L’armée de Terre a réceptionné son premier Griffon MEPAC

L’armée de Terre a réceptionné son premier Griffon MEPAC

par – Forces opérations Blog – publié le

Comme prévu, la Direction générale de l’armement a livré le premier Griffon « mortier embarqué pour l’appui au contact » (MEPAC) à l’armée de Terre en fin d’année dernière. Une cinquantaine d’exemplaires suivront pour armer une batterie complète dans chaque régiment d’artillerie.

Dix ans après la notification d’un premier marché majeur, la famille de véhicules SCORPION est désormais au complet. Après le Griffon, le Jaguar et le Serval, le Griffon MEPAC a rejoint les rangs de l’armée de Terre le 19 décembre dernier. Livré au 8e régiment du matériel, il servira dans un premier temps à la réalisation d’une évaluation technico-opérationnelle (EVTO) par la Section technique de l’armée de Terre. 

« Une livraison de 10 autres véhicules est prévue en 2025 », annonce aujourd’hui le ministère des Armées conformément au calendrier annoncé plus tôt. Les 43 autres seront livrés à l’armée de Terre d’ici à fin 2028. 

Derrière l’exemplaire pris en main par la STAT, d’autres sont attendus au printemps pour commencer à équiper les six régiments d’artillerie « sol-sol canon » de l’armée de Terre. Chaque unité disposera à terme d’une batterie à huit pièces venant remplacer des mortiers de 120 mm tractés reversés dans l’infanterie.

Aérotransportable par A400M et armé par quatre militaires, le Griffon MEPAC viendra renforcer la mobilité tactique des batteries opérant en appui d’un groupement ou d’un sous-groupement tactique interarmes. Il bénéficie en effet de la chaîne de mobilité, de la vétronique et des moyens de protection communs à l’ensemble des variantes et sous-variantes du Griffon. 

La principale différence relève du mortier 2R2M et des 32 munitions embarquées en tranche arrière. Son système de chargement semi-automatique permet à une équipe de pièce aguerrie de tirer jusqu’à 12 obus en 90 secondes, dont six sont prêts au tir. Derrière le mortier, le Griffon MEPAC repose également sur une centrale de navigation inertielle, un calculateur de pièce (CALP) et un boitier de commande de l’arme. 

Le tout permet de traiter un objectif au-delà de 8 km avec la gamme d’obus prérayés actuellement en service, soit via le logiciel de conduite des feux ATLAS, soit de manière autonome. Quant à l’adoption d’une munition guidée, le sujet serait repassé au second plan pour concentrer l’effort sur le calibre 155 mm du canon CAESAR. 

La tranche de production du Griffon MEPAC avait été notifiée début 2022 auprès du groupement momentané d’entreprises formé par KNDS France, Arquus et Thales. Un an plus tard, le système engrangeait un premier succès à l’export avec la commande par la Belgique de 24 pièces dans le cadre du partenariat binational CaMo. Leur livraison au profit de la Composante Terre est programmée pour 2028-2029. 

Crédits image : DGA Techniques Terrestres

La Marine nationale peut commencer à utiliser son premier drone de surface dédié à la guerre des mines

La Marine nationale peut commencer à utiliser son premier drone de surface dédié à la guerre des mines


Confié à Thales en 2015, dans le cadre d’une coopération avec le Royaume-Uni placée sous l’égide de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], le Maritime Mine Counter Measures [MMCM] doit permettre d’identifier et de neutraliser des mines grâce à un drone de surface [USV] qui, doté d’un sonar remorqué, est associé à un robot téléopéré [ROV] et à trois drones sous-marins [AUV].

Cet ensemble repose sur le système de mission M-CUB ainsi que sur le logiciel MiMap, capable d’analyser en temps réel les données collectées par le sonar grâce à un algorithme d’intelligence artificielle [IA]. Enfin, il est mis en œuvre à partir d’un centre d’opérations léger, appelé e-POC [pour expeditionary-Portable Operations Center], censé permettre de mener des missions de lutte anti-mines avec des USV depuis « n’importe quel théâtre d’opérations ».

En décembre, après la livraison de deux prototypes/démonstrateurs à la France et au Royaume-Uni, l’OCCAr a fait savoir que Thales venait de remettre un premier drone de surface à la Direction générale de l’armement [DGA]. Ce que cette dernière a confirmé, ce 21 janvier.

« La livraison de ce drone constitue une première étape avant l’atteinte d’une véritable capacité opérationnelle en fin d’année 2025. Dans cette perspective, ce drone sera associé à cinq drones de surface supplémentaires, constituant ainsi la première capacité de systèmes autonomes de surface de la Marine nationale », a en effet indiqué la DGA, via un communiqué.

Mais elle a donné une autre précision : ce drone de surface « a passé avec succès sa mise en condition de navigation [MECNAV] le 16 janvier ». En clair, il est autorisé à naviguer en « mode inhabité / téléopéré, et, partant, à débuter sa « première phase de montée en compétence exploratoire ».

Pour rappel, lors de la dernière édition du salon Euronaval, en novembre, la DGA a annoncé l’acquisition de huit drones sous-marins autonomes de nouvelle génération A18-M auprès d’Exail. Une option pour huit exemplaires de plus a été posée. Ces engins doivent être équipés de la dernière version du sonar à ouverture synthétique SAMDIS [Synthetic Aperture Mine Detection and Imaging System] développé par Thales.

Le SAMDIS 600 permet d’obtenir des images à partir d’angles multiples en une seule passe. Associé au logiciel MiMap, il « offre des probabilités de détection et de classification exceptionnellement élevées, avec des performances supérieures qui permettent d’accélérer le tempo et d’augmenter l’efficacité des opérations de la Marine », assure l’industriel.

Le MMCM est l’un des quatre piliers du programme SLAM-F [Système de lutte anti-mines marines futur], qui vise à renouveler l’ensemble des moyens de la Marine nationale dédiés à la lutte contre les mines. Il prévoit l’acquisition de Bâtiments bases des plongeurs démineurs de nouvelle génération [BBPD NG], de Bâtiments de guerre des mines [BGDM] et du Système d’exploitation des données de guerre des mines [SEDGM].

La DGA livre deux hélicoptères Caracal à l’armée de l’Air et de l’Espace

La DGA livre deux hélicoptères Caracal à l’armée de l’Air et de l’Espace

par Antony Angrand – Air & Cosmos – publié le 17 janvier 2025

Le 20 décembre 2024, la Direction générale de l’armement (DGA) a livré à l’armée de l’Air et de l’Espace deux hélicoptères H225M Caracal. Ces livraisons sont les deux premières d’une commande de huit appareils effectuée en avril 2021 au titre du plan de soutien aéronautique à Airbus Helicopters. Ces appareils portent la dotation des forces à 21 hélicoptères, dont treize à l’armée de l’Air et de l’Espace et huit à l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT).


Deux premières livraisons sur 8 machines commandées 

Le 20 décembre 2024, la Direction générale de l’armement (DGA) a livré à l’armée de l’Air et de l’Espace deux hélicoptères H225M Caracal. Ces livraisons sont les deux premières d’une commande de huit appareils effectuée en avril 2021 au titre du plan de soutien aéronautique à Airbus Helicopters. Ces appareils portent la dotation des forces à 21 hélicoptères, dont treize à l’armée de l’Air et de l’Espace et huit à l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT).

Deux hélicoptères aux équipements accrus

Les deux hélicoptères livrés bénéficient d’améliorations par rapport aux versions précédentes : une détection accrue avec la caméra optronique de dernière génération l’Euroflir 410, un cockpit modernisé et équipé de quatre écrans multifonctions 10×8 pouces (soit 25,4 x 20,32 cm), une navigation plus précise avec le GPS CMA5024, de nouvelles radios et treuils électriques, ainsi que deux phares orientables supplémentaires (blanc et infrarouge) pour les opérations de nuit.

Industrie française 

Cette commande bénéficie très majoritairement à l’industrie française, dont Airbus Helicopters et ses principaux sous-traitants Safran Helicopter Engines, Safran Electronics & Defense et Thales. Dernier né de la famille des hélicoptères Puma / Super Puma / Cougar, le Caracal a été mis en service au sein des forces en 2006. Il est optimisé pour effectuer des missions de recherche et de sauvetage au combat, de transport tactique ou d’évacuation sanitaire de jour comme de nuit.

Des Caracal pour l’outre-mer

Grâce à sa perche de ravitaillement en vol, le Caracal dispose d’une allonge et d’une autonomie parmi les meilleures de sa catégorie, lui permettant d’assurer ses missions en France et sur les théâtres d’opérations. Ces hélicoptères sont destinés à remplacer les Puma de l’armée de l’Air et de l’Espace actuellement basés en outre-mer et à l’étranger (Guyane, Nouvelle-Calédonie et Djibouti). L’équipement de ces deux hélicoptères comprendra, en fonction des missions, deux mitrailleuses MAG 58 7,62 mm montées en sabord et canon de 20 mm SH20, systèmes électro-optique (FLIR) – caméra infrarouge, télémètre laser, pointeur laser, système PLS (Personnal Locating System) de localisation des personnels tombés en zone hostile, détecteur de départ de missile, d’alerte laser, d’alerte radar, lance-leurres et blindage.

Babcock signe un contrat historique pour la formation des pilotes de l’armée de l’air française

Babcock signe un contrat historique pour la formation des pilotes de l’armée de l’air française

Par Sabine Ortega – aerocontact.com – publié le 14 Jan 2025
Babcock signe un contrat historique pour la formation des pilotes de l'armée de l'air française
© Babcock

Le 10 janvier dernier, Babcock International a annoncé avoir signé un nouveau contrat de 17 ans pour la fourniture et le soutien de solutions de formation aérienne militaire pour l’armée de l’air et de l’espace française et la marine française.

Ce contrat de 795 millions d’euros, attribué par la Direction Générale de l’Armement (DGA), permettra aux élèves pilotes de s’entraîner sur 22 nouveaux avions PC-7 MkX Pilatus et sur 12 simulateurs de formation fournis par Babcock sur la base aérienne de Salon-de-Provence, avant de se spécialiser en tant que pilotes de chasse ou de transport.

En plus de la fourniture des avions et des simulateurs, ce contrat comprendra le support tout au long de la vie des avions, des infrastructures et des équipements pilotes.

Création de 100 postes dans les régions de Salon-de-Provence et du Cannet-des-Maures

Ce contrat permettra de créer plus de 100 nouveaux postes dans les régions de Salon-de-Provence et du Cannet-des-Maures, parmi lesquels des ingénieurs, techniciens, chefs de projet et administrateurs, qui contribueront à dispenser près de 11 000 heures de vol et 6 500 heures de formation sur simulateur à environ 120 élèves par an.

Pierre Basquin, directeur général de Babcock Aviation et directeur général France, a déclaré à ce propos : « L’Armée de l’air et de l’espace et la Marine française jouent un rôle majeur dans la sécurité nationale et internationale. Nous sommes ravis de soutenir notre client dans ses besoins de formation aérienne, lui permettant ainsi de se concentrer sur la satisfaction des besoins critiques de l’aviation militaire. Ce nouveau contrat à long terme renforce notre solide relation avec l’Armée de l’air et de l’espace et nous positionne comme son principal partenaire de soutien capacitaire dans les programmes de formation des pilotes de chasse. »

 Depuis 2018, Babcock collabore aux côtés de l’Armée de l’Air et de l’Espace pour fournir des systèmes de formation modernes sur simulateurs de vol et 26 avions PC-21 existants sur la base aérienne de Cognac-Châteaubernard.

Sabine Ortega Sabine Ortega
Journaliste emploi, formation, et nouvelles technologies

Grenades à fusil, viseurs et autres évolutions à l’étude pour le HK 416F

Grenades à fusil, viseurs et autres évolutions à l’étude pour le HK 416F


Le fusil d’assaut HK 416F en service dans les armées françaises pourrait bientôt tirer des grenades à fusil, un coup de punch supplémentaire pour le combattant et une évolution parmi d’autres issues de la veille technologique et des évaluations conduites par la Section technique de l’armée de Terre (STAT). 

Retrouver une capacité perdue

Sept ans après son adoption par les armées françaises, le HK 416F récupère aujourd’hui une capacité perdue depuis le retrait du FAMAS : le tir de grenades à fusil. Si celles du FAMAS sont compatibles avec la version standard (S) du HK 416F, manquait le système de visée indispensable pour puiser dans les stocks disponibles. Un hiatus en passe d’être corrigé grâce au travail d’un expert en petits armements de la STAT. 

Conçue à partir d’une feuille blanche et en misant sur l’impression 3D, cette visée adaptée au HK 416F reprend les deux hausses correspondantes à chaque modèle de grenade en service. La plus petite autorise un tir à 75 et 100 m pour l’AC 58 antichar à charge creuse. L’autre, pour l’APAV (anti-personnel, anti-véhicule), permet de tirer de 50 à 150 m. La STAT a prôné la simplicité pour faciliter l’usage par le plus grand nombre : il suffit grosso-modo d’aligner de petites pointes sur l’objectif. 

Si les derniers tirs de validation datent de septembre 2024, l’idée n’est en réalité par toute neuve. Ce projet d’adaptation a démarré en 2019 avant de tomber dans l’oubli. Les réflexions avaient alors abouti à un premier modèle attaché au guidon, une configuration qui fonctionnait très bien selon la STAT. Le sujet est réapparu il y a quelques mois avec cette nouvelle contrainte qu’est la généralisation des viseurs et autres systèmes optiques.

Le système de visée sera donc intégré sur le côté tout en réduisant au maximum le déport sur le rail Picatinny. La configuration a néanmoins un avantage, car elle « permet d’avoir un découvert complet sur l’objectif au lieu d’être ‘enfermé’ dans un tube ». Elle reste par ailleurs adaptée aux ambidextres, le fichier d’origine pouvant être modifié par simple symétrie. En résulte une solution intérimaire simple et robuste permettant de maintenir un savoir-faire en attendant le lancement d’un éventuel marché pour de nouvelles grenades accompagnées d’un moyen de visée ad-hoc. 

Restent quelques inconnues, dont celle de la production. À supposer que l’impression 3D soit privilégiée, l’armée de Terre pourra s’appuyer sur les imprimantes déployées en régiment et sur l’expérience acquise, par exemple, via la ferme I3D ou par la 13e base de soutien du matériel pour produire et déployer rapidement l’outil. L’option de la fabrication additive amène cependant la question de la durabilité, une problématique à laquelle l’utilisation d’un métal comme l’aluminium répondrait mieux d’après notre interlocuteur de la STAT. 

Viseur, chargeur et réducteur

« Nous sommes obligés de nous adapter. La chance du HK 416F, c’est qu’il repose sur une plateforme de type AR-15 et reste donc une sorte de ‘Lego’. Tous les fabricants de la planète utilisent ses standards », observe un armurier de la STAT. Du garde-main à la crosse, la modularité de cette arme parmi les plus répandues au monde lui permet d’accueillir régulièrement de nouvelles briques. « On a pas mal de veille technologique », complète-t-il. Il s’agit non seulement de détecter la bonne idée au bon moment, mais aussi de mieux encadrer les modifications « maison » apportées sans logique d’ensemble et sans l’aval technique de la DGA.

L’aide à la visée, premièrement, fait dorénavant l’objet d’un effort d’acquisition. Un second essai après celui, avorté, réalisé à l’été dernier sur les viseurs de nouvelle génération proposés par Thales et Safran. Les chargeurs, ensuite, autre équipement souvent acquis à titre personnel, à l’échelon de la compagnie ou du régiment. La STAT évalue aujourd’hui des solutions en polymère synonymes de réduction de la masse et d’une « bien meilleure résistance ». Le chargeur métallique devient en effet inutilisable une fois cabossé tandis que son équivalent en polymère continuera de fonctionner même de manière dégradée. Des essais de casse se sont révélés « concluants », un chargeur fendu de bas en haut permettant toujours l’emport et le tir d’une majorité de cartouches. 

La STAT évalue enfin l’ajout de silencieux. Ou plutôt de « réducteurs de signature » (RDS) car l’atténuation n’est pas seulement sonore mais aussi thermique et visuelle. Ici aussi, certains ont pris les devants en s’équipant sur leurs propres deniers de matériels non testés et non validés par la DGA. Côté STAT, l’effort porte sur des RDS à double flux car le HK 416F n’est pas doté d’une buse permettant de réguler les gaz créés par la détonation de la cartouche. L’accumulation de gaz dans le canon doté d’un RDS accélère donc le cycle et l’usure des pièces, risque d’enrayement à la clef. 

Les RDS à double flux permettent justement de pallier à ce souci par l’évacuation d’une partie du gaz par la bouche. Leur conception « devient quelque chose de commun », note une section technique dont la recherche porte notamment sur des modèles proposées par les fabricants suisse BT et finlandais Ase Utra. Autrefois réduit aux forces spéciales, l’usage de RDS s’étendrait progressivement aux équipes spécialisées de l’armée de Terre, que sont les groupements commandos montagne et parachutistes, sections d’aide à l’engagement débarqué et autres équipes cynotechniques. 

Un nouveau lot de 8000 fusils HK 416F est attendu en 2025, l’un des derniers pour parvenir à la cible de 117 000 exemplaire définie par le programme « Arme individuelle future » (AIF). Les livraisons ne sont pas encore achevées que, déjà, l’armée de Terre entrevoit d’engager la réflexion sur l’évolution de son fusil d’assaut. Avec, d’après le dernier numéro du magazine institutionnel Fantassins, l’étude d’un éventuel changement de calibre et d’un retour vers le système « Bullpup » adopté pour le FAMAS.

OPINION. Le futur avion de patrouille maritime, une affaire triplement risquée

OPINION. Le futur avion de patrouille maritime, une affaire triplement risquée

L’ingénieur général hors classe de l’armement (2S) Philippe Roger appelle à le ministère des Armées à la vigilance sur le programme du futur avion de patrouille maritime. Il rappelle que trois programmes de ce type, qui ont été conduits récemment sur la base d’avions civils, ont connu des difficultés de développement, des retards de plusieurs années et des dépassements de budget de plusieurs milliards. Par Philippe Roger, ingénieur général hors classe de l’armement (2S).

« L’ambition opérationnelle est très forte, la forme contractuelle a généré des difficultés dans le cas de l’A400M, et l’industriel pressenti, Airbus, ignore le domaine de la patrouille maritime anti-sous-marine » (L’ingénieur général hors classe de…DGA

 

Contrat à prix forfaitaire et choix d’un maître d’œuvre inexpérimenté dans le domaine militaire concerné, pour atteindre des performances très ambitieuses : ce fut la recette des difficultés techniques, calendaires et budgétaires rencontrées sur de nombreux programmes militaires dans le passé, y compris pour l’Airbus A400M qui donne toutefois aujourd’hui toute satisfaction opérationnelle.

Mais pourquoi prendre strictement les mêmes ingrédients pour le futur avion de patrouille maritime français, qui doit être mené à bien dans un délai qu’on ne peut allonger, et dans le contexte budgétaire que l’on devine ? A-t-on suffisamment trié les performances demandées, pourrait-on choisir un type de contrat moins risqué, les maîtres d’œuvre mis en compétition sont-ils au bon niveau technique et comprennent-ils la mission de patrouille maritime ?

Il existe une méthode éprouvée.

La Marine nationale et la Direction générale de l’armement (DGA) poursuivent deux programmes très lourds devant aboutir à une mise en service entre 2035 et 2038 : le porte-avions nucléaire successeur du Charles de Gaulle, et le sous-marin nucléaire lanceur d’engins de troisième génération. Ces programmes comportent, conformément à la longue expérience de la DGA, plusieurs phases, permettant de ne s’engager qu’après avoir constaté les résultats de l’étape précédente et vérifié qu’il reste des marges financières suffisantes.

Mais on peut y déroger : cette méthode peut n’être pas appliquée, quand on estime que le développement est simple et que les prix unitaires sont prévisibles, au point que l’industriel accepte un contrat à prix forfaitaire pour l’ensemble du programme, développement et production, et fait son affaire des risques, couverts par une marge que son conseil d’administration a acceptée au nom de ses actionnaires. Le cas se présente souvent quand l’industriel propose de dériver une version militaire d’un produit civil existant, les modifications apparaissant faibles et le client demandant un prix forfaitaire, qui semble lui simplifier la vie.

C’est sur la base d’un tel contrat forfaitaire qu’est lancé un troisième programme majeur pour la Marine, un programme d’avion de patrouille maritime, basé sur un avion civil. Ce programme doit impérativement aboutir à temps, car on ne peut ni prolonger au-delà l’avion Atlantique 2 ni interrompre une mission nécessaire à la protection des SNLE. Malheureusement, c’est autour de la date d’aboutissement des deux autres programmes que l’Atlantique 2 doit disparaître, si bien qu’il y a deux exigences : réussir le développement dans les temps, et financer simultanément les trois programmes. Est-on bien dans un cas d’adaptation simple ?

Désastres de plusieurs programmes analogues

Trois programmes d’avions de patrouille maritime conduits récemment sur la base d’avions civils ont connu des difficultés de développement lourdes, des retards de plusieurs années, et des dépassements de budget de plusieurs milliards. Le pire des cas a été celui de la dernière version de l’avion de patrouille maritime Nimrod de la Royal Air Force, dont le développement a été arrêté après une dépense infructueuse d’une dizaine de milliards de livres.

L’avion de patrouille maritime P8 de l’US Navy basé sur le Boeing 737 n’a pu quant à lui être mis en production qu’après un long et complexe développement ayant coûté près de 10 milliards de dollars. Quant au système dit Meltem développé par Thales avec Airbus Espagne pour la marine turque sur la base d’un biturbopropulseur simple, le CN235, il a eu de fortes difficultés techniques. Il a fallu dix ans pour livrer les premiers appareils, après une renégociation du contrat et des pertes lourdes pour l’industriel, alors même que des centaines de CN235 civils étaient en service.

La difficulté de transformer un avion civil de série en un système d’armes complexe évoluant à basse altitude et basse vitesse avec des virages serrés pendant les pistages de sous-marins, dans un brouillard salin très corrosif, a été sous-estimée dans ces trois cas, et les industriels comme l’État acheteur ont pris des vessies pour des lanternes et ont bu le bouillon. Un des éléments du problème, la corrosion saline, est bien connu, au moins en France, par les fortes difficultés induites dans l’entretien, plus que laborieux, des hélicoptères de la Marine livrés par Airbus et NHIndustries. Quant aux virages à fort facteur de charge, ils ont nécessité des transformations profondes des structures des avions civils pris comme base, et une surveillance permanente de leur état de fatigue.

Sur un sujet beaucoup plus simple, la transformation en avion ravitailleur MRTT de l’Airbus A330, le développement a connu quelques lenteurs, alors même que les risques avaient été réduits par le développement préalable d’une version à base d’A310. Les difficultés budgétaires de l’époque ont fait que les commandes françaises initiales ont été passées, prudemment, pour une version moins ambitieuse que celle spécifiée.

L’A400M, un développement que l’on savait difficile

Le développement de l’avion de transport Airbus A400M partait, quant à lui, d’une feuille blanche, et non pas d’un avion civil existant. Mais il est utile de le citer ici, car le contrat correspondant a été passé à prix forfaitaire pour l’ensemble du développement et de la production, c’est-à-dire avec la méthode contractuelle retenue pour le nouvel avion de patrouille maritime. Les nombreuses difficultés techniques à envisager pour ce programme A400M, aux spécifications justifiées mais très exigeantes, auraient demandé un type de contrat permettant un suivi pied à pied du programme par l’OCCAr, agence délégataire des États.

Mais les promesses d’Airbus et les exigences des États coopérants ont fait adopter une méthode contractuelle toute autre, qui apparaissait protectrice mais n’a pas permis de tenter de contrer à temps les difficultés techniques rencontrées. Elle a été une des causes des multiples réunions de crise où les États et Airbus se sont réparti les charges supplémentaires, après avoir même envisagé l’arrêt du programme à ses débuts. On aurait peut-être pu arriver à l’excellent service opérationnel que rend aujourd’hui l’A400M par des voies plus sûres.

Ces exemples montrent qu’on peut s’attendre à des difficultés :

– Quand les capacités demandées sont très ambitieuses, même si elles sont opérationnellement justifiées,

– Quand on demande aux industriels de traiter à prix forfaitaire sur l’ensemble du développement et de la production, ce qui leur impose de prendre des marges très élevées dont l’acheteur ne peut contrôler la justification pour comparer les offres, ce qui fausse la concurrence. Il ne peut pas non plus en contrôler la consommation pendant le développement, si bien que les demandes de renégociation du marché pour couvrir les aléas n’apparaissent que par surprise, mettant le programme en danger, et amenant à des ponctions sur les programmes contemporains.

– Quand on s’adresse à un industriel qui ne connaît pas le domaine opérationnel à traiter.

Un pari triplement risqué

Qu’en est-il dans notre programme d’avion de patrouille maritime ? L’ambition opérationnelle est très forte, la forme contractuelle a généré des difficultés dans le cas de l’A400M, et l’industriel pressenti, Airbus, ignore le domaine de la patrouille maritime anti-sous-marine. L’ambition opérationnelle : que peut-on élaguer ?

Une mesure simple du niveau de l’ambition opérationnelle est que Airbus a dû proposer un appareil de 100 tonnes pour remplacer l’Atlantique 2 qui exécutait de façon satisfaisante la mission principale anti-sous-marine, et des missions secondaires anti-surface et air-sol, avec 47 tonnes. La cause principale semble en être le choix d’emporter en interne à l’avion un missile anti-navires lourd (missile qui reste à développer) pour une mission secondaire, la mission anti-navires de surface qui est remplie actuellement sur l’Atlantique 2 par l’Exocet AM39.

Ce choix amène à prévoir une soute très importante, et a amené Airbus à ne pas se contenter de modifier un A320, comme prévu à l’origine, et à passer à un A321XLR à très grand rayon d’action, bien plus lourd, ce qui va nécessiter une refonte des hangars et de leurs voies d’accès. Il amène aussi à anticiper des coûts à l’heure de vol et des coûts de maintenance qui, étant en général proportionnels au poids, seront au moins doubles de ceux de l’Atlantique 2. Sachant que ces coûts forment les deux tiers du coût complet de tout programme aéronautique, l’effet de ce choix est extrêmement important.

Sur l’avion bien moins lourd retenu par Dassault Aviation la difficulté est évitée par l’accrochage sous voilure du nouveau missile, mais cette solution simple et éprouvée n’a pas, ou n’a plus, les faveurs de la Marine. C’est pourtant celle retenue pour l’avion P8 par l’US Navy, qui est de loin le plus grand opérateur au monde d’avions de patrouille maritime. Une révision de ce choix serait de nature à réduire les risques, la taille de l’appareil nécessaire, le devis initial et ses marges, et le coût sur la durée de vie.

Faire plus ambitieux que l’US Navy ? Il y faut réfléchir à deux fois ! A-t-on une autre option dans la situation budgétaire actuelle, face à la menace que fera peser un programme très ambitieux et risqué sur les deux autres programmes majeurs, et face au besoin de renforcement de la flotte de surface, qu’un rapport parlementaire vient de mettre à nouveau en évidence ?

Veut-on dimensionner l’avion pour aller à plus de 4.000 km de la France tirer des missiles anti-navires, ou bien accepte-t-on de se concentrer sur la mission principale anti-sous-marine, qui participe à la protection des SNLE, et d’emporter sous la voilure les armes destinées aux missions secondaires, comme le fait l’US Navy ?

Réduire les autres risques : Faut-il pousser les aléas du programme sous le tapis du contrat forfaitaire, qui donne une fausse sécurité et n’est pas adapté à un programme risqué, surtout si l’ambition opérationnelle n’est pas réduite ? Ou adopter un type de contrat qui permette de suivre pas à pas le développement, mais aussi de vérifier le détail des marges initiales : sont-elles suffisantes, induisent-elles ou non une distorsion de concurrence ? Et il faut se demander à nouveau si on doit confier une partie importante d’un développement majeur à un bureau d’études inexpérimenté dans le domaine concerné.

Rêveries

Le domaine de la patrouille maritime aurait dû être couvert par un programme de coopération franco-allemande, dit MAWS, mais l’Allemagne l’a fait capoter en cours de route pour acheter plusieurs lots d’avions américains P8, nous laissant financer seuls un nouveau développement. A la génération précédente, elle avait refusé d’acheter l’Atlantique 2, dont elle fabriquait pourtant 40%. Deux claques dont la France se serait bien passée.

Mais voilà qu’on entend dire aujourd’hui au sein de l’État qu’une des vertus du choix d’Airbus serait de permettre de relancer la coopération franco-allemande sur le sujet, coopération qui est morte et « ganzkaputt » (toute cassée) depuis que l’Allemagne a commandé un deuxième lot de P8… Après ce camouflet, qui n’est pas le seul dans la période récente, faut-il faire tourner à travers un programme de patrouille maritime les usines allemandes, en plus des usines espagnoles ? Ce serait appeler la claque suivante.

La France pourrait développer son propre char de combat dans le cadre du projet MGCS

La France pourrait développer son propre char de combat dans le cadre du projet MGCS


En avril, la France et l’Allemagne ont signé un protocole d’accord visant à relancer leur projet commun de Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System], alors bloqué par des désaccords entre les principaux industriels concernés depuis près de sept ans.

Ainsi, pour garantir un partage équitable des tâches, il a été décidé de réorganiser ce projet selon huit piliers capacitaires distincts et de créer une société de projet réunissant KNDS France, Thales, KNDS Deutschland et Rheinmetall. Quant aux choix technologiques à l’origine des querelles entre les industriels, ils devront n’être faits qu’après une évaluation des solutions proposées. Et cela vaut notamment pour le canon du futur char de combat sur lequel reposera le MGCS.

Pour rappel, KNDS France a soumis le système ASCALON [Autoloaded and SCALable Outperforming guN], capable de tirer des obus de 120 et de 140 mm ainsi que des « munitions intelligentes pour des tirs au-delà de la vue directe » tandis que Rheinmetall défend son canon de 130 mm, lequel doit équiper la tourelle de son char KF-51 « Panther » qui, dévoilé en 2022, est en passe d’être retenu par l’armée italienne.

Seulement, cette « compétition » inquiète les parlementaires français, quel que soit leur bord politique. C’est ainsi le cas du député François Cormier-Bouligeon, qui s’en est ouvert dans son avis budgétaire sur le programme 146 « Équipement des forces – Dissuasion ». Même chose pour les sénateurs Hugues Saury et Hélène Conway-Mouret. Dans un récent rapport, ils ont avancé que l’ASCALON risquait d’être « écarté de toute perspective de commercialisation afin de préserver le ‘leadership’ de Rheinmetall et KNDS Deutschland « . Cela « interroge sur l’intérêt même de la création de KNDS et, a fortiori, sur celui de poursuivre le programme MGCS », ont-ils même insisté.

Cela étant, le MGCS ne doit pas être considéré comme étant seulement le successeur des chars Leclerc et Leopard 2 dans la mesure où il s’agit de développer une « famille de systèmes » [chars, drones, robots, etc.] devant reposer sur un « cloud de combat ».

Par ailleurs, ce Système principal de combat terrestre ne devant pas être opérationnel avant 2040 au plus tôt, la question du maintien en service du Leclerc jusqu’à cette échéance se pose. De même que celle d’une éventuelle « solution intermédiaire », censée faire le « pont » entre le Leclerc et le MGCS. Ce qui a été proposé par Nicolas Chamussy, le PDG de KNDS France, en mai 2023.

Lors d’une audition sur l’économie de guerre, à l’Assemblée nationale, le 4 décembre, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, n’a pas coupé à une question sur l’avenir du MGCS.

« Sur le char lourd c’est une préoccupation. D’abord, je l’ai dit et je continue à la dire : on ne fait pas n’importe quoi et on a étudié évidemment le fait de pouvoir prolonger, jusqu’en 2040, le Leclerc. On se donne les moyens de se donner du temps », a répondu M. Chiva.

« Le MGCS n’est pas le successeur du Leclerc et il ne préfigure en rien la nature du char lourd. Le MGCS, c’est des moyens de combat terrestre, avec des ailiers scorpionisés, dronisés, dans un cloud de combat », a-t-il ensuite rappelé.

Ce qui ouvre éventuellement la voie à la coexistence de deux chars différents au sein de ce « système de systèmes ».

« On peut se dire que les Allemands pourraient avoir un char lourd différent du char lourd français au sein du même projet. Ça ne me choquerait pas. Ça serait financé sur fonds propres », a en effet affirmé M. Chiva, laissant ainsi entendre que l’initiative reviendrait à KNDS France, qui fait justement la promotion du Leclerc Evolution, doté du système ASCALON.

« Dans le cadre du projet [MGCS], ce que l’on essaie d’avoir, c’est cette architecture de système qui nous permet[tra] de préparer le système de combat futur », a enchaîné le DGA, qui a ensuite évoqué un « plan B », sans plus de précision.

« On soutient nos champions français, qui innovent sans arrêt. Je pense notamment au canon ASCALON, qui est une innovation majeure. […] On a un nombre de possibilités aujourd’hui qui nous permettent de palier le fait que l’on a arrêté des chaînes de production. […] Ce n’est pas en deux ans qu’on résout tous les problèmes mais la Loi de programmation militaire, dans sa déclinaison du combat blindé, est faite justement pour nous éviter toute rupture capacitaire », a conclu M. Chiva.

Le maillage territorial : colonne vertébrale de la BITD française

04/12/2024

https://aassdn.org/amicale/le-maillage-territorial_colonne-vertebrale-de-la-bitd-francaise/


Pour s’adapter aux bouleversements géopolitiques, la France a dévoilé une nouvelle feuille de route pour son industrie de défense. L’augmentation de la production, la refonte des normes et le développement de pôles d’excellence régionaux sont au cœur de cette stratégie. 

Commentaire AASSDN : L’industrie de Défense française s’articule autour de 9 grands groupes (Thalès, Dassault, Safran, Naval Group, Airbus, KNDS1, MBDA, TechnicAtome, Arquus), reliés à environ 4 000 sous-traitants (ETI,  PME, TPE, laboratoires et centres de recherche). Ce réseau d’entreprises est un atout majeur pour assurer à la France sa souveraineté dans le domaine de la Défense . En outre, ce réseau lui fournit  des outils lui permettant de nouer des partenariats stratégiques avec des pays qui souhaitent ne pas être totalement dépendants de tel ou telle grande puissance (Etats-Unis ou Chine notamment ) tout en disposant de matériels de la meilleure qualité.

Par ailleurs, c’est un atout pour notre économie tant par les exportations qu’elle réalise (la France est 2e ou 3e exportateur mondial selon les années) que par le fait que l’essentiel des armements est produit en France.
Notons que les centres de recherche et les processus de fabrication de certains équipements de haute technologie, sont particulièrement visés par les Services de nos compétiteurs. C’est pourquoi la France se doit de maintenir, voire renforcer son excellence scientifique et d’assurer la meilleure protection contre les ingérences étrangères.

1 En 2015, les sociétés Nexter et Krauss Maffei Wegmann (KMW), respectivement systémier intégrateur du Leclerc et du Leopard, se sont regroupées au sein de KNDS afin de devenir le leader européen de la défense terrestre.

Le 24 octobre 2024, sur le site Maîtrise NRBC de la Direction générale de l’Armement à Vert-le-Petit, le Ministre des Armées Sébastien Lecornu a dressé la feuille de route que tâchera de suivre l’industrie de défense nationale pour les années à suivre. Un mot d’ordre : relancer « l’esprit pionnier ». Une question se pose alors : quelles sont les forces qui motivent la transformation de la base industrielle et technologique de défense (BITD), et comment y parvenir ?

Sommaire [masquer]

  • Impulsions et transformations
  • L’Île-de-France : l’excellence terrestre, spatiale et électronique
  • L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine : le cœur de l’aéronautique
  • La région Provence-Alpes-Côte d’Azur : territoire de l’Aéronavale
  • La Bretagne et la Normandie pour la puissance navale 
  • Des industriels étatiques en recherche d’efficacité
  • L’humain et la formation : moteurs de développement

Impulsions et transformations

D’abord, la priorité est d’augmenter les cadences de production. Depuis février 2022, l’industrie de défense française se prépare à l’éventualité de passer en économie de guerre, avec des mesures concrètes prises par certains des principaux groupes français. Dans cette optique, MBDA a annoncé son intention de produire 40 missiles Mistral-3 par mois à l’horizon 2025, ce qui revient à doubler sa production mensuelle actuelle. De son côté, la DGA apporte une nouvelle forme de support aux entreprises du secteur, avec la création de la Direction de l’industrie de Défense.

L’Île-de-France : l’excellence terrestre, spatiale et électronique

La région parisienne est spécialisée dans les questions spatiales, électroniques et terrestres.  Le plateau de Versailles-Satory est le lieu d’implantation de plusieurs grandes entreprises à la réputation mondiale comme KNDS France (ex-Nexter), Arquus mais aussi des institutions étatiques comme la Section Technique de l’Armée de Terre. Utilisé dès l’entre-deux-guerres comme terrain d’entraînement militaire, le plateau de Satory sera de plus en plus utilisé à partir des années 1960-1970. Le plateau se transforme en 2020 avec la création de nouvelles pistes d’essais destinées aux besoins de R&D de l’Armée de terre et plus généralement de l’industrie de défense française. La région francilienne n’est pas en reste dans le domaine de l’électronique, notamment par le nombre important de clusters et des laboratoires innovants, à l’image de Paris Saclay et de l’École Polytechnique. Le secteur spatial est quant à lui représenté par Ariane Groupe, Thalès, Airbus Defence and Space et Aresia.

L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine : le cœur de l’aéronautique

L’aéronautique est particulièrement bien développée en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, régions qui abritent de nombreux sites et entreprises majeurs, comme Dassault Aviation à Mérignac et Biarritz, ou encore Safran et Airbus Defence & Space à Toulouse. Cette concentration géographique est également le fruit d’une histoire riche. En effet, la création en 1915 du Centre d’Instruction des Spécialistes de l’Aviation à Bordeaux, ainsi que l’établissement de nombreuses bases aériennes dans la région, ont contribué à l’ancrage historique des industriels de l’aéronautique dans cette partie de la France.

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur : territoire de l’Aéronavale

L’industrie aéronavale est très présente en PACA, avec des entreprises comme Dassault Aviation à Istres, Airbus Helicopters à Marignane et Naval Group à Ollioules. Cette présence s’explique par le fait que le premier hydroaéroplane a été conçu localement, créant un environnement propice au développement de ce secteur. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, une partie des avions de chasse et des hydravions y a été produite. Post-1945, plusieurs entreprises se sont installées dans la région, notamment la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud-Est. Aujourd’hui, la région demeure un endroit clé dans la production et la construction d’armement et d’équipements aéronavals, tout en développant régulièrement la recherche et l’innovation.

La Bretagne et la Normandie pour la puissance navale 

Autre pôle d’excellence, les régions bretonne et normande se sont spécialisées dans l’industrie navale, avec des implantations du géant Naval Group à Brest, Lorient, Nantes-Indrets et Cherbourg. L’entreprise emploie plus de 3 000 salariés en région normande, notamment sur le site de Cherbourg.

Cependant, cette territorialité se manifeste également en dehors des principaux pôles. Par exemple, on peut citer Eurenco, spécialiste des poudres et des explosifs, à Bergerac, ainsi que les différents sites de MBDA à Selles-Saint-Denis et à Bourges, sans oublier le site historique de production de KDNS France à Roanne. En plus de dynamiser économiquement des régions parfois en marge, cette territorialité pourrait être renforcée pour constituer une véritable force de production, notamment grâce à l’implantation d’un réseau de réservistes de la DGA.

Des industriels étatiques en recherche d’efficacité

Si les grands maîtres d’œuvre industriels privés sont répartis sur tout le territoire français, c’est également le cas des institutions de l’État chargées des questions d’armement et de sa maintenance. Dispersées dans toutes les régions de France, les industriels d’État sont des exemples du maillage territorial des services publics de l’armement : la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres, le Service de la maintenance industrielle terrestre à Versailles ainsi que les 12ème, 13ème et 14ème base de soutien du matériel, le Service de Soutien de la Flotte à Paris, Brest et Toulon, mais aussi la Direction de la Maintenance aéronautique, qui est implantée sur 17 sites différents à travers la France. La DGA est elle aussi répartie sur des centres d’expertises et d’essais dans diverses régions.

Le 2 octobre 2024 paraît le rapport d’information n°4, par la Commission des finances, à propos du maintien en condition opérationnelle des équipements militaires. Cette étude a révélé que, malgré des efforts conséquents, le maintien en condition opérationnelle ne répond pas aux besoins actuels. Les problèmes concernant la disponibilité des matériels et le coût élevé des contrats de maintenance sont trop importants. En outre, il est question de repenser la stratégie de maintenance de l’armement français, en impliquant de façon plus directe les TPE-PME françaises. Il est par ailleurs fait mention de la possibilité de ré-internaliser une partie de la maintenance militaire, ce qui sous-entend de renforcer le maillage territorial de la maintenance. La question de l’état des recrutements a également été mentionnée, notamment la fidélisation et la formation des personnels de la maintenance militaire et du secteur de l’armement en général.

L’humain et la formation : moteurs de développement

Si la voie royale pour devenir ingénieur de l’armement reste Polytechnique et l’École nationale supérieure de techniques avancées, les concours restent ouverts à tous les diplômés d’écoles d’ingénieurs. En dehors des grands corps d’ingénieurs, les universités proposant des maîtrises « Défense et Sécurité » ou des cursus d’intelligence économique intéressent de plus en plus à la fois les entreprises, mais aussi les services de la DGA.

Du point de vue opérationnel, il est tout à fait possible de développer et de renforcer l’intérêt du monde ouvrier et technique pour l’industrie de défense. MBDA et Naval Group l’ont fait, avec respectivement 2 600 et 4 500 recrutements au cours des dernières années. Pour accélérer cette capacité à recruter, il faut également offrir plus de visibilité aux entreprises et aux institutions. Uniquement au travers de la filière de la maintenance en condition opérationnelle, 25 formations certifiantes sont ainsi proposées par le ministère des Armées et des Anciens combattants, dont plusieurs bacs professionnels et un certain nombre de BTS. En renforçant le lien Armée-Nation, voir même BITD-Nation, ainsi que la formation à tous les échelons de la BITD, la France participe à donc sa souveraineté. Ainsi, le secteur de l’armement doit se réformer, recruter et impulser si il veut retrouver son esprit « pionnier ».

Le Chef d’État-major des Armées et le Délégué Général pour l’Armement à l’X

Le Chef d’État-major des Armées et le Délégué Général pour l’Armement à l’X

Institut Polytechnique de Paris – publié le 2 décembre 2024

https://www.polytechnique.edu/actualites/le-chef-detat-major-des-armees-et-le-delegue-general-pour-larmement-lx

Le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’Etat-major des Armées, et Emmanuel Chiva, Délégué général pour l’Armement, ont participé conjointement à une table tonde et à un échange avec les élèves polytechniciens des promotions 2022 et 2023 sur la stratégie et les enjeux de la défense française. Laura Chaubard, Présidente et directrice générale de l’X, a souligné à cette occasion le renforcement des liens de l’X avec la communauté de défense et le ministère des Armées et des Anciens combattants, autorité de tutelle de l’École polytechnique.

 
Institutionnel

Le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’État-major des Armées et Emmanuel Chiva, Délégué général pour l’Armement ont participé le 28 novembre 2024 à une table ronde et à un échange avec les promotions X2022 et X2023 sur les enjeux stratégiques et les priorités de la défense française. 

« Votre présence parmi nous, tout à fait exceptionnelle, illustre à quel point sont indissociables la capacité opérationnelle de nos Armées et la performance technologique, scientifique et industrielle portée par la Direction Générale de l’Armement », a déclaré Laura Chaubard, Présidente et directrice générale de l’École polytechnique en introduction de la table ronde. 

« L’École polytechnique, depuis sa création il y a 230 ans, a été à la croisée de ces enjeux scientifiques et stratégiques et aujourd’hui plus que jamais dans un moment où dans le domaine des sciences comme de la défense, le temps s’accélère », a dit Laura Chaubard. 

« La France n’est pas en guerre mais la communauté de défense est entrée en économie de guerre », a-t-elle poursuivi en référence à une expression utilisée par le président de la République, Emmanuel Macron, en juin 2022 dans le cadre du salon de la Défense et de la Sécurité Eurosatory, et qui recouvrait la capacité de la France et de son industrie à être en mesure d’intervenir dans une opération militaire de haute intensité sur la durée. 

« Les bouleversements actuels dans les rapports de puissance interviennent de façon concomitante avec bien sûr une accélération du changement climatique mais aussi avec un bouillonnement scientifique tout à fait extraordinaire qui va lui aussi porter une grande part de notre souveraineté future que ce soit dans le domaine de haute densité d’énergie, des technologies quantiques, spatiales et bien sûr de l’intelligence artificielle, le rythmes spectaculaire des avancées scientifiques ces dernières années laisse entrevoir des ruptures majeures que beaucoup de scientifiques eux-mêmes ne pensaient pas accessibles à l’horizon de leur existence « , a-t-elle souligné. 

« Dans cette École, où l’excellence scientifique se conjugue à une formation humaine et militaire unique au monde nous aspirons à former des esprits et des corps capables d’embrasser ces transformations rapides et de relever les défis complexes qu’elles posent à la France et à l’Europe », a dit Laura Chaubard. 

« Sous l’impulsion du ministre de la Défense et grâce à l’accompagnement de la DGA, l’École a considérablement renforcé ses liens avec la communauté de défense, et ce dans tous les pans de son activité », a-t-elle ajouté. 

QUATRE MARQUEURS, DEUX PRIORITÉS

Interrogé sur le contexte actuel de sécurité internationale, le Chef d’État-major des Armées et le Délégué Général pour l’Armement ont partagé avec les élèves leurs analyses et leurs priorités pour la défense française. 

Évoquant l’environnement stratégique qui contribue à façonner les priorités de son action, le chef d’Etat-major des Armées a fait état de quatre marqueurs. 

« Le premier marqueur est une forme de désinhibition de la force que l’on peut constater tous les jours », a dit le général Burkhard. 

« Des pays se sont armés et ils emploient la force avec une augmentation du niveau de violence auquel il ne faut pas s’habituer (…) et une recherche de létalité en faisant de plus en plus de victimes civiles, considérant que c’est une manière de manifester leur détermination ».

« Le deuxième marqueur c’est la récusation, la remise en cause du modèle occidental et la volonté de le remplacer pat un modèle alternatif, [le président de la Fédération de Russie, Vladimir, NDLR] Poutine est à la tête de ce mouvement avec pas mal de monde derrière lui-même si ce n’est pas un ensemble aussi homogène que la Russie voudrait le présenter. » 

« Le troisième marqueur est la valeur stratégique de l’information » a souligné le Chef d’État-major des Armées. 

« Nos adversaires, nos compétiteurs utilisent l’arme de l’information, agissent dans le champ des perceptions de manière extrêmement offensive et ils s’appuient pour cela sur des stratégies de long terme. Dans ce champ des perceptions, de la guerre du narratif, il n’a peut-être pas de victoire décisive mais il y a un ensemble d’effets de long terme qu’il faut prendre en compte », a dit le général Burkhard. 

Il a mentionné un quatrième marqueur de l’environnement stratégique actuel : le changement climatique. « Nous ne pouvons pas faire de partenariats stratégiques [avec certains pays] si nous ne prenons pas en compte ce qui les menace, ce qui les concerne le plus », a-t-il dit. 

Dans ce contexte, le chef d’État-major des Armées a défini deux grandes priorités : la richesse humaine et la cohésion nationale. 

« La première priorité, c’est la ressource, la richesse humaine en termes d’hommes et de femmes », a dit le général Burkhard. 

Alors que, « la différence entre le monde civil et le monde miliaire s’accentue, il faut que nous soyons capables de recruter parce que l’armée française est une armée d’emploi », a-t-il rappelé. 

« Il y a encore des jeunes Français et des jeunes Françaises qui s’engagent alors que ce n’est pas forcément la voie de la facilité (…), je pense que nous sommes capables de magnifier le collectif plus fort que l’individuel et les missions que nous avons ont du sens dans une société où les gens sont en quête de sens », a-t-il poursuivi. 

« C’est pour cela que nous sommes encore capables de recruter mais ce n’est jamais garanti et c’est pour cela que c’est une priorité ». 

La cohésion nationale est la deuxième priorité énoncée par le Chef d’État-major des Armées. « La cohésion nationale est le centre de gravité d’une nation », a-t-il rappelé, ajoutant : « pour une nation qui n’aurait pas de cohésion, le risque de perdre la guerre sans la livrer est extrêmement fort. Si personne ne veut la guerre, est-ce que nos autorités politiques donneraient l’ordre d’engagement, je n’en suis pas sûr. »

« Les Armées ne sont pas responsables de la cohésion nationale, elles y contribuent mais elles n’en sont pas seules responsables », dans un environnement où « la surface de contact des Armées avec le pays est très faible », a-t-il souligné, rappelant que cette contribution des Armées à la cohésion nationale passe notamment par ses actions en direction de la jeunesse en lien avec l’Éducation nationale et par l’augmentation de la réserve pour laquelle Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, a lancé un plan ambitieux visant à en doubler les effectifs pour parvenir à un ratio d’un réserviste pour deux militaires d’active. 

« La cohésion d’une nation c’est aussi ne pas oublier ceux de ses fils et de ses filles militaires qui ont été en opération et qui sont morts ou ont été blessés et cela n’est pas seulement la mission des Armées », a déclaré Thierry Burkhard, « même si les Armées n’ont évidemment pas le droit d’oublier les leurs. »

Dans le cadre de l’initiative nationale Duoday, le chef d’État-major des Armées était venu accompagné de trois militaires, des Armées de Terre, de l’Air et de la Marine, blessés en opération et qui ont été longuement applaudis. 

TRIANGLE COÛTS-PERFORMANCES-DÉLAIS

Le Délégué général pour l’Armement a rappelé que la mission de sa direction était de « trouver des réponses capacitaires mais aussi technologiques aux défis opérationnels auxquels les Armées sont confrontées. 

« Les opérations ne sont plus les mêmes. Il faut se battre en même temps sur terre, dans l’air et sur la mer mais on se bat aussi dans l’espace, on se bat sous les mers et l’on se bat dans les champs immatériels, on se bat dans le cyber, on se bat dans le champ informationnel et tout cela induit un certain nombre de révolutions technologiques pour développer les bons outils capacitaires », a souligné Emmanuel Chiva. 

Le Délégué général pour l’Armement a poursuivi en explicitant le concept d’économie de guerre et sa portée. 

« Ce concept d’économie de guerre, ne veut pas dire que nous sommes en guerre, cela veut dire que nous sommes en mesure de ne pas subir et de préparer la nation à un effort nous permettant par exemple de rentrer dans opération de haute intensité », a-t-il dit. 

« Ce qui est assez novateur dans cette approche, c’est que cela faisait des années que nous n’étions pas confrontés à la problématique de la production. Ce qui était noble dans notre industrie d’armement, c’était de faire des systèmes très sophistiqués souvent à petite échelle, de prendre le temps de bien faire les choses mais pas de produire en masse, pas de produire vite, pas de produire [des armements] peut-être pas parfaits mais disponibles tout de suite », a-t-il poursuivi. 

« L’un de nos grands défis aujourd’hui, c’est de préparer notre industrie [d’armement], la base industrielle et technologique de défense, c’est-à-dire les grands donneurs d’ordre et les 4500 PME qui sont derrière dont 1200 sociétés critiques, à rentrer dans un rythme auquel ils n’étaient absolument pas habitués et avec une approche qui, dans le triangle coûts-performances-délais, tirait vers la performance. Aujourd’hui le levier numéro un, ce sont les coûts d’abord, les délais ensuite », a expliqué Emmanuel Chiva. 

« Cela veut dire repenser les chaînes de production, repenser les chaînes d’approvisionnement et aussi repenser une forme de souveraineté », a-t-il ajouté évoquant la nécessité de maintenir ou de relocaliser sur le territoire national certaines productions ou les approvisionnements de composants ou de matériaux critiques. 

« Ce n’est parce qu’on le dit que c’est facile à faire », a relevé Emmanuel Chiva rappelant que la DGA doit parallèlement conduire toutes ses missions habituelles, en particulier dans la lutte contre le terrorisme et bien sûr dans le maintien de la capacité de dissuasion de la France avec « le retour au premier rang de la rhétorique nucléaire». 

Le 1er Régiment de Hussards Parachutistes a développé une munition antichar téléopérée de courte portée

Le 1er Régiment de Hussards Parachutistes a développé une munition antichar téléopérée de courte portée


Comme le montre la guerre en Ukraine, s’approprier rapidement les innovations les plus pertinentes afin de les décliner ensuite en capacités militaires peut s’avérer crucial pour faire la différence sur le champ de bataille. Le cas de la transformation des drones FPV [First Person View ou pilotage en immersion] en munitions téléopérées [MTO] en est un exemple, leur usage s’étant généralisé au sein des forces ukrainiennes et russes.

Peu coûteux à produire, « consommables » et faciles à piloter, ces engins peuvent être d’une efficacité redoutable, d’autant plus qu’ils sont rapides et difficiles à détecter, sauf à déployer des moyens de lutte antidrone importants, notamment en matière de guerre électronique. Et encore, certains modèles étant désormais filoguidés, de tels dispositifs n’ont pas l’efficacité escomptée pour les contrer.

La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit un effort financier conséquent pour acquérir au moins 1 800 munitions téléopérées au profit de la force opérationnelle terrestre [FOT] avant 2030. Mais encore faudra-t-il qu’elles ne soient pas dépassées au moment de leur mise en service. Ce point a d’ailleurs été soulevé par le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

« L’évolution des munitions téléopérées […] est tellement rapide que la question des stocks n’est pas la seule grille d’analyse pertinente. Il importe d’avoir des industries capables de produire les munitions les plus à jour possible, tant dans leur conception physique que logicielle, en incluant notamment l’intelligence artificielle afin d’offrir des capacités pour résister au brouillage, trouver des cibles ou se repérer grâce à l’analyse des images », a en effet affirmé le CEMAT.

Et d’insister : « Le flux de production doit permettre de s’entraîner et de disposer d’un stock minimum. Il doit surtout permettre de monter en cadence de production en cas de conflit, car constituer des stocks importants préalables ferait courir le risque de posséder des munitions obsolètes. Il s’agit d’une nouvelle modalité d’acquisition des munitions et un des aspects de l’économie de guerre qui nous impose de revoir nos façons de nous entraîner et de distribuer les équipements dans nos armées ».

Cela étant, l’innovation participative peut y répondre. En effet, en s’inspirant des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine, un adjudant du 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP] a eu l’idée d’une munition téléopérée de courte portée destinée à compléter la trame antichar de son unité, en adaptant d’anciennes grenades à fusil au drone FPV Racer.

« J’ai été impressionné par les capacités du drone FPV Racer. Je me suis dit qu’il pouvait compléter la trame antichar du régiment, avec des caractéristiques permettant de s’intercaler entre l’AT4 [lance-roquettes antichar de 84 mm] et le MMP [Missile Moyenne Portée ou Akeron MP]. Un de mes co-équipiers pratique le FPV Racer sur son temps libre. Nous en avons discuté, nous avons rédigé un cahier des charges et nous nous sommes lancés », explique ce sous-officier, dans les pages du dernier numéro de Terre Mag.

La charge militaire de cette MTO de courte portée repose sur deux anciens modèles de grenades à fusil, à savoir l’AC58 et APAV40. En tir tendu, elles peuvent respectivement perforer 35 et 20 cm d’acier.

Selon l’adjudant du 1er RHP, il s’agit de permettre à son régiment de disposer d’un moyen supplémentaire peu coûteux et pouvant être utilisé rapidement pour détruire des objectifs « durcis ». « L’idée était aussi de pouvoir adapter et modifier la trajectoire quasiment jusqu’à l’impact, sur une portée de 50 à 2 000 mètres, lors d’un vol de 30 minutes », a-t-il ajouté.

Le développement de cette MTO a bénéficié d’une aide apportée par un élève ingénieur, qui a donné des conseils sur la conception, et il a fait l’objet d’un partenariat avec le FabLab de Tarbes [laboratoire de fabrication ouvert]. Partenariat qui a permis de fabriquer plusieurs prototypes.

Le projet porté par le sous-officier est soutenu par la cellule innovation du 1er RHP ainsi que par le Battle Lab Terre et la Section technique de l’armée de Terre. Il est également appuyé par la Direction générale de l’armement [DGA], celle-ci ayant étudié la possibilité d’adapter la grenade AC58 au drone FPV. Des essais de tir « dynamiques » seront prochainement réalisés.

Photo : armée de Terre / illustration