Un général de division français a pris jeudi le commandement de la mission de l’OTAN en Irak, une mission un peu oubliée. Cette nomination illustre le partenariat stratégique entre Paris et Bagdad. Voir le communiqué de l’Otan ici.
Dans l’ultra-sécurisée zone verte abritant ambassades et institutions publiques dans le centre de Bagdad, une cérémonie de passation a été organisée sur une base militaire: le général de division Christophe Hintzy a pris la relève du lieutenant général Lucas Schreurs qui assurait pour les Pays-Bas le commandement annuel de la mission de l’Otan depuis mai 2024. « La France et l’Irak ont un long partenariat dans tous les domaines », a indiqué le général Hintzy. « Cette prise de commandement en Irak vient compléter notre partenariat stratégique avec nos amis irakiens. »
Cet officier général qui a commandé 12e régiment de cuirassiers, à Olivet, et est passé général de division le 1er janvier 2025, a été de 2022 à 2024 le représentant de la France auprès du Centcom, Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. Il a rappelé que l’OTAN est en Irak pour une mission «d’assistance, de conseil, de construction capacitaire, de façon à ce que l’armée irakienne soit en mesure de faire face au terrorisme (…) mais également d’assurer la stabilité et la sécurité du pays».
La passation intervient au moment où l’Irak entend aussi amorcer dès septembre un retrait graduel de la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington, et qui épaule les forces irakiennes dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
Un officier d’active de Gendarmerie, Jean Ceynom (pseudonyme) nous a adressé cette tribune relative aux compagnies commandées par deux officiers, soumis selon lui à de très fortes sujétions. Il estime urgent de repenser le modèle et suggère une réforme.
Les compagnies de Gendarmerie commandées par deux officiers posent un problème structurel, humain et opérationnel.
Au-delà du nombre de subordonnés à commander et de l’intensité de l’activité générale, le territoire d’une compagnie est un espace vivant, dynamique, spontané, imprévisible, complexe et diversifié… Il évolue, réagit, demande une attention constante. Il n’attend pas que l’on soit disponible : il exige qu’on le soit.
Or, avec toutes les contraintes inhérentes à la fonction, si un commandant de compagnie souhaitait exercer pleinement ses droits : repos, permissions, récupérations, il serait tout simplement impossible de tenir son territoire. Résultat : les officiers se sacrifient en silence, au détriment de leur équilibre, de leur santé, et de leur vie personnelle.
Le fonctionnement interne d’une compagnie est déjà, en soi, un défi permanent. À cela s’ajoutent ntoutes les interactions avec les acteurs extérieurs (collectivités, justice, sous-préfecture, partenaires institutionnels…), qui, eux, ne se soucient guère de la surcharge structurelle. Ils attendent une réponse rapide, une présence visible, une implication sans faille.
Si l’on compare un territoire à un organisme vivant nécessitant une attention quotidienne, alors en l’absence de contrôle et de suivi, cet organisme se dégrade inévitablement.
Les heures non récupérées, les permissions jamais prises, les repos sacrifiés deviennent la norme.
Personne ne semble s’en émouvoir. Certains officiers cumulent des semaines entières sans un seul jour de repos, sans que personne ne vienne leur dire : “Stop, prends soin de toi, préserve-toi”.
Aucune alerte, aucun accompagnement.
Les week-ends travaillés et non récupérés peuvent, en théorie, faire l’objet d’une indemnisation ( très faible ) mais tous les chefs, sans jamais l’écrire, précisent que cette pratique n’est pas tolérée.
Ils partent du principe que nous sommes “de permanence” et non “de service”… Pourtant, passer deux jours à répondre au téléphone, être sollicité en continu par tous les canaux possibles (téléphone, Tchap, mail…), être prêt à se déplacer sur un événement, à engager des moyens, à faire l’interface… Est-ce vraiment cela, une simple “permanence” ?
Et que dire de ces moments où nous profitons des week-ends pour faire le tour de nos unités, participer à des commémorations, réunions, événements, inaugurations, invitations… Être simplement disponible pour nos subordonnés ou les partenaires extérieurs, au service d’un territoire. Voilà ce qu’est un week-end…
Et lorsqu’un officier ose évoquer une compensation, on lui fait comprendre que cela ne se fait pas.
Officiellement, il est en “permanence”, pas en “service ». Une distinction sémantique commode pour ne pas activer les droits correspondants.
Un territoire est un organisme vivant, je le rappelle. Il se moque des normes réglementaires internes.
Il a des besoins, il sollicite.
Certains responsables se retranchent derrière l’argument du “à mon époque”. Mais leur époque n’était pas celle de l’hyperconnectivité. Aujourd’hui, l’officier est sollicité en continu. Il n’y a plus de frontière entre temps de service et temps personnel. Il n’y a plus de déconnexion. Tout est immédiat, urgent, pressant. Et pourtant, aucun allègement, aucun aménagement.
On nous demande de veiller scrupuleusement aux droits de nos subordonnés ce qui est légitime et normal , mais personne ne veille sur les nôtres. Qui contrôle que nos droits sont respectés ? Qui alerte lorsque l’officier dépasse les limites ? Personne, car ce serait soutenir que le système n’est plus soutenable.
Une compagnie à deux officiers, c’est une cadence infernale : une semaine “on”, une semaine “off”…en théorie.
En pratique, la coupure n’existe pas. À trois officiers, la rotation est plus tenable : une semaine de permanence toutes les trois semaines, un temps de repos plus réel, une gestion humaine plus équilibrée. Les chiffres le prouvent, plus de subordonnés ne signifie pas automatiquement plus d’activité opérationnelle. Mais une organisation mieux répartie permet à chacun de souffler et de tenir sur la durée.
C’est à ce moment de la tribune que, dans les compagnies à deux officiers, l’on peut se poser la question : quid du second ?
Il est là pour compenser, assurer l’alternance, permettre au commandant en titre de souffler… Oui, mais…Que se passe-t-il quand un chef (comprenez commandant de groupement) ne souhaite s’adresser qu’au commandant de compagnie en titre? Quand une situation l’exige, qu’un événement l’impose, qu’un cas RH le nécessite ? Et je précise même pas quand ce dernier veut jouir de ses droits à permission (normal et légitime une fois de plus) notamment sur plusieurs semaines consécutives.
Urgent de repenser le modèle
Et nos familles dans tout cela ? Elles vivent au rythme du service, souvent en décalage, parfois dans l’incompréhension. Pendant ce temps, dans le civil, un simple week-end d’astreinte pour un cadre est payé deux à trois fois plus qu’une IFR mensuelle d’officier. L’argent n’est pas notre moteur principal, mais il traduit malgré tout la reconnaissance d’un engagement. Or ici, l’engagement est total, mais la reconnaissance proche de zéro.
Ce système épuise, use, désespère. Il joue sur le sens du devoir des officiers, sur leur loyauté, sur leur silence. Mais à force d’être sollicités sans limite, sans soutien, sans compensation, que restera-t- il de cette motivation qui fait tenir les compagnies ?
En définitive, c’est bien à cause de l’ensemble de ces éléments que le commandement de compagnie attire de moins en moins.
La fonction, pourtant centrale dans la structure et les équilibres de la Gendarmerie, devient un passage redouté. Nombreux sont les camarades qui cherchent, par tous les moyens, à éviter la “case Cie”, conscients des sacrifices qu’elle implique et du manque de reconnaissance qui l’accompagne.
À cela s’ajoute une autre réalité préoccupante, le déficit de ressources pour tenir ces postes.
Il devient urgent de repenser ce modèle, de rééquilibrer les charges, de restaurer un minimum de perspectives, de reconnaissance et de soutien pour ceux qui assurent au quotidien le maillage territorial et la cohésion des unités.
Une réforme s’impose. Pas pour relâcher l’engagement, mais pour qu’il soit soutenable. Car servir en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances ne doit pas signifier se renier en tant qu’individu.
La compétition pour le développement et la production de l’engin du génie de combat (EGC) sera lancée en fin d’année selon l’OCCAr, mandatée en décembre dernier pour piloter le programme au nom de la France et de la Belgique.
Entre les candidats potentiels et les représentants de l’OCCAr et des deux nations clientes, ils étaient 45 à se réunir mi-mai à Bonn pour une pré-consultation du marché annonciatrice du lancement effectif du programme EGC. Une journée pour dessiner les contours d’un engin destiné, côté français, à succéder à des EBG, EGRAP et autres EGAME* qui, selon l’OCCAR, ne répondent plus entièrement au quadruple besoin de protection, de capacité de terrassement et de mobilité tactique et stratégique.
L’essentiel était déjà connu. Le duo franco-belge prévoit d’investir entre 800 M€ et 1,2 Md€ pour le développement et la livraison d’au maximum 200 véhicules. Intégrés dans la bulle SCORPION, ils seront chargés d’appuyer la mobilité des unités blindées au contact et d’enrayer celle de l’adversaire par la construction d’obstacles et de positions défensives. Les premiers EGC sont attendus en 2031, rendant caduc l’objectif fixé dans la loi de programmation militaire de cinq EGC en service à l’horizon 2030.
D’ici là, les candidats potentiels devront franchir deux rounds de sélection. Le premier doit démarrer d’ici décembre prochain avec la publication d’un questionnaire de pré-qualification, un jalon dont le franchissement reste conditionné par l’octroi du feu vert gouvernemental côté belge. Le second devrait commencer à la mi-2026 avec un appel d’offres ouvert aux six entreprises pré-sélectionnées. Des offres dont la réception est fixée au troisième trimestre 2026 pour atteindre, dans les premiers mois de 2027, la notification d’un contrat pour le développement, la production et le soutien en service initial (ISS).
Les cibles nationales sont pour la première fois détaillées. La France envisage l’acquisition de 82 EGC, la Belgique de 24 EGC. Deux flotte qui pourront croître pour parvenir à 170 EGC côté français et 49 côté belge, la partie française dépassant au passage le seul objectif connu jusqu’alors de 125 EGC livrés à horizon 2035. Au moins deux prototypes seront attendus pour conduire les essais de qualification.
D’un pays à l’autre, la stratégie diffère en matière de soutien. La Belgique, par exemple, penche pour un soutien de niveau 3 (ML3) pour une durée de six ans voire au-delà, quand la France l’envisage sous forme de tranches successives de deux ans. Au moins un point de soutien sera également installé en territoire belge pour les opérations de niveaux 1 et 2.
L’EGC sera opéré par un trio formé par un chef d’engin, d’un radio-tireur en charge de la protection rapprochée et d’un pilote. Le bras articulé unique pourra être opéré tant par ce dernier que par son chef. Derrière son godet, l’EGC sera également susceptible d’opérer d’autres outils comme une tarière, un brise roche ou encore une pince à grume. Il bénéficiera aussi d’une protection balistique supplémentaire, d’une protection anti-RPG7, de kits de protection en zone urbaine et en environnement NRBC et sera en mesure de tracter une remorque. Mais si le développement de ces kits est prévu en tranche ferme, leur acquisition dépendra de l’étendue des budgets nationaux.
L’attente est triple côté belge. Derrière la modernisation de sa future Force Terrestre, il s’agira aussi de pouvoir intégrer certains systèmes nationaux comme le tourelleau téléopéré proposé par FN Herstal et d’embarquer des acteurs belges dès le lancement du programme. L’OCCAr insiste : la participation d’entreprises belges est « attendue ». Un événement promotionnel sera organisé dans ce sens par AGORIA, qui réunit l’essentiel de la filière belge au sein du groupement Belgian Security & Defense Industry (BSDI).
*engin blindé du génie, engin du génie rapide de protection et engin du génie d’aménagement
Point de situation des opérations du jeudi 15 mai au jeudi 22 mai 2025
Europe
Flanc oriental de l’Alliance : posture opérationnelle
Sur le flanc oriental de l’Alliance, les armées françaises contribuent activement à la défense collective et sont aptes à s’engager dans tous les milieux pour faire face à tout type de menace.
En Estonie, l’exercice HEDGEHOG 25, conduit pendant 3 semaines par les Forces de défense estoniennes (EDF) en coordination avec le bataillon multinational de l’OTAN se termine demain. Cet exercice multinational mobilise plus de 16 000 soldats, dont 3 500 militaires alliés provenant de 13 nations différentes. Les armées françaises ont engagé dans ce cadre près de 1 000 militaires issus du Bataillon multinational de l’OTAN et de la Compagnie d’infanterie légère (CIL) déployée en Estonie.
L’exercice simule une agression aux frontières entrainant des combats de haute intensité dans le nord-est et le sud-est de l’Estonie. Soldats britanniques et français combattent sur des matériels modernes et du haut du spectre tels que le char de bataille Challenger ou encore les Jaguar et Griffon. Cet exercice qui engage près de 1 000 soldats français renforce l’interopérabilité des forces alliées dans les pays baltes sous court préavis.
En Lituanie, les armées françaises prennent toujours part à l’exercice DEFENDER EUROPE / SWIFT RESPONSE qui vise à entraîner la capacité aéroportée des Alliés. Une force interalliée de plus de 1 600 troupes aéroportées composée d’éléments américains, français, allemands, italiens et néerlandais a ainsi été larguée le 16 mai en Lituanie depuis l’Allemagne, démontrant ainsi la capacité des Alliés à réagir immédiatement. Pour rappel, les forces françaises y contribuent avec près de 200 troupes aéroportées ainsi qu’un A400M et un C-130J de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Le sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) a été engagé sur toutes les phases de l’exercice, notamment insérés auprès de la 173rd Airborne Brigade américaine et s’appuyant sur des vecteurs allemands NH90 et CH-53.
DEFENDER EUROPE illustre la capacité des Alliés à faire face à tous types de menaces en mobilisant des forces dotées d’un haut niveau de préparation opérationnelle.
En Roumanie, le bataillon multinational de l’OTAN sous commandement français poursuit l’exercice DACIAN SPRING 25 sur les camps de Cincu et Cartisoara. Cette semaine, les soldats français ont réalisé aux côtés de leurs homologues roumains et bulgares différentes séquences de combat offensives et défensives, en travaillant particulièrement l’appui drone au profit des unités d’infanterie et de cavalerie blindée.
Atlantique Nord : activités opérationnelles
En Atlantique Nord, les bâtiments de la Marine nationale déployés dans la zone contribuent à la surveillance des approches maritimes de l’OTAN.
Au large des Hébrides en Écosse, une frégate française intégrée au Task Group maritime permanent de l’OTAN (SNMG1) est engagée depuis le 4 mai dans l’exercice interallié FORMIDABLE SHIELD 25.
Le 15 mai, la participation de la frégate a culminé sur un tir de missile anti-aérien ASTER 30 sur une cible supersonique en vol rasant. Cette démonstration atteste de la précision de l’arme et de son domaine d’emploi étendu ainsi que du haut savoir faire des armées françaises pour faire face aux menaces les plus complexes.
En mer Baltique, l’OTAN poursuit l’opération de surveillance maritime BALTIC SENTRY, pour dissuader toute menace sur les infrastructures sous-marines et stratégiques. Dans ce cadre, la France y engage une frégate, le chasseur de mines tripartite (CMT) Andromède ainsi qu’un avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2).
Méditerranée centrale : activités opérationnelles
En Méditerranée, le patrouilleur de haute mer (PHM) Commandant Blaison contribue à l’opération EUNAVFORMED IRINI.
Le 14 mai, après une escale à La Sude en Grèce, le Commandant Blaison a repris ses patrouilles dans la zone d’opération IRINI.
Lancée le 31 mars 2020 par l’Union Européenne, l’opération IRINI vise à faire respecter l’embargo des Nations Unies sur les armes à destination de la Libye avec des moyens aériens, spatiaux et maritimes.
Proche et Moyen-Orient
Liban/FINUL : activités opérationnelles
Au Liban, les militaires français de la Force Commander Reserve (FCR) de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) continuent leurs opérations.
Du 12 au 14 mai, la FCR a conduit l’opération CEILLAC 3, en collaboration avec les Forces armées libanaises (FAL). Cette opération a mobilisé plus de 220 militaires et une cinquantaine de véhicules, déployés au plus proche de la Blue Line. L’objectif était de dépolluer une zone marquée par la présence de munitions non explosées et de caches d’armes, tout en permettant à la FCR de manœuvrer et de contribuer à la stabilisation de la région. Lors de leurs patrouilles, les casques bleus ont découvert des dizaines de munitions et d’explosifs, incluant des obus de mortier, des mines et des roquettes.
Les FAL ont ensuite récupéré l’intégralité du matériel saisi, illustrant ainsi la capacité de la FINUL à assister les FAL dans leur redéploiement.
Forces françaises aux Emirats Arabes Unis (FFEAU) – Mer Rouge : sûreté maritime
En mer Rouge, une frégate française est actuellement déployée sous le sceau de l’opération européenne ASPIDES.
Ces déploiements permettent d’assurer la liberté de navigation des navires de commerce de Suez à Ormuz et de lutter contre les trafics illicites dans la région.
Irak : coopération opérationnelle
Dans les airs, les Rafale de la Base aérienne projetée au Levant ont continué d’assurer la permanence aérienne de la Coalition au-dessus de la zone afin de lutter contre Daech.
Tandis qu’à terre, les militaires français de la Task Force LAMASSU ont repris le 21 mai la formation du 5e bataillon du désert irakien. Cette coopération opérationnelle bilatérale entre les Forces armées irakiennes et les Forces françaises aux Emirats Arabes Unis (FFEAU) s’incarne par des actions de formation conjointes au combat en milieu désertique. Elle illustre l’engagement des armées françaises dans la lutte contre la résurgence de Daech.
Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) : coopération opérationnelle
Dans la corne de l’Afrique, la France s’engage aux côtés de Djibouti dans le cadre du traité de défense bilatéral qui lie les deux pays. Ainsi, du 11 au 18 mai, les Mirage 2000-5 des FFDj ont effectué une trentaine de sorties aériennes. Ces vols s’inscrivent dans le cadre de la préparation opérationnelle des pilotes dans le domaine de la défense de l’espace aérien djiboutien.
Afrique
Au Gabon, dans le cadre du partenariat militaire opérationnel entre les Forces armées gabonaises (FAG) et le Détachement de liaison interarmées – Gabon (DLIA-G), l’Académie de protection de l’environnement et des ressources naturelles (APERN) délivre du 19 au 30 mai une formation de brevet parachutiste aux militaires gabonais et à la garde républicaine.
L’objectif principal de cette séquence est de fournir une instruction au sol suivie de six sauts qualifiants. En parallèle, les stagiaires reçoivent une instruction du niveau chef de groupe au niveau chef de section.
La formation vise à renforcer les capacités des forces armées gabonaises dans la projection et le combat en milieu forestier, tout en consolidant le partage d’expérience entre les deux armées. La formation répond aux besoins exprimés par le partenaire dans les domaines spécifiques de la lutte contre l’orpaillage illégal, le braconnage et le pillage des ressources.
Cette séquence illustre la nouvelle dynamique partenariale entre les Forces armées gabonaises (FAG) et le détachement de liaison interarmées centré sur la formation, la protection des ressources naturelles et la lutte contre les activités illégales.
Détachement de liaison interarmées de Côte d’Ivoire (DLIA-I) : coopération opérationnelle
En République de Côte d’Ivoire, du 28 avril au 14 mai, les Forces armées ivoiriennes et le Détachement de liaison interarmées en Côte d’Ivoire (DLIA-I) se sont entrainés conjointement aux opérations aériennes et aéroterrestres. Fruit d’une coopération ambitieuse, l’exercice interallié « 3D » a permis de renforcer l’interopérabilité entre les deux armées dans les domaines stratégiques de la projection et de la défense du territoire.
La première phase de cet exercice conjoint a consisté en un saut d’entrainement conjoint avec près de de 300 parachutistes ivoiriens du 1e Bataillon de commandos et de parachutistes (1er BCP), et les militaires français du détachement de liaison. Clôturé par une cérémonie de remise des brevets, cet échange a participé au renforcement de l’interopérabilité franco-ivoirienne dans le domaine des troupes aéroportés (TAP).
Dans le cadre de la montée en puissance de la composante aéroterrestre ivoirienne, l’exercice s’est articulé autour d’actions de formation des équipages du CASA CN295 ivoirien. Grâce à la qualité des interactions, l’armée de l’Air ivoirienne a réalisé, pour la première fois, un largage de chuteurs en complète autonomie.
Au cours de l’exercice, le déploiement de deux Mirage 2000D a permis la formation d’une dizaine de guideurs aériens tactiques avancés (GATA) ivoiriens grâce à l’appui aérien ou Close Air Support. La mise en place temporaire de ce plot chasse sur la base aérienne de Bouaké en amont de l’exercice a également contribué de manière significative à la montée en puissance du site, destiné à accueillir la future aviation de combat de la République de Côte d’Ivoire.
Cet exercice incarne la nouvelle approche partenariale entre la République de Côte d’Ivoire et la France : un dispositif flexible, adaptable en temps réel, et en mesure de répondre aux besoins exprimés par la République de Côte d’Ivoire permettant un échange de savoir-faire entre les armées françaises et ivoiriennes.
Indopacifique
Forces armées dans la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI) : activités opérationnelles
A Mayotte, le bataillon reconstruction (BATREC) a poursuivi ses chantiers dans le Sud de l’île pour y effectuer des retraits d’embâcles.
Forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) : coopération opérationnelle
Aux îles Fidji, le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Bougainville poursuit son déploiement dans le cadre de la mission de police des pêches AQUARIUS 25. Après des escales aux Tuvalu et Fidji, le BSAOM a appareillé le 15 mai de Suva (Fidji) avec à son bord deux inspecteurs de pêches fidjiens pour participer à une opération internationale de contrôle des pêches de la FFA (Agence des pêches du Forum des îles du Pacifique), au profit des pays océaniens.
Ces actions de coopérations entretiennent les partenariats des armées françaises avec les pays insulaires de la région.
Forces Armées en Polynésie Française (FAPF) : missions de police des pêches
En Polynésie Française, un patrouilleur outre-mer ainsi qu’une frégate de surveillance (FS) sont toujours engagées dans la surveillance des Zones Economiques Exclusives (ZEE) françaises dans le cadre de la mission de police des pêches PACIFIC AITO 25.
Amériques
Forces armées aux Antilles (FAA) : activités opérationnelles
En Martinique, le 33ème régiment d’infanterie de Marine des FAA a accueilli un détachement de 52 élèves-officiers des forces terrestres, aériennes et maritimes de la République dominicaine dans le cadre d’un stage de deux semaines au Centre nautique et d’entraînement en forêt (CNEF).
Les FAA mènent régulièrement des formations au profit des pays partenaires de la zone Caraïbes et Amérique du Sud et développent la coopération militaire avec leurs alliés au cours de d’exercices ou d’opérations communes.
Mission JEANNE D’ARC : coopération opérationnelle
Aux Sept Îles au Québec, le 17 mai, le groupe amphibie JEANNE D’ARC constitué d’un porte-hélicoptères amphibie (PHA) et d’une frégate de type LA FAYETTE a pris part à l’exercice d’évacuation de ressortissant LION MISTRAL aux côtés des Forces armées canadiennes.
Le groupement tactique embarqué (GTE) de l’armée de terre à bord du PHA ainsi que les forces canadiennes ont réalisé le débarquement conjoint de 300 militaires et d’une trentaine de véhicules militaires.
Après les manœuvre d’extraction des ressortissants par les unités déployées à terre, le PHA a ensuite servi de Centre de regroupement et d’évacuation des ressortissants (CRER), entité capitale dans le processus de sortie des ressortissants hors d’une zone de crise.
Cette activité amphibie d’envergure exigeant un haut niveau de préparation illustre la cohésion et la capacité des forces canadiennes et françaises à être engagés rapidement ensemble.
L’innovation est à nouveau à l’honneur à Pau, épicentre béarnais des troupes aéroportées et siège d’une école spécialisée au sein de laquelle quelques-uns réfléchissent aux scénarios et aux équipements des opérations aéroportées (OAP) d’aujourd’hui et de demain. Tour d’horizon des problématiques et de quelques solutions adoptées ou à l’étude en amont d’une Journée innovation des troupes aéroportées (JITAP) propice à élargir le champ des réflexions.
Une école au cœur du domaine TAP
Ils ne sont que 200 et pourtant, ces cadres issus de tous les régiments et de toutes les armées, d’unités conventionnelles ou spéciales, constituent la crème de la crème du combat aéroporté. Ensemble, ils arment l’École des troupes aéroportées (ETAP), seule détentrice des savoir et savoir-faire nécessaires pour former la totalité des parachutistes et chuteurs opérationnels des armées, du ministère de l’Intérieur et de quelques alliés triés sur le volet. Si elle oeuvre principalement au profit de la 11e brigade parachutiste, elle accueille ainsi les marins d’ALFUSCO, les aviateurs de la brigade des forces spéciales air et les gendarmes du GIGN. Mais aussi les écoles, à commencer par Saint-Cyr et l’Académie militaire de la gendarmerie nationale.
Située « au coeur de l’inter-domaine TAP », l’école de Pau propose un catalogue de 35 formations, du brevet de base à l’instructeur en chute libre, le Graal du domaine. Mais pas seulement. L’ETAP est également une référence en matières de réglementation et d’innovation. Et celle-ci innove à plus d’un titre. En matière d’instruction notamment. Depuis peu, elle forme en interne ses propres sous-officiers au bénéfice de la 11e BP. Une première cohorte de 28 stagiaires lançait le processus en octobre dernier. Les former directement dans leur futur environnement de travail permettra de renforcer la cohésion et de donner aux régiments un sous-officier parachutiste « complet », « tactiquement formé » et donc directement opérationnel, relève le lieutenant-colonel Philippe, à la tête du bureau études et prospectives (BEP) de l’ETAP. Mais c’est sur l’adaptation des tactiques et des équipements face au durcissement des menaces que porte l’effort principal.
Après plusieurs décennies de calme relatif, le Sahel aura permis de renouer avec les OAP d’envergure. Ces sauts réalisés durant l’opération Barkhane, les plus ambitieux en quatre décennies, n’affrontaient cependant qu’un ennemi dispersé, peu armé et, surtout, dépourvu de moyens de défense sol-air. Dix ans plus tard, et alors que l’aventure sahélienne s’achève, le danger majeur est non seulement ailleurs mais aussi d’un tout autre acabit. L’adversaire principal, tant pour les TAP que pour le reste des forces françaises, c’est à nouveau une armée conventionnelle, cet ennemi à parité cette fois équipé d’une défense sol-air épaisse, multi-couche et évolutive. Avec un déni d’accès redevenant la norme, l’heure est à l’introspection tous azimuts pour ceux qui doivent avant tout passer au travers.
Passer au travers d’un maillage plus dense
« Nous réfléchissons à ce que sera une OAP face à un ennemi à parité. Il convient de réfléchir au moyen de percer la bulle A2AD et de réaliser une OAP », pointe le lieutenant-colonel Philippe. Comme l’a démontré la phase initiale de l’attaque russe sur l’aéroport de Kyiv en février 2022, « aucune bulle n’est totalement étanche, cela n’existe pas ». Deux ans plus tard, le bouclier israélien, sans doute l’un des plus denses au monde, était à son tour percé par des roquettes et des ULM envoyés par le Hamas. Même la Russie a ses failles, comme le démontre l’envoi régulier de missiles et de drones ukrainiens dans son espace aérien. Bien que « hyper fiable », la défense sol-air a donc ses limites. « Certes, les radars voient, mais l’humain reste en deuxième couche et conserve des faiblesses, notamment dans l’interprétation ». Le coût ensuite. Faut-il nécessairement tirer ce missile complexe, coûteux et dont les stocks sont limités ? La couche la plus dense reste la couche moyenne portée, mais « chaque strate a ses faiblesses » et toute défense sol-air « reste parcellaire et concentrée sur certains points précis ».
Ces limites, l’ETAP les étudie de près pour déterminer les meilleures stratégies de pénétration, d’évitement et de contournement. L’un des officiers du BEP sortait ainsi de six mois d’étude approfondie des matériels russes, américains et chinois. Reste que la menace est désormais bien plus élevée que lors des opérations précédentes. « Tout l’enjeu sera de savoir pourquoi et sur quoi on mène une OAP. C’est toute l’étude que mène la 11e BP aujourd’hui via l’imposition de dilemmes tactiques ». Complexe, la manœuvre « n’est pas sans risque » et ne pourra se conduire qu’en interarmées et interalliés, chacun amenant les moyens disponibles dans tous les champs concernés, cyber y compris, pour aboutir à la combinaison garantissant le plus haut taux de succès. Un alignement des planètes nécessaire de tout temps, mais maintenant beaucoup plus contraint.
Si le premier défi sera de franchir la barrière, le second sera de durer au-delà. Une fois au sol, les troupes aéroportées deviennent autant d’ilots isolés au sein d’un maillage adverse autrement plus dense qu’avant. À l’armée de l’Air et de l’Espace de répondre au premier enjeu, à l’ETAP d’envisager le second pour tenir a minima 96 heures en totale autonomie. Un délai de ravitaillement étendu par rapport à la norme actuelle, plutôt centrée sur deux à trois jours. Gagner de 24 à 48h amène de nombreux défis de poids et de volume, de par l’emport supplémentaire exigé en munitions, nourriture, eau, batteries et autres équipements indispensables. Diminuer la charge du combattant, assurer son ravitaillement, l’évacuation des blessés et la récupération de la force, c’est justement « tout l’objet de nos études pour le moment ».
La MLD, un objet rustique pour emporter jusqu’à 225 kg, emporter 25 % du matériel disponible sur la zone de mise à terre et réduire de 15 à 30% le temps de réarticulation selon le niveau d’entraînement (Crédits image : armée de Terre).
Un enjeu de poids
Pour l’ETAP, située au coeur d’un écosystème composé de régiments expérimentateurs et du groupement aéroporté de la Section technique de l’armée de Terre (STAT), les réflexions portent sur trois segments, que sont la très grande hauteur, la très basse hauteur et la logistique aéroportée. «Comment j’amène mes troupes sur la zone d’action ? Comment porter plus ? », s’interroge le lieutenant-colonel Philippe. Deux problématiques qui en appellent bien d’autres, comme celles portant sur la limite de la fatigue ou l’allègement de l’équipement. L’une des particularité du parachutiste, c’est en effet sa propension à emporter la quasi totalité du barda individuel et les quelques équipements collectifs sur son dos. Soit près de 50 kg à récupérer et transporter durant au moins quatre jours.
Cette caractéristique engage un réflexion à première vue paradoxale : alléger le sac à dos non pas pour réduire la charge, mais pour permettre d’emporter plus de munitions, plus de rations. C’est tout l’objet de travaux conjoints entre industriels et unités. Avec MOS, par exemple, ce spécialiste de la nutrition « spéciale » engagé pour plancher sur une « ration 96h ». Le résultat ? Un ensemble de pains lyophilisés pour un poids total de 750 g, trois fois moins que la ration actuelle pour cette solution évaluée avec le concours des groupements commandos parachutistes. C’est aussi un travail sur les effets vestimentaires et autres équipements du quotidien, cette fois poursuivi en collaboration avec le 2e régiment étranger de parachutistes. « Nous allons gagner 10 grammes par 10 grammes sur une gamelle, une gourde, un kit de survie », pour in finefinir par réduire la masse de quelques kilogrammes. Le poids ne changera pas, c’est donc sur les moyens d’allègement que planche l’ETAP pour permettre au combattant de tenir dans le temps. « Nous allons lancer une étude sur les sac à dos. Nous sommes en train de voir avec la STAT », indiquent ceux qui lorgnent en parallèle sur de nouvelles clefs de portage pour réduire la fatigue musculaire.
Entre la mise à terre et les premiers pas sur le plancher des vaches, se pose l’épineuse question de la réarticulation. Généralement dégagées, les zones de saut participent à la vulnérabilité de parachutistes dispersés, focalisés sur la récupération de leur matériel, le regroupement, voire à la prise en compte des premiers blessés. Les TAP ne manquent pas d’idées simples pour accélérer et sortir au plus vite de cette phase délicate. Fruit de l’imagination d’un sous-officier, la mule largable démontable (MLD) est une première piste. « Au départ, c’est une branche taillée pour faire un axe, deux roues de brouette et une sangle », rappelle le lieutenant-colonel Philippe. Affinée dans un garage puis inscrite dans le projet de réarticulation rénovée et modernisée, la MLD permettra de gagner de 20 à 30 précieuses minutes lors de cette phase critique. Elle s’accompagne de son pendant électrique, une mule W-Go robotisée propulsée par des roues électriques et dotée d’une capacité d’emport de 700 kg. L’objectif à court terme sera d’en valider le largage.
Autre piste, le sac de récupération de matériel (SRM) vise cette fois à faciliter l’emport des parachutes dorsal et ventral, en les réinstallant devant pour laisser place à la musette et faciliter l’usage de l’arme. « Si on est pris à partie, une simple poignée permet de larguer le tout pour faciliter le combat. C’est tout bête, mais il fallait y penser ». Tant la MLD que le SRM sont passés à l’échelle. Les premières perceptions datent de septembre 2024 pour la 11e BP, avec une vingtaine de MLD équipant depuis lors l’échelon national d’urgence rénové (ENU-R). Un succès qui devrait ensuite bénéficier aux forces spéciales.
Double usage, trottinette et débrouillardise
Rien ne se perd au sein des TAP, tout se conserve. «Il est hors de question de sauter avec du matériel que l’on utilisera pas», explique le chef du BEP. Non seulement le matériel doit servir mais il aura aussi plusieurs usages. La MLD, par exemple, n’est pas limitée à la réarticulation. L’ajout d’une planche ouvre la voie au transport de munitions ou d’un blessé, l’ajout d’une caisse rigide au transport de « tous les petits matériels optroniques, drones et autres équipements fragiles qui ne peuvent pas être largués dans une gaine ». Grâce à la MLD, les TAP pourront emmener plus de munitions antichars et d’appui-feu. Là aussi, l’heure est au recadrage pour conserver ces capacités d’appui tout en musclant la quantité. Parmi les voies explorées sur demande de la brigade, celles d’un lance-roquettes au panel d’effets élargi, plus léger et moins cher que l’Akeron MP, ou encore d’un mortier de 60 mm permettant d’emporter plus de coups, quitte à sacrifier un peu de portée.
L’ETAP pousse également le curseur un cran plus loin en matière de mobilité. Si le Fardier aérolargable amène un début de réponse mais demeure limité en nombre, l’EZRaider pourrait agir en complément. Plus légère, cette trottinette électrique tout terrain d’origine israélienne serait en service dans les forces spéciales israéliennes. Son intérêt hormis ses performances et sa discrétion ? La possibilité d’un largage par une portière latérale une fois repliée en position verticale. Une configuration « comme un colis MILAN » qui la libérerait des contraintes de la livraison par air, apanage du 1er régiment du train parachutiste. La STAT en a acquis deux exemplaires à des fins d’expérimentation. L’un d’entre eux pourrait atterrir à l’ETAP pour confirmer – ou non – la piste de l’aérolargage. En cas de succès, l’EZRaider prendrait ensuite la voie des régiments, voire des forces spéciales, pour en confirmer l’intérêt tactique.
Motorisées à minima, les TAP n’hésiteront pas à aller se servir dans les équipements capturés à l’ennemi ou abandonnés par les populations civiles. Exploiter la débrouillardise du combattant français, voilà l’idée sous-jacente à la création de cette petite trousse à outils qui, accompagnée de quelques matériaux, permettra de faire démarrer un véhicule d’opportunité pour emmener le groupe de combat. « Comment cacher un PC dans des véhicules civils ? Nous sommes largués sans véhicules, comment motoriser la force ? Il y a là un vrai chantier », lance le lieutenant-colonel Philippe. Un chantier dépassant le seul cadre du BEP pour s’étendre à l’ensemble de la 11e BP et un effort parmi d’autres dans un panorama à 360° appelé à évoluer au vu du contexte sécuritaire, des nouvelles technologies et de l’imagination visiblement sans limite des troupes aéroportées. Début de réponse avec une seconde édition de la JITAP propice aux surprises.
Dans le bilan de la mission Clemenceau 25 qu’elle a publié le 30 avril dernier, la Marine nationale n’a pas tout dit au sujet des activités du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle quand celui-ci naviguait dans la région Indopacifique. C’est en effet ce qu’il ressort de l’audition de son chef d’état-major [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour, par les députés de la commission de la Défense, ce 21 mai.
Même si le programme du porte-avions de nouvelle génération [PANG] ne semble pas menacé étant donné que le budget des Armées devrait, a priori, augmenter sensiblement dans les années à venir, l’amiral Vaujour a commencé son propos liminaire en mettant en avant l’intérêt pour un pays comme la France de disposer d’un groupe aéronaval.
« Le groupe porte-avions est quelque chose d’assez particulier. On l’oublie souvent mais il a trois grandes fonctions : le dialogue stratégique, la supériorité aéromaritime qui permet de défendre nos intérêts partout dans le monde et de gagner un combat en mer ou d’ouvrir une brèche [dans les milieux contestés] et l’agrégation des volontés politiques partenariales », a-t-il dit.
S’agissant du dernier point, le CEMM a fait valoir que « quand vous avez un porte-avions, vous avez des copains qui viennent avec vous » alors que « quand vous n’en avez pas, vous allez toquer à porte des copains qui en ont pour savoir si vous pouvez aller avec eux ».
Quoi qu’il en soit, a-t-il poursuivi, le « groupe porte-avions, ce n’est pas quelques chose d’anodin dans le monde. Pendant la mission Clemenceau 25, le Charles de Gaulle a rencontré cinq groupes porte-avions : deux américains, un indien, un japonais et un chinois. Les pays expriment leur puissance par l’outil porte-avions ».
Effectivement, durant sa mission, le groupe aéronaval eut une interaction avec le porte-avions américain USS Harry S. Truman quand celui-ci se trouvait en Méditerranée. Même chose lors de l’exercice Pacific Steller, auquel participèrent l’USS Carl Vinson et le porte-aéronefs japonais JS Kaga. Puis, en mars, les manœuvres Varuna furent l’occasion pour la marine indienne de déployer, pour la première fois, l’INS Vikrant au côté du Charles de Gaulle.
Cela étant, et sauf erreur, à aucun moment la Marine nationale n’évoqua, dans sa communication, une rencontre entre le GAN et un porte-avions chinois…
Lors de son audition, l’amiral Vaujour a indiqué que le Charles de Gaulle était « passé dans la ligne des neuf traits, c’est à dire en mer de Chine méridionale ». Or, la quasi totalité de cette dernière est revendiquée par Pékin, malgré un avis de la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye qui, rendu en 2016, avait estimé que les prétentions chinoises ne reposaient sur « aucun fondement juridique ».
A priori, cette « rencontre » avec un porte-avions chinois a eu lieu avant ou après l’escale – inédite – du GAN aux Philippines. À cette occasion, il avait pris part à des exercices de lutte anti-sous-marine ainsi qu’à des manœuvres aériennes en mer de Chine méridionale, aux côtés des forces armées philippines.
« Toutes ces interactions ont pour objectif non seulement de renforcer notre interopérabilité, mais aussi de démontrer notre engagement à maintenir la stabilité régionale et à promouvoir une région indo-pacifique libre, ouverte, sûre et pacifique », avait alors expliqué le contre-amiral Jacques Mallard, le commandant du groupe aéronaval français.
« Nous souhaitons renforcer la coopération avec les partenaires régionaux qui partagent notre engagement à faire respecter le droit international et à garantir la liberté de navigation dans les espaces maritimes partagés », avait-il ajouté, avant de refuser de dire si la marine chinoise avait suivi les navires français durant leur navigation vers les Philippines.
En tout cas, d’après les propos de l’amiral Vaujour, une « rencontre » a bel et bien eu lieu entre le GAN et un porte-avions chinois. Selon le renseignement en sources ouvertes, le navire en question pourrait être le CNS Shandong. À en croire l’imagerie satellitaire, ce dernier se trouvait encore amarré à la base navale de Yulin [province de Hainan] le 21 février. Mais il n’y était plus le 25 février, alors que le Charles de Gaulle venait de quitter les Philippines. Sa mission aura été de courte durée puisqu’il fut de nouveau repéré à son port d’attache le dimanche suivant [soit le 2 mars].
Cette rencontre n’a pas engendré de tensions particulières… «Les Chinois nous ont surveillés mais ils n’ont pas du tout été agressifs à l’encontre de la France. Ils comprennent mieux notre position. Cela ne veut pas dire qu’ils sont contents qu’on soit là… Mais nous avons affirmé la liberté de navigation qui est véritablement ce que l’on défend pour nos intérêts », a ensuite expliqué l’amiral Vaujour.
Enfin, interrogé sur le coût du porte-avions, jugé trop élevé par un député, le CEMM a invité à faire un calcul.
« De manière générale, la marine est chère. Mais les armées sont chères. Pendant la phase de construction, le coût du porte-avions [de nouvelle génération] représente 2 % du budget de la Défense. 2 % sur 50 à 60 milliards d’euros, pendant dix / quinze ans. Quand on rapporte ça au budget de l’État [350 milliards], ça devient vraiment pas grand chose. Et encore moins si on le rapporte aux dépenses publiques [1 500 milliards]. Doit on se priver d’un tel outil de puissance ? Je vous laisse réfléchir », a-t-il conclu.
Le voyage de Donald Trump dans les pays du Golfe a dessiné une nouvelle donne pour la région. Avec des espoirs de paix et de coopération.
Se félicitant de ce qu’il considérait comme le « plus grand comeback de l’histoire », Benyamin Nétanyahou voyait dans la réélection de Donald Trump, « le meilleur ami qu’Israël n’ait jamais eu à la Maison-Blanche »[1], la promesse d’un soutien absolu de Washington dans la guerre existentielle que l’état hébreu mène contre l’Iran et ses relais régionaux. Se voyant débarrassé des hésitations de l’administration Biden, le Premier ministre israélien imaginait alors une collaboration renforcée dans le but d’endiguer définitivement la menace iranienne et de venir à bout du Hamas dans la bande de Gaza.
La tournée de Donald Trump au Moyen-Orient, marquée par l’absence d’un détour par la capitale israélienne, signale toutefois une certaine réorientation de sa politique étrangère dans la région. Ce choix diplomatique, s’il ne doit pas être interprété comme un désengagement des États-Unis dans leur soutien historique à Israël, est révélateur d’une approche transactionnelle de la géopolitique, pilier de la doctrine de l’America First, conduisant Washington à faire primer ses intérêts nationaux au Moyen-Orient, quitte à écorner le statut d’allié particulier d’Israël que Nétanyahou pensait jusqu’ici intangible.
Cette redéfinition des priorités internationales se manifeste dans la communication du président américain sur la situation à Gaza et se lit également dans une stratégie diplomatique régionale à tendance bilatérale qui témoigne de certaines divergences d’intérêts entre Washington et Tel-Aviv.
Palestine : interpréter le récent adoucissement de la communication de Donald Trump
Avant même son investiture, Donald Trump faisait plier le Hamas en lui promettant « l’enfer »[2] si l’organisation terroriste ne libérait pas tous les otages retenus à Gaza depuis le pogrom du 7 octobre 2023. Se sentant acculé militairement et voyant dans une trêve la seule possibilité de conserver son pouvoir sur l’enclave palestinienne, le Hamas cédait et Donald Trump pouvait se targuer d’avoir obtenu son premier succès diplomatique avant même sa prise de fonction en annonçant la nouvelle dès le 15 janvier dernier : « Nous avons un deal pour les otages au Moyen-Orient. Ils seront bientôt libérés, merci ! ».
Dans la foulée, Trump présentait son projet contesté de transformer la bande de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », envisageant le déplacement des Palestiniens en Égypte ou en Jordanie afin de transformer l’enclave en station balnéaire de luxe. Soutenue par le Premier ministre israélien, cette idée s’est toutefois heurtée au refus conjoint de la Jordanie et de l’Égypte de recevoir la population gazaouie, à la réaction hostile de la très grande majorité de l’opinion publique, mais aussi aux réticences des pays du Golfe qui font de la cause palestinienne une condition sine qua non à la poursuite de la normalisation de leurs relations avec Tel-Aviv.
La reprise des hostilités entre Israël et le Hamas le 18 mars dernier a marqué un tournant dans la communication de Washington autant qu’elle a contrarié les efforts de Donald Trump dans sa quête d’une paix rapide et durable. Animé par la volonté de se désengager de certains conflits afin de se focaliser sur la menace chinoise qu’il considère comme le danger prioritaire ainsi que par son désir de se voir décerner le prix Nobel de la paix, le président américain a depuis infléchi son soutien médiatique au gouvernement israélien.
Interrogé le 17 mai dernier sur la situation à Gaza, Trump déclarait : « Nous devons aider les Palestiniens. Beaucoup de gens meurent de faim à Gaza, nous devons prêter attention aux deux partis »[3]. En prenant en compte pour la première fois la situation des habitants de l’enclave, Donald Trump donne un gage à ses partenaires du Golfe, bien conscient de l’importance qu’ils accordent au sort des civils palestiniens. Il semble par ailleurs que le changement d’attitude de Donald Trump soit à l’origine de la décision de Benyamin Nétanyahou d’autoriser l’entrée d’une « quantité de base de nourriture » dans la bande de Gaza. Selon le Wall Street Journal, le Premier ministre israélien aurait indiqué répondre ainsi aux pressions des « plus proches amis [d’Israël] dans le monde » ainsi qu’à celles de ses soutiens au Sénat américain[4].
Nouvelle approche
Parallèlement, Donald Trump s’abstient de faire pression sur les pays arabes concernant la reprise des pourparlers de normalisation afin de ne pas entraver la nouvelle dynamique des relations commerciales entre les États-Unis et les pays du Golfe. Cité par Le Figaro, l’homme d’affaires américain Karl Mehta résume cette nouvelle approche en soulignant que « le commerce remplace l’intervention militaire, les puissances régionales contrôlent leur propre destin, et l’Amérique soutient sans occuper »[5]. Une communication nouvelle qui venait ponctuer une tournée qui aura permis la sécurisation de nombreux accords pour un montant total estimé à 2 000 milliards de dollars[6].
Cette politique du deal s’étend au-delà des simples considérations commerciales. C’est ainsi que des discussions menées par des représentants américains ont abouti à la libération d’Edan Alexander, le dernier otage américain retenu par le Hamas. Ce « geste de bonne volonté »[7] du Hamas envers l’hôte de la Maison-Blanche n’a pas été suivi par la libération d’autres otages ni n’a impliqué de quelconque contrepartie américaine. Le recours à des négociations bilatérales, qui manifeste un certain découplage des intérêts américains et israéliens, a été dupliqué à d’autres problématiques régionales. Bien qu’il ne faille pas y voir un revirement idéologique, Trump n’envisageant pas la reconnaissance d’un état palestinien ou la cessation des livraisons d’armes à Israël, les initiatives régionales récentes du président américain sont clairement frappées du sceau de l’America First et semblent en passe de devenir le modus operandi de Washington en matière de politique étrangère.
Une bilatéralisation de la diplomatie régionale au détriment des angoisses existentielles d’Israël
Si Donald Trump n’a pas pris le temps de rendre visite à Benyamin Nétanyahou, il a néanmoins accordé un entretien d’un peu plus de trente minutes au président intérimaire syrien Ahmed al-Charaa. À cette occasion, le nouvel homme fort de Damas se serait engagé à normaliser ses relations avec Israël, mais aussi à apporter son concours à la lutte contre Daech. L’homme, dont le passé djihadiste suscite les réserves de la plupart des dirigeants internationaux, ne bénéficie pas de la confiance du gouvernement israélien. Donald Trump a surpris jusque dans son propre camp en accordant sa confiance à celui qui a passé 5 ans dans une prison irakienne après avoir combattu les troupes américaines.
La décision de Donald Trump de lever l’ensemble des sanctions financières américaines visant la Syrie a été vécue comme un camouflet par Nétanyahou, qui a lancé une campagne de bombardements en Syrie depuis la chute de Bachar el Assad, craignant notamment que les armes chimiques de ce dernier ne tombent entre les mains des nouvelles forces au pouvoir. Même si le Congrès américain doit encore valider la décision de Donald Trump, cette initiative ne rassurera pas Israël.
L’annonce d’un accord entre les Houthis et les États-Unis le 6 mai dernier illustre parfaitement la nouvelle approche de l’administration américaine quant aux enjeux régionaux. Après avoir menacé les rebelles yéménites : « l’enfer s’abattra sur vous comme vous ne l’avez jamais vu auparavant ! », Donald Trump avait déclenché une large opération de bombardements visant leurs positions. Depuis le 15 mars, ces opérations ont mobilisé plus de 2 000 bombes et missiles d’une valeur globale supérieure à 775 millions de dollars[8]. Si l’arrêt des bombardements soulage à court terme l’économie américaine, elle ne résout aucune des problématiques régionales que causent les Houthis. Leur « capitulation »[9], pour reprendre les termes du président américain, ne bénéficie qu’aux navires battant pavillon américain. Ainsi que le souligne Dana Stroul, ancienne responsable américaine de la Défense sous l’administration Biden, les Houthis « n’arrêteront pas de tirer des missiles sur Israël, le commerce maritime ne reprendra pas, et rien ne changera dans la guerre civile au Yémen »[10].
Face aux pays arabes
Si ces récents développements ont contrarié Benyamin Nétanyahou, le dirigeant se montre particulièrement inquiet des négociations en cours entre les États-Unis et l’Iran sur la question nucléaire. Le Premier ministre israélien voyait pourtant dans celui qui avait décidé, lors de son premier mandat, de se retirer de l’accord nucléaire de 2015, un soutien inestimable dans l’optique de l’adoption d’une stratégie offensive qui aurait pu permettre le bombardement des installations nucléaires de la République islamique d’Iran. Certains responsables israéliens indiquent que le moment serait idéal dans la mesure où les frappes israéliennes d’octobre 2024 en Iran ont largement amoindri le système de défense aérienne iranien[11].
L’issue de ces négociations reste cependant incertaine, l’Iran ne semblant pas prêt à abandonner toute recherche nucléaire alors que Pete Hegseth, secrétaire américain à la Défense, a affirmé que « l’Iran ne peut pas avoir d’arme nucléaire » se ménageant la possibilité d’une intervention militaire si les négociations devaient s’avérer infructueuses. Le New York Times rapporte par ailleurs que Donald Trump n’écarte pas non plus le recours à l’option militaire[12]. Une autre question pourrait toutefois se poser si un accord venait à être trouvé sans offrir suffisamment de garanties à Israël. Dans une telle situation, quelle serait la position des États-Unis si l’état hébreu décidait de déclencher une opération militaire d’envergure visant les sites nucléaires iraniens ?
Conseil de Défense : le rapport déclassifié sur les Frères musulmans en intégralité
Le 21 mai 2025, un rapport confidentiel intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France » a été présenté au gouvernement, puis examiné en Conseil de défense.
Le 21 mai 2025, un rapport confidentiel intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France » a été présenté au gouvernement, puis examiné en Conseil de défense. Rédigé par deux hauts fonctionnaires, ce document de plus de 60 pages ne parle ni de terrorisme, ni de séparatisme violent. Il s’attaque à une dynamique autrement plus insidieuse : l’enracinement d’une idéologie islamiste intégraliste dans le quotidien des structures françaises.
Son objet ? Décrire, analyser, et nommer une mouvance trop souvent mal comprise : le frérisme. Ce courant, héritier des Frères musulmans fondés en Égypte en 1928, s’adapte à son environnement, s’organise sur le temps long et se développe sous le seuil de détection classique des outils de lutte contre l’islamisme.
Frères musulmans : une organisation à cercles concentriques
Au cœur du rapport, une description limpide d’un mode de structuration méconnu. La confrérie fonctionne selon « des cercles concentriques dont le centre est constitué d’un “cercle restreint” de militants assermentés». Autour de ce noyau, gravite une galaxie plus diffuse d’influence et de relais idéologiques, désignée comme la « mouvance frériste ».
Cette distinction est importante. Le frérisme ne désigne pas seulement l’adhésion à une organisation formelle, mais aussi l’adhésion à des logiques, des langages, des pratiques, sans nécessairement revendiquer l’appartenance au noyau central. C’est cette souplesse organisationnelle qui rend le phénomène difficile à appréhender. Il ne s’agit pas d’une armée, mais d’un archipel.
Une stratégie d’influence territoriale progressive
Loin d’une stratégie de confrontation, le frérisme agit par infiltration. Le rapport décrit une dynamique fondée sur l’implantation locale et l’adaptation stratégique. En Europe, les Frères musulmans « capitalisent […] sur une dynamique désormais ancienne » : les institutions communautaires.
Il ne s’agit pas de s’enfermer dans des enclaves, mais d’investir les structures sociales existantes. Associations, écoles, lieux de culte, centres culturels, clubs sportifs deviennent autant de points d’appui pour une influence organisée. Cette présence « renforcée par une nouvelle génération de prédicateurs » permet une diffusion culturelle et religieuse ciblée, agile, et médiatiquement compatible.
Les enfants en première ligne du projet frériste
La jeunesse est au cœur de cette stratégie. Le rapport insiste sur « la rigorisation de la pratique religieuse» chez les plus jeunes, avec une mention spécifique à « l’explosion du nombre de jeunes filles portant une abaya et l’augmentation massive et visible du nombre de petites filles portant le voile ».
Cette observation n’est pas anecdotique. Elle met en lumière une influence qui ne vise pas seulement les individus mais les structures d’éducation, de transmission, de socialisation. L’objectif est clair : forger très tôt des repères religieux conservateurs, en rupture progressive avec les normes républicaines.
Une subversion sans violence mais avec méthode
Ce qui rend le frérisme redoutable, c’est son invisibilité relative. Loin des discours de rupture, c’est dans le glissement progressif des normes, dans la normalisation d’un contre-discours religieux politique, que s’installe la menace. Un lent travail d’érosion idéologique.
La dernière partie du rapport n’est pas seulement analytique. Elle formule des recommandations. Les auteurs appellent à « mieux appréhender la menace, documenter ses structures, connaître les aspirations de la population musulmane et lui adresser des messages forts ».
C’est une stratégie d’intelligence politique qui est proposée. Parmi les priorités : « une prise de conscience des effets de l’islamisme en France » et « un discours laïque renouvelé ». L’enjeu est de reconstruire un récit républicain fort, audible et cohérent.
Le rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » documente un phénomène invisible à l’œil nu, mais bien réel. Il ne décrit ni un coup d’État ni un projet violent. Il décrit un travail d’influence, un enracinement idéologique, une conquête culturelle progressive.
C’est une alerte froide et rigoureuse. Une alerte qui, si elle est entendue, pourrait permettre à la République de se défendre, non pas contre une menace spectaculaire, mais contre une lente et méthodique transformation de ses fondations.
Défense : « Lorient tient une place prépondérante »
Dans le cadre d’une mission d’information, les députés Damien Girard et Thomas Gassilloud ont passé la journée, lundi 19 mai 2025, chez Naval Group et à la base aéronavale de Lann-Bihoué.
Les députés Thomas Gassilloud (deuxième en partant de la gauche) et Damien Girard (au centre) en visite chez Naval Group. | NAVAL GROUP
par Stéphane Bacro – Ouest-France – Publié le
Vers quel modèle l’Armée française doit-elle se tourner dans les années à venir ? Vaste question sur laquelle Damien Girard, député de la circonscription de Lorient (Morbihan) et son collègue du Rhône, Thomas Gassilloud, planchent depuis le mois de janvier.
Dans le cadre de leur mission d’information, les deux parlementaires ont passé la journée, lundi 19 mai 2025, chez Naval Group et à la base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué. « Les réflexions venant du terrain sont toujours riches d’enseignements », pointe Damien Girard.
« Lorient tient une place prépondérante en matière de défense, rappelle Thomas Gassiloud. Car c’est ici que sont construits les bâtiments de surface de premier rang de la Marine nationale. Les frégates livrées par Naval Group sont indispensables à la sécurisation du trafic maritime. Notre dissuasion repose également sur la base de Lann-Bihoué. Ses avions permettent de sécuriser la sortie de nos sous-marins depuis l’île Longue et de repérer les éventuels sous-marins russes. »
Comment équilibrer le plan de charge chez Naval Group ?
Les deux lieux sont également indispensables à l’économie locale, puisque Naval Group et la base de Lann-Bihoué emploient, chacun, environ 2 000 personnes. Avec pour chaque structure ses problématiques. Notamment celle du plan de charge chez Naval Group. « L’entreprise se trouve actuellement dans un léger creux, mais il est impératif de maintenir la masse de salariés afin de ne pas perdre les compétences », souligne Damien Girard.
Une à deux frégates de défense et d’intervention sortent, chaque année, de chez Naval Group. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE
D’où cette réflexion de l’élu écologiste. «Naval Group produit à la fois des frégates pour la Marine nationale (à raison d’une tous les deux ans), et pour d’autres pays (la Grèce). Les bateaux sont construits une fois les commandes passées. On pourrait imaginer fonctionner différemment comme le fait l’Italie, en ayant des frégates en surnuméraire et en cédant certaines en fonction des besoins d’autres pays. D’autant que l’on sait que le carnet de commandes va se remplir dans les six à neuf mois à venir, et que la capacité à livrer rapidement est importante. »
Damien Girard et Thomas Gassilloud présenteront leur rapport d’information le 11 juin en commission défense, à l’Assemblée nationale.
Le sergent Maxence Roger est “décédé accidentellement dans le cadre de l’opération Harpie contre l’orpaillage illégal en Guyane“, a annoncé lundi 19 mai le ministère des Armées.
Une enquête pour faire la lumière sur les circonstances de son décès a été ouverte.
Un soldat français tué en Guyane. Le sergent Maxence Roger est “décédé accidentellement dans le cadre de l’opération Harpie contre l’orpaillage illégal”, annonce dans un communiqué le ministère des Armées. Portée disparue dans la nuit du 18 au 19 mai dans les environs du poste fluvial de Saut-Maman-Valentin, la victime a été retrouvée, sans vie, après des “recherches menées en eaux vives”. Le militaire était âgé de 27 ans.
Déployé pour une “mission de courte durée” au sein du 9e Régiment d’infanterie de Marine stationné à Cayenne, le sergent Maxence Roger est présenté comme un “marsouin parachutiste motivé”,“sérieux et autonome”, “toujours enthousiaste, même dans les situations les plus difficiles”. Le ministère des Armées évoque également un leader “exemplaire”, doté d’un “très bon sens tactique” et d’une bonne dose de “sang-froid et maturité”. Auteur d’un parcours remarquable depuis son engagement en 2018, il s’est vu remettre plusieurs distinctions, à l’instar de la “médaille de la défense nationale bronze”.
“J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches ainsi qu’à ses frères d’armes au nom des armées françaises. Nous n’oublierons pas le courage et l’engagement absolus dont il a fait preuve dans l’accomplissement de sa mission”, écrit le chef d’état-major des armées sur X, faisant part de sa “profonde tristesse”.
Une enquête judiciaire a été ouverte et doit désormais permettre de déterminer les circonstances de son décès. Lancée en 2008, l’opération Harpie est menée conjointement par les forces de gendarmerie et les forces armées pour lutter contre l’orpaillage illégal dans le département, autrement dit l’exploitation clandestine de gisements d’or.