Ukraine. Le grand défi des soldats démobilisés

Ukraine. Le grand défi des soldats démobilisés

 

8875831 09.03.2025 A Russian serviceman poses for a photo on the American M1 Abrams main battle tank captured amid Russia’s military operation in Ukraine, in Kursk region, Russia. Stanislav Krasilnikov / Sputnik//SPUTNIK_8875831_67cef1d87b0cc/Credit:Stanislav Krasilnikov/SPU/SIPA/2503101536

par John P. Ruehl* –  Revue Conflits – publié le 8 avril 2025

https://www.revueconflits.com/ukraine-le-grand-defi-des-soldats-demobilises/


Que faire des vétérans de la guerre d’Ukraine ? Du côté russe comme du côté ukrainien, la démobilisation pose la question cruciale du retour à la vie civile de personnes qui sont traumatisées par la guerre.

Deux ans après avoir été condamné à une peine de prison pour un meurtre commis en 2020, Ivan Rossomakhin a été recruté par une société militaire privée (SMP) russe en échange de sa liberté. Il est rentré chez lui depuis l’Ukraine en 2023 et, quelques jours plus tard, a tué une femme de 85 ans dans une ville voisine. Une semaine après le début de sa nouvelle peine en août 2024, il a été redéployé et renvoyé au front.

Son crime est l’un des nombreux commis par des condamnés graciés pour servir dans l’armée et par des soldats russes de retour au pays. « Une étude des archives judiciaires russes menée par le média indépendant Verstka a révélé qu’au moins 190 affaires pénales ont été ouvertes contre des recrues de Wagner graciées en 2023 », a déclaré un article du New York Times en avril 2024.

Le problème de la réintégration

Beaucoup sont devenus toxicomanes et alcooliques, et se sont tournés vers le crime organisé, phénomène amplifié par l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. En outre, les vétérans tchétchènes de la guerre d’Afghanistan ont utilisé leur expérience du combat pour résister farouchement à la Russie lors de la première guerre de Tchétchénie (1994-1996).

La guerre en Ukraine produit une génération de vétérans encore plus nombreuse et aguerrie. Les pertes russes ont dépassé les 15 000 pendant près de cinq mois de guerre, dépassant ainsi une décennie de pertes soviétiques en Afghanistan.

Un article du New York Times de janvier 2025 estime qu’environ 100 000 soldats ukrainiens ont été tués jusqu’en décembre 2024, tandis que 150 000 soldats russes ont perdu la vie jusqu’en novembre de la même année.

Pendant ce temps, des centaines de milliers de personnes ont été blessées et des millions ont été envoyées sur les lignes de front. La plupart des survivants souffriront d’une forme ou d’une autre de SSPT, encore aggravée par la glorification des images de combats brutaux et de torture sur les réseaux sociaux.

Les soldats ukrainiens « ont présenté des symptômes intenses de stress psychologique », selon un article du Washington Post en 2023. Parallèlement, en 2024, Deutsche Welle a rapporté que « selon le ministère russe de la Santé, 11 000 militaires russes ayant participé à la guerre contre l’Ukraine, ainsi que les membres de leur famille, ont demandé une aide psychologique au cours d’une période de six mois en 2023 ».

La réinsertion de ces hommes dans la société sera une bataille difficile pour les gouvernements russe et ukrainien, en raison de la méfiance persistante suscitée par les échecs passés. En décembre 2022, la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Valentina Matviyenko, s’est engagée à empêcher une répétition du syndrome afghan et à réintégrer les anciens combattants dans la vie civile.

Cependant, alors que la guerre se poursuit, ses conséquences se font déjà sentir. Moscou et Kiev gèrent les rotations de troupes en cours tout en se préparant au retour massif des soldats et en explorant les moyens de les utiliser à des fins politiques et militaires.

Crime et troubles

Pour les vétérans soviétiques d’Afghanistan, la rhétorique dédaigneuse à l’égard de la guerre et le soutien limité à leur retour ont suscité un profond ressentiment.

Avant d’accéder au pouvoir en 1985, le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a qualifié la guerre d’erreur, et il a fallu jusqu’en 1994 pour que les vétérans russes de la guerre d’Afghanistan reçoivent le même statut que les vétérans de la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est qu’en 2010 que la Russie a désigné la fin du conflit comme jour férié.

Le Kremlin a adopté une approche différente avec les vétérans de la guerre en Ukraine, les vénérant comme la « nouvelle élite » de la nation dans une lutte à mort contre l’Occident. Outre les éloges des médias, les soldats ont été rapidement nommés à des postes importants au sein du gouvernement et des entreprises. Malgré des services sociaux sous tension, le gouvernement a fourni des prestations aux familles des militaires rentrés et décédés afin de prévenir les troubles.

La décision du Kremlin de recourir au travail pénitentiaire pour augmenter les effectifs militaires, une approche qu’il avait évitée pendant la guerre en Afghanistan, a déjà eu de graves conséquences. En 2023, plus de 100 000 prisonniers avaient été recrutés, dont beaucoup avaient rejoint Wagner, la société militaire privée la plus tristement célèbre de Russie.

Bien que Wagner ait été absorbée et réorganisée après sa rébellion armée contre l’armée russe plus tard dans l’année, ses soldats ex-détenus restent une source d’indignation publique, commettant certaines des plus graves infractions violentes à leur retour et contribuant à une augmentation générale de la criminalité.

« De nombreuses fusillades ont eu lieu à Moscou, et l’armée est de plus en plus liée au crime organisé », a déclaré un rapport de 2024 dans l’Eurasia Daily Monitor.

Alors que la question attire de plus en plus l’attention du public, les services de sécurité intérieure russes, y compris la Garde nationale (Rosgvardiya), sont déjà à bout de souffle, chargés de patrouiller dans les territoires ukrainiens occupés tout en renforçant les unités de première ligne.

Leur fardeau pourrait s’alourdir si les soldats tchétchènes de retour, que Moscou a largement déployés en Ukraine, choisissent de revenir à leurs ambitions indépendantistes. D’autres mouvements nationalistes et extrémistes, aidés par des soldats endurcis, risquent de refaire surface.

Le recours de la Russie aux réseaux criminels pour son soutien logistique et financier dans sa guerre n’a fait qu’encourager ces groupes. Une fusillade en 2024 à quelques pâtés de maisons du Kremlin, liée à la « violence des entreprises », a évoqué le chaos des années 1990.

« L’économie russe, mise à rude épreuve par les sanctions et la guerre en cours, crée une atmosphère dans laquelle les élites économiques sont de plus en plus disposées à recourir à des mesures drastiques pour survivre. Dans les années 1990, les oligarques, les gangs criminels et les fonctionnaires corrompus prospéraient dans un environnement où le système juridique était impuissant », a déclaré le Moscow Times.

Avec peu de perspectives d’emploi bien rémunéré, les soldats de retour au pays pourraient être tentés de rejoindre des groupes existants ou d’en créer de nouveaux, déstabilisant ainsi les réseaux criminels russes qui sont profondément intégrés à la structure du pouvoir de Poutine.

L’Ukraine est confrontée à des défis similaires. Bien que Kiev ait été plus lente et plus prudente dans le déploiement des bataillons de prisonniers, leur réintégration dans la société ne sera pas facile. Les autorités du pays s’efforcent d’empêcher les puissantes organisations criminelles nationales d’absorber les soldats de retour au pays tout en luttant contre la menace de la résistance armée dans les régions pro-russes.

Le gouvernement ukrainien a veillé à honorer ses soldats, mais a été témoin d’une recrudescence des attaques contre les bureaux de recrutement, dont quatre en cinq jours en février 2025. Bien que les efforts de recrutement de la Russie aient également rencontré une certaine résistance, la Russie a évité la conscription à grande échelle (malgré une certaine coercition).

En revanche, l’Ukraine a largement misé sur l’enrôlement obligatoire, ce qui a suscité un antagonisme croissant à l’égard des mesures de recrutement, des tensions qui continueront à s’accroître et pourraient s’étendre après la guerre.

Les sociétés militaires privées

La guerre donne déjà un coup de fouet massif à une industrie militaire privée mondiale en plein essor, qui devrait se développer après la fin du conflit.

Les recrues des sociétés militaires privées participent depuis longtemps à un marché multinational. Certains vétérans russes d’Afghanistan affirment avoir été engagés pour servir avec les forces américaines en Afghanistan après 2001.

Cependant, le nombre même de vétérans russes et ukrainiens ayant une expérience du combat pourrait révolutionner le secteur, à l’instar de l’effondrement de l’Union soviétique et du surplus de personnel militaire qui en a résulté.

Avant 2015, les SMP russes étaient limitées à l’Ukraine, au Sénégal et à la République démocratique du Congo, mais elles se sont depuis étendues à une trentaine de pays. Contrairement au conflit ukrainien, qui est de grande ampleur et axé sur la technologie, les SMP de plus petite taille peuvent opérer efficacement dans d’autres régions, et leur déploiement a déjà contribué au retrait de l’armée française d’Afrique ces dernières années.

Le secteur militaire privé ukrainien connaît une croissance similaire et pourrait, à l’avenir, trouver grâce auprès des pays européens qui ont soutenu Kiev pendant la guerre. Compte tenu des difficultés persistantes de l’Europe à répondre aux besoins de recrutement militaire, il est probable que les vétérans ukrainiens soient utilisés pour résoudre ce problème.

En Ukraine et en Russie, les hommes démobilisés ont souvent été employés par des oligarques à leurs propres fins, une tendance qui est apparue dans les années 1990. Cette question a refait surface en 2015 lorsque le milliardaire ukrainien Igor Kolomoisky a utilisé des PMC pour combattre les séparatistes soutenus par la Russie, ainsi que pour protéger ses propres intérêts financiers, ce qui a abouti à une confrontation armée dans une compagnie pétrolière d’État.

L’incident a montré comment le pouvoir militaire privatisé peut facilement échapper au contrôle du gouvernement, ce que la Russie a connu plus tard avec la rébellion de Wagner en 2023.

Réintégration

Après l’instabilité causée par les vétérans soviétiques d’Afghanistan tout au long des années 1990, les autorités russes ont commencé à prendre des mesures plus concrètes pour les intégrer, réhabiliter leur image et exploiter leur potentiel.

En 1999, l’Alliance russe des vétérans d’Afghanistan a contribué à la création de ce qui allait devenir le parti Russie unie, soutenu par Poutine (bien qu’il soit désormais indépendant). Les vétérans de la guerre d’Afghanistan et de la guerre de Tchétchénie ont également rejoint l’OMON, la force de police spéciale russe utilisée pour réprimer les manifestations, tandis que d’autres groupes de vétérans paramilitaires ont contribué à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, lorsque la force militaire était limitée.

Plus récemment, les organisations de vétérans afghans ont joué un rôle essentiel dans le soutien à la guerre du Kremlin en Ukraine en fournissant des volontaires (l’Ukraine mettant en commun ses vétérans afghans) et en mobilisant des soutiens.

L’évolution du mouvement, qui est passé de vétérans anti-guerre désabusés à l’un des plus fervents partisans de la guerre en Ukraine, montre l’efficacité de sa remise à neuf et la reconnaissance de leur valeur par le Kremlin.

Il n’est donc pas surprenant que le Kremlin ait activement empêché la formation d’organisations indépendantes de vétérans de la guerre actuelle en Ukraine. Cette action de centralisation des vétérans dans des initiatives formelles garantit qu’aucun groupe ne puisse défier l’autorité gouvernementale, et qu’ils puissent être organisés et utilisés lors de futurs conflits.

L’attitude des militaires de retour des deux côtés sera également influencée par l’issue de la guerre. Les conflits considérés comme futiles et de moins en moins approuvés par l’opinion publique, tels que les conflits américains en Irak et en Afghanistan ou la guerre soviétique en Afghanistan, laissent des séquelles psychologiques durables chez les vétérans, augmentant le risque de suicide et de troubles sociaux.

Au-delà du nombre impressionnant de victimes civiles et combattantes, ces guerres ont engendré du ressentiment chez les soldats de retour au pays, dont beaucoup ont eu le sentiment que leur service faisait partie de guerres d’agression ratées.

Il est donc essentiel que les dirigeants politiques, les médias et la société définissent la victoire. Les soldats qui croient avoir combattu dans une guerre juste et victorieuse sont plus susceptibles de se réinsérer avec un sentiment d’utilité, par rapport à un camp perdant qui se sent abandonné et aigri.

Les vaincus nourriront probablement une plus grande animosité envers leur gouvernement, auront des griefs concernant un soutien inadéquat et seront confrontés à un risque accru d’instabilité sociale, ce qui incitera les deux parties à revendiquer la victoire.

Il peut être dans l’intérêt de Moscou et de Kiev d’éviter de déclarer la fin de la guerre et de poursuivre la démobilisation, de peur d’être perçus comme ayant admis leur défaite et d’entraîner le retour de soldats agités et sans emploi. Les économies russe et ukrainienne étant désormais fortement orientées vers la guerre, une fin rapide provoquerait des chocs économiques.

Cependant, une guerre non concluante qui s’essouffle progressivement pourrait permettre aux vétérans de se réinsérer lentement dans la société, les gouvernements louant leur service pour générer de la bonne volonté. D’autres seront encouragés par Moscou et Kiev à chercher des débouchés dans d’autres conflits, exportant des hommes prêts au combat plutôt que de les ramener chez eux.


*John P. Ruehl est un journaliste australo-américain vivant à Washington, D.C., et correspondant aux affaires mondiales pour l’Independent Media Institute. Il contribue à plusieurs publications sur les affaires étrangères et son livre, « Budget Superpower: How Russia Challenges the West With an Economy Smaller Than Texas », a été publié en décembre 2022.

Cet article a été produit par Economy for All, un projet de l’Independent Media Institute, et est republié avec autorisation.

«Immaturité» des engagés, sanctions trop faibles : un rapport pointe les causes des désertions en hausse dans l’Armée de terre

«Immaturité» des engagés, sanctions trop faibles : un rapport pointe les causes des désertions en hausse dans l’Armée de terre

Publié le 19 mars dernier, ce rapport parlementaire énumère les multiples raisons de cette augmentation et dresse des pistes pour endiguer le phénomène.

Les chiffres sont là, implacables. Il ne reste qu’à les comprendre. Les désertions au sein des personnels militaires de l’armée de terre sont en forte hausse depuis 2022, d’après un rapport parlementaire publié le 19 mars dernier par l’Assemblée nationale, rédigé par les députés Loïc Kervran (Horizons) et Caroline Colombier (RN), et intitulé «recrutement et fidélisation : gagner la bataille des ressources humaines du ministère des Armées» .

D’après les chiffres transmis par l’État-major des armées, il y a eu 1485 désertions en 2022, soit une hausse de 56% par rapport à l’année précédente. Ils étaient 1253 en 2023, soit un chiffre en légère baisse qui correspond toutefois à une augmentation de 31% par rapport à 2021. Avant 2022, les chiffres étaient globalement stables, avoisinant les 900 départs par an, avec une baisse notable en 2020, du fait de la crise du Covid.

Des raisons multiples

Selon l’article L321-2 du Code de justice militaire, un militaire est déclaré déserteur s’il «s’évade, s’absente sans autorisation, refuse de rejoindre sa formation de rattachement ou ne s’y présente pas», sur le sol français ou à l’étranger, ou s’il ne se présente pas au départ d’une mission se déroulant à l’extérieur du territoire national. La désertion est constatée 7 jours après l’absence, et punie de 5 à 10 ans d’emprisonnement, en vertu de l’article 698 du Code de procédure pénale. Le statut de déserteur concerne seulement les personnels militaires du ministère des Armées.

Le rapport pointe trois facteurs principaux : le premier fut la guerre en Ukraine, qui a eu pour conséquence le départ de 85 légionnaires d’origine ukrainienne pour leur pays. Traditionnellement, et officieusement, ces départs sont tolérés par l’encadrement lorsque les légionnaires ressortissants d’un pays en guerre repartent chez eux pour se battre. Ça s’était produit dans les Balkans, et presque à chaque conflit. Même si elles sont comptabilisées comme telles, ce ne sont pas des désertions comme les autres.

Les deux autres facteurs principaux sont la sortie de la crise du Covid, avec un «effet de rattrapage des départs», et la «période de plein-emploi» qui a entraîné une hausse des départs alimentée par les réformes et les radiations disciplinaires.

Le texte relève d’autres facteurs de désertion, comme les «incertitudes et versatilités professionnelles  des jeunes actifs» et, plus largement, «un problème d’adaptation à la vie militaire et d’acceptation des singularités et contraintes de cet engagement». Il y aurait une part «d’immaturité toujours difficile à modéliser», liée à la difficulté pour certains engagés de respecter leur contrat jusqu’au bout.

À cela s’ajoute une justice trop peu répressive. «Les peines prononcées sont des peines assorties d’un sursis simple allant de 15 jours à 6 mois, voire par un classement sans suite» affirme le texte. Les sanctions ne seraient donc pas assez dissuasives pour endiguer les défections. «La section AC3 du Parquet de Paris – affaires militaires et atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation – classe systématiquement sans suite», déplore-t-il.

Lutter contre la désertion, fidéliser les personnels

Les armées ont récemment développé des mesures pour lutter contre le phénomène, notamment «la création d’alternatives au recours à la désertion ou à l’absentéisme sous couvert médical», une individualisation du parcours à travers la prise en compte des ambitions personnelles, ainsi que la valorisation des parcours des militaires du rang. 

Dans une perspective plus large, le texte rappelle que l’objectif est d’améliorer le bien-être des personnels, militaires et civils. Le programme «Fidélisation 360», annoncé en mars 2024 par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, a pour objectif, comme l’indique son nom, de «fidéliser les effectifs, militaires et civils», à travers cinq mesures principales. Entre autres, l’aide à la mobilité familiale et la mutation, l’accès à des prêts immobiliers à des taux avantageux, ou encore l’intégration de primes dans le calcul des droits à pension à partir de 2026. En conclusion, le rapport énumère douze recommandations pour accroître la fidélisation. Il conseille par exemple de doter chaque département d’un CIRFA commun aux trois armées (centres de recrutement, ndlr), de veiller à l’exécution des mesures de revalorisation des rémunérations, ou encore de permettre aux régiments de recruter directement les candidats qui souhaitent les rejoindre.

Ces mesures sont à comprendre en lien avec les aspirations affichées par la Loi de programmation militaire 2024-2030, qui souhaite porter le budget consacré à la Défense à 67 milliards d’euros en 2030, soit 16,5 milliards de plus que ce que prévoit le budget de 2025. Le ministère des Armées ambitionne d’augmenter ses effectifs de 6.000 hommes en six ans, en plus de son objectif d’atteindre le seuil de 80.000 réservistes.

200 militaires charentais vont s’entraîner jour et nuit pendant une semaine en Dordogne

200 militaires charentais vont s’entraîner jour et nuit pendant une semaine en Dordogne

Les exercices vont concerner 90 communes de Dordogne. – @Ministère des Armées – 515e RT

C’est un exercice d’ampleur qui va débuter ce lundi 31 mars en Dordogne à 13 heures, 200 militaires charentais du 515e régiment du Train à Angoulême vont venir dans le nord du département avec 50 véhicules. L’armée propose une rencontre entre la population et les soldats ce mercredi 2 avril.

Plus de 200 militaires, 50 véhicules de l’armée vont circuler dans près de 90 communes de Dordogne à partir de 13 heures, ce lundi 31 mars. Le régiment du 515ᵉ régiment du Train, basé à Angoulême (Charente), va venir passer cinq jours dans le nord du département pour s’entraîner dans une phase de « haute intensité » pour l’armée française. L’exercice a été nommé « Aquafondata » et vise à mettre en situation les militaires pour des missions de reconnaissance, de surveillance, de protection de sites sensibles. Il va durer jusqu’au vendredi 4 avril.

Des tirs jour et nuit

Les habitants des 90 communes, dont Brantôme, Négrondes, Sarlande, Tourtoirac ou encore Mensignac, vont voir passer des militaires et ils vont entendre des bruits de tirs, de jour comme de nuit. Les militaires vont tirer avec des balles d’exercice qui reproduisent les bruits, mais qui n’ont aucun effet. L’armée précise que les « déchets » des munitions seront ramassés.

 L'exercice va concerner 89 communes du nord-est du département
L’exercice va concerner 89 communes du nord-est du département – Google Maps

Une rencontre avec la population le mercredi 2 avril

Pour permettre aux militaires de s’entraîner, l’armée demande aux habitants de ne pas aller à leur rencontre pendant les missions. Cependant, une rencontre avec la population, est organisée ce mercredi 2 avril après-midi (de 13h à 17h) à Thiviers, sur la Place de la République.

Les habitants pourront rencontrer les soldats, mais aussi découvrir les véhicules militaires et faire des baptêmes. Les motards de la gendarmerie nationale seront également présents. Il y aura une séance de tir avec des pistolets avec des billes ou des mousses.

Emmanuel Macron veut relancer son «Service national universel»


Emmanuel Macron prononce un discours devant un Mirage 2000 et un Rafale à la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur, France, le 18 mars 2025.

Rarement un discours d’Emmanuel Macron aura suscité autant de réactions immédiates que le dernier en date. C’était le 5 mars dernier, en direct à 20 heures sur France 2. «La patrie a besoin de vous et de votre engagement», a déclaré le président français, en costume et cravate noirs.

En invitant ses concitoyens à ne pas sous-estimer le danger que représente la Russie pour l’Europe et la France dans un monde de plus en plus incertain, le président français a peut-être même déclenché davantage de réactions qu’il ne l’aurait souhaité.

Le peuple semble en tout cas avoir pris l’appel présidentiel au pied de la lettre: 86% des Français, selon un sondage Ipsos, se sont déclarés favorables au rétablissement du service militaire obligatoire. Près de trente ans, donc, après son abolition.

Pas une «option réaliste»

À peine le sondage était-il paru que celui qui est également chef des armées – le plus haut gradé militaire de France est, lui, chef d’état-major des armées (CEMA) – a tenté de freiner la dynamique qu’il avait déclenchée. Le service militaire obligatoire n’est pas une «option réaliste», a-t-il souligné lors d’un entretien accordé en fin de semaine dernière à des titres régionaux.

La France «n’a plus la base, plus la logistique» pour remettre en place une conscription. «À partir du moment où on est allé vers la professionnalisation de nos armées, focalisées sur l’opérationnel, les réemployer pour encadrer 800’000 jeunes […] n’est absolument pas un schéma opérant», a-t-il indiqué.

Mais, a-t-il précisé, il présentera dans les semaines à venir un «grand nouveau projet» de réforme du Service national universel (SNU), «afin de correspondre aux besoins de la nation et aux priorités identifiées». Le SNU est l’un des thèmes favoris d’Emmanuel Macron depuis qu’il est au pouvoir.

Dissuasion nucléaire

Revenons d’abord sur l’option «irréaliste». Jacques Chirac avait mis au rebut le service militaire obligatoire dans les années 90. La loi est entrée en vigueur en 1997. Aujourd’hui âgé de 47 ans, Emmanuel Macron est le premier président de l’Hexagone à ne pas avoir fait son service militaire.

L’abolition de la conscription avait en fait déjà été envisagée sous la présidence de Charles de Gaulle. La puissance de la dissuasion nucléaire acquise à l’époque avait réduit l’importance d’une défense conventionnelle. Jacques Chirac a acté cet état de fait avec la fermeture de bases et la vente de nombreuses casernes.

Le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren de classe Barracuda de la marine française, amarré dans le port de Toulon, avec un drapeau français visible à l’arrière-plan.

Quand Emmanuel Macron dit aujourd’hui que la France n’a «pas de base et pas de logistique» pour un retour à la conscription, il dit vrai. Tout manque: infrastructures, instructeurs, matériel… Sans parler de l’argent nécessaire à la reconstruction d’une armée d’un million de membres permanents.

L’armée professionnelle française compte environ 200’000 soldats. Il est prévu d’augmenter quelque peu l’armée de réserve, avec un réserviste pour deux soldats professionnels d’ici à 2035. Le nombre total de réservistes atteindrait alors les 300’000 membres.

Des clivages qui bougent

À la télévision française, on débat désormais pour savoir s’il ne serait pas plus intelligent que chaque jeune Français – et chaque jeune Française qui le souhaite – fasse son service. Les clivages politiques traditionnellement liés à la question sont en train de bouger.

Jusqu’à présent, c’est presque exclusivement la droite bourgeoise et l’extrême droite qui plaidaient en faveur du service militaire obligatoire. Le camp de droite voit dans l’armée une école de la République et – une vision très controversée – le moyen éprouvé d’enseigner les valeurs de la nation aux personnes issues de l’immigration: en position de respect devant le drapeau tricolore, en entonnant la Marseillaise. L’extrême droite parle d’assimilation.

La gauche, elle, a toujours pensé que c’était à l’école et à elle seule de faire des jeunes de toutes origines des citoyens responsables, au fait de leurs droits et devoirs. Mais les frontières idéologiques ne sont plus aussi nettes, comme le prouvent les 86% du sondage. C’est sans aucun doute dû à l’actualité géopolitique brûlante et à ce que le locataire de l’Élysée a qualifié de «menace» le 5 mars dernier.

Une sorte de creuset de la République

Emmanuel Macron veut maintenant redessiner le SNU. Un projet qui avait failli être mis au placard pour des raisons d’économies: alors premier ministre, Michel Barnier avait voulu le sacrifier afin de récupérer quelques milliards d’euros pour son budget d’austérité, faisant dire qu’il démantelait un pilier du macronisme. Mais Michel Barnier est tombé après seulement trois mois de mandat – et le SNU a survécu.

L’idée avait été lancée par Emmanuel Macron avant sa victoire de 2017. C’était même une de ses promesses de campagne: celle d’un lieu où les Français pourraient à nouveau se rencontrer au-delà des classes sociales, une sorte de creuset de la République, et ce pour une durée minimale d’un mois.

Le SNU, qui aurait été effectué dans des établissements militaires ou civils éloignés du lieu d’origine, était prévu pour des jeunes de 15 à 17 ans. Au programme, obligatoire: vie commune, lever matinal, lever du drapeau, hymne national, port de l’uniforme et cours d’instruction civique.


Mais la mise en œuvre s’est vite avérée compliquée et coûteuse, et l’ «obligatoire» s’est rapidement transformé en «facultatif». Même avec des ambitions réduites, la concrétisation n’a cessé d’être repoussée. Comme souvent, une grande annonce n’a pas résisté à la réalité.

Le président français veut donc redéfinir le SNU pour qu’il soit en phase avec son époque. Comment exactement? Ce n’est pas encore clair. La tranche d’âge sera-t-elle élargie? Le SNU sera-t-il à nouveau rendu obligatoire?

Il semble en tout cas que les Français soient désormais prêts à accepter des obligations qu’ils auraient refusées il y a peu.

Devenir réserviste oui, mais pour quelles missions et quel salaire ?

Devenir réserviste oui, mais pour quelles missions et quel salaire ?

« La patrie a besoin de vous, de votre engagement« , a déclaré Emmanuel Macron aux Français lors de son allocution du 5 mars 2025. Une façon d’inciter davantage de citoyens à rejoindre la réserve opérationnelle militaire à l’heure où « la menace [russe] revient à l’est ». Le ministre des Armées évoque lui aussi, régulièrement, l’augmentation du nombre de réservistes dans les armées, la gendarmerie et la police avec un objectif : compter 160 000 réservistes d’ici à 2030, soit deux fois plus que les 84 000 réservistes actuellement engagés.

L’armée de Terre, l’armée de l’Air et la Marine nationale recrutent des réservistes qui, une fois engagés, doivent pouvoir être mobilisés sur des missions diverses listées par le ministère des Armées : des missions de combat opérationnelles sur le territoire national ou hors de France ; des missions de protection et de résilience du territoire national avec la défense de sites militaires et civils lors d’opérations Sentinelle ; des missions de compétence sur un domaine d’expertise ; et des missions de rayonnement pour renforcer le lien entre la nation et les armées.

Des grandes lignes communes aux trois armées, auxquelles s’ajoutent des missions plus spécifiques aux besoins de chaque corps militaire. « L’armée de Terre cherche vraiment des militaires à temps partiel, qui permettent soit d’augmenter des régiments à faible préavis ou remplacer des pertes, là aussi dans un temps très court. La Marine et l’armée de l’Air n’ont pas ces enjeux mais ont besoin de profils plus techniques, de spécialistes« , explique le réserviste Stéphane Audrand au Parisien.

Le recrutement de réservistes et l’attribution des missions se fait donc en fonction du profil de chaque candidat, notamment son niveau d’étude, ses compétences particulières, et un éventuel passé militaire sachant qu’avoir déjà eu une expérience dans les armées n’est pas obligatoire. Des étudiants peuvent enfin être recrutés pour des missions opérationnelles de terrain ou logistique dans les armées de Terre et de l’Air ou membre d’équipage dans la Marine. Les personnes plus qualifiées peuvent obtenir des grades (militaire du rang, sous-officier ou officier) et se voir attribuer des missions correspondantes. Enfin, les personnes présentant des diplômes d’université, de grandes école ou des compétences spécifiques et des expertises peuvent rejoindre des unités particulières comme le renseignement, la communication, l’ingénierie, les ressources humaines, la logistique ou encore le pilotage pour les besoins spécifiques de l’armé de l’Air ou encore la plongée dans la Marine. Chaque armé précise les offres ouvertes aux réservistes en précisant les compétences nécessaires et la durée de l’engagement.

Outre les armées, la gendarmerie et la police recrutent des réservistes. Dans ces secteurs, les missions diffèrent et répondent à trois principales catégories : des missions de sécurisation, de lutte anti-terroriste et de police judiciaire pour appuyer lors des enquêtes.

Des missions rémunérées

Les membres de la réserve opérationnelle militaire sont rémunérés pour leur engagement. Les réservistes signent des contrats pouvant aller de 1 à 3 ans et jusqu’à 5 ans maximum, renouvelables. Ils sont mobilisables sur des activités miliaires pour une durée déterminée avec l’autorité militaire qui les emploie et pour un maximum de 60 jours par an. Un volume qui peut passer à 150 ou 210 jours dans des conditions particulières. En moyenne, les réservistes sont engagés sur des missions 37 jours par an.

Ces missions sont rémunérées selon des barèmes différents en fonction du corps militaire rejoint. L’armée de Terre paye les réservistes entre « 40€ et 200€ par jour en fonction de votre grade« . Une somme à laquelle s’ajoutent des « indemnités particulières en raison des fonctions exercées, des risques courus, du lieu d’exercice du service ou de la qualité des services rendus ». La Marine évoque une rémunération « à partir de 53€ par jour » qui « évolue pendant le contrat d’engagement au gré de votre avancement aux grades supérieurs ». En gendarmerie, la rémunération est d’au moins 60€ par jour selon le niveau du réserviste, en police elle débute à 74€ en région et à 80€ en Ile-de-France. Ces rémunérations sont nettes d’impôts.

A noter que ces rémunérations sont valables uniquement pour les réservistes opérationnels, les membres de la réserve citoyenne de défense et de sécurité étant bénévoles.

Qui peut devenir réserviste ?

Il faut répondre à plusieurs critères pour pouvoir devenir réserviste : être de nationalité française, être âgé d’au moins 17 ans, être en règle au regard des obligations du service national, ne jamais avoir été condamné pour un crime et jouir de ses droits civiques. Il faut présenter une bonne condition physique qui sera évaluée lors d’une visite médicale avec un médecin militaire. A noter que selon les corps militaires un âge maximum peut aussi être un critère moins de 72 ans dans l’armée de Terre, moins de 67 ans dans la police et moins de 45 ans dans la gendarmerie. Une formation militaire n’est pas nécessaire, cette dernière étant prévue lors du processus de recrutement.

Armées : Lecornu veut «une vraie réserve professionnalisée» jusqu’à 100.000 hommes

Armées : Lecornu veut «une vraie réserve professionnalisée» jusqu’à 100.000 hommes

Par John Timsit – Le Figaro  Publié le 13 mars 2025

https://www.lefigaro.fr/politique/armees-lecornu-veut-une-vraie-reserve-professionnalisee-jusqu-a-100-000-hommes-20250313


Invité jeudi soir de France 2, le ministre des Armées a rejeté l’hypothèse d’un retour du service militaire obligatoire : «Combattre est incontestablement un métier.»

Préparer l’armée de demain. Face à la «multiplication des crises en même temps» qui constitue une «fragilité potentielle» pour le paysSébastien Lecornu a appelé jeudi soir sur France 2 à «renforcer considérablement notre réserve». «On a 205.000 militaires avec un objectif à 210.000. L’avenir c’est une vraie réserve professionnalisée, c’est ce que le président de la République m’a demandé. L’idée est d’arriver à 100.000», a fait valoir le ministre des Armées. Qui se projette sur les décennies à venir, bien au-delà donc de 2027, année où prend fin le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron : «Il y a quelques années, on avait un réserviste pour six militaires d’active. L’objectif, c’est d’avoir un format d’armée où on a un réserviste pour deux militaires d’active. Ça a beaucoup de valeur.»

Alors qu’un retour du service militaire obligatoire, supprimé en 1996 par Jacques Chirac, est plébiscité par une majorité de Français, Sébastien Lecornu remarque que ce sont bien souvent des «arguments sociaux qui sont avancés – la mixité, la capacité à passer son permis de conduire -» par les partisans du dispositif, moins finalement son «utilité militaire». «Aujourd’hui, combattre ou avoir des missions militaires est incontestablement un métier, a martelé le Normand. Mais si on la projette beaucoup, on a besoin de forces de réservistes sur lesquelles il va falloir accélérer».

«Une forme de guerre des étoiles»

Outre l’élargissement de la menace russe dans le contexte de la guerre en Ukraine, Sébastien Lecornu a également mis en garde jeudi soir contre une «militarisation de l’espace». «Nous sommes la génération d’êtres humains qui allons connaître ce qui pourrait être une forme de guerre des étoiles», a alerté le ministre des Armées, citant de possibles «destruction de satellites» par «aveuglement» ou par «armes à énergies dirigées ou laser». «Si nous ne nous réveillons pas sur ces enjeux, nous pouvons décrocher.»

Synthèse de l’article du Figaro sur la réserve militaire

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a affirmé sur France 2 sa volonté de renforcer la réserve militaire française en la professionnalisant, avec un objectif de 100.000 réservistes. Cette initiative vise à faire face à la multiplication des crises et à renforcer la capacité de réaction de l’armée, qui compte actuellement environ 205.000 militaires d’active. L’objectif est de parvenir à un ratio d’un réserviste pour deux militaires d’active, contre un pour six actuellement.

Rejetant l’idée d’un retour au service militaire obligatoire, Lecornu souligne que combattre est un métier nécessitant une formation et un engagement spécifique, contrairement aux arguments sociaux souvent avancés par les partisans de cette réintroduction.

Le ministre a également alerté sur la militarisation de l’espace, évoquant une possible « guerre des étoiles » impliquant la destruction de satellites par des armes à énergie dirigée ou laser, un enjeu stratégique majeur pour la défense nationale.

Toutefois, un commentaire critique souligne que les moyens alloués à la réserve sont insuffisants, avec des réductions budgétaires impactant la durée des missions et les frais de déplacement. Il remet en question la faisabilité d’une réserve professionnalisée si les réservistes ne sont mobilisés que quelques jours par an, mettant en doute la réelle application de cette ambition.

Des contractions répétées du cercle des poètes revendicatifs par Michel Goya

Des contractions répétées du cercle des poètes revendicatifs


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des contractions répétées du cercle des poètes revendicatifs


Pour eux qui ne s’intéressent qu’à la crise du moment [la démission du général de Villiers ] ou qui ont perdu l’habitude de lire des textes un peu longs, vous pouvez aller directement à la fin. 

Je me suis engagé comme élève sous-officier en 1983. Le chef d’état-major de l’armée de Terre venait alors de démissionner pour protester contre la baisse du budget de Défense qui passait brutalement de l’équivalent d’environ 36 milliards d’euros (si, si, vous avez bien lu) à 30 (pour des chiffres voir ici). Le major général des armées avait démissionné aussi pour protester contre les intrusions permanentes du ministre dans la conduite des opérations mais ceci est une autre histoire. Étrangement, le budget remontait tout aussi rapidement l’année suivante.

Il est vrai que l’époque était très tendue en Europe. L’horloge du destin de l’université de physique de Chicago, qui mesurait l’approche vers un conflit nucléaire (minuit), marquait minuit moins sept en 1984. L’invasion de l’Europe occidentale par les forces du Pacte de Varsovie était alors presque un genre littéraire. Aussi, malgré les difficultés économiques, un effort très conséquent fut fait pour renforcer notre outil de défense. Cela fluctuait au gré des changements de pouvoir et des lois de programmation militaires (trois de 1984 à 1993) et si l’effort diminuait (de presque 3 % du PIB à 2,5 % en 1990) le volume était soutenu par l’augmentation du PIB. Le budget de la défense atteignait ainsi 39 milliards d’euros en 1990.

Si cet effort avait perduré à 2,5 % du PIB, le budget actuel (2017) serait 55 milliards d’euros. Nous aurions investi entre 100 et 200 milliards d’euros dans l’industrie française (soit bien plus que les 50 milliards du programme présidentiel, dont on n’entend d’ailleurs plus parler) dont les retombées auraient affecté toute l’économie et même in fine les recettes budgétaires (pour mémoire c’est comme cela que les États-Unis sont sortis de la crise de 1929 avec le 3e New Deal). Nous aurions modernisé depuis longtemps nos armées et serions en pointe dans de nombreux domaines. Notre armée serait la 3e du monde en puissance, ce qui garantirait un peu plus à la fois notre indépendance et la défense de nos intérêts.

Je m’égare mais dans les années 1980 on escomptait que l’effort de défense continuerait et c’est la raison pour laquelle on lançait aussi à l’époque un très ambitieux programme d’équipements qui portait d’abord sur le nucléaire (renouvellement des sous-marins lanceurs d’engins, nouveaux missiles de tous types, etc.) mais aussi sur toute une génération conventionnelle (Rafale, porte-avions nucléaire, véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI), char Leclerc, missiles Eryx, hélicoptères Tigre et Caïman, etc.). Ne cherchez pas, tout notre arsenal qualifié de moderne aujourd’hui a été conçu dans cette période 1985-1995 et il était destiné au grand combat contre l’Union soviétique en Europe centrale.

L’effort était aussi louable qu’indispensable. Il était aussi très cher, chaque matériel nouveau coûtant à l’achat plusieurs fois le prix de la précédente. On ne pouvait donc remplacer les matériels précédents nombre pour nombre et on ne pouvait donc conserver aussi autant d’unités de combat. Cela tombait bien car en supprimant ces unités et en économisant sur le budget de fonctionnement, on pouvait trouver des crédits supplémentaires pour financer l’équipement. L’habitude fut donc prise dès cette époque de supprimer les humains d’abord pour pouvoir mieux acheter les équipements ensuite. L’expérience montrera que si la suppression des hommes était facile, surtout dans un univers discipliné et (heureusement par ailleurs) non syndiqué, la seconde partie s’avèrera toujours plus compliquée. Au bilan, en trois réformes (une tous les trois ans en moyenne), l’armée de Terre perdait 17 % de ses effectifs et les autres armées 4 %. Neuf bases aériennes étaient fermées, l’aviation de combat passait de 450 à 400 appareils, la Marine nationale perdait 13 bâtiments et l’armée de Terre 6 (petites) divisions.

Et puis il y eut guerre du Golfe en 1990-91 qui témoignait à la fois de la nécessité de poursuivre la recapitalisation technique des armées et de nos faibles capacités de projection à partir du moment où on persistait (depuis les maladies de l’expédition de Madagascar en 1895) à n’engager hors de France et d’Allemagne que des soldats professionnels. Il y eut surtout la fin de l’URSS, cet ennemi gigantesque, ce qui nous laissait presque désemparés.

On s’empressa alors et très vite (et partout) de toucher les « dividendes de la paix », c’est-à-dire de ponctionner le plus possible le budget de la défense. Celui-ci dégringola de 39 milliards en 1990 à 30 milliards en 2002. Vous noterez au passage que ni les attentats de 1986 ni même ceux de 1995 à Paris n’ont jamais alors influé la politique de Défense de l’époque. 

Élément essentiel à retenir pour la suite, malgré cette chute des budgets on persista à maintenir les grands programmes de la génération 1985-1995. Ces programmes n’étaient pas forcément adaptés au nouveau contexte stratégique mais personne n’eut ni la volonté, ni l’imagination de proposer autre chose (ou au moins de l’imposer). Le slogan de l’époque était « qui peut le plus (la guerre conventionnelle brève et massive) peut le moins (tout le reste) », ce qui restait à démontrer et ne le fut d’ailleurs pas complètement.

On décida ensuite en 1996 assez logiquement de suspendre le service national et de professionnaliser entièrement les armées. On rappellera pour les débats en cours aujourd’hui que cette décision n’avait alors suscité guère de réticences et que le « service militaire » est mort (ou tombé en léthargie) sans avoir été beaucoup défendu. Toutes les vertus dont on semble le parer actuellement n’étaient donc pas si évidentes à l’époque mais nous y reviendrons une autre fois.

Cette décision mettait évidemment à bas les conclusions du Livre blanc de 1994 et rendait caduque la LPM 1994-2000. A la place on définit un « modèle d’armée 2015 ». Les soldats professionnels coûtant évidemment plus chers que les appelés et le surcoût des opérations extérieures (opex) dépassant le milliard d’euros depuis 1990, on considéra qu’à budget décroissant le volume des forces ne pouvait vraiment pas être le même. La nouvelle coupe fut sévère. L’armée de Terre perdait 40 % de ses effectifs (pour atteindre le chiffre de 136 000), la Marine nationale et l’armée de l’Air environ 30 %. Cela suscita évidemment des réorganisations profondes et surtout de nouvelles suppressions de bases (7 pour l’armée de l’air) ou de régiments (44 pour l’armée de terre qui n’en conserverait plus que 85). Bien sûr, comme à chaque fois, cela provoquait mutations et blocages d’avancement de cadres devenus trop nombreux pour une armée qui fondait. Cela signifiait surtout un nouveau « plan social » de 15 000 postes à supprimer parmi le personnel d’active. Pourquoi se priver ? Ce sont les plans sociaux les plus faciles à réaliser en France. On sacrifiait par ailleurs définitivement toute idée de remontée en puissance en réduisant massivement les réserves.

Bien évidemment, cette réduction de format et de budget entraînait aussi celle des équipements, les anciens dont on se débarrassait mais aussi les nouveaux dont on réduisait les commandes. Cela a eu pour effet immédiat de faire augmenter leur prix unitaires (soit au bout du compte environ + 20 millions d’euros pour un Rafale, + 30 millions pour un hélicoptère Tigre, + 180 millions pour une frégate multi-missions (Fremm), + 1 million pour chaque véhicule blindé de combat d’infanterie, etc.), ce qui incitait à, budget constant, à réduire encore les commandes ou à les reporter une nouvelle fois. Certains programmes finiront par coûter finalement plus cher que prévu initialement pour moins d’exemplaires livrés. L’armée de Terre perdait la moitié de ses chars et de ses hélicoptères et la marine encore 20 bâtiments sur 101, l’armée de l’air ne devait plus disposer à terme que de 300 avions de combat au lieu de 400 en 1995 et passer de 80 avions de transport tactique à 50.

Ce fut dur à vivre mais au moins le slogan d’« une armée plus ramassée, modernisée et entièrement projetable » signifiait peut-être quelque chose à l’époque. Le projet était mobilisateur et mettait fin au syndrome des deux armées, celle qui « avait tout » (les vieilles unités professionnelles de la Force d’action rapide) et celle qui montait la garde à l’Est. On envisageait alors pour 2015 de pouvoir déployer 60 000 soldats n’importe où (spoil : depuis 2013 le contrat est de 15 000, histoire de décrire le déclin de capacités en une phrase).  

Sans dévoiler de secret vous avez bien compris que ce modèle qui devrait être en place depuis deux ans était visiblement encore trop pour certains, non pas selon une grande vision à long terme d’affaiblissement de la France mais plutôt selon une série de petits plans mesquins d’économies à court terme. Le modèle d’armée 2015 ne fut jamais financé. Il manquait ainsi à force de gels, rabotages, reports, suppressions sèches, plus de 13 milliards à la LPM 1997-2002. Celle de 2003-2008 fut, en apparence, plus respectée par le gouvernement de l’époque.  En réalité les surcoûts opex (vous savez ces choses systématiquement sous-évaluées au départ et qu’il faut quand même financer à la fin) et les surcoûts des programmes (voir plus haut) ont fait qu’il manquait encore 11 milliards pour les équipements. 

On conserva donc bien au-delà de ce qui était prévu des matériels anciens et, oh surprise, cela a coûté très cher puisque les chaînes de fabrication n’existaient plus depuis longtemps. Dans le même temps, on s’apercevait que le « coût de possession » (ou d’emploi) des matériels nouveaux était bien plus important que celui de ceux qu’il remplaçait surtout lorsqu’ils étaient employés dans des théâtres d’opérations lointains beaucoup plus « abrasifs » que le centre de l’Europe pour lequel ils avaient été conçus. Cette période peu glorieuse fut ainsi marquée à la fois par l’effondrement de la disponibilité technique des matériels et l’envolée des coûts de maintenance.

En 2008, on revint à l’idée géniale de financer les programmes en sacrifiant d’abord ceux qui les utilisent. La conjonction de la Revue générale des politiques publiques (RGPP) et du nouveau Livre blanc (rappelez-vous : 1ère partie : « Le monde est plus dangereux » ; 2e partie : « Il faut donc réduire les moyens ») aboutit à la volonté de supprimer à nouveau 54 000 postes. Exit donc le modèle 2015 et bienvenue à l’horizon 2020, forcément plus ramassé, plus moderne, plus performant, etc.. C’était donc reparti pour un tour : l’armée de Terre perdait 20 régiments de plus, l’armée de le l’air 30% de ses effectifs et supprimait à nouveau 11 bases et la marine perdait 11 % de ses effectifs, deux bases aéronavales et 10 bâtiments. Ces nouvelles réductions et le mot d’ordre de faire payer le « back office » (oui, la terminologie et les méthodes de management du moment étaient très en vogue, on parlait alors de « réserves de productivité » pour parler du nombre de soldats) ont incité nos gestionnaires internes à imaginer des concepts nouveaux comme les bases de défense (BDD) ou à rationaliser le paiement des soldes, avec le succès que l’on sait. Non seulement on exerçait une nouvelle pression sur les hommes et les femmes (qui, en plein engagement en Afghanistan et ailleurs, n’avaient par ailleurs pas que ça à faire) avec ce plan social massif et unique en France, mais en plus on y ajoutait le désordre administratif. Bien entendu tout cela s’accompagnait à nouveau d’une réduction équivalente d’équipements. Il n’était plus question que de 250 chars Leclerc (puis 200, alors que le programme initial en prévoyait 1 600), de 80 hélicoptères de combat au lieu de 200, de 240 avions de combat au lieu de 300. Nos capacités de transport aérien ou de ravitaillement en vol poursuivaient leur déclin, etc. Le contrat opérationnel majeur parlait alors de 30 000 hommes à déployer.

Cela fut encore plus dur à vivre qu’au moment de la professionnalisation qui, au moins, avait un objectif autre que le simple fait d’économiser de l’argent public et n’avait pas introduit les BDD. Et bien vous savez quoi : malgré une embellie réelle sur un an (mais surtout due au grand plan de relance), cela n’a pas marché. Les 4 % de LPM économisés par les suppressions d’effectifs ont d’autant moins permis de sauver les meubles que la crise financière faisait exploser la dette publique. Le budget de la défense redevenait la « dinde rôtie » dès lors qu’il fallait faire des économies à court terme, même si elles s’accompagnent de dépenses supplémentaires à long terme. Après la saignée, la bosse de 40 à 50 milliards d’euros nécessaires pour payer la génération d’équipements 1985-1995, restait finalement la même qu’avant (et c’est d’ailleurs sensiblement toujours la même aujourd’hui). La désorganisation et l’affaiblissement des armées, sans même parler des coûts humains, n’avaient donc servi à rien. On s’est même retrouvé dans une situation pire qu’avant.

On décida donc d’en remettre une couche en 2013. La nouvelle LPM 2014-2019 prévoyait de supprimer 23 500 postes de plus (soit un total de 78 000 depuis 2008). C’était reparti pour de nouvelles dissolutions de régiments et de bases. Au nouvel horizon 2025, la force opérationnelle terrestre perdait 22 000 hommes et l’armée de terre passait sous la barre des 100 000, l’aviation de combat passait de 240 à 185 avions et ainsi de suite. Le contrat opérationnel majeur n’était plus que de 15 000 soldats et 40 avions à déployer (avec le groupe aéronaval), sans se demander combien la France seule pouvait gagner de guerres avec des forces aussi réduites.

Cela ne paraissait pourtant pas encore suffisant à Bercy qui lançait sa guérilla habituelle pour raboter encore quelques centaines de millions chaque année. L’opposition politique (à l’époque le ministre menaçait de démissionner, accompagné de tous les chefs d’état-major) était alors suffisamment forte pour résister à cette guérilla mais le nouveau déclin était acté. Pour schématiser, le budget de la défense est depuis 1980 d’environ 34 milliards d’euros constants, plus ou moins 10 %. A la fin des années 1980, on avait brièvement percé le plafond. Avec la LPM 2014-2019, on était certain d’en crever le plancher et revenir en plein XXIe siècle aux ressources des années 1970.

Et puis il y eut les frères Kouachi et Amédy Coulibaly, trois salopards qui eurent plus d’influence sur la politique de Défense que tous les citoyens honnêtes qui faisaient remarquer depuis des années que nos armées craquaient de tous les côtés. Presque magiquement (car on ne voit pas très bien entre le lien entre leurs crimes et la politique de Défense), la LPM fut légèrement modifiée. Premier résultat heureux, la politique suicidaire de suppression d’effectifs fut freinée (mais non compensée, il y aura quand même 7 000 postes de moins en 2019 qu’en 2014) et 3,8 milliards d’euros supplémentaires furent affectés à la LPM, dont notez-le bien pour la suite, + 1 en 2018 (budget total de 32,77 milliards) et encore +1,5 en 2019 (34,02 milliards), hors pensions et hors OPEX et surtout au-delà du quinquennat en cours.

Si la crise perdurait, on avait au moins le sentiment d’une accalmie et les programmes des différents candidats à la présidentielle incitaient presque à de l’espoir. On avait, semblait-il dans les discours, enfin compris qu’il était urgent d’arrêter la politique à la petite semaine qui permettait de présenter tout de suite des lois de finance un petit moins déficitaires au prix de lois futures qui le seraient plus. On avait enfin réalisé surtout qu’il était vital pour les armées de financer enfin le programme de modernisation lancé il y a 30 ans et d’arrêter cette spirale d’effondrement. On avait remarqué que même s’il était toujours possible de lancer des opérations (une section d’infanterie et/ou un avion de combat suffisent après tout pour annoncer pompeusement une « opération »), il était difficile d’y obtenir des résultats stratégiques (rappelez vous l’envoi de 1 650 soldats pour sécuriser toute la Centrafrique ou la fierté de réaliser 5 % des frappes de la coalition en Irak et en Syrie).

Tout cela était donc une illusion puisque le premier budget présenté n’annonçait pas une recapitalisation d’urgence (celle-ci fut surtout réservée à Areva), autre en tout cas que celle déjà prévue avec la modification de la LPM (et dont le gouvernement actuel n’hésite pas une seconde à s’attribuer la paternité) mais au contraire une facture de 900 millions d’euros dont 850 du reliquat impayé (et par ailleurs totalement prévisible) du surcoût des opérations extérieures.

Ce ne serait que provisoire assurait on et dès l’année prochaine les choses iraient mieux avec 1,6 milliard d’euros supplémentaires dont 650 millions d’euros pour les opex. On notera que ce budget opex apparaît désormais comme adossé à celui des armées alors qu’il faisait l’objet jusque-là d’un collectif interministériel. A la limite pourquoi pas, à partir du moment où il n’est pas mensonger, ce qui est manifestement le cas. Sur ces 650 millions d’euros, 200 seront consacrés à la « protection des forces » et là on ne voit pas très bien en quoi cela regarde spécifiquement les opérations (c’est la raison pour laquelle par exemple on achète des équipements blindés et non en carton). On voit très bien en revanche qu’annoncer un budget opex réel de 450 millions, comme cette année, c’est se condamner au même psychodrame que maintenant puisqu’il faudra trouver encore à la fin les 300 à 800 millions, peut-être plus, qui manqueront nécessairement (et on ne parle pas du surcoût si peu utile par ailleurs de l’opération Sentinelle). On tapera donc encore en cours d’année sur l’entrainement et pour la Xfois on reportera des commandes, forcément urgentes, d’équipement (ce que les fournisseurs apprécient aussi beaucoup).

Au bilan, et en admettant que des décisions « courageuses » (qui sont en fait surtout des décisions de facilité) n’aient pas encore à être prises, le 1,6 milliard d’euros supplémentaire risque fort de fondre. En réalité, jusqu’à présent les augmentations fièrement annoncées correspondent sensiblement à ce qui était prévu par le gouvernement précédent. On est loin en tout cas, de 2,25 milliards supplémentaires prévus d’ici à 2025 pour réaliser le programme présidentiel, augmentation qui elle-même ne serait pas forcément suffisante tant la crise est grande. On rappellera au passage que les coûts relatifs au simple arsenal nucléaire, à moins d’y renoncer complètement ou en partie, impliqueront à eux seuls environ 2 milliards d’euros par an en plus à partir de 2021 ou 2022. Le moins que l’on puisse dire est que l’on est mal parti pour sortir de la crise.

On peut donc concevoir au final que ce sentiment de « dindonisation » permanente puisse un petit peu exaspérer, surtout quand on y ajoute le mépris pour le premier des militaires, dont on rappellera au passage qu’il n’enfreint en rien le devoir de réserve en expliquant une situation que par ailleurs tout le monde peut constater ouvertement. Il n’y a dans le fond guère de surprise, la politique du gouvernement se fondant pour l’instant intégralement dans celle des précédents, mais sans doute quand même un peu de déception tant est grand le décalage entre les promesses ou la posture et la médiocrité de la réalité.

Démissions dans la Gendarmerie : la mise au point, chiffres à l’appui de la Direction générale

Démissions dans la Gendarmerie : la mise au point, chiffres à l’appui de la Direction générale


Drone de la Gendarmerie (Photo d’illustration GendInfo.fr)

Groupe Facebook, articles en série dans la presse, questions de parlementaires au gouvernement : le sujet des départs et démissions dans la Gendarmerie, 15000 en 2022 selon la Cour des comptes qui tient ces chiffres de la Gendarmerie elle-même, fait couler beaucoup d’encre.

La Gendarmerie a décidé de communiquer sur ce sujet. Dans un article publié dans GendInfo, l’Arme fait un point, chiffres à l’appui, sur ces départs et démissions.

Il n’y a pas d’hémorragie” affirme la Direction de la Gendarmerie pour laquelle “ces départs restent en effet conformes aux prévisions de l’institution, au regard notamment du mécanisme permettant aux sous-officiers et aux officiers de faire valoir leurs droits à la retraite avec jouissance immédiate de leur pension après respectivement 17 et 27 ans de carrière, mais aussi au regard des évolutions sociétales que la Gendarmerie intègre dans sa stratégie de recrutement” assure la DGGN.

Le détail des 15 000 départs

Dans cet article, la Gendarmerie explique le chiffre de 15 000 départs évoqué par la Cour des comptes. Celui-ci englobe l’ensemble des flux, y compris les changements de corps détaille la Gendarmerie. “Il inclut donc les départs de Gendarmes adjoints volontaires (GAV), admis dans une école de sous-officiers, mais aussi de sous-officiers intégrant l’un des corps d’officiers” poursuit la DGGN qui précise que “plus de la moitié des sous-officiers recrutés au cours des trois dernières années étant d’anciens GAV, on comprend mieux l’ordre de grandeur de ces flux internes”.

Ce chiffre se décompose en 3700 changements de corps, 2 950 flux sortants temporaires et 8 350 départs définitifs de la Gendarmerie (mobilité des personnels civils et fins de contrat GAV inclus). Les 15 000 intègrent également les départs temporaires telles les affectations au sein des gendarmeries spécialisées relevant du ministère des armées ou encore les détachements en “mobilité extérieure” au sein d’autres administrations ou organisations nationales et internationales.

1 571 radiations des cadres en 2024 dont 545 dénonciations de contrat en écoles d’officiers et de sous-officiers.

Après déduction du nombre annuel de départs en retraite après 17 et 27 ans de service, le nombre total de radiations des cadres avant d’avoir acquis les droits à une retraite à jouissance immédiate (tous corps confondus, hors population de volontaires) s’est élevé à 1 571 en 2024, dont 545 dénonciations de contrat en écoles d’officiers et de sous-officiers.

Après deux années de hausse consécutive, en 2022 et 2023, le nombre de départs anticipés s’est toutefois stabilisé au cours de l’exercice 2024 annonce la DGGN.

La Gendarmerie estime encore “qu’elle est loin de connaître la “grande démission” évoquée et “qu’elle dispose toujours d’une réelle attractivité”. Ainsi, elle indique “recevoir des centaines de demandes de gendarmes souhaitant dépasser la limite d’âge ou se réengager après une expérience externe ou une retraite anticipée, comme le permet désormais la dernière LPM (loi de programmation militaire ndlr)”.

Toutes ces demandes n’ont d’ailleurs pas pu recevoir un retour favorable de la part de la DRH, afin justement de laisser la place aux jeunes recrues” ajoute d’ailleurs l’institution.

Enfin l’Arme précise “qu’avec 12 000 postes pourvus en 2024, la gendarmerie n’a jamais autant recruté, sans pour autant le faire au détriment de ses standards de sélection”.

L’article de GendInfo.

Direction le cercle polaire pour la mission Jeanne d’Arc 2025

Direction le cercle polaire pour la mission Jeanne d’Arc 2025

Les officiers-élèves ont appareillé de Toulon pour la mission Jeanne d’Arc 2025 ce 24 février. Cette année, direction le cercle polaire pour la marine de demain.

par Samuel Azemard – le Var informations – publié le

https://mesinfos.fr/83000-toulon/direction-le-cercle-polaire-pour-la-mission-jeanne-d-arc-2025-217076.html

© S. Azemard - Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral a une vitesse maximale de 19 nœuds.

© S. Azemard – Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral a une vitesse maximale de 19 nœuds.


Ce 24 février, 151 officiers-élèves (OE) de l’école navale à Lanvéoc-Poulmic ont appareillé de Toulon pour la mission Jeanne d’Arc 2025. Thomas est l’un d’eux. Ce « bordache », surnom usuel des élèves de l’école navale rendant hommage au « Borda », navire qui l’accueillait historiquement, ne cache pas son enthousiasme à l’idée de participer à ce déploiement.

« J’ai hâte », débute-t-il ! « Ça fait longtemps que nous attendons ça. On a vu nos pairs faire la mission Jeanne d’Arc l’an passé, c’est une grande chance que ce soit notre tour », poursuit-il.

Former et déployer

La mission Jeanne d’Arc c’est un déploiement annuel opérationnel d’une durée de cinq mois, où près de 800 militaires, comprenant 640 marins, dont 151 OE, ainsi que 150 soldats de l’armée de Terre du groupement tactique embarqué (GTE), prennent le large. Une tradition vieille de 161 ans.

Le but de cette mission est double : former la marine de demain et déployer l’ensemble des fonctions stratégiques de la Marine nationale, à savoir : « connaissance – anticipation », « prévention », « influence » et, si la situation l’exige, « intervention ».

Le groupe Jeanne d’Arc 2025 est composé de :

  • Porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral
  • Frégate type La Fayette (FLF) Surcouf
  • Groupement tactique embarqué (GTE) de l’armée de Terre

Une mission décisive pour les officiers-élèves

Malheureusement la pluie était elle aussi au rendez-vous pour ce départ. Mais elle n’a pas gâché l’euphorie ambiante. Les troupes ont trouvé une solution de repli : la cérémonie s’est déroulée au sein du PHA, dans un hangar suffisamment grand pour accueillir les marins, les autorités militaires ainsi que celles politiques locales et nationales. 

La cérémonie était en effet présidée par la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants de France, Patricia Mirallès, en présence du vice-amiral d’escadre Éric Janicot, directeur du personnel militaire de la Marine.

C’est ici que nous retrouvons Thomas, avec son uniforme tiré à quatre épingles. Après son bac S, il s’est tourné vers les classes préparatoires au lycée naval de Brest. C’est à ce moment-là qu’il découvre l’école navale et décide de tenter son concours d’entrée. « J’ai eu la chance et l’honneur d’être pris et la mission Jeanne d’Arc est la finalité », conclut-il.

©S. Azemard – Thomas fait partie des 151 officiers-élèves présents pour cette JDA 2025.

Son enthousiasme a laissé place à la concentration face au poids des traditions et à l’enjeu de cette mission. Thomas sait qu’elle sera décisive pour sa carrière. « Je suis pré-orienté par l’école navale en filière opération énergie. Mais je souhaite toujours présenter la filière de pilote d’hélicoptère », souligne-t-il. En effet, les officiers-élèves sont soumis à un suivi et une évaluation continue tout au long de leur « Jeanne ». Le but : à la mi-mission, ils se verront attribuer une spécialité.

Qui pourrait être mobilisé si une guerre éclatait sur le territoire français ?

Qui pourrait être mobilisé si une guerre éclatait sur le territoire français ?

Emmanuel Macron a rappelé jeudi le danger que représenterait, pour le reste de l’Europe, une victoire russe en Ukraine. Que se passerait-il si la guerre venait à s’étendre ? On fait le point.

Le président de la République a longuement échangé avec des internautes sur les réseaux sociaux, ce jeudi 20 février 2025.

Il a notamment évoqué «la menace que représente la Russie pour l’Europe et pour la France », indiquant qu’elle allait « nous imposer des choix très forts pour nous-mêmes, pour notre défense et notre sécurité ». Il a également donné des détails sur les arguments qu’il comptait présenter à Donald Trump, le mettant en garde contre toute « faiblesse » face à Vladimir Poutine.

« Si tu laisses l’Ukraine prise » par la Russie, elle sera « inarrêtable pour les Européens », puisqu’elle « récupérerait » l’armée ukrainienne « qui est une des plus grandes d’Europe, avec tous nos équipements, y compris les équipements américains ». Dans ce scénario du pire, en cas d’invasion de la Russie sur le territoire hexagonal, que se passerait-il alors ? Qui serait mobilisé ? On vous explique.

La mobilisation générale quasi impossible

Avec la fin du service militaire, la France possède ce qu’on appelle une armée de métier. On compte environ 200 000 militaires d’active dans l’armée française. Ce sont eux qui seraient envoyés en priorité sur le front. Environ 40 000 volontaires âgés de 17 à 35 ans constituent également ce que l’on appelle la réserve de sécurité nationale.

Dans ses vœux aux armées, en janvier, Emmanuel Macron avait à ce sujet évoqué un projet, encore flou, pour « mobiliser » davantage de jeunes volontaires « en renfort des armées » en cas de besoin. « Aujourd’hui, nous nous contentons d’un recensement, d’une journée défense et citoyenneté », « c’est trop peu », avait-il dit, demandant au gouvernement et à l’état-major des propositions d’ici au mois de mai pour « mieux détecter », « former » et « être capable de mobiliser » des volontaires « le jour venu ».

La France vise ainsi 210 000 militaires d’active et 80 000 réservistes à l’horizon 2030.

La mobilisation générale serait utilisée en dernier recours mais elle n’a quasiment aucune chance d’aboutir en raison de capacités logistiques insuffisantes. La dernière date de 1939, dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale. 4,5 millions de Français avaient alors été appelés sous les drapeaux