L’embuscade d’Uzbin (18 août 2008)- 3 Choc et tremblements

L’embuscade d’Uzbin (18 août 2008)- 3 Choc et tremblements

Par Michel Goya – La Voie de l’épée – Lundi 20 août 2018

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Les combats étaient à peine terminés dans la vallée d’Uzbin qu’une nouvelle offensive commençait. D’un seul coup l’Afghanistan devenait intéressant pour les médias. Pour la première fois depuis longtemps un combat mené par des soldats français était décrit au grand public. Il l’était avec plus ou moins de bonheur tant les choses étaient complexes et les experts peu nombreux parmi les enquêteurs mobilisés en masse. Il s’agissait dans la majorité des cas de trouver une belle polémique, si possible avant les autres. N’écoutant que leur honneur qui ne leur disait rien, certains sont même allés interviewer l’ennemi lui apportant ainsi les quelques points de gloire lui permettant de s’imposer par rapport à ses rivaux. 

On attend en revanche toujours l’équivalent d’un Mark Bowden décrivant sur plusieurs centaines de pages un événement similaire en Somalie (La chute du faucon noir) et de la même façon les combats de Wanat en Afghanistan pas très loin d’Uzbin. Le premier de ces combats était d’ailleurs survenu en juillet 2008 sans être à ma connaissance aucunement analysé par les Français. On attend aussi un Ridley Scott pour mettre en scène l’héroïsme des hommes décrits par Bowden au cœur du fiasco de Mogadiscio.

L’offensive portait d’abord sur les politiques rendus très vulnérables par la contradiction qu’ils avaient créée entre le discours et la réalité de l’action. Le flou est la liberté d’action du politicien mais ce principe s’accorde mal avec ceux de la guerre. Une attitude d’homme d’État aurait consisté à admettre les erreurs, les assumer et annoncer certes un peu tard la réalité des choses et de leur prix. Il n’y eut pas vraiment d’hommes d’État.  A la question « Est-ce donc la guerre ? », le gouvernement s’enfonçait dans un déni maladroit. Hervé Morin « réfutait toujours le mot de guerre » qui ne « s’applique qu’à des situations entre États ». Il avait ensuite beaucoup de mal à expliquer de quoi il s’agissait alors.

On parlait alors d’une opération de stabilisation pouvant comprendre des opérations de guerre, ce qui est un oxymore. Une opération de stabilisation, qui est une mission de police internationale, peut comprendre des combats (apparemment confondus avec « opérations de guerre ») et une guerre, il est vrai très rarement, peut se terminer sans combat. Ce n’est pas le combat qui fait la distinction entre la police et la guerre, c’est le caractère politique. Même si elles sont souvent mêlées à ce qui ressemble plus à des groupes de bandits, le HiG ou les Taliban sont des organisations politiques. Il en est de même pour Al-Qaïda. La qualification terroriste a tendance à effacer le caractère politique. C’est volontaire, une qualification politique donne un statut d’interlocuteur violent à l’ennemi (ce qui pour le coup est un pléonasme) et ce statut d’équivalence déplaît fortement. On fait donc tout pour l’éviter en espérant que ceux « dont on ne veut pas dire le nom » (les « groupes armés terroristes » !?) vont finir par être détruits ou se dissoudre avant que l’on soit obligé de les rencontrer autour d’une table.

Toujours pas de guerre en Afghanistan donc (le terme reviendra quand même par la petite porte quelques temps plus tard) mais comment traiter ce qui vient de se passer à Uzbin ? Pourquoi ne pas en faire une bavure ou mieux un accident, ce qui permettait d’écarter encore plus les responsabilités du politique ? 

Depuis l’absence de la ministre de l’écologie sur les lieux du naufrage de l’Erika en 1999 ou de celle du ministre de la santé dans les hôpitaux pendant la canicule de 2003, un responsable politique français se doit de se précipiter sur le lieu des événements. Cela complique généralement les choses sur place mais il faut se faire voir et surtout montrer que l’on fait quelque chose. A la grande joie des chefs rebelles qui voyaient ainsi combien leur action avait eu d’effets stratégiques, le Président de la République se déplaçait donc immédiatement en Afghanistan. Il annonçait aux soldats que toute la lumière serait faite sur ce qui avait provoqué la mort de leurs « collègues » (un terme employé dans la Police mais inconnu dans les Armées). En réalité, ils savaient bien ce qui avait provoqué la mort de leurs camarades : les balles de l’ennemi. Ils demandaient plutôt à ce que leurs camarades tombés fussent reconnus pour ce qu’ils étaient. Ce ne sont pas les armées qui font les guerres mais les nations et les soldats n’en sont que des représentants. Lorsqu’ils portent des armes, ce ne sont plus des personnes privées mais des porteurs de la force légitime et publique.

Il fut un temps où les choses étaient plus claires. Les soldats appartenaient à la France et lorsqu’ils tombaient, leurs noms étaient inscrits sur des monuments publics, des sortes de petits panthéons, afin qu’ils puissent être honorés par tous. Et puis, les « morts pour la France » ont commencé à disparaître de l’espace public. Ces professionnels combattaient au loin dans des petits conflits inavoués. Les reconnaître, les honorer lorsqu’ils tombaient nécessitait d’en parler. Cela n’intéressait pas beaucoup les médias, sauf lorsque le nombre de morts pouvait d’un seul coup constituer un « événement », et encore moins les politiques qui auraient eu besoin de se justifier.

Je connais encore beaucoup d’anciens qui restent marqués par le traitement public de l’embuscade de Bedo, au Tchad le 11 octobre 1970, le vrai précédent de l’embuscade d’Uzbin. Les blessés avaient été rapatriés en métropole le plus discrètement possible et envoyés de nuit dans les hôpitaux. Ceux qui étaient morts, douze au total, ne bénéficièrent d’aucune reconnaissance particulière. Le soir de l’embuscade, un ministre trouvait bon de déclarer que les familles devaient se rassurer car il n’y avait pas d’appelés parmi les douze morts.

En 2008, le Président Sarkozy ne connaissait rien au monde militaire mais il se rappelait que quand même que les soldats professionnels avaient aussi une famille. A elles aussi, il déclarait que toute la lumière serait faite. Il les amenait même sur les lieux de l’attaque. C’était un geste de compassion pour ceux qui vivaient un drame immense mais cela contribuait encore à privatiser un événement qui encore une fois, relevait de l’ensemble de la nation. En fait, la compassion, indéniable et par ailleurs évidemment nécessaire, s’accompagnait aussi probablement d’un peu de peur.

Depuis le milieu des années 1990, on parlait beaucoup dans les armées du « caporal stratégique », une trouvaille d’un général des Marines américains pour expliquer qu’avec la présence des médias et des nouveaux moyens de communication, l’action d’un caporal pouvait être relayée et amplifiée jusqu’à avoir des effets stratégiques. Ces mêmes médias et désormais réseaux de toutes sortes ayant tendance dans une proportion de 100 pour 1 à amplifier le négatif, plutôt que le positif (il y plein de héros vivants dans nos armées, le public n’en connaît aucun), il pensait surtout aux dommages que pouvaient faire une erreur de ce caporal.

Dans les faits, ce raisonnement s’applique à n’importe qui, désormais susceptible à lui seul de créer un événement pourvu qu’il y ait de l’émotion. Si le terrorisme est si utilisé, c’est entre autres raisons, aussi pour cela. Ce raisonnement s’applique aussi aux familles des soldats. Chaque mort est évidemment un drame pour les proches. Le 24 août 1914, il y a eu 27 000 familles frappées en quelques heures. Le caractère collectif de l’engagement, la clarté de son objectif, la certitude de la reconnaissance collective n’atténuaient sans doute pas la douleur sinon en montrant que le sacrifice de l’un avait été au bénéfice de la France dans son ensemble. En faisant disparaître ce seuil, les « maman et papa stratégiques » apparaissaient mécaniquement.

En 2004 ou 2005 je ne sais plus, j’étais appelé en urgence par le directeur du Centre de doctrine d’emploi des forces (CDEF) qui me demandait de faire immédiatement une fiche sur la manière de lutter contre les engins explosifs improvisés (tristement célèbres IED). Le général m’expliquait alors que madame le ministre était alors allée voir un soldat blessé par une IED, peut être le premier Français dans ce cas, et qu’elle y avait rencontré sa mère. Celle-ci avait alors demandé si des mesures avaient été prises pour éviter que cela se reproduise. Cette question avait abouti, sans aucun doute avec d’autres, jusqu’à moi. J’avais déjà écrit un certain nombre de choses sur le problème des IED, notamment en Irak, et d’autres techniquement bien plus compétents, avaient aussi travaillé sur la question. Le fait qu’il faille une intervention du ministre pour faire accélérer les choses témoignait de l’inertie du « système », il témoignait aussi de l’importance que pouvaient avoir les familles y compris dans les choix techniques voire tactiques. Quelques années plus tard, alors que je soulignais l’alourdissement considérable de nos fantassins, la dépendance au blindage, aux bases et aux axes, toutes choses qui réduisaient notre capacité de manœuvre, un autre général me disait « Comment veux-tu que j’explique à des parents que je n’ai pas pris toutes les précautions pour protéger leur enfant ? Même si c’est au détriment de l’efficacité d’ensemble ».

Tout a été fait pour préserver les familles et surtout se préserver d’elles. Cela n’a pas suffi puisqu’il manquait toujours une réponse claire à la question fondamentale : la mort de notre fils a-t-elle eu un sens ? L’absence de bonnes réponses par ceux qui étaient chargés d’utiliser le monopole de la force légitime a conduit certains à demander alors des explications au Juge. Or, celui-ci ne juge que de la conformité au droit et celui-ci diffère selon que l’on ait agit ou non dans le cadre d’un conflit armé ou non. On revient au problème de qualification.

Notons que cet épisode a probablement marqué un tournant. Après la cérémonie forte aux Invalides, les « morts pour la France » furent plus visibles et honorés. Surtout lors de l’entrée en guerre suivante, au Mali en janvier 2013, la qualification de « guerre » fut assumée dès le départ et pour la première fois depuis la guerre du Golfe en 1990. Il fut même donné une mission claire aux soldats. Par la suite, le naturel reprendrait le dessus mais c’est une autre histoire.

L’offensive portait ensuite sur les armées, double offensive même puisque venant à la fois des médias et des dirigeants politiques soucieux de trouver des responsables différents d’eux-mêmes.

En temps normal, les opérations sont analysées dans le cadre d’un processus qui était alors bien établi de retour d’expérience. Lorsqu’il y a des pertes, ce processus performant mais méthodique, fait place à une enquête de commandement. Il s’agit cette fois de donner des réponses rapides aux demandes et aux attaques.

Cela n’a pas été un exercice facile. Il fallut d’abord établir exactement ce qui s’était passé, c’est-à-dire interroger tous les acteurs, se rendre sur les lieux, examiner tous les documents et arriver à se faire une image précise à travers les souvenirs déformés par les grandes émotions, les justifications, les petits oublis voire les couvertures. Cela prend du temps, ce qui est difficilement compatible avec l’exigence des « Français qui veulent savoir » tout de suite. Le problème est que ce qui est dit immédiatement est forcément sinon faux, du moins toujours incomplet. Il est difficile ensuite de revenir en arrière.

Je servais à l’époque au cabinet du chef d’état-major des armées. Je peux témoigner de sa volonté de transparence et de celle du général sous-chef opérations. Le CEMA faisait très vite une première description des événements qui comportait forcément mais de bonne foi quelques erreurs factuelles. Dix jours après l’embuscade, le sous-chef opérations faisait la description la plus précise possible des faits. Ce récit officiel du combat, tendait à le positiver en mettant en avant les pertes très supérieures qu’avait subi l’ennemi, le fait que finalement on avait réussi à le chasser du terrain et surtout que malgré la surprise et la supériorité numérique la section Carmin 2 avait résisté.

Ce récit survenait trop tard. Entre temps, rumeurs et croyances forcément négatives avaient eu le temps de s’incruster et il est apparu comme décalé. Comme d’habitude, lorsque la légende est encore plus sombre que la réalité, on imprime la légende et le décalage est expliqué par l’« Armée qui cache des choses ».

Il n’en restait pas moins que la réalité comportait aussi une face sombre, pleine des erreurs commises qui ont conduit à se faire surprendre. La recherche de la surprise est pratiquement la base de la tactique, surtout quand les camps ne sont pas de force matérielle égale. Une attaque au grand jour et en plein air de nos bases par nos ennemis serait peut-être plus chevaleresque, ce serait évidemment surtout stupide pour eux. Il est évident donc que dans les campagnes que nous menons, l’ennemi va forcément chercher à nous surprendre. C’est le seul moyen pour lui d’égaliser ses chances au moins un temps. Surprise et contre-surprise constitue donc un pré-combat permanent dans nos opérations.

Une attaque surprise contre les forces françaises peut prendre des formes variées comme l’attaque suicide à Beyrouth les 23 octobre et 21 décembre 1983 ou l’emploi d’une milice non gouvernementale, les « jeunes patriotes », et l’argument de l’erreur humaine lors de la frappe du site de Bouake le 6 novembre 2004 par un avion ivoirien. L’embuscade est évidemment un classique tactique mais nos ennemis avaient eu du mal à en organiser une depuis Bedo. Il y aura d’autres surprises après 2008 en Afghanistan ou même en métropole avec l’attaque à la voiture contre les soldats de l’opération Sentinelle à Levallois en août 2018. Même les IED, responsables d’une grande partie de nos pertes depuis 2008 peuvent être considérés comme des micro-embuscades qu’il faut déjouer. La surprise est inhérente à la guerre, il y en aura d’autres.

L’erreur aussi est inhérente à la guerre. Il faut y prendre des décisions qui engagent des vies dans des contextes rendus forcément incertains par l’intelligence de l’ennemi. Certaine de ces décisions sont forcément des erreurs, il reste à déterminer quand celles-ci sont acceptables.

C’est un exercice toujours délicat. L’erreur n’apparaît généralement qu’après coup. Avant l’embuscade à Uzbin personne, à ma connaissance, n’a vraiment vu de problème. Après, ils devenaient évidents. En fait, il s’agissait d’un cumul de petites erreurs et donc de petits mauvais choix qui ont abouti à l’encerclement d’une section à pied. Difficile de faire la part des responsabilités là-dedans. Le deuxième écueil, tout aussi classique, est que l’inacceptable appelle la sanction et que celle-ci peut apparaître comme la confirmation que les critiques étaient plus justes qu’on a bien voulu l’avouer. 

Quand on salue, honore et finalement récompense le courage, la réactivité, la bonne conduite dans les événements, ce qui corrobore le côté positif de l’action que l’on veut mettre en avant, il est ensuite difficile de sanctionner les mêmes individus. Les mauvais choix ne sont pas pourtant pas incompatibles avec le courage. Il devrait donc être possible à la fois de citer et de relever de son commandement le même individu. On ne fit finalement que le premier choix. Aucun des chefs, dont il faut souligner qu’ils assumèrent presque tous leur responsabilité, ne fut visiblement sanctionné. La carrière de certains fut juste un peu bousculée.

Les leçons de l’ennemi sont les plus coûteuses mais ce sont hélas souvent les meilleures. Dans les jours qui suivirent l’embuscade tout s’accéléra. A l’état-major des armées, un amiral fut nommé « monsieur stratégie en Afghanistan », un groupe de travail opératif fut constitué au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), un retour d’expérience tactique des combats d’Uzbin fut rédigé (mais ne fut jamais diffusé). Les deux zones de Surobi et Kapisa furent réunies en 2009 sous le commandement d’une brigade, ce qui semblait effectivement plus cohérent.

Surtout l’armée de Terre construisit une architecture complète de préparation à l’Afghanistan et des équipements, en dotation ou acquis en urgence opérationnelle, furent envoyés sur le théâtre. Pour être juste, beaucoup de ces choses étaient déjà en cours au moment de l’embuscade mais encore victimes de l’inertie bureaucratique ou des rabotages de Bercy. L’ensemble était lourd, centralisé, polarisant et « sanctuarisant » beaucoup de ressources rares au profit de seulement deux groupement interarmes, un groupement aéromobile et un groupement logistique, mais cela fonctionna bien.  Un nouveau sentier se forma où à force d’améliorations le visage du soldat français se transforma. Cela n’empêcha pas les difficultés, les attaques parfois réussies de l’ennemi, et bien sûr parfois les pertes mais l’instrument tactique fut perfectionné jusqu’à un niveau indéniablement remarquable.

Le problème est que l’efficacité tactique devient vite un simple bruit de fond s’il n’y a pas de stratégie. L’évolution positive de nos capacités rencontrait malheureusement une évolution politique contraire. Le retour d’expérience politique avait plutôt été d’éviter à tout prix d’être à nouveau embarrassé par les actions des militaires. A chaque « choc » suscitant un emballement médiatique (un « choc » est une action militaire où plusieurs soldats français ont été tués) correspondait une nouvelle intrusion politique dans les opérations. Cette intrusion s’effectuait toujours dans le sens d’une contraction et non dans celui d’une plus grande audace. Les soldats reprenaient le terrain, le Président, pour qui ce n’était pas l’essentiel, le rendait de fait à l’ennemi. Lorsque la campagne présidentielle commençait on assista même à une course entre les deux candidats à coup de date de départ toujours rapprochées. 

Le dernier mort au combat français fut l’adjudant-chef Bouzet presque quatre ans jour pour jour après l’embuscade d’Uzbin. Il était le 89e à tomber dans ce pays. On quittait définitivement la Kapisa-Surobi à la fin de 2012 sur une situation très ambiguë. Avait-on gagné ? Avait–on rempli la mission ? On pouvait le considérer. La région n’était pas pacifiée et on était certes revenus physiquement au point de départ mais on pouvait considérer au moins que les forces de sécurité afghanes pouvaient, grâce à nous, reprendre la mission à leur compte. Il suffisait de le dire clairement. On attend toujours le grand discours et le défilé de la victoire. On attend toujours une vraie reconnaissance pour les efforts et les sacrifices consentis. 

Les grands événements s’écrasent mutuellement. Il s’est passé beaucoup de choses depuis cette guerre. Avec le temps, il devenait plus difficile d’y revenir. Le dixième anniversaire des combats d’Uzbin aurait pu être au moins une occasion de saluer des hommes courageux. Cette occasion n’a pas été saisie. 

 

 

 

L’embuscade Uzbin (18 août 2008)- 2 Un col trop loin

L’embuscade Uzbin (18 août 2008)- 2 Un col trop loin

Par Michel Goya – La Voie de l’épée – vendredi 17 août 2018

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A l’été 2008, la France prenait simultanément en compte la province de Kapisa ainsi que le commandement de la région de Kaboul (Regional command capital, RCC) et donc également le district de Surobi.

Le 8e Régiment parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa) était l’instrument premier de cette double-opération. Selon les mots de son chef, il se préparait avec la « souplesse d’un gymnaste ». La structure de son groupement ne cessait de fluctuer au gré des incertitudes politiques. A Bucarest en avril, on annonçait bien les fameux « 1 000 soldats de renfort » mais en réalité ce n’était plus que 700 pour la nouvelle mission et 300 pour le RCC afin de remplacer le départ d’une unité allemande et d’occuper la base de Tora en Surobi. Le tout s’effectuait alors que l’on avait retiré les véhicules des régiments pour les grouper dans des parcs  mais l’on entamait seulement les très rigidifiantes réformes issues de la RGPP. Louvois ne serait adopté que quelques mois plus tard et les marsouins-parachutistes pouvaient au moins être certains d’être soldés. 

Laissés un peu à eux-mêmes, sans grande orientation opérative et tactique, le 8e RPIMa s’est quand même très bien préparé et ceux qui sont partis en Kapisa en juillet s’en sont finalement bien sortis. Jusqu’au mois de décembre, ils ont mené la première campagne de contre-insurrection française depuis le Tchad dans les années 1970 et ils l’ont bien fait, au prix de quinze soldats blessés. C’était un tournant majeur de notre engagement en Afghanistan et même de l’emploi de nos soldats depuis les années 1980 mais cela n’intéressait alors guère les médias. Cela se passait sans doute trop bien et puis cette Task Force Chimère n’avait eu « que » quinze soldats blessés. On aurait donc pu continuer à faire la guerre à bas bruit s’il n’y avait eu aussi le ré-engagement en Surobi.

Trois semaines après la relève des Américains en Kapisa, le BATFRA renforcé remplaçait les Italiens sur la base de Tora. On avait donc deux engagements français voisins mais qui auraient pu se dérouler aussi bien sur des planètes différentes tant le BATFRA restait lui dans son sentier. Alors même que la compagnie affectée à Tora était aussi du 8e RPIMa et se trouvait à quelques dizaines de kilomètres de ses camarades, les équipements ou les dotations en munitions étaient restées les mêmes que ceux du reste du BATFRA, qui lui-même avait peu évolué. Si on y ajoutait, à Tora, les certitudes d’un capitaine sur ses qualités propres et celles de son unité, on obtenait un cocktail habitudes-prétention au destin généralement funeste en temps de guerre. On m’a raconté encore récemment le dédain avec lequel un officier de l’armée de l’air, qui, elle, était désormais pleinement engagée, avait été reçu. Les appuis aériens ? Oui on verra ! Sous-entendant clairement qu’une unité d’élite qui n’en avait pas eu besoin en Afrique, n’en aurait pas plus besoin en Afghanistan.

Le district de Surobi est alors surtout une zone de passage pour les groupes armés et bandits locaux, dont le plus important est le Hezb i-Islami Gulbuddin (HiG) d’Hekmatyar, un ancien allié contre les Soviétiques. Les Italiens avant nous et les Turcs encore avant ne s’y sont jamais montré, disons, très agressifs. Un accrochage qui avait provoqué la mort d’un soldat italien en février 2008 avait suffi à calmer tout velléité de troubler l’activité locale.

Le nouveau commandement français décidait de son côté de reprendre pied dans tout le district. La méthode en serait la reconnaissance, c’est-à-dire concrètement des déplacements sur tous les axes afin de rencontrer les populations et de voir le terrain avant de rentrer à la base. La conjonction entre pouvoir mettre le pied quelque part pendant une heure ou deux et contrôler ce même quelque part était sans doute un peu hâtive (après l’embuscade, un très haut responsable des armées me parlera ironiquement de « promenade militaire » pour qualifier cette méthode) mais jusque-là cela paraissait fonctionner, en grande partie parce que personne ne s’y opposait. On pouvait circuler et, avec un peu de chances, discuter avec les chefs locaux, distribuer un peu d’aide, etc. et tout le monde était content avant de rentrer à la base sans avoir été vraiment inquiété.

La zone est montagneuse et difficile d’accès. Il fallut s’y reprendre à plusieurs fois pour aller jusqu’au col d’Uzbin dans une des vallées secondaires de Surobi. Une première visite avait déjà eu lieu quelques jours auparavant au village de Sper Kunday au pied du col. Les intentions françaises pouvaient alors difficilement échapper à quiconque prenait la peine de les observer. Le 18 aout, une colonne forcément peu discrète était donc partie le matin de Tora pour arriver vers 13h30 à Sper Kunday vingt kilomètres plus loin. Normalement, c’était à une section de l’armée nationale afghane (ANA) de poursuivre la progression vers le col. C’est finalement la section du 8e RPIMa (Carmin 2) qui était arrivée en premier à Sper Kunday qui a pris cette mission à son compte. 

Un peu plus de deux heures plus tard, la crise, qui est souvent un révélateur de faiblesse cachées, éclatait.

La première de ces faiblesses cachées était celle de la mission. S’il est concevable de maintenir ouvert un axe de circulation essentiel, on ne voit pas très bien l’intérêt d’aller sur un col inaccessible en véhicules puis de redescendre et de revenir à Tora. S’agissait-il de prendre contact avec la population ? Il n’y en avait pas sur le col. Mesurer la viabilité de l’axe ? Il n’y avait pas besoin d’aller sur le col pour le constater. Servir d’appât ? Outre qu’on ne pratique plus guère ce procédé depuis Dien Bien Phu, il aurait fallu qu’il y ait par ailleurs un puissant et efficace dispositif de frappes pour compléter le piège, ce qui n’était pas le cas.

En résumé, la mission de la section du 8e RPIMa (Carmin 2) en charge de la reconnaissance jusqu’au col était simplement la continuation de ce qui se faisait auparavant. Elle aurait pu se faire très simplement avec des drones…si on avait disposé de drones. On jettera une voile pudique sur le retard pris par la France dans ce domaine, un beau ratage de notre politique industrielle de défense qui nous aura sans doute coûté quelques vies de soldats. Idéalement, si on avait fait un effort sur les « petits programmes », ceux qui ne sont pas les plus rentables pour les industriels mais intéressent le plus les combattants au ras du sol, le chef de CARMIN 2 aurait peut-être pu disposer d’un petit drone de reconnaissance (ceux-là même qui sont vendus actuellement 200 000 euros aux armées) qui lui aurait évité d’aller sur le col et peut-être même de déceler l’embuscade. A tout le moins, on aurait pu utiliser un SDTI (Système de drone tactique intérimaire), système déjà opérant mais jugé plus utile au Kosovo.

Au final, on peut peut-être justifier la montée sur le col par la volonté de montrer que les soldats français pouvaient aller là où ils voulaient. De toute façon, deuxième faiblesse, on n’imaginait pas, comme le lieutenant du reportage quelques jours plus tard, que cela puisse être vraiment dangereux. Dans les ordres donnés au chef de Carmin 2, il n’était question que d’une douzaine de combattants légèrement armés qui pouvaient mener une action de harcèlement et/ou poser un engin explosif. Rien qui ne soit à la portée d’une section d’infanterie. C’était une énorme erreur bien sûr, qui reprenait presque en copier-coller les paragraphes renseignement d’ordres d’opérations précédents, mais ce n’était pas la principale. La principale fut d’oublier que la guerre, qui suppose la confrontation violente entre êtres intelligents, est la plus incertaine des activités humaines et qu’il était possible que ce que l’on croyait ne fut pas vrai.

De là découlait, la troisième faiblesse, celle du dispositif. Celui-ci était partagé en deux échelons : celui de la reconnaissance avec Carmin 2 et de la section de l’ANA, puis celui des appuis avec, un kilomètre en arrière, une autre section afghane de police militaire cette fois (en fait spécialisée dans la protection de sites) et une section d’appui du Régiment de marche du Tchad (RMT, Rouge 4) placée sur la ligne de crête précédente avec son groupe de mortiers de 81 mm et son groupe de missiles Milan. Un groupe des Forces spéciales américaines dont une équipe de guidage aérien (Joint terminal attack controller, JTAC) complétait le dispositif, un peu étrangement dans ce secteur français mais il s’agissait alors de chapeauter et surveiller les Français dans leur mentoring des forces de sécurité afghanes. Leur présence sera finalement essentielle pour les munitions qu’ils portent avec eux, et qui s’avéreront précieuses, mais surtout pour leur capacité à faire appel à des appuis aériens (même imparfaitement car ils sont aussi en formation). Une autre équipe JTAC américaine viendra les renforcer.

Difficile de faire plus hétérogène donc mais là aussi on avait pris l’habitude de ces bricolages au mépris de tous les principes de cohésion, de pratique en commun, de confiance mutuelle, etc. Encore une fois peu importait puisque cela se passait toujours bien (ou presque) et que de toute façon l’ennemi était faible. Comble de la légèreté, ce dispositif était « piloté » de loin depuis Tora. Il est vrai que l’activité principale ce jour-là, celle qui polarisait les esprits (et les hélicoptères), était la visite du général McKiernan, le commandant de l’ISAF. Le commandant d’unité était pris par cette activité et son adjoint n’était, paraît-il, pas intéressé par la mission. A Uzbin, les chefs de section étaient censés se coordonner entre eux.

Cette colonne blindée d’une centaine d’hommes pouvait être encore imposante et résister à tout tant qu’elle restait groupée. La faille, et quatrième faiblesse, est intervenue lorsque, conformément aux ordres reçus, la section Carmin 2 s’est dissociée du reste du groupement pour entamer la montée du col à pied, pratiquement deux kilomètres de lacet à fort dénivelé et par 30 degrés de chaleur.

A 15h45, alors qu’elle arrivait sur le col après une marche difficile, la section  se retrouvait en partie coupée de ses appuis directs, les mitrailleuses 12,7 de ses trois VAB restés à Sper Kunday (avec le 4e en arrière), alors en limite de portée. Restaient les mortiers de Rouge 4 et surtout les éventuels aéronefs demandés par les Américains…aux Américains (les deux hélicoptères Caracal français étaient alors pris par une autre mission). Tout cela représentait une puissance de feu considérable, à condition de garder l’ennemi à distance de façon à ne pas être frappé soi-même. A 15h45 environ, le premier coup de feu claquait.

Les « combattants en haillons », pour reprendre l’expression postérieure d’un général français, avaient su mettre en place une embuscade très sophistiquée. Contrairement à ce qu’on imaginait, différentes factions locales s’étaient entendues pour réunir bien plus que la douzaine attendus et avec suffisamment de munitions stockées dans des caches pour combattre toute une journée. Cette force, parfaitement dissimulée dans le terrain, a bénéficié d’une surprise complète. Par la suite, à l’afghane, la première force a été rejointe par les bandes d’autres chefs de guerre qui voulaient leur part de gloire.

Carmin 2 a tout de suite été durement frappée, des snipers rebelles prenant en plus pour cibles son encadrement. Rapidement blessé au bras, l’adjudant Evrard est parvenu néanmoins à continuer à commander et à assurer la liaison avec ses équipages de VAB et tous les appuis. Après la surprise initiale, le sergent Cazzaro qui était presque arrivé au col parvenait à se replier avec la plupart de ses hommes. Toute la section se trouvait alors postée derrière les quelques rochers aux alentours de la piste. Les risques diminuaient d’un coup mais au prix de la fragmentation et de la quasi-immobilisation.

Dès lors que les rebelles étaient imbriqués autour de Carmin 2 les appuis disponibles étaient presque totalement inopérants. Les mitrailleurs des VAB, rapidement accrochés eux-aussi, ont fait ce qu’ils ont pu sur des ennemis qu’ils voyaient peu mais le groupe mortiers de Rouge 4 n’a pas pu tirer sans risquer de frapper autant les Français que les rebelles. Son chef a donc annoncé à la radio une « impossibilité technique de tir », ce qui sera à l’origine de la légende stupide de l’oubli des percuteurs et d’une brouille, tout aussi stupide, entre le RMT et le 8e RPIMa.

Le chef de Rouge 4 a fait alors embarquer sa petite section dans les VAB et tenté de venir au secours de Carmin 2 par Sper Kundaï. Il s’y est trouvé tout de suite pris à son tour sous le feu d’armes légères et de dizaines de roquettes RPG utilisés comme artillerie légère d’une autre force rebelle. Comme la section de l’ANA qu’elle rejoignait, il fut impossible à Rouge 4 de manœuvrer au-delà du village. Tout au plus, le groupe antichars réussit-il à tirer quatre missiles. Ces quatre missiles à charge creuse n’ont sans doute pas changé grand-chose. Ils ont même freiné beaucoup plus tard la progression de nuit de renforts, les fils des missiles qui traînaient faisant croire que la zone était piégée. Les chasseurs-bombardiers américains qui sont arrivés au bout d’une demi-heure de combat ont fait le même constat de l’impossibilité d’agir du fait de l’imbrication.

De fait seuls, auraient été efficaces des appuis directs et précis comme des canons de 20 mm ou des canons de 9o/105 mm de Sagaïe ou d’AMX-10RC en admettant qu’ils aient pu accéder à la zone. Une paire d’hélicoptère Tigre aurait peut-être été aussi très utile mais l’appareil, alors en service au 5e Régiment d’hélicoptères de combat depuis la fin 2007 poursuit sa phase normale et réglementaire d’expérimentation tactique puis une, essentielle probablement, mise au standard naval. Il n’y en avait donc pas en Afghanistan.

Pendant ce temps à l’état-major du RCC, c’était stupeur, sidération et même colonels en pleurs selon un témoignage de première main. On envoyait néanmoins tous les renforts possibles. Deux sections d’infanterie et une section d’appui, étaient parties immédiatement de Tora pour arriver vers 17h00 dans la zone et se faire prendre à partie à leur tour par des rebelles qui eux-mêmes s’étaient renforcés. Le terrain à la fois vallonné et très découvert rendait très difficile toute manœuvre, à moins d’accepter des pertes importantes. La compagnie parvenait néanmoins à Sper Kunday à relever les VAB de Carmin 2 qui arrivaient en limite de munition et à tendre la main vers les premiers hommes qui étaient parvenus à s’extraire de l’embuscade. Une autre compagnie en provenance de Kaboul a également été envoyée mais elle ne pouvait arriver qu’à la tombée de la nuit.

La section de l’adjudant Evrard se trouvait donc isolée sans espoir de secours rapide avec, cinquième faiblesse, l’impossibilité de résister très longtemps. Là encore, Carmin 2 payait en bout de chaîne des années d’errements, de bidouillages et de petites économies qui avaient affaiblies les sections d’infanterie et que le courage seul ne pouvait entièrement compenser.

Cette section à terre était équipée exactement de la même façon que celle que j’avais commandée quinze ans plus tôt, époque où nous étions très heureux des nouveautés (gilets pare-balles, casque, Minimi, fusil mac Millan) incorporés en urgence après déjà un certain nombre de tués en Bosnie. Depuis il n’y avait pas eu grand-chose de nouveau pour les fantassins, ou pour être juste des choses qui arrivaient mais très lentement. Pas de mort pas d’urgence, pas d’urgence pas d’argent pour ce que les Britanniques appellent la « poor boody infantry ».

Au lieu d’une section à terre théorique de 30 hommes (structure déjà réduite par économie), il n’y en avait que 23, une habitude prise depuis longtemps dans les missions extérieures afin d’économiser quelque postes. On avait alors atteint un minimum historique depuis l’invention de la section d’infanterie en France. Cette section réduite était en revanche organisée comme le prévoyait le règlement, ce qui cette fois ne me paraissait pas judicieux. Passons sur les groupes à sept hommes (un chef et deux trinômes), les plus réduits des armées développées et donc aussi les plus rapidement déstructurés en cas de pertes. On se rendra bien compte un jour de cette faiblesse.

Constatons en revanche que toutes les armes d’appui, mitrailleuses légères Minimi, lance-grenades individuels, fusil de précision, étaient réparties dans les groupes. Alors que les combattants étaient collés à l’ennemi, ces armes d’appui n’avaient plus beaucoup d’utilité. A quelques dizaines de mètres de l’ennemi, on ne tire pas au FRF2 ou au LGI et la Minimi n’apporte pas de plus-value par rapport au Famas. Je prône pour ma part, une organisation en 3 + 1 avec trois groupes légers et un groupe rassemblant les armes d’appui. Placé en arrière, ce groupe peut utiliser ses armes plus facilement et même combiner ses effets (précision, saturation légère et tir indirect). A Uzbin, le tireur de précision placé un peu en arrière, Kevin Chassaing, a fait des ravages (peut-être huit ennemis) avant d’être mortellement frappé à son tour. Son camarade plus en avant et plus mal placé a également abattu avec certitude au moins un combattant ennemi. Les tireurs de précision sont de loin nos soldats les plus redoutables, c’est sans doute la raison pour laquelle, il n’y en plus que deux par section au lieu de trois comme au temps de la section à 42 hommes.

D’une manière générale, la section d’infanterie française en opérations était devenue une petite unité porteuse d’armes légères en 5,56 mm et par ailleurs déjà vieilles de presque trente ans (en qu’en trente ans on ait toujours conservé les mêmes mauvais chargeurs reste pour moi un mystère). Rien là-dedans qui écrase, sature, tient en respect à distance. Pire, alors qu’au même moment, les sections françaises en Kapisa étaient surdotées en munitions, les hommes de Carmin 2 ne disposaient que de 200 cartouches, la dotation « habituelle ». C’est peu lorsqu’il faut tenir des centaines de minutes. Avec trente hommes à terre, un groupe d’appui et 300 voire 400 cartouches par soldat et sans autre innovation, la section pouvait peut-être tenir deux heures de plus et attendre l’arrivée des renforts sans avoir à tenter un périlleux décrochage.

Au lieu de cela, vers 18h, la situation était devenue très critique pour Carmin 2, qui commençait à manquer sérieusement de munitions, et même à Sper Kunday dont les rebelles s’approchaient dangereusement. La décision a alors été prise de faire tirer les avions A-10 et les hélicoptères OH-58 Kiowa puis les mortiers de 81 mm malgré l’imbrication, afin de couvrir autant que possible le décrochage individuel ou par petits groupes, des marsouins-parachutistes, effectué dans les plus mauvaises conditions (je ne me souviens plus pourquoi le décrochage ne s’est pas fait non plus dans un océan de fumigènes, peut-être parce qu’il n’y avait pas).

Le combat a encore duré longtemps. Il fallut attendre 20h et l’arrivée de renforts de Kaboul et des appuis américains, drone Predator, hélicoptères Kiowa, gunships AC-130 (frappant surtout le district voisin de Methar Lam base de l’attaque ennemie) mais aussi mortiers français de 120 mm pour commencer à faire basculer le rapport de forces. Les rebelles, lourdement frappés desserraient leur emprise et laissaient aux Français plus de liberté d’action. Les premiers blessés ont pu alors, enfin, être évacués et il faut souligner à cette occasion, le travail remarquable des pilotes d’hélicoptères Caracal une fois libérés de leur mission à Kaboul. Les rebelles ont décroché à partir de 21h30 mais des tirs intermittents ont continué pendant plusieurs heures. Le désordre était alors très grand dans les forces françaises qui s’étaient empilées dans la zone et la progression fut particulièrement prudente. Il fallut ainsi des heures pour sécuriser Sper Kunday et ses alentours avant que deux sections puissent remonter à nouveau la long de la piste jusqu’au col. Une équipe de Forces spéciales norvégiennes était également héliportée courageusement sur la crête. La zone a pu être fouillée jusqu’au matin du 19 août, les derniers soldats isolés récupérés et les corps évacués. C’est à ce moment-là qu’un accident de VAB a provoqué un décès et trois blessés supplémentaires.

Le 19 août, à l’aube, la nouvelle section du 8e RPIMa qui tenait le col était à son tour prise à partie par des tirs à distance des rebelles. Elle parvenait à guider sur eux un tir de mortiers lourds qui s’est avéré semble-t-il efficace. Les rebelles ont abandonné définitivement le combat vers midi, la crête a été définitivement conquise.

Dix de nos soldats sont morts, ainsi que l’interprète qui les accompagnait, et 21 autres ont été blessés. Les deux sections afghanes ont eu deux blessés au total. Plusieurs véhicules ont été très endommagés et nos adversaires ont capturé un certain nombre d’équipements avec lesquels ils ont pu parader devant des journalistes de Paris Match venus leur servir la soupe quelques jours plus tard. On ignore le nombre réel de rebelles qui ont été tués ou blessés en deux jours, les chiffres qui vont de 10, selon Hekmatyar lui-même, à 80. Un seul corps a été trouvé dans la zone des combats puis deux le lendemain sur la crête mais le drone Predator a permis de voir des dizaines de tués et blessés portés par les rebelles dans une vallée voisine. Par la suite, cela prendra du temps, mais la plupart des chefs de guerre et les bandes qui auront participé à l’embuscade seront frappés. Hekmatyar, lui, a été pardonné en 2016 et a fait la paix avec le gouvernement afghan.

La foudre était finalement tombée. Elle a servi de révélateur de faiblesses structurelles ou circonstancielles de notre armée. Elle a permis aussi de révéler le courage, la force et la compétence admirables de beaucoup de nos soldats. Retenons les deux.

 

Afghanistan : dix ans après, retour sur l’embuscade d’Uzbeen

Afghanistan : dix ans après, retour sur l’embuscade d’Uzbeen

Recueilli par J.-M.G. – La Dépêche – 18 août 2018

https://www.ladepeche.fr/article/2018/08/18/2853300-afghanistan-dix-ans-apres-retour-sur-l-embuscade-d-uzbeen.html

Hommage aux soldats tués à Uzbeen, dans la cour des Invalides à Paris, en 2008./ Photo, Marc Calvet

Le 18 août 2008 dix militaires dont huit soldats castrais meurent dans une embuscade en Afghanistan. Ce jour-là, la France redécouvre la guerre.

Une embuscade tendue dans la vallée d’Uzbeen, dans l’est afghan, coûte la vie à dix militaires français dont huit soldats du 8e RPIMa les 18 et 19 août 2008. Au cœur de l’été, les Français prennent conscience que leurs soldats sont engagés dans un conflit dur, dont l’impopularité ne va cesser de grandir.

Attendus par une centaine de talibans embusqués, une trentaine de soldats en mission de reconnaissance livrent un combat acharné pendant plusieurs heures. La nouvelle fait l’effet d’un électrochoc. «Afghanistan : la France dans la guerre», titre Le Monde le 21 août 2008.

«À ce moment-là, les autorités politiques et militaires réalisent que les Français ont oublié que leurs soldats faisaient la guerre, tuaient et pouvaient mourir», explique l’historienne Bénédicte Chéron. «Ce qui semble évident pour les militaires ne l’est vraiment pas à l’époque pour l’opinion publique, pour qui ces jeunes victimes sont des enfants, pas des combattants», souligne l’auteur de l’ouvrage Le Soldat méconnu. La place de l’armée dans notre société.

Le drame braque les projecteurs sur un conflit jusqu’alors peu médiatisé. En quelques mois, des dizaines de journalistes français affluent en Afghanistan. «À partir de septembre 2008, on assiste à un retour des images combattantes à la télévision», analyse Bénédicte Chéron.

Les familles portent plainte

Après Uzbeen, le gouvernement ordonne le déploiement de moyens militaires supplémentaires, dont des drones, des hélicoptères et des équipements individuels. La polémique perdure sur les carences de l’armée française, dont le commandement a «péché par excès de confiance», de l’aveu du patron des troupes françaises en Afghanistan, le général Michel Stollsteiner.

En 2009, les familles de sept victimes d’Uzbeen déposent plainte pour déterminer «d’éventuels manquements dans la chaîne de commandement». Le dossier sera classé sans suite.

L’embuscade attise parallèlement le débat sur la pertinence de l’engagement français en Afghanistan, où les résultats de la coalition internationale peinent à convaincre.

Au-delà de l’épisode d’Uzbeen, la violence des affrontements en Afghanistan pousse l’armée à s’adapter. Le colonel Renaud Senetaire explique : «En quelques années le service de santé des armées se transforme pour s’adapter à la dureté des engagements.» À partir de la fin des années 2000, les militaires prennent également mieux en compte les blessures psychiques. En 2009, le premier «sas» de décompression pour les soldats de retour de mission voit le jour à Chypre.

70 000 soldats déployés

Selon un sondage réalisé après l’embuscade, 55 % des Français étaient opposés à la présence de troupes françaises, contre 55 % d’opinions favorables en octobre 2001, au début du déploiement des forces internationales dans le pays. L’hostilité des Français à l’égard de l’engagement afghan ne cesse ensuite de croître : 64 % se disaient contre en août 2009, 76 % en août 2011. Entre 2001 et 2014, plus de 70 000 soldats français auront été déployés sur le théâtre afghan ; 89 d’entre eux y périront, 700 en reviendront blessés.

Aurore Buil : «Je suis toujours très en colère»

Aurore Buil, 37 ans, l’épouse de Damien Buil, soldat du 8e RPIMa de Castres mort lors de cette attaque, a accepté de confier où elle en était dix ans après. Elle est retournée depuis vivre dans sa région de Nouvelle-Aquitaine où elle travaille comme personnel civil de la Défense, au sein de l’armée de l’air.

Dix ans après, pouvez-vous décrire l’image que vous avez aujourd’hui de votre époux Damien Buil tombé à Uzbeen ?

Damien reste et restera mon époux et le père de mes enfants. Son souvenir reste très présent dans ma famille et avec mes amis. Il ne se passe pas un seul jour sans que nous parlions de leur père avec mes enfants. Je garde une très belle image de mon mari qui était un homme bon, honnête et toujours à l’écoute des autres.

Vous souvenez-vous dans quelles circonstances vous avez appris le drame d’Uzbeen et le décès de votre époux ?

C’était le 19 août 2008, sur mon lieu de travail, à la maison de retraite de Puylaurens où j’étais aide-soignante. C’était le commandant en second du 8e RPIMa, accompagné d’une amie proche et de deux autres militaires qui m’ont appris le décès de Damien. Il m’a juste informée que 10 militaires étaient tombés au cours d’une embuscade la veille. Je n’ai pas réalisé cette terrible nouvelle dans l’immédiat et il a fallu qu’un ami, lui-même en Afghanistan, me dise avoir vu son corps. J’étais alors enceinte de mon petit garçon.

Dix ans après, avez-vous toutes les réponses que vous attendiez sur ce qui s’est passé vraiment dans cette embuscade, l’échelle des décisions et des responsabilités ?

De nombreuses questions restent sans réponse et malheureusement les responsables de cette mission n’ont pas assez de cran pour parler et avouer les manquements et fautes qui ont entraîné cet assassinat. Un général m’a avoué un jour : «Nous avons péché par excès de confiance». Tout est dit ! Nos soldats sont partis au combat sous-équipés. Mon mari avait même dû s’acheter lui-même de l’équipement supplémentaire.

Après avoir vécu ce drame il y a dix ans, avez-vous le sentiment d’avoir tourné la page ?

Je suis toujours très en colère contre les responsables de cette mission mal préparée qui ouvrait tant de portes aux talibans. Ces responsables ont détruit ma vie de famille, ils ont pris la vie du père de mes enfants. Je ne tournerai jamais la page.

Guyane : Un accident fait un tué et 13 blessés parmi les légionnaires du 3e REI

Guyane : Un accident fait un tué et 13 blessés parmi les légionnaires du 3e REI

par Laurent Lagneau – Zone militaire – Publié le 12-08-2018

http://www.opex360.com/2018/08/12/guyane-accident-tue-13-blesses-parmi-legionnaires-3e-rei/

 

Photo : GBC 180 (archive)

 

Le 10 août, vers 13h50 (heure locale), un camion de type GBC 180 du 3e Régiment Étranger d’Infanterie [REI] a fait une sortie de route avant de tomber dans un petit ravin, à la hauteur de la commune de Régina, dans l’est de la Guyane.

Le camion transportait 14 légionnaires, partis de Kourou pour un exercice de tir. Malheureusement, l’un d’entre-eux, le caporal-chef Ibrahima Camara, y a laissé la vie. Cinq de ses camarades ont été gravement blessés. Les huit autres ont reçu des blessures plus légères.

En liaison avec la préfecture, les Forces armées en Guyane ont rapidement envoyé un hélicoptère Puma sur le lieu de l’accident. L’appareil a pu ainsi évacuer les blessés. Le 11 août au matin, le pronostic vital de l’un d’entre eux était encore engagé.

Je salue la mémoire du caporal-chef Camara et adresse toutes mes pensées à sa famille, ses proches et ses frères d’armes, notamment du 3e REI. Je souhaite également un prompt rétablissement aux blessés de cet accident de la route en Guyane.

— Florence Parly (@florence_parly) 11 août 2018

Comme il se doit, une enquête a été ouverte et confiée la brigade de gendarmerie de Regina pour déterminer les causes de ce dramatique accident.

Originaire de Conakry [Guinée], le caporal-chef Ibrahima Camara était au service de la France depuis 9 ans. Il était marié et père de quatre enfants.

Par ailleurs, au lendemain de cet accident qui a coûté la vie au caporal-chef Camara, une voiture transportant quatre militaires du 31e Régiment du Génie, alors en sortie privée, est allée s’encastrer dans un panneau de signalisation aux abords d’un rond-point, à Bruniquel [Tarn-et-Garonne] avant de prendre feu. L’intervention de témoins a permis d’extraire trois sapeurs du véhicule. Malheureusement, le conducteur, âgé de 27 ans, est mort des suites de l’incendie.

 

 

D’anciens combattants payent l’enterrement d’un soldat devenu SDF

D’anciens combattants payent l’enterrement d’un soldat devenu SDF

Par Valeurs actuelles – Publié le Jeudi 2 août 2018

https://www.valeursactuelles.com/faits-divers/danciens-combattants-payent-lenterrement-dun-soldat-devenu-sdf-97875

Anciens combattants. Image d’illustration. Photo © GILE MICHEL/SIPA

Fraternité. Daniel Crépet, un ancien militaire décoré de la Croix de guerre, devenu sans domicile fixe, est décédé à Poissy (Yvelines), le 14 juillet dernier.
Daniel Crépet a finalement été enterré avec les honneurs. Le 14 juillet dernier, cet ancien brigadier-chef qui a participé à la guerre du Golfe a trouvé la mort dans le centre-ville de Poissy, dans les Yvelines, à 47 ans. Faute d’argent et de famille, sa dépouille devait partir à la fosse commune. C’était sans compter sur le soutien de plusieurs groupes d’anciens combattants qui ont lancé une campagne d’appels aux dons pour lui offrir une sépulture décente.

« Une grande famille »

7 400 euros ont ainsi été récoltés rapporte Le Parisien. Daniel Crépet a été enterré mardi 31 juillet dans l’un des cimetières de la ville de Poissy. Cercueil, funérailles, pierre tombale, gravage… la totalité de son enterrement a été réglée via les dons des anciens combattants.

« Les militaires forment une grande famille, on est tous frères », a expliqué au Parisien Pascal Donnez, le président des combattants de la guerre du Golfe, qui a géré les recherches pour identifier le parcours militaire de Daniel Crépet.

Celui-ci se serait engagé en 1988 au sein du 501e régiment de chars de combat à Rambouillet et a fait partie des 12 000 hommes de l’opération Daguet engagée dans la coalition internationale lors de la première guerre du Golfe, en 1990-1991. Il a obtenu à cette occasion de nombreuses distinctions, dont la Croix de guerre. Après son départ de l’armée en 1992, il n’a plus donné de signe de vie.

Un hommage a été rendu mardi à Daniel Crépet un ancien militaire de l’opération Daguet, décédé le 14 juillet dernier à Poissy Le Parisien

La Gendarmerie de nouveau endeuillée après la mort d’un motocycliste dans la Drôme

La Gendarmerie de nouveau endeuillée après la mort d’un motocycliste dans la Drôme

L’Essor – Publié le 3 août 2018

https://lessor.org/la-gendarmerie-de-nouveau-endeuillee-apres-la-mort-dun-motocycliste-dans-la-drome/

Nouveau drame dans la Gendarmerie déjà endeuillée dimanche dernier dans le Calvados. Alors que les honneurs militaires étaient rendus à l’adjudant Cédric Gouadon dans le Calvados, un motocycliste du peloton motorisé de Malataverne (Drôme) a en effet trouvé la mort dans un accident est survenu ce vendredi matin sur l’autoroute A7, à hauteur de Saulce-sur-Rhône, dans le sens sud-nord.

Lors d’une collision avec deux voitures, le motocycliste a été grièvement blessé et pris en charge par les secours. Il n’a hélas pas survécu à ses blessures.

#Drôme (26) Vive émotion suite au nouveau décès en service d’un camarade motocycliste du peloton motorisé de #Malataverne #Soutien à ses proches

— GendarmerieNationale (@Gendarmerie) 3 août 2018

Romain Besozzi  avait 33 ans.

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, fait part de sa vive émotion après le décès, dans l’exercice de ses fonctions du sous-officier de gendarmerie. Le ministre d’État adresse ses condoléances attristées et son soutien sincère à sa famille, ses camarades ainsi qu’à ses proches, dans ce moment douloureux. Gérard Collomb salue “le remarquable dévouement des militaires de la gendarmerie pour le service de la Nation et la protection de leurs concitoyens”.

 

 

In Memoriam Premier-maître Arnaud Peyrony-Rapatout

In Memoriam Premier-maître Arnaud Peyrony-Rapatout

Mise à jour  : 26/07/2018 – Direction : Sirpa Marine

https://www.defense.gouv.fr/marine/a-la-une/in-memoriam-premier-maitre-arnaud-peyrony-rapatout

Le Premier-maître Arnaud Peyrony-Rapatout, du commando de Penfentenyo, est décédé ce samedi 21 juillet dans un accident de circulation, alors qu’il était en mission en République de Djibouti.

A 20 ans, il entre dans la Marine comme matelot à l’école de maistrance, avant de choisir la spécialité de fusilier marin en 2002. Après une première affectation au Groupement de fusiliers marins de Toulon en 2002, il passe et réussit le stage commando en 2003. Sa première partie de carrière se déroule essentiellement au commando de Penfentenyo, au sein duquel il se spécialise dans le renseignement et avec lequel il est notamment déployé en Côte d’Ivoire et en Afghanistan. De 2012 à 2014 il intègre le commando Kieffer. Après avoir obtenu le certificat de chef de groupe commando, il retrouve le commando de Penfentenyo en 2015, et participe à des opérations en Guyane française et au Levant.

Le Premier-maître Arnaud Peyrony-Rapatout était titulaire de la Médaille Militaire, de la Croix de la Valeur Militaire avec trois citations, de deux citations avec attribution de la médaille d’or de la Défense nationale avec étoile de bronze, d’une citation avec attribution de la médaille d’or de la défense nationale avec étoile d’argent, de la Médaille d’Outre-mer avec plusieurs agrafes (République de Côte d’Ivoire, Sahel et Moyen-Orient), de la médaille de la Défense nationale échelon or, et de la médaille de la protection du territoire avec agrafe Trident. Le premier-maître Arnaud Peyrony-Rapatout est promu au grade de maître-principal à titre posthume.

Il était père d’un enfant.

Deux cérémonies militaires seront organisées pour lui rendre un dernier hommage, en République de Djibouti et en métropole, en présence de sa famille et de ses frères d’armes.

Sources : Marine nationale
Droits : Ministère de la Défense

 

 

In memoriam : Lieutenant-colonel (h) Jean-François Giran

In memoriam : Lieutenant-colonel (h) Jean-François Giran

Jean-François Giran, notre ami nous a quitté le mardi 10 juillet, il était hospitalisé à Nîmes (CHU de Caremau).

Né le 30 mai 1941, il avait 77 ans.

Il fut Président de l’ADORAC du Gard de 1991 à 1994.

Depuis 2016, il était membre de notre Conseil d’administration.

Il était Officier de l’Ordre National du Mérite et titulaire de la Médaille des Services Militaires Volontaires (échelon Or)

Les obsèques religieuses auront eu lieu le lundi 16 juillet à 10 heures en l’église de Lansargues (proximité de Lunel), puis cimetière de Lansargues.

Le porte-drapeau de l’ADORAC du Gard sera le lieutenant (h) Daniel Béart.

Nous espérons que nous serons très nombreux pour honorer la mémoire de Jean-François et présenter nos condoléances à ses proches.

Une plaque funéraire sera déposée par notre Président, le Lieutenant-colonel (h) Jean-Marc Noegelen.

Nous ne t’oublierons pas…

 

 

 

Décès en Côte d’Ivoire d’un pilote de Gazelle du 3e RHC

Décès en Côte d’Ivoire d’un pilote de Gazelle du 3e RHC

Philippe Chapleau – Lignes de défense – 11 juillet 2018

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/

Mardi, à 16h45 heure locale, un hélicoptère Gazelle des forces françaises en Côte d’Ivoire s’est écrasé à une vingtaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, dans le secteur de Grand Bassam. L’accident a eu lieu lors d’une mission d’entraînement entre les forces armées françaises et ivoiriennes. Le chef de bord et le pilote, gravement blessés, ont été rapidement pris en charge et évacués par voie routière vers la structure médicale de la base militaire française à Port-Bouët. Le pilote y est décédé des suites de ses blessures. Le chef de bord a été évacué par Falcon vers la métropole. Les circonstances de l’accident restent à déterminer.

Voici la biographie du pilote décédé:

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Né le 21 février 1993 à Saint-Etienne, le lieutenant ARNAUD s’engage le 16 avril 2012 comme officier sous-contrat pilote. Il est nommé aspirant le 1er mai 2012. Après avoir suivi son cursus de formation initiale aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, il effectue sa formation de pilote à l’école de l’aviation légère de l’armée de Terre de Dax pendant un an. Il se spécialise ensuite sur hélicoptère d’attaque à l’école d’application de l’aviation légère de l’armée de Terre du Luc en Provence.
Breveté pilote le 14 février 2014, il est affecté au 3e régiment d’hélicoptères de combat à Etain au sein de la 2e escadrille d’hélicoptères de reconnaissance et d’attaque comme pilote sur hélicoptère Gazelle. Sa droiture et ses qualités militaires y sont unanimement reconnues. Il obtient l’ensemble des qualifications exigées avec d’excellents résultats et démontre de réelles qualités de pilote de combat.
Promu sous-lieutenant le 1er mai 2016, puis lieutenant le 1er mai 2017, le lieutenant ARNAUD se distingue dans toutes les missions qui lui sont confiées par ses grandes qualités humaines et une très grande rigueur. Volontaire et passionné par le métier des armes, il prend part en 2018 à une première mission de courte durée à Djibouti où il acquiert une expérience de pilote en milieu désertique. Le lieutenant Alexandre ARNAUD est engagé à la mi-juin 2018 en république de Côte d’Ivoire comme pilote sur hélicoptère de reconnaissance et d’attaque.
Le 10 juillet 2018, vers 17 heures (heure locale), l’hélicoptère Gazelle du lieutenant Alexandre ARNAUD s’est écrasé à 20 km à l’est d’Abidjan. Il participait à un entraînement au profit des forces ivoiriennes. Les forces françaises sur place sont immédiatement intervenues pour porter assistance à l’équipage. Les deux blessés ont été évacués vers la structure médicale des forces françaises en Côte d’Ivoire. Le lieutenant ARNAUD est décédé des suites de ses blessures en fin de soirée.
Décoré en 2015 de la médaille de bronze de la défense nationale, le lieutenant Alexandre ARNAUD était apprécié unanimement de ses pairs comme de ses subordonnés. Il était un jeune officier pilote de combat de grande qualité. Agé de 25 ans, célibataire sans enfant, le lieutenant Alexandre ARNAUD est mort en service aérien commandé durant une mission d’entraînement en république de Côte d’Ivoire.

La 124e promotion de l’EOGN baptisée “Colonel Beltrame” (vidéo)

La 124e promotion de l’EOGN baptisée “Colonel Beltrame” (vidéo)

La 124e promotion de l’Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale a été baptisée jeudi en fin d’après-midi à Melun “Colonel Beltrame”, mort sous les coups d’un terroriste le 24 mars après avoir pris la place d’une otage dans un supermarché à Trèbes (Aude).

Mais avant cela, le  premier temps fort de cette après-midi du 28 juin a été l’inauguration de l’esplanade située devant le Musée de la Gendarmerie à Melun, baptisée en hommage au colonel Arnaud Beltrame, par le ministre de l’Intérieur et le maire de la ville.

À cette occasion, Gérard Collomb a salué cette initiative qui permettra à chacun de se souvenir de “cet homme qui mettait la France, les valeurs républicaines au-dessus du tout, au point de consentir, pour elles, au sacrifice suprême”.

Les 138 élèves-officiers (102 hommes et 36 femmes) de cette promotion entameront dans un an, qui dans un escadron de mobiles, qui dans une compagnie départementale, leur carrière active dans l’Arme. Tout comme leurs 145 camarades de la 123e promotion “Général Artous” qui ont quittent l’école de Melun dès ce week-end pour rejoindre leurs premières affectations.

Le drapeau de l’école confié à sa nouvelle garde

Comme chaque année, la cérémonie sur la place d’armes devant l’imposant bâtiment central de l’EOGN était marquée par une rigueur toute militaire et par l’émotion des jeunes officiers et de leur famille. Mais cette année l’émotion était encore plus vive qu’à l’accoutumée. En raison de la présence de Nicolle Beltrame et de Marielle Beltrame, la mère et l’épouse de l’officier qualifié de “héros français” par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

D’ailleurs, les dons récoltés par l’association Etoiles Bleues ont été remis à la famille Beltrame par le président de l’association Gilles Bidaut.

Arnaud Beltrame vous oblige à porter haut les valeurs de générosité, de persévérance et d’abnégation qu’il a fait siennes jusqu’à son dernier souffle”, a dit le ministre en s’adressant aux élèves-officiers de la 124e promotion.

Gérard Collomb a ajouté : “Ce que la France attend de vous, ce n’est pas de vous hisser comme il l’a fait, au rang de héros mais d’être à la hauteur de l’engagement total dont il a fait preuve pour notre République”.

Le ministre leur a fixé deux missions prioritaires : “lutter contre la menace terroriste qui a emporté le colonel Arnaud Beltrame et combattre tous les délits et les incivilités, qui rendent la vie difficile à certains de nos compatriotes”.

Auparavant, les 138 membres de la 124e promotion avaient chanté leur chant de promotion, composé par un des élèves-officiers.

Son refrain est le suivant : “Colonel Beltrame, soyez la flamme éternellement brûlante de nos âmes; guidez nos pas, vaillant officier, faites de nous ce soir vos humbles héritiers”.