Conception et réalisation de la carte : AB Pictoris. AB Pictoris est une jeune entreprise française fondée par Blanche Lambert, cartographe indépendante. Passionnée de cartographie et de géopolitique, elle a obtenu un Master en Géopolitique (parcours cyber, IFG, Paris VIII) et en Géostratégie (Sciences Po Aix) après une licence de Géographie et Aménagement du Territoire (Paris I). Commentaire de la carte : Pierre Verluise, Docteur en Géopolitique, fondateur du Diploweb.com
Mi-mars 2024, 23 pays membres de l’UE-27 sont membres de l’OTAN-32. La plupart des États membres de l’UE sont donc également membres de l’OTAN, dont la France. Il résulte de cette double appartenance OTAN / UE des problématiques subtiles. Une carte inédite copubliée sur le Diploweb.com et AB Pictoris, conçue et réalisée par Blanche Lambert. Carte grand format en pied de page, JPG et PDF.
FONDEE en 1949 dans le contexte de la Guerre froide, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) aurait pu ne pas y survivre. Pourtant, l’Union européenne n’a pas été en capacité de démontrer durant les années 1990 son aptitude à mettre fin aux guerres d’ex-Yougoslavie. Ce sont les Etats-Unis et l’OTAN qui ont été mobilisés. Les anciens pays satellites de l’Union soviétique et les trois États baltes soviétisés de force ont gardé de plusieurs décennies derrière le Rideau de fer des représentations documentées de la menace russe. Post Guerre froide, leur besoin – légitime – de sécurité a été satisfait par leur adhésion à l’OTAN, puis leur adhésion à l’Union européenne. La relance de la guerre d’agression russe en Ukraine, le 24 février 2022 a même conduit deux États membres de l’Union européenne précédemment très attachés à leur neutralité à sauter le pas d’une adhésion à l’OTAN : la Finlande et la Suède. Autrement dit, cette guerre que la Russie n’ose même pas appeler par son nom a conduit à un nouvel élargissement de l’OTAN. Mi-mars 2024, 23 pays membres de l’UE-27 sont membres de l’OTAN à 32 (OTAN-32). La plupart des Etats membres de l’UE sont donc également membres de l’OTAN-32, dont la France. Ce qui explique pourquoi cette carte est ici placée dans la rubrique UE.
Il résulte de cette double appartenance OTAN / UE des problématiques subtiles qui semblent longtemps pénaliser l’essor d’une défense européenne. Depuis le 24 février 2022, les relations UE / OTAN ont été renforcées… mais l’hypothèse d’une réélection de D. Trump à la présidence des Etats-Unis induit des questionnements.
Titre du document : Carte. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en 2024 Conception et réalisation de la carte : AB Pictoris, B. Lambert, 2024. Voir la carte au format PDF haute qualité d’impression
Document ajouté le 14 mars 2024 Document JPEG ; 860804 ko Taille : 1200 x 846 px
Savez-vous combien de pays sont membres de l’OTAN ? Et combien des pays de l’OTAN sont des membres de l’UE ? A quelle date sont-ils entrés dans l’OTAN ? Dans quel contexte ? Localisées et datées, les réponses sur cette carte.
Classement PIB 2024 : quelles sont les puissances mondiales ?
PUISSANCE MONDIALE 2024. Le Fonds Monétaire International a dévoilé les prévisions de croissance pour l’année 2024 des 30 pays les plus riches.
L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) a publié ses prévisions de croissance pour 2024. Globalement, l’OCDE juge la croissance mondiale inégale à travers le monde. En effet, l’inflation persiste dans de nombreux pays, même si elle a tendance à se stabiliser voire à ralentir dans d’autres Etats. D’après l’organisation internationale la croissance mondiale devrait s’établir à 2,9% en 2024. La France obtient la 7e place du palmarès des 30 pays les plus riches au monde, avec un PIB estimé à 2 806 milliards de dollars en 2023. D’après les prévisions de croissance, le PIB Français devrait augmenter de 0,6% cette année.
Définition du PIB
Le PIB (produit intérieur brut) est la somme des valeurs ajoutées de toutes les entreprises (nationales ou internationales) situées sur le territoire. A ne pas confondre avec le PNB (produit national brut), qui comptabilise toutes les activités (biens et services) produits sur un territoire.
Quels sont les 30 pays les plus riches ? Classement PIB mondial
Classement PIB : la liste des pays les plus riches du monde
Rang
Pays
PIB 2023 (milliards $)
Croissance du PIB en 2024 (%)
1
États-Unis
26 185 mds $
2,1%
2
Chine
21 643 mds $
4,7%
3
Japon
4 365 mds $
1%
4
Allemagne
4 120 mds $
0,3%
5
Inde
3 820 mds $
6,2%
6
Royaume-Uni
3 479 mds $
0,7%
7
France
2 806 mds $
0,6%
8
Canada
2 326 mds $
0,9%
9
Russie
2 136 mds $
1,8%
10
Brésil
2 059 mds $
1,8%
11
Iran
2 044 mds $
x
12
Italie
1 991 mds $
0,7%
13
Corée
1 792 mds $
2,2%
14
Australie
1 787 mds $
1,4%
15
Mexique
1 476 mds $
2,5%
16
Espagne
1 421 mds $
1,5%
17
Indonésie
1 388 mds $
5,1%
18
Pays-Bas
1 019 mds $
0,6%
19
Arabie Saoudite
996 mds $
2,4%
20
Turquie
941 mds $
2,9%
21
Taiwan
858 mds $
x
22
Suisse
834 mds $
0,6%
23
Pologne
753 mds $
0,6%
24
Suède
653 mds $
0,6%
25
Argentine
643 mds $
-2,3%
26
Belgique
596 mds $
0,6%
27
Thaïlande
580 mds $
x
28
Autriche
572 mds $
0,6%
29
Nigeria
574 mds $
x
30
Irlande
549 mds $
0,6%
Avec un PIB estimé à 22 000 milliards de dollars (courants) en 2024, l’empire du Milieu reste derrière les États-Unis et ses 26 000 milliards. Les deux mastodontes sont suivis par le Japon, qui se présente comme le 3e pays le plus riche du monde. Vient ensuite l’Allemagne. L’Hexagone conserve sa place, avec une prévision de croissance non moins généreuse encore que l’an dernier.
L’an passé, la livraison potentielle de chars de combat occidentaux à Kiev était au centre des débats, en raison des hésitations de l’Allemagne, dont le feu vert était nécessaire pour permettre à certains pays, dont la Pologne et la Finlande, de céder une partie de leurs Leopard 2 à l’armée ukrainienne.
Pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, il fallait agir en « étroite concertation » avec les États-Unis avant de prendre une décision à ce sujet. Mais l’annonce de la livraison d’engins blindés AMX-10 français à l’Ukraine fit bouger les lignes car, peu après le Royaume-Uni se décida à en faire autant avec 14 de ses chars Challenger 2 [soit l’équivalent d’un escadron]. Puis l’Allemagne céda à son tour et alla jusqu’à encourager la formation d’une « coalition Leopard » pour l’Ukraine. De même que les États-Unis, qui acceptèrent de céder 31 M1A1 Abrams SA [Situationnal Awareness].
Cependant, malgré une demande de Kiev, soutenue par certains experts des relations internationales, considérant sans doute le classement de l’institut Kiel comme l’alpha et l’oméga de l’aide militaire fournie à l’Ukraine, la France refusa de se séparer d’une partie de ses 200 chars Leclerc. À raison.
En effet, livrer des chars est une chose… Mais encore faut-il former leurs futurs équipages, tant au niveau technique que tactique, s’assurer de l’approvisionnement en munitions et prévoir le maintien en condition opérationnelle [MCO]. Évidemment, faire cohabiter plusieurs modèles de chars, même s’ils sont conformes aux normes de l’Otan, ne peut que compliquer l’équation.
Ainsi, l’aide militaire américaine [31 milliards de dollars] étant bloquée au Congrès, le soutien des M1A1 Abrams SA, dont au moins deux exemplaires ont été perdus, devient très compliqué. Celui des Leopard A1A5 et Leopard 2 l’est déjà, comme l’a fait savoir, le député allemand Sebastian Schäfer [Alliance 90/Les Verts]. En janvier, celui-ci a en effet déploré une pénurie de pièces de rechange et l’insuffisance de la formation des techniciens ukrainiens, dont les tentatives de réparations ont parfois entraîné des dommages supplémentaires aux chars qu’ils étaient censés remettre en état.
L’emploi des 14 Challenger 2 s’avère également compliqué. Déjà, contrairement à ses homologues occidentaux, le char britannique est doté d’un canon rayé de 120 mm [le L30A1], lequel n’est pas compatible avec les munitions de 120×570 mm au standard Otan.
Selon un reportage du quotidien britannique The Sun sur une unité de la 82e brigade d’assaut aéroportée de l’armée ukrainienne, le Challenger 2 est très précis, grâce à son canon mais surtout à son système de conduite de tir. En outre, il peut toucher une cible à une distance supérieure à 4 km.
Mais il présente quelques défauts, à commencer par un rapport poids/puissance inférieur de 30 % par rapport aux chars T-80 de conception soviétique. Affichant une masse de 64 tonnes, son groupe motopropulseur [GMP] de 1200 ch n’est pas assez puissant [à masse équivalente, le Leopard 2 et le M1A1 Abrams disposent chacun d’un GMP développant 1500 ch, ndlr]. Et cela joue sur sa mobilité. « Il reste coincé dans la boue parce qu’il est trop lourd », a confié un officier ukrainien au Sun.
Aussi, les Challenger 2 ukrainiens sont rarement utilisés pour du combat « char contre char »… En revanche, ils sont sollicités dès qu’il s’agit de détruire des casemates, de soutenir les « charges » de l’infanterie ou de « terrifier les troupes ennemies ».
« Le principal problème des Challenger 2 sur le champ de bataille est un commandant qui ne comprend pas pourquoi ils ont été conçus et qui ignorent leurs avantages et leurs inconvénients », a résumé le chef d’escadron « Kayfarick » dans les pages du Sun.
Lors de la contre-offensive lancée en juin 2023, un seul Challenger 2 a été perdu au combat. Touchés, deux autres ont pu être réparés. Cependant, le MCO peine à suivre, car sur les 14 exemplaires livrés, 7 sont encore opérationnels.
« Cinq sont tombés en panne et les pièces de rechange mettent parfois des mois pour arriver de Grande-Bretagne », a confié « Kayfarick ». Et d’insister : « Il faut beaucoup de temps pour obtenir des pièces de rechange. La logistique est très complexe, tant de notre côté que des Britanniques ». Les patins des chenilles, les composants de la tourelle, les systèmes de visée « ne durent pas longtemps », a-t-il déploré.
Outre les soucis logistiques, l’escadron ukrainien manque de techniciens qualifiés pour maintenir les Challenger 2 en bon état. Par ailleurs, afin de se prémunir des munitions téléopérées russes [le seul exemplaire perdu au combat a été victime d’un drone « Lancet »], les équipages ont installé, à leurs frais, des cages de protection sur deux de leurs chars.
Les huit points clés de l’assistance militaire de la France à l’Ukraine (2/2)
OPINION – « Le Gouvernement peut, de sa propre initiative (…), faire, sur un sujet déterminé, une déclaration qui donne lieu à débat et peut, s’il le décide, faire l’objet d’un vote sans engager sa responsabilité ». C’est sur ce fondement constitutionnel (art. 50-1) qu’un débat aura lieu mardi 12 à l’Assemblée nationale et mercredi 13 au Sénat sur la situation en Ukraine à la suite de la signature le 16 février d’un accord bilatéral de sécurité avec l’Ukraine. A cette occasion, le groupe Mars propose une réflexion en huit points sur notre assistance militaire à l’Ukraine. Après la publication du premier voler lundi 11 mars, voici le second ce mardi. Par le groupe de réflexions Mars.
Qui croit encore que l’Ukraine puisse reconquérir par les armes le territoire perdu depuis dix ans ? A l’inverse, quoi qu’en disent certains, l’OTAN n’a ni vocation, ni envie, ni même les moyens (hors improbable engagement américain) d’intervenir aux côtés des forces armées ukrainiennes (FAU) pour rétablir une situation tactique compromise. C’est pourquoi des voix commencent à s’élever outre-Atlantique pour négocier un armistice durable, débouchant à terme sur une paix de compromis. Certains appellent cela « a Pay for Peace Strategy » qui pourrait reposer sur un accord transactionnel négocié par les Américains consistant par exemple à aider à la reconstruction économique des deux belligérants via la reprise des livraisons à l’Europe des hydrocarbures russes en échange d’un retrait des troupes d’occupation. Il est vrai que la guerre et l’UE ont sauvé la production américaine de gaz de schiste, mais les besoins sont tels qu’il y a de la place pour tout le monde.
Cela fait à vrai dire des mois que la presse mainstream américaine envoie des messages pour prévenir d’un prochain changement d’attitude. Mais la position de l’administration Biden n’est pas encore fixée sur le sujet, et rien ne sera fait pour que le camp républicain puisse lui imputer une seconde défaite stratégique après la chute de Kaboul. Mais, en dehors des idéologues néo-conservateurs qui ne sont plus aussi influents qu’il y a vingt ans, les Américains ont le pragmatisme des « boutiquiers » (pour reprendre le mot de Napoléon à propos des Britanniques) : « it’s the economy, stupid ! », martelait le candidat Clinton. Ils ont sans doute cru en 2022 que l’économie russe s’effondrerait. Comme cet objectif semble aujourd’hui inatteignable, les États-Unis se contenteront d’avoir durablement vassalisé l’économie européenne dans les secteurs stratégiques de l’énergie et de la défense. Mais ils ne veulent à aucun prix d’un effondrement russe qui profiterait à la Chine.
Tout volet économique devrait être accompagné d’un volet stratégique consistant par exemple pour la Russie à accepter l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN en échange de la reconnaissance par l’Ukraine de la souveraineté russe sur la Crimée.
L’historien objectera malgré tout que l’équilibre des puissances en Europe exige parfois le maintien de certains territoires « tampon » en dehors du contrôle des empires. De manière emblématique, il est intéressant d’observer que le choix de Bruxelles comme capitale européenne n’est pas étranger au statut de neutralité de la Belgique, héritière des Pays-Bas espagnols, puis autrichiens avant d’être absorbés dans l’empire napoléonien, exigé par le congrès de Vienne en 1815.
Faut-il chercher à l’autre bout du monde un modèle à suivre ? Une dépêche AFP du 29 février nous apprend que « la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a longtemps eu des relations difficiles avec l’Indonésie, a ratifié un accord de défense avec son voisin, près de 14 ans après sa signature, a indiqué le gouvernement de Port Moresby dans un communiqué ». « La sécurité est la pierre angulaire du commerce, des investissements et des affaires », a déclaré le ministre des affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays voisin de l’Australie (et de la Nouvelle-Calédonie) « qui entretient des relations tendues avec l’Indonésie depuis que Jakarta a annexé l’ouest de l’île de Nouvelle Guinée à la suite d’un vote des représentants tribaux en 1969 ».
6. Comment traiter avec le régime russe ?
Cela suppose évidemment de ne pas commencer les tractations en menaçant de faire rendre gorge à Poutine, dont la fiabilité est nulle dans une négociation. Il faut parler son langage : celui de l’intérêt personnel et du rapport de forces. En aucun cas, on n’accule un fauve blessé qui dispose de 6000 têtes nucléaires et d’une doctrine pour s’en servir. Nulle mieux que Julia Navalnaia, veuve du principal opposant russe, n’a esquissé la meilleure conduite à tenir vis-à-vis du régime mafieux qui tient le Kremlin, et avec lui la Russie et toute la gamme de ses capacités de nuisance.
« Vous ne pourrez atteindre Poutine avec une résolution ou un autre paquet de sanctions, ni l’emporter sur lui en pensant qu’il est guidé par la morale et des règles, il ne l’est pas. Alexeï l’a réalisé il y a longtemps. Il ne s’agit pas d’un homme politique mais d’un bandit avec du sang sur les mains, à la tête d’un réseau criminel organisé ». « Nous devons lutter contre ce réseau » et « utiliser les méthodes de lutte contre la criminalité organisée » : « des enquêtes dans les systèmes de montage financier, la recherche d’associés de cette mafia dans vos pays, les juristes discrets, les financiers qui aident à dissimuler cet argent ». « Vous avez des dizaines de millions de russe qui peuvent vous y aider, vous devez travailler avec eux, avec nous ».
7. Quelle architecture européenne de sécurité future ?
Il conviendrait ensuite de profiter de cette dynamique, avec deux protagonistes militairement et économiquement très affaiblis, pour édifier enfin une architecture européenne garantissant la sécurité de chacun, à commencer par l’Ukraine et la Russie. Notons que ce type de proposition émane des voix les plus autorisées qui soient. Ainsi Pierre Vimont, archétype de ce que la diplomatie française peut offrir de meilleur (au point d’avoir servi de modèle à une célèbre bande dessinée portée à l’écran, sous les traits de l’acteur Niels Arestrup), ancien secrétaire général exécutif du SEAE (service européen pour l’action extérieure, a publié récemment une analyse en ce sens pour la Fondation Robert Schuman, cercle de réflexion qui ne passe pas pour un repaire de kremlinophiles.
« La situation politique qui prévaudra après la fin de la guerre sera largement le produit de l’évolution qui se sera progressivement dessinée sur le terrain militaire. En filigrane, se dessine une fois de plus la nécessité d’une réflexion sur la relation à définir au sortir de ce conflit avec la Russie ». L’ambassadeur Vimont ajoute : « Est‑il utopique de vouloir ouvrir dès à présent la réflexion sur un nouvel ordre de sécurité en Europe ? Malgré les apparences, une telle discussion n’a que trop tardé. Elle aurait dû intervenir bien plus tôt, au moment de la fin de l’Union soviétique. Les crises qui se sont multipliées en Europe depuis trente ans ont accompagné en fin de compte le lent processus de dissolution, encore en cours, de l’empire soviétique. Faute de s’être entendus sur la manière de parler avec Moscou, les Européens se sont enfermés dans une absence de diplomatie qui a nui à leurs intérêts. Personne ne doute de la difficulté à dialoguer avec les régimes autoritaires, mais les obstacles rencontrés ces dernières années dans les négociations avec d’autres interlocuteurs, tout aussi difficiles quoique plus lointains, comme la Chine ou l’Iran, montrent la nécessité pour la diplomatie européenne de relever ce défi. Dans le cas de la Russie, il y a urgence si l’objectif est bien d’empêcher à tout prix, au sortir de la guerre d’Ukraine, la répétition d’un tel conflit et de garantir la stabilité de l’Europe sur le long terme » (1).
Ce qu’il convient d’éviter, c’est une nouvelle situation de guerre froide avec une Russie avide de vengeance. La meilleure des garanties de sécurité pour les voisins de la Russie, c’est que chacun soit satisfait dans ses exigences de sécurité. L’Ukraine ne peut plus craindre à nouveau pour sa sécurité. Il en va de l’avenir de la politique de non-prolifération nucléaire. Mais la Russie ne peut non plus se sentir menacée d’encerclement par une alliance hostile. Utopique ? En tout cas, ce qui est assurément utopique, c’est de se croire en sécurité avec une Russie avide de revanche (4).
Dans ce contexte, la France aurait un rôle éminent à jouer (5), un vrai rôle d’équilibre, en tant que puissance nucléaire entretenant avec la Russie, dans le cadre des relations OTAN-Russie, un véritable dialogue stratégique sans « ambiguïté ». En matière de dissuasion nucléaire, la masse compte peu : avec moins de 5% de l’arsenal atomique russe, la France pourrait détruire des dizaines de grandes villes et la plupart des centres industriels russes avec ses seuls moyens en alerte permanente (2). Voilà qui est absolument dénué d’ambiguïté. Preuve s’il en est que le meilleur moyen de rééquilibrer le rapport de forces n’est pas d’envoyer en Ukraine des combattants français. Notre SNLE en patrouille suffit, et il est déjà en place. Tout le reste n’est que communication politique.
8. Pacifisme ou bellicisme, une dialectique faussée ?
Enfermer la réflexion dans des slogans et des anathèmes revient à refuser le débat et à imposer une « pensée unique » qu’il devrait tout de même être permis de contester, surtout si elle conduit à la ruine de notre pays. Les références à « Munich » sont hors de propos quand on sait à quoi a conduit le slogan « l’Allemagne paiera ! ». Non seulement l’Allemagne n’a pas payé, mais elle a réarmé et remilitarisé faute d’un nouveau Congrès de Vienne. A ce titre, le pacifisme allemand, porté notamment par le SPD du chancelier Scholtz, a de solides arguments à faire valoir, tant les crimes perpétrés par la Wehrmacht en Ukraine entre 1941 et 1943 a marqué le peuple allemand d’une empreinte indélébile fondatrice de la démocratie allemande (6).
Face à une Russie impérialiste, l’urgence n’est pas de lui donner des prétextes à pousser plus avant son aventurisme. Comme face à l’Allemagne de 1936 qui réoccupe militairement la Rhénanie, il faut opposer un rapport de forces favorable à la protection des alliés, jusqu’aux confins du limes de l’empire occidental, à commencer par les pays baltes. Cela implique non pas un discours ambigu, mais un budget militaire à la hauteur des nécessités. En revenir aux 3% ne doit pas être un tabou : c’est sans doute un minimum, un bon début. Si tu veux la paix… La protection de nos alliés bénéficierait sans doute d’un soutien massif de l’opinion, au contraire du soutien à la cause ukrainienne en général, et à son éventuelle adhésion à l’Union européenne en particulier (7), qui ne cesse de baisser au point d’être aujourd’hui minoritaire, comme le révèlent les enquêtes périodiques de l’Ifop publiées par la Fondation Jean-Jaurès (8), confirmées par CSA pour le JDD et Ipsos pour la Tribune du dimanche.
Ne faut-il pas voir dans la fuite en avant belliciste de certains une sorte de fatigue démocratique qui, face à l’ampleur de l’effort de redressement à envisager, préfère choisir la fuite en avant dans l’utopie fédéraliste européenne ? En effet, quel meilleur moyen de souder la population européenne dans un nouveau « destin commun » qu’une bonne guerre face à un ennemi commun ? Les petits pas ne suffisent pas, « l’UE de défense » ne fonctionne pas, en dépit des efforts de l’actuelle Commission. Il faut un choc, un « grand geste », pour se lancer enfin dans le « saut fédéral » (9) !
Il est stupéfiant que ces bonnes âmes s’abandonnent ainsi à un projet réactionnaire par essence, puisqu’il consiste à démanteler le cadre national démocratique que la Révolution française a imposé à l’Europe (Russie exclue) pour émanciper ses peuples, et lui substituer le retour à une « Sainte Alliance » bien peu démocratique. Il fut un temps où le projet européen visait avant tout à préserver la paix et garantir la prospérité. Marianne* reviens, ils sont devenus fous !
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Cette tribune est publiée en souvenir de notre ami journaliste et membre du groupe Mars, Jean-Michel Quatrepoint, qui nous a quittés en début d’année.
(*) La carrière de journaliste spécialiste des questions industrielles de notre ami Jean-Michel Quatrepoint l’a conduit à collaborer notamment au journal Le Monde avant de rejoindre l’hebdomadaire Marianne où il laisse de nombreux regrets.
* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.
Les huit points clés de l’assistance militaire de la France à l’Ukraine (1/2)
OPINION – « Le Gouvernement peut, de sa propre initiative (…), faire, sur un sujet déterminé, une déclaration qui donne lieu à débat et peut, s’il le décide, faire l’objet d’un vote sans engager sa responsabilité ». C’est sur ce fondement constitutionnel (art. 50-1) qu’un débat aura lieu mardi 12 à l’Assemblée nationale et mercredi 13 au Sénat sur la situation en Ukraine à la suite de la signature le 16 février d’un accord bilatéral de sécurité avec l’Ukraine. A cette occasion, le groupe Mars propose une réflexion en huit points sur notre assistance militaire à l’Ukraine. Par le groupe de réflexions Mars.
1. Comment les Occidentaux ont-ils dès le départ renoncé à défendre l’Ukraine ?
Rappelons en préambule que, jusqu’à ce jour, la France n’a aucune obligation juridique d’assistance militaire envers l’État ukrainien au titre d’un quelconque traité d’alliance. L’Ukraine n’étant membre ni de l’OTAN, ni de l’UE, les États membres de ces organisations ne lui devaient aucune assistance militaire en cas d’agression. Et même si tel avait été le cas, il n’y a jamais rien d’automatique. C’est pourquoi les militaires occidentaux servant aux côtés des forces armées ukrainiennes (FAU) en février 2022 ont été rappelés par leurs Etats respectifs afin d’une part de les protéger en cas d’agression russe, d’autre part d’éviter tout risque de cobelligérance. De cette réalité tactico-politique découle le dilemme des Occidentaux : comment aider l’Ukraine « from behind », c’est-à-dire sans s’impliquer directement dans le conflit ?
Le signal avait été donné dès 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée, quand les Occidentaux signataires du Memorandum de Budapest de décembre 1994 (Etats-Unis et Royaume-Uni, ndlr) ont renoncé à apporter à l’Ukraine les garanties promises en échange de sa renonciation à la détention d’armes nucléaires. Il est vrai que le Memorandum n’était pas un traité ratifié par les parties, mais la simple réitération d’engagements politiques de même valeur que l’engagement verbal du secrétaire d’État américain James Baker à ce que l’Otan ne « s’étende pas d’un pouce à l’Est » quand il avait fallu lever le veto russe à la réunification allemande. Quand les historiens auront assez de recul et que l’émotion se sera dissipée, ils expliqueront peut-être que la guerre d’Ukraine a soldé les ambiguïtés nées de la dissolution du Pacte de Varsovie et de l’Union soviétique. Dans cette épreuve cathartique et apocalyptique (au sens propre de « révélation des intentions »), l’heure n’est plus aujourd’hui aux ambiguïtés.
Mais dès lors qu’un État membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et doté de l’arme atomique agressait un État non doté, il était évident que le droit international était devenu inopérant et que les relations entre États devaient dorénavant obéir au pur langage de la force. A ce titre, retirer ses conseillers militaires à la veille de l’invasion était plus qu’un signal : un véritable feu vert. Cela revenait à effacer physiquement toute « ligne rouge » tracée sur le territoire ukrainien internationalement reconnu.
Incidemment, le problème se pose dans les mêmes termes aujourd’hui en Arménie. Si la France est sérieuse dans son engagement à protéger l’intégrité de la petite république caucasienne membre de la francophonie qui cherche à s’émanciper de Moscou et confrontée à l’impérialisme turco-azéri, il ne suffit pas de livrer des blindés légers et des missiles sol-air : une présence préventive de troupes au sol s’impose, ne serait-ce que symboliquement ; lorsque l’agresseur est passé à l’acte, il est trop tard pour intervenir (1). Une impasse stratégique.
2. Que fait déjà la France pour aider militairement l’Ukraine ?
Au-delà des querelles d’experts sur le chiffrage des livraisons d’armes et de munitions et des autres dimensions de la coopération militaire bilatérale au profit des forces armées ukrainiennes (FAU), notamment en matière de ciblage et de renseignement, la France est engagée financièrement dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix (FEP). Il s’agit d’un mécanisme intergouvernemental créé en 2021 pour aider certains États africains et que les Européens ont trouvé fort à propos en février 2022 pour financer les premières livraisons aux FAU, en particulier de matériels ex-soviétiques encore en dotation dans les anciens pays membres du Pacte de Varsovie.
L’idée était simple, les uns (Pologne, Slovaquie, Tchéquie en tête) livraient leurs vieux chars, les autres (Allemagne, France, Italie) les leur remboursaient au prix du neuf (2) : dans l’émotion des premiers mois, tout le monde était content, surtout que personne ne déboursait rien dans un premier temps. Mais quand il a finalement fallu passer à la caisse, les principaux contributeurs susnommés ont compris qu’il fallait en finir avec ce mécanisme et en revenir à une aide bilatérale plus lisible. Il reste que la France est engagée à hauteur de plus de deux milliards d’euros auprès de la FEP, notamment pour financer (malgré le veto français) des armes non produites sur son sol ou en Europe, et que nul ne sait encore qui va payer : l’état-major redoute que la facture ne s’impute sur le budget des armées. Une impasse financière.
3. A quoi sert l’accord franco-ukrainien du 16 février 2024 ?
C’est dans ce contexte qu’intervient l’accord franco-ukrainien signé à Paris le 16 février 2024 entre les Présidents Macron et Zelenski. Ce traité d’alliance qu’il faut bien appeler par son nom est une vraie novation dans la mesure où, par cet accord, la France s’oblige juridiquement à s’engager militairement pour la première fois auprès de l’Ukraine. Politiquement, cet accord signifie bien que la France privilégie désormais l’engagement direct bilatéral sur les instruments intergouvernementaux tels que la FEP. Il était impératif d’opter pour une solution bilatérale étant donnés les blocages et l’incurie en Europe pour adapter la FEP, les Allemands ne voulant plus payer autant et les Français voulant restreindre la FEP pour des matériels produits en Europe.
L’idée est avant tout d’en tirer une meilleure visibilité politico-médiatique. Le paragraphe n°7 rappelle ainsi que « la France a fourni à l’Ukraine une aide militaire d’une valeur totale de 1,7 milliard d’euros en 2022 et de 2,1 milliards d’euros en 2023 » dans le cadre du « fonds bilatéral d’aide à la sécurité et à la défense de l’Ukraine, en bonne coordination avec la Facilité européenne de paix ». Dorénavant, « en 2024, la France fournira jusqu’à 3 milliards d’euros de soutien supplémentaire ». Tel est du moins l’engagement du signataire, qui dispose de toute la légitimité et de la compétence pour le faire.
Pour autant, quelle que soit sa dénomination, il ne fait aucun doute que ce traité d’alliance franco-ukrainien, en ce qu’il stipule une aide militaire de 3 milliards d’euros en 2024, figure au nombre des traités ou accords « qui engagent les finances de l’État » au sens de l’article 53 de la Constitution. Or ils « ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu’en vertu d’une loi » et « ils ne prennent effet qu’après avoir été ratifiés ou approuvés ». Par conséquent, l’accord est, légalement, inapplicable tant que le Parlement ne s’est pas prononcé.
Pourquoi le débat parlementaire des 12-13 mars ne repose-t-il pas sur l’article 53, plutôt que 50-1 ? Mystère. Or c’est bien une loi qui est requise par la Constitution afin d’autoriser la ratification du traité par le même président de la République. Certes, une loi sans amendement, mais adoptée dans les formes prévues par la Constitution. Rappelons qu’historiquement, le Parlement n’a refusé qu’une fois une telle autorisation : en 1954 à propos de la communauté européenne de défense. Tout décret de publication du traité ou d’autorisation de ratifier serait soumis à la censure du juge administratif non sur le fond, mais par défaut d’autorisation législative. Passer outre est inimaginable. Une impasse juridique. De là à penser que cet accord n’est que de la com…
4. Faut-il envoyer des troupes au sol ?
Loin de nous l’idée de « tirer sur l’ambulance » ou de chercher à interpréter de manière rationnelle ou psychologique la parole présidentielle : prenons-la au mot puisque « ce sont des sujets suffisamment graves. Chacun des mots que je prononce sur cette matière est pesé, pensé et mesuré ». On comprend qu’il s’agit de troupes combattantes destinées à repousser les forces russes, et non de simple conseillers en déminage ou formateurs.
Qu’est-ce que cela signifierait concrètement ? A supposer qu’il existe des plans d’intervention (ce qui ne peut être exclu puisque c’est le rôle d’un état-major de produire des plans, y compris pour les missions les plus improbables), qui peut croire sérieusement que la France (même épaulée de contingents en provenance du Canada, d’Estonie, de Lituanie, des Pays-Bas ou de Tchéquie, qui ont annoncé leur soutien à une intervention) puisse inverser le rapport de force ? A-t-on mesuré les conséquences d’une telle entrée en guerre ?
Notons que, à ce jour, il ne peut s’agir d’une intervention au titre de la légitime défense collective reconnue par l’article 51 de la Charte des nations unies (comme en 2013 au Mali et en 2015 en Irak), puisque l’Ukraine n’a pas demandé officiellement de « troupes au sol » combattantes en provenance d’États alliés ou amis.
Rappelons incidemment que la Constitution (encore elle !) dispose (article 35) que « la déclaration de guerre est autorisée par le Parlement ». Or c’est bien d’une déclaration de guerre à la Russie qu’il s’agit (et non d’une simple opération extérieure) afin de voler au secours d’un allié agressé, comme en 1939 aux côtés des Polonais. Avec le même résultat. Et les mêmes conséquences. Sauf qu’en 1939, c’est toute la nation polonaise qui appelait au secours. Aujourd’hui dans une Ukraine où les pouvoirs publics ne veulent pas mobiliser davantage de peur de nourrir l’émigration, il est permis d’en douter. Manifestement, la Crimée-Donbass de 2024 n’est pas l’Alsace-Lorraine de 1914. Dans sa grande sagesse, le constituant de 1958 a donné au chef de l’État, chef des armées, de nombreux pouvoirs, encore accrus par la pratique depuis 65 ans ; mais il lui a refusé le pouvoir de vie ou de mort sur la Nation. Fort démocratiquement, c’est au Parlement, représentant du peuple souverain, qu’il appartient.
Supposons à présent que des « troupes au sol » combattantes soient envoyées sans déclaration de guerre. Supposons en outre que soit réglées les questions relatives au commandement opérationnel (OPCOM) entre les forces françaises et les FAU (3). Deux hypothèses : soit elles sont engagées au feu, soit elles ne le sont pas. Dans le premier cas, il est non seulement évident que l’article 5 du traité de l’Atlantique nord ne s’appliquerait pas au profit de la France, mais il est encore possible que la France soit mise au ban de l’OTAN au titre de l’article 8 du même traité de Washington qui stipule « l’obligation de ne souscrire aucun engagement international en contradiction avec le Traité ».
Dans le second cas, les forces ennemies évitent le combat dans la zone de déploiement des unités françaises pour prévenir tout risque d’escalade entre puissances nucléaires. Au bout de quatre mois de « drôle de guerre », comme le prévoit la Constitution, le Parlement français est (enfin) consulté sur cette intervention et siffle la fin de la récréation. Ou pas.
Autre hypothèse, à vrai dire très théorique : envoyer des troupes au sol sous uniforme ukrainien. Mais la loi française prohibe le mercenariat.
A supposer donc que l’option d’une intervention « au sol » ait été évoquée sérieusement entre les alliés, il s’agit en réalité d’une impasse opérationnelle. A moins que l’idée de « troupes au sol » françaises soit de signifier que leur neutralisation par les forces russes déclencherait aussitôt une riposte nucléaire ? Dans ce cas, il faut le dire clairement, car c’est à vrai dire le seul moyen d’empêcher la Russie d’atteindre ses objectifs opératifs. Mais la « grammaire de la dissuasion » impose de ne jamais placer deux puissances nucléaires en situation de confrontation directe. Là encore, c’est sans ambiguïté. Personne n’a besoin d’un chef des armées jouant au « docteur Folamour ».
L’histoire militaire tend à montrer que la seule solution conventionnelle pour vaincre la Russie dans cette guerre serait d’ouvrir un second front, comme cela a été fait en Baltique (Bomarsund) lors de la guerre de Crimée de 1854. Qui y croit sérieusement ? La France du second empire a perdu des dizaines de milliers de morts en Crimée. Qu’en reste-t-il, à part le boulevard de Sébastopol et les communes de Malakoff et du Kremlin-Bicêtre ? A l’inverse, coïncidence ou pas, l’Ukraine a commencé à douter de la victoire à partir du moment où un second front a été ouvert à Gaza le 7 octobre dernier, détournant l’attention et l’aide militaire des Américains, les seuls militairement capables d’inverser le rapport de forces.
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Cette tribune est publiée en souvenir de notre ami journaliste et membre du groupe Mars, Jean-Michel Quatrepoint, qui nous a quittés en début d’année.
3 Rappelons le mot de Foch : « depuis que je sais ce qu’est une coalition, j’admire beaucoup moins Napoléon ! »
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* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.
La Chine avance à pas de loup pour grandir son territoire, en créant des « zones grises ». Taïwan attire tous les projecteurs, et on oublie que la Chine s’étend sur d’autres pays voisins, comme le Bhoutan. Explications d’Helen Raleigh.
Quels sont les intérêts de la Chine au Bhoutan ? Pourquoi est-elle intéressée par une expansion territoriale ?
Le royaume du Bhoutan est une petite nation de 800 000 habitants, située à l’extrémité orientale de l’Himalaya. Il partage ses frontières avec deux superpuissances : l’Inde et la Chine. Le Bhoutan et l’Inde sont alliés et ont des différends frontaliers permanents avec la Chine.
Depuis 2015, la Chine a unilatéralement construit plusieurs villages à l’intérieur du territoire historiquement reconnu du Bhoutan, à l’insu de ce dernier. La véritable cible stratégique de l’accaparement des terres par la Chine n’est pas le Bhoutan, mais l’Inde. La Chine a proposé de restituer au Bhoutan certaines zones qu’elle contrôle dans la région du Beyul, en échange du territoire autour du plateau de Doklam, une zone adjacente à l’Inde. La Chine estime que le contrôle du Doklam donnera à l’APL (la People’s Liberation Army) un avantage significatif sur l’armée indienne si la Chine et l’Inde entrent en guerre. Le Bhoutan a rejeté l’offre d’échange de terres de la Chine principalement parce qu’il estime avoir des revendications légitimes sur les deux régions.
Comment la Chine opère-t-elle au Bhoutan ? Et pourquoi ce sujet est-il si peu abordé dans le monde ?
Depuis 2015, le gouvernement chinois a construit trois nouveaux villages à l’intérieur du territoire internationalement reconnu du Bhoutan. Gyalaphug, le plus grand village construit par la Chine, se trouve dans la région du Beyul. Gyalaphug (Jieluobu en chinois) abrite plusieurs centaines de résidents et est équipé de nouvelles routes, de cinq avant-postes militaires ou de police et d’une base militaire, entre autres.
Le reste du monde n’a pas prêté beaucoup d’attention à l’expansion territoriale de la Chine au Bhoutan, principalement parce que le Bhoutan est trop petit et trop éloigné, et que son importance stratégique est moindre que celle d’autres petits pays tels que Taiwan.
Même après la découverte de l’expansion territoriale de la Chine au Bhoutan, la plupart des nations, y compris les États-Unis, ont probablement estimé qu’il ne valait pas la peine d’irriter la Chine au sujet du Bhoutan.
Qu’est-ce que peut faire le gouvernement du Bhoutan face à l’influence grandissante de la Chine dans la région ? Et que peut faire la communauté internationale ?
Malheureusement, la communauté internationale ne peut pas faire grand chose.
Tout d’abord, faire appel aux lois internationales ou aux organisations internationales n’arrête en rien la Chine. Par exemple, en 2013, les Philippines ont déposé une demande d’arbitrage en vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) concernant les revendications de souveraineté de la Chine en mer de Chine méridionale, qui dépassaient les limites des droits maritimes autorisés par la CNUDM. Pékin a rejeté avec arrogance le dépôt de plainte des Philippines et a refusé de participer à toute procédure judiciaire. En 2016, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye s’est rangée du côté des Philippines et a jugé que la construction d’îles par la Chine en mer de Chine méridionale était illégale et constituait une violation flagrante des droits économiques des Philippines. La Chine a tout simplement ignoré cette décision et a depuis lors intensifié ses activités militaires et commerciales dans cette étendue d’eau internationale, comme s’il s’agissait de son propre territoire. L’Armée populaire de libération (APL) déploie souvent des manœuvres dangereuses dans les airs et sur mer pour empêcher les États-Unis et leurs alliés d’exercer leur « liberté de navigation » en mer de Chine méridionale.
L’imposition de sanctions économiques à la Chine ne sera pas non plus efficace car trop de pays, y compris les États-Unis, dépendent économiquement de la Chine pour les biens, les services et, surtout, les chaînes d’approvisionnement, des batteries de véhicules électriques aux produits pharmaceutiques. La Chine dispose également d’un vaste marché intérieur. Des sanctions économiques contre la Chine feront probablement plus de mal à l’Occident qu’à la Chine.
Enfin, une confrontation militaire est encore moins souhaitable. Si certains pays veulent couper les liens économiques avec la Chine, ils sont moins nombreux à vouloir affronter la Chine, une puissance nucléaire dotée d’une armée nombreuse et bien équipée.
Quelle est la réaction de l’Inde vis-à-vis des actions menées par la Chine au Bhoutan ?
L’Inde surveille de près les activités de la Chine au Bhoutan dans son propre intérêt : Le Bhoutan sert de zone tampon stratégique entre la Chine et l’Inde. En 2020 puis en 2022, les troupes indiennes et chinoises se sont affrontées au sujet de leurs différends frontaliers. Les soldats indiens ont tenté d’empêcher l’équipe de construction militaire chinoise de construire des routes dans les territoires contestés par les deux nations. Ces affrontements ont notamment fait plusieurs blessés et quelques morts des deux côtés, sans pour autant stopper la construction de routes par la Chine dans la région.
On peut dire que l’Inde n’a pas trouvé la formule magique pour répondre efficacement aux “gray zone operations” (opérations en ‘zones grises’) de la Chine.
Que sont exactement ces opérations en ‘zones grises’ et comment la Chine utilise-t-elle ces tactiques aujourd’hui, en particulier avec l’exemple de Taïwan ?
Une opération en ‘zone grise’ fait référence à des « actions coercitives qui sont à l’écart d’un conflit armé mais qui dépassent les activités diplomatiques, économiques et autres activités normales » (« coercive actions that are shy of armed conflict but beyond normal diplomatic, economic, and other activities »). En modifiant progressivement le statu quo régional et international, Pékin a réussi à étendre ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale et dans l’Himalaya aux dépens de ses voisins asiatiques, sans tirer un seul coup de feu ni lancer d’opérations militaires. Au fil des années, la Chine a pris le contrôle des régions environnantes de Taïwan en menant des opérations dans des ‘zones grises’ et ce avec différents buts.
Tout d’abord, en vue d’étendre ses revendications en mer de Chine méridionale. La Chine a pris le contrôle de la majorité de la mer de Chine méridionale en construisant des îles artificielles entre 2013 et 2015, qu’elle a ensuite militarisées.
Ensuite, il s’agit pour la Chine de légitimer l’expansion des territoires. Le gouvernement chinois a créé une nouvelle ville et deux districts administratifs pour gérer ces îles artificielles et les eaux environnantes. Pékin a aussi publié une nouvelle carte l’année dernière, sur laquelle figure un tracé à dix traits qui réaffirme les revendications de la Chine sur plus de 90 % de la mer de Chine méridionale et sur Taïwan en tant que partie intégrante de la Chine. Taïwan et d’autres voisins d’Asie du Sud-Est ont rejeté les revendications de la Chine.
Pourtant, la Chine continue de déployer ses garde-côtes, sa marine et son armée de l’air pour patrouiller en mer de Chine méridionale et faire en sorte que les activités de l’armée chinoise dans les eaux internationales paraissent aussi naturelles que possible. Depuis septembre 2020, l’APL envoie presque quotidiennement des avions de combat dans la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) autoproclamée par Taïwan. Depuis août 2022, l’APL a envoyé des navires de guerre au-delà de la ligne médiane, effaçant ainsi la frontière maritime tacite, mais établie de longue date, entre la Chine continentale et Taïwan dans le détroit de Taïwan. À la fin du mois de janvier 2024, la Chine avait envoyé 233 avions militaires chinois, 110 navires de guerre et des dizaines de ballons espions autour de Taïwan. En plus d’essayer d’intimider les Taïwanais par une démonstration de force, la Chine a effectivement effacé la frontière maritime entre Taïwan et la Chine continentale et a normalisé les activités de l’armée chinoise près de Taïwan. Pendant des décennies, les navires de la Chine continentale sont restés à l’écart des eaux entourant Kinmen, Matsu et d’autres îles périphériques, considérées comme des zones interdites sous la juridiction de Taïwan. Le 14 février 2024, après l’intrusion d’un speedboat chinois dans les eaux taïwanaises de Kinmen, le gouvernement chinois a déclaré que « les eaux ‘interdites’ ou ‘restreintes’ n’existent pas ». Quelques jours plus tard, un navire des garde-côtes chinois a intercepté un bateau d’excursion taïwanais dans les eaux de Kinmen. Les universitaires taïwanais alarmés considèrent les derniers discours et actions de Pékin comme « la destruction du statu quo du détroit de Taiwan », le tout dans une volonté de “promouvoir la territorialisation du détroit de Taiwan ».
Il est donc évident que la Chine a déjà modifié progressivement et avec succès le statu quo au large de Taïwan et préparé le terrain pour prendre totalement le contrôle de l’île. À moins d’affronter directement l’APL, ni Taïwan ni les États-Unis ne peuvent faire grand-chose d’autre pour mettre un terme aux opérations chinoises en ‘zones grises’. Pourtant, les États-Unis semblent incroyablement mal préparés à faire face aux opérations chinoises ou à une agression militaire directe contre Taïwan.
Helen Raleigh
Entrepreneuse, écrivaine et conférencière américaine, Helen Raleigh est une collaboratrice très sollicitée du journal The Federalist. Elle est l’auteur de nombreuses publications et de livres, dont « Confucius never said » et « Backlash: How Communist China’s aggression has backfired ». Son plus récent ouvrage est la deuxième édition de “The Broken Welcome Mat: America’s unAmerican immigration policy and how we should fix it”.
Le premier ministre suédois Ulf Kristersson est en déplacement à Washington, où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit recevoir officiellement les documents de ratification.
Après deux siècles de neutralité puis de non-alignement militaire et deux années de tractations,la Suède devient officiellement jeudi le 32e membre de l’Otan, une étape majeure pour un pays qui se gardait jusque-là de provoquer l’ire de Moscou.
Le premier ministre suédois Ulf Kristersson est en déplacement à Washington, où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit recevoir officiellement les documents de ratification. Cette dernière avait été obtenue de haute lutte après de longues négociations avec certains membres de l’Alliance.
Et le drapeau bleu et jaune suédois doit être hissé lundi devant le siège bruxellois de l’Otan.
L’adhésion de la Suède, après celle de la Finlande l’an dernier, signifie que tous les pays bordant la mer Baltique, à l’exception de la Russie, sont désormais membres de l’Alliance atlantique. La Suède et la Finlande, bien que proches militairement des Etats-Unis de par leur appartenance à l’Union européenne, ont historiquement préféré se tenir à l’écart de l’alliance, formée lors de la Guerre froide face à l’Union soviétique. Si la Suède contribue aux forces internationales de maintien de la paix, elle n’a plus connu de guerre depuis un conflit avec la Norvège en 1814.
«Trop de sacrifices»
Helsinki et Stockholm avaient annoncé en même temps leur candidature pour rejoindre l’Otan en 2022, en réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Finlande avait obtenu son accession à l’Alliance en avril dernier, mais le processus d’adhésion de la Suède a été ponctué de tractations avec la Turquie qui accusait le pays nordique de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, considérés pour certains comme terroristes par Ankara.
La Suède a également dû composer avec les réticences du premier ministre hongrois. Viktor Orban avait certes donné de longue date son accord de principe mais, avant de boucler le processus, il exigeait du «respect» de Stockholm, après des années de «dénigrement» de sa politique. Fin février, le Parlement hongrois avait finalement ratifié l’adhésion de la Suède à l’Otan.
Selon un sondage de la radio SR diffusé vendredi, une majorité de Suédois estime que leur pays a fait de «trop de sacrifices» pour devenir membre de l’Otan, tout en admettant que la sécurité de la Suède s’est renforcée avec cette adhésion.
L’adhésion de la Suède à l’Otan s’est accompagnée d’un net durcissement du discours de ses dirigeants, le commandant en chef des forces armées suédoises, Micael Byden, déclarant en janvier que ses compatriotes «devaient se préparer mentalement à la guerre». Outre sa candidature à l’Otan, la Suède a signé début décembre un accord autorisant les Etats-Unis à avoir accès à 17 bases militaires sur son sol.
Photo: Anatolii Stepanov Agence France-Presse Détonations et sirènes se sont mises à retentir quelques minutes après le discours de Vladimir Poutine, non loin de la capitale ukrainienne.
Billet du Lundi rédigé par Jean-Bernard Pinatel* – Geoprgma – publié le 4 mars 2024
La guerre en Ukraine est un révélateur impitoyable soit de la soumission des dirigeants européens à des intérêts qui ne sont pas les nôtres, soit, si on veut leur laisser le bénéfice du doute, de leur totale incompétence géopolitique.
Ils n’ont pas compris ou n’ont pas voulu croire que Biden et les stratèges qui l’entourent prenaient très au sérieux la menace de Poutine d’utiliser si nécessaire l’arme nucléaire dans une guerre que les Russes perçoivent comme défensive de leurs intérêts vitaux. Avec pour conséquence les consignes données par Biden au Pentagone et à son administration dès le 24 février 2022 et que « The Economist (1) » a révélé en septembre 2023 : « Joe Biden, America’s president, set objectives at the start of Russia’s invasion : to ensure that Ukraine was not defeated and that America was not dragged into confrontation with Russia (2) . »
Avec comme conséquence dramatique que, depuis le 24 janvier 2024, l’Ukraine a sacrifié la vie de centaines de milliers de ses citoyens non pas pour repousser victorieusement l’agression russe mais pour interdire à l’économie européenne de disposer en Russie de l’énergie abondante et peu chère dont elle a besoin et pour favoriser l’économie énergétique américaine et ses industries d’armement.
Ils ont cru ou voulu nous faire croire avec Bruno Lemaire que l’on pourrait stopper l’agression de la Russie par des sanctions qui « mettraient à genoux » son économie alors qu’elles se sont retournées contre nous.
Ils n’ont pas anticipé le refus de 162 états sur les 195 que compte notre planète de voter les sanctions qu’ils ont décidées unilatéralement. Ainsi plus de 80% des pays du monde ont continué à commercer avec la Russie et de nombreuses entreprises des états qui avaient décidé de les appliquer ont continué à le faire en les contournant. Ces pays et ces entreprises se sont senties confortées dans leur refus d’appliquer les sanctions par les déclarations des autorités chinoises et indiennes qui ont rappelé aux Etats-Unis leur responsabilité d’avoir bafoué les premiers les règles internationales par leurs interventions au Kosovo et en Irak, déclenchées sous de fallacieux prétextes, ouvrant ainsi la porte à la Russie.
Ils ont espéré, en diabolisant Poutine, que les Russes se débarrasseraient de lui sans avoir conscience que, dans leur immense majorité, ces derniers sont reconnaissants à leur Président d’avoir entre 2002 et 2012 multiplié par dix leur niveau de vie et de leur avoir donné la fierté d’être redevenu une nation puissante et respectée.
A part la minorité argentée qui a quitté la Russie, ils ont cru que les Russes n’étaient que des moujiks incultes et qu’en fournissant aux ukrainiens quelques armes d’une technologie militaire intelligente et précise comme les drones pour l’observation et les canons César ou les Himars pour la puissance de feu, ils allaient les conduire facilement à la victoire. Au lieu de cela, ils ont dû admettre à regret que la Russie s’était adaptée très rapidement à ces innovations, que leurs très nombreux et compétents ingénieurs (3) avaient trouvé et mis en place rapidement des parades électroniques qui avaient annihilé cet avantage. Bien plus, ils se sont rendu compte que les canons et les munitions des années 80, utilisés massivement par les Russes qui les avaient stockées au lieu de les mettre au rebut comme nous pour éviter de payer les coûts humains et de fonctionnement de leur stockage, causaient des ravages dans les rangs ukrainiens. Et, à la fin de l’année 2023, ils ont dû se résoudre à accepter que l’armée russe fût plus forte (4) qu’au début de l’offensive et que la contre-offensive ukrainienne s’était soldée par un échec cuisant.
Toutes ces erreurs d’analyse géopolitique ajoutées à la désinformation permanente distillée par les médias européens ont amené nos dirigeants, dont le Président Macron, à croire ou à vouloir faire croire que le succès des forces ukrainiennes était certain et ils ont encouragé sans relâche le Président Zelensky à continuer la guerre en s’engageant à l’aider « jusqu’à la victoire. » Au lieu d’avoir fait l’effort de rechercher avec la Russie un compromis qui prenne en compte ses besoins de sécurité, Ils seront devant l’histoire co-responsables des 500 000 ukrainiens tués ou gravement blessés à ce jour.
Après deux ans de guerre, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne estiment qu’ils ont atteint leur objectif : éviter la création de l’Eurasie en créant un mur de haine entre l’Europe et la Russie et, pour se désengager de ce conflit, ils demandent à l’UE de monter en première ligne.
C’est pour cela, que depuis le début de l’année 2024, on entend un discours nouveau des dirigeants européens, dociles affidés des intérêts anglo-saxons, nous engageant à préparer une guerre longue.
Grossissant démesurément la menace que la Russie ferait peser sur l’Union Européenne alors qu’en deux années de combat acharnés, elle n’a été capable de conquérir et de conserver que 17% du territoire ukrainien peuplé de Russes et d’Ukrainiens déterminés à conserver leur culture russophone.
Bien plus, ils cherchent à nous convaincre que la Russie menace l’UE et que pour notre sécurité il faut aider encore plus l’Ukraine, quitte à laisser disparaitre la moitié de nos agriculteurs.
Last but not least, des voix s’élèvent ici et là, y compris dans la bouche du Président Macron, pour évoquer la possibilité ou même pour prôner l’envoi de nos soldats sur le champ de bataille. Ces propos sont relayés dans les médias par des intellectuels et des soi-disant spécialistes de défense qui, au lieu d’utiliser leur intelligence pour proposer un chemin vers la Paix, tiennent le discours habituel des bellicistes de salon : « armons-nous et partez. »
« L’Europe c’est la Paix » le slogan fondateur de l’Union Européenne est-il en train de devenir obsolète ?
1. Est un hebdomadaire britannique majoritairement détenu par la famille Agnelli avec une participation des familles Rothschild, Cadburry et Shroders, dont la ligne éditoriale du journal est proche du patronat et des milieux financiers internationaux. Il est considéré comme un des médias les plus influent dans le monde occidental.
2. Joe Biden, président américain, a fixé des objectifs au début de l’invasion Russe : « S’assurer que l’Ukraine ne sera pas vaincue et que l’Amérique ne sera pas entraînée dans la confrontation avec la Russie. »
3. « Ce qui distingue fondamentalement l’économie russe de l’économie américaine, c’est, parmi les personnes qui font des études supérieures la proportion bien plus importante de celles qui choisissent de suivre des études d’ingénieurs : vers2020,23,4% contre 7,2% aux Etats-Unis. » Emmanuel Todd, la défaite de l’occident, Gallimard, page 50.
4. Comme l’avait déclaré le général Cavoli qui commande l’OTAN en avril 2023 devant une commission du Congrès des USA, déclaration révélée six mois plus tard par le Washington Post.
Catherine Durandin, Professeur des Universités, historienne, ancien élève de l’ENS, ancienne auditrice de l’IHEDN. Ex – consultante à la DAS, ministère de la Défense, C. Durandin a publié un grand nombre d’articles et d’ouvrages consacrés à la Roumanie et aux équilibres géopolitiques du monde contemporain.
La Russie est en mesure d’utiliser la Transnistrie comme une arme régionale. Pourquoi ? Catherine Durandin donne les clés en éclairant sur une longue durée l’histoire d’une région moldave, la Transnistrie, érigée en phare de l’URSS depuis 1924. Elle explique clairement comment cette question « gelée » pourrait être réactivée par la Russie dans le cadre de sa guerre en Ukraine, et contre l’OTAN dont la Roumanie voisine est membre depuis 2004. Avec deux photos et une carte.
UNE INTÉGRATION à venir de la Transnistrie dans la Fédération de Russie ? Le scénario s’est esquissé à la veille du discours à la Nation du 29 février 2024 de Vladimir Poutine.
Un premier signal d’alerte est lancé : le président de la République Moldave de Transnistrie, Vadim Krasnosselski, élu en 2016 et réélu en 2021, annonce que le Congrès des députés transnistriens compte, lors de sa réunion du 28 février 2024, demander ou organiser un referendum sur l’annexion de la Transnistrie à la Russie. Il avance la nécessité de protéger les citoyens russes et les « compatriotes » de Transnistrie des menaces de la République de Moldavie et de l’OTAN. Dont acte : le 28 février 2024, le Parlement de la Transnistrie demande à la douma russe « des mesures de défense de la Transnistrie étant donné que plus de 220 000 citoyens russes résident en Transnistrie. » La République de Moldavie a imposé de nouveaux droits de douane sur les importations et les exportations de la Transnistrie en janvier 2024. Mais, nulle information n’a circulé quant à des citoyens de Transnistrie molestés par des ressortissants de Moldavie…
En septembre 2006 déjà, la population de Transnistrie a été consultée sur la question de l’indépendance et de l’intégration à la Fédération de Russie, répondant positivement à plus de 96% des voix. En 2014, ce projet a été de nouveau évoqué. Moscou conservait ainsi une épée de Damoclès sur l’Ukraine et la Moldavie. Or, l’attaque russe, lancée le 24 février 2022 contre l’Ukraine, fragilise fortement la sécurité de la République de Moldavie. Odessa, le port des rêves de grandeur russe, n’est qu’à 193 km de Chisinau, capitale de Moldavie et à 139 km de Tiraspol, capitale de laTransnistrie. La Moldavie et l’Ukraine sont solidaires, des dizaines de milliers d’Ukrainiens ont émigré en Moldavie.
Moscou est en mesure d’utiliser la Transnistrie comme une arme régionale.
Pour comprendre comment, il faut retrouver le passé en longue durée d’une région moldave, la Transnistrie, érigée en phare de l’URSS depuis 1924, à la frontière alors de la Bessarabie intégrée dans la Grande Roumanie de 1918/1920. L’histoire de la Transnistrie est liée à l’URSS, à la Moldavie soviétique, puis à la Russie. La Transnistrie a fait sécession, rompant avec la Moldavie, proclamant son indépendance en 1991, une indépendance qui n’est reconnue ni par la Russie ni par la Moldavie. La Transnistrie entretient des relations diplomatiques avec l’Ossétie du Sud, l’Abkhazie et le Haut-Karabagh.
En 2024, la Transnistrie compte près de 500 000 habitants, pour une étendue de 4 000 km2, les Russophones y sont majoritaires aux côtés des Moldaves, des Ukrainiens, et de quelques minorités polonaises et bulgares. La population est russophone, souvent bilingue, russe/ moldave et russe/ukrainien. La Transnistrie reconnait trois langues officielles : le russe, l’ukrainien et le moldave. En fait, le russe est la langue partout parlée. La Transnistrie est un pays à plus de 90 % orthodoxe tout comme la Moldavie voisine.
Que signifie, en février 2024, cette initiative de proposition de referendum d’intégration à la Russie ? Quelles en seraient les conséquences éventuelles ?
Une telle initiative de projet de consultation de la population s’inscrit dans le contexte présent de la guerre russo-ukrainienne et de la politique d’expansion russe, associée à une volonté de déstabilisation des marches est européennes de l’Union européenne. Le projet menace, en premier lieu, la République de Moldavie, depuis peu candidate à l’UE.
Pour Moscou, annexer la Transnistrie répondrait à deux objectifs : établir une tête de pont militaire visant l’Ukraine par son flanc Ouest, casser la République de Moldavie. La neutralité est inscrite dans la Constitution moldave mais sa candidature à l’intégration dans l’Union européenne été retenue en juin 2022 et le processus est en cours.
La fracture entre l’histoire de la République de Moldavie et celle de la Transnistrie, remonte aux temps de la rupture, de la guerre et des hostilités entre la Roumanie, alliée de l’Entente entre 1916 et 1918, contre les Russes en marche révolutionnaire en 1917/1918. Sous domination de l’empire russe auquel la Bessarabie a été rattachée depuis 1812, la province partageait les secousses révolutionnaires russes depuis 1905 et vibrait au rythme des émancipations nationales au sein de cet empire en faillite. Les intellectuels moldaves, à la tête des mouvements nationalitaires et sociaux proches de l’intelligentsia socialiste d’Odessa sont passés alors de la revendication d’autonomie à celle d’indépendance au cours des mois de 1917/1918. Les violences des bolcheviks, des soviets de soldats en particulier, des révolutionnaires d’Odessa, ont poussé les démocrates, les libéraux et les conservateurs de Bessarabie à faire appel à l’armée roumaine pour rétablir l’ordre en janvier 1918 et à voter à la hâte l’intégration dans la Grande Roumanie, sortie de la victoire de l’Entente.
Cette perte de la Bessarabie, jamais les Soviétiques ne l’ont acceptée. Durant l’entre-deux guerres, phase d’histoire roumaine de la Bessarabie, Moscou cherche à déstabiliser la province : agents soviétiques, incursions venues de l’autre côté du Dniestr, soulèvement paysan organisé à Tatar Bunar, gros bourg de Bessarabie roumaine, réprimé très violemment par Bucarest.
Moscou prend une initiative radicale en créant à la frontière de la Roumanie sur la rive droite du Dniestr, une république soviétique modèle, anti roumaine, avec une ville nouvelle Tiraspol, la capitale soviétique de référence. Tiraspol est conçue comme une ville nouvelle industrielle alors que la Bessarabie demeure essentiellement rurale, peu développée. Dès 1924, la République autonome soviétique socialiste moldave (RASSM) est née. Du point de vue stratégique, l’objectif est clair : faire pression sur la Roumanie, à sa frontière occidentale.
Au fil d’une histoire d’empire puis d’URSS, jamais les Russes n’ont accepté la perte de la Bessarabie. Ils ont négocié sa récupération, en juin 1940, avec l’Allemagne nazie, lors de l’accord du Pacte Ribbentrop-Molotov. Forts de ce Pacte, ils ont exigé, le 16 juin 1940, du gouvernement roumain l’évacuation en 24h du territoire de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord. Les forces soviétiques ont occupé la Bessarabie le 28 juin 1940 et créé la République Soviétique Socialiste Moldave (RSSM) qui englobait la Transnistrie.
Cette histoire soviétique perdure jusqu’à l’éclatement de l’URSS en 1990/1991 avec une brève présence d’occupation roumaine de 1941 à 1944. La Transnistrie n’a jamais connu de respiration démocratique .En effet, en 1941, elle s’est trouvée sur la voie des armées roumaines alliées d’Hitler et de l’Allemagne nazie sous le gouvernement du maréchal Antonescu. Les Roumains ont occupé la Transnistrie : ils en ont fait une zone de déportation des Juifs de Roumanie amenés par trains et ont procédé à la quasi-liquidation de la population juive d’Odessa. Victorieuse ici dès 1944, l’URSS rétablit la République Socialiste Soviétique Moldave…
Ce n’est qu’avec le complexe processus de la fin de l’empire soviétique, les revendications libertaires et identitaires de ses républiques, les aspirations concernant l’usage de la langue nationale, le roumain, que le 23 juin 1990, le Soviet Suprême Moldave adopte la déclaration de souveraineté et le drapeau tricolore. La frontière s’ouvre entre la Moldavie ex -soviétique et la Roumanie post-Ceausescu, avec plus de 100 000 Roumains et Moldaves qui fraternisent.
La Transnistrie n’est pas roumaine. Les élans unionistes romantiques pro roumains de la Moldavie pèsent comme une menace sur la Transnistrie qui se refuse à toute union avec la Roumanie ! La guerre, une quasi guerre civile, une guerre fratricide éclate, en 1992, entre Moldaves et Transnistriens qui sont soutenus par des éléments de la XIV e armée issue de feu le Pacte de Varsovie [1]. Avec du côté russe, le commandement du général Lebed, des vétérans d’Afghanistan, des Cosaques. L’on se bat auprès du Dniestr, à Bender dont les maisons conservent les traces de balles sur leurs façades. Les combats font plus d’un millier de morts, des centaines de blessés pour déboucher sur un accord de cessez-le-feu, le 21 juillet 1992, signé par le président moldave Mircea Snegur et le président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine. La Russie, l’OSCE sont médiatrices dans le processus de cessez-le-feu.
Ces mois de guerre de 1992 n’ont pas été oubliés. Nombreux sont les ouvrages qui reviennent en Moldavie sur cette confrontation. En 2013 encore, parait la deuxième édition de l’ouvrage très lu de la journaliste Valentina Ursu, « La rivière de sang » (éditions Arc, Chisinau).
Depuis la cessation des hostilités en 1992, les plans de résolution du dossier Transnistrie se sont suivis sans succès en dépit d’un espoir du côté russe en 2003. Tous portaient un projet de fédéralisation. En vain, les Russes, les Etats-Unis, l’OSCE se sont impliqués. Une Transnistrie indépendante ? Une fédération avec démilitarisation de la République de Moldavie ? Cette solution est refusée par la Moldavie. Mais, les hostilités n’ont pas repris.
Les forces russes, peu nombreuses, 1 500 hommes, sont toujours présentes auprès du Dniestr, les dépôts d’armes toujours présents à Cobasna en Transnistrie, non loin de la frontière ukrainienne. Les forces armées de Transnistrie sont philo-russes, nombre d’appelés font leur service militaire en Russie. L’économie de cette ex-Moldavie soviétique, très industrialisée au temps de l’URSS, fonctionne bien, une métallurgie puissante, une industrie textile développée. Mais le trafic rentable, armes, alcools, cigarettes, entre Tiraspol et Odessa est très fortement perturbé par la guerre en Ukraine. L’Ukraine contrôle sa frontière.
La Moldavie vogue, à pas difficiles, vers l’UE sous la présidence de Maia Sandu, élue en décembre 2020, à la tête d’un gouvernement pro-européen. Les élections municipales de l’automne 2023 ont vu l’affaiblissement du parti PAS (Action et Solidarité) de Maïa Sandu. L’émigration, une véritable hémorragie depuis l’indépendance, affaiblit ce pays de 2 600 000 habitants, lassés par la pauvreté et la grande corruption qui a pénétré profondément le domaine judiciaire. Cependant, une nouvelle génération émerge, attachée en priorité à l’étude et au traitement des problèmes socio-économiques, refusant de se laisser enfermer dans le dilemme UE ou Russie, considérant que l’obsession identitaire est un alibi pour ne pas se concentrer sur les urgences économiques. A l’Ouest comme à l’Est du Dniestr, les maffieux richissimes, ceux que l’on appelle « les barons », interfèrent dans le jeu politique. Le gouvernement de Chisinau lutte contre cette présence. Poursuivis par la justice, plusieurs grands « barons », Ilian Shor, Vladimir Plahotniuc, ont choisi le repli à l’étranger.
A Tiraspol, en revanche, le groupe Sheriff, fondé au début des années 1990, prospère tranquillement, jouissant d’une puissance économique sans pareil qui va des super marchés aux stations- services, à la propriété d’une chaine de télévision, sans oublier la mainmise sur le club de foot national, marquée par la construction d’un complexe sportif en 2000 de plus de 100 millions de dollars. Le fils d’Igor Smirnov, premier président pro-soviétique de la Transnistrie, est l’un des membres dirigeants du groupe Sheriff…
A Tiraspol, le parti unique règne en maître, les citoyens et les visiteurs sont accueillis par une statue colossale de Lénine flanquée d’un tank rouillé, proche d’un vaste bâtiment administratif de style architectural soviétique, alors que les étudiants de sciences politiques de l’université à qui il me fut interdit de parler roumain en 2009, sont capables de s’exprimer en anglais. En 2009, ils s’intéressaient au sort de Ségolène Royal à la suite de l’échec de sa candidature à la présidence de la République française ! Les étudiants s’informent via internet !
Alors ? Le paysage est fidèlement, fièrement soviétique.
Les mentalités ? Plutôt pragmatiques, en temps de paix. La circulation est aisée entre les deux capitales, Tiraspol et Chisinau, certains Moldaves ont de la famille à Tiraspol, les citoyens de Transnistrie fréquentent Chisinau.
La Russie est puissante, la République de Moldavie ne l’est pas. Que la Transnistrie devienne une future base russe renforcée ? Cette évolution est probable. Il est dans l’intérêt de Moscou de développer des réseaux pro – russes à la frontière de l’Ukraine et de la Moldavie.
La Transnistrie n’est pas pro roumaine, ne l’a jamais été, n’a aucune expérience démocratique. C’est un ex-joyau soviétique, jusqu’à quel point gangrené de l’intérieur ? L’économie de la Transnistrie a évolué : 70 % des exportations se font vers l’UE, l’Ukraine et la Moldavie. Mais, pour des populations attachées à la paix, une paix préservée depuis 1992, l’OTAN représente une menace de guerre parfaitement inculquée dans les mentalités par la propagande russe…Or l’Ukraine est soutenue par les alliés de l’OTAN, la Roumanie est membre de l’OTAN, avec 6 bases américaines, 2 bases françaises, dont l’une au bord de la Mer noire. L’obsession de la sécurité a gagné la République de Moldavie qui a passé le 25 septembre 2023 un accord de défense avec la France et négocié l’acquisition d’un radar Thales de protection aérienne, lors de la visite à Chisinau du ministre des armées Sébastien Lecornu.
La Russie sera-t-elle pressée d’opter pour l’annexion de la Transnistrie ? Poutine attendra-t-il les prochaines élections présidentielles de 2024 en République de Moldavie pour faire tomber le parti pro-européen et éliminer Maia Sandu par les urnes ? Imaginons une République de Moldavie, déçue par les contraintes et la lenteur du processus d’intégration européenne, sous influence de la propagande russe, tentée par un rapprochement avec la Russie. Imaginons le scénario du pire pour la démocratie moldave : une fédération Transnistrie/ République de Moldavie qui pourrait s’associer à la Fédération de Russie.
L’initiative du président Vadim Krasnosselski a ouvert la boite de Pandore. La configuration actuelle, République de Moldavie sous gouvernance pro européenne mais clivée et Transnistrie pragmatiquement tranquille mais enclavée, pourrait s’effondrer. Tiraspol appelle à l’aide contre des malversations supposées de Chisinau, Poutine restera- t-il insensible à cet appel ? Quelles seront les modalités de l’action russe, delà de la déclaration du ministère russe des Affaires Étrangères en réponse immédiate à l’appel du 28 février 2024 lancé par le président de la Transnistrie : « La protection des intérêts des habitants de Transnistrie, nos compatriotes, est l’une des priorités. »
Guerre en Ukraine : la France détaille tous les armements fournis à Kiev
En deux ans de guerre, la France a soutenu militairement l’Ukraine à hauteur de 3,8 milliards d’euros, selon un chiffrage publié par le ministère des armées, lundi 4 mars. Une réponse à d’autres rapports, notamment ceux réalisés par l’Institut de Kiel, qui évaluaient l’aide française à seulement un peu plus de 500 millions d’euros.
L’aide militaire française à l’Ukraine fait-elle partie des plus faibles à échelle du continent européen, comme plusieurs rapports l’assurent ? Le ministère des armées a estimé la contribution française à 3,8 milliards d’euros depuis le début de la guerre, dans un inventaire publié lundi 4 mars.
Ces chiffres sont censés faire contrepoids à ceux avancés par l’Institut de Kiel, un think thank allemand réalisant des classements des promesses d’aide militaire et qui fait office de référence en la matière depuis le début de la guerre. Celui-ci évalue le soutien de la France à Kiev à quelque 540 millions d’euros, loin derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et la quasi-totalité des pays d’Europe de l’Est.
Les 3,8 milliards d’euros alloués à l’Ukraine comprennent l’ensemble des équipements militaires distribués en deux ans, estimés à 2,615 milliards d’euros, ainsi que les « 1,2 milliard d’euros donnés à la Facilité européenne pour la paix », précise le ministère des armées.
Formation de 10 000 soldats
Une liste plus détaillée accompagne ces chiffres. Parmi les 21 000 équipements individuels livrés à l’Ukraine, 6 200 casques, 6 500 gilets pare-balles, 445 paires de jumelles à vision nocturne et 3 700 trousses de premier secours ont été fournis aux soldats.
En matière d’artillerie, l’armée de Kiev a reçu au total 6 canons TRF1, 30 canons Caesar, 10 mortiers de 120 millimètres et 4 lance-roquettes unitaires. Presque 290 véhicules blindés, 30 véhicules nautiques, 126 véhicules de transport et de liaison et au moins 10 systèmes de défense sol-air ont également été envoyés à Kiev.
En ce qui concerne les munitions, la France a notamment livré 10 500 grenades, 1,1 million de munitions de petit calibre, 1,74 million de cartouches de 12,7 mm. En plus de ce budget matériel, 10 000 soldats ukrainiens ont aussi été formés.
Dix détecteurs de drones et 160 drones de reconnaissance ont aussi été livrés, confirme le ministère des armées. En revanche, le nombre de missiles Milan, Crotale, Mistral, Aster et Scalp envoyés depuis le début du conflit est resté confidentiel.
Trois milliards d’aide supplémentaires promis pour 2024
Dans le cadre d’un accord de sécurité bilatéral signé à la mi-février entre Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron, Paris s’est engagé à verser « jusqu’à trois milliards d’euros » d’aide supplémentaires à l’Ukraine en 2024. Cette aide doit se traduire par la livraison de missiles et d’artillerie, notamment une douzaine de canons Caesar et une quarantaine de missiles Scalp.
À la peine face aux troupes russes, l’Ukraine manque de munitions, d’armes et de soldats et multiplie depuis plusieurs mois les appels à renforcer la contribution militaire européenne.