Intensivement apparus dans la guerre au Karabagh, les drones ont gagné une place centrale dans le champ de bataille en Ukraine. Dès les premières semaines de la guerre, les Ukrainiens ont surpris l’armée russe par une utilisation inattendue et redoutable de ces engins. En retard, Moscou tente aujourd’hui d’aligner massivement ces aéronefs pour rattraper le désavantage. Panorama des drones utilisés dans le conflit russo-ukrainien.
L’impact des drones sur le champ de bataille
Lourds dégâts infligés pour un investissement minime, impact psychologique sur l’ennemi, préservation des vies : les drones offrent un solide avantage tactique. Ils remplissent quatre principales missions : livraison de charges (explosif ou kamikazes), surveillance et renseignement, nuisance et rodage, cyberattaques.
Sur le terrain, les drones ont un impact très fort. D’abord, ils terrorisent les soldats qui sont obligés de se terrer dans les caches. Les forêts et bosquets ne sont plus des lieux où l’on peut disparaître à l’œil de l’ennemi. Les drones armés ont la capacité de décimer une section entière qui se croit abritée. Les petits aéronefs réalisent aussi des destructions ciblées de chars, véhicules, postes de commandements, pièces d’artillerie, etc. Les missions de renseignement sont également très précieuses, c’est d’ailleurs leur tâche principale : sans risquer aucune vie, l’action des drones améliore très fortement la précision de l’artillerie et des opérations.
L’Ukraine applique une doctrine de la guerre d’information conceptualisée en 1990 par les États-Unis, le Network Centric Warfare. Elle connecte les appareils numériques en réseau pour partager l’information recueillie en temps réel dans un cloud, le système Delta pour l’Ukraine. Toutes les données saisies par les drones et autres capteurs, sont envoyées à ce système qui offre aux troupes une importante visibilité du terrain.
Dès les premières semaines des combats, les belligérants se sont également dotés de drones civils, très peu onéreux mais remplissant des missions similaires. Pour un montant de 1 000 à 3 000 euros, ils peuvent causer des dégâts atteignant plusieurs centaines de milliers d’euros.
Si les drones ukrainiens ont pu efficacement profiter de la désorganisation des Russes aux débuts de la guerre, ces derniers ont maintenant rééquilibré les forces. Les systèmes anti-drones, brouilleurs et engins de destructions, obligent l’Ukraine à en consommer un grand nombre. Selon le think tank britannique, Royal United Services Institute, Kiev perdrait 10 000 de ces petits aéronefs par mois. Un nombre que l’Ukraine assume car il épargne la vie de milliers d’hommes. Il est impossible de recenser tous les drones civils utilisés. L’armée ukrainienne en achète volontairement des milliers différents : différentes ondes, différents bruits, les Russes ont plus de mal à les contrer. Nous tâchons de recenser dans cet articles les principaux drones utilisés côté ukrainien et côté russe.
Ukraine : le salut par les drones
Bayraktar TB2
TB2 ukrainien
Sur tous les écrans depuis la guerre, le drone « Bayraktar » concentre à la fois éloges et critiques. Ce drone de surveillance est la conception phare de l’entreprise turque familiale Baykar, dont le directeur technique n’est autre que le gendre d’Erdogan. Long de 6,5 m pour une envergure de 12 m, le Bayraktar TB2 peut atteindre une vitesse maximale de 220 km/h. Son altitude opérationnelle située entre 5 500 et 6 500 mètres lui permet de couvrir un rayon de 150 kilomètres durant plus de 20 heures. Conçu pour des missions de surveillance et de renseignement, le TB2 peut aussi transporter des missiles dont les tirs précis s’expliquent par la qualité du guidage laser.
Après son premier vol en 2009, le TB2 arrive dans l’arsenal turc en 2012. Opérationnel en 2014, il apparaît dans une opération des forces turques contre le PKK en 2018, en Lybie contre le maréchal Haftar (2020), en Syrie pendant l’opération Bouclier de l’Euphrate, au Mali (2022). Le drone s’est surtout révélé au service de l’armée azerbaïdjanaise en 2020 lors de la guerre au Karabagh. Ayant particulièrement convaincu les Ukrainiens, Baykar a vendu plusieurs drones à Kiev depuis 2021. On l’aperçoit dans le Donbass dès cette année où il est utilisé pour la première fois au combat.
Surtout, lorsque l’armée russe arrive en Ukraine et qu’elle est surprise par une résistance inattendue, les TB2 se révèlent extrêmement efficaces. Ciblant les véhicules, notamment les véhicules d’artillerie, ils dévoilent aussi les failles de l’armée russe que les soldats ukrainiens ont su exploiter. Dans la guerre d’information, les vidéos des frappes réalisées par les TB2 diffusées sur les réseaux ont contribué à maintenir le moral côté ukrainien, à l’affaiblir côté russe. Le site de sources ouvertes Oryx a recensé tout le matériel russe détruit par ces drones dont on a la preuve : 5 chars, 7 véhicules blindés, 8 véhicules d’artillerie, 17 systèmes de missiles sol-air, 5 navires, 2 trains, 31 véhicules, entre autres. Les soldats ukrainiens ont même fait une musique pour vanter sa puissance salutaire.
Il faut désormais relativiser son efficacité. Le TB2 a brillé au tout début de la guerre, profitant d’un commandement russe surpris et désorganisé. La situation a changé. L’armée moscovite est équipée de brouilleurs qu’elle a disposés sur tout le front : elle aurait pris l’avantage dans la guerre informationnelle. Ayant perdu 23 TB2 selon Oryx, l’Ukraine utilise ceux qui lui restent essentiellement pour des missions de surveillance, loin du front. L’usage de petits drones, moins onéreux et plus discrets, est désormais privilégié sur le front.
Depuis cette guerre, l’entreprise Baykar a reçu des commandes de 22 pays différents et envisage d’ouvrir une plateforme de production directement en Ukraine. L’engouement va s’affaiblir : depuis que les Russes maîtrisent leurs dispositifs anti-drones, l’Ukraine consomme des milliers de petits aéronefs. Le Beyraktar TB2 ne peut être perçu comme une arme miracle. Et pour acquérir un tel matériel, il faut compter 5 millions de dollars pour le drone, et 5 autres millions pour la station de guidage (un camion équipé). Si la somme reste élevée, un drone américain conçu pour les mêmes missions coûte dans les 20 millions de dollars.
Bayraktar TB2 – Extérieur d’une station de contrôle au sol (GCS).
Punisher
Le Punsiher est un drone clé de l’armée ukrainienne. Produit par une entreprise ukrainienne créée par des vétérans de Crimée, il a une envergure de 2,25 m et une vitesse de croisière de 72 km/h. Surtout, le Punisher transporte une bombe de 3 kg. Ce drone est couplé à un autre, plus petit, produit par la même entreprise, dont le rôle est de reconnaître les cibles que le Punisher frappera.
Ce serait l’un des drones d’attaque parmi les moins chers du monde. En effet, son prix est étonnement bas : il faut compter 70 000 dollars pour s’équiper de 2 Punisher avec leur station de pilotage.
UJ-22
L’UJ-22 Airborne, conçu par UKRJET, une entreprise ukrainienne spécialisée dans les drones aériens, a été dévoilé pour la première fois lors du Salon international « Arms and Security 2020 », en 2021. Ce drone de reconnaissance aux allures conventionnelles est beaucoup utilisé dans la guerre. Il dispose d’un bon rayon d’action de 100 km, mais il peut survoler une distance de 800 km. Il suffit alors d’entrer les coordonnées GPS de l’objectif se trouvant au-delà du rayon d’action pour qu’il l’atteigne. L’UJ-22 est parfois utilisé pour frapper directement des cibles. On lui installe des grenades, des obus ou des bombes non guidées sous les ailes. Il se montre précis à 10 mètres près quand il lâche une munition à 700 m de hauteur. Il ne peut supporter une charge utile supérieure à 20 kg (12-13 kg de charge offensive généralement + une caméra).
L’armée ukrainienne disposerait de 500 exemplaires. Récemment, l’UJ-22 a fait la une de l’actualité en ayant ciblé Moscou le 3 mai 2023.
A1-SM Furia
Ce drone de reconnaissance est produit par l’entreprise Athlon Avia. Entreprise créée par trois passionnés d’aéromodélisme pour produire des drones de compétition, elle fournit désormais l’armée ukrainienne. Athlon Avia est devenue une entreprise classifiée qui produit près de 100 drones par mois et qui dispose d’un centre R&D.
L’A1-SM Furia est le petit bijou de l’armée ukrainienne. Très rustique par sa composition en matériaux composites et plastiques, léger (5,5kg), il peut être lancé à la main et réparé avec du scotch. Atteignant une vitesse de 120km/h et disposant d’une autonomie de 3 heures, son rayon d’action est de 50km. Ce drone est silencieux et doté d’une caméra haute définition. Il capture d’ailleurs la plupart des images aériennes de la guerre qui circulent sur les réseaux sociaux. Sur le terrain, l’A1-SM Furia informe très précisément l’artillerie sur les positions ennemies.
Leleka-100
Le Leleka-100 est également l’un des drones les plus utilisés par l’armée ukrainienne. Mesurant 1,18 m de longueur et 1,13 m d’envergure, il atteint une vitesse maximale de 120 km/h lui permettant de d’opérer jusqu’à 100 km de distance. Conçu pour la reconnaissance par DeViRo, il peut servir aussi pour des frappes kamikazes. Depuis le début de la guerre, la source ouverte relève que 20 Leleka-100 ont été détruits et 11 ont été capturés[1].
ASU-1 Valkyrja
Crédits : Mil.gov.ua
Ce drone de reconnaissance est une aile volante en carbone et plastique d’1,6 m d’envergure, très léger et fin. Son petit moteur électrique propulse l’engin grâce à une hélice bipale discrète, dont le bruit est presque imperceptible à 15 mètres. Son autonomie de 2 heures lui permet d’opérer dans un rayon de 35 km. Sa facilité d’utilisation – il se lance à la main et atterrit sur le ventre – en fait un excellent outil de renseignement sur le front.
Mara-2M, Shark, Orlik se ressemblent beaucoup et remplissent peu ou prou les mêmes missions que les autres drones. L’armée ukrainienne utilise aussi des aéronefs de photographie aérienne comme le SKIF.
R18
Le R18 est bien différent des drones de surveillance ou de reconnaissance. Il sert au combat, essentiellement pour délivrer des bombes. Le R18 est développé par Aerorozvidka une organisation créée en 2013 qui ambitionne de renforcer les capacités militaires de l’Ukraine par la robotique. Le drone est donc un sujet d’étude spécialement abouti. Aerorozvidka s’est ensuite formée en unités spéciales de dronistes au début de la guerre, qui attaquent les véhicules blindés et les troupes russes[2]. Cette unité effectuerait aujourd’hui près de 300 missions par jour.
Le drone R18, qui pèse 13 kg et mesure 1,2 x 1,2 mètre, est capable de voler 45 minutes dans un rayon d’action de 5 km grâce à ses 8 moteurs. Il peut transporter jusqu’à 3 munitions, notamment des grenades soviétiques antichar RKG-3 HEAT ou des bombes RKG-1600.
Cajan E620
Le Cajan E620 est opérationnel depuis l’été 2022. Dans le même style que le R18, ce drone développé par des Ukrainiens atteint une vitesse maximale de 40 km/h et peut voler jusqu’à 400 mètres de hauteur. Il est équipé d’un système de largage de munitions et peut transporter jusqu’à 20 kg de charge utile. Le Cajan E620 coûte entre 12 et 15k dollars à l’achat.t;
Beaver
Le 26 mai 2023, le monde a sans doute découvert un nouveau drone : le Beaver (« castor », en français). Il aurait été utilisé dans l’attaque de drones contre Moscou. Produit par l’association d’entreprises Ukroboronprom (Industrie ukrainienne de la défense), il remplit des missions kamikazes. On ne sait pas grand-chose encore, sur ce petit nouveau, mis à part qu’il est conçu en « canard » avec deux petites ailes devant et deux grandes derrière. Contrairement aux nombreux autres drones tractés par une hélice, le Beaver est propulsé par un moteur thermique.
Aide américaine
Avec Bayraktar, d’autres drones étrangers équipent l’armée ukrainienne. Les États-Unis ont notamment livré de nombreux aéronefs à Kiev, comme les RQ-20 Puma, Quantix Recon et Switchblade (drone suicide) de l’entreprise californienne AeroVironment. L’aide pourrait monter au cran supérieur avec les déclarations de l’industriel General Atomics qui a reconnu discuter avec l’Ukraine d’une possible livraison de drones MQ-9 Reaper. Discret, très puissant, ce drone au rayon d’action de 1 800 km peut embarquer jusqu’à 1,5 tonne de munitions (contre 150 kg pour le Bayraktar).
Russie : les drones contre les drones
La désorganisation qui régnait dans l’armée russe aux premières semaines de l’invasion a grand ouvert la fenêtre de tir des Beyraktar. Si les pertes ont été lourdes, la situation s’est maintenant presque égalisée. L’armée moscovite a mis au point sa défense anti-drones et s’équipe d’aéronefs. Dans sa doctrine, elle préférait la puissance des hélicoptères. Un choix qui n’est pas dépassé et qui rend la contre-offensive très aride pour les Ukrainiens.
Cette guerre tend vers une symétrie des armées. La Russie a révisé sa doctrine d’emploi des drones et compte autant profiter des leurs effets que les Ukrainiens. Elle se confronte à un problème : son retard industriel sur le sujet, que les sanctions rendent plus complexe à combler. Sans-doute utilise-t-elle une moins grande variété de drones, en nombre limité, avec parfois un retard technologique, mais l’armée russe n’est pas en reste dans cette guerre d’aéronefs.
Forpost
Le Forpost renseigne une partie de l’armée russe. Testé pour la première fois en 2019, il n’est en réalité qu’une copie sous licence du drone israélien de reconnaissance IAI Searcher. La version originelle n’est pas conçue pour embarquer des munitions tandis que les ingénieurs russes ont prévu un transport de bombes. Avec 8,5 m d’envergure pour 5,8 m de long, le Forpost peut opérer jusqu’à une distance de 250 km.
Kronstadt Orion
L’Orion est un drone de reconnaissance et d’attaque mis en service dans l’armée russe en 2020. Se voulant concurrent en retard du MQ-9 Reaper américain, ce drone est construit en série depuis 2021 par Kronstadt group au nord de Moscou. Son fuselage est fait en carbone avec un système de protection anti givre qui lui offre une bonne résistance aux très mauvaises conditions météo. Son envergure de 16 mètres et sa longueur de 8 mètres pour un poids d’environ 1 tonne lui imposent un décollage sur piste. Il a un rayon d’action de 700 km lorsqu’il est guidé par satellite. En comparaison, le Reaper américain remplit des missions jusqu’à 1 800 km de sa station de pilotage.
L’Orion peut embarquer quatre missiles ou bombes qui ciblent particulièrement les chars. Les ingénieurs russes l’ont aussi doté de capacités anti-aériennes : on l’a vu tirer un missile air-air sur un drone au cours d’un exercice en 2021.
Bombes aériennes mises en œuvre par le Kronstadt Orion avec bombes guidées et bombes non guidées
Lancet 3
Le Lancet 3 est un drone suicide très utilisé par l’armée russe. Produit par l’entreprise Zala Aero, une filiale du groupe Kalashnikov, il vise de préférence l’artillerie. Très compliqué à détecter, léger (12 kg), il fond à 300 km/h sur le point faible de sa cible. Les occidentaux lui reprochent beaucoup de choses, notamment sa faible charge d’explosifs (3 kg), son rayon d’action limité (40 km) et son endurance moyenne (40 min). La légèreté du fuselage l’empêche de traverser des branches ou des filets et il atteint un taux de destruction de 50 à 66 %, jugé insuffisant. Mais ce chiffre n’est pas négligeable, car le drone n’est pas coûteux (entre 20k et 40k euros), facile à produire, simple d’utilisation.
Le Lancet se lance depuis une catapulte qui peut être installée aussi bien au sol que sur un véhicule ou à bord d’un bateau. La marine russe a d’ailleurs annoncé qu’elle y pensait, augmentant considérablement la capacité de frappe des navires.
Le Lancet, malgré les nombreux reproches qu’on lui fait, cherche à allier quantité, qualité et facilité de d’utilisation et de production : l’équilibre durable dans une guerre.
Orlan 10
Produit par le Centre Spécial de Technologie à Saint Pétersbourg, l’Orlan 10 est un drone de reconnaissance et de guerre électronique. Facile à produire et à utiliser (il est catapulté ou se lance à la main), l’Orlan n’est pas coûteux. Il effectue ses missions haut dans le ciel, nécessitant le tir d’une artillerie anti-aérienne pour le détruire. Généralement, les Ukrainiens ne cherchent pas à l’abattre, car le prix d’un tir est bien plus onéreux que sa perte infligée. Il peut voler 16 heures dans les airs, durant lesquelles il filme le terrain avec une qualité tout à fait acceptable.
Pour cette guerre, l’armée russe a installé quatre bombes sur un certain nombre de ses Orlan.
Une version des Orlan est entièrement consacrée à la guerre électronique. Couplé au véhicule Leer-3, un véhicule spécialisé pour la guerre électronique, l’Orlan capte notamment les bandes GSM qui servent aux téléphones portables. Avec deux drones, le véhicule peut couvrir 6 km et collecter les données de 2 000 mobiles. Avant l’attaque de la Russie, les soldats de la 54e brigade ukrainienne ont reçu ce SMS sur leurs téléphones portables : « Moscou a donné le feu vert à l’utilisation des forces armées RF dans le Donbass ! Il est encore temps de sauver votre vie et de quitter la zone JFO. » On pense que ce pourrait être l’œuvre d’un Leer-3 et de ses Orlan.
Eleron-3
L’Eleron-3 est un drone de reconnaissance fabriqué par la zao (équivalent SA non cotée) russe ENIX. Mis en service en 2014, sa petite taille et ses ailes repliables le rendent facilement transportable avec sa mallette. Il se lance depuis une catapulte pour effectuer des missions dans un rayon de 25 km durant 1h40.
Takhion
Le Takhion est une aile volante de reconnaissance produit par Izhmash, une des filiales de Kalashnikov. Surtout utilisé pour éclairer l’artillerie russe, ce drone peut voler 6 h sur un rayon de 40 km dans toutes les conditions météo.
Lancement sans rampe, à la main
Granat 1, 2, 3 et 4
Les drones Granat effectuent des missions de reconnaissance généralement pour l’artillerie. Le Granat 1 est une petite aile volante qui a évolué en forme d’avion pour les séries qui suivent.
Drones Granat 4 sur leur rampe de lancement.
ZALA 421-16E et ZALA 421-16EM
Ces drones initialement conçus pour surveiller les gazoduc, oléoducs et prévenir des risques d’incendie ou d’inondation, sont mobilisés en Ukraine. Ils sont produits par la même entreprise que le Lancet, ZALA. La version « 16EM » est une modernisation de la précédente. Pour les mêmes qualités, le 421-16EM est plus petit et mieux aérodynamique. Les deux séries sont des ailes volantes d’une envergure de 1,8 m avec un fuselage complet.
Les deux versions remplissent également des missions de reconnaissance.
Irkout-10
Ce petit drone de 70 cm n’est pas très connu. Attaché à la reconnaissance, capable de voler dans des conditions météo peu défavorables, il se lance depuis une catapulte et agit sur un rayon de 70 km.
Korsar
Le contrat pour le développement de ce drone Korsar (« Corsaire » en français) a été signé entre le ministère russe de la Défense et Luch, un important bureau d’étude ukrainien de l’industrie de défense. Annoncé en 2009, il doit équiper l’armée russe en 2025. Présenté dès 2015, ce drone aux apparences d’un Beyraktar remplira essentiellement des missions de reconnaissance stratégique avec une visibilité atteignant les 200 km. On suppose également que le Korsar pourrait agir comme un drone de combat, emportant sous ses ailes des grenades ou des fusées.
Un appareil a cependant été abattu en Ukraine, ce qui laisse penser que plusieurs exemplaires équipent déjà l’armée russe (3, peut-être).
Supercam S350
Cette aile volante d’une envergure de 3,2 mètres a une autonomie de 240 km et vole à 120 km/h. Lancé depuis une catapulte élastique, il effectue des missions de reconnaissance. Peu connu, l’armée ukrainienne en a pourtant abattu au moins 2 et capturé 3, toujours selon Oryx.
Griffon-12
Destiné au monde civil, cette aile volante réalise normalement des relevés topographiques pour les travaux géographiques, géologiques, etc. En raison de son faible coût de production, il est mobilisé dans les combats par l’armée russe pour effectuer des missions de reconnaissance. Le Griffon-12 peut voler durant 3 heures à une vitesse maximale de 120 km/h. Ce drone équipe également l’armée arménienne.
Lastochka-M
Ce drone d’attaque est rare dans l’armée russe. Dévoilé pour la première fois en 2021 lors de l’exercice Zapad-2021, les Ukrainiens en ont capturé un, ce qui nous donne plus d’informations sur ce discret aéronef. Pesant 5,2 kg, le Lastochka-M vole à 120 km/h maximum durant 2 heures (ou sur une distance de 45 km). Il est conçu pour attaquer aussi bien les véhicules blindés que les soldats.
Pour palier son manque de drones et ses difficultés à en produire à cause des sanctions, Moscou en achète à l’Iran.
Mohajer-6
Ce drone d’attaque de conception et de fabrication iranienne a été mis en service en 2018 et arme depuis peu les forces russes en Ukraine. D’une envergure de 10 m pour 5,6 m de long, ce drone emporte 100 kg de charge utile. Volant à 200 km/h durant 12 heures, il effectue ses missions sur un rayon d’action de 200 km. Bien sûr, le décollage se fait sur une piste car l’engin pèse 700 kg charge comprise.
Fin septembre 2022, un Mohajer-6 employé par l’armée russe s’est écrasé en mer et repêché par les Ukrainiens. Les analyses ont montré que le moteur était fabriqué par Rotax, une filiale autrichienne de l’entreprise québécoise Bombardier Recreational products. BRP a immédiatement publié un communiqué rappelant qu’elle n’a jamais donné son autorisation pour que ses moteurs soient utilisés à cette fin, surtout si les drones sont russes. Mais, ce n’est pas la première fois qu’un moteur Rotex équipe un drone russe. C’est le cas du Korsar, par exemple.
Shahed 131 (Rebaptisé Geran-2 par les Russes)
Crédit : Ministère iranien de la Défense
Ce deuxième drone iranien utilisé par l’armée russe est kamikaze. Il a une forme d’aile volante. Les explosifs (40 kg maximum), ainsi que les équipements d’optique, se trouvent dans le nez. 2,5 m d’envergure, 240 kg chargé, le Shahed 131 vole à plus de 180 km/h. Il est lancé depuis une plateforme de 5 drones qui peut être installée à terre ou sur un camion.
Le Shahed 136 arrive en septembre 2022 en Ukraine, après que les Russes ont apporté quelques modifications pour répondre à leurs besoins. D’ailleurs, ils le rebaptisent Geran-2. Selon certaines sources de l’industrie militaire russe, la Russie a adapté les drones afin d’intégrer le système de navigation satellitaire russe GLONASS, améliorant ainsi la portée et la précision de l’arme.
Une enquête de CNN publiée en février 2023 révèle que l’ogive du Shahed a été modifiée pour maximiser l’effet de zone de l’explosion. Des dizaines de petits fragments métalliques ont été ajoutés à l’ogive afin de les disperser à l’impact. L’objectif est de projeter des centaines de ces fragments, provoquant ainsi une destruction étendue des installations techniques, notamment électriques. Cette action vise à anéantir instantanément les transformateurs, les câbles et les équipements complexes, en infligeant des dégâts si considérables qu’il devient extrêmement difficile de les réparer.
[1] https://www.oryxspioenkop.com/2022/02/attack-on-europe-documenting-ukrainian.html
[2] https://www.thetimes.co.uk/article/specialist-drone-unit-picks-off-invading-forces-as-they-sleep-zlx3dj7bb