La France éblouit le reste de l’Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre

La France éblouit le reste de l’Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre

La France éblouit le reste de l'Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre
La France éblouit le reste de l’Europe avec le programme le plus ambitieux du continent pour la modernisation de son armée de Terre

Le programme de transformation de l’armée de Terre française SCORPION fête ses 10 ans.

Dix ans se sont écoulés depuis le lancement du programme SCORPION, un projet qui a radicalement transformé les capacités terrestres de l’armée française. Un événement de deux jours début avril a servi de vitrine pour prouver l’efficacité et à la pertinence des systèmes qui composent ce programme. De nombreuses délégations étrangères y étaient présentes, témoignant de l’intérêt international pour ces innovations françaises.

Le programme SORPION fête ses 10 ans à réinventer l’armée de Terre française

Le programme Scorpion, lancé en 2014, vise à moderniser les capacités de combat de l’armée de Terre française. Son budget est inclus dans la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, qui prévoit des investissements significatifs pour les équipements militaires. Pour la période 2024-2030, le budget total des armées françaises est de 413,3 milliards d’euros, avec une augmentation progressive chaque année, atteignant 68,9 milliards d’euros en 2030. Le programme Scorpion inclut la livraison de 1 872 véhicules blindés Griffon, 300 Jaguar et 103 Serval d’ici 2033. En 2024, des crédits supplémentaires sont alloués pour soutenir les programmes à effet majeur, dont Scorpion.

KNDS suit la cadence

Depuis la mise en service des premiers véhicules en 2019, le site de montage final de KNDS France, situé à Roanne, a vu sa capacité de production tripler, passant de 92 à 300 véhicules par an. Cet accroissement fulgurant vise un objectif encore plus ambitieux : atteindre une production de 450 unités par an pour l’ensemble des modèles du programme. Cette montée en puissance témoigne de l’engagement de la France dans la modernisation de ses forces terrestres.

De 3 à 6 versions du véhicule GRIFFON

Initialement prévues en trois versions, les configurations du véhicule GRIFFON s’élargissent aujourd’hui à six, incluant notamment le GRIFFON MEPAC, doté d’un mortier embarqué pour l’appui rapproché, livré fin 2024. Ces véhicules ne se contentent pas de combler les lacunes des versions précédentes mais introduisent des améliorations substantielles en termes de puissance de feu et de capacités médicales, doublant la capacité d’évacuation des blessés graves.

Une modernisation des capacités de communication

Le programme SCORPION marque une évolution majeure dans les capacités de communication du champ de bataille avec l’intégration de stations compatibles avec le système satellite Syracuse IV. Cette modernisation est le fruit d’un consortium temporaire d’entreprises, soulignant l’importance de la coopération industrielle dans le succès de SCORPION.

En outre, les véhicules SCORPION sont conçus pour intégrer le Système d’Information du Combat SCORPION (SICS), permettant une numérisation en temps réel du champ de bataille et un combat collaboratif. Cette intégration fait de la 6e Brigade Légère Blindée la première brigade interarmes complètement « SCORPIONisée ».

Avancées technologiques et opérationnelles

Les retours d’expérience des déploiements des véhicules GRIFFON dans le Sahel et en Europe de l’Est ont permis des améliorations significatives sous l’Increment 2 du programme. Ces modifications visent à augmenter la robustesse des véhicules et à optimiser leur discrétion et ergonomie, avec des tests de qualification prévus cette année et une intégration des améliorations dès 2026.

Une vitrine internationale de l’excellence française

L’exercice BIA23 a mis en lumière le rôle crucial du consortium GME EBMR dans l’actualisation des capacités de ciblage d’artillerie et de communication par satellite, renforçant la position de la France en tant que leader en matière de technologie de défense terrestre. Les Jours du SCORPION ne sont pas seulement une démonstration de force, mais aussi une plateforme d’échange doctrinal et logistique essentielle pour façonner l’avenir de la guerre terrestre.

Les programmes militaires similaires en Europe

En Europe, plusieurs programmes équivalents au programme SCORPION de l’armée de terre française sont en cours de développement. Par exemple, l’Allemagne travaille sur le programme Puma, qui vise à moderniser ses véhicules de combat d’infanterie. L’Italie a également le programme Freccia, destiné à améliorer ses capacités de combat blindé. En outre, l’Union européenne encourage la coopération entre États membres pour développer des capacités militaires communes via le Fonds européen de défense (EDF). Ces initiatives visent à renforcer l’interopérabilité et la modernisation des forces terrestres européennes.

Programme Pays Objectif Principal Coût Estimé (milliards €) Nombre de Véhicules
Puma Allemagne Modernisation des véhicules de combat d’infanterie 12,5 405
Freccia Italie Amélioration des capacités de combat blindé 1,8 250
Ajax Royaume-Uni Développement de véhicules de reconnaissance et de combat 3,5 589
CV90 Suède Modernisation des véhicules de combat d’infanterie 1,2 500

Source : KNDS

Image : Griffon (source : Etat major des armées)

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

– Forces opérations Blog – publié le

L’armée de Terre cherche une nouvelle dépanneuse blindée. Jusqu’à 150 exemplaires pourraient être acquis via une compétition engagée hier par la Direction générale de l’armement (DGA). 

Derrière cette mise en concurrence, des « engins lourds de dépannage (ELD) destinés au dépannage de véhicules tactiques au profit des armées ». À commencer par les Serval, Jaguar et Griffon de la famille SCORPION, des engins à roues de 17 à 25 tonnes progressivement livrés à l’armée de Terre. 

Cet ELD sera composé d’un camion doté d’une cabine blindée, d’une grue et d’une fonction de levage avec lesquelles il pourra extraire et récupérer les véhicules SCORPION au contact sur route ou hors route tout en contribuant aux opérations de maintenance. 

La cible envisagée par ce futur accord-cadre conclu pour une durée de cinq ans ? Quelque 150 ELD, dont 20 en tranche ferme. Les cinq premiers seront livrés au maximum 18 mois après la notification du contrat. Les 15 suivants sont attendus dans les six mois qui suivront ce lot initial. L’envergure de l’investissement n’est pas connue. 

L’annonce devrait intéresser au moins un acteur français : SOFRAME. Cette filiale du groupe Lohr aurait plusieurs cartes à jouer. D’une part, un porteur poids lourd de dépannage (PPLD) développé avec Iveco et en service dans l’armée de Terre. D’autre part, un Protected Recovery Vehicle (PRV) acquis en 2019 par la Composante Terre belge. Suivre cette voie, ce serait donc renforcer l’interopérabilité matérielle engagée avec un partenaire stratégique. 

Crédits image : SOFRAME

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles


Le 28 janvier, la Direction générale de l’armement a fait savoir qu’elle venait de notifier à KNDS France un contrat portant sur la modernisation de 100 chars Leclerc supplémentaires, ceux-ci devant être portés au standard XLR. Pour rappel, l’armée de Terre devra en aligner 160 exemplaires en 2030 et 200 en 2035.

Cette opération vise à doter le Leclerc de l’ensemble des équipements nécessaires au combat collaboratif [Système d’information du combat SCORPION, radio CONTACT], d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm, d’un brouilleur BARAGE pour renforcer sa protection contre les engins explosifs improvisés [EEI ou IED].

En outre, il s’agit également d’améliorer sa conduite de tir, grâce à des viseurs « PASEO », fournis par Safran Electronics & Defense. Seulement, les premiers Leclerc XLR remis à l’armée de Terre [34 l’avaient été au 10 décembre 2024] ne disposent pas de cette fonctionnalité… puisque celle-ci ne sera pas disponible avant 2028.

Le contrat relatif à l’intégration des viseurs PASEO a été attribué à KNDS France et à Safran Electronics & Defense par la DGA en février 2024.

« Ces viseurs sont les deux systèmes d’observation et d’engagement principaux du char Leclerc qui permettent à l’équipage de détecter, d’identifier et de cibler un objectif à plusieurs kilomètres avant de l’engager », avaient alors expliqué les deux industriels. Et d’ajouter que l’objectif était de « numériser le cœur optronique du système d’arme du char » afin d’accroître le « flux de données » et de « fournir des images de très haute qualité dans toutes les conditions ».

Cela étant, en juin de la même année, à l’occasion du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, Safran dévoila sa solution d’intelligence artificielle ACE [pour « Advanced Cognitive Engine »], celle-ci devant être intégrée à l’ensemble de ses produits, dont les viseurs PASEO.

« ACE permet notamment d’augmenter les capacités de détection, de classification et d’identification des cibles en corrigeant les effets générés par les conditions environnementales comme la turbulence atmosphérique ou la faible luminosité », avait expliqué l’industriel.

Et de préciser que « d’autres fonctions telles que le suivi avancé de pistes ou la détection d’objets d’intérêts aideront les utilisateurs à accomplir leurs missions en allégeant leur charge cognitive ».

Cette avancée a conduit la DGA à notifier un autre contrat au groupement momentané d’entreprises MODVIS, formé par KNDS France et Safran.

« Le GME Modernisation des Viseurs du char Leclerc rénové [MODVIS] vient d’être notifié par la DGA de l’intégration de fonctions avancées d’Observation au Viseur Chef », a en effet annoncé KNDS France, le 28 mars, via les réseaux sociaux X et LinkedIn.

« S’appuyant sur l’Intelligence Artificielle de Safran Electronics & Defense, ces dernières améliorent significativement les capacités de surveillance, de détection et de classification de cibles », a-t-il poursuivi, avant de rappeler que le GME MODVIS a « pour objectif d’améliorer la performance des viseurs du char [viseur Tireur et viseur Chef], notamment en remplaçant le viseur Chef par un viseur PASEO ».

La Direction générale de l’armement a fait franchir un « premier jalon » à la coopération drone / hélicoptère

La Direction générale de l’armement a fait franchir un « premier jalon » à la coopération drone / hélicoptère


L’idée de mettre en œuvre un drone aérien [voire plusieurs] depuis un hélicoptère n’est pas nouvelle : le Tigre porté au standard MK2+ ainsi que le NH-90 devraient disposer de cette capacité qui, appelée MUM-T [pour Manned-Unmanned Teaming], a récemment fait l’objet d’une démonstration organisée par Airbus Helicopters et Leonardo dans le cadre du projet MUSHER.

Ainsi, l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] développe le concept de « dronisation de l’aérocombat », qui est dans ses « cartons » depuis quinze ans, selon son commandant, le général David Cruzille. « Le drone, aujourd’hui, c’est une belle opportunité. Il y a un tel bond technologique que l’on peut passer de la doctrine à la mise en œuvre », a-t-il d’ailleurs récemment souligné, lors d’un entretien diffusé par le Commandement du combat futur [CCF].

Outre la notion d’Engins Lancés par Aéronefs [ELA], l’ALAT envisage le développement d’un drone tactique d’aérocombat [DTA], capable d’évoluer, comme un ailier, au côté d’un hélicoptère habité. Selon le CCF, il permettrait de « préserver l’effet de masse et d’augmenter la liberté d’action du chef en fonction du niveau de risque ou de complexité de l’enjeu opérationnel ».

En attendant, il s’agit de défricher le terrain… D’où les essais simulés de coopération entre des drones et un hélicoptère, conduits en février par DGA Essais en Vol [DGA EV] avec le concours de pilotes du Groupement aéromobile de la Section technique de l’armée de Terre [GAMSTAT], du 3e Régiment d’hélicoptères de combat [RHC], en pointe dans l’élaboration de la doctrine d’emploi des futurs ELA, et du 4e Régiment d’hélicoptères des forces spéciales [RHFS].

Cette campagne d’essais avait trois objectifs : définir les interactions « les plus pertinentes » entre les équipages et les drones, mesurer la charge cognitive des personnels navigants et évaluer une « interface tactile pour la gestion des drones ».

Le scénario a consisté à mener « une mission de reconnaissance offensive d’un hélicoptère appuyé par deux drones. Cette mission a été découpée en plusieurs phases élémentaires qui ont été jouées plusieurs fois chacune en variant les niveaux d’interopérabilité [LOI] et la configuration de l’équipage [à 2 ou à 3]. Pour chaque phase, des mesures subjectives et physiologiques de la charge cognitive des équipages ont été réalisées pour évaluer leur capacité à gérer toutes les tâches induites », explique la Direction générale de l’armement [DGA].

Quant à l’interface tactile, elle permettra « d’interagir avec une cartographie, d’afficher les informations venant des drones et de prendre le contrôle de ceux-ci [création et assignation du plan de vol, contrôle de la charge utile] », précise-t-elle, avant de se féliciter d’avoir franchi un « premier jalon ».

Les résultats de ces essais, réalisés grâce à « plusieurs simulateurs interconnectés », seront utilisés pour développer une capacité analogue pour la Marine nationale et l’armée de l’Air & de l’Espace ainsi que pour préparer un « projet d’étude amont devant intégrer des briques technologiques développées par l’industrie. »

« Cet apport améliorera la représentativité de certaines fonctionnalités, augmentera l’autonomie fonctionnelle intégrée dans les systèmes, drones ou hélicoptères, permettra d’affiner les scénarios d’emploi et devra déboucher sur la conduite d’essais en vol hybridés avec la simulation », conclut la DGA.

Photo : DGA

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

https://www.opex360.com/2025/03/24/le-3e-regiment-du-genie-a-ajoute-pres-de-4-tonnes-de-protections-supplementaires-a-ses-blindes-griffon/


Selon l’armée de Terre, le Véhicule blindé multirôle [VBMR] Griffon offre une meilleure protection aux combattants grâce à un « blindage plus performant » que celui du Véhicule de l’avant blindé [VAB], à un tourelleau téléopéré et à des « capteurs de dernière génération ». Aussi, son poids total autorisé en charge [PTAC] est de 24,5 tonnes, pour une motorisation de 400 ch lui permettant de rouler à la vitesse maximale de 90 km/h.

Dotée d’un treuil à l’avant, d’un crochet de remorquage et de modules propres aux missions assurées par les sapeurs [appui à la mobilité et au déploiement, déminage, contre-mobilité, etc.], la version « Génie » du Griffon a été présentée à l’École du Génie d’Angers, en septembre 2020. En réalité, il ne s’agissait encore que d’un prototype, conçu en tenant compte des observations faites quatre ans plus tôt par un groupe de combat du 31e Régiment du Génie [RG].

« Le projet a ainsi intégré pour la première fois ces sapeurs pour qu’ils apportent leur vision ‘terrain’ aux concepteurs et industriel concernés. Faire participer les soldats à la création des équipements permet à l’armée de Terre de disposer de matériels modernes, performants, en phase avec les réalités du terrain et les besoins des hommes », avait expliqué l’armée de Terre, à l’époque.

Le premier Griffon « Génie » fut ensuite présenté à la Direction générale de l’armement [DGA] pour des « opérations de vérification » en septembre 2021. Puis, les livraisons purent commencer.

Cependant, ces blindés sont-ils suffisamment protégés ? La question peut se poser après que, via le réseau social Facebook, le 3e RG a indiqué qu’il venait d’ajouter des protections supplémentaires à six d’entre eux, sans en préciser la raison.

« Nos maintenanciers ont réalisé le montage du blindage de nos Griffon, ajoutant près de 4 tonnes de protection par véhicule », a ainsi affirmé le 3e RG, après avoir salué un « travail d’équipe exemplaire ».

En effet, ce « défi », relevé avec l’appui de l’atelier ROUE et du 8e Régiment du Matériel [RMAT], a nécessité 1 520 heures de travail [soit 63 jours en continu]. Il a consisté à renforcer les portières et les flancs des Griffon concernés. Ces derniers, « désormais prêts pour les missions, portent fièrement leurs noms historiques : Sedan, Rocroy, Sébastopol, Chevalier Bayard, Capitaine Pigouche, Alger 1830 », a conclu le 3e RG. À noter que ces VBMR seront déployés en Roumanie, dans le cadre de la mission Aigle, conduite sous l’égide de l’Otan.

Reste à voir si cette masse supplémentaire ne va pas exercer trop de contraintes sur certains composants mécaniques de ces Griffon [embrayage, freins, suspension, etc.], comme cela a pu être le cas pour d’autres engins, comme le Véhicule blindé léger [VBL]

Photo : Griffon dotés d’un kit de protection supplémentaire, à Mourmelon – 3e RG / armée de Terre

La fusée Ariane 6 a enfin mis le satellite militaire d’observation CSO-3 en orbite

La fusée Ariane 6 a enfin mis le satellite militaire d’observation CSO-3 en orbite


Initialement prévu en décembre, le premier vol commercial [mission VA263] de la fusée Ariane 6 avait finalement été reprogrammé pour le 26 février. Seulement, Arianespace prit sagement la décision de le reporter à nouveau de quelques jours, « suite à des opérations additionnelles nécessaires sur le moyen au sol ». Et le décollage, depuis le Centre spatial guyanais [CSG] de Kourou, devait avoir lieu le 3 mars.

Seulement, quelques minutes avant le compte à rebours, le lancement fut une nouvelle fois annulé, une vanne s’étant avérée « dysfonctionnelle » au niveau de « l’un des tuyaux qui permettent d’avitailler le lanceur ». Combien de temps allait durer ce nouveau contretemps ? Cela « dépendra de notre capacité à trouver rapidement la source de l’erreur et surtout […] une solution », avait alors expliqué David Cavaillolès, le directeur exécutif d’Arianespace.

« Le lanceur va bien, il est sain, le satellite aussi », avait-il assuré, en faisant référence au satellite militaire d’observation CSO-3 [composante spatiale optique].

Les ingénieurs et les techniciens n’auront mis que trois jours pour trouver une solution. En effet, ce 6 mars, le lanceur Ariane 6 a enfin décollé de Kourou, à 17 h 24 [heure de Paris], et placé CSO-3 sur une orbite héliosynchrone à environ 800 km d’altitude, après 1 heures et 6 minutes de vol.

 

« Le lancement réussi de CSO-3 est un grand jour pour l’espace européen et marque le début de l’exploitation commerciale d’Ariane 6. Avec ce nouveau succès, nous consolidons notre indépendance d’accès à l’espace et contribuons à garantir la souveraineté de nos concitoyens. C’est un honneur pour Arianespace d’avoir livré en orbite l’ensemble du système CSO et d’avoir accompagné la France et ses partenaires européens dans cette mission stratégique. Je remercie le ministère des Armées, le commandement de l’espace, la direction générale de l’armement et le CNES pour leur confiance renouvelée », s’est félicité M. Cavaillolès.

Pour rappel, CSO-3 aurait dû être opérationnel dès 2021. Mais le retard pris dans la mise au point d’Ariane 6 et l’impossibilité de recourir à un lanceur russe de type Soyouz après le début de la guerre en Ukraine ont contrarié les projets du ministère des Armées en général… et de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] en particulier.

Mené dans le cadre du projet européen MUSIS [Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, reconnaissance and observation], le programme CSO repose sur une constellation de trois satellites d’observation aux capacités significativement accrues par rapport à leurs prédécesseurs, à savoir Helios 2A et Helios 2B.

 

Les deux premiers engins, CSO-1 et CSO-2, avaient été lancés par une fusée Soyouz en 2018 et en 2020. Le premier a été mis sur une orbite phasée, à 800 km d’altitude, tandis que le second évolue à une altitude de 480 km, ce qui lui permet de photographier des sites d’intérêt en « extrême haute résolution ».

Le fait que CSO-1 et CSO-3 évoluent à la même altitude donne à l’AAE une capacité de « revisite » qui lui faisait défaut jusqu’à présent. D’une masse d’environ 3,5 tonnes, ces engins sont « manoeuvrants » et peuvent prendre des images à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge d’une même zone géographique sous plusieurs angles. Les trois satellites de la constellation CSO ont été conçus pour une durée de vie de dix ans, précise le ministère des Armées.

Aussi, ce dernier, via la Direction générale de l’armement, prépare déjà la suite, avec le programme IRIS [Instruments de renseignement et d’imagerie spatiale]. Lancé en 2019, il vise à développer et à mettre sur orbite deux « satellites aux performances et la réactivité accrues ».

Vers l’achat de 60 Robots d’Investigation (ROBIN) pour les unités du Génie

Vers l’achat de 60 Robots d’Investigation (ROBIN) pour les unités du Génie

Le Fardier MKII de Soframe

Un avis de marché du 21 février concerne l’acquisition de robots d’investigation (ROBIN) destinés aux missions de levée de doute ou d’investigation portant sur des objets suspects de type « engins explosifs improvisés » au profit des unités du Génie de l’armée de Terre française.

Selon la DGA, le système ROBIN se positionne sur le segment des robots lourds (supérieurs à 1500 kg).

Il se compose :
– d’une plateforme téléopérée à plusieurs centaines de mètres et équipée de moyens d’observation et de communication ;
– d’un bras d’investigation équipé d’un outil multifonctions ;
– d’éléments d’environnement (lot de bord, timon, accessoires fixés sur la plateforme…).

Le système ROBIN permettra, après la détection d’un objet suspect enterré, de retirer la couche de matériau dissimulant l’objet, d’observer et permettre ainsi une première analyse. Le cas échéant, l’objet sera déplacé pour l’extraire et l’éloigner de l’axe de progression. Sur longues distances, le ROBIN est transporté sur une remorque attelée à un véhicule de type Griffon (la remorque est hors du périmètre de la présente procédure). Le système ROBIN doit également pouvoir être tracté, attelé directement à un véhicule de type Griffon, sur des distances de l’ordre de plusieurs centaines de mètres parcourues à une vitesse de 30km/h. Le marché porte sur la fourniture d’un maximum d’environ 40 systèmes ROBIN et environ 20 systèmes ROBIN sans bras d’investigation (i.e. plateformes robotiques nues).

Soframe pourrait présenter son Fardier MKII.

KNDS France a officiellement dévoilé le Centurio X-30, un nouveau robot armé d’un canon de 30 mm

KNDS France a officiellement dévoilé le Centurio X-30, un nouveau robot armé d’un canon de 30 mm


Lors de l’édition 2018 du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, KNDS France [Nexter, à l’époque] avait dévoilé l’Optio X20, son premier robot armé. En réalité, il s’agissait d’une mule robotisée THeMIS [fournie par l’estonien Milrem Robotics, ndlr] équipée de la tourelle téléopérée ARX-20 de 20 mm. Ce projet n’eut pas de suite. Ou, du moins, il ne suscita pas l’intérêt de l’armée de Terre.

Puis, cinq ans plus tard, KNDS France s’est associé à SERA Ingénierie, une filiale du groupe SOGECLAIR, afin de former le « champion français de la robotique militaire » et, partant, de développer un robot terrestre à partir de la plateforme « PHOBOS » afin de répondre aux besoins de l’armée de Terre.

« Grâce à une architecture robotique pointue, ce robot remplira des missions dangereuses comme du contreminage en assurant la sécurité de ses opérateurs » tout en « conjuguant au mieux mobilité, ergonomie et faible empreinte logistique », avaient expliqué KNDS France et Sera Ingénierie, lors de l’annonce de leur partenariat.

Partenariat qui a permis de mettre au point le véhicule robotisé Centurio. L’an passé, lors d’essais réalisés au camp de Canjuers, ce dernier avait « démontré sa grande mobilité » sur les terrains difficiles ainsi que ses capacités de « franchissement et de tractage rapide sur de longues distances ». Puis, lors d’EuroSatory 2024, KNDS France a présenté un Centurio doté d’un canon de 20 mm.

Depuis, la gamme s’est enrichie. Le 7 février, la Direction générale de l’armement [DGA] a illustré l’annonce de la notification du contrat-cadre DROIDE à KNDS France et Safran Electronics Defense avec une photographie montrant un Centurio armé.

Dix jours plus tard, KNDS France en a dit plus au sujet de ses projets en la matière. En effet, à l’occasion du salon de l’armement IDEX 25, organisé à Abou Dhabi, l’industriel a officiellement présenté le Centurio X-30, c’est-à-dire un Centurio doté d’une tourelle ARX-30 de 30 mm. « Officiellement » car l’industriel avait déjà communiqué – succinctement – à son sujet via le réseau social X, en octobre dernier.

« Nous sommes fiers de voir notre plateforme Phobos intégrée au Centurio X-30, la dernière innovation en robotique terrestre de KNDS France, dévoilée à IDEX 2025 », a commenté Sogeclair, via le réseau social LinkedIn. « Cette collaboration initiée il y a deux ans aboutit aujourd’hui à une alliance unique entre un système d’arme de pointe et la mobilité exceptionnelle de notre plateforme. Une avancée majeure pour l’innovation en robotique terrestre », a ajouté François Traxel, le directeur commercial du groupe.

De son côté, KNDS France a expliqué que le Centurio X-30 a été conçu pour apporter un « appui-feu lourd aux unités débarquées tout en pouvant être téléopéré ».

Et d’ajouter : « Grâce à ses capacités de mobilité autonomes, Centurio X-30 assiste l’opérateur en s’adaptant aux conditions du terrain. Il permet ainsi de réduire la charge cognitive en phase de faible intensité et d’apporter un soutien précieux à la prise de décision lors des engagements de haute intensité ».

Pouvant atteindre la vitesse de 60 km/h et évoluer sans avoir besoin de signaux de géolocalisation par satellite, le Centurio X-30 est mis en œuvre par un seul opérateur, chargé notamment de l’armement. Ce robot est doté de liaisons suffisamment « robustes » pour ne pas être perturbées par le brouillage électronique.

Photo : KNDS France

L’Armée française sera bientôt la plus moderne d’Europe en confiant les rênes de sa robotisation à 2 géants de l’armement dans l’hexagone

L’Armée française sera bientôt la plus moderne d’Europe en confiant les rênes de sa robotisation à 2 géants de l’armement dans l’hexagone

L'Armée française sera bientôt la plus moderne d'Europe en confiant les rênes de sa robotisation à 2 géants de l’armement dans l'hexagone
L’Armée française sera bientôt la plus moderne d’Europe en confiant les rênes de sa robotisation à 2 géants de l’armement dans l’hexagone

 

L’Armée française passe la seconde avec le programme DROIDE pour une intégration accélérée.

La Direction Générale de l’Armement (DGA) française a franchi une nouvelle étape dans le développement de la robotique militaire en attribuant un accord-cadre de sept ans à KNDS France et Safran Electronics & Defense. Ce programme, nommé DROIDE, s’inscrit dans une démarche plus large visant à moderniser les capacités militaires de la France dans les systèmes autonomes et à renforcer l’utilisation des plateformes robotiques terrestres d’ici 2030-2035.

La DGA commence le programme DROIDE pour moderniser l’armée française avec la robotique militaire

Le programme DROIDE est un pivot central dans la stratégie d’intégration de la robotique dans le combat terrestre, une priorité que la DGA explore depuis plusieurs années. L’Armée française évalue le potentiel des systèmes robotiques pour soutenir les opérations militaires dans les domaines logistiques, de reconnaissance et de combat. L’accord-cadre DROIDE vise à faire avancer la maturité technologique des plateformes robotiques tout en tenant compte des défis spécifiques posés par le terrain et les conditions opérationnelles.

Développement et innovation

Ce programme prévoit le développement d’un démonstrateur robotique terrestre multi-missions conçu pour assister les unités de combat et réduire l’exposition des soldats aux risques. L’histoire récente de la robotique militaire en France montre une expansion progressive des capacités dans ce domaine, notamment avec le programme FURIOUS qui a précédé DROIDE et a conduit au développement de trois démonstrateurs de différentes tailles pour la reconnaissance de zone, l’exploration de bâtiments et le transport d’équipements.

Phase contractuelle et expérimentations

Suite aux progrès réalisés sous le programme FURIOUS, une nouvelle phase contractuelle a été attribuée à Safran Electronics & Defense en 2022, après des essais réussis en 2021. Cette phase s’est concentrée sur l’optimisation de l’architecture modulaire des systèmes, tant matériel que logiciel, pour améliorer leur niveau d’autonomie.

Essais sur le terrain et perspectives futures

L’Armée française a augmenté ses efforts d’expérimentation sur le terrain, menant des essais avec une mule robotique au Sahel et lançant le défi CoHoMa. La Loi de Programmation Militaire (LPM) 2024-2030 a renforcé cette approche en soulignant la nécessité de développer des robots terrestres capables d’interagir avec les soldats et leur environnement sous contrôle humain, réduisant ainsi les risques pour les forces déployées.

Enjeux techniques et opérationnels

Cependant, le déploiement de systèmes robotiques armés présente des défis techniques et opérationnels complexes. Le général Pierre Schill, lors d’une audience au Sénat en novembre 2024, a souligné les difficultés associées au mouvement autonome et au contrôle du feu. La LPM prévoit une intégration initiale de ces systèmes robotiques d’ici 2030, tout en continuant les tests nécessaires pour garantir leur efficacité et leur sécurité dans les environnements opérationnels.

Renforcement de l’écosystème technologique français

L’accord-cadre DROIDE est conçu pour inclure des partenaires tiers offrant des solutions innovantes, renforçant ainsi l’écosystème industriel et technologique français dans ce domaine. Safran Electronics & Defense devrait tirer parti de son expérience du programme FURIOUS, notamment avec ses mini-robots Nerva et la mule robotique Ultro 600. Pendant ce temps, KNDS France s’appuiera sur sa collaboration avec SERA Ingénierie, une filiale du groupe SOGECLAIR, qui a contribué au développement du robot terrestre Centurio.

Cet article explore l’engagement de la DGA et de l’Armée française à accélérer l’intégration de systèmes autonomes au sein des forces terrestres à travers le programme DROIDE. En structurant la recherche et le développement autour d’un démonstrateur multi-missions, le programme vise à identifier les solutions technologiques les plus adaptées aux besoins opérationnels futurs tout en maintenant la souveraineté industrielle et technologique dans le domaine stratégique de la robotique militaire.

Source : DGA

Image : Safran (programme FUSIOUS)

Le ministère des Armées a commandé 530 véhicules légers tactiques polyvalents protégés pour l’armée de Terre

Le ministère des Armées a commandé 530 véhicules légers tactiques polyvalents protégés pour l’armée de Terre


Selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, l’armée de Terre devrait posséder 2038 blindés de type Serval à l’horizon 2035, dont 1060 acquis au titre du programme « Véhicule léger tactique polyvalent protégé » [VLTP-P]. Et cela, afin d’équiper les « unités de combat et d’appui au contact de l’environnement de SCORPION ».

D’où la commande qu’a récemment notifiée la Direction générale de l’armement [DGA] auprès de KNDS France, Texelis [dont les activités « Défense » sont sur le point d’être reprises par KNDS, ndlr], MBDA et CS Group.

En effet, via un communiqué publié ce 8 février, la DGA a annoncé qu’elle avait commandé 530 Serval « Appui SCORPION » au profit de l’armée de Terre, pour un montant avoisinant 1 milliard d’euros. En outre, 97 autres Serval ont également fait l’objet d’une commande, cette fois au titre du programme SCORPION.

Cet « investissement est réalisé dans le cadre du programme véhicule léger tactique polyvalent [VLTP]. Il est également porté par les programmes Défense Surface Air Basse Couche et Lutte anti-drone en charge respectivement de l’acquisition des systèmes de Défense Sol-Air et de Lutte anti-drones », a précisé la DGA.

Ces Serval « Appui SCORPION » permettront la « mise sous blindage » et l’intégration à l’environnement SCORPION des unités de l’armée de Terre qui, dédiées au commandement, à l’appui et au soutien, sont amenées à évoluer dans « la zone des contacts », au sein d’une brigade interarmes.

Le programme VLTP-P permettra ainsi à l’armée de Terre de moderniser des capacités vieillissantes, voire « orphelines » depuis plusieurs années. Comme cela a déjà été annoncé, il est question de développer plusieurs nouvelles versions du Serval, dont une dédiée à la défense sol-air [DSA], avec une tourelle dotée de missiles sol-air de type MISTRAL 3, et une autre pour la lutte antidrone [LAD], avec l’intégration d’un radar, d’un système de détection des radiofréquences, d’une conduite de tir et d’un canon de 30 mm.

Le Serval « Appui SCORPION » se déclinera également en version NCT [nœud de communications tactiques] avec l’intégration de capacités de communications satellitaires [Syracuse IV] et hertziennes.

« Le Serval est doté d’un haut niveau de performances sur les plans de la mobilité, de la protection, de l’autonomie ainsi que d’une capacité de projection remarquable. Sa modularité est complétée par l’intégration de nouvelles fonctions de haute valeur ajoutée », rappelle la DGA.

Le VLTP-P est le troisième incrément d’un programme plus large, appelé VLTP. Celui-ci s’est d’abord concrétisé par l’acquisition de 4 380 véhicules VT4 et de 103 véhicules sanitaires non protégés.

Cependant, l’armée de Terre ne devrait pas être la seule à être équipée de Serval étant donné que le programme VLTP-P doit aussi permettre aux fusiliers commandos de l’armée de l’Air & de l’Espace de remplacer leurs Véhicule d’intervention blindé, basés sur le VAB.