jour fera partie d’une campagne plus large visant à reconnaître le « rôle accru de la défense dans la diplomatie ». 

Plus tôt en septembre, Keir Starmer a rencontré les alliés du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine en Allemagne. Lors de ce voyage, il a fait savoir que le moment est venu de renégocier le traité avec la France. Au cours de ce voyage, il a, selon le média anglophone, déclaré que c’était « le bon moment » pour revoir le traité avec la France et qu’il était « confiant que les Français voudront pousser ce degré de coopération plus loin ». 

Cette décision, a-t-il rajouté, représente « exactement ce que nous avions dit avant les élections, à savoir que nous serons un gouvernement qui restaurera les relations du Royaume-Uni avec l’Europe et en particulier avec les principaux pays européens ». 

Peu de temps après son entrée en fonction, Keir Starmer a stipulé qu’il souhaitait forger une « nouvelle approche » des relations de Londres avec l’Europe, y compris un tout nouveau pacte de sécurité avec l’UE. La soi-disant « réinitialisation » des relations européennes du Royaume-Uni a été annoncée dans le manifeste du Parti travailliste : « Nous renouerons avec nos alliés et forgerons de nouveaux partenariats pour assurer la sécurité et la prospérité au pays et à l’étranger ». 

Le nouveau Premier ministre britannique a déjà eu trois réunions bilatérales avec le président français, Emmanuel Macron, à Washington, au Royaume-Uni et en France. 

Par ailleurs, Londres renforce ses relations avec Berlin. L’équipe de négociation britannique est arrivée en Allemagne cette semaine pour commencer à peaufiner les détails de l’accord bilatéral annoncé par Keir Starmer et le chancelier allemand, Olaf Scholz, lors du récent sommet de l’OTAN, précise Politico. Les parties se concentreront sur un programme commun de missiles.

Euronews soulignait le 13 septembre dernier que « les États-Unis et le Royaume-Uni envisageraient d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles Storm Shadow, en partie de fabrication britannique, pour frapper des cibles situées plus profondément à l’intérieur de la Russie ». Joe Biden et Keir Starmer ont discuté des missiles longue portée pour Kiev. 

Libération rappelait : « Pour Emmanuel Macron, l’Ukraine doit pouvoir frapper les bases russes d’où sont tirés les missiles ». « Le président français a estimé que Kiev doit pouvoir frapper certaines bases russes avec des armes occidentales », a précisé le quotidien françajs. Le Monde titrait : « Emmanuel Macron prêt à autoriser l’Ukraine à frapper les sites militaires russes avec des missiles livrés par la France ». 

Pierre Duval

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n’engagent que la responsabilité des auteurs

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6315

La Chine commence à mener des opérations de « liberté de navigation »

La Chine commence à mener des opérations de « liberté de navigation »

par Alex Wang – Revue Conflits – publié le 16 septembre 2024

https://www.revueconflits.com/la-chine-commence-a-mener-des-operations-de-liberte-de-navigation/


À l’image des opérations de liberté de navigation menées depuis des années près de ses côtes, la Chine commence à afficher sa présence militaire à proximité de ces mêmes pays, parfois en collaboration avec la Russie. Cela suscite des réactions de surprise de la part des nations qui en étaient à l’origine. Avec l’augmentation des tensions et des rencontres plus fréquentes, il devient crucial que tous les acteurs fassent preuve de plus grande prudence afin de réduire les risques de malentendus ou d’incidents militaires.

Freedom of Navigation Operations (FONOPs)

Bien que les États-Unis ne soient pas signataires de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS : United Nations Convention on the Law of the Sea), [1]  qui définit le cadre juridique des opérations dites de « Liberté de navigation » (Freedom of Navigation Operations, ou FONOPs), ils mènent régulièrement de telles opérations, avec une intensification notable ces dernières années, notamment à proximité de la Chine, en mer de Chine méridionale. D’autres membres du G7 suivent de près l’exemple américain. Selon eux, ces opérations ont pour objectif de réaffirmer le droit de passage inoffensif dans les eaux internationales, même si les routes maritimes commerciales de cette zone n’ont jamais été entravées.

Les FONOPs se sont intensifiées, avec une augmentation notable depuis 2015 sous l’administration Obama. Cette politique a été maintenue et renforcée sous les administrations suivantes de Trump et Biden. Les opérations ont été menées régulièrement, souvent plusieurs fois par an.Durant la période 2020 – 2023, les États-Unis ont mené environ 8 à 12 FONOPs par an en mer de Chine méridionale. Ces opérations impliquent souvent des destroyers ou des croiseurs américains. Les opérations sont également parfois soutenues par des survols d’avions de reconnaissance ou de bombardiers américains.

La Chine réagit régulièrement aux FONOPs en dénonçant ces opérations comme des provocations et des violations de sa souveraineté. Les forces armées chinoises (notamment la marine et les garde-côtes) suivent souvent de près les navires américains et ceux de ses alliés, et il y a eu des incidents de quasi-collision ou de tensions accrues entre les parties.

Pour les Chinois, ces opérations menées par les États-Unis et leurs alliés sont perçues comme du sel sur des plaies encore ouvertes. Ils considèrent que ces passages de navires et d’avions de guerre ne sont pas innocents, d’autant plus que les pays qui les réalisent sont les mêmes qui ont tenté de coloniser la Chine par la force durant le « siècle des humiliations ». L’histoire laisse des traces et suscite des réactions actuelles. La Chine estime qu’elle dispose désormais de la puissance nécessaire pour faire entendre sa voix et considère qu’il est temps de le faire dans le cadre du droit international.

Des silhouettes inhabituelles dans des zones inhabituelles

Récemment, des rapports ont signalé la présence accrue de navires et d’avions militaires chinois à proximité des côtes américaines, anglaises et françaises. Les silhouettes inhabituelles ont été aperçues dans les zones inhabituelles. Examinons quelques cas.

Cas 1 et 2 : Le 8 juillet, peu avant le sommet de l’OTAN à Washington, la Chine a envoyé des troupes de l’Armée populaire de libération pour participer à des exercices militaires en Biélorussie, près de la Pologne, ce qui peut être interprété comme un message stratégique montrant la capacité de la Chine à projeter des forces loin de ses frontières et sa proximité avec Minsk et Moscou. Peu après, le 10 juillet, la garde côtière américaine a signalé la présence de quatre navires militaires chinois près des îles Aléoutiennes, en Alaska, déclarant que cette présence respectait les normes internationales. Ces événements illustrent l’expansion des activités militaires chinoises en dehors de ses zones traditionnelles.[2]

Cas 3 : Le 24 juillet 2024, des avions militaires chinois et russes ont survolé la mer de Béring près de l’Alaska, mais sont restés dans l’espace aérien international sans pénétrer dans l’espace souverain des États-Unis ou du Canada. Le NORAD a intercepté deux bombardiers russes TU-95 et deux avions chinois H-6 dans la zone d’identification de défense aérienne de l’Alaska (ADIZ).[3]

Cas 4 : Le 28 juillet, deux navires chinois, le destroyer CNS « Jiaozuo » et le pétrolier-ravitailleur CNS « Honghu », ont participé à la Journée de la marine russe à Saint-Pétersbourg, puis ont effectué un exercice avec une corvette russe dans le golfe de Finlande avant de retourner en Chine. Les navires chinois, lourdement armés et équipés de radars sophistiqués, ont été surveillés tout au long de leur voyage par diverses marines européennes, notamment lors de leur passage près des côtes portugaises, françaises, britanniques, et belges. La Royal Navy a coordonné la surveillance avec plusieurs autres navires et un hélicoptère pour suivre le duo chinois, démontrant ainsi l’attention portée par les forces occidentales à la présence militaire chinoise en Europe.[4]

Cas 5 : Le mois dernier, le destroyer américain USS Rafael Peralta a rencontré des navires de la marine chinoise lors d’une patrouille dans le Pacifique occidental, signalant que les forces chinoises opèrent de plus en plus loin de leurs côtes. Les interactions entre les navires américains et chinois ont été qualifiées de « sûres et professionnelles » par un porte-parole de la Septième Flotte des États-Unis. Le Rafael Peralta, basé au Japon et armé de missiles et d’un canon principal, a également été impliqué dans la protection de Guam lors des déploiements chinois et russes dans la région, bien que cette mention ait ensuite été retirée d’une publication officielle.[5]

Une plus grande prudence est nécessaire

La Chine commence, donc, à pratiquer la liberté de navigation comme d’autres pays. Ces passages ont été conformes au droit international, ils reflètent l’influence croissante de ce pays réémergé dans les affaires maritimes mondiales et ont servi de rappel de la complexité des relations internationales actuelles. C’est un fait à accepter comme les opérations de liberté de navigation effectuées par d’autres pays. Cela ne signifie pas que la Chine soit un ennemi systémique des États-Unis ou de l’OTAN. Notre analyse ne devrait pas tomber dans la logique du double standard.

En même temps, avec l’augmentation des tensions et des rencontres plus fréquentes, il devient crucial que tous les acteurs fassent preuve de plus grande prudence afin de réduire les risques de malentendus ou d’incidents militaires.


[1] Convention de Montego Bay (CNUDM) et droit de la mer, GéoConfluence, Texte original : (ST et MCD). Dernières modifications (JBB), novembre 2022, mars 2023, mai 2024

[2] Laurent Lagneau, Au moins quatre navires de guerre chinois sont surveillés par l’US Coast Guard au large de l’Alaska, Zone militaire Open360.com, 11 juillet 2024

[3] Paolo Garoscio, Sécurité aérienne : des bombardiers russes et chinois au-dessus de l’Alaska, Armée, le 26 juillet 2024

[4] Laurent Lagneau, Le patrouilleur « Commandant Blaison » a surveillé deux navires de guerre chinois près des côtes françaises, Zone militaire Open360.com, 10 août 2024

[5] Newsweek, U.S. Warship Encountered Chinese Vessels on Pacific Patrol, Navy Says, Aug 12, 2024

JOP 2024 : 85 télépilotes tombés dans les filets des armées françaises

JOP 2024 : 85 télépilotes tombés dans les filets des armées françaises

– Forces opérations Blog – publié le

Dans les airs aussi, la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques se sera déroulée sans écueil majeur. Coordonnée par l’armée de l’Air et de l’Espace, cette mission aura notamment conduit à l’interpellation de 85 télépilotes de drones. 

Les JOP finis, l’heure est au bilan pour les militaires engagés dans la sécurisation du ciel français, un volet qui s’est appuyé sur un socle de posture permanente de sureté aérienne (PPS-A) renforcé et complété par des dispositifs particuliers de sûreté arienne (DPSA) établis à Paris et Marseille. Principaux résultats : 90 interceptions réalisées au cours de 350 missions et 85 télépilotes interpellés, dont deux grâce au drone Reaper. 

Ce dispositif multicouches « hors normes de par l’ampleur, la durée et l’empreinte territoriale » aura nécessité d’employer l’essentiel des moyens antiaériens et de lutte anti-drones (LAD) dont disposent les armées, avec quelques « premières capacitaires » à la clef. Ainsi, les systèmes VL MICA fraîchement perçus sont venus compléter le système MAMBA, les Crotale NG et les trois sous-groupements tactiques d’artillerie sol-air MISTRAL de l’armée de Terre. 

La seule LAD aura mobilisé en simultané « une quinzaine de systèmes lourds et plusieurs dizaines d’équipes légères ». Derrière les MILAD, PARADE et autres fusils brouilleurs NEROD RF, deux radars Giraffe 1X ont été utilisés à Paris et Marseille pour compléter les systèmes lourds. Des radars 3D multimissions, compacts, produits par le groupe suédois Saab et qui, à première vue, viennent d’entrer dans l’arsenal français. 

L’effort était également interalliés. Les Espagnols ont contribué à la protection du ciel marseillais avec un systèmes NASAMS. La Royal Air Force a fait de même au-dessus d’un site paralympique parisien avec l’outil LAD ORCUS, déjà déployé en 2012 lors des JO de Londres. Des fusils brouilleurs HP 47 prêtés par l’Allemagne et conçus par la société allemande HP sont par ailleurs venus renforcer les moyens de brouillage déployés sur l’ensemble de la France. 

Si les téléopilotes fautifs étaient « principalement des touristes ignorant la réglementation en vigueur », deux autres sont le résultat d’une interception d’opportunité sans lien avec les JOP. Le 4 septembre, « le système mis en place pour assurer en particulier la protection de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle a détecté un drone de modèle inconnu, aux abords d’une prison », indique l’armée de l’Air et de l’Espace. 

Relayée aux forces de sécurité intérieure, l’information aura permis d’arrêter deux télépilotes en train de livrer des matériels illégaux dans un établissement pénitentiaire. « La coordination interministérielle au sein de la chaîne de lutte anti-drones a fait, une nouvelle fois, la preuve de son efficacité », se félicite l’armée de l’Air et de l’Espace. 

Crédits image : AAE

Guerre en Ukraine : la Russie réalise un exercice militaire XXL avec la Chine

Guerre en Ukraine : la Russie réalise un exercice militaire XXL avec la Chine

Par Cédric Bonnefoy* – armees.com –  Publié le 11 septembre 2024

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Guerre en Ukraine : la Russie réalise un exercice militaire XXL avec la Chine – © Armees.com

 

Dans un contexte de guerre en Ukraine, la Russie montre les muscles. Moscou participe à un exercice militaire d’énorme envergure avec la Chine. L’opération se déroule dans le Pacifique et nécessite la participation de milliers d’hommes.

En pleine guerre en Ukraine, la Russie affiche sa puissance

Dans un contexte où la guerre en Ukraine s’intensifie, la Russie affiche une démonstration de force colossale. En effet, elle participe à des exercices militaires massifs. Ces derniers sont orchestrés en collaboration avec la Chine. La manœuvre, baptisée « Océan-2024 », mobilise plus de 90 000 soldats, 400 navires et 120 aéronefs. Il s’agit d’une manœuvre d’une ampleur sans précédent depuis « trois décennies » selon Vladimir Poutine. De plus, elle se déroule dans des zones stratégiques, telles que le Pacifique et l’Atlantique.

L’objectif est de tester les capacités militaires russes tout en renforçant les liens avec Pékin. L’exercice Océan-2024, s’étendant sur plusieurs océans et mers, permet également de tester l’efficacité des troupes à utiliser des armes de haute précision et à défendre les routes maritimes.

Depuis le début de l’invasion en Ukraine en février 2022, les relations sino-russes se sont considérablement resserrées. En effet, la Chine n’a jamais condamné cette offensive. De plus, elle renforce ses collaborations militaires avec Moscou. Ainsi, cet exercice militaire de grande ampleur reflète cette alliance stratégique. Le président Vladimir Poutine, lors de son discours d’ouverture, a dénoncé les « actions agressives » des États-Unis et de leurs alliés dans la région Asie-Pacifique. Ce dernier affirme que la Russie doit se préparer à toute éventualité, ce qui souligne l’importance de cet exercice pour affirmer leur puissance.

Une démonstration de force, un message à l’Occident

Avec la participation de la Chine, cet exercice militaire vise aussi à envoyer un message clair aux puissances occidentales. Selon Moscou, ces manœuvres témoignent de la montée en puissance de la coopération militaire sino-russe, un partenariat qui devient de plus en plus préoccupant pour les États-Unis et ses alliés. En effet, le Japon a récemment signalé la présence de navires chinois naviguant vers la Russie dans la mer du Japon, ce qui n’a fait qu’exacerber les tensions dans la région.

D’autre part, cette mobilisation militaire impressionnante survient dans un contexte où les pays occidentaux, menés par les États-Unis, augmentent leur présence dans la région Asie-Pacifique, ce qui est perçu comme une menace par Moscou et Pékin. Cette démonstration de force est donc un moyen pour ces deux nations de réaffirmer leur influence. Mais aussi, de rappeler leur capacité à agir en tandem pour défendre leurs intérêts communs surtout dans un contexte de guerre en Ukraine.

*Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.

NGRC : Airbus, Leonardo et Sikorsky sélectionnés pour plancher sur l’hélicoptère militaire de demain

NGRC : Airbus, Leonardo et Sikorsky sélectionnés pour plancher sur l’hélicoptère militaire de demain


A l’occasion du salon Farnborough, fin juillet, l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) a notifié trois contrats de développement à Airbus Helicopters, Lockheed Martin Sikorsky, et Leonardo pour la réalisation d’études conceptuelles détaillées dans le cadre du programme « Next Generation Rotorcraft Capability » (NGRC) de l’OTAN.

Pour rappel, le programme NGRC a été lancé fin 2020 à l’initiative de la France, de l’Italie, du Royaume-Uni, de la Grèce et de l’Allemagne, rejoints par la suite par les Pays-Bas et le Canada, tandis que les États-Unis et l’Espagne conservent un rôle d’observateur au sein du programme. Il vise à concevoir une nouvelle génération d’hélicoptère de transport et d’assaut, dont les caractéristiques générales avaient été abordées dans un précédent article. A la clé : le remplacement de près d’un millier d’hélicoptères de manœuvre à partir de 2035.

Des industriels européens enfin impliqués dans le NGRC

Les trois contrats qui viennent d’être signés forment le cinquième et dernier volet des études préliminaires lancées dans le cadre du NGRC. Rappelons que, outre deux volets portant respectivement sur les technologies et les concepts opérationnels, menés par les états membres eux-mêmes, deux autres volets avaient déjà été attribués à des industriels : une étude portant sur les modes de propulsion pour les futurs hélicoptères, confiée à GE Aerospace, et une autre portant sur les architectures ouvertes et les écosystèmes numériques confiée à Lockheed Martin. Deux industriels américains, alors même que Washington n’a qu’un rôle d’observateur dans ce programme.

Vue d'artiste 3D d'un concept de NGRC d'Airbus
Airbus a dévoilé une vue d’artiste présentant un hélicoptère futuriste d’allure conventionnelle, mais présentant de petites hélices propulsives pour gagner en vitesse en autonomie. Reste à voir si ce sera représentatif de la proposition de l’hélicoptériste européen pour le NGRC. © Airbus

Une situation qui semble enfin s’inverser avec la sélection de deux industriels européens, Airbus et Leonardo, aux côtés de l’américain Sikorsky, filiale de Lockheed Martin. Chacun sera chargé de « réaliser des études détaillées sur les concepts de plateforme dans le cadre du programme Next Generation Rotorcraft Capability (NGRC). » Pas question donc, pour le moment, de financer le développement de prototypes ou même de démonstrateurs, mais simplement de proposer une architecture capable de répondre aux attentes de l’Alliance.

Un NGRC qui s’éloigne du Future Vertical Lift américain… pour l’instant.

Il faudra attendre un peu plus d’un an pour connaître plus en détail ces différentes architectures, même si chaque industriel a déjà exposé son approche générale. Leonardo devrait ainsi continuer dans la voie des rotors basculants (tilt-rotors), déjà adopté pour son AW609 destiné au marché civil. Airbus, de son côté, va sans doute proposer un dérivé de son RACER, en intégrant des hélices propulsives sur une architecture d’hélicoptère relativement conventionnelle. Lockheed Martin Sikorsky, de son côté, va ainsi profiter de ses travaux sur le X2, le S-97 Raider et le SB-1 Defiant, et présenter un engin doté de deux rotors contrarotatifs.

Lockheed Martin Sikorsky : qui perd gagne ?

La sélection par l’OTAN de Lockheed Martin Sikorsky est intéressante à plus d’un titre. Ces dernières années, le géant américain a déployé de gros efforts pour convaincre la NSPA du bien-fondé de sa formule, particulièrement depuis l’échec du SB-1 Defiant dans le cadre du programme FLRAA de l’US Army, et plus encore après l’abandon du programme FARA avant même le premier vol du S-97 Raider. Dès lors, Sikorsky n’a pas d’autre solution que de viser le marché européen – et les fonds de développement de l’OTAN – afin de rentabiliser ses nombreux investissements.

Sikorsky, désormais filiale de Lockheed Martin, s’appuiera sur ses précédents travaux afin d’élaborer une proposition sérieuse pour le NGRC. Sur le papier, la formule à doubles rotors contrarotatifs et hélice propulsive présente de gros avantages en matière de performance, pour une empreinte au sol maîtrisée. Toutefois, de tels engins restent complexes à entretenir sur le terrain. © Lockheed Martin

Pour Washington, une sélection de Sikorsky pour les futures étapes du NGRC pourrait même être vu comme un bon moyen de maintenir une double production d’engins de nouvelle génération, avec un Bell V-280 Valor financé par l’US Army, et un dérivé du Raider financé par l’OTAN et certains pays européens.

Une solution unique pour l’OTAN ?

Heureusement, nous n’en sommes pas encore là. Les différents concepts seront présentés en fin d’année prochaine. Si le programme NGRC se poursuit au-delà, une de ces solutions pourrait être développée et industrialisée à large échelle afin de livrer les premiers clients vers 2035. Et rien n’empêche d’imaginer que, à la suite de la phase actuelle, plusieurs candidats se rapprochent afin de présenter une solution commune aux différents pays membres de l’initiative.

Vue aérienne de l'hélicoptère convertible AW609
Pour l’instant, Leonardo n’a pas dévoilé de vue d’artiste précise de son concept de NGRC. On sait toutefois qu’il sera basé sur les travaux menés dans le cadre du programme civil AW609. Leonardo s’étant récemment rapproché de Bell, on peut également s’attendre à une proposition inspirée du V-280 Valor. © Leonardo

Car, l’histoire nous l’a montré, les programmes otaniens de cette ampleur sont éminemment politiques. Difficile d’imaginer que les pays aujourd’hui à l’origine du NGRC, et qui sont les héritiers d’Agusta Westland, d’Eurocopter et de NHIndustries, acceptent de financer pleinement le développement d’un nouvel hélicoptère si celui-ci devait être confié uniquement à un industriel américain. Et inversement, on imagine bien que la gestion quelque peu chaotique du programme NH90 ne doit pas laisser que de bons souvenirs aux industriels européens.

Dès lors, à moins d’un fort rapprochement entre acteurs européens, à la fois sous l’égide du NGRC et sous l’impulsion du programme européen ENGRT, on risque fort de voir cette initiative de l’OTAN s’éparpiller dans plusieurs directions, au grès des investissements nationaux et des accords entre partenaires. On se rappellera peut-être que, dans les années 1950, le programme NBMR-1 avait échoué à doter l’ensemble de l’OTAN d’un avion d’attaque au sol léger commun. Mais l’élan industriel offert par cette compétition nous avait tout de même donné le G.91 italien, l’Étendard français et, d’une certaine manière, le F-5 américain, autant de symboles de leurs industries nationales respectives. A voir quel chemin prendra le NGRC.

Des légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie vont participer à l’exercice Brunet-Takamori au Japon

Des légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie vont participer à l’exercice Brunet-Takamori au Japon


Depuis que leurs relations ont été élevées au rang de « partenariat d’exception », en 2013, la France et le Japon n’ont de cesse de renforcer leur coopération militaire, notamment au niveau opérationnel, les initiatives en matière d’armement, malgré les ambitions affichées, ayant été plutôt timides jusqu’à présent.

Ainsi, en mai, les deux pays sont convenus d’aller plus loin encore en ouvrant des négociations sur un accord d’accès réciproque à leurs bases militaires afin de favoriser « l’interopérabilité » entre leurs forces armées respectives, via la tenue d’exercice conjoints et la participation à des opérations régionales.

À vrai dire, les liens militaires entre la France et le Japon sont très anciens puisqu’ils remontent à la mission du capitaine Jules Chanoine, qui avait été chargée de former l’armée du shogun Yoshinobu Tokugawa. En outre, Paris contribua à l’essor des forces aériennes japonaises dans les années 1920. Seulement, cette relation prit fin lors de la Seconde Guerre Mondiale, avec l’invasion de l’Indochine par les troupes nippones.

Quoi qu’il en soit, ces dernières années, les activités menées avec les forces d’autodéfense japonaises ont surtout concerné l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et la Marine nationale.

Mais, depuis 2023, elles se sont élargies au combat terrestre, avec l’organisation de la première édition de l’exercice Brunet-Takamori [en référence au général Jules Brunet et à Saigō Takamori, le « dernier samouraï »] en Nouvelle-Calédonie, avec la participation du Régiment d’infanterie de marine du Pacifique de Nouvelle-Calédonie [RIMaP-NC] et de 5e Régiment d’infanterie de la Force terrestre d’autodéfense japonaise.

Pour sa seconde édition, l’exercice Brunet-Takamori se déroulera au Japon, plus précisément aux camps de manœuvre d’Ojyojibara et d’Iwateyama, situés dans la province d’Aomori. À cette occasion, l’armée de Terre y engagera une cinquantaine de légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI], qui relève de la 6e Brigade légère blindée. De son côté, la force terrestre d’autodéfense nippone mobilisera son 39e Régiment d’Infanterie [RI].

Devant avoir lieu du 8 au 21 septembre, l’exercice Brunet-Takamori « s’inscrit dans la montée en puissance du partenariat opérationnel des deux pays depuis 2022 », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué. Il permettra « aux forces armées japonaises et françaises de s’entraîner dans les domaines de la lutte contre-guérilla et des opérations Commando » ainsi que dans celui de « l’appui drone au combat », a-t-il ajouté.

« La première édition de l’exercice, conduite en Nouvelle-Calédonie en septembre 2023, avait constitué une première étape essentielle dans le rapprochement opérationnel des forces terrestres des deux pays, en donnant l’opportunité de développer de manière concrète une stratégie convergente en faveur de la paix et de la stabilité dans la zone Indopacifique », a conclu le ministère.

Cela étant, ce ne sera pas la première fois que des légionnaires participeront à des manœuvres au Japon. En mai 2021, dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc qui, cette année-là, avait mobilisé le porte-hélicoptères amphibie [PHA] « Tonnerre » et la frégate de type La Fayette « Surcouf », deux sections de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère [DBLE] et du 1er Régiment Étranger de Génie [REG] avaient pris part à l’exercice ARC 21 aux côtés de l’infanterie de marine nippone et de l’US Marine Corps. Organisé sur l’île de Kyushu, il s’était concentré sur les opérations d’assaut amphibie.

Photo : Édition 2023 de l’exercice Brunet-Takamori – armée de Terre

Programme SCAF : La coopération européenne va couter très, très cher à la France

Programme SCAF : La coopération européenne va couter très, très cher à la France

Après des débuts très difficiles, le programme SCAF est parvenu, en 2023, à sortir de l’ornière dans laquelle il se trouvait, grâce à un accord politique imposé fermement par les trois ministres de la Défense français, allemands et espagnols.

Depuis, le programme semble sur une trajectoire plus sécurisée, même si les engagements actuels ne portent que jusqu’à la phase 1b d’étude du démonstrateur, et qu’il sera nécessaire, à nouveau, de renégocier le partage industriel au-delà, ce qui ne manquera pas de créer de nouvelles frictions.

Au-delà des tensions entourant les questions de partage industriel, voire de cahier des charges, divergent selon les forces aériennes, un nouveau sujet de discorde pourrait émerger prochainement, tout au moins en France.

En effet, loin de représenter la solution budgétaire optimisée avancée par l’exécutif français, pour justifier de cette coopération européenne, il apparait que le programme SCAF va couter plus cher, et même beaucoup plus cher, aux finances publiques françaises, comme à ses industriels, que si le programme était développé à l’identique, par la seule base industrielle et technologique aéronautique Défense nationale, avec un écart de cout, pour les contribuables français, pouvant atteindre les 20 Md€.

Sommaire

La Coopération européenne, seule alternative pour financer le développement du programme SCAF, selon l’exécutif français

Depuis le lancement du programme SCAF, le discours de l’exécutif français, pour en justifier le développement conjoint avec l’Allemagne, puis avec l’Espagne, n’a pas dévié d’un millimètre : les couts de développement d’un avion de combat et de son système de systèmes de 6ᵉ génération, sont à ce point élevés, qu’ils ne peuvent plus être supportés par un unique pays européen, fut-il la France.

Macron Merkel
Le programme SCAF a été lancé en 2017 par Emmanuel Macron, tout juste élu Président de la République, et Angela Merkel, alors en plein bras de fer avec Donald Trump.

Le sujet a, à de nombreuses reprises, été abordé sur la scène publique, notamment par les députés et sénateurs français, interrogeant le gouvernement pour savoir si la France était en mesure de développer, seule, un tel programme, en particulier lorsque le programme était au bord de la rupture.

La réponse donnée alors, par l’exécutif comme par la DGA, avançait que si la France devait faire seule un tel programme, celui-ci serait nécessairement moins performant et moins polyvalent, que ne prévoit de l’être SCAF aujourd’hui, pour des raisons essentiellement budgétaires. En d’autres termes, pour le gouvernement français, il n’y avait point de salut, en dehors de cette coopération franco-allemande, puis européenne.

Le programme SCAF en coopération coutera 14 Md€ de moins à la France, que si elle devait le faire seule.

L’étude des chiffres disponibles, aujourd’hui, tendrait, en effet, à accréditer la position gouvernementale. Ainsi, le budget total de R&D de l’ensemble du programme SCAF qui atteindrait les 40 Md€, permettant à chaque participant de ne participer qu’à hauteur de 13,3 Md€, soit, plus ou moins, un milliard d’euros par pays et par an, jusqu’en 2036 et le début de la production des avions eux-mêmes.

Même en tenant compte de la règle empirique qui veut que le codéveloppement engendre un coefficient multiplicateur de surcout équivalent à la racine carrée du nombre de participants, soit 1,73 pour 3 pays, la France économise bien 10 Md€ sur la phase de développement du programme.
Eurofighter Typhoon forces aériennes espagnoles
L’Espagne prévoit de remplacer les 125 Eurofighter en service et à venir, par le programme SCAF.

Cet écart se creuse encore davantage en intégrant les couts d’acquisition des appareils eux-mêmes. Pour étayer cette affirmation, il est nécessaire de poser certaines valeurs de départ. Ainsi, le prix unitaire de l’avion, s’il était produit uniquement en France, sera considéré à 140 m€ TTC, avec une enveloppe complémentaire de services et équipement de 40 m€ TTC par appareil. Nous considérerons, également, que les couts de R&D, pour la France, serait de 30 Md€, et que la France fera l’acquisition de 200 appareils.

Du côté du programme SCAF européen, nous considérerons un surcout par appareil et par services et équipements de 10 %, lié à la coopération (ce qui est très faible), soit respectivement 144 et 54 m€, alors que nous diviserons par deux le coefficient multiplicateur empirique de coopération internationale passant de 1,73 (racine carrée de 3) à 1,37, en admettant une coopération exemplaire entre les trois pays et leurs industriels, et très peu de dérives comme celles observées autour des programmes A400M ou NH90, pour un cout de R&D de 36 Md€.

Enfin, nous considérerons que l’Allemagne commandera 175 appareils, et l’Espagne 125, pour un total de 300 appareils pour ces deux pays, soit le remplacement incrémental de leurs flottes d’Eurofighter Typhoon en 2040. L’ensemble de ces valeurs sont, pour l’essentiel, des valeurs conservatoires, tendant à réduire l’efficacité de la démonstration qui suit.

Sur ces bases, les 200 appareils destinés aux forces aériennes et aéronavales françaises, couteront 36 Md€ aux finances publiques, pour un programme total à 66 Md€, développement inclus, dans le cas d’un programme exclusivement national, contre 40 Md€ pour les appareils, et 52 Md€ pour le programme, dans son format actuel.

porte-avions nouvelle génération
Le programme SCAF France portera probablement sur 200 appareils ou plus, sachant qu’une quarantaine, au moins, seront nécessaires pour armer le nouveau porte-avions nucléaires PANG.

En d’autres termes, dans le cas du programme SCAF, la coopération européenne doit permettre aux finances publiques françaises, d’économiser 14 Md€, soit presque 27 % du prix du programme, par rapport à un programme exclusivement national. Alors, l’exécutif a-t-il raison de clamer le bienfondé de ce modèle ? C’est loin d’être évident, pour deux raisons : le retour budgétaire et les exportations.

Le retour budgétaire neutralise les bénéfices de la coopération sur le budget de l’État concernant le programme SCAF

Le retour budgétaire représente les recettes et économies appliquées au budget de l’État, par l’exécution du programme et de ses investissements. Il fait la somme des impôts et taxes générés directement et indirectement par les investissements, sur l’ensemble de la chaine industrielle, ainsi que des économies sociales pouvant s’appliquer au budget de l’État, du fait de la compensation des déficits sociaux.

Dans cette démonstration, pour plus d’efficacité, nous considérerons deux valeurs bornant le coefficient de retour budgétaire. La première, une valeur planché, est fixée à 50 %, dont 20 % de TVA, et 30 % d’impôts, de taxes et de cotisations sociales. Cette valeur correspond au cout des prélèvements français de l’OCDE, de 42 %, avec une TVA moyenne à 12 %, ramené à une TVA fixe à 20 % appliquée aux équipements des armées.

La seconde valeur applique un coefficient multiplicateur Keynésien aux recettes, lié à la Supply Chain de l’industrie de défense française, presque exclusivement française, entrainant une déperdition export particulièrement faible pour cette activité. En 2010, ce coefficient, en France, était de 1,39 pour l’investissement public. Nous ne prendrons, ici, que 1,3 pour un coefficient de retour budgétaire de 65 %, ce qui représente une valeur plafond largement par défaut, considérant la dimension industrielle et la dimension Defense de l’activité.

Ligne d'assemblage Dassault Aviation Merignac Rafale
L’industrie aéronautique militaire française est très peu exposée aux importations, ce qui lui confère un retour budgétaire particulièrement efficace.

En appliquant ces coefficients aux valeurs précédentes, nous obtenons respectivement un retour budgétaire de 33 Md€ (50 %) et de 42,9 Md€ (65 %), pour un programme exclusivement français, et de 22,5 Md€ (50 %) et 29,3 Md€ (65 %), pour les finances publiques françaises, dans le cas du programme européen.

Remarquez que dans ce dernier cas, nous avons appliqué un partage équipotentiel industriel entre les trois pays sur le volume total des appareils commandés, soit l’équivalent de 166,6 (=500/3) appareils produits en France.

Le solde budgétaire, la différence entre les dépenses et les recettes, s’établissent alors comme ceci :

  • Solde avec un retour budgétaire de 50 % (hypothèse basse) : – 33 Md€ pour le programme Fr, – 29,1 Md€ pour le programme EU
  • Solde avec un retour budgétaire de 65 % (hypothèse classique) : – 23,1 Md€ pour le programme Fr, – 22,4 Md€ pour le programme EU.

On le voit, une fois le retour budgétaire appliqué, la différence de cout entre les deux programmes, selon qu’ils sont exclusivement français ou en coopération européenne, à périmètre d’investissement constant, tend à considérablement se réduire, allant de 3,9 (33-29,1 Md€ en hypothèse basse) jusqu’à 0,7 Md€ (23,1-22,4 Md€ en hypothèse classique), selon les hypothèses.

Les industriels français pourraient perdre jusqu’au 55 Md€ de chiffre d’affaires sur le marché export en raison du partage industriel

Le volet des exportations a toujours représenté un sujet d’inquiétudes, en France, autour du programme SCAF. Industriels et analystes craignaient, en effet, de voir Berlin imposer son véto sur certains contrats exports clés, comme c’est le cas aujourd’hui avec la Turquie, concernant le Typhoon. Si les inquiétudes portaient bien sur le bon sujet, il est probable qu’elles ne portaient pas sur le bon volet.

Rafale Forces aériennes helléniques
Cinq des huit opérateurs de Mirage 2000 se sont déjà tournés vers le Rafale, alors qu’un sixième, le Pérou, pourrait le faire prochainement.

En effet, le principal inconvénient, concernant le programme SCAF, au sujet des exportations, n’est pas lié au périmètre ni au possible droit de véto de Berlin, mais à la ventilation de l’activité industrielle, en exécution de ces commandes internationales.

Ainsi, dans le cas d’un programme national, l’activité générée sera intégralement exécutée en France, par la BITD française, alors qu’elle sera équitablement répartie entre les trois partenaires, dans le cas du programme européen.

Ici, nous considérerons que le cout unitaire d’un appareil vendu à l’exportation équivaut à son prix unitaire hors taxe, auquel s’ajoutent deux lots d’équipements et services, contre un seul pour les armées Fr/De/Es employé précédemment.

Dans le cas d’un programme national, le chiffre d’affaires France hors taxes, réalisé pour 100 appareils exportés égale 18,3 Md€, 200 appareils pour 36,7 Md€, 300 appareils pour 55 Md€ et 400 appareils pour 73,3 Md€. Ce même CA HT pour la France, dans le cas du programme européen, égale 6,7 Md€ pour 100 appareils, 13,4 Md€ pour 200 appareils, 20,2 Md€ pour 300 et 26,9 Md€ pour 400 avions exportés.

De fait, la différence de Chiffre d’Affaires entre le programme France et européen, pour la BITD française, va de 11,6 Md€ à 46,4 Md€, en faveur du programme français, soit l’équivalent de 140 000 à 557 000 emplois annuels pleins. Sur une période de 40 ans de production (hypothèse haute), la différence représente de 5 600 à 22 300 emplois à plein temps.

L’État Français va perdre jusqu’à 24 Md€ sur le programme SCAF, en raison de la coopération européenne

Cependant, l’intérêt des exportations, pour la France, n’est pas uniquement que de créer de l’activité industrielle et des emplois. Celles-ci génèrent, en effet, des recettes supplémentaires au budget de l’État, de la même manière que précédemment, au travers d’un coefficient de retour budgétaire.

N’étant pas soumis à TVA, ce coefficient est toutefois réduit de 20 %, et les deux valeurs balises précédemment employées, se transforment donc en 50%-20%=30%, valeur planché, et 65%-20%=45 %, valeur plafond.

NGF programme SCAF
Le NGF ne représente qu’un élément du programme SCAF dans son ensemble.

Une fois appliquées aux chiffres d’affaires France générés selon l’hypothèse d’exportation, nous obtenons donc :

Retour export (30 %) Programme Fr Programme Eu Différence (m€)
100 app. exportés 5 500 2 017 3 483
200 app. exportés 11 000 4 033 6 967
300 app. exportés 16 500 6 050 10 450
400 app. exportés 22 000 8 067 13 933
Retour budgétaire appareils exportés, hypothèse à 30 %, en million d’euros.
Retour export (45 %) Programme Fr Programme Eu Différence (m€)
100 app. exportés 8 250 3 025 5 225
200 app. exportés 16 500 6 050 10 450
300 app. exportés 24 750 9 075 15 675
400 app. exportés 33 000 12 100 20 900
Retour budgétaire, appareils exportés, hypothèse à 45 %, en million d’euros.

En intégrant le solde budgétaire étudié dans la précédente section, pour les acquisitions nationales, nous obtenons donc le tableau suivant :

Solde budgétaire France total du programme SCAF, en million d’euros – en gras les seuils autoporteurs

On le voit, le seul cas dans lequel le programme SCAF Européen, s’avérerait plus performant, budgétairement parlant, qu’un programme SCAF français identique, s’observe avec un retour budgétaire en hypothèse basse de 50 % / 30 %, et avec un total export de 100 appareils, ou moins.

GCAP Tempest Royal Air Force Farnborough 2024
La Grande-bretagne prévoit d’injecter 12 Md£ dans la R&D du programme GCAP, concurrent du SCAF.

À l’inverse, dans le cas d’un retour budgétaire à 65 % / 45 %, par ailleurs loin d’être une hypothèse peu probable concernant l’industrie de défense, le programme SCAF serait non seulement jusqu’à 20 Md€ plus performant en version nationale, mais à partir de 300 appareils exportés, il atteindrait même un solde budgétaire positif, pour les finances publiques, signifiant qu’il rapporterait davantage de recettes et économies budgétaires, qu’il n’aura couté à l’état.

Or, 300 appareils, c’est précisément le nombre de Rafale aujourd’hui exportés, alors que Dassault Aviation peut, dans les mois et années à venir, d’accroitre encore considérablement ce total des ventes. Rappelons également que 70 % des pays utilisateurs de Mirage 2000 se sont tournés vers le Rafale à ce jour, et que le Pérou pourrait bien faire de même prochainement, et que le nombre de Rafale exporté excède désormais celui des Mirage 2000.

Conclusion

On le voit, programme SCAF, dans son organisation européenne actuelle, est loin d’être justifiable par des arguments budgétaires, et encore moins par d’éventuels arbitrages technologiques défavorables, s’il devait être réalisés seul. Au contraire, en dehors de la phase de R&D initiale, toutes les autres phases industrielles, se montrent beaucoup plus efficaces, budgétairement, socialement, comme en termes d’emplois créés, dans l’hypothèse d’un modèle exclusivement national.

Notons, enfin, que si la coopération facilite, aujourd’hui, le financement du programme dans sa phase initiale de R&D, nombreux sont ceux qui, autour de ce programme, s’inquiètent de la marche budgétaire considérable qu’il devra franchir, à partir de 2031, lorsque la phase industrielle débutera, et que le partage des couts perdra de son efficacité.

SCAF Robles Lecornu Pistorius
Il aura fallu l’intervention des trois ministres de la défense Lecornu (fr), Robles (Es) et Pistorius (All) pour sortir de programme SCAF de l’ornière dans laquelle se trouvait le programme depuis 3 ans.

De fait, une fois mis en perspectives l’ensemble des aspects budgétaires, mais également les difficultés industrielles rencontrées lors des négociations, le volet social, et les risques directement liés aux programmes en coopération, il apparait que rien, aujourd’hui, ne plaide en faveur de la poursuite de SCAF dans son modèle actuel, si ce n’est un dogme politique plébiscitant la coopération européenne, et l’éventuelle volonté de masquer des dépenses à venir, qu’il sera difficile de financer, par des dépenses plus aisément soutenables aujourd’hui, sur la phase de développement.

D’ailleurs, la situation est strictement la même, mais en faveur de l’Allemagne cette fois, concernant le programme MGCS, Berlin disposant effectivement de l’ensemble des compétences, et du marché international captif avec le Leopard 2, pour developper seul son nouveau char, et le rentabiliser, budgétairement, par l’exportation, ce qui sera beaucoup plus difficile à faire, pour Paris. Cependant, Berlin sait pouvoir financer seul le développement du MGCS, le cas échéant, ce qui n’est pas le cas de la France, aujourd’hui, concernant le programme SCAF, tout au moins dans le contexte politique et budgétaire du moment.

Reste qu’entre un programme à 12 ou 15 Md€, pour 300 chars de nouvelle génération, et un programme à 70 Md€, pour 200 avions de combat, il est impossible de compenser l’un par l’autre, et les pertes d’exploitation et de recettes budgétaires liées au partage au sein du programme SCAF, par celles qui seront générées par le programme MGCS, font de cet accord global franco-allemand SCAF + MGCS, un puissant tremplin pour l’industrie allemande, sans réelles contreparties pour la partie française, bien au contraire.

Article du 5 aout en version intégrale jusqu’au 14 septembre 2024

Guerre en Ukraine : l’Allemagne taille dans son soutien militaire à Kiev

Guerre en Ukraine : l’Allemagne taille dans son soutien militaire à Kiev


Volodymyr Zelenski à gauche et Olaf Scholz à droite lors d’une conférence à Berlin en juin 2024.

Volodymyr Zelenski à gauche et Olaf Scholz à droite lors d’une conférence à Berlin en juin 2024.   IMAGO/Chris Emil Janssen / PANORAMIC

Le deuxième contributeur après les États-Unis compte réduire de moitié ses dépenses militaires au profit de Kiev en 2025.

Coup de rabot pour l’aide à l’Ukraine : l’Allemagne, deuxième contributeur après les États-Unis, compte réduire de moitié ses dépenses militaires au profit de Kiev en 2025, misant sur l’argent généré par les avoirs russes gelés pour continuer à soutenir le pays.

Le gouvernement d’Olaf Scholz, en quête d’économies budgétaires, ne prévoit «pas d’aides supplémentaires» aux 4 milliards d’euros inscrits dans son projet de budget de l’an prochain pour aider militairement Kiev, a indiqué samedi une source parlementaire à l’AFP. Il n’y aura pas non plus d’enveloppe additionnelle pour Kiev cette année, au-delà des 8 milliards d’euros de financement déjà approuvés.

Cette décision a fait l’objet d’un accord entre le chancelier social-démocrate (SPD) et le ministre des Finances du parti libéral Christian Lindner, affirme le journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS) dans son édition du week-end.

Elle a d’ores et déjà des conséquences : à l’heure actuelle «aucune nouvelle commande n’est lancée pour l’Ukraine, car elles ne sont plus financées», a déclaré à l’hebdomadaire le député Andreas Schwarz, membre de la commission du budget et spécialiste des questions de défense.

Selon le FAS, il n’a ainsi pas été possible de financer, en juillet, un système de défense antiaérienne de type IRIS-T en faveur Kiev. le ministère de la Défense voulait aussi commander cette année, hors budget 2024, ses munitions d’artillerie et des drones, affirme le journal.

Avoirs russes

Cette décision rajoute de l’incertitude sur l’avenir du soutien militaire à Kiev, alors que l’aide militaire américaine est elle aussi en danger, en cas d’élection du républicain Donald Trump à la Maison Blanche.

Berlin ne prévoit pour 2026 qu’un plafond de trois milliards d’euros, et plus qu’un demi-milliard annuel pour 2027 et 2028, selon le FAS. Pour compenser, l’Allemagne table sur «la création, dans le cadre du G7 et de l’Union Européenne, d’un instrument financier utilisant les avoirs russes gelés», a toutefois affirmé à l’AFP une source au sein du ministère des Finances. «L’aide bilatérale allemande reste au plus haut niveau, mais mise sur l’efficacité de cet instrument», a ajouté la source.

Les alliés de l’Ukraine travaillent depuis plusieurs mois sur un dispositif qui permettrait d’utiliser une partie des 300 milliards de dollars d’avoirs russes gelés dans le monde pour soutenir Kiev dans sa guerre contre l’armée russe. Un «accord politique» entre les pays du G7 a certes été trouvé mi-juin sur une proposition américaine visant à financer un prêt de 50 milliards d’euros. Mais pour le moment, aucune mise en œuvre concrète de ce plan n’a été engagée.

Berlin part pourtant «du principe que ces fonds seront utilisables à partir de 2025», a ajouté la source parlementaire. «L’Occident, et donc l’Allemagne en tant que plus grand contributeur européen, ne relâchera pas son soutien à l’Ukraine», a assuré à l’AFP le député libéral allemand Karsten Klein, membre de la commission du budget.

Reste que le ministre des Finances a expressément écrit le 5 août à son homologue de la Défense Boris Pistorius (SPD) pour lui demander de «garantir» que le plafond des 4 milliards budgétés l’an prochain sera respecté, selon le FAS.

«Style de Donald Trump»

Le projet de budget 2025 a fait l’objet d’âpres discussions au sein de la coalition tripartite entre Libéraux, Verts et sociaux-démocrates.

M.Lindner a demandé à ses homologues de faire des économies afin de respecter le «frein à l’endettement», une règle constitutionnelle qui vise à empêcher l’État de s’endetter de façon trop importante.

Le projet de budget doit encore être discuté au sein du Parlement, avant son adoption d’ici la fin de l’année.

L’opposition chrétienne-démocrate (CDU), qui a le vent en poupe dans les sondages nationaux avant des élections régionales de septembre, à haut risque pour les partis de la coalition dans plusieurs États de l’est du pays, entend mettre la pression sur le gouvernement lors des discussions budgétaires qui auront lieu à l’automne.

«La coalition fait de la politique dans le style de Donald Trump en stoppant toute aide supplémentaire à l’Ukraine en raison de dispute de politique intérieure», a déploré samedi sur X, le député de la CDU Norbert Röttgen.

L’Arabie saoudite évoque une coopération prometteuse avec Dassault Aviation. Contrat pour 54 Rafale en vue ?

L’Arabie saoudite évoque une coopération prometteuse avec Dassault Aviation. Contrat pour 54 Rafale en vue ?

https://www.opex360.com/2024/08/03/larabie-saoudite-evoque-une-cooperation-prometteuse-avec-dassaut-aviation-contrat-pour-54-rafale-en-vue/


 

Achat de 48 avions de combat Eurofighter Typhoon bloqué à cause d’un veto de l’Allemagne, refus du Japon de lui faire une place dans le « Global Combat Air Programme », qui vise à développer un chasseur de 6e génération dans le cadre d’une coopération avec le Royaume-Uni et l’Italie, relations compliquées avec les États-Unis… L’an passé, ces éléments nourrirent une rumeur selon laquelle l’Arabie saoudite allait se tourner vers la France pour moderniser son aviation de chasse en passant une commande de Rafale auprès de Dassault Aviation.

Mais cette rumeur n’en était pas vraiment une… En effet, en octobre, il fut rapporté par La Tribune et Europe 1 que Riyad avait adressé une demande de « proposition chiffrée » à Dassault Aviation en vue de se procurer 54 Rafale. Un mois plus tôt, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, avait rencontré Kalid ben Salman, son homologue saoudien, avec lequel il eut des discussions sur des « opportunités de coopération et de coordination conjointe dans les domaines militaires » ainsi que sur les « moyens de les renforcer et de les développer ».

Cependant, cet intérêt pour le Rafale aurait pu être une manœuvre pour faire avancer le dossier des Typhoon. D’ailleurs, en janvier, l’Allemagne fit savoir qu’elle allait lever son veto sur les armes destinées à l’Arabie Saoudite. « Nous ne nous voyons pas, en tant que gouvernement fédéral allemand, nous opposer aux considérations britanniques sur [la vente] d’autres Eurofighter », avait en effet déclaré Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, en saluant le « rôle constructif » de Riyad dans la crise au Moyen-Orient, après les attaques terroristes lancées par le Hamas contre Israël.

Pour autant, les contacts entre les autorités saoudiennes et françaises se sont poursuivis, et même intensifiés, au cours de ces derniers mois. Signe, sans doute, que le royaume saoudien est bien décidé à obtenir des Rafale…

Ainsi, en mai, le ministre adjoint saoudien de la Défense, Talal Bin Abdullah Al-Otaibi, s’est rendu à Paris pour rencontrer le général Fabien Mandon, le chef de l’état-major particulier du président de la République, ainsi que Patrick Pailloux, le directeur du cabinet civil et militaire du ministre des Armées… Mais aussi le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, avec lequel il a évoqué les « capacités de production » [sans plus de détails…].

 

Trois mois plus tard, M Al-Otaibi a de nouveau rencontré M. Trappier, cette fois à Bordeaux-Mérignac, où sont assemblés les Rafale.

Selon un message diffusé par le ministère saoudien de la Défense via X [anciennement Twitter], le 30 juillet, les discussions ont porté sur des « opportunités de coopération prometteuses dans le domaine de l’industrie militaire ». Et d’évoquer également des transferts de technologie ainsi que des considérations sur la recherche et le développement [R&D] en matière de défense, conformément au projet « Vision 2030 », lequel vise notamment à développer les capacités industrielles du royaume.

Photo : Dassault Aviation