Le Service de santé des Armées poursuit ses travaux sur l’acclimatation des soldats avec l’étude PENTHERE

Le Service de santé des Armées poursuit ses travaux sur l’acclimatation des soldats avec l’étude PENTHERE

https://www.opex360.com/2023/07/20/le-service-de-sante-des-armees-poursuit-ses-travaux-sur-lacclimatation-des-soldats-avec-letude-penthere/


 

Un autre moyen permettant d’augmenter les performances d’un combattant passe par le développement de nouveaux équipements, à l’image de l’exosquelette, qui permet de manipuler des charges lourdes avec un minimum d’effort [et donc de fatigue]. Mais cela n’empêche nullement de mieux préparer les militaires aux conditions qu’ils rencontreront sur un théâtre d’opérations. Et c’est d’ailleurs cette approche que privilégie le ministère des Armées.

En effet, l’Institut de recherche biomédicale des Armées [IRBA] a récemment mené l’étude PEACE [pour « physiologie de l’exercice et des activités en conditions extrêmes »] afin de voir comment il serait possible d’améliorer l’acclimatation des soldats aux fortes chaleurs ainsi qu’aux basses températures.

Celle-ci a notamment consisté à suivre, pendant deux semaines, des militaires récemment affectés aux Émirats arabes unis. Les tests physiques auxquels ils ont été soumis a ainsi permis de collecter des données physiologiques [fréquence cardiaque, température, pertes sudorales, composition de la sueur, etc.]. Et l’IRBA en a déduit que la capacité d’acclimatation varie d’un individu à l’autre.

D’abord, il est apparu que ceux qui avaient déjà effectué une mission de longue durée dans un pays chaud s’acclimataient beaucoup plus rapidement que les autres. D’où l’hypothèse d’une « trace biologique laissée par une première exposition à la chaleur, responsable d’une ‘mémoire’ cellulaire réactivée lors de la réexposition », avait alors résumé Actu Santé, le magazine du Service de santé des Armées [SSA].

Plus généralement, l’étude PEACE a permis de déterminer [ou de confirmer] qu’il existait une « variabilité individuelle importante de la tolérance à la chaleur, avec des sujets présentant d’emblée une bonne tolérance à la contrainte thermique et d’autres ayant une altération marquée de leurs capacités ». Et pour identifier ceux qui s’acclimatent le plus vite aux fortes températures, l’IRBA a évoqué l’idée de faire passer un « test de terrain à la chaleur » pour mesurer « la réponse physiologique » ainsi que « la fréquence cardiaque ».

Depuis, et afin d’affiner ses travaux, l’institut de recherche du SSA a lancé l’étude PENTHERE [pour Performance ENdurance THErmorégulation Récupération], dont l’objectif est « d’apporter une meilleure connaissance scientifique sur la tolérance des militaires à la chaleur en cas d’activités physiques prolongées dans des zones soumises à des contraintes environnementales ».

« Régulièrement projetés en opérations extérieures dans des régions au climat chaud et plus ou moins humide, les militaires sont soumis à diverses contraintes environnementales et physiques qui ne sont pas sans impact sur leur organisme. Ces altérations de la thermorégulation peuvent avoir des conséquences sur leur état de santé et, in fine, sur la réalisation de leur mission », explique le ministère des Armées.

 

Dans le cadre de l’étude PENTHERE, une expérience a été menée au Centre national des sports de la défense [CNSD], à Fontainebleau, ce 20 juillet. Ainsi, 11 volontaires [militaires et civils] ont pris part à une épreuve d’ultra-endurance qui aura duré six heures [alors que le thermomètre indiquait 26°c pour l’Île-de-France, ndlr]. Leurs données physiologiques ont été collectés par le Laboratoire modulaire mobile et de recherche des Armées [L2MRA] qui, de création récente, permet d’effectuer des prélèvements et de conditionner les échantillons sur le terrain.

Cela étant, d’autres études sur l’acclimatation des soldats ont été récemment menées. L’un d’elles a ainsi porté sur l’alimentation, les envies alimentaires [de même que les besoins] n’étant effectivement pas les mêmes selon que l’on se trouve dans un climat tempéré, froid ou chaud.

« Allons médecins de la patrie… Ce que la médecine civile doit à la médecine militaire » d’Elisabeth Segard : nos vies – leur combat

« Allons médecins de la patrie… Ce que la médecine civile doit à la médecine militaire » d’Elisabeth Segard : nos vies – leur combat

Le livre « Allons médecins de la patrie… Ce que la médecine civile doit à la médecine militaire » d’Elisabeth Segard est publié aux éditions du Rocher.

« Allons médecins de la patrie… Ce que la médecine civile doit à la médecine militaire » d’Elisabeth Segard : nos vies – leur combat

 

avec Bertrand Devevey pour Culture-Tops – atlantico.fr – publié le 8 juillet 2023

https://atlantico.fr/article/decryptage/allons-medecins-de-la-patrie-ce-que-la-medecine-civile-doit-a-la-medecine-militaire-d-elisabeth-segard-nos-vies-leur-combat


« Allons médecins de la patrie… Ce que la médecine civile doit à la médecine militaire » 

De Elisabeth Segard

Edition du Rocher

 

THÈME

Les blessures aux combats, sans doute parce qu’elles impliquaient simultanément de nombreuses victimes, ont conduit les belligérants à se préoccuper de leurs blessés – qu’il s’agisse de préoccupations purement humanistes ou qu’il s’agisse prosaïquement de les remettre au combat… au plus vite ! 

C’est sans doute à Ambroise Paré, qui n’était pas militaire mais médecin au service des princes, que l’on doit les premiers principes de la médecine réparatrice de guerre, appliquée à la chirurgie des membres, aux premières tentatives de maîtrise des hémorragies, et des sutures en tous genres. 

Elisabeth Segard, journaliste de son état, a parcouru les archives militaires, des institutions médicales de l’armée, et rencontré de nombreux médecins généraux et chefs de service pour composer cet essai qui raconte l’essaimage de la médecine traumatologique de guerre vers les applications civiles, de plus en plus nombreuses au cours de ces dernières décennies.

Sur le champ de bataille, d’abord, sauver ! C’est recoudre, amputer, lutter contre les infections, contre le temps du rapatriement à l’arrière. Il est question de chirurgie bien sûr, d’anesthésies, d’asepsie, de brancardage, d’ambulances, de postes de soins avancés. Mais il s’agit aussi, dans les pays conquis, de lutter contre les maladies infectieuses, d’inventer les vaccins, de leur trouver des formes galéniques adaptées aux territoires, aux températures, à la conservation dans des conditions « extrêmes ». Il s’agit encore d’inventer des médicaments ou des dispositifs médicaux, des formes d’interventions innovantes – l’hélicoptère et l’ambulance pour le secours des blessés, qui deviendront des outils courants de la sécurité civile, recherches pour lutter contre les nouveaux périls, chimiques, bactériologiques, radioactifs, ou encore les carences en tous genres comme en connaissaient les équipages de bateaux. 

Bref, toutes ces inventions des services de santé des armées, sous contraintes du terrain d’affrontement, de confinements, d’expéditions en milieux hostiles pour préserver des vies, leur essaimage dans la médecine hospitalière et de ville sont l’objet de cet essai.

POINTS FORTS

Le point fort de cet essai est tout simple : nous expliquer comment la science militaire et son corollaire de combats, ont très « généreusement » contribué à la médecine moderne. L’ouvrage est didactique et thématique, qui part des traumas les plus évidents – ceux suscités par les armes blanches et à feu, vers des développements plus complexes – les enseignements de la guerre de 14-18, dont l’extraordinaire audace de la chirurgie réparatrice de la face et de l’orthodontie (au profit des « gueules cassées »), la résistance aux gaz toxiques, la prise en compte des traumatismes psychologiques, la résolution des problèmes spécifiques de santé publique liés aux territoires, la mise en œuvre des premiers cahiers des charges agro alimentaires, sans oublier le rôle des pharmaciens (dont le fameux Parmentier), des médecins embarqués à bord des navires, des technologies modernes, notamment appliquées à la médecine d’urgence – expérimentée – on s’en doute- sur les terrains de combats. 

Cet ouvrage est enrichi d’un petit cahier d’illustrations en couleur, d’une présentation du service de santé des armées dans son organisation actuelle, des sources documentaires, et de remerciements, qu’il est toujours intéressant de parcourir afin de mesurer la profondeur du travail d’enquête.

QUELQUES RÉSERVES

Il va être question dans ces pages de quelques termes techniques, pharmacologiques et médicaux – mais ils sont peu nombreux à être d’un niveau expert. Il est aussi question de tous ces précurseurs, inventeurs, chercheurs, médecins, pharmaciens qui se sont illustrés au front, à l’arrière et dans les labos. Pas sûr qu’on puisse tous les retenir. Mais il est aussi intéressant de voir que quelques grands noms de la médecine sont pour tout ou partie de leur carrière, des militaires de formation.

Et une (probable) délicieuse petite coquille en page 184, qui écrit qu’un médecin est soupçonné d’avoir assaisonné à la digitaline son ancienne maîtresse. Il est donc -probable que le terme exact soit « assassiné », voire empoisonné !!

ENCORE UN MOT…

Le saviez-vous ? Notre santé doit beaucoup à la médecine militaire. Allons médecins de la patrie est un titre clin d’œil fort bien vu car les découvertes et pratiques validées souvent sous la contrainte des combats, ont eu un véritable retentissement pour l’ensemble de la population, française, mais aussi mondiale. Cela est moins connu du grand public que l’essaimage des technologies de défense dans les équipements et infrastructures civiles, la lecture de cet essai explique clairement que la médecine militaire a véritablement ensemencé la médecine civile et accéléré, bien souvent, le passage de techniques réservées aux combattants vers l’ensemble de la population. Toute la médecine d’urgence, qui nous est familière, en est un parfait exemple. Cet essai, qui flirte naturellement avec les grands faits d’arme de l’histoire de France et de ses « colonies », vous fera découvrir au fil de ses pages, à l’image de la création de l’Hôtel des Invalides à Paris ordonné par Louis XIV, que la médecine militaire française est à l’origine de nombreuses « premières mondiales ». « Votre vie, notre combat », adaptée à l’exergue de cette chronique, est la devise du Service de Santé des Armées.

UNE PHRASE

[A propos de Valérie André, médecin militaire, pilote d’avion devenue pilote d’hélicoptère, première femme à devenir Officier Général et femme la plus décorée de France]

« Quand deux pilotes effectuent une démonstration de leur hélicoptère au-dessus de la cathédrale de Saigon, Valérie André est fascinée : des appareils qui décollent à la verticale ! Qui peuvent se poser dans un mouchoir de poche ! Ces deux appareils viennent d’être acquis par le Service de santé des armées et sont destinés aux évacuations sanitaires. La jeune médecin explique à son supérieur, le général Robert, qu’elle doit absolument apprendre à piloter pour évacuer les blessés perdus dans des zones inaccessibles en voiture ou en avion ». P 162

« La médecine d’urgence préhospitalière se concrétise à la fin des années 1960, au sein de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris ; jusque- là, c’étaient les équipes de police-secours qui amenaient les blessés à l’hôpital. La brigade des sapeurs-pompiers de Marseille ayant la particularité d’être des corps de militaires, leurs médecins-chefs sont passés par différents régiments et ont exercé sur le champ de bataille. Ils en tireront l’expérience qui mènera à la naissance de la médecine d’urgence et de la médecine de catastrophe. » P 164

L’AUTEUR

Elisabeth Segard est journaliste pour le quotidien La Nouvelle République du Centre, et romancière. Son roman Si fragiles et si forts a été lauréat du prix Srias Centre Val de Loire 2021. Elle a écrit plusieurs romans, qui ont notamment pour cadre le centre de la France (Mouy sur Loire – qui n’existe pas vraiment !), sa région de prédilection.

Qui produira la version sanitaire du VLTP NP ?

Qui produira la version sanitaire du VLTP NP ?

– Forces opérations Blog – publié le

Ambitieux mais peu médiatisé, le renouvellement des matériels alloués au soutien médical des armées est lui aussi en cours. Dernier exemple en date avec le lancement d’un appel à candidatures pour la fourniture de véhicules légers tactiques polyvalents non protégés en version sanitaire (VLTP NP SAN).

Selon le dernier numéro d’Actu Santé, le magazine du Service de santé des armées (SSA), ce véhicule sera « dédié au soutien de la mise en condition opérationnelle des unités et aux forces de présence et de souveraineté ». Il devrait succéder au Land Rover SAN du SSA, ainsi qu’aux 80 Mercedes Sprinter acquis par l’armée de Terre en attendant le VLTP NP SAN.

À l’instar du VLTP NP commandement-liaison, la version sanitaire découlera de l’adaptation d’une base existante, aménagée par l’ajout d’un module médicalisé. Ce véhicule tout-terrain de masse inférieure à 3,5 tonnes permettra d’assurer le transport, les premiers soins et la surveillance d’un patient.

Le ministère des Armées avait fixé la cible à 103 exemplaires, avec l’activation d’une première tranche de 50 véhicules en 2022. Non seulement l’appel à candidatures confirme l’acquisition d’ « une centaine de véhicules sur une période estimée à trois ans », mais il annonce aussi la commande éventuelle d’environ 150 unités supplémentaires. L’industriel retenu fournira également des compléments de développement ainsi que le MCO durant la durée de vie du véhicule, estimée à 15 ans.

Côté candidats, difficile de ne pas penser à Arquus, détenteur d’une première expérience avec le Sherpa Ambulance et titulaire du marché VLTP NP commandement-liaison. Décroché en 2016, ce contrat comprend la livraison et le soutien de 4380 véhicules en remplacement de la Peugeot P4. Rien ne dit que cette base sera à nouveau retenue pour une version SAN et, de source industrielle, il est d’ailleurs encore trop tôt pour évoquer une offre précise.

Pour le SSA, ce programme n’est qu’un chantier parmi d’autres d’un plan de modernisation à horizon 2030. Le VAB SAN devrait ainsi être retiré du service en 2029, date à partir de laquelle les évacuations médicales de l’avant seront menées par des versions santé du Griffon et de son petit frère, le Serval.

Scorpion prévoit ainsi la livraison de 196 Griffon SAN pour les équipes paramédicales mobiles (EPM) et escouades d’évacuation sanitaire (EES) à compter de l’an prochain et jusqu’en 2032. Les équipes médicales mobiles seront quant à elles dotées de 135 Serval SAN entre 2023 et 2030.

Une étude américaine montre que la neuro-stimulation électrique pourrait améliorer la vigilance des soldats

Une étude américaine montre que la neuro-stimulation électrique pourrait améliorer la vigilance des soldats

 

http://www.opex360.com/2021/06/27/une-etude-americaine-montre-que-la-neuro-stimulation-electrique-pourrait-ameliorer-la-vigilance-des-soldats/


Covid-19 : un premier pôle militaire de vaccination ouvrira lundi prochain

Covid-19 : un premier pôle militaire de vaccination ouvrira lundi prochain


Un premier pôle militaire de vaccination (PMV) contre le Covid-19 ouvrira ses portes le 12 avril à Olivet (Loiret), dans le cadre de l’opération Résilience. Son bon fonctionnement sera assuré par le 12e régiment de cuirassiers (12e RC) de l’armée de Terre, basé à Olivet.

Hormis les sept HIA déjà mobilisés, « la ministre des Armées a également demandé aux Armées de se tenir prêtes à faire plus », rappelait hier son porte-parole, Hervé Grandjean, lors d’un point presse hebdomadaire. Cet effort supplémentaire, annoncé auparavant par la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, se manifestera la semaine prochaine avec l’ouverture d’un premier centre de vaccination géré par les militaires.

La ministre des Armées Florence Parly se rendra sur place ce lundi, pour une visite qui « confirme l’engagement du ministère des Armées aux côtés des Français pour lutter contre la pandémie ».

De 60 à 80 militaires du 12e RC y seront mobilisés pour l’accueil, le filtrage et l’accompagnement des personnes souhaitant se faire vacciner. Ils assureront également la gestion quotidienne et le soutien logistique du PMV. Le 12e RC avait été mis à contribution dès les premières semaines de la crise sanitaire, notamment pour la livraison de matériel sanitaire auprès de 80 EHPAD et établissements de santé.

Contrairement aux centres implantés dans les HIA, armés par environ 70 militaires du Service de santé des armées (SSA), les injections seront ici réalisées par du personnel soignant civil. Ce PMV sera, du moins dans un premier temps, ouvert cinq jours sur sept.

« À terme, ce pôle militaire de vaccination sera en mesure de vacciner jusqu’à 1000 personnes par jour », précisait à son tour le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Barbry.

« Nous pourrions évidemment aller au-delà. Les planifications sont en cours, nous discutons avec les Agences régionales de santé, avec les préfectures », ajoutait le porte-parole du ministère des Armées.

Et, de fait, d’autres options sont déjà sur la table. Selon France 3, au moins un autre centre de ce type devrait ouvrira dans les prochaines semaines, cette fois au Zénith de Dijon. L’accueil ainsi que la gestion logistique et administrative seront cette fois confiés au 511e régiment du train d’Auxonne (Côte-d’Or).

Militaires et pompiers impliqués dans les futurs vaccinodromes, selon Olivier Véran

Militaires et pompiers impliqués dans les futurs vaccinodromes, selon Olivier Véran

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 22 mars 2021

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/03/22/militaires-et-pompiers-impliques-dans-les-vaccinodromes-21987.html

 

L’armée et les pompiers vont déployer « au moins 35 » grands centres de vaccination contre le Covid-19, « pour pouvoir être capables d’utiliser » toutes les doses qui seront livrées à la France « à partir du mois d’avril », a indiqué ce lundi le ministre de la Santé.

« Le service de santé des armées va travailler à développer un certain nombre de grands centres de vaccination – on peut les appeler +vaccinodromes+ ou +mégacentres+, quel que soit le nom« , a déclaré Olivier Véran lors d’un déplacement à Epinay-sous-Sénart (Essonne).

Plus tôt ce lundi, Alain Fischer, président du conseil d’orientation sur la stratégie vaccinale avait annoncé que l’armée française va être « impliquée » dans la campagne vaccinale contre le COVID-19. « L’armée va être impliquée. Elle sait faire, elle a une logistique et elle participera de cette activité », avait-il dit sur BFMTV. « Plus il y a de corps professionnels et de compétences qui peuvent s’ajouter et vacciner, mieux c’est », avait-il précisé.

Les Armées déjà très actives

Il serait erroné de croire que les armées vont « s’impliquer » puisque leur action a démarré dès 2020 avec des évacuations de patients par voie aérienne et navale. Des unités spécialisées comme le 2e régiment de dragons ont par ailleurs réalisé des prestations de décontamination, alors que d’autres unités ont effectué des missions de sécurisation du transport et du stockage des masques et des matériels médicaux. On se souviendra aussi du très médiatisé Élément Militaire de Réanimation installé à Mulhouse.

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Pour 2021

Même chose, cette année. Les Armées contribuent à la lutte contre le virus. Elles ont ainsi transporté du matériel et des doses de vaccins vers l’outre-mer.

Dans le cadre de l’opération Résilience, les weekends des 6 et 7 mars puis des 13 et 14 mars, certains HIA (hôpitaux d’instruction des armées) ont mis en œuvre, sous très court préavis, des centres de vaccination dédiés. L’idée actuelle est de prolonger et intensifier ce type d’opérations sur l’ensemble des 8 HIA si, bien sûr, l’approvisionnement en vaccins suit.

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De son côté, le 2e RD est toujours à pied d’oeuvre. Arrivée le 16 février 2021, une équipe de désinfection du 2e régiment de dragons (RD), composée de 6 militaires, est, après une septaine de rigueur, à pied d’œuvre à Mayotte. Ils appuient les quelque 53 personnels du SSA et régiment médical qui y sont déployés. A noter que Le 15 février, le patrouilleur le Malin a acheminé 30 bouteilles de dioxygène et deux palettes de concentrateurs d’oxygène afin de renforcer les moyens médicaux.

Et dernière action en date:

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Covid-19: les armées européennes diversement mobilisées

Covid-19: les armées européennes diversement mobilisées

Le ministère des Armées est mobilisé aux côtés du ministère de la Solidarité et de la Santé dans le cadre des mesures adoptées par le gouvernement pour lutter contre la propagation du Coronavirus Covid-19. Crédits : O. Fabre / Armée de l’Air


par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 11 janvier 2021

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/

 

Florence Parly était l’invitée de « Questions Politiques » dimanche, sur France Inter en partenariat avec Le Monde (la vidéo de cette heure d’entretien est d’ailleurs à voir sur le site du Monde). Parmi les sujets abordés, la crise sanitaire.

Quel rôle jouent les armées dans cette nouvelle phase de la crise sanitaire, où le déploiement du vaccin apparaît comme la priorité ? Réponse de la ministre:  « L’armée contribue, conformément à ce qu’on lui demande : nous avons toujours été présents en réponse à ce qui nous était demandé. Nous avons répondu aux demandes du ministère de la Santé, d’abord pour acheminer ces gros frigos dans lesquels les vaccins sont stockés dans les outre-mers, et puis, nous avons acheminé vers la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie les vaccins« .

Effectivement, comme annoncé le 18 décembre, l’armée de l’Air et de l’Espace a assuré « le transport de congélateurs très basse température » nécessaires à la conservation des vaccins vers la Martinique et la Guadeloupe. A La Réunion, un super-congélateur indispensable à la conservation des vaccins anti-Covid, a été livré dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 décembre. Il est arrivé à bord d’un Hercules C-130J de l’escadron de transport 2/61 « Franche Comté » à la base aérienne 181, à Gillot.

Par ailleurs, mais la ministre ne l’a pas signalé, 30 000 doses vaccinales ont été livrées les 7 et 8 janvier à Tahiti et en Nouvelle-Calédonie.

En revanche, sur la possibilité d’une vaccination dans les hôpitaux militaires, Florence Parly a rappelé que ceux-ci « représentent moins de 1% du système de santé publique ». Elle a précisé en revanche que les Armées ont « inséré des officiers dans les différents groupes de travail qui s’occupent de la logistique des vaccins », pour accompagner l’accélération de la campagne.

Et la vaccination des militaires?

Florence Parly ne l’a pas abordée mais la vaccination des personnels du ministère des Armées n’est pas à l’ordre du jour. Elle se fera dans une phase ultérieure une fois que les populations prioritaires (soignants, personnes âgées etc) auront été traitées. Par ailleurs, aucune unité n’est prioritaire, même pas celles qui sont déployées en opex.

Ce choix n’est pas celui du DoD américain qui a lancé la vaccination de ses troupes (voir mon récent post ici). Dès le 9 décembre, le DoD avait précisé sa démarche (lire ici) et donné la liste des 20 premiers sites militaires de vaccination.

Par ailleurs, le ministère français reste plutôt discret sur les cas en son sein, ne diffusant pas de chiffres sur les cas positifs (à la différence du Pentagone, par exemple. Voir ci-dessous) et communiquant a minima sur les contaminations tant en opérations qu’en exercices.

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Et du côté des forces armées étrangères?
L’armée suisse n’est pas en reste en termes de médiatisation. Le 28 décembre, elle a organisé un point presse pour montrer que les forces armées helvétiques sont un maillon central de la campagne de vaccination contre le Covid-19, et qu’elles sont prêtes pour assurer le transport, le stockage (dans ses arsenaux souterrains) et la répartition des doses. Toutefois, elle se refuse à participer à l’administration du produit, ce qui n’est pas du goût de toute la classe politique qui estime que le service de santé pourrait être mis à contribution pour la vaccination.

En Italie, l’armée est réquisitionnée pour la protection et le transport des doses de vaccin. Selon le ministre de la Défense Lorenzo Guerini : « Toutes nos forces armées répondent présentes pour transporter les vaccins. Depuis le début elles sont prêtes et savent ce qu’elles ont à faire : du concret, peu de mots mais beaucoup d’engagement et de travail. »

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Au Royaume-Uni, quelque 5 000 soldats sont engagés dans la lutte contre le Coronavirus, effectuant selon le MoD (ministry of Defence) « 70 prestations différentes allant des test dans les écoles à la distribution de vaccins ». Parmi ces prestations figure aussi la mise en place de 21 équipes sanitaires de 6 militaires prêtes à être déployées sur le territoire anglais. Voir ici le communiqué du MoD du 4 janvier. 

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Le MoD publie, par ailleurs, régulièrement des chiffres sur le Covid en son sein (voir ici).


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En Allemagne, après une demande des autorités médicales en novembre, des casernes sont au nombre des centres de stockage des doses du vaccin. Depuis mars dernier, la Bundeswehr a engagé des personnels, d’abord 3 000 puis 6 000, alors que 15 000 soldats sont mobilisables.  

Crise sanitaire oblige, la Journée nationale des blessés de l’armée de Terre va se dérouler « autrement »

Crise sanitaire oblige, la Journée nationale des blessés de l’armée de Terre va se dérouler « autrement »

http://www.opex360.com/2020/06/23/crise-sanitaire-oblige-la-journee-nationale-des-blesses-de-larmee-de-terre-va-se-derouler-autrement/

Covid-19, surprise stratégique ?

Covid-19, surprise stratégique ?

Commission de la défense nationale et des forces armées


La crise du Covid-19 n’est pas finie et il faut faire preuve de beaucoup d’humilité, car cet ennemi invisible est difficile à cerner. Mon sentiment est que nous n’avons pas vécu de vraie surprise stratégique car une épidémie de grande ampleur était envisagée depuis longtemps. Pour autant, la force de la pandémie nous a collectivement déséquilibrés. À ce stade, j’estime que l’armée de Terre résiste bien et reste en mesure d’exécuter ses missions. Nous devons toutefois rester vigilants et bien apprendre de ces deux mois de crise.

Quelles sont tout d’abord les caractéristiques de cette crise ? J’en identifie deux principales. La première est que l’armée de Terre a dû composer avec deux impératifs apparemment contradictoires : protéger nos soldats contre le virus et continuer de préparer nos opérations. L’impératif le plus évident est de protéger nos soldats contre le virus et d’éviter que ces derniers participent à sa diffusion en interne, dans nos unités, et en externe, dans le reste de la population. Cette priorité que nous nous sommes fixés a été confirmée par la ministre des Armées. Pour autant, le télétravail n’a pas grand sens pour 80 % des militaires de l’armée de Terre. De même, d’un régiment à l’autre, nous devons également prendre en compte de multiples métiers et des configurations de casernes très différentes. Il a donc fallu inventer une nouvelle manière de travailler qui a changé le quotidien de toute l’armée de Terre. Grâce à l’autonomie laissée à nos formations, l’armée de Terre a su trouver des solutions adaptées pour protéger ses soldats. 

L’autre impératif, qui est aussi une priorité, est de préparer le mieux possible mes hommes à s’engager. Vos propos introductifs rappellent que nos opérations se poursuivent et qu’elles ne sont pas moins dangereuses. Or une contamination massive de l’armée de Terre ne permettrait plus de remplir nos missions. Ces deux impératifs qui sont moins contradictoires qu’il n’y paraît doivent donc être combinés. Protéger nos hommes et nos femmes du virus ne suffit pas car le Covid n’arrête pas nos ennemis. Vis-à-vis de la Nation, l’armée de Terre a le devoir d’être prête à s’engager en opérations. J’ai aussi un devoir vis-à-vis de mes hommes qui doivent être déployés avec toutes les chances de réussir leurs missions. Pour concilier ces deux exigences, il faut faire preuve de pédagogie, en interne et en externe, car certains se sont étonnés que nos soldats continuent de s’entraîner au lieu de rester confinés. Il s’agit bien de préparer nos soldats à l’exécution des missions que le Gouvernement nous confie. Et en voulant les protéger à court terme contre le risque du Covid, en stoppant tout entraînement, nous leur ferions prendre, ultérieurement, des risques plus grands en opérations. 

En outre, cette crise a exigé de la réactivité et de l’imagination. Cette réactivité de l’armée de Terre a d’abord consisté, le temps d’évaluer la situation, à « jeter un premier dispositif » permettant de faire face à toutes les options possibles. Avant même le lancement de l’opération Résilience, une mise en alerte a été déclenchée pour se préparer à d’éventuelles prochaines missions, tout en renforçant et en adaptant le fonctionnement pour protéger nos soldats. Il s’agissait de se tenir prêts à déployer sans délai les militaires et les moyens dont le pays avait besoin et d’adapter les activités de formation et de préparation opérationnelle indispensables à nos unités. Être capables de produire un engagement important en hommes et en matériels au profit de l’opération Résilience était bien notre objectif. Personne n’aurait compris que l’armée de Terre reste confinée et n’intervienne pas pour aider nos concitoyens et appuyer la résilience de l’État. 

Il a également fallu être imaginatif pour soutenir au mieux les Français et les services de l’État. Il n’existe aucun manuel pour qu’une section d’infanterie agisse en appui d’un hôpital. Nous avons donc engagé un dialogue étroit avec les acteurs locaux pour répondre à leurs attentes.

Des sections ont aussi été déployées pour monter des tentes à l’entrée de certains EHPAD pour permettre aux visiteurs de s’équiper avant de retrouver leurs aînés. Vous vous en doutez, cela ne s’improvise pas et nécessite un vrai dialogue entre civils et militaires.

Je voudrais maintenant vous faire une appréciation de situation sur l’engagement de l’armée de Terre et sur les conséquences de la crise sur notre armée.

Auparavant, je voudrais dire combien les soldats de l’armée de Terre sont admiratifs devant l’action du personnel de santé ; ils ont mesuré la force de leur engagement et l’ampleur des risques qu’ils prennent. C’est admirable et nous étions heureux de les aider et de les appuyer.

Dans cette crise, l’engagement de l’armée de Terre a été « multi-domaines », sur un très large spectre de missions. L’opération Résilience est beaucoup plus diverse que Sentinelle. En effet, l’armée de Terre s’est déployée depuis l’Assemblée nationale jusqu’à des hôpitaux de toutes petites villes, en passant par des entreprises et des centres d’action sociale. L’armée de Terre a ainsi montré qu’elle était un peu « l’armée des territoires », s’appuyant sur la densité de son maillage géographique.

Pour vous donner quelques exemples de la diversité des missions, nous avons appuyé les structures médicales et hospitalières par des unités d’active et des unités de réserve, en particulier à Paris. Vous avez cité le 2e régiment étranger de génie à l’hôpital de La Conception. Des militaires, spécialisés dans le secourisme, au 68e régiment d’artillerie d’Afrique ont aussi contribué, aux côtés du SAMU, à la régulation médicale à Bourg‑en‑Bresse. Nous avons également apporté un appui logistique auprès des services de l’État en transportant des malades, en distribuant des équipements sanitaires ou en sécurisant des sites sensibles. Tout le monde a vu les évacuations par hélicoptères, une cinquantaine de patients transportés au total. Il y a eu des actions moins visibles comme la distribution de plusieurs dizaines de millions de masques dans l’ensemble du pays. Le 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine a assuré la protection du site hospitalier de Toulouse. Le 92e régiment d’infanterie a assuré la protection de l’hôpital de Limoges et la sécurisation de la livraison de matériels. Mais au-delà des effets produits sur le terrain, la participation de l’armée de Terre à l’opération Résilience a permis la « réassurance » de certaines structures hospitalières, dont le personnel de santé a ressenti, au travers de l’aide des armées, l’appui de l’ensemble du pays. L’armée de Terre doit montrer l’exemple en appuyant psychologiquement la résilience de la nation.

Le 2e régiment de dragons, régiment d’appui NRBC a exécuté 250 opérations de désinfection, principalement d’administrations, et une dizaine d’équipes a été déployée outre‑mer. Son expertise n’aurait pas été maintenue à ce niveau si, dès février, son chef de corps n’avait pas pris l’initiative de constituer des stocks de produits de désinfection ! 

Une action moins visible a été l’appui aux structures de commandement et de gestion de crise. L’armée de Terre a déployé assez vite des officiers en scolarité à l’école de guerre ou affectés en état-major, en renfort des structures de l’État, comme au ministère des solidarités et de la santé ou dans les agences régionales de santé (ARS), avec lesquelles il a fallu dialoguer et avec lesquelles nous étions assez peu familiarisés. 

Je vous ai décrit l’engagement. J’identifie deux facteurs qui l’ont rendu possible : notre chaîne de commandement et le maillage territorial.

Si nos unités ont bien réagi, c’est d’abord lié à une chaîne de commandement, qui est solide, efficace et qui repose sur trois principes : la subsidiarité, le contrôle et l’appui aux subordonnés. Ce triptyque est fondamental pour construire une confiance qui ne se décrète pas mais se travaille en permanence. Dans l’incertitude, nos soldats se tournent vers leur chef et attendent des réponses à leurs interrogations. Dans cette crise, la chaîne de commandement a donc réussi à jouer ce rôle : donner du sens à la mission. C’est ce que nos hommes attendent des chefs : réduire et éclairer l’incertitude. 

L’efficacité de la réponse réside également dans notre maillage territorial qui rend possible le contact à tous les niveaux : il y a d’abord Paris au niveau central, il y a ensuite les officiers généraux de zone de défense et de sécurité en contact avec le préfet de zone de défense et de sécurité, il y a enfin les délégués militaires départementaux en contact avec les préfets de département et les chefs de corps avec les maires, les parlementaires, les conseillers régionaux et les chefs d’entreprise.

La dynamique de rayonnement local que nous construisons et que nous entretenons avec soin dans nos garnisons depuis des années, s’est muée, durant cette crise, avec l’aide des acteurs locaux, en dynamique opérationnelle.

Cette crise nous apprend aussi que nous gagnerions à diversifier le panel de nos contacts. Mais n’oublions pas que le rôle du préfet doit rester central, la connaissance interpersonnelle et la confiance mutuelle pouvant accélérer la réponse à la crise.

Je voudrais maintenant évoquer l’impact de la crise sur l’armée de Terre. L’armée de Terre reste en mesure d’exécuter les missions qui lui sont fixées. Pour autant, il ne faut être ni catastrophiste ni naïf mais deux mois de crise Covid avec beaucoup d’activités gelées ne peuvent pas être sans conséquence. Elles sont multiples. Dans le domaine des ressources humaines, l’interruption du recrutement, qui reprendra la semaine prochaine, entraîne un déficit potentiel de mille à deux mille jeunes engagés. Ce retard ne sera pas rattrapé en intégralité mais nous avons pris des mesures pour faciliter les engagements et permettre à ceux qui ne voudraient pas quitter l’armée de rester. 

S’agissant de la préparation opérationnelle, nous avons réduit des deux tiers nos activités d’entraînement interarmes et interrompu une bonne partie de nos formations pour nous concentrer sur les relèves et sur l’opération Résilience. Il y a donc un déficit de préparation opérationnelle que nous allons chercher à résorber.

Malgré un entraînement moins important que prévu, nous n’avons pas réduit le niveau d’engagement en OPEX. La prise de risque est maîtrisée pour la relève de juin et devrait être acceptable pour celle de fin d’année. Si le niveau de contrainte continue à être très fort l’an prochain et si le périmètre des opérations change – une nouvelle crise qui se déclare par exemple – la prise de risque sera plus forte et devra être finement évaluée. 

La situation du maintien en condition opérationnelle (MCO) apparaît comme satisfaisante à court terme. Les ateliers ont continué de travailler en utilisant les stocks de pièces dont nous disposons. Certains véhicules ayant moins roulé, nous avons donné la priorité technique à des véhicules engagés dans l’opération Résilience. La disponibilité technique opérationnelle (DTO) s’améliore, mais au prix d’un fort recours aux stocks. Si l’industrie de défense ne rouvre pas rapidement les flux, nous serons en difficulté, à moyen terme. Je suis donc très vigilant.

L’armée de Terre est prête à s’engager et à exécuter ses missions. Il y a toutefois des inquiétudes et des incertitudes bien normales. Les soldats se posent les mêmes questions que tous les Français, mais cela ne remet pas en cause l’engagement opérationnel. Nos soldats et leurs familles s’interrogent sur la sortie du confinement, la scolarisation, les vacances d’été et les mutations, etc.

J’en viens maintenant aux enseignements. Le premier, c’est qu’un modèle d’armée complet n’est pas une assurance inutile. Il y a six mois, certains auraient peut-être jugé le 2e régiment de dragons, qui aligne 800 à 900 hommes, un peu trop coûteux. Mais ce n’est pas au moment du déclenchement d’une crise que l’on peut acquérir une telle expertise, rassembler des hommes et des matériels, etc.

Deuxième enseignement : la résilience n’est pas un luxe même si elle ne fait pas toujours bon ménage avec l’efficience. Et l’autonomie stratégique est bien évidemment une composante de cette résilience. Nous devons donc identifier nos équipements les plus stratégiques dont il faudra sécuriser toute la chaîne de valeur. En cas de guerre ou même de crise, nos ennemis feront tout pour nous empêcher de compléter nos stocks de munitions et de pièces de rechange. On ne saurait en constater l’insuffisance, comme cela a été le cas pour les stocks de masques, que seule la loi de l’offre et de la demande nous a empêchés de reconstituer plus rapidement.

Troisième enseignement : notre mode de fonctionnement est devenu trop complexe. L’accumulation de normes et de directives multiples nous empêche de fonctionner de manière souple et réactive. Nous devons retrouver une forme d’agilité au service de l’opérationnel, à l’instar de la procédure des urgences opérationnelles qui nous permet d’obtenir rapidement certains équipements qui nous font défaut. C’est donc possible. L’état d’esprit qui consiste à trouver la solution plutôt que d’expliquer pourquoi les choses ne devraient pas être faites devrait être un peu plus répandu. Beaucoup réglementent mais les armées à qui l’on demande de remplir ses missions en tout temps, en tous lieux, sont enfermées dans un excès de normes. Il faut être vigilant à ce que celles-ci ne nous étouffent pas. C’est une de mes priorités car l’armée de Terre n’est pas exempte de reproches dans ce domaine, nous devons aussi trouver des solutions, simplifier nos procédures et faire évoluer certaines mentalités.

Cette crise inédite n’est pas finie, nous continuerons à vivre sous cette menace, mais le monde n’a pas changé : loin de se substituer aux autres défis sécuritaires, la pandémie peut les exacerber ou en créer de nouveaux. Nous n’en mesurons pas encore toutes les conséquences, notamment économiques. Nous pourrions d’ailleurs être un acteur du plan de relance gouvernemental et nous nous préparons à faire des propositions dans ce sens.

Cette crise conforte mon point de vue sur les orientations du plan stratégique de l’armée de Terre. Le monde est dangereux, la crise contribue à cette dangerosité et un conflit majeur n’est pas improbable – on voit en Libye quelque chose qui s’en approche. Face à une crise majeure, il faut être prêts d’emblée, et il faut être résilients, savoir encaisser les chocs, sinon nous serons balayés.

Le ministère des Armées confirme avoir acheté du phosphate de chloroquine « par précaution »

Le ministère des Armées confirme avoir acheté du phosphate de chloroquine « par précaution »

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