L’armée de Terre va réduire la durée de la formation initiale de ses futurs sous-officiers

L’armée de Terre va réduire la durée de la formation initiale de ses futurs sous-officiers

https://www.opex360.com/2023/10/22/larmee-de-terre-va-reduire-la-duree-de-la-formation-initiale-de-ses-futurs-sous-officiers/


Quoi qu’il en soit, l’activité de l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA] de Saint-Maixent, qui fête ses 60 ans cette année, ne devrait pas souffrir des tensions concernant le recrutement de l’armée de Terre.

En effet, au-delà de l’instruction initiale de ses élèves recrutés par la voie directe ou semi-directe et de l’accueil de stagiaires étrangers, l’ENSOA assure aussi la formation continue des sous-officiers tout au long de leur carrière.

Or, ce besoin en formation continue va continuer à croître dans les années à venir, notamment en raison de la réforme du parcours professionnel des sous-officiers, lancée en 2020 pour répondre aux nouveaux besoins induits par le programme SCORPION et par le durcissement de la préparation opérationnelle.

Cette année, l’ENSOA aura accueilli environ 6800 élèves et stagiaires. Et elle en attend plus de 7000 en 2024. Cette hausse de l’activité suppose un renforcement de l’encadrement [45 postes supplémentaires seront créés l’an prochain] ainsi que la construction de nouvelles infrastructures dans le périmètre de l’école.

« Nous sommes dans une phase de renforcement de l’École nationale des sous-officiers d’active. Je vais même plus loin. Le chantier général de renforcement de l’ENSOA, notamment en infrastructures mais aussi en cadres, c’est la priorité numéro un de l’armée de Terre aujourd’hui », a expliqué le général Schill, à l’occasion d’un déplacement à Saint-Maixent, cette semaine.

Par ailleurs, l’ENSOA aura à proposer de nouvelles formations pour répondre à des besoins « émergents » dans certains domaines, comme l’influence et le cyber.

Cependant, même avec de nouveaux bâtiments, la capacité d’accueil de l’école risque d’être insuffisante… Et l’un des leviers pour retrouver une certaine marge de manoeuvre passe par la réduction de la durée de la formation initiale des élèves sous-officiers, a avancé le CEMAT.

Ainsi, la formation initiale d’un élève sous-officier « direct » passera de huit à six mois. Et celle d’un élève issu du recrutement semi-direct, qui a déjà une expérience militaire, sera réduite à trois mois.

« Nous conservons cette notion de creuset à l’ENSOA, où passent tous nos sous-officiers. Comme le volume [d’élèves et de stagiaires] est plus important, on peut augmenter les capacités de l’école, c’est ce que nous faisons en renforçant l’encadrement et en construisant de nouveaux bâtiments, mais ce n’est pas immédiat. Pour faire face en conservant ce socle, on prend cette mesure de réduction de la formation initiale, compensée par un allongement de la formation assurée ensuite dans les écoles d’armes et les régiments », a détaillé le général Schill, dans les pages du quotidien « La Nouvelle République ».

Pour l’armée de Terre, ce raccourcissement de la durée de la formation initiale ne vise pas seulement à permettre à l’ENSOA d’accroître sa capacité d’accueil de stagiaires : elle répond aussi au besoin d’avoir de jeunes sous-officiers qui rejoignent plus vite les unités opérationnelles.

L’armée de terre confrontée à une première crise de recrutement

L’armée de terre confrontée à une première crise de recrutement


 

Entre 2000 et 2500 militaires manqueront cette année par rapport à l’objectif fixé.

Il va manquer entre 2000 et 2500 militaires. L’armée de terre n’atteindra pas ses objectifs de recrutement cette année, une première depuis presque dix ans. Chaque année, elle doit attirer 16.000 nouveaux soldats pour assurer le renouvellement des générations et garantir ses missions. « Nous connaissons quelques difficultés inédites », a convenu mercredi le général Marc Conruyt, directeur des ressources humaines de l’armée de terre, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de défense. Mais il a mis en garde contre des conclusions hâtives. « Nos fondations sont solides », a-t-il assuré. Le fléchissement des engagements est cependant de nature à inquiéter une institution qui se projette dans le temps long.

Le phénomène ne concerne pas seulement la France. La Bundeswehr ou l’US Army rencontrent elles aussi des difficultés. En Allemagne, les recrutements sont en recul de 7%, selon une information du Spiegel. Aux Etats-Unis, l’armée a raté ses objectifs de 25% en 2022 laissant 15.000 places vacantes.

En France, l’armée de terre bénéficiait depuis 2015 d’un élan, lié notamment à l’impact des attentats. L’effet perdure toujours : sens de la mission de défense de la France, attrait de l’engagement pour des valeurs… Mais la carrière militaire est soumise aux mêmes tensions qui traversent la société : nouveau rapport au travail, baisse du chômage… Si l’armée parvient toujours à attirer de futurs fantassins, elle peine à recruter des spécialistes dans des domaines concurrentiels comme le numérique, la maintenance ou encore les langues, pour les missions de renseignement.

Sentiment de «mal-être» chez les officiers

« Il y a un éloignement croissant entre le style de vie moyen et celui que nous proposons », a aussi convenu le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Schill, en évoquant implicitement les contraintes de disponibilité, de mobilité territoriale ou encore de vie familiale. L’évolution de la politique de rémunération au sein de l’armée fait aussi craindre des effets pervers : la différenciation des primes selon la localisation géographique risque de créer des distorsions d’attractivité. Le dernier rapport du Haut comité d’évaluation de la condition militaire a fait enfin apparaître un sentiment de « mal-être » chez les officiers (toutes armées confondues), nourri par un sentiment de décrochage par rapport aux conditions de travail dans la haute fonction publique.

La fin de l’opération Barkhane pèse aussi auprès des militaires du rang. « L’armée de terre est une armée d’emploi. L »aventure est fondamentale dans l’acte de s’engager », admet le général Schill. Le mot est repris dans les visuels des campagnes de recrutement. « Il y a aussi une dimension sociale liée aux rémunérations en opération », complète-t-il. Depuis dix ans, les militaires s’étaient habitués à intégrer dans leurs plans de vie et de carrière les primes touchées dans le cadre d’une « opex ». Elles ne seront plus perçues. « Est-ce qu’un exercice organisé dans le cadre de l’Otan est aussi bien qu’une mission au Sahel… », s’interroge le général Schill sans aller jusqu’à formuler la réponse. À côté de lui, le général Conruyt temporise. De la Guyane au Levant, l’armée est impliquée dans d’autres théâtres. Elle a aussi renforcé sa présence en Roumanie et en Estonie. Dans le passé, elle a aussi connu des périodes sans opération majeure. « Quand je suis arrivé en régiment en 1990, on pensait qu’il n’y aurait plus de missions… », s’est-il souvenu. Puis l’actualité du monde a rattrapé l’armée.

Si elle est relativisée et nuancée, la crise de recrutement n’est pas minorée. Pour y faire face, l’armée de terre promet de s’adapter. Efforts sur la fidélisation des personnels au-delà de 5 ans, gestion individualisée des parcours, amélioration des conditions de vie dans le cadre du « Plan famille », efforts financiers sur les métiers en tension… L’armée a promis des réformes pour mieux prendre en compte les réalités sociales.

LPM 2024-2030 : « rupture maîtrisée » ou « continuité vigilante » ?

LPM 2024-2030 : « rupture maîtrisée » ou « continuité vigilante » ?

 

Votée le 1er août 2023, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 se substitue à la LPM 2019-2025, dont les deux dernières annuités avaient été laissées dans le flou.

Comme les précédentes, cette loi comporte une prévision de ressources financières année après année, une présentation générale de son contenu physique (effectifs, normes de préparation opérationnelle, équipements) et des dispositions normatives diverses, qui ne sont pas l’objet principal des commentaires qui suivent.

Un rappel préliminaire des limites de tout exercice de programmation budgétaire militaire n’est pas inutile, d’autant que quelques spécificités sont identifiables pour celui-ci.

  • Stricto sensu, les LPM ne s’imposent pas aux budgets annuels successifs, et, dans le passé, rares ont été les lois qui ont tenu leurs engagements. Force est cependant de constater que, jusqu’en 2023, la loi 2019-25 a tenu les siens année après année, tandis que le tuilage des deux lois sur 2024-25 se fait à une hauteur supérieure par rapport aux attentes initiales (3,3, puis 3,2 milliards, en regard des deux marches de 3 milliards attendues).
  • La loi « saute » l’élection présidentielle et les législatives de 2027 ; elle prévoit une actualisation en 2027. La période 2027-2030 reste donc soumise aux aléas de ces échéances. C’est un principe démocratique difficilement contestable !
  • De même que celles qui l’ont précédée depuis environ 25 ans, cette LPM est exprimée en crédits de paiement et ne comporte ni enveloppe ni échéancier d’autorisations de programme. D’un point de vue strictement financier, elle traduit donc une capacité à « payer des factures » et non à « passer des commandes ».
  • Dans ces conditions, il est normal de constater, comme cela a été fait avec une certaine approche polémique, qu’une grande partie des ressources de la loi servira à payer les commandes ou une partie des commandes des années passées. Si l’on prend également en compte le socle des « dépenses contraintes » du ministère (effectifs, entretien du patrimoine), il est tout aussi normal que seulement un quart à un tiers des crédits de paiement votés soient disponibles pour payer, en seconde partie de la loi, des besoins ou des commandes nouvelles. C’est la logique de la programmation en crédits de paiement.
  • Enfin, s’agissant des commandes et livraisons, cette loi ne prévoit aucun échéancier, seulement des cibles d’équipement à terminaison de la loi (même si ce calendrier existe sans nul doute dans les documents de travail du ministère). Cela peut s’expliquer par des annuités initiales qui, bien qu’en forte hausse, restent insuffisantes pour faire face aux commandes volumineuses des deux LPM précédentes et à l’incertitude créée par l’arrivée de besoins nouveaux urgents. D’ailleurs, pour la première fois, le concept de « marge frictionnelle » a été mis en avant par le Secrétaire général pour l’administration du ministère[1]: les aléas dans le déroulement des programmes, d’équipement comme d’infrastructure, permettent d’anticiper une certaine marge de gestion, qui rend inutile de fixer avec précision les flux de paiement, surtout en fin de période. C’est une réalité, au même titre que la « friction clausewitzienne » dans la conduite de la guerre !
  • On peut également noter que contrairement à la précédente, cette loi ne comporte pas d’échéancier de réduction du report de charges, sans doute une précaution vis-à-vis des effets attendus de l’inflation, dont l’impact sur le pouvoir d’achat du ministère a été intégré à hauteur de 30 milliards sur la période. 

Quelles sont les données brutes de la loi ?

Le maître mot de cette LPM est la « cohérence » entre toutes les composantes des capacités militaires. C’est au titre de cette cohérence que des étalements de livraisons touchent plusieurs des grands programmes en cours de réalisation, au bénéfice des munitions, des stocks de rechanges, de la préparation opérationnelle ou du lancement de nouveaux programmes dont le besoin est issu de l’observation du conflit en Ukraine, et d’autres tensions géopolitiques.

En augmentation de 40% par rapport à la précédente[2], l’enveloppe globale prévoit 400 milliards d’euros[3], avec un complément de 13,3 milliards de ressources extra-budgétaires (REX), dont plus de la moitié proviennent des remboursements de l’Assurance maladie de droit commun pour le fonctionnement du service de santé des armées. Le reliquat est fourni par les sources habituelles (produits de cessions de matériels ou d’aliénations immobilières). Le recours aux REX étant élevé en début de période, la discussion du texte a conduit à prévoir une clause de sauvegarde inscrite dans la loi : dans l’hypothèse où les ressources extra-budgétaires ne seraient pas à la hauteur des attentes une année donnée, le manque serait compensé par la loi de finances suivante, autre explication possible de l’absence de dispositions sur le report de charges. Un point d’attention, car l’inventivité budgétaire n’a pas de limite !

Le budget des armées passe ainsi de 43,9 milliards en 2023 à 47,2 milliards en 2024, en visant 67,4 milliards en 2030, soit une progression de plus de 50% par rapport à 2017, en euros courants. Les marches successives se situent entre 3,2 et 3,5 milliards selon les années[4].

Nul doute que les commentaires iront bon train pour comparer ce budget à celui des alliés anglais et allemands qui affichent des dotations plus importantes. Cependant, les différences dans l’équilibre entre les différentes composantes de ces budgets incitent à la prudence sur l’efficience des euros allemands et des livres anglaises, et aucun de ces deux pays n’a un « agrégat équipements » pesant plus de 50% de son budget[5].

Il est à noter que sous la pression du Sénat, les échéanciers initiaux ont été modifiés, ramenant 2,3 milliards vers l’avant sur la période 2024-2027. Ce décalage n’a pu être fléché que sur des besoins à faibles délais de réalisation (préparation opérationnelle, munitions, MCO) que des autorisations d’engagement suffisantes devront rendre possibles.

La loi et son rapport annexé mettent en avant des « efforts » qui sont autant d’axes de la communication ministérielle, permettant aux non spécialistes et au grand public de mettre du corps en regard de l’effort financier.

Dans le domaine capacitaire, sur la période de programmation, ces efforts sont les suivants (en milliards) :

Innovation 10
Renseignement 5
Défense sol-air 5
Cyber 4
Espace 6
Drones 5

En outre, quelques thématiques sont mises en avant, mais avec des recoupements avec les domaines capacitaires ci-dessus ou des programmes d’équipement mentionnés par ailleurs…

Munitions 16 (+45%)
Outre-mer 13
Forces spéciales 2

Le MCO est doté de 49 milliards, avec la reprise ad nauseam des incantations habituelles pour « des efforts de négociation rénovée entre les services de soutien et l’industrie, pour atteindre des niveaux de disponibilité plus élevés, une meilleure réactivité dans la fourniture des pièces de rechange, à coûts maîtrisés »

Pour les effectifs, 6 300 postes seront ouverts pendant la période couverte par la loi (portant les effectifs à 275 000 militaires et civils en 2030). Un effort est également promu concernant la réserve, avec un objectif de 80 000 en 2030 (puis 105 000 en 2035), et comme slogan ministériel « un réserviste pour deux militaires d’active »[6].

Prenant acte de la fin annoncée des grandes opérations en Afrique et des réflexions en cours sur l’opération Sentinelle, la loi réduit la dotation budgétaire pour les OPEX/MISSINT de 1 200 à 750 millions d’euros annuels.

Enfin, ni le Service national universel (SNU), ni le coût budgétaire de l’aide militaire à l’Ukraine ne sont inclus dans le texte et les dotations de la LPM. 

Quatre questions sur cette loi… 

Première question : rupture ou continuité ? 

Quasi unanimes ont été les responsables politiques, militaires, économiques, et nombre d’experts et d’observateurs également, à considérer que le « 24 février 2022 » marquait une rupture dans l’ordre mondial. C’est un fait indéniable, bien plus que le traumatisme du « 11 septembre 2001 ».

Présentée à l’automne 2022, la revue nationale stratégique (RNS) reprenait les orientations de celles de 2017, puis 2021, qui actaient l’évolution des menaces et le risque de glissement stratégique face à des États s’éloignant des normes des relations internationales mises en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui s’étaient maintenues, vaille que vaille, tout au long de la Guerre froide, puis de la recomposition géopolitique qui lui avait succédé.

Dans le contexte stratégique actuel, sans renier les engagements vis-à-vis de ses alliés, l’OTAN principalement comme le montre son action dans la suite de l’invasion russe en Ukraine, la France met en avant sa stratégie de « puissance d’équilibres » (avec un S)… Si la loi acte certaines évolutions capacitaires tirées de l’observation du conflit ukrainien, celles-ci demeurent marginales et ne font qu’accélérer des tendances déjà lancées. Plus que la capacité à s’engager massivement dans un « conflit de haute intensité » face à un acteur majeur, c’est l’option « gagner la guerre avant la guerre » qui prévaut, concept bâti par les armées elles-mêmes il y a peu.

Dans ce cadre, la dissuasion nucléaire autonome reste le pilier central de la défense nationale et constitue en fait l’effort réel de cette LPM, comme celui de celles qui l’ont précédée. Compte tenu des programmes en cours de réalisation et de leur environnement, la dissuasion appellera chaque année des ressources grandissantes, sans doute au-delà des 5,6 milliards du budget 2023. Conjuguée avec l’accent mis sur les outre-mer et l’Indo-Pacifique, elle a mécaniquement un effet d’entraînement sur les programmes conventionnels de la Marine, et dans une moindre mesure de l’armée de l’Air et de l’Espace.

La dissuasion nucléaire reste au cœur de la défense nationale pour des raisons qu’il ne faut pas négliger :

  • Elle est le fondement du positionnement stratégique « d’équilibre » de la France depuis le retour aux affaires du général De Gaulle, même si au fil des décennies le vocabulaire a évolué.
  • À ce titre, personne ne peut prendre la responsabilité de passer au compte des pertes et profits les investissements colossaux qui lui ont été consacrés depuis plus soixante ans.
  • Ce d’autant que la souveraineté de la dissuasion nucléaire est le premier facteur de la souveraineté de l’industrie de défense nationale, dans les domaines nucléaire, naval, aéronautique, électronique au sens très large, spatial… en dépit de ses évolutions capitalistiques.
  • Enfin, et c’est sans doute le fait nouveau du « 24 février 2022 », le comportement de la Russie a redonné toute sa place à la « dialectique du nucléaire » avec ce pays.

L’analyse stratégique qui sous-tend cette loi n’occulte pas le risque d’être confronté un jour à un engagement débouchant sur les formes les plus exigeantes et violentes du combat conventionnel ; mais c’est surtout la dissémination rapide de technologies militaires très vulnérantes parmi un nombre croissant d’acteurs au profil indéterminé qui caractérise ce risque.

Face à des acteurs étatiques, la France mise sur la dissuasion nucléaire et son appartenance active à l’OTAN pour anticiper et éviter un engagement majeur destructeur et de longue durée. C’était d’ailleurs déjà la doctrine gaullienne lors de la guerre froide.

Par conséquent, au risque de décevoir tous ceux qui appelaient à l’urgence de « préparer la guerre de masse », la LPM poursuit sur la voie d’un modèle d’armée complet, unique en Europe et cousin lointain du modèle américain[7].

Confrontée à la réalité des ressources, même en augmentation, l’ambition de ce modèle (dissuasion nucléaire autonome, capacité spatiale complète, armées professionnalisées, « blue water Navy », capacité de projection stratégique, déploiement important et permanent sur cinq continents) ne peut que le faire apparaître en permanence imparfait ou du moins en construction…

C’est à ce titre que l’on peut identifier les grandes orientations capacitaires que porte la LPM 2024-30, dans la continuité, et non la rupture, si tant est qu’elle puisse être possible.

  • La préservation du modèle d’armée complet, plus par construction évolutive que par grandes ruptures, avec, inflexion notable, un rejet de la course à la masse au bénéfice de la cohérence capacitaire (le « DORESE »[8] mis en avant de longue date au sein de l’armée de Terre). Le prix à payer est le ralentissement de certains programmes majeurs.
  • Cette inflexion se traduit par des objectifs ambitieux en matière de réactivité d’engagement d’un volume plus important de forces des trois armées (ENU-R, FIRI…)[9], d’où l’accent mis sur les soutiens, les munitions et l’entraînement.
  • L’attachement à la capacité d’engagement et de « nation-cadre » au sein d’une coalition, prioritairement au sein de l’OTAN, capacité qui passe par les moyens de commandement et d’appuis au sens large.

Deuxième question : la loi prend elle en considération de « nouvelles menaces » ?

Les « nouvelles menaces » ont été décrites lors des exercices d’évaluation stratégique successifs et rappelées par la RNS 2022, la guerre russo-ukrainienne n’ayant en fait été qu’une concrétisation de certaines d’entre elles. Leur analyse était à l’origine de la stratégie de « gagner la guerre avant la guerre », afin de ne pas se laisser entraîner dans des spirales de confrontation nécessitant des moyens hors de portée.

En effet, le choc provoqué par l’irruption d’un conflit européen digne de la Seconde Guerre mondiale ne doit pas occulter les autres sources d’inquiétude pour la sécurité nationale et celle de l’Europe. On peut citer : les tensions dans l’espace Indo-Pacifique, la course mondiale aux capacités spatiales, l’échec relatif ou total de « la lutte contre le terrorisme » et le retrait qui s’en suit des Occidentaux de certaines parties du monde[10], l’exploitation des fragilités des sociétés européennes, ouvertes, transparentes et placées « hors du monde cruel » par plus de soixante-dix ans de paix interne.

Au niveau stratégique, la LPM 2024-30 poursuit les efforts entamés depuis une dizaine d’année dans les domaines du renseignement et des capacités regroupées sous le terme « cyber ». Comme pour le spatial, ces capacités ne sont plus considérées comme des « facilitateurs » des autres capacités, mais au contraire comme des moyens à placer au centre des modes d’action, y compris dans leur emploi offensif. Il en va de même de l’action dans les champs dit « immatériels ».

Toujours au niveau stratégique, la capacité de projection lointaine de volumes de forces bien calibrés relève également de cette stratégie. Qu’il soit nucléarisé ou non, un acteur étatique sera toujours plus réticent à engager la confrontation violente s’il sait d’emblée qu’il sera confronté aux forces d’une puissance nucléaire, qui plus est agissant dans le cadre de l’OTAN.

La projection graduelle des moyens décrits dans le rapport annexé, depuis les premiers modules du l’ENU-R jusqu’à la division à trente jours (pour ne parler que du domaine terrestre), joue en quelque sorte le rôle que le 2e corps d’armée stationné en Allemagne jouait durant la guerre froide : démontrer l’acceptation d’une confrontation conventionnelle pouvant déboucher sur des extrêmes mal définis (c’est la finalité du dispositif de « réassurance » aux confins orientaux de l’Europe auquel la France participe depuis une dizaine d’années. C’est également celle des déploiements aéronavals lointains dont la capacité est régulièrement démontrée, comme l’exercice réalisé en Indo-Pacifique pendant l’été 2023).

On peut dire la même chose de la capacité d’action dans les grands fonds marins qui, de prime abord, peut laisser perplexe. Comment peut-on avoir la prétention de savoir protéger l’ensemble les capacités numériques qui transitent par le réseau tentaculaire des câbles sous-marins ? L’intérêt n’est-il pas plutôt d’affirmer une capacité de créer un risque de contact direct dans ce nouvel espace de « guerre hybride », au-delà de la mise en évidence de la preuve ?

Au niveau tactique, le choc des images a donné aux opérations terrestres du conflit russo-ukrainien un écho propice à l’emballement des enseignements… Les effets meurtriers de puissants feux d’artillerie, la réduction des villes en tas de ruines, le blocage de toute progression par le minage intensif, autant de réalités qui renvoient aux images d’un lointain passé et à des capacités massives abandonnées en France faute de moyens (y compris humains) ou du fait des lois internationales (comme les mines).

Si l’approche par la masse est sans nul doute possible abandonnée par la stratégie de « gagner la guerre avant la guerre », la capacité de constituer des modules de forces plus agressifs, mieux appuyés et soutenus semble bien au cœur des efforts de la loi au titre de la cohérence déjà évoquée. Et quoique l’on en pense, l’effort à fournir ne doit pas être sous-estimé : pour l’armée de Terre, il faudra dès 2027 disposer de la capacité d’engagement d’une division à deux brigades à trente jours, avec en 2030 une capacité de la relever. C’est un objectif ambitieux dont il faudra suivre la réalisation tout au long de la période de programmation, en se souvenant que la projection durant l’hiver 2022 d’un bataillon en Roumanie, si elle a été rapide n’en a pas moins nécessité de faire appel à 80 points de perception pour réunir ses équipements[11].

Les autres armées ont également des objectifs ambitieux. Si la nature de leurs milieux d’évolution, plus homogène que le milieu terrestre, peut paraître leur créer moins de difficultés, les distances et la permanence seront leurs défis. En effet, alors que les forces terrestres doivent se préparer à des actions de force en Europe et au Moyen-Orient, les outre-mer et l’Indo-Pacifique prennent désormais une importance inédite dans les stratégies navale et aérienne.

Toujours au niveau tactique, un autre effet des moyens inscrits dans la loi réside dans ce que l’on pourrait qualifier de « descente » des capacités nouvelles (renseignement, cyber, influence, champs immatériels…) vers la plupart des niveaux tactiques. Sa concrétisation la plus visible est la « dronisation » de tous ces niveaux, y compris des cellules de base que sont, dans l’armée de Terre, le groupe de combat de 10 hommes ou le véhicule blindé. On pourrait en dire autant de la « guerre électronique ». D’où l’évolution des systèmes de commandement annoncés dans le prolongement de ces choix.

Il y a ici une question subsidiaire à poser : Quid des menaces anciennes ?

Les deux grands glissements stratégiques des dernières années, résurgence de la confrontation OTAN/Russie, militarisation progressive des tensions avec la Chine en Indo-Pacifique, n’ont pas pour autant fait disparaître les vecteurs des menaces ou des risques de crise qui ont marqué les engagements des armées françaises pendant trente ans depuis la chute du mur de Berlin.

Pour reprendre une question posée récemment par l’animateur d’un blog très suivi[12] : Est-on certain qu’en 2035, l’adversaire le plus probable ne sera pas toujours le terroriste (ou trafiquant) africain, armé d’une kalachnikov, d’IED et d’un smartphone avec une bonne liaison internet ?

Certes le désengagement du Sahel, la nouvelle stratégie africaine, une appréciation différente du risque sur le territoire national laissent aujourd’hui envisager le contraire, et la réduction des dotations budgétaires pour les OPEX va dans ce sens. Mais rien ne dit que la conjonction de la mauvaise gouvernance dans de nombreux pays, des tensions interétatiques, des effets dramatiques du dérèglement climatique sur des populations souvent pauvres, fragiles et de plus en plus nombreuses, notamment au sud du Sahara, n’ouvriront pas à nouveau un cycle d’engagements peut-être moins puissants mais toujours compliqués.

Bien sûr, des armées qui occupent le haut du spectre capacitaire ne devraient pas avoir de difficultés à s’engager un cran en dessous, « qui peut le plus, peut le moins »… À voir ! En tout cas, à surveiller, au travers de la formation, de l’entraînement, de certains équipements, de la doctrine d’emploi des forces spéciales et de leur environnement, ainsi que, pour l’armée de Terre, de l’atteinte de la capacité de maintenir une brigade interarmes disponible pour intervenir sur quatre théâtres d’opérations « secondaires ».

Troisième question : quels sont les effets de la loi sur l’écosystème de production des équipements militaires ?

Pour être caricatural, on peut confondre cet écosystème avec l’expression péjorative de « lobby militaro-industriel », heureusement tombée quelque peu en désuétude.

Destiné à produire les équipements constitutifs des capacités militaires et leur soutien, il regroupe et articule, d’une part les acteurs publics et leurs procédures, d’autre part le tissu industriel impliqué dans la défense, avec ses caractéristiques capitalistiques.

La loi inscrit d’emblée parmi ses objectifs la souveraineté de l’industrie de défense nationale. Ce terme doit être bien compris comme le souci qu’aura plus que jamais l’État français de maîtriser les capacités industrielles et de les piloter prioritairement dans le sens de ses intérêts. La création d’une « direction de l’industrie de défense » au sein de la DGA se rattache à cette priorité.

L’existence même de la programmation militaire fournit le cadre d’élaboration d’une vision partagée de l’avenir par l’administration (armées, DGA, ministère du budget) et l’industrie. La mise au point d’une LPM vise à fournir un outil de pilotage cohérent du déroulement des programmes d’équipement, notamment en assurant la crédibilité des engagements de l’État (c’est la raison pour laquelle, exprimée en crédits de paiement, la LPM doit garantir aux industriels le paiement des commandes passées lors des lois précédentes…).

Dans une perspective d’avenir, la loi doit également permettre à l’écosystème de le préparer au mieux, au-delà de la poursuite des programmes en cours. C’est tout le rôle des ressources consacrées à « l’innovation », terme qui recouvre désormais les études amont, les subventions aux opérateurs comme le CEA, le CNES, la recherche appliquée… En prévoyant un total de 10 milliards sur la période, la loi reste sur la tendance à la hausse imprimée depuis 2018, avec l’objectif de ne plus chercher à rattraper des retards, mais plutôt à promouvoir des « innovations de rupture »[13].

À priori, le décalage des commandes et livraisons de certains programmes majeurs, dont les cibles restent inchangées, n’est pas une préoccupation forte des acteurs industriels qui se sont exprimés lors de l’élaboration de la LPM 2024-30. Pour la plupart (surtout dans les domaines aéronautique, naval et munitionnaire), les plans de charge et le chiffre d’affaires bénéficient des succès à l’export des dernières années et des besoins de production pour alimenter l’Ukraine en équipements et munitions, financés en grande partie par l’Union européenne.

L’attention des industriels se polarise plus sur les dispositions désormais regroupées dans l’article 49[14] de la loi qui, au titre de « l’économie de guerre », institue à la fois des obligations de constitution de stocks stratégiques, à la charge financière des industriels, et un « droit de préemption » de l’État français sur la production industrielle, fusse au détriment des livraisons prévues à des clients étrangers. Quasi totalement privée, soumise tant aux règles du marché concurrentiel qu’à la surveillance de la Commission européenne, l’industrie rappelle que sa contribution à l’économie de guerre décrétée en France ne l’exonère pas des dangers de la guerre économique qu’elle conduit à l’international.

Au-delà du coût à supporter pour les stocks stratégiques, c’est le risque de se voir écarter des compétitions internationales qui est identifié comme le principal, les clients potentiels ne pouvant accepter de voir éventuellement leurs livraisons ne pas respecter les délais contractuels.

Les conditions de mise en œuvre de cet article de la loi seront vraisemblablement une des premières tâches de la direction de l’industrie de défense de la DGA. Une tâche qui comportera également le traitement de l’accès au crédit bancaire, sujet brûlant qui touche toute l’industrie de défense, avec des effets dévastateurs pour le tissu des PME sur lequel repose largement l’écosystème.

Quatrième question : la loi conforte elle le système humain des armées ?

L’affirmation du rôle premier des femmes et des hommes dans la robustesse du système de défense est dans la bouche de tous les responsables politiques et militaires… depuis des siècles, au moins pour les hommes !

La LPM 2024-30 apporte sa contribution à la consolidation de ce rôle, par une multitude de dispositions dont les objectifs sont tout à la fois l’attractivité des carrières pour fidéliser les militaires en service et recruter des compétences nouvelles, améliorer les conditions de la mobilité des familles et de leur implantation dans les territoires, enfin de poursuivre les actions de reconnaissance de la Nation vis-à-vis des blessés et des familles de militaires morts en service.

L’attractivité des carrières, en fait le combat du recrutement et de la fidélisation, passera par un prolongement de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM) mise en œuvre par la précédente loi, notamment au niveau indiciaire pour compenser le « tassement vers le haut » de la grille indiciaire, qui se révèle un frein à l’attractivité des progressions volontaires de carrière.

Le « Plan Famille 2 » inscrit désormais dans la durée ce mode de pilotage d’ensemble de tous les éléments constitutifs de l’accompagnement familial de la fonction militaire (logement, aide à la petite enfance, environnement médico-social). C’est déjà en soi une avancée très appréciable, même si les situations particulières et le contexte de stationnement et d’emploi de chaque armée laisseront toujours subsister des manques et des insatisfactions. Le « Plan Famille 2 » est doté de 750 millions d’euros.

Un autre aspect du modèle RH décrit par cette LPM est la volonté de porter le nombre de réservistes à 80 000 en 2030, sur une trajectoire à 105 000 en 2035. L’effort de recrutement, de formation et de fidélisation à fournir est en lui-même un défi, avant que les armées ne précisent les missions et les équipements de cette réserve opérationnelle massive.

Le modèle RH porté par la LPM 2024-30 est donc cohérent avec les objectifs fixés aux armées et s’inscrit dans la continuité de la consolidation de l’armée professionnalisée décidée il a plus de 25 ans. Absorbant plus du quart des ressources financières du ministère, il est confronté à de multiples défis, notamment ceux liés à la montée en gamme des compétences recherchées sur un marché du travail tendu et à l’évolution sociétale qui fait de la fidélisation dans toutes les catégories de grade un combat permanent.

GCA (2S) Tristan VERNA


NOTES :

  1. Audition du SGA par la Commission de la défense de l’assemblée nationale, le 12 avril 2023, reprenant une expression utilisée par le Premier Président de la Cour des Comptes devant la même Commission.
  2. Taux de progression à prendre pour ce qu’il vaut : les deux périodes programmation n’ont pas la même durée, se superposent et l’inflation rend précaire toute comparaison…
  3. Tous les montants financiers sont exprimés en crédits de paiement.
  4. Cette progression permet de viser les 2% du PIB en 2025-2027, nonobstant la fragilité de cet indicateur emblématique lié à un agrégat, PIB, dont la réalité n’est connue qu’avec plusieurs années de décalage. Il est à noter que pour certains responsables du ministère, les 2% du PIB seraient dès à présent atteints, et en voie d’être dépassés.
  5. Sans oublier qu’en 2022, des officiels américains ont fait état d’un supposé déclassement des armées britanniques, tandis que ce sont les responsables militaires allemands eux-mêmes qui ont annoncé leur incapacité d’assurer leur mission de défense nationale.
  6. La limite d’âge de tous les réservistes est portée à 72 ans, mesure mise en œuvre dès l’été 2023 par l’armée de Terre.
  7. On peut objecter l’existence d’un modèle complet en Russie, mais quelle est sa véritable fiabilité ?
  8. Pour « Doctrine, Organisation, Rh, Entraînement, Soutien, Équipement ».
  9. Échelon national d’urgence renforcé, Force d’intervention rapide interarmées.
  10. Comme la perte progressive des bases françaises en Afrique.
  11. Audition du CEMAT par la commission de la défense de l’Assemblée nationale, le 12 avril 2023.
  12. Michel Goya, dans une interview sur France Inter.
  13. Cette formulation, en cédant à la facilité, aurait pu être lourde de conséquences pour certains systèmes d’armes majeurs bien installés dans le paysage actuel des armées. Ses effets sur l’avenir devront être suivis attentivement.
  14. Il s’agit des modifications à apporter au Code la défense pour ce qui concerne « l’industrie de défense ».

CERCLE MARÉCHAL FOCH

CERCLE MARÉCHAL FOCH

Le G2S change de nom pour prendre celui de Cercle Maréchal Foch, tout en demeurant une association d’anciens officiers généraux fidèles à notre volonté de contribuer de manière aussi objective et équilibrée que possible à la réflexion nationale sur les enjeux de sécurité et de défense. En effet, plutôt qu’un acronyme pas toujours compréhensible par un large public, nous souhaitons inscrire nos réflexions sous le parrainage de ce glorieux chef militaire, artisan de la victoire de 1918 et penseur militaire à l’origine des armées modernes. Nous proposons de mettre en commun notre expérience et notre expertise des problématiques de Défense, incluant leurs aspects stratégiques et économiques, afin de vous faire partager notre vision des perspectives d’évolution souhaitables. (Nous contacter : Cercle Maréchal Foch – 1, place Joffre – BP 23 – 75700 Paris SP 07).

Les (pas si) beaux restes de la présence militaire française en Afrique

Les (pas si) beaux restes de la présence militaire française en Afrique

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 25 septembre 2023

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On attendait depuis quelques mois des précisions sur le redéploiement militaire français en Afrique. L’actualité au Mali, Burkina Faso et Niger a pris de vitesse l’Élysée et les Armées. Revue de détail du dispositif français sur le continent (photo EMA).

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Et de trois (voire quatre si l’on ajoute la RCA) ! En matière de redéploiements, l’armée française dispose désormais d’une expérience réelle, mais acquise dans l’amertume. Ces redéploiements (des «retraites», diront certains) ont été imposés, non pas par la force des armes, mais par des régimes militaires arrivés au pouvoir lors de putsch qui ont tous débouché sur une remise en question fondamentale des liens avec Paris.

De Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou, la défaite politique française en rase campagne est incontestable.

Maillage à trous

Que reste-t-il désormais de la présence militaire tricolore sur le continent africain? Selon des données de l’état-major des armées (EMA), les forces en Afrique rassembleront au moins 4 750 après le départ des 1 500 soldats français du Niger. Des soldats dont on ne sait pas encore s’ils seront renvoyés en métropole ou repositionnés sur le continent.

Au Sahel, actuellement, le dispositif des forces françaises compte 2 500 militaires engagés dans la lutte contre les groupes armés terroristes aux côtés de leurs partenaires européens et nord-américain. Une fois le contingent tricolore désengagé du Niger, c’est uniquement au Tchad qu’un contingent consistant sera localisé, avec un millier d’hommes. 

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Le reste des forces de présence sont éparpillées dans quatre pays.

A Djibouti:  avec près de 1500 militaires déployés, les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) s’articulent autour de cinq emprises principales centrées sur Djibouti : le 5e régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM) ; le détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) armant 4 hélicoptères Puma et 3 Gazelle ; la base aérienne 188 (BA 188) avec ses 4 avions de défense aérienne Mirage 2000-5, 1 avion de transport tactique Casa, 3 hélicoptères Puma ; la base navale ; le centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert de Djibouti (CECAD). Les FFDJ constituent une plateforme stratégique, opérationnelle et logistique aussi appelée base opérationnelle avancée (BOA).

En Côte d’Ivoire: 900 hommes sont rassemblés au sein des Forces françaises en Côte d’Ivoire. Ces FFCI constituent l’une des deux bases opérationnelles avancées (BOA) en Afrique. Les 900 militaires (dont ceux du 43e BIMa) constituent une réserve d’intervention en Afrique centrale et de l’ouest. Ils sont chargés de soutenir les opérations dans la zone et de conduire les activités de partenariat militaire opérationnel avec la République de Côte d’Ivoire.

Au Sénégal: les éléments français au Sénégal (EFS) disposent d’environ 400 hommes qui réalisent des missions de formation et d’entraînement au profit des armées locales. Les EFS s’articulent autour d’un poste de commandement interarmées, d’un détachement de l’aéronautique navale (Atlantique 2 ou Falcon 50 et sa cellule ravitaillement), stationné à l’escale aérienne ; d’un groupement régional d’intervention NEDEX (Neutralisation Enlèvement et Destruction d’Explosifs), d’éléments de soutien spécialisé et de maintenance.

Au Gabon: 350 soldats constituent les éléments français au Gabon (EFG). Ils constituent le second « pôle opérationnel de coopération » (POC) à vocation régionale avec Dakar. Ils disposent principalement d’un échelon de commandement et d’une unité terrestre: le 6e bataillon d’infanterie de marine. Ce 6e BIMa est organisé en groupement de coopération opérationnelle (GCO), implanté au camp de Gaulle à Libreville; il est tourné vers la coopération opérationnelle régionale, il assure également la protection des emprises des EFG et la maintenance des matériels terrestres.

En périphérie
Hors territoire continental africain, d’autres forces françaises sont positionnées à Mayotte et à la Réunion (1750 légionnaires, parachutistes et marins au total pour ces forces dites de souveraineté). La marine nationale maintient plusieurs dispositifs: des frégates dans l’océan Indien (à partir de la Réunion), la TF 150 aussi dans l’océan Indien (une centaine de marins), les moyens de l’opération Corymbe dans le golfe de Guinée (150 hommes)…

Général Schill : L’armée de Terre attire « à peine plus d’un candidat pour un poste » de militaire du rang

Général Schill : L’armée de Terre attire « à peine plus d’un candidat pour un poste » de militaire du rang

 


Selon la dernière revue publiée par le Haut comité d’évaluation de la condition militaire, la sélectivité du recrutement des militaires du rang s’est améliorée en 2021, avec une moyenne de 1,5 candidat pour un poste. « Cette amélioration est commune à toutes les armées [+ 0,2 point pour l’armée de Terre, + 0,4 point pour la marine nationale et + 0,2 point pour l’armée de l’Air et de l’Espace]. Elle résulte de la hausse de 13 % du nombre de postulants au recrutement associée à une baisse de 3,4 % du volume de recrutés », est-il avancé dans ce document.

Seulement, cette amélioration est loin d’être suffisante… En tout cas, ce taux de sélectivité n’a pas retrouvé le niveau qui était le sien en 2015 [2,2 candidats pour un poste]. Dans un avis budgétaire publié 2020, les sénateurs Joël Guerriau et Marie-Arlette Carlotti avaient même avancé qu’il s’approchait des « planchers […] constatés au début des années 2000, au moment de la professionnalisation ». Et cela d’autant plus que le « vivier » des recrues tend à s’amenuiser, avec une baisse du nombre de candidats médicalement aptes, en raison d’un « mode de vie de plus en plus sédentaire » et d’une « surconsommation d’écrans susceptible de favoriser surpoids et myopie ». Enfin, les aspects démographiques sont aussi à prendre en considération.

Or, pour qu’un recrutement soit optimal, il faut réunir au moins deux conditions : un taux de sélectivité élevé [ce qui suppose d’être attractif] et un taux de dénonciation de contrat durant la période probatoire le plus bas possible. Pour l’armée de Terre, celui-ci s’élève en moyenne à environ 30% par an.

Quoi qu’il en soit, recruter sera un défi pour l’armée de Terre au cours des prochaines années. C’est en effet ce qu’a admis le général Schill, son chef d’état-major, lors d’une audition au Sénat dont le compte rendu vient d’être publié [soit plus de trois mois après!]. Et, s’agissant des militaires du rang, le taux de sélectivité s’est effondré.

« Le recrutement de nos militaires du rang est correct. Nous avons fini l’année 2022 à l’effectif qui nous était accordé. Il n’empêche qu’il existe une vraie difficulté de recrutement et de fidélisation, avec à peine plus d’un candidat pour un poste. Nous devons donc renforcer notre attractivité pour recruter davantage de militaires du rang mais aussi de sous-officiers », a en effet déclaré le général Schill.

Et encore, en 2024, l’armée de Terre ne bénéficiera pas de postes supplémentaires.

« Dans la loi de programmation militaire qui s’achève, nous avions un certain nombre de créations de postes. Nous avions choisi de les cibler sur les postes à plus haute valeur ajoutée. Nous voulions notamment créer des postes dans les nouvelles capacités cyber et du renseignement. Nous avons créé ces postes par transfert depuis d’autres fonctions opérationnelles », a expliqué le CEMAT.

Quoi qu’il en soit, pour le général Schill, « l’impératif de jeunesse doit être conservé » car « nous avons besoin d’une armée jeune ». Actuellement, a-t-il précisé, les régiments ont une moyenne d’âge de 28 ans, « cadres compris ».

« Nos jeunes s’engagent à 20 ans en moyenne. Ils passent 6 à 7 ans dans les armées. Nos militaires du rang ont une moyenne d’âge de 26 ans. C’est un atout, même si j’aimerais que la moyenne d’âge des militaires du rang soit un peu plus élevée. Cette réalité globale doit être maintenue », a ajouté le général Schill.

Par ailleurs, commentant, via Linkedin, la récente note de Bruno Tertrais sur l’évolution de la démographie en France, publiée par l’Institut Montaigne, le CEMAT a estimé que « l’adaptation » du recrutement de l’armée de Terre « doit être poursuivie afin de prendre en compte le vieillissement de la population », par exemple « en changeant les critères d’âge pour servir sous l’uniforme ou en modifiant les conditions d’accès à la réserve ».

Le général Schill a aussi considéré que la « chute de la natalité impacte directement le volume des classes d’âge, et donc le vivier de recrutement de 14’000 jeunes que l’armée de Terre accueille annuellement ». Or, a-t-il ajouté, si celle-ci « demeure un vecteur dynamique d’insertion de la jeunesse, sa capacité opérationnelle dépendra demain de l’attractivité du métier des armes ». Enfin, elle aura également à renforcer « rôle de creuset intégrateur » à l’heure « où le seuil symbolique des 10% de Français d’origine immigrée a été relevé par l’INSEE ».

Le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire au chevet du corps des officiers: le défi de la fidélisation

Le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire au chevet du corps des officiers: le défi de la fidélisation

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 18 septembre 2023

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Le 17e rapport thématique du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) vient d’être diffusé (il est à consulter ici). Le comité a décidé de consacrer pour la première fois son rapport thématique à la condition militaire des officiers (photos AMSCC). 

Au nombre d’environ 40 600 en 2021, les officiers ne représentent pourtant qu’environ 13 % du nombre total des militaires employés la même année:

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Lors de ses travaux pour son 16e rapport (2022) portant sur la mobilité des militaires, les auditions menées pour ce rapport lui ont donné à entendre l’existence d’un « mal-être » chez certains officiers. Il lui a « paru essentiel d’examiner dans quelle mesure la condition militaire permettra aux forces armées de disposer demain des officiers dont elles auront besoin« .

Les entretiens réalisés en particulier ont mis « en évidence des éléments de fragilité ainsi que des interrogations. Ces fragilités et interrogations concernent tant le recrutement que la capacité à fidéliser au travers du déroulement de la carrière de l’officier, des conditions de service et des conditions de vie pour lui et sa famille. Elles traduisent enfin une attente des officiers de plus grande reconnaissance à leur égard. »

La difficile fidélisation mais aussi un besoin croissant d’encadrement font que les deux voies principales de recrutement (recrutement direct en début de carrière, par concours et recrutement interne de sous-officiers et de militaires du rang ) ne suffisent plus. Il a donc été choisi de développer une troisième voie avec un recrutement  sur titres ou sur dossier, le cas échéant après entretien, pour attirer des personnes diplômées et ayant déjà connu une ou plusieurs expériences professionnelles qu’elles recrutent en qualité d’officiers sous contrat ou d’officiers commissionnés. 

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C’est ce que démontre et illustre mon récent post consacré à la rentrée des élèves à l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (voir: L’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan fait le plein). A l’ESM sont entrés 201 élèves français. A l’EMIA: 115 élèves français. Et à l’EMAC: 207 OSC encadrement auxquels s’ajoutent de très nombreux OSC spécialistes (en septembre 2022, une partie de ces derniers ont été ventilés sur les écoles de Saumur et Angers puisque le site de Guer ne pouvait pas accueillir tous les élèves de l’EMAC).

14 recommandations:

Recommandation 1
Le Haut Comité invite à donner une permanence à l’exercice de prospective en matière de RH au sein des forces armées, à lui donner une dimension véritablement anticipatrice et « critique » en ce sens qu’elle doit aller jusqu’à questionner les composantes de notre modèle d’armée. Ces travaux devront s’appuyer sur l’observation et l’anticipation des évolutions de la société de nature à influer directement sur l’attractivité du recrutement des officiers, leur formation, leur gestion et leur fidélisation. Ils évalueront les résultats et impacts des mesures de RH menées à leur égard dans une approche interarmées, en coordination avec la gendarmerie afin d’être en capacité, en tant que de besoin, d’adapter voire de réinventer la politique RH des forces armées, en particulier à l’égard des officiers. À titre d’illustration de l’impact des mesures RH qui pourrait donner lieu à une évaluation, le HCECM considère que le célibat géographique mériterait un suivi particulier au regard de la singularité de l’exercice du métier des armes et de l’impact que ce célibat peut avoir sur le militaire, en particulier l’officier, et le bon accomplissement de sa mission.

Recommandation 2
Le Haut Comité réitère la recommandation qu’il a faite en 2015 de répondre à un besoin de pilotage global de la fonction militaire par une démarche codirigée par le chef d’état-major des armées (CEMA) et le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), en lien notamment avec le délégué général pour l’armement (DGA), sous l’autorité des deux ministres. Ce pilotage pourrait se matérialiser par des rencontres régulières d’échanges sur différents aspects de la politique RH et de la condition militaire. 

Recommandation 3
Le Haut Comité recommande de développer différentes actions en vue de faire connaître le métier d’officier et de le valoriser auprès de l’ensemble de nos concitoyens et en particulier auprès des jeunes par des moyens très divers et adaptés à chaque catégorie de public. Dans un but plus direct et immédiat d’accroître les candidatures aux emplois d’officier, ces actions pourraient être complétées de campagnes de recrutement ciblées sur les officiers, en recourant notamment aux voies d’information utilisées par les jeunes générations, en rendant visibles leurs fonctions au sein des forces armées, en valorisant leur rôle et en mettant en avant la diversité des emplois et des parcours de carrière, en particulier pour les métiers en forte tension.

Recommandation 4
Le Haut Comité recommande de poursuivre l’adaptation de la politique de rémunération des militaires en la faisant porter sur sa partie indiciaire en veillant à : – assurer une cohérence de la politique indiciaire entre toutes les catégories de militaires pour préserver l’escalier social ; – revaloriser le positionnement indiciaire des officiers au regard de la nouvelle grille indiciaire des administrateurs de l’État et des limites de la compensation purement indemnitaire des conséquences de la mobilité géographique, notamment sur l’emploi du conjoint et le niveau de vie des ménages ; – respecter les équilibres indispensables à l’unité de la condition militaire et la nécessaire cohérence entre la politique de rémunération de la gendarmerie et celle des armées. Dans le prolongement de l’annonce du ministre des armées, le Haut Comité recommande que ce chantier soit mené sans délai, dans le cadre d’un travail commun mené sous l’autorité conjointe du ministre des armées et du ministre de l’intérieur, au risque de voir se dégrader davantage l’attractivité au recrutement et la fidélisation des officiers, ce qui pourrait durablement affecter le fonctionnement et l’efficacité des forces armées. Les retards, par le passé, des transpositions des mesures de portée générale affectant la rémunération des fonctionnaires civils de l’État à la fonction militaire avaient accru le ressentiment des militaires dont le Haut Comité s’était inquiété à de nombreuses reprises. Ce type de situation est désastreux sur leur perception de la considération que la Nation leur porte. Une fois les grilles indiciaires de l’ensemble des militaires rebâties, en cas de séquençage dans le temps et par catégorie de leur mise en œuvre, le Haut Comité insiste sur l’importance que cette mise en œuvre commence par les officiers pour redonner sans délai du sens à l’escalier social. Il recommande en outre de prévoir un rendez-vous annuel de bilan des grilles indiciaires en place au sein des forces armées.

Recommandation 5
Le Haut Comité recommande d’intégrer l’indemnité d’état militaire (IEM) dans le calcul de la pension militaire de retraite, dans la mesure où elle compense les sujétions inhérentes au statut militaire.

Recommandation 6
Le Haut Comité recommande, à l’article 4 du décret n° 2019-1594 du 31 décembre 2019 relatif aux emplois de direction de l’État ainsi que dans tous textes relatifs à l’accès des officiers à des emplois supérieurs de l’État, de substituer à la condition de grade édictée pour qu’un officier puisse postuler à un de ces emplois la condition d’avoir exercé des responsabilités d’un niveau comparable à celles dévolues aux fonctionnaires qui ont vocation à les occuper, analogue à celle permettant à un non fonctionnaire d’accéder aux mêmes emplois.

Recommandation 7
Le Haut Comité recommande d’étudier, promouvoir et mettre en place des formes de reconnaissance qui s’inspirent de pratiques étrangères. Ces manifestations de reconnaissance, qui ne sont pas habituelles dans la culture française, devraient émaner en premier lieu de l’État et des personnes publiques : le droit d’inscription prioritaire dans les établissements scolaires des enfants de militaires connaissant une mobilité géographique en est un exemple. Elles peuvent aussi venir de professionnels et ne pas seulement relever d’initiatives étatiques. Ainsi des professionnels de santé, tels des médecins ou dentistes qui refusent d’augmenter leur patientèle, pourraient déroger à cette position de principe au profit de militaires mutés. Le bénéfice de ces mesures pourrait difficilement être limité aux officiers mais elles leur seraient particulièrement bénéfiques, à la fois parce qu’elles répondent à une attente de leur part et parce que ce sont, parmi les militaires, ceux qui connaissent le plus de mutations dans leur carrière. Ces formes de reconnaissance « externes » viendraient compléter et non se substituer à celles, de moins en moins nombreuses, que les forces armées accordent à leurs officiers.

Recommandation 8
Au regard des critiques répétées formulées sur les défaillances de l’organisation du soutien, sur le manque de moyens matériels et techniques et sur la lourdeur des tâches administratives qui pèsent sur les officiers, et des effets négatifs que cette situation provoque sur la fidélisation des officiers et sur le recrutement interne, le Haut Comité alerte sur cette situation qui démotive les officiers. Il invite à une mise en œuvre rapide des mesures récemment annoncées pour améliorer l’efficacité des soutiens, accroître les moyens et simplifier les procédures. Il recommande également d’évaluer sans délai les effets de ces mesures pour s’assurer qu’elles apportent les améliorations qui en sont attendues

Recommandation 9
Le Haut Comité recommande de multiplier les instruments de flexibilité dans la gestion des militaires de carrière et en particulier des officiers, sans s’en tenir au seul mécanisme de la promotion fonctionnelle qui a fait ses preuves et de diversifier les types de parcours, dans le cadre d’un dialogue de gestion toujours plus à l’écoute. Il préconise d’introduire la possibilité pour les gestionnaires d’expérimenter au sein des forces armées de nouveaux dispositifs et de les évaluer pour s’assurer qu’ils apportent les améliorations qui en sont attendues sans porter atteinte aux sujétions liées à l’état militaire avant d’envisager de les généraliser.

Recommandation10
Le Haut Comité recommande de prévoir l’obligation de recevoir tout officier qui quitte les forces armées avant la fin de son contrat ou avant d’avoir atteint la limite d’âge de son grade pour connaître et analyser les raisons de son départ. Cet entretien doit être organisé et conduit au niveau approprié pour faciliter l’expression de ces raisons et garantir la pleine exploitation de l’ensemble des données ainsi recueillies afin que les forces armées puissent en tirer les conséquences.

Recommandation 11
Le Haut Comité recommande, pour développer la connaissance du monde militaire au sein de l’administration et y faciliter l’emploi des officiers : – de modifier le décret n° 94-874 du 7 octobre 1994 fixant les dispositions communes applicables aux stagiaires de l’État et de ses établissements publics, le cas échéant celles du décret n° 2023-30 du 25 janvier 2023 relatif aux conditions d’accès et aux formations à l’Institut national du service public (INSP), pour permettre à un stagiaire de l’État et en particulier à un élève de l’INSP d’accomplir, avant sa titularisation, un temps militaire ; – d’inscrire dans la durée la sensibilisation des élèves de l’INSP aux questions de défense et au monde militaire ; – qu’un poste de chargé de mission, confié à un officier supérieur ou général, soit créé auprès du délégué interministériel à l’encadrement supérieur de l’État (DIESE) afin, notamment, de pourvoir en officiers le vivier des cadres dirigeants de l’État et de proposer des officiers figurant dans ce vivier pour occuper, à leur vacance, des emplois supérieurs de l’État.

Recommandation 12
Constatant les fortes contraintes encadrant la constitution du haut encadrement militaire, qui limite le temps d’emploi des officiers généraux, le Haut Comité recommande l’engagement de travaux pour fluidifier la gestion de ce vivier essentiel aux forces armées et pour examiner la pertinence du modèle actuel. Ces réflexions pourraient notamment porter sur : – le nombre d’officiers généraux nécessaires pour disposer d’un vivier suffisant ; – l’âge de l’accès au généralat et l’éventualité de son abaissement, à 45 ans par exemple ; – le développement d’une forme de contractualisation de fin de carrière avec une part croissante de promotions fonctionnelles dans les nominations des officiers généraux en rendant possible la poursuite d’un parcours de carrière jusqu’à la limite d’âge par le recours à plusieurs périodes successives.

Recommandation 13
Le HCECM recommande de valoriser la richesse des expériences acquises par les officiers supérieurs et généraux, y compris ceux atteints par la limite d’âge, à travers : – la poursuite de leur carrière dans l’encadrement supérieur de l’État ; – l’accès d’officiers généraux à des emplois pourvus en Conseil des ministres.

Recommandation 14
Le Haut Comité recommande aux forces armées de maintenir un lien formel avec les officiers ayant quitté l’institution qui le souhaitent par l’organisation et l’animation d’un réseau national, voire territorial, structuré.

HCECM : rapport sur la condition militaire des officiers (juillet 2023)

HCECM : rapport sur la condition militaire des officiers (juillet 2023)


En 2021, on dénombrait près de 41 000 officiers dont environ 34 000 servant au sein du ministère des Armées et près de 6 500 au sein du ministère de l’Intérieur, représentant 13% des effectifs des forces armées, à comparer aux 56% de sous-officiers qui en constitue la colonne vertébrale.

En 2021, on distinguait :

  • 692 officiers généraux en première section, dont 145 au sein de la gendarmerie nationale ;
  • 18 026 officiers supérieurs, dont 2 539 au sein de la gendarmerie nationale ;
  • 21 638 officiers subalternes, dont 3 899 au sein de la gendarmerie nationale.

Parmi eux, plus de 5 900 officiers servent dans des organismes interarmées en et hors métropole et 962 officiers en organisations internationales ou dans des postes permanents à l’étranger relevant de la direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des armées ou de la direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) du ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE).

En 2023, 138 officiers de la gendarmerie nationale sont également affectés à l’étranger. L’emploi des officiers au sein des forces est majoritaire. 72% des officiers du ministère des armées servent en états-majors des forces ou en unités opérationnelles et 17% en administration centrale ou dans les états-majors centraux, même si plus d’un quart des officiers servent en Île-de-France.

L’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan fait le plein

L’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan fait le plein

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 13 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


C’est aussi la rentrée à Coëtquidan pour les élèves des trois écoles de l’Académie (photo AMSCC). Une rentrée pour plus de 700 élèves. Voici le détail par école. 

L’école spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM):

201 élèves dont 169 sont issus du concours d’entrée à l’ESM, 29 officiers sur titre et 3 élèves qui suivent leur scolarité en Allemagne. S’ajoutent à ce groupe de 201: 20 élèves étrangers et 14 commissaires.

A noter que:
– 20 élèves sont externalisés dans d’autres établissements comme l’ESSEC
– 30 cadets étrangers sont à Coëtquidan pour des séjours de 2 à 6 mois
– 12 étudiants en double diplôme sont présents sans être considérés comme des Cyrards.

L’école militaire interarmes (EMIA):

115 élèves: 85 sur concours, 15 sur titre, 15 issus de la filière CTA (corps technique et administratif).
S’ajoutent 10 élèves étrangers.

L’école militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC):

207 élèves au total: 154 OSC-E (officiers sous contrat Encadrement), 37 élèves pilotes (ALAT), 6 du SEO (service de l’énergie opérationnelle) et (nouveauté) 10 élèves officiers internationaux.
Les OSC spécialistes (3 mois de formation initiale avant leur départ en unité) ne sont pas oubliés: en cette fin d’année, environ 150 seront formés (60 en octobre et 90 en décembre). Deux promos arriveront au début de 2024: une janvier et l’autre en mars.

La transformation de l’armée de Terre enclenchée mais à préciser, décliner et mettre en œuvre

La transformation de l’armée de Terre enclenchée mais à préciser, décliner et mettre en œuvre

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 11 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/09/09/la-transformation-de-l-armee-de-terre-enclanchee-24095.html


L’ordre à l’armée de Terre du 20 juillet, signé par le général d’armée Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre, constitue le point de départ de la fameuse transformation de l’armée de Terre.

Cette transformation, pilotée par commandement du combat futur (CCF, ex-CDEC); se fonde sur la modernisation des équipements, la refonte de l’organisation (simplification) et l’adaptation du fonctionnement (avec un nouveau style de commandement axé sur une plus grande autonomie des échelons tactiques et la subsidiarité).

Cette transformation a une finalité opérationnelle. En termes de tempo, voici les étapes de  l’ambition affichée:

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C’est sur la période 2024-2027 que la réussite de l’effort entrepris va être impératif. Cette réussite passe, entre autres mais inévitablement, sur « la préservation de l’attractivité et l’amélioration de la fidélisation ». En clair, il faut recruter et garder les militaires dont la formation va s’avérer plus exigeante et plus coûteuse. Dans ce domaine, on attend la directive de préservation des effectifs à paraître sous timbre EMAT ;

Plus précisément, comme l’a annoncé le CEMA (c’est moi qui souligne), « les principaux mouvements du C2 devront débuter :
• dès le plan annuel de mutation 2024 imposant de facto une description précise dans les travaux REO A+1 qui seront finalisés début octobre 2023 ;
sur la deuxième partie de LPM pour la manœuvre de stationnement associée dont le tempo impose de disposer d’expressions de besoins consolidées, en lien avec les organismes interarmées et ministériels, pour le comité exécutif ministériel infrastructure de décembre 2023.« 

C’est donc sur le C2 (commandement et contrôle) que va porter l’effort initial, avec des mouvements liés à la transformation.  L’armée de Terre assure que « la transformation modifiera marginalement le plan de stationnement de l’armée de Terre, sans abandon de garnisons, et en s’appuyant majoritairement sur les infrastructures existantes ». 

Par exemple, dans l’ouest, les mouvements (créations et changements de subordination) suivants sont attendus:
1) le ComCyber de Cesson-Sévigné (35) changera de nom avant le 1er août 2024 pour devenir le CTNC (commandement Terre du numérique et du cyber)
– sera créé, à Cesson-Sévigné et aussi le 1er août 2024, le BANC ( brigade d’appui numérique et cyber
– un bataillon cyber sera stationné à Cesson-Sévigné (date de création à préciser) 
– la 808e compagnie de transmissions sera créée en 2025 à Saint-Jacques de la Lande (35) pour être opérationnelle en 2028. Cette unité occupera les locaux de la 807e CT et ceux de la 785e CGE qui quittera la région rennaise pour Strasbourg au plus tôt à compter de 2027.
Dans ce domaine, on attend la feuille de route « ambition Cyber » à paraître sous timbre EMAT ;

2) A Angers va s’installer l’état-major de la future brigade du génie dont la création est prévue le 1er août 2024 autour d’un noyau clef. Voir mon post du 25 juillet. 
Cette unité va intégrer le 132e RIC et le 19e RG de la 1re division, le 31e RG et le 2e RD de la 3e division, le 25e RGA et le 28e GG du COMRENS.

3) Le 5e RIAOM de Djibouti rejoindra la 9e BIMa en janvier 2024.

De 8 à 10: deux (petits) jours de plus d’absence autorisée pour les réservistes opérationnels

De 8 à 10: deux (petits) jours de plus d’absence autorisée pour les réservistes opérationnels

 

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 6 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


La « loi n° 2023-703 du 1er août 2023 relative à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030 et portant diverses dispositions intéressant la défense » a été publiée au JO le 2 août.

Elle est à consulter ici.

Cette loi confirme une petite avancée pour les réservistes opérationnels (des armées et de la police nationale) avec le passage à 10 jours d’autorisation d’absence contre 8 précédemment:
« « Art. L. 3142-89.-Lorsqu’il n’est pas fait application de l’article L. 2171-1, du second alinéa de l’article L. 4221-5 et des articles L. 4231-4 et L. 4231-5 du code de la défense, le réserviste salarié a droit à une autorisation d’absence annuelle d’une durée minimale de dix jours ouvrés par année civile au titre de ses activités d’emploi ou de formation dans la réserve opérationnelle militaire ou la réserve opérationnelle de la police nationale.« 

Comme l’explique un de mes confrères d’Ouest-France, lui-même réserviste, « c’est une demande de longue date car les réservistes de la RO1 (réserve ops de 1er niveau), pour être notés et suivis, doivent au moins effectuer 24 (ou 27?) jours d’activités militaires par an. Or jusqu’ici, l’autorisation d’absence de l’entreprise n’était que de 5 jours (PME/TPE) ou 8 jours (+ 250 salariés). En passant cette autorisation à 10 jours, le législateur fait un pas pour « faciliter » la disponibilité des réservistes, même si l’on peut estimer que c’est un tout petit pas.

Toutefois, la loi précise que « pour les entreprises de moins de cinquante salariés, l’employeur peut décider, afin de conserver le bon fonctionnement de l’entreprise, de limiter l’autorisation d’absence annuelle au titre de la réserve opérationnelle militaire ou de la réserve opérationnelle de la police nationale à cinq jours ouvrés par année civile.« 

Et mon camarade de poursuivre: « Cela signifie que le réserviste en unité opérationnelle, s’il veut servir, doit continuer à mettre 14 à 17 jours minimum de ses congés ou repos au profit de l’armée. C’est un des freins au recrutement dans la réserve car les jeunes salariés en entreprise, surtout lorsqu’ils sont dans l’encadrement, peuvent difficilement effectuer de longues périodes au delà d’une semaine, à moins de demander des congés sans solde, ou d’utiliser des congés épargne temps. Une difficulté que ne connaissent pas les ex-militaires d’active qui du coup réembauchent dans la réserve sans limitation de temps. »

Précisions: « Art. L. 4221-2.-Nul ne peut appartenir à la réserve opérationnelle au-delà de soixante-douze ans. »