Les Forces aériennes stratégiques : 60 ans de dissuasion nucléaire

par AASSDN – publié le 20 octobre 2024

http://AASSDN.org/


Découvrez les 6 choses à retenir sur la dissuasion nucléaire grâce au dossier mis à votre disposition par l’armée de l’Air et de l’Espace.

« Le temps est venu pour l’Europe de se réarmer » Entretien avec Pierre Lellouche

« Le temps est venu pour l’Europe de se réarmer »

Entretien avec Pierre Lellouche

par Pierre Lellouche – Revue Conflits – publié le 30 octobre 2024

https://www.revueconflits.com/le-temps-est-venu-pour-leurope-de-se-rearmer-entretien-avec-pierre-lellouche/


Observateur attentif des relations internationales, Pierre Lellouche publie une analyse fouillée de la guerre en Ukraine et de ses conséquences mondiales : Engrenages – La guerre d’Ukraine et le basculement du monde. Dénonçant, une guerre de l’émotion engagée par les occidentaux, sans réflexion stratégique, en réaction à l’agression Russe de février 2022, il appelle les Européens en particulier à un réarmement intellectuel, politique et militaire pour relever les défis de l’après-guerre en Europe, comme dans le reste du monde déjà impacté par ce conflit.

Co-fondateur de l’IFRI (Institut Français des Relations internationales), puis Député, Ministre, Président de l’Assemblée Parlementaire de l’Otan, et Représentant Spécial de la France en Afghanistan-Pakistan, Pierre Lellouche a consacré l’essentiel de sa carrière aux questions internationales. Il vient de publier Engrenages. La guerre d’Ukraine et le basculement du monde (Odile Jacob).

Propos recueillis par Jean-Baptiste Noé

J.-B. N. : Dans votre dernier livre, Engrenages. La guerre d’Ukraine et le basculement du monde, vous analysez les dynamiques géopolitiques de ce conflit. Vous parlez notamment de la guerre en Ukraine comme d’une « sécession ». Pourquoi utiliser ce terme ?

P. L. : Ce terme s’impose, si l’on considère la longue histoire des relations entre ces deux peuples slaves, notamment les 300 ans d’intégration de l’Ukraine dans la Russie impériale, puis l’URSS, après 600 ans de domination, polonaise et lituanienne. En vérité, la Russie n’a jamais véritablement accepté que ce pays échappe à son orbite, même après l’indépendance de l’Ukraine en 1991. L’Ukraine, pour sa part, cherche à se libérer définitivement de cette tutelle historique, en particulier depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Cette guerre n’est donc rien d’autre qu’une guerre de sécession, prise dans l’affrontement entre Américains et Russes, où l’Ukraine tente de consolider son indépendance en s’appuyant cette fois sur l’Amérique et l’Europe face à une Russie qui souhaite la maintenir dans sa sphère d’influence. Le conflit actuel est l’aboutissement d’une série de tensions non résolues depuis la fin de la Guerre froide.

J.-B. N. : Vous comparez souvent cette situation avec la période qui a suivi le traité de Versailles. Pouvez-vous expliquer ce parallèle historique ?

 P. L. : Le parallèle est pertinent, car le traité de Versailles, de 1919 avait laissé sans réponse, nombre de questions géopolitiques capitales, comme le comprit très rapidement Jacques Bainville dans son ouvrage Les conséquences politiques de la paix (1919). À Versailles, d’ailleurs, la question ukrainienne avait été purement et simplement ignorée : par les vainqueurs comme par les vaincus, tandis qu’en Russie, les Bolcheviques comme les Russes Blancs considéreraient eux aussi l’Ukraine comme faisant partie intégrante de la Russie. En 1945, Staline traça les frontières de l’Ukraine moderne, mais à l’intérieur de l’Union soviétique, et Khrouchtchev y ajouta la Crimée en 1956, comme « cadeau » à la République Soviétique de Kiev.

La question se posa à nouveau en 1991 lors de l’effondrement de l’URSS : qu’allait-on faire de ce pays, à l’époque de 52 millions d’habitants et trois fois plus vaste que la France ? Confirmer son ancrage vers la Russie, ou l’accueillir à l’ouest, ou simplement lui donner un rôle de pont entre les deux camps et donc un statut de neutralité garantie par la communauté internationale ?  En vérité, les Occidentaux n’ont jamais voulu, ou su traiter cette question de manière explicite, pour des raisons tenant à l’indifférence, à l’ignorance, au business (le gaz russe bon marché), bref à une négligence stratégique, similaire aux années 1930. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine rappelle ces tensions géopolitiques mal gérées, amplifiées par l’élargissement de l’OTAN et l’incapacité des grandes puissances à s’entendre sur le statut de l’Ukraine.

J.-B. N. : Vous avez parlé d’une « guerre par procuration » entre l’OTAN et la Russie. Pouvez-vous expliciter cette notion ?

P. L. : La guerre d’Ukraine est devenue une guerre par procuration non déclarée entre l’OTAN et la Russie à partir d’avril 2022. Après l’échec de l’armée russe devant Kiev, et son retrait vers Karkiv en mars, les États-Unis, suivis par les pays européens, ont commencé à fournir des quantités massives d’armes, ainsi que des soutiens financiers considérables (au moins 300 milliards de dollars à ce jour). Le Secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, a été l’un des premiers à dire ouvertement que l’objectif était d’affaiblir l’armée russe et de « lui ôter toute envie de recommencer». On est alors entrés dans une dynamique de confrontation entre les deux camps autour de l’avenir de cette zone tampon, l’Ukraine, comprise entre l’Allemagne et la Russie. Comme à leur habitude, les Russes ont rapidement renversé leur discours : d’agresseur, ils prétendaient désormais être la victime d’une agression, de la part de « l’Occident collectif». Cependant, ce qui manque toujours du côté occidental, c’est une vision claire des buts de guerre. Clausewitz disait : « Le dessein politique est le but. La guerre est le moyen. Un moyen sans but ne se conçoit pas. » Une sentence que nos dirigeants devraient méditer…

Car on ne sait toujours pas ce que l’Occident veut réellement obtenir à l’issue de cette guerre. Est-ce la libération totale du territoire ukrainien, ce qui semble aujourd’hui hors de portée ? Ou bien la chute du régime de Poutine ? Cette ambiguïté affaiblit la stratégie occidentale, tandis que la lassitude gagne en Europe comme aux États-Unis, et que les caisses sont vides…

J.-B. N. : Donc l’Occident n’a pas d’objectif de guerre clair ?

P. L. : Exactement. Contrairement à la Russie, qui a défini des objectifs – même s’ils ont évolué au fil du conflit – l’Occident semble manquer de but précis. Au début, la Russie voulait sans doute occuper toute l’Ukraine et installer un régime pro-russe, mais cette ambition a échoué. Les Russes ont alors concentré leurs efforts sur le Donbass et la Crimée. L’objectif russe est donc plus ou moins clair aujourd’hui : maintenir le contrôle de ces régions. En revanche, du côté occidental, le discours se résume à un slogan assez flou : « aussi longtemps que nécessaire», sans que l’on sache vraiment ce que cela signifie. Nous sommes dans une guerre où les émotions dominent, mais sans véritable plan stratégique à long terme.

J.-B. N. : Vous mentionnez dans votre livre que la guerre en Ukraine entraîne des répercussions plus larges et s’inscrit dans un basculement du monde. Pouvez-vous nous en dire plus ?

P. L. : La guerre d’Ukraine marque un tournant majeur dans l’histoire du monde, 30 ans après la fin de la guerre froide, et ce pour deux raisons.

Cette guerre est d’abord fondamentale pour le devenir du système de sécurité en Europe même : le statut de cette zone stratégique, essentielle, comprise entre l’Allemagne et la Russie en est l’enjeu.  Cette question constituera le cœur de la future négociation de paix, sans doute à partir de l’an prochain.

Mais cette guerre est également fondamentale en ce qu’elle a provoqué l’accélération de nombre de mouvements telluriques déjà à l’œuvre dans la communauté internationale et dans les rapports de force entre les nations. Sans nous en rendre compte, nous avons fabriqué une alliance stratégique entre la Chine et la Russie – le cauchemar d’Henry Kissinger – une alliance à laquelle se sont joints deux États particulièrement toxiques, l’Iran et la Corée-du-Nord. Quatre puissances nucléaires : ce que j’appelle dans le livre, « les Quatre cavaliers de l’apocalypse ».

Nous assistons à une recomposition des alliances internationales, avec d’un côté l’Occident, et de l’autre, une grande alliance révisionniste, certes hétérogènes, formée par la Russie, la Chine, l’Iran, et la Corée du Nord. Cette alliance s’oppose de plus en plus ouvertement à l’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale, dominé par les États-Unis et leurs alliés. Ce bloc révisionniste est soutenu par ce que la Russie appelle « la majorité du Sud global », des pays émergents et des puissances régionales qui ne veulent plus être soumis à la domination occidentale. Ils cherchent à construire un ordre alternatif, avec des institutions comme les BRICS ou des structures financières alternatives au système du dollar. Cette transformation marque un tournant majeur dans l’histoire du monde.

J.-B. N. : Vous soulignez également l’imbrication de la guerre en Ukraine avec d’autres conflits, notamment au Moyen-Orient. Pouvez-vous expliquer ce lien ?

P. L. : Oui, la guerre d’Ukraine a déjà métastasé. Il y a une connexion très nette entre la guerre d’Ukraine et d’autres zones de conflit, notamment au Moyen-Orient, où l’on retrouve les mêmes acteurs. L’Iran, par exemple, joue un rôle crucial dans ces deux théâtres. Il fournit des drones et des armes à la Russie, qui les utilise contre l’Ukraine. En même temps, l’Iran mène une guerre contre Israël, soutenu par des puissances comme la Chine qui contourne les sanctions en achetant du pétrole iranien.

Ces guerres sont interconnectées à travers des alliances stratégiques, économiques et militaires. Par exemple, la Corée du Nord, qui soutient la Russie en fournissant des armes et désormais des soldats, se voit en retour protégée par Moscou et Pékin sur la scène internationale. Ces dynamiques montrent que la guerre en Ukraine a déclenché une série de répercussions dans d’autres régions du monde, notamment au Moyen-Orient, en Asie, et même en Afrique, où l’influence américaine et française est remise en question.

J.-B. N. : À quoi pourrait ressembler une issue négociée à ce conflit selon vous ?

P. L. : Un accord de paix est possible, mais sera-t-il solide et surtout durable ? Où allons-nous refermer la plaie en laissant l’infection à l’intérieur ? Dans les grandes lignes, l’essentiel de l’accord a déjà été négocié entre les belligérants dès avril 2022, sous médiation turque (je publie en annexe, dans mon livre, l’essentiel du projet d’accord alors négocié).

Les deux parties devront d’abord se mettre d’accord sur un partage territorial que naturellement ni l’Ukraine, ni les Occidentaux ne reconnaîtront comme définitif, de même que dans les années 40, nous n’avions pas, nous Occidentaux, reconnu la partition de l’Allemagne comme définitive. La réalité sur le terrain, est que la Russie contrôle déjà 20 % du territoire de l’Ukraine, notamment la Crimée et une grande partie du Donbass, lui-même annexé d’ores et déjà par Moscou. La réalité militaire est que l’Ukraine ne pourra pas reprendre ces territoires par la force armée. Dès lors, le futur accord ne pourra que constater cet état de fait.

Reste le plus difficile : le statut de l’Ukraine et les garanties de sécurité. La réalité, là encore, au-delà des beaux discours, est que l’Ukraine ne pourra pas entrer dans l’OTAN : ni les Américains, ni les Allemands ne souhaitent franchir cette ligne par crainte d’une confrontation directe avec la Russie. Funeste ironie pour qui se souvient que l’origine de cette affaire remonte au sommet de l’OTAN à Bucarest en 2008, où George W Bush tenait absolument à faire entrer l’Ukraine immédiatement ! Reste alors le statut de neutralité, compatible avec l’entrée de l’Ukraine dans l’UE, qui serait garanti par la communauté internationale. Cette fois cependant il devra s’agir de garanties extrêmement solides, à un moment où les États-Unis sont tentés de basculer vers l’Asie. Cela signifie que l’Europe devra jouer un rôle crucial dans la sécurisation et la reconstruction de l’Ukraine de l’après-guerre : un pays amputé, économiquement dévasté, politiquement instable et de surcroît sur militarisé. En clair : une tâche immense s’annonce donc pour les européens.

J.-B. N. : Vous semblez pessimiste quant à la capacité des Européens à relever ce défi. Pourquoi ?

P. L. : Je suis en effet, très préoccupé par l’absence de vision stratégique en Europe, comme de tout débat sur l’après-guerre. Les gouvernements européens sont faibles et peu préparés à faire face aux enjeux post-conflit. Nous avons des gouvernements fragiles en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, et l’Europe semble obsédée par des crises internes, notamment économiques. Il y a très peu de réflexions sur la manière dont nous pourrions stabiliser durablement l’Europe centrale, qui est pourtant un enjeu essentiel pour la sécurité du continent.

Ce manque de leadership et de vision stratégique en Europe est extrêmement inquiétant, d’autant plus que les Américains, à long terme, vont sans doute se concentrer de plus en plus sur leur rivalité avec la Chine. L’Europe devra donc prendre ses responsabilités, mais pour l’instant, je vois peu de signes qu’elle se prépare à relever ce défi.

J.-B. N. : Quel serait le principal message de votre livre ?

P. L. : Mon livre cherche à alerter sur les engrenages géopolitiques dans lesquels nous nous sommes embarqués, sans la moindre réflexion stratégique. La guerre en Ukraine est bien plus qu’un conflit local. Elle marque un tournant historique qui réorganise l’ordre mondial. Transformation qu’a reconnu, certes à sa manière, le Secrétaire général de l’ONU en se rendant au sommet des Brics de Kazan, accueilli par Vladimir Poutine pourtant inculpé par la Cour pénale internationale.

Si nous ne prenons pas conscience de la profondeur de ces changements, nous risquons de subir un monde plus chaotique et violent sans être préparés. Le temps est venu pour l’Europe et l’Occident de se réarmer intellectuellement, politiquement, et militairement pour faire face à ces nouveaux défis.

Décès accidentel d’un militaire du 16e BCP à Djibouti (actualisé)

Décès accidentel d’un militaire du 16e BCP à Djibouti (actualisé)

Ce mercredi 10 octobre 2024, le caporal Vasil Bychyk du 16e Bataillon de chasseurs à pied (16e BCP) a été mortellement blessé dans un accident de la route, aux commandes de son véhicule de l’avant blindé au retour d’un entraînement.

Il était projeté avec sa compagnie, depuis ce mois d’octobre 2024 (il y est arrivé le 18) jusqu’à février 2025, en mission de courte durée au sein du 5e Régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM), unité des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ). Le 5e RIAOM et les FFDJ agissent dans le cadre des accords de défense entre la France et la République de Djibouti.

Le caporal Vasil Bychyk était célibataire et n’avait pas d’enfant. Il avait été promu au grade de caporal en avril 2024 et était décoré de la médaille de bronze de la défense nationale et de la médaille de la protection militaire du territoire.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens combattants, « présente ses sincères condoléances à sa famille, à ses proches, et s’associe à la peine de ses camarades et frères d’armes. Ses pensées se tournent également vers les chasseurs du 16e BCP blessés dans cet accident », a précisé le ministère des Armées.

Une demi-douzaine d’autres soldats auraient été blessés lors de cet accident.

lire sa biographie officielle, ci-dessous :

Djibouti : Décès accidentel d’un soldat du 16e bataillon de chasseurs à pied

Direction : Terre / Publié le : 30 octobre 2024

Le mercredi 30 octobre 2024, le caporal Vasil Bychyk a été mortellement blessé dans un accident de la route, aux commandes de son véhicule de l’avant blindé au retour d’un entraînement.

Né le 1er février 1998, le caporal Vasil Bychyk s’engage le 2 novembre 2021 au 16e bataillon de chasseurs à pied de Bitche.

Au cours de sa première année, il suit sa formation générale initiale avec un grand intérêt et démontre déjà un grand potentiel. Dynamique et toujours motivé, il réussit sa formation technique de spécialité combat débarqué puis sa formation de tireur missile moyenne portée. Réservé et particulièrement agréable à commander, il est promu chasseur de première classe le 2 mai 2022.

Toujours volontaire, il est déployé du 1er novembre 2022 au 8 mars 2023 en mission de courte durée au sein du régiment d’infanterie de Marine parachutiste – Nouvelle Calédonie (RIMaP – NC). Chasseur endurci, il donne entière satisfaction et réussit le stage d’aguerrissement commando. A son retour en métropole, il participe à de nombreux exercices dont ORION 23, où il se démarque par son sérieux et son investissement. Il est engagé dans le cadre de l’opération Sentinelle du 2 octobre au 6 décembre 2023 au sein de la zone de défense et de sécurité Sud à Marseille. Il obtient à son retour son certificat technique élémentaire le 12 décembre 2023 avec des résultats honorables.

D’une disponibilité hors pair, il renforce l’état-major de son bataillon projeté en Roumanie dans le cadre de l’opération Aigle du 19 février au 10 juin 2024 en qualité de pilote engin blindé. Bien intégré au sein de sa section, il réalise un excellent mandat durant lequel il est promu caporal le 1er avril. Responsable, il assume pleinement son rôle de premier échelon de commandement de la base arrière de son unité. Il montre une rigueur et une exemplarité de premier ordre et se révèle un élément indispensable pour son unité et un véritable modèle pour ses pairs. Solidaire de ses camarades et attaché à son unité, il est à nouveau projeté avec sa compagnie à Djibouti dans le cadre d’une mission de courte durée à compter du 18 octobre 2024 au sein du 5e régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM).

Titulaire de la médaille de la défense nationale échelon bronze et de la médaille de la protection militaire du territoire, le caporal Vasil Bychyk était célibataire et sans enfant.

« Attristé à l’annonce du décès accidentel du caporal Vasil BYCHYK en mission à Djibouti. Mes pensées et le soutien de l’armée de Terre à ses frères d’armes blessés, sa famille, ses proches et ses camarades du 16e Bataillon de chasseurs à pied. »

Général d’armée Pierre Schill.

  • Chef d’état-major de l’armée de Terre.

Le premier avion au monde équipé d’un moteur aerospike prêt à voler ce mois-ci après un échec en vol

Le premier avion au monde équipé d’un moteur aerospike prêt à voler ce mois-ci après un échec en vol

Le programme ambitieux de Polaris Aerospace, visant à tester le premier avion équipé d’un moteur aerospike, fait son grand retour après un premier vol test qui s’est soldé par un échec. Déterminée, l’entreprise est prête à lancer deux nouvelles versions de son aéronef, les Mira II et Mira III, dans le cadre d’un projet aux multiples enjeux techniques et commerciaux.

Le Premier Avion Au Monde Equipe Dun Moteur Aerospike Pret A Voler Ce Mois Ci Apres Un Echec En Vol
Le premier avion au monde équipé d’un moteur aerospike prêt à voler ce mois-ci après un échec en vol – © Armees.com

Lors de ses premiers essais, la Mira I a accumulé plusieurs succès, volant grâce à quatre moteurs à turbine fonctionnant au kérosène. Cependant, tout a basculé lors de l’intégration du moteur aerospike fonctionnant avec un mélange de kérosène et d’oxygène liquide (LOX). Au moment de l’envol, l’aéronef a dérivé et s’est écrasé à plus de 160 km/h, compromettant ainsi l’aboutissement du premier test aerospike en vol. Face aux dégâts subis par la structure, Polaris a choisi d’abandonner la Mira I pour se concentrer sur les deux nouveaux prototypes.

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Mira II et Mira III : des designs optimisés pour la réussite

Les nouveaux modèles, Mira II et III, sont identiques et mesurent environ cinq mètres de long, avec une surface d’aile augmentée de 30 % par rapport au modèle précédent. Construites en fibre de verre, ces structures de démonstration permettent à l’équipe de Polaris d’intégrer les nombreuses leçons tirées de Mira I, tout en maintenant une conception légère et adaptable. Cette décision stratégique permet à la firme de poursuivre ses essais en gardant une réserve en cas de problème.

Le moteur aerospike, au cœur de ce projet, se distingue par une architecture innovante. Contrairement aux moteurs traditionnels, il adapte automatiquement son efficacité en fonction de l’altitude, permettant un gain de performance dans une grande variété de conditions. En théorie, l’aerospike pourrait être opérationnel de la surface terrestre jusqu’aux limites de l’espace, une promesse que Polaris espère concrétiser avec ces nouvelles versions.

Vers un espace plus accessible : les ambitions de Polaris

La vision de Polaris dépasse les simples tests en vol. Avec la série Mira, l’entreprise vise à créer une plateforme spatiale capable de décoller et d’atterrir sur une piste, assurant ainsi une réutilisabilité totale. Cette avancée pourrait transformer le secteur du transport spatial en réduisant les coûts et en augmentant l’accessibilité, que ce soit pour du transport de fret ou de passagers. Si les prochains essais sont concluants, Polaris se rapproche d’un objectif de stade orbital en une seule étape (SSTO), un concept prometteur mais encore jamais atteint dans le domaine spatial.

Les tests prévus devraient se dérouler dans les prochaines semaines, potentiellement sur le même site de l’aérodrome de Peenemünde en Allemagne. Polaris prévoit également de lancer un prototype supersonique nommé NOVA dès 2025, visant à développer un modèle commercial pour répondre aux besoins de transport rapide et sécurisé entre les points les plus éloignés du globe.

Le Premier Avion Au Monde Equipe Dun Moteur Aerospike Pret A Voler Ce Mois Ci Apres Un Echec En Vol 2

Une innovation historique en marche

Avec l’aerospike, Polaris Aerospace n’entend pas seulement réaliser un exploit technologique mais ouvrir la voie à un nouveau standard dans la propulsion spatiale. Ce moteur, conçu pour ajuster son efficacité en temps réel, se distingue des modèles à tuyère traditionnelle et pourrait redéfinir le domaine des vols orbitaux en réduisant la complexité des systèmes actuels. Le monde attend avec impatience de voir si Polaris parviendra à franchir cette étape historique, confirmant la promesse de l’aerospike pour un avenir plus rapide et plus efficace dans l’espace.

L’industrie de l’aviation et de l’aérospatial garde les yeux tournés vers Polaris Aerospace, dans l’attente d’un succès qui pourrait bien redéfinir les limites des technologies de propulsion actuelles.


Jean Baptiste Giraud
Jean-Baptiste Giraud

Journaliste éco, écrivain, entrepreneur. Dir de la Rédac et fondateur d’EconomieMatin.fr. Fondateur de Cvox.fr. Officier (R) de gendarmerie.

Il est urgent de soutenir la filière française de robotique militaire

Il est urgent de soutenir la filière française de robotique militaire

 

par Thierry Berthier – revue Conflits – publié le 29 octobre 2024

https://www.revueconflits.com/il-est-urgent-de-soutenir-la-filiere-francaise-de-robotique-militaire/


Sur tous les théâtres d’opération, les armées de drones sont à l’action, modifiant en profondeur les structures de combat. Pour la France, il est urgent de disposer d’une filière de robotique militaire afin de tenir le choc du développement des drones.

Thierry Berthier

La guerre russo-ukrainienne, le conflit israélo-palestinien, la guerre civile du Myanmar (Birmanie), la guerre du Yémen, les opérations de harcèlement menées par les Houthis en mer Rouge, les combats entre narco-cartels mexicains et armée régulière, la potentielle future invasion de Taiwan par la Chine ont un dénominateur commun : la construction et l’engagement croissant d’une « armée des drones ». Celle-ci est employée en phase offensive pour percer les défenses ennemies et en phase défensive pour stopper la progression de colonnes de chars ou de blindés, pour figer un front ou pour frapper dans la profondeur. D’une manière générale, la robotique militaire aéroterrestre transforme le champ de bataille en un espace incompatible avec la vie du combattant humain, qu’il soit embarqué dans un équipage de char, de camion, de système d’artillerie ou de base radar. Les munitions téléopérées (MTO) ou drones kamikazes modifient l’art de la guerre. Elles participent à la construction d’une dissuasion technologique en complément de la dissuasion nucléaire.

Le drone est partout

L’armée française est parfaitement consciente du rôle central des drones sur le champ de bataille et de la nécessité de constituer, au plus vite, une future armée des drones. Elle mène des expérimentations de haut niveau à l’image du 17e Groupe d’Artillerie de Biscarosse et de son laboratoire d’Innovations Drones qui réalise un travail fantastique [1]. La révolution de la robotique aéroterrestre est en marche et les armées sont disposées à en tirer tous les avantages au combat. Le principal défi réside dans la constitution d’une filière industrielle française du drone qui soit robuste, adaptative, scalable et la plus souveraine possible en minimisant les dépendances aux composants électroniques étrangers.

La base industrielle française de robotique militaire s’est structurée au fil des années, sans soutien externe, à la seule force de son innovation. Il existe une quinzaine de constructeurs de drones aériens sur le territoire national en dehors du leader européen et top2 mondial PARROT. De taille modeste (ce sont des startups), ces constructeurs vivent de la vente de leurs produits souvent très innovants et sont capables de rivaliser avec des concurrents internationaux très soutenus par leurs pays d’origine. C’est la différence essentielle entre notre base industrielle de robotique militaire qui évolue sans soutien étatique et les bases industrielles chinoises, russes, turques, iraniennes, américaines, israéliennes, indiennes qui disposent toutes de soutiens financiers et étatiques de très haut niveau. Il en est de même pour la base industrielle française de robotique terrestre qui compte cinq constructeurs dont l’un d’entre eux a atteint le statut de leader mondial des robots évoluant en environnement extrême (SHARK ROBOTICS). Là encore, la croissance de ces sociétés hyper innovantes a été réalisée sans aide externe, au rythme des ventes à l’international. Cette absence de soutien profite à la concurrence internationale et transforme le marché français en espace « Darwinien » où seuls les meilleurs survivent.

Trouver des financements

Concrètement, il est encore terriblement difficile de lever des fonds en France sur un projet de startup de robotique militaire (!). Les fonds d’investissement français sont, par principe, doublement réticents à soutenir le développement de produits « hardware » et encore plus réticents quand ces produits sont destinés au marché militaire… Cette aridité de l’investissement privé (et de la subvention nationale) affaiblit l’ensemble de la filière : Un ingénieur sortant de son école n’a objectivement aucun intérêt à se lancer dans un projet de startup de robotique militaire, car il sait, par avance, que les futures levées de fonds seront un parcours du combattant épuisant et sans issue favorable. Plus grave encore, une société ayant atteint un niveau international aura les mêmes difficultés à boucler un tour de table de croissance « français » d’une levée de fonds de série B ou C.

Développer une filière

À ce jour, aucune initiative n’est parvenue à résoudre cette difficulté de financement souverain de la filière de robotique aéroterrestre. Par conséquent, les constructeurs français qui recherchent des investisseurs n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers des fonds étrangers, européens, américains, chinois ou saoudiens. L’aridité du financement de Private Equity, l’aridité des subventions et de la commande nationale détruisent nativement l’ambition de souveraineté. L’instabilité d’un monde multipolaire et le retour de la guerre de haute intensité sur le sol européen nous obligent à casser cette dynamique d’évitement du financement de la robotique militaire. Il faut inciter fiscalement les banques d’affaires et les fonds d’investissement français à investir dans des dossiers de robotique militaire, tout en modifiant leurs chartes d’investissement socialement responsable. Nous devons retourner la situation et rendre « non éthique » l’évitement des projets militaires. L’État doit également se responsabiliser, prendre conscience de cette vulnérabilité en créant un fonds souverain national dédié aux drones aéroterrestres et navals qui permettra de soutenir la filière au même niveau que ce que font la Turquie, l’Inde, Israël, l’Iran, les deux Corées, et les trois acteurs dominants, Russie, Chine, États-Unis.

L’écosystème financier français sait soutenir ses startups d’intelligence artificielle générative avec des levées de fonds rapides et de très haut niveau. Il faut parvenir au même niveau de réactivité et de soutien pour la filière de robotique militaire, car lorsqu’il faudra combattre nos ennemis, ChatGPT ne sera d’aucune utilité face à un char ennemi, contrairement à un drone kamikaze conçu et produit en France [2].

[1] 17e GA Biscarosse – Groupe Innovations Drones :

https://theatrum-belli.com/linnovation-drone-au-17e-groupe-dartillerie/

[2] VELOCE 330 – EOS TECHNOLOGIE

https://www.youtube.com/watch?v=xbsn4iwNXGQ

Le premier hélicoptère Tigre porté au standard MK2 a été livré à l’armée de Terre… avec 4 ans de retard

Le premier hélicoptère Tigre porté au standard MK2 a été livré à l’armée de Terre… avec 4 ans de retard

https://www.opex360.com/2024/10/29/le-premier-helicoptere-tigre-porte-au-standard-mk2-a-ete-livre-a-larmee-de-terre-avec-4-ans-de-retard/


La flotte d’hélicoptères d’attaque et de reconnaissance EC665 Tigre de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] fait l’objet de deux opérations industrielles distinctes.

La première, décidée en 2015, consiste à faire évoluer les appareils livrés dans la version HAP [appui et protection] vers le standard HAD [appui et destruction]. Or, les 40 exemplaires concernés n’ont pas tous encore été modifiés. Selon le Projet annuel de performance [PAP] du programme 146 « Équipement des forces » mis en annexe au projet de loi de finances pour 2025, cette opération devrait être achevée en 2026.

Dans le même temps, il s’agit aussi de moderniser les Tigre HAD en les portant au standard Mk2. Cette opération a fait l’objet d’un contrat notifié par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] à Airbus Helicopters et à TDA Armements [intégré depuis à Thales LAS, ndlr] en décembre 2016.

À l’époque, l’OCCAr avait expliqué que cette modernisation porterait sur l’intégration de la roquette à guidage laser ACULEUS de 68 mm, d’une précision submétrique et d’une portée d’environ 6 kilomètres, d’un antenne diagramme de rayonnement contrôlé [CRPA] « TopShield » et d’un nouveau récepteur GPS insensible au brouillage électronique. D’après le calendrier prévu, les livraisons des Tigre HAD Mk 2 à l’ALAT devaient commencer en 2020 pour s’achever trois ans plus tard.

Seulement, ces échéances ne purent pas être tenues. Ainsi, les expérimentations technico-opérationnelles [EXTO] du Tigre HAD Mk2, réalisées par le Groupement aéromobilité de la Section technique de l’armée de Terre [GAMSTAT], ne furent achevées qu’en octobre 2021. Pour autant, elles n’ouvrirent pas la voie aux livraisons de ces hélicoptères ainsi modernisés à l’ALAT…

En effet, ce n’est que le 24 octobre qu’un premier Tigre HAD Mk2 a été remis au ministère des Armées sous l’égide de l’OCCAr.

Cette mise à niveau « apporte au Tigre HAD une amélioration opérationnelle significative, lui permettant de conserver toute sa pertinence sur le terrain », a commenté l’OCCAr, via un communiqué. « Cette première réception marque le début de la modernisation de la flotte de 67 hélicoptères de combat de l’armée de terre française, qui se poursuivra avec le programme de modernisation à mi-vie vers le standard Mk3 pour la France et l’Espagne », a-t-elle ajouté.

En réalité, il conviendrait de parler de standard Mk 2+ étant donné que les ambitions qui avaient été affichées pour cette modernisation à mi-vie du Tigre ont dû être revues à la baisse, l’Allemagne s’étant retirée de ce programme. Et, côté français, elle ne concernera que 42 appareils.

Ce standard Mk 2+ [Tigre RMV] visera notamment à intégrer aux Tigre concernés le SICS ALAT [Système d’information du combat Scorpion], le poste radio CONTACT et une capacité de coopération drones-hélicoptères [MUM-T].

Inondations dans le Var : l’armée sollicitée pour aider à l’évacuation de 580 vacanciers bloqués après les intempéries

Inondations dans le Var : l’armée sollicitée pour aider à l’évacuation de 580 vacanciers bloqués après les intempéries

La maire du Muy, où est situé le domaine de vacances des Canebières, a expliqué que « les autorités travaillent pour que les vacanciers (…) puissent partir ».
 
 

Vont-ils bientôt pouvoir partir ? L’armée française a annoncé, lundi 28 octobre, avoir été sollicitée pour aider à l’évacuation de vacanciers bloqués dans un centre de vacances privé du Var. Au total, 580 personnes sont bloquées en raison de l’endommagement d’un pont à cause des intempéries du week-end.

« Les armées se tiennent prêtes à venir en aide à la population, en soutien aux unités de la sécurité civile et aux pompiers du Var », à dit l’état-major de zone de défense du sud de la France à l’AFP. La même source a précisé que le 21e régiment d’infanterie de marine était sur place pour évaluer la faisabilité du transport des personnes.

Plus tôt lundi, la maire du Muy, où est situé le domaine de vacances des Canebières, avait dit à l’AFP que « les autorités travaillent pour que les vacanciers qui devaient quitter les lieux aujourd’hui ou dans la semaine puissent partir ». « Il y a de l’eau, de l’électricité, personne n’est affolé » dans ce centre de vacances, avait précisé Liliane Boyer. Une liste des personnes à prendre en charge doit être dressée, avec les cas prioritaires.

Guerre en Ukraine : la Russie déploie des chars « vintage » de la Seconde Guerre mondiale

Guerre en Ukraine : la Russie déploie des chars « vintage » de la Seconde Guerre mondiale

Par Paolo Garoscio – armees.com – Publié le 29 octobre 2024

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guerre-ukraine-russie-chars-vintage-WWII-strategie – © Armees.com

 

Depuis le 28 octobre 2024, des rapports indiquent que la Russie utilise des chars anciens de la Seconde Guerre mondiale sur le front en Ukraine. Face à des difficultés matérielles et logistiques, Moscou a décidé de recourir à des équipements militaires « vintage » pour combler les lacunes de son arsenal moderne. Des modèles emblématiques comme le T-34, le IS-3, et le canon automoteur ISU-152 ont été repérés, marquant un tournant stratégique surprenant.

Les modèles de chars de la Seconde Guerre mondiale repérés en Ukraine

Ces véhicules représentent des reliques militaires, autrefois au cœur des batailles de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, leur technologie et leurs capacités sont dépassées par les standards modernes, mais ils possèdent encore certains atouts dans des situations spécifiques.

Le T-34 : le char de légende

  • Production : 1939 – 1958, principalement en URSS.
  • Armement : Initialement équipé d’un canon de 76,2 mm, puis amélioré avec un canon de 85 mm pour contrer les blindés allemands.
  • Blindage et mobilité : Grâce à une inclinaison intelligente de son blindage, le T-34 offrait une protection renforcée contre les tirs directs. Sa capacité à évoluer sur différents terrains et sa relative vitesse en faisaient un char redoutable pour l’époque.

Les experts estiment qu’environ 80 000 unités de T-34 ont été produites, et plusieurs pays en possèdent encore. En raison de sa facilité d’entretien et de sa conception robuste, ce char reste fonctionnel, mais face aux armes antichars modernes, sa survie serait limitée.

L’IS-3 : la réponse soviétique aux chars lourds

  • Conception : Mis en service en 1945, le char IS-3 (Iosif Stalin) visait à surpasser les chars lourds allemands tels que le Tiger II.
  • Blindage : Sa particularité réside dans son blindage avant, formé en pointe de flèche, un choix technique qui améliore sa résistance aux projectiles. Sa conception était en avance sur son temps et a influencé la conception de chars modernes.
  • Armement : Équipé d’un canon de 122 mm, l’IS-3 pouvait engager des cibles lourdes à des distances modérées.

L’IS-3, bien qu’impressionnant, souffre d’une vitesse de déplacement lente, de difficultés de manœuvre, et d’un habitacle étroit, rendant son équipage vulnérable dans les combats modernes. Peu adapté aux besoins de mobilité des guerres contemporaines, ce modèle reste néanmoins intimidant en parade militaire.

L’ISU-152 : le « Briseur de fortifications »

  • Rôle stratégique : Le canon automoteur ISU-152 a été conçu pour des opérations de destruction massive contre des structures défensives et des positions fortifiées.
  • Armement : Son obusier de 152 mm est capable de tirer des projectiles explosifs puissants, idéaux pour neutraliser des bunkers et des formations de blindés.
  • Limites : Ce modèle est lourd et son armement principal, bien que destructeur, manque de précision à longue distance, ce qui limite son efficacité dans les environnements de combat modernes.

L’ISU-152, surnommé le « Zveroboy » (tueur de bêtes), a été produit à environ 4 600 exemplaires. Toutefois, son impact reste limité en raison de la lenteur de son canon à se repositionner et de sa faible cadence de tir.

Contexte stratégique : pourquoi la Russie déploie ces vieux chars en Ukraine ?

L’apparition de ces chars relève d’une stratégie de dernier recours. Plusieurs facteurs contribuent à cet usage :

  1. Pénurie de matériel moderne : Les rapports indiquent que la Russie fait face à un épuisement de son équipement militaire moderne, dû à une consommation excessive en raison de la durée du conflit.
  2. Mobilisation des ressources de réserve : Face à une pression logistique croissante, le Kremlin se tourne vers des équipements des entrepôts. L’objectif serait de compenser les pertes matérielles tout en conservant les ressources modernes pour des opérations plus stratégiques.
  3. Usage dans des scénarios d’entraînement ou pour des campagnes de propagande : La réintroduction de ces véhicules sur le terrain pourrait aussi être un message adressé à la population russe et aux observateurs étrangers, symbolisant une résilience historique.

Selon Anton Gerashchenko, ex-ministre ukrainien de l’Intérieur, « des vidéos montrent un T-34, un IS-3 et un ISU-152, tous issus de la Seconde Guerre mondiale ». Son analyse laisse entendre que la Russie pourrait utiliser ces chars pour former les recrues ou même préparer des parades symboliques.

NOELREPORTS, une source d’information sur Twitter, confirme également la présence de ces équipements en précisant qu’ils « ont été sortis de l’entrepôt ». De nombreux analystes estiment qu’ils pourraient être utilisés pour des démonstrations de force ou des manœuvres dans des zones sécurisées loin des lignes de front actives.

Vieux chars russes : Une stratégie de la dernière chance… mais pas que

Avantages potentiels

  • Utilisation dans des zones rurales ou en soutien logistique : Ces chars pourraient être efficaces dans des contextes limités, où l’ennemi dispose de peu d’armes antichars modernes.
  • Effet dissuasif psychologique : Bien que datés, ces modèles de chars peuvent créer une forte impression, rappelant aux observateurs les sacrifices et la persévérance de la Russie durant la Seconde Guerre mondiale.

Limites et vulnérabilités

  • Vulnérabilité aux armes modernes : Ces chars seraient facilement neutralisés par des missiles antichars modernes tels que le Javelin ou le NLAW.
  • Obsolescence technique : Comparativement aux chars contemporains, leur blindage, leur puissance de tir et leur maniabilité sont inférieurs, réduisant leur impact sur le champ de bataille moderne.

Le retour de ces véhicules anciens reflète une situation difficile pour l’armée russe. Elle semble être poussée à trouver des solutions alternatives face aux pertes cumulées et aux sanctions internationales qui entravent la production de matériel moderne. Cette stratégie de « recyclage » pourrait avoir des impacts à court terme, mais demeure une solution temporaire qui révèle la complexité croissante de maintenir un front actif en Ukraine.

Ces chars, bien qu’emblématiques, risquent de devenir des cibles faciles pour les forces ukrainiennes mieux équipées. En somme, ce déploiement symbolise davantage une tentative de pallier une pénurie plutôt qu’une réelle avancée stratégique.

Artillerie : L’armée de Terre a terminé l’évaluation du couple formé par le CAESAr et le drone DT46 de Delair

Artillerie : L’armée de Terre a terminé l’évaluation du couple formé par le CAESAr et le drone DT46 de Delair


Le 6 novembre, à Canjuers [Var], le 3e Régiment d’Artillerie de Marine [RAMa] va effectuer un exercice au cours duquel ses CAESAr [Camion équipés d’un système d’artillerie] seront associés au Système de minidrone de renseignement [SMDR], lequel repose sur trois drones Spy’Ranger [fournis par Thales].

Selon les explications fournies par le ministère des Armées, le SMDR permet « aux observateurs d’artillerie de se soustraire à la vue de l’adversaire, d’accroître la transparence du champ de bataille et d’optimiser la portée et la précision » du CAESAr.

Mais ce n’est pas la première fois que ce mode opératoire est expérimenté. L’an passé, lors d’une campagne de tirs ayant duré cinq semaines, le 40e Régiment d’Artillerie [RA] avait « pris en compte l’accélération de la boucle renseignement – feux » en ayant justement recours au SMDR.

Seulement, les Spy’Ranger sont désormais de conception ancienne, le marché « SMDR » ayant été notifié à Thales par la Direction générale de l’armement [DGA] en 2016. Ce qui est une éternité dans ce domaine… D’autant plus que des drones plus performants et mieux adaptés aux contraintes des artilleurs sont désormais sur le marché. C’est notamment le cas du DT-46 du constructeur français Delair.

Ayant la particularité de fonctionner selon deux configurations [VTOL, c’est-à-dire à décollage et atterrissage verticaux, ou voilure fixe], il affiche une endurance comprise entre 3h30 et 7h30, tout en portant une charge utile de 5 kg [boule optronique, LIDAR, etc.]. Sa portée est de 100 km… alors que celle du Spy’Ranger n’est que de 30 km.

D’où le vif intérêt que lui porte la Section technique de l’armée de Terre [STAT], qui vient de finaliser son évaluation technico-opérationnelle [EVTO], avec le concours du 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste [RAP]. Et, visiblement, le DT-46 a donné satisfaction.

« Ce drone sera prochainement déployé dans l’armée de Terre. Il effectuera des missions de renseignement et d’acquisition d’objectifs au profit de l’artillerie », a fait savoir la STAT, via le réseau social LinkedIn. Et de préciser que les tirs effectués par son équipe de marque « drones spécialisés », renforcée par des « télépilotes » du 3e RAMa, du 11e RAMa et du 68e RAA et avec le concours du 35e RAP ont été les « premiers » à avoir été « réalisés avec une numérisation ATLAS complète entre un drone et des CAESAr ».

Pour rappel, le système ATLAS [Automatisation des Tirs et Liaisons de l’Artillerie Sol/sol] permet de transmettre automatiquement des « informations entre les principales équipes du régiment dans la fonction feux mais aussi dans les fonctions commandement, renseignement, logistique et NBC ».

Face à l’envoi de troupes nord-coréennes, la Corée du Sud pourrait aussi se mêler à la guerre en Ukraine

Face à l’envoi de troupes nord-coréennes, la Corée du Sud pourrait aussi se mêler à la guerre en Ukraine

Le rapprochement entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un ne fait pas les affaires de Séoul qui n’aura peut-être pas d’autres choix que de réagir.

Un défilé militaire organisé lors de la 76e Journée des Forces armées sud-coréennes, le 1er octobre 2024, sur la base aérienne de Seongnam, près de Séoul. | Jung Yeon-je / AFP

Repéré sur Business Insider

Vous ne trouverez pas plus belle illustration de l’adage «les ennemis de mes ennemis sont mes amis». Le soutien croissant apporté par la Corée du Nord à la Russie dans sa guerre d’invasion de l’Ukraine, tant sur le plan matériel que sur le plan humain avec l’envoi récent de troupes, ne plaît pas du tout à son voisin du sud qui a menacé d’envoyer à son tour du matériel et des armes à Kiev pour aider le pays à se défendre. Pour l’instant, rien n’est fait. Mais si cette aide se matérialise, il pourrait s’agir d’un coup de pouce précieux pour Volodymyr Zelensky, analyse le média en ligne américain Business Insider.

La Corée du Sud a fermement condamné l’envoi de plusieurs milliers de soldats nord-coréens en Ukraine, plusieurs hauts responsables s’exprimant sur le sujet après une réunion d’urgence du Conseil de sécurité nationale, le 22 octobre. Ils ont également évoqué la possibilité de livraisons d’armes à l’Ukraine qui s’inscrirait dans le cadre de contre-mesures graduelles, n’excluant pas au passage l’envoi de troupes sur le terrain pour surveiller de près la présence nord-coréenne et son rôle dans le conflit. La déclaration n’a pas plu à la Russie, qui l’a fait savoir par la voix de Maria Zakharova, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le 23 octobre, elle a ainsi menacé la Corée du Sud de «conséquences en matière de sécurité» si elle se décidait à intervenir, a rapporté l’agence de presse sud-coréenne Yonhap.

«Les armes sud-coréennes pourraient potentiellement faire une différence significative, à la fois sur les capacités défensives et offensives de l’Ukraine», estime Jeremy Chan, analyste au sein du cabinet de conseil Eurasia Group et interrogé par Business Insider. La Russie aurait donc raison de s’inquiéter d’une possible entrée de la Corée du Sud –alliée des États-Unis– dans la guerre en Ukraine. Le pays asiatique s’est constitué un arsenal robuste au fil des années, notamment en raison du conflit larvé avec son voisin du nord.

Systèmes de défenses antiaérienne et antimissile, mais aussi canons automoteurs K9 Thunder, chars de combat K2, lance-roquettes multiples: de quoi soulager grandement Kiev en permettant de mieux protéger les villes et les infrastructures du pays, tout en renforçant la puissance de feu sur le front. Cette aide matérielle ne serait pas exactement une première. La Corée du Sud a déjà participé de manière indirecte à l’approvisionnement de l’Ukraine en obus de calibre 155 mm, en envoyant des munitions à des alliés occidentaux qui ont servi d’intermédiaires.

Ira, ira pas?

Mais l’arrivée de troupes nord-coréennes change la donne, d’après Ellen Kim, experte des Corées pour le groupe de réflexion américain Center for Strategic and International Studies. «La Corée du Sud pourrait également contribuer à une campagne de guerre psychologique contre les soldats nord-coréens qui pourraient ne pas vouloir se battre dans la guerre», avance l’analyste. Mais le chemin vers un soutien matériel et humain de la Corée du Sud à l’Ukraine est encore long. La Constitution du pays et plusieurs lois nationales limitent grandement les exportations d’armes vers des pays en guerre. L’impopularité du président sud-coréen Yoon Suk-yeol serait un frein pour faire évoluer ces lois et les abroger, du moins tant qu’il n’y a pas de menace claire pour le pays.

La Corée du Sud ne tient pas non plus à s’aliéner totalement la Russie, malgré les services passés et futurs que le pays peut rendre à Pyongyang. «En échange des obus nord-coréens et du soutien militaire en Ukraine, le Kremlin a cherché à freiner les inspections de l’ONU concernant le programme nucléaire de la Corée du Nord et pourrait être prêt à lui fournir une technologie militaire sophistiquée», explique Business Insider. Selon Jeremy Chan, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol cherche le meilleur moyen de dissuader la Russie. «Séoul pense que la menace de fournir des armes lui donne plus d’influence sur Moscou qu’elle n’en aurait si la Corée du Sud commençait à fournir des armes directement», affirme l’analyste. Autrement dit, Yoon Suk-yeol bluffe.

Les véhicules nord-coréens livrés à la Russie vont-ils changer le cours de la guerre en Ukraine?

Les véhicules nord-coréens livrés à la Russie vont-ils changer le cours de la guerre en Ukraine?

Les relations diplomatiques et commerciales de la Corée du Sud avec la Russie et dans la région sont également un frein pour Yoon Suk-yeol. «Il y a une possibilité que la Corée du Sud puisse tirer sur des Russes et/ou des Nord-Coréens, ce qui internationaliserait et élargirait encore la guerre. Le pire des scénarios est que cela déclenche une guerre nucléaire dans la péninsule coréenne, qui entraînerait les États-Unis et la Chine dans un conflit armé», anticipe Sean McFate, professeur de stratégie géopolitique à l’université Georgetown (située à Washington, D.C.).

Beaucoup à perdre, donc, mais peu à gagner… pour le moment. L’alliance de plus en plus forte entre la Russie et la Corée du Nord pourrait pousser la Corée du Sud à agir, qu’elle le veuille ou non. Si le leader nord-coréen Kim Jong-un reçoit, en échange de ses services en Ukraine, des armes sophistiquées et de la technologie de pointe, la menace serait de plus en plus pressante pour la Corée du Sud. «L’implication de la Corée du Nord augmente considérablement le risque que la Corée du Sud soit obligée de s’engager dans la guerre», conclut Ellen Kim.