L’A400M de l’armée française réussit ses premiers essais comme bombardier d’eau !

L’A400M de l’armée française réussit ses premiers essais comme bombardier d’eau !

https://feuxdeforet.fr/2025/05/19/la400m-de-larmee-francaise-reussit-ses-premiers-essais-comme-bombardier-deau/


Alors que la France fait face à des incendies de plus en plus fréquents et violents, une innovation prometteuse émerge du côté des forces armées : l’A400M, avion de transport militaire de l’armée de l’Air et de l’Espace, a réussi avec succès ses premiers essais de largage d’eau, ouvrant la voie à une nouvelle capacité de lutte contre les feux de forêts.

Des résultats très encourageants

Les tests ont été menés récemment par Airbus en collaboration avec l’armée française, la Direction Générale de l’Armement (DGA) et la Sécurité Civile. Résultat : l’A400M, équipé d’un kit amovible de largage, a pu déverser jusqu’à 20 000 litres d’eau en un seul passage, avec une précision et une efficacité impressionnantes.

Ces premiers essais sont jugés très concluants par les autorités, démontrant que l’A400M peut non seulement remplir un rôle de transport stratégique, mais aussi devenir un appui majeur dans la lutte contre les incendies à grande échelle.

Une transformation rapide et réversible

Le système utilisé repose sur un kit « Roll-on/Roll-off », facilement installé dans la soute de l’avion sans nécessiter de modifications permanentes. Cela permet de convertir rapidement l’A400M en bombardier d’eau, tout en conservant sa vocation militaire principale. Cette flexibilité en fait un atout logistique précieux en cas d’urgence.

Un soutien stratégique face aux mégafeux

Face à l’augmentation dramatique des incendies en France — notamment dans le sud, en Corse et désormais dans des zones autrefois épargnées — cette nouvelle capacité arrive à point nommé. Elle pourrait combler les lacunes des moyens civils, parfois débordés lors de crises multiples.

L’engagement des A400M dans ce rôle marque aussi un tournant dans la coopération entre les armées et les services civils, pour répondre à des menaces liées au climat.

Et maintenant ?

Fort du succès des premiers essais, l’armée française envisage d’intégrer cette capacité dans son arsenal opérationnel dès les prochaines saisons estivales. D’autres phases de test et de validation opérationnelle sont attendues, mais l’enthousiasme est réel tant chez les militaires que chez les pompiers.

L’armée française prépare la guerre de demain

L’armée française prépare la guerre de demain

par Gabriel de Solages – Revue Conflits – publié le 19 mai 2025

https://www.revueconflits.com/larmee-francaise-prepare-la-guerre-de-demain/


Le mardi 14 mai 2025 s’est déroulé à l’École Militaire le Cercle de l’Innovation et du Combat Futur (CICF) organisé par le Pôle rayonnement de l’armée de terre (PRAT). L’objectif ? Faire le point sur les ambitions de l’armée de terre, sur ses capacités opérationnelles et sur ses besoins en vue d’anticiper les combats de demain.

« Le monde est en train d’évoluer et il faut s’y adapter », a introduit le général Bruno Baratz, commandant du Commandement du combat futur, traçant ainsi le sillon à suivre pour les discussions à venir. L’événement a permis la réunion du trilogue entre la Direction générale de l’armement (DGA), les forces armées et les industries de défense, dans une optique de préparation de conflits de haute intensité, auxquels la France pourrait prendre part dans les années à venir.

À l’heure où se prépare la table des négociations à Istanbul et où l’avenir de l’Ukraine semble plus que jamais incertain, les menaces affluent de divers horizons. Dégradation de la situation au Liban, en Syrie, entre l’Iran et Israël, entre l’Inde et le Pakistan, une pression croissante sur Taïwan, une situation en France crispée par le maintien d’une menace terroriste, l’armée de terre française veut s’adapter pour « faire face ».

Les conflits actuels témoignent d’une dynamique générale de robotisation et d’autonomisation des systèmes d’armement, à laquelle il faut être à la hauteur. « Notre mission n’est-elle pas de gagner la guerre avant la guerre » ? interroge le chef de l’armée de terre, le général Pierre Schill.  D’où l’urgence d’anticiper, et de prévoir la guerre du futur.

Une nécessité d’innovation et de réarmement

Dans l’amphithéâtre Foch de l’École militaire et devant des centaines d’officiers, industriels, journalistes et civils de la Défense, les officiers supérieurs se succèdent dans la prise de parole. Leur position est unanime : la France a pris du retard dans sa souveraineté stratégique, mais les moyens sont mis en œuvre afin de la résoudre. Et c’est urgent.

Alors que l’Ukraine vise à produire 4,5 millions de drones par an dans les années à venir, les derniers chiffres font état d’à peine 4000 drones à usage militaire en France. Devant l’omniprésence de ces drones dans les conflits, devenus déterminants, ces chiffres sont le reflet d’un retard stratégique accumulé ces dernières années, n’attendant qu’à être comblé. Et le ministère des armées, notamment à travers la DGA, s’y emploie résolument. Ses derniers résultats en témoignent.

Premièrement, la loi de programmation militaire 2024-2030 rehausse le budget alloué aux armées à 413 milliards d’euros, sur l’ensemble de ces années. Ensuite, la production d’armement s’accélère : la production des canons Caesar a été multipliée par deux, voire trois. Celle de ses munitions est passée de 30 000 à 60 000 par an. Dassault a hissé sa production de rafales d’un à trois par mois. En parallèle, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a inauguré en mars dernier une ligne de production de poudre gros calibre pour les systèmes d’artillerie de l’usine Eurenco, à Bergerac. Et enfin, les programmes de modernisation s’accentuent. Scorpion, le système de combat aérien du futur (SCAF), le Main Ground Combat System (MGCS), le porte avion nouvelle génération (PA-NG), le pacte drones aériens de défense, visent tous multiplier et moderniser les systèmes de défense. Le Pacte drone, justement, réunit une centaine d’entreprises civiles et militaires autour d’un projet commun : l’émergence d’une filière dynamisant le développement et la production de drones de contact.

Tout cela est bien le signe d’une volonté d’acquérir et de développer une autonomie stratégique en matière de conception et de production d’armements. Un objectif : être à la hauteur des conflits de demain.

Co-Ho-Ma : coopération homme-machine

Si la tendance est davantage à la robotisation des combats et à la transparence du champ de bataille, l’homme continuera à prendre toute sa part dans les combats futurs. C’est l’avis du Commandement du combat futur, qui considère que le soldat aura à connaître des situations de stress extrême, et que préparer la guerre de 2040, c’est également préparer l’homme à absorber des charges cognitives immenses. C’est le tandem homme-machine, que le ministère s’efforce d’accroître. Le général Baratz précise justement « qu’il ne faut pas opposer la technologie et la masse, puisque nous avons besoin des deux », voyant en eux une forme de complémentarité.

Le triptyque forces – DGA – industrie : un levier essentiel

Le CICF représente une « occasion unique de dialogue entre les forces armées, la DGA et les industriels ». C’est ainsi que l’ancien numéro deux de l’armée de terre, le général Bernard Barrera a ouvert la table ronde réunissant le chef d’état-major de l’armée de Terre, Pierre Schill, Emmanuel Chiva, de la DGA, et le président du GICAT, Nicolas Chamussy, représentant la base industrielle et technologique de défense (BITF).

Les acteurs de la table ronde ont ainsi abordé la question du besoin fondamental de disposer de capacités importantes tout en maîtrisant les coûts. Cela ne se fera que par l’affermissement de la collaboration entre le monde de la défense et celui civil. La complexité de l’ère d’extrême modernisation entamée depuis peu obligera au renforcement de ces liens.

Ainsi, rassembler les représentants des forces armées terrestres, de la DGA et des industries de défense, c’est témoigner de l’existence d’une réflexion commune autour de ces enjeux. C’est montrer que les moyens mis en œuvre sont à la hauteur des ambitions affichées par les armées. Si cela prendra du temps, le CEMAT rassure : « Je ne vois aucune raison pour laquelle la France ne serait pas capable de répondre aux enjeux de demain ». Au délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, de conclure : « Nous sommes capables de le faire ».

Anticiper et prévoir : une leçon de l’histoire

L’amiral Philippe de Gaulle, fils du général, se confiait à Sébastien Lecornu avant de s’éteindre en mars 2024 : « Il y a une question que je me pose encore, M. le ministre. Je vais bientôt mourir et il y a quelque chose que je ne m’explique toujours pas. Mais pourquoi a-t-on perdu en 40 ? ».

Une interrogation, plus de 80 ans après les faits, qui révèle sans doute un traumatisme demeuré ancré dans la mémoire des anciens. Les réponses à la défaite, elles, sont nombreuses. Un commandement qui peine à penser la guerre à mener. Un état-major incapable de s’adapter aux nouvelles formes de la guerre, loin des guerres de tranchées de la Grande Guerre. Un ennemi mieux préparé, qui a prévu et préparé le conflit.

Les responsables politiques et militaires français cherchent à tirer tous les enseignements de cette blessure française, en vue de forger les armées de demain.

Le Délégué général de l’armement évoque le possible remplacement des C-130 Hercules par des A400M

Le Délégué général de l’armement évoque le possible remplacement des C-130 Hercules par des A400M


Quand le programme d’avion de transport A400M « Atlas » fut lancé, la France avait pris l’engagement d’en acquérir cinquante exemplaires. Puis, en 2023, cette « cible » a été revue significativement à la baisse, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, promulguée en août de cette année-là, ayant réduit le nombre d’appareils devant être livrés à l’armée de l’Air & de l’Espace à « au moins trente-cinq » à l’horizon 2030/35.

« A400M : socle à 35. Ça veut dire que pour nos besoins militaires, l’armée de l’Air & de l’Espace estime, au moment où nous nous parlons, qu’avec trente-cinq appareils, nous sommes capables de remplir la plupart des missions », avait alors justifié Sébastien Lecornu, le ministre des Armées. Quant aux conséquences industrielles de cette décision, il avait expliqué que le salut des lignes de production dédiées à cet appareil passerait par l’exportation.

Pour autant, les chiffres présentées dans les tableaux capacitaires de la LPM ne sont pas gravés dans le marbre. En effet, fin mars, via le réseau social X, le ministère des Armées a indiqué que l’objectif était désormais de « disposer de trente-sept A400M en 2030 ». Ce qui n’était pas surprenant, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], le général Jérôme Bellanger ayant fait part de son souhait d’obtenir deux ou trois exemplaires de plus lors d’une audition parlementaire, en novembre dernier.

Cela étant, le nombre définitif d’A400M que possédera l’AAE devrait dépendre du programme « Future Mid-Size Tactical Cargo / Futur Cargo Median » [FMTC], dont les travaux exploratoires sont financés en partie par l’Union européenne. L’enjeu est de développer un nouvel avion de transport censé remplacer les CASA CN-235 et les C-130H Hercules.

« La LPM 2024-2030 prévoit une cible d’au moins 35 A400M en 2030. La cible définitive dépendra, d’une part, de l’issue des travaux engagés au niveau européen au titre du futur cargo médian tactique et, d’autre part, des perspectives export pour l’A400M, dès lors que les commandes nationales des pays impliqués dans le développement de l’aéronef ne sont pas suffisantes pour assurer en l’état la pérennité de la chaine de production d’A400M », avait expliqué le député Mounir Belhamiti, rapporteur du programme 146 « Équipement des forces – Dissuasion », en octobre 2023.

Le FMTC va-t-il se concrétiser ? La question se pose, après les propos tenus par Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’un entretien accordé à l’hebdomadaire Challenges.

Interrogé sur la possible fermeture des lignes de production de l’A400M, le DGA a répondu que l’export était le « vrai juge de paix et la base de son modèle économique ».

« Je ne suis pas directeur commercial d’Airbus, mais je travaille en soutien des campagnes export avec toutes les nations du programme » et l’A400M « a tout pour être un succès à l’export », a fait valoir M. Chiva. Ensuite, a-t-il poursuivi, « des discussions sont en cours entre l’industriel et les États clients, dont la France, pour permettre la poursuite de la production ». Et d’ajouter : « La question du remplacement des flottes de C-130 [Hercules] par des livraisons anticipées d’A400M mérite d’être posée. »

En clair, l’idée serait de remplacer les quatorze C-130H Hercules ainsi que les quatre C-130J de l’AAE par des A400M. Ce qui reviendrait à rogner les ailes du FMTC.

Le problème est que, si l’A400M a démontré son aptitude à se poser sur des terrains sommaires, sa taille et sa masse ne lui permettent pas de réaliser les même missions qu’un Transall C-160 ou qu’un C-130H Hercules, aux dimensions réduites. Ce point avait d’ailleurs été soulevé en 2019 par le général Philippe Lavigne, alors CEMAAE.

D’ailleurs, c’est parce qu’elle dispose d’hélicoptères de transport lourd CH-47 Chinook que la Royal Air Force a pu se permettre de retirer prématurément ses C-130J Hercules du service et faire reposer ses capacités de transport aérien sur l’A400M ainsi que sur le C-17 Globemaster III.

Photo : AAE

La France éblouit le reste de l’Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre

La France éblouit le reste de l’Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre

La France éblouit le reste de l'Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre
La France éblouit le reste de l’Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre

Le programme de transformation de l’armée de Terre française SCORPION fête ses 10 ans.

Dix ans se sont écoulés depuis le lancement du programme SCORPION, un projet qui a radicalement transformé les capacités terrestres de l’armée française. Un événement de deux jours début avril a servi de vitrine pour prouver l’efficacité et à la pertinence des systèmes qui composent ce programme. De nombreuses délégations étrangères y étaient présentes, témoignant de l’intérêt international pour ces innovations françaises.

Le programme SCORPION fête ses 10 ans à réinventer l’armée de Terre française

Le programme Scorpion, lancé en 2014, vise à moderniser les capacités de combat de l’armée de Terre française. Son budget est inclus dans la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, qui prévoit des investissements significatifs pour les équipements militaires. Pour la période 2024-2030, le budget total des armées françaises est de 413,3 milliards d’euros, avec une augmentation progressive chaque année, atteignant 68,9 milliards d’euros en 2030. Le programme Scorpion inclut la livraison de 1 872 véhicules blindés Griffon, 300 Jaguar et 103 Serval d’ici 2033. En 2024, des crédits supplémentaires sont alloués pour soutenir les programmes à effet majeur, dont Scorpion.

KNDS suit la cadence

Depuis la mise en service des premiers véhicules en 2019, le site de montage final de KNDS France, situé à Roanne, a vu sa capacité de production tripler, passant de 92 à 300 véhicules par an. Cet accroissement fulgurant vise un objectif encore plus ambitieux : atteindre une production de 450 unités par an pour l’ensemble des modèles du programme. Cette montée en puissance témoigne de l’engagement de la France dans la modernisation de ses forces terrestres.

De 3 à 6 versions du véhicule GRIFFON

Initialement prévues en trois versions, les configurations du véhicule GRIFFON s’élargissent aujourd’hui à six, incluant notamment le GRIFFON MEPAC, doté d’un mortier embarqué pour l’appui rapproché, livré fin 2024. Ces véhicules ne se contentent pas de combler les lacunes des versions précédentes mais introduisent des améliorations substantielles en termes de puissance de feu et de capacités médicales, doublant la capacité d’évacuation des blessés graves.

Une modernisation des capacités de communication

Le programme SCORPION marque une évolution majeure dans les capacités de communication du champ de bataille avec l’intégration de stations compatibles avec le système satellite Syracuse IV. Cette modernisation est le fruit d’un consortium temporaire d’entreprises, soulignant l’importance de la coopération industrielle dans le succès de SCORPION.

En outre, les véhicules SCORPION sont conçus pour intégrer le Système d’Information du Combat SCORPION (SICS), permettant une numérisation en temps réel du champ de bataille et un combat collaboratif. Cette intégration fait de la 6e Brigade Légère Blindée la première brigade interarmes complètement « SCORPIONisée ».

Avancées technologiques et opérationnelles

Les retours d’expérience des déploiements des véhicules GRIFFON dans le Sahel et en Europe de l’Est ont permis des améliorations significatives sous l’Increment 2 du programme. Ces modifications visent à augmenter la robustesse des véhicules et à optimiser leur discrétion et ergonomie, avec des tests de qualification prévus cette année et une intégration des améliorations dès 2026.

Une vitrine internationale de l’excellence française

L’exercice BIA23 a mis en lumière le rôle crucial du consortium GME EBMR dans l’actualisation des capacités de ciblage d’artillerie et de communication par satellite, renforçant la position de la France en tant que leader en matière de technologie de défense terrestre. Les Jours du SCORPION ne sont pas seulement une démonstration de force, mais aussi une plateforme d’échange doctrinal et logistique essentielle pour façonner l’avenir de la guerre terrestre.

Les programmes militaires similaires en Europe

En Europe, plusieurs programmes équivalents au programme SCORPION de l’armée de terre française sont en cours de développement. Par exemple, l’Allemagne travaille sur le programme Puma, qui vise à moderniser ses véhicules de combat d’infanterie. L’Italie a également le programme Freccia, destiné à améliorer ses capacités de combat blindé. En outre, l’Union européenne encourage la coopération entre États membres pour développer des capacités militaires communes via le Fonds européen de défense (EDF). Ces initiatives visent à renforcer l’interopérabilité et la modernisation des forces terrestres européennes.

Programme Pays Objectif Principal Coût Estimé (milliards €) Nombre de Véhicules
Puma Allemagne Modernisation des véhicules de combat d’infanterie 12,5 405
Freccia Italie Amélioration des capacités de combat blindé 1,8 250
Ajax Royaume-Uni Développement de véhicules de reconnaissance et de combat 3,5 589
CV90 Suède Modernisation des véhicules de combat d’infanterie 1,2 500

Source : KNDS

Image : Griffon (source : Etat major des armées)

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

– Forces opérations Blog – publié le

L’armée de Terre cherche une nouvelle dépanneuse blindée. Jusqu’à 150 exemplaires pourraient être acquis via une compétition engagée hier par la Direction générale de l’armement (DGA). 

Derrière cette mise en concurrence, des « engins lourds de dépannage (ELD) destinés au dépannage de véhicules tactiques au profit des armées ». À commencer par les Serval, Jaguar et Griffon de la famille SCORPION, des engins à roues de 17 à 25 tonnes progressivement livrés à l’armée de Terre. 

Cet ELD sera composé d’un camion doté d’une cabine blindée, d’une grue et d’une fonction de levage avec lesquelles il pourra extraire et récupérer les véhicules SCORPION au contact sur route ou hors route tout en contribuant aux opérations de maintenance. 

La cible envisagée par ce futur accord-cadre conclu pour une durée de cinq ans ? Quelque 150 ELD, dont 20 en tranche ferme. Les cinq premiers seront livrés au maximum 18 mois après la notification du contrat. Les 15 suivants sont attendus dans les six mois qui suivront ce lot initial. L’envergure de l’investissement n’est pas connue. 

L’annonce devrait intéresser au moins un acteur français : SOFRAME. Cette filiale du groupe Lohr aurait plusieurs cartes à jouer. D’une part, un porteur poids lourd de dépannage (PPLD) développé avec Iveco et en service dans l’armée de Terre. D’autre part, un Protected Recovery Vehicle (PRV) acquis en 2019 par la Composante Terre belge. Suivre cette voie, ce serait donc renforcer l’interopérabilité matérielle engagée avec un partenaire stratégique. 

Crédits image : SOFRAME

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles


Le 28 janvier, la Direction générale de l’armement a fait savoir qu’elle venait de notifier à KNDS France un contrat portant sur la modernisation de 100 chars Leclerc supplémentaires, ceux-ci devant être portés au standard XLR. Pour rappel, l’armée de Terre devra en aligner 160 exemplaires en 2030 et 200 en 2035.

Cette opération vise à doter le Leclerc de l’ensemble des équipements nécessaires au combat collaboratif [Système d’information du combat SCORPION, radio CONTACT], d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm, d’un brouilleur BARAGE pour renforcer sa protection contre les engins explosifs improvisés [EEI ou IED].

En outre, il s’agit également d’améliorer sa conduite de tir, grâce à des viseurs « PASEO », fournis par Safran Electronics & Defense. Seulement, les premiers Leclerc XLR remis à l’armée de Terre [34 l’avaient été au 10 décembre 2024] ne disposent pas de cette fonctionnalité… puisque celle-ci ne sera pas disponible avant 2028.

Le contrat relatif à l’intégration des viseurs PASEO a été attribué à KNDS France et à Safran Electronics & Defense par la DGA en février 2024.

« Ces viseurs sont les deux systèmes d’observation et d’engagement principaux du char Leclerc qui permettent à l’équipage de détecter, d’identifier et de cibler un objectif à plusieurs kilomètres avant de l’engager », avaient alors expliqué les deux industriels. Et d’ajouter que l’objectif était de « numériser le cœur optronique du système d’arme du char » afin d’accroître le « flux de données » et de « fournir des images de très haute qualité dans toutes les conditions ».

Cela étant, en juin de la même année, à l’occasion du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, Safran dévoila sa solution d’intelligence artificielle ACE [pour « Advanced Cognitive Engine »], celle-ci devant être intégrée à l’ensemble de ses produits, dont les viseurs PASEO.

« ACE permet notamment d’augmenter les capacités de détection, de classification et d’identification des cibles en corrigeant les effets générés par les conditions environnementales comme la turbulence atmosphérique ou la faible luminosité », avait expliqué l’industriel.

Et de préciser que « d’autres fonctions telles que le suivi avancé de pistes ou la détection d’objets d’intérêts aideront les utilisateurs à accomplir leurs missions en allégeant leur charge cognitive ».

Cette avancée a conduit la DGA à notifier un autre contrat au groupement momentané d’entreprises MODVIS, formé par KNDS France et Safran.

« Le GME Modernisation des Viseurs du char Leclerc rénové [MODVIS] vient d’être notifié par la DGA de l’intégration de fonctions avancées d’Observation au Viseur Chef », a en effet annoncé KNDS France, le 28 mars, via les réseaux sociaux X et LinkedIn.

« S’appuyant sur l’Intelligence Artificielle de Safran Electronics & Defense, ces dernières améliorent significativement les capacités de surveillance, de détection et de classification de cibles », a-t-il poursuivi, avant de rappeler que le GME MODVIS a « pour objectif d’améliorer la performance des viseurs du char [viseur Tireur et viseur Chef], notamment en remplaçant le viseur Chef par un viseur PASEO ».

La Direction générale de l’armement a fait franchir un « premier jalon » à la coopération drone / hélicoptère

La Direction générale de l’armement a fait franchir un « premier jalon » à la coopération drone / hélicoptère


L’idée de mettre en œuvre un drone aérien [voire plusieurs] depuis un hélicoptère n’est pas nouvelle : le Tigre porté au standard MK2+ ainsi que le NH-90 devraient disposer de cette capacité qui, appelée MUM-T [pour Manned-Unmanned Teaming], a récemment fait l’objet d’une démonstration organisée par Airbus Helicopters et Leonardo dans le cadre du projet MUSHER.

Ainsi, l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] développe le concept de « dronisation de l’aérocombat », qui est dans ses « cartons » depuis quinze ans, selon son commandant, le général David Cruzille. « Le drone, aujourd’hui, c’est une belle opportunité. Il y a un tel bond technologique que l’on peut passer de la doctrine à la mise en œuvre », a-t-il d’ailleurs récemment souligné, lors d’un entretien diffusé par le Commandement du combat futur [CCF].

Outre la notion d’Engins Lancés par Aéronefs [ELA], l’ALAT envisage le développement d’un drone tactique d’aérocombat [DTA], capable d’évoluer, comme un ailier, au côté d’un hélicoptère habité. Selon le CCF, il permettrait de « préserver l’effet de masse et d’augmenter la liberté d’action du chef en fonction du niveau de risque ou de complexité de l’enjeu opérationnel ».

En attendant, il s’agit de défricher le terrain… D’où les essais simulés de coopération entre des drones et un hélicoptère, conduits en février par DGA Essais en Vol [DGA EV] avec le concours de pilotes du Groupement aéromobile de la Section technique de l’armée de Terre [GAMSTAT], du 3e Régiment d’hélicoptères de combat [RHC], en pointe dans l’élaboration de la doctrine d’emploi des futurs ELA, et du 4e Régiment d’hélicoptères des forces spéciales [RHFS].

Cette campagne d’essais avait trois objectifs : définir les interactions « les plus pertinentes » entre les équipages et les drones, mesurer la charge cognitive des personnels navigants et évaluer une « interface tactile pour la gestion des drones ».

Le scénario a consisté à mener « une mission de reconnaissance offensive d’un hélicoptère appuyé par deux drones. Cette mission a été découpée en plusieurs phases élémentaires qui ont été jouées plusieurs fois chacune en variant les niveaux d’interopérabilité [LOI] et la configuration de l’équipage [à 2 ou à 3]. Pour chaque phase, des mesures subjectives et physiologiques de la charge cognitive des équipages ont été réalisées pour évaluer leur capacité à gérer toutes les tâches induites », explique la Direction générale de l’armement [DGA].

Quant à l’interface tactile, elle permettra « d’interagir avec une cartographie, d’afficher les informations venant des drones et de prendre le contrôle de ceux-ci [création et assignation du plan de vol, contrôle de la charge utile] », précise-t-elle, avant de se féliciter d’avoir franchi un « premier jalon ».

Les résultats de ces essais, réalisés grâce à « plusieurs simulateurs interconnectés », seront utilisés pour développer une capacité analogue pour la Marine nationale et l’armée de l’Air & de l’Espace ainsi que pour préparer un « projet d’étude amont devant intégrer des briques technologiques développées par l’industrie. »

« Cet apport améliorera la représentativité de certaines fonctionnalités, augmentera l’autonomie fonctionnelle intégrée dans les systèmes, drones ou hélicoptères, permettra d’affiner les scénarios d’emploi et devra déboucher sur la conduite d’essais en vol hybridés avec la simulation », conclut la DGA.

Photo : DGA

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

https://www.opex360.com/2025/03/24/le-3e-regiment-du-genie-a-ajoute-pres-de-4-tonnes-de-protections-supplementaires-a-ses-blindes-griffon/


Selon l’armée de Terre, le Véhicule blindé multirôle [VBMR] Griffon offre une meilleure protection aux combattants grâce à un « blindage plus performant » que celui du Véhicule de l’avant blindé [VAB], à un tourelleau téléopéré et à des « capteurs de dernière génération ». Aussi, son poids total autorisé en charge [PTAC] est de 24,5 tonnes, pour une motorisation de 400 ch lui permettant de rouler à la vitesse maximale de 90 km/h.

Dotée d’un treuil à l’avant, d’un crochet de remorquage et de modules propres aux missions assurées par les sapeurs [appui à la mobilité et au déploiement, déminage, contre-mobilité, etc.], la version « Génie » du Griffon a été présentée à l’École du Génie d’Angers, en septembre 2020. En réalité, il ne s’agissait encore que d’un prototype, conçu en tenant compte des observations faites quatre ans plus tôt par un groupe de combat du 31e Régiment du Génie [RG].

« Le projet a ainsi intégré pour la première fois ces sapeurs pour qu’ils apportent leur vision ‘terrain’ aux concepteurs et industriel concernés. Faire participer les soldats à la création des équipements permet à l’armée de Terre de disposer de matériels modernes, performants, en phase avec les réalités du terrain et les besoins des hommes », avait expliqué l’armée de Terre, à l’époque.

Le premier Griffon « Génie » fut ensuite présenté à la Direction générale de l’armement [DGA] pour des « opérations de vérification » en septembre 2021. Puis, les livraisons purent commencer.

Cependant, ces blindés sont-ils suffisamment protégés ? La question peut se poser après que, via le réseau social Facebook, le 3e RG a indiqué qu’il venait d’ajouter des protections supplémentaires à six d’entre eux, sans en préciser la raison.

« Nos maintenanciers ont réalisé le montage du blindage de nos Griffon, ajoutant près de 4 tonnes de protection par véhicule », a ainsi affirmé le 3e RG, après avoir salué un « travail d’équipe exemplaire ».

En effet, ce « défi », relevé avec l’appui de l’atelier ROUE et du 8e Régiment du Matériel [RMAT], a nécessité 1 520 heures de travail [soit 63 jours en continu]. Il a consisté à renforcer les portières et les flancs des Griffon concernés. Ces derniers, « désormais prêts pour les missions, portent fièrement leurs noms historiques : Sedan, Rocroy, Sébastopol, Chevalier Bayard, Capitaine Pigouche, Alger 1830 », a conclu le 3e RG. À noter que ces VBMR seront déployés en Roumanie, dans le cadre de la mission Aigle, conduite sous l’égide de l’Otan.

Reste à voir si cette masse supplémentaire ne va pas exercer trop de contraintes sur certains composants mécaniques de ces Griffon [embrayage, freins, suspension, etc.], comme cela a pu être le cas pour d’autres engins, comme le Véhicule blindé léger [VBL]

Photo : Griffon dotés d’un kit de protection supplémentaire, à Mourmelon – 3e RG / armée de Terre

La fusée Ariane 6 a enfin mis le satellite militaire d’observation CSO-3 en orbite

La fusée Ariane 6 a enfin mis le satellite militaire d’observation CSO-3 en orbite


Initialement prévu en décembre, le premier vol commercial [mission VA263] de la fusée Ariane 6 avait finalement été reprogrammé pour le 26 février. Seulement, Arianespace prit sagement la décision de le reporter à nouveau de quelques jours, « suite à des opérations additionnelles nécessaires sur le moyen au sol ». Et le décollage, depuis le Centre spatial guyanais [CSG] de Kourou, devait avoir lieu le 3 mars.

Seulement, quelques minutes avant le compte à rebours, le lancement fut une nouvelle fois annulé, une vanne s’étant avérée « dysfonctionnelle » au niveau de « l’un des tuyaux qui permettent d’avitailler le lanceur ». Combien de temps allait durer ce nouveau contretemps ? Cela « dépendra de notre capacité à trouver rapidement la source de l’erreur et surtout […] une solution », avait alors expliqué David Cavaillolès, le directeur exécutif d’Arianespace.

« Le lanceur va bien, il est sain, le satellite aussi », avait-il assuré, en faisant référence au satellite militaire d’observation CSO-3 [composante spatiale optique].

Les ingénieurs et les techniciens n’auront mis que trois jours pour trouver une solution. En effet, ce 6 mars, le lanceur Ariane 6 a enfin décollé de Kourou, à 17 h 24 [heure de Paris], et placé CSO-3 sur une orbite héliosynchrone à environ 800 km d’altitude, après 1 heures et 6 minutes de vol.

 

« Le lancement réussi de CSO-3 est un grand jour pour l’espace européen et marque le début de l’exploitation commerciale d’Ariane 6. Avec ce nouveau succès, nous consolidons notre indépendance d’accès à l’espace et contribuons à garantir la souveraineté de nos concitoyens. C’est un honneur pour Arianespace d’avoir livré en orbite l’ensemble du système CSO et d’avoir accompagné la France et ses partenaires européens dans cette mission stratégique. Je remercie le ministère des Armées, le commandement de l’espace, la direction générale de l’armement et le CNES pour leur confiance renouvelée », s’est félicité M. Cavaillolès.

Pour rappel, CSO-3 aurait dû être opérationnel dès 2021. Mais le retard pris dans la mise au point d’Ariane 6 et l’impossibilité de recourir à un lanceur russe de type Soyouz après le début de la guerre en Ukraine ont contrarié les projets du ministère des Armées en général… et de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] en particulier.

Mené dans le cadre du projet européen MUSIS [Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, reconnaissance and observation], le programme CSO repose sur une constellation de trois satellites d’observation aux capacités significativement accrues par rapport à leurs prédécesseurs, à savoir Helios 2A et Helios 2B.

 

Les deux premiers engins, CSO-1 et CSO-2, avaient été lancés par une fusée Soyouz en 2018 et en 2020. Le premier a été mis sur une orbite phasée, à 800 km d’altitude, tandis que le second évolue à une altitude de 480 km, ce qui lui permet de photographier des sites d’intérêt en « extrême haute résolution ».

Le fait que CSO-1 et CSO-3 évoluent à la même altitude donne à l’AAE une capacité de « revisite » qui lui faisait défaut jusqu’à présent. D’une masse d’environ 3,5 tonnes, ces engins sont « manoeuvrants » et peuvent prendre des images à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge d’une même zone géographique sous plusieurs angles. Les trois satellites de la constellation CSO ont été conçus pour une durée de vie de dix ans, précise le ministère des Armées.

Aussi, ce dernier, via la Direction générale de l’armement, prépare déjà la suite, avec le programme IRIS [Instruments de renseignement et d’imagerie spatiale]. Lancé en 2019, il vise à développer et à mettre sur orbite deux « satellites aux performances et la réactivité accrues ».

Vers l’achat de 60 Robots d’Investigation (ROBIN) pour les unités du Génie

Vers l’achat de 60 Robots d’Investigation (ROBIN) pour les unités du Génie

Le Fardier MKII de Soframe

Un avis de marché du 21 février concerne l’acquisition de robots d’investigation (ROBIN) destinés aux missions de levée de doute ou d’investigation portant sur des objets suspects de type « engins explosifs improvisés » au profit des unités du Génie de l’armée de Terre française.

Selon la DGA, le système ROBIN se positionne sur le segment des robots lourds (supérieurs à 1500 kg).

Il se compose :
– d’une plateforme téléopérée à plusieurs centaines de mètres et équipée de moyens d’observation et de communication ;
– d’un bras d’investigation équipé d’un outil multifonctions ;
– d’éléments d’environnement (lot de bord, timon, accessoires fixés sur la plateforme…).

Le système ROBIN permettra, après la détection d’un objet suspect enterré, de retirer la couche de matériau dissimulant l’objet, d’observer et permettre ainsi une première analyse. Le cas échéant, l’objet sera déplacé pour l’extraire et l’éloigner de l’axe de progression. Sur longues distances, le ROBIN est transporté sur une remorque attelée à un véhicule de type Griffon (la remorque est hors du périmètre de la présente procédure). Le système ROBIN doit également pouvoir être tracté, attelé directement à un véhicule de type Griffon, sur des distances de l’ordre de plusieurs centaines de mètres parcourues à une vitesse de 30km/h. Le marché porte sur la fourniture d’un maximum d’environ 40 systèmes ROBIN et environ 20 systèmes ROBIN sans bras d’investigation (i.e. plateformes robotiques nues).

Soframe pourrait présenter son Fardier MKII.