Le Pentagone dévoile son programme d’investissement pour 2025

Le Pentagone dévoile son programme d’investissement pour 2025

Le Pentagone vient de dévoiler ses priorités d’investissement pour l’année suivante. Sans surprise, il se tourne vers des technologies de pointe pour assurer un approvisionnement suffisant aux États-Unis.

par Cédric Bonnefoy – armees.com – publié le

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Le Pentagone dévoile son programme d’investissement pour 2025 | Armees.com

En 2025, le Pentagone va continuer d’investir dans de nombreuses technologies, ciblant celles jugées vitales pour les États-Unis.

Le Pentagone lève le voile sur son programme d’investissement pour 2025

Une fois de plus, il s’agit d’une stratégie ambitieuse et minutieusement élaborée pour renforcer la sécurité nationale des États-Unis, sans oublier de stimuler l’innovation technologique. Cette initiative est orchestrée par le Bureau du Capital Stratégique (OSC), créé en 2022 sous l’impulsion du secrétaire à la Défense Lloyd Austin. Son objectif est clair : canaliser les ressources du secteur privé vers des technologies de pointe essentielles à la défense nationale et à l’avantage stratégique des États-Unis.

Le programme d’investissement 2025 du Pentagone cible principalement quinze segments industriels jugés critiques pour la sécurité nationale. Il inclut donc des domaines comme la fabrication de microélectronique, la biomanufacture, les technologies spatiales et les capteurs avancés. Ces priorités reflètent une vision stratégique à long terme visant à réduire les dépendances, à renforcer les chaînes d’approvisionnement et à anticiper les besoins de défense à l’échelle mondiale, mais surtout aux États-Unis.

Selon le rapport, l’investissement dans l’espace est considéré comme crucial pour maintenir un avantage concurrentiel face aux autres puissances mondiales. L’accent est mis sur le développement de vaisseaux spatiaux et de systèmes associés, qui joueront un rôle central dans la surveillance, la communication et la sécurité globale. Parallèlement, la biochimie, notamment la biomanufacture, est identifiée comme une industrie clé pour produire des solutions innovantes dans de nombreux domaines.

Le secteur privé mis à contribution

Depuis sa création, l’OSC déploie plusieurs outils financiers pour dynamiser les investissements dans ces secteurs critiques. Parmi les initiatives phares figure le programme SBICCT (Small Business Investment Company for Critical Technology), visant à attirer des capitaux privés vers les entreprises spécialisées dans les technologies de défense. En 2024, l’OSC a approuvé 13 fonds privés dans le cadre de ce programme. En octobre dernier, l’organisation a également annoncé un programme de prêts directs de 1 milliard de dollars destiné aux entreprises engagées dans la fabrication de composants de défense stratégiques. Cette initiative vise à surmonter les « points de strangulation » des chaînes d’approvisionnement et à accélérer la production dans 31 technologies critiques.

La stratégie du Pentagone s’étend sur plusieurs strates, des investissements immédiats à ceux s’échelonnant sur quinze ans. À court terme, l’objectif est de réduire les dépendances stratégiques et de sécuriser les approvisionnements essentiels. À moyen terme, soit entre deux et sept ans, l’OSC prévoit de renforcer la production américaine et alliée dans les technologies clés, notamment par des collaborations internationales. Enfin, à long terme, l’accent sera mis sur la commercialisation et la durabilité des innovations technologiques, permettant aux avancées de s’imposer durablement sur le marché.

Un rapport met en garde contre un possible conflit entre Israël et la Turquie

Un rapport met en garde contre un possible conflit entre Israël et la Turquie

https://www.opex360.com/2025/01/07/un-rapport-met-en-garde-contre-un-possible-conflit-entre-israel-et-la-turquie/


Le 6 janvier, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a mis en garde contre toute partition de la Syrie, où Ahmad el-Chareh [alias Abou Mohammed al-Joulani], le chef de l’organisation Hayat Tahrir al-Cham [HTS, ex-Front al-Nosra, autrefois lié à al-Qaïda], a pris le pouvoir avec l’appui de groupes armés pro-turcs réunis au sein de l’Armée nationale syrienne.

« Nous ne pouvons permettre sous aucun prétexte que la Syrie soit divisée et si nous constatons le moindre risque nous prendrons rapidement les mesures nécessaires. […] Nous en avons les moyens », a en effet déclaré M. Erdogan.

A priori, cet avertissement concerne les Forces démocratiques syriennes [FDS], constituées essentiellement de combattant kurdes qu’Ankara accuse d’être en relation avec le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK], considéré comme étant une formation terroriste. Et, au-delà, aux États-Unis, qui les soutiennent.

« Il n’y a pas de place pour la terreur et ceux qui soutiennent le terrorisme seront enterrés avec leurs armes », a précisé le président turc. « Si le risque se précise, nous pouvons intervenir soudainement, en une nuit », a-t-il ajouté, reprenant ainsi l’une de ses formules usuelles. « Nous en avons la capacité », a-t-il insisté.

Cette déclaration a été faite alors que des affrontements entre les combattants kurdes syriens et les groupes armés affiliés à Ankara venaient de faire une centaine de tués dans les environs de la ville de Manbij.

Cela étant, la mise en garde de M. Erdogan pourrait aussi s’adresser à Israël qui, à la suite de la chute du régime de Bachar el-Assad, a lancé une incursion armée dans la partie syrienne du plateau du Golan. Or, pour le moment, les intentions israéliennes demeurent floues.

Il s’agit d’une « mesure limitée et temporaire prise pour des raisons de sécurité », avait assuré Gideo Saar, le ministre des Affaires étrangères de l’État hébreu. Sauf que, de son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou a promis que le « Golan ferait parti de l’État d’Israël pour l’éternité ».

Quoi qu’il en soit, cette incursion ne va pas améliorer les relations entre Israël et la Turquie, celles-ci étant à couteaux tirés depuis que M. Erdogan a menacé d’intervenir contre Tsahal, en juillet dernier.

« Nous devons être très forts pour qu’Israël ne puisse pas faire ces choses ridicules à la Palestine. Tout comme nous sommes entrés au Karabakh, tout comme nous sommes entrés en Libye, nous pourrions faire la même chose. Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas le faire… Nous devons être forts pour pouvoir prendre ces mesures », avait-il affirmé, lors d’une réunion de l’AKP, le parti dont il est issu. En clair, il suggérait l’envoi de mercenaires, recrutés parmi les groupes rebelles syriens alignés sur les intérêts turcs.

Visiblement, les propos de M. Erdogan ont été pris au sérieux par la commission Nagel, laquelle réunit douze experts des questions militaires et sécuritaires [dont l’ex-général Jacob Nagel, qui lui a donné son nom]. Sa mission est de conseiller le gouvernement israélien en formulant des recommandations sur les orientations en matière de défense.

Ainsi, dans le dernier rapport sur le budget de la défense et la stratégie de sécurité qu’elle a remis le 6 janvier, et selon le résumé qu’en a fait le Jerusalem Post, la commission Nagel estime qu’Israël doit se préparer à une « confrontation directe avec la Turquie ».

« L’ambition de la Turquie de restaurer l’influence qu’elle avait à l’époque ottomane pourrait conduire à des tensions accrues avec Israël, ce qui pourrait dégénérer en conflit », estime la commission Nagel. En outre, le fait qu’il y ait des factions syriennes alignées sur Ankara est de nature à « créer une menace nouvelle et puissante pour la sécurité d’Israël ». Une menace qui pourrait même être encore « plus dangereuse » que celle incarnée par l’Iran.

Aussi, la commission Nagel recommande d’augmenter le budget de la défense de 15 milliards de shekels [3,98 milliards d’euros] par an au cours des cinq prochaines années afin de s’assurer que les forces israéliennes « soient équipées pour faire face aux défis posés par la Turquie et à d’autres menaces régionales ».

La 155e brigade mécanisée ukrainienne a égaré ses soldats entre la France et le front

La 155e brigade mécanisée ukrainienne a égaré ses soldats entre la France et le front

Un canon Caesar de la 155e brigade en action (photo E. CHAZE)

La saga de la brigade mécanisée ukrainienne « Anne de Kiev » (155e brigade) n’est pas aussi glamour qu’escomptée. Baptisée du nom de l’épouse du roi de France Henri Ier, cette brigade en partie équipée et formée en France par l’armée française s’est donné pour devise le mot d’ordre de la bataille de Verdun : « Ils ne passeront pas ».

Or, selon Yurii Butusov, rédacteur en chef du média ukrainien Censor.net, il y a loin de la coupe aux lèvres. En effet 1 700 de ses 4 500 soldats auraient déserté. Sa dotation en drones, en munitions, en moyens de guerre électronique serait largement insuffisante. Ses pertes, dès son déploiement près de la ville de Pokrovsk (sud du Donbass) que les Russes menacent depuis des mois, ont été conséquentes.

« Des personnes, de l’argent et du temps ont été consacrés à la formation de cette unité. Mais elle ne peut en fait pas être utilisée en raison de sa faible efficacité au combat »résume Butusov qui blâme le président Zelensky, son ministre de la Défense Oumerov et le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Syrsky. Dans un article du 1er janvier, le journaliste dénonce un fiasco notoire qui a poussé, en décembre, le Bureau du procureur national ukrainien à ouvrir une procédure pénale concernant les circonstances de la formation de la 155e brigade mécanisée dont l’état-major, trois bataillons d’infanterie et leurs appuis (génie, artillerie, défense sol-air et reconnaissance) ont été formés en France, soit environ 2 000 hommes, à 90 % des conscrits sans expérience du combat. Le reste de l’unité a été formé en Pologne et en Ukraine.

Des soldats reconnaissants

Sur le front du Donbass, les soldats du bataillon d’artillerie de la brigade, équipés de canon Caesar, se confondent en remerciements envers la France.

Le chef du bataillon d’artillerie, dit « Apôtre » (photo Emmanuelle Chaze)

Le commandant du bataillon, nom de code «Apôtre», s’agace même des accusations de Butusov : « Mon boulot, ce n’est pas de commenter les décisions des politiques, de me plaindre de ce qu’on a ici ou pas. Mon boulot, c’est de faire un bon travail avec mes hommes. En attendant tout de l’armée et en se plaignant: du genre «Ils ne nous ont pas donné de téléphone satellitaire Starlink» etc…, ça ne marche pas! Moi j’ai eu mon Starlink grâce à des bénévoles. L’État ne peut pas tout, l’Etat saigne: les gens doivent comprendre ça! ».

Kiev prend des mesures

Les révélations de Butusov ont fait réagir jusqu’au sommet de l’État. Face aux révélations, décision a été prise par le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Sirskiy, d’approvisionner immédiatement la 155e brigade en drones supplémentaires, afin de pallier tout déficit en systèmes cruciaux.

Lundi, il a aussi dépêché le tout nouveau commandant de l’armée de Terre Mykhailo Drapatyi près de la ligne de front, à la rencontre de la 155e et d’un groupe de journalistes français dont la correspondante d’Ouest-France, Emmanuelle Chaze.

Mykhailo Drapaty lors du point presse de lundi avec des journalistes français (Photo by Genya SAVILOV / AFP)

Malgré sa bonhomie, le major général Drapatyi a concédé, lundi, des problèmes structurels au sein de l’armée ukrainienne : « Il y a des problèmes de personnel, de préparation et de composition des unités. Nous les analysons, nous en tirons des conclusions. Et ce qui ressort de la négativité nous sert d’expérience. Soyons francs, il n’y a pas d’autre exemple actuellement de brigade bâtie de zéro, et dont on attend de bons résultats à chaque étape, sans qu’elle rencontre certains problèmes. Ces problèmes, ils sont en passe d’être résolus. »

Le commandant de l’armée de Terre ne nie pas non plus des désertions  (une cinquantaine en France selon une source militaire française, le reste en Ukraine selon Butusov). Mais il refuse de commenter leur nombre, tout en distinguant entre les abandons de postes à l’arrière ou à l’entraînement et la désertion qui voit l’abandon par un soldat de ses camarades sur une position de combat. « Il existe plusieurs formes d’abandon dans les unités militaires, mais il y a aussi des raisons à cela, dont la peur, et un manque d’expérience pratique dans la conduite des hostilités. C’est à cela que nous devons travailler, et je suis certain que ce qui a été dit sur la brigade sera bientôt réfuté. »

Le système monétaire international : quelles perspectives pour le dollar ?

Le système monétaire international : quelles perspectives pour le dollar ?

par Charbel Cordahi, Grenoble École de Management (GEM)Revue Conflits – publié le 6 janvier 2025


Le dollar domine largement les échanges mondiaux. Mais des monnaies concurrentes émergent, en Chine ou en Europe, sans oublier les cryptomonnaies. Va-t-on vers la fin de la suprématie du dollar ?

Le système monétaire international, dominé par le dollar, est l’objet de préoccupations croissantes. D’une part, de nouvelles puissances cherchent à s’affranchir du billet vert ; d’autre part, la prépondérance du dollar dans la facturation des échanges mondiaux et l’émission de dette dépasse largement la part des États-Unis dans l’économie et le commerce internationaux.

Les facteurs expliquant la prédominance du dollar sont bien connus : les États-Unis sont une grande économie ouverte au commerce et aux capitaux. Ils ont de vastes marchés financiers, constituent une superpuissance militaire et politique, et leurs universités produisent d’excellents diplômés et travaux de recherche, entre autres.

Depuis que le dollar a remplacé la livre sterling en tant que monnaie de réserve internationale après la Première Guerre mondiale, il n’a cessé de consolider son statut. Cette domination ne découle pas seulement du rôle international des États-Unis, mais aussi de l’absence d’alternatives suffisantes en titres publics de première qualité, que les investisseurs peuvent détenir comme actifs sûrs et que les banques centrales peuvent conserver sous forme de réserves de change.

Même lorsque des crises trouvent leur origine aux États-Unis, l’importance du dollar ne diminue pas. Au contraire, il attire des capitaux étrangers en quête de sécurité et répond, grâce aux accords de swap de devises, aux besoins des banques centrales des pays partenaires des États-Unis, qui parviennent ainsi à fournir des dollars à leurs systèmes bancaires.

Des défis considérables

Sur le plan international, la rivalité avec le dollar s’est intensifiée depuis les années 2000 en raison de plusieurs facteurs. Tout d’abord, en raison du renforcement de la structure institutionnelle de l’euro et de la volonté des autorités monétaires européennes de soutenir la monnaie unique par tous les moyens.

Ensuite, par le rôle grandissant du renminbi chinois, qui devient de plus en plus utilisé pour la facturation des échanges mondiaux. Cette évolution est encouragée par la création de mécanismes de swaps en renminbi et par l’augmentation du poids de la monnaie chinoise dans le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI.

Un troisième élément est l’essor des monnaies numériques, qui pourrait inciter les agents économiques à réduire leur utilisation du dollar pour leurs réserves, ainsi que l’apparition de nouveaux systèmes de paiement, facilitant les échanges grâce à leurs faibles coûts de transaction.

Le prix de la puissance ?

À leur tour, les accords de swap entre banques centrales se multiplient, réduisant la dépendance au dollar américain dans les échanges financiers. À cela s’ajoute la recherche de rendements plus élevés par les banques centrales, qui allouent une part croissante de leurs investissements à des devises offrant des rendements plus intéressants que ceux libellés en dollar.

Un autre facteur est lié aux sanctions économiques imposées par les États-Unis à certains pays, ce qui pousse d’autres nations à diversifier leurs réserves loin du dollar, par crainte d’être elles aussi visées par des mesures similaires à l’avenir. Certains ont même proposé la création d’une monnaie des « pays du Sud global » en alternative au dollar (même si cette idée a peu de chances de succès en raison de l’hétérogénéité des contextes économiques, sociaux et politiques de ces pays).

Un sixième facteur découle de l’instabilité interne aux États-Unis et des débats récurrents sur le plafond de la dette publique, qui pourraient saper la confiance des investisseurs et gouvernements étrangers, les incitant à réduire leurs actifs en dollars. Enfin, l’augmentation des transactions de matières premières libellées dans d’autres monnaies que le dollar pourrait à son tour intensifier la concurrence avec la devise américaine.

Le paysage actuel

La part des réserves de change en dollar détenues par les banques centrales ne cesse de diminuer. À la fin des années 1990, le dollar comptait pour 71 % des réserves de change détenues par les banques centrales. Selon le FMI, au deuxième trimestre 2024, cette proportion a reculé à 58,2 %, suivi par l’euro (19,8 %). Pourtant, cette baisse de la part du dollar dans les réserves de change ne s’est faite que partiellement au profit du renminbi, avec seulement un quart de ce basculement allant vers la monnaie chinoise.

Une grande partie des réserves en dollars est investie dans des obligations d’État américaines, les investisseurs étrangers détenant environ un tiers des encours de titres du Trésor, contre près de la moitié il y a dix ans. Ce chiffre doit néanmoins être interprété avec prudence : en valeur, la baisse provient presque exclusivement de la diminution des encours détenus par la Chine, qui ont chuté de 548 milliards de dollars en 10 ans. Cette diminution a été contrebalancée par une hausse des placements d’autres pays, notamment le Royaume-Uni, qui a accru ses investissements de 573 milliards au cours de la même période.

Qui détient les billets de 100 dollars ?

Une autre façon de mesurer l’importance du dollar est d’examiner la détention des billets de banque. Les agents étrangers détiennent environ 50 % de la valeur des billets (monnaie papier) émis par la Réserve fédérale, avec 60 % des billets en circulation et 80 % des coupures de 100 dollars stockées hors des États-Unis.

L’influence du dollar est également visible à travers son rôle dans la facturation des échanges commerciaux à l’échelle internationale. Selon la Réserve fédérale, sur la période 1999-2019, le dollar était la monnaie de facturation de 96 % des factures dans les Amériques, de 74 % des factures dans la région Asie-Pacifique, et de 79 % des factures dans le reste du monde. La seule exception est l’Europe, où l’euro domine dans 66 % des cas.

Alors que les États-Unis ne représentent que 9 % du commerce mondial, le dollar demeure la monnaie la plus fréquemment utilisée pour les paiements transfrontaliers via le réseau Swift, avec une part supérieure à 45 %.

Le roi des échanges

Au niveau des banques internationales, environ 60 % des prêts et des dépôts à l’étranger sont libellés en dollars. De plus, 70 % des obligations émises en devises étrangères sont en dollar. Cette proportion est demeurée stable au cours de la dernière décennie.

Le dollar jouit également d’une part élevée dans les transactions de change. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), le dollar est impliqué dans environ 88 % des échanges de devises à travers le monde en avril 2022. Cette part est restée stable au cours des 20 dernières années.

Bien que le rôle du dollar soit en déclin relatif et que le système monétaire international évolue vers une multipolarité, il est très probable que le dollar maintiendra, au moins jusqu’en 2045, sa position dominante. Entre-temps, d’autres devises prendront une importance croissante, mais aucune ne remplacera le dollar, qui continuera à jouer un rôle majeur dans les échanges et la fixation des prix, ainsi que comme actif refuge.

À long terme, les choses pourraient évoluer. Le basculement vers un monde plus multipolaire sur le plan géopolitique, l’ascension de la Chine, la poursuite de l’intégration économique au sein de la zone euro, le renforcement des marchés financiers dans les pays du groupe BRICS, l’accroissement de l’endettement des États-Unis, ainsi que la montée en puissance des monnaies numériques, sont autant de facteurs qui pourraient réduire l’influence du dollar et fragiliser son statut actuel.The Conversation

Charbel Cordahi, Professeur de Finance & Economie, Grenoble École de Management (GEM)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Gulmurod Khalimov et Shamsud-din Jabbar : de l’armée au djihad

Gulmurod Khalimov et Shamsud-din Jabbar : de l’armée au djihad

par David GAÜZERE* – CF2R – NOTE D’ACTUALITÉ N°670 / janvier 2025

https://cf2r.org/actualite/gulmurod-khalimov-et-shamsud-din-jabbar-de-larmee-au-djihad/

*Docteur en géographie, président du Centre d’observation des sociétés d’Asie centrale (COSAC) et chercheur-associé Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).

Personne n’a vu venir Khalimov ; Jabbar, non plus.

Une fois de plus, par simple hostilité chronique et aveugle, faute d’une coopération insuffisante en matière militaire et de renseignement, les mondes russophone et occidental n’ont pu empêcher le départ de hauts-gradés de leur armée nationale vers l’Organisation État islamique (OEI).

L’attentat terroriste du 1er janvier 2025 à La Nouvelle-Orléans[1], commis par Shamsud-Din Jabbar, un ancien sergent-chef de l’armée américaine, auparavant distingué pour sa bravoure dans le combat contre le terrorisme islamiste en Afghanistan, rappelle dix ans plus tard la défection du colonel tadjik Gulmurod Khalimov, ancien commandant des OMON[2] du Tadjikistan, auparavant lui aussi passé un bref instant en stage dans l’armée américaine, dans le cadre de la lutte anti-terroriste, puis par la société militaire privée (SMP) américaine Blackwater.

Khalimov et Jabbar se connaissaient-ils ? Nous ne pourrons jamais obtenir de réponse à cette question. Pourtant, issus de parties différentes du monde, Khalimov et Djabbar présentaient, outre l’adhésion à la cause djihadiste, de nombreuses similitudes dans leur parcours professionnel et leur processus de radicalisation.

Il serait désormais temps que les États visés par le terrorisme oublient un instant leurs divergences pour analyser les causes, les processus et les effets communs ayant conduit des militaires entrainés à passer au service du djihad (dont les deux protagonistes cités sont l’image éclatante), apportant leur expérience à la cause islamiste et menaçant nos sociétés. Une coopération militaire internationale sur cette question est un enjeu vital pour la préservation de l’ensemble de nos sociétés contre les actions terroristes, qu’il s’agisse d’actes individuels ou collectifs.

 

Gulmurod Khalimov

Gulmurod Khalimov est né dans la région de Varzob au centre du Tadjikistan en 1975. Pendant la guerre civile dans son pays, il a combattu aux côtés du Front populaire du Tadjikistan (forces armées du président Emomali Rakhmon) et a servi dans la garde présidentielle.

A partir de 1997, il rejoint la police anti-émeute du ministère de l’Intérieur en tant que soldat ordinaire. Il reçoit de nombreuses récompenses d’État, devient tireur d’élite, grimpe tous les échelons, est diplômé de l’Académie supérieure du ministère de l’Intérieur du Tadjikistan et atteint le grade de colonel. En 2003, il effectue un stage militaire en Russie, puis participe à des opérations contre des groupes d’opposition armés dans la vallée de Racht en 2009 et à Khorog en 2012.

En tant qu’officier des OMON, entre 2003 et 2014, Khalimov a participé à cinq cours de formation antiterroriste au Tadjikistan et aux États-Unis, organisés par le département d’État dans le cadre d’un programme d’aide à la lutte contre le terrorisme et à la sécurité diplomatique. Cette information a été rapportée par Khalimov lui-même dans une vidéo diffusée par l’OEI et confirmée par le département d’État américain.

Le 23 avril 2015, il a cessé de se présenter au travail. En mai 2015, une vidéo de Furat, la chaîne TV de l’OEI en Syrie, est apparue sur les réseaux sociaux avec un message en russe de Khalimov, qui déclarait s’être rangé du côté de l’OEI. Il a accusé les autorités tadjikes de dénigrer et d’opprimer les musulmans. Il a également appelé les travailleurs migrants en Russie à ne pas être « les esclaves des infidèles », mais à devenir « les esclaves d’Allah », à rejoindre le djihad et l’OEI. Khalimov a ensuite promis de retourner au Tadjikistan et d’y établir la charia. En juin 2015, une photo de Khalimov blessé, sur un lit, plâtré et avec un bandage sur la tête, est diffusée sur Internet.

Le Bureau du procureur général du Tadjikistan a ouvert une procédure pénale contre Khalimov en vertu de trois articles du Code pénal : trahison envers l’État (article 305), participation à une communauté criminelle (partie 2 de l’article 187) et participation illégale à des conflits armés dans d’autres États. (partie 2 de l’article 401). Les autorités de Douchanbé ont qualifié Khalimov de « traître qui a trahi sa patrie, ses enfants et son père », de malade mental après son départ pour l’OEI. Le communiqué du Bureau du procureur a déclaré qu’il avait trahi le serment de l’officier, « exploitait l’argent des clients dans une performance vidéo » et qu’il justifiait les crimes des terroristes se cachant derrière l’islam. Khalimov a nié être fou. À la demande de son frère, Saïdmurod Khalimov (fonctionnaire du ministère de la Justice avec rang de lieutenant-colonel) lui proposant de revenir et de comparaître devant la justice, Khalimov a répondu que si son frère s’opposait à lui et devenait un « infidèle », il lui couperait la tête.

Dans une vidéo diffusée par l’OEI, Khalimov a traité les Américains de « porcs », les accusant de détruire l’islam et déclarant qu’il s’était rendu trois fois aux États-Unis et avait vu des Américains entraîner leurs soldats « à tuer des musulmans ». Le département d’État américain s’est dit préoccupé par le fait que les compétences acquises par l’ancien officier des OMON pourraient être utilisées contre les États-Unis eux-mêmes[3].

En 2015, Khalimov a été sanctionné par le département d’État américain et en 2016 par le Conseil de sécurité de l’ONU. En août 2016, le département d’État américain a offert une récompense pouvant aller jusqu’à trois millions de dollars pour toute information permettant de le localiser.

En septembre 2016, Khalimov est devenu le chef militaire de l’OEI et « ministre » de la Guerre, en remplacement du Tchétchène Omar al-Chichani, précédemment tué.

Le 8 septembre 2017, le ministère russe de la Défense a annoncé que Khalimov était mort lors d’un raid des forces aériennes russes dans la région de Deïr ez-Zor dans l’est de la Syrie.

 

Shamsud-Din Jabbar

Le terroriste de La Nouvelle-Orléans, Shamsud-Din Jabbar (ou Shamud-Din Bahar Jabbar) est né le 26 octobre 1982, à Houston au Texas dans une famille afro-américaine, pratiquante baptiste assidue. Son père s’est ensuite converti à l’islam, changeant son nom de famille de Young en Jabbar et donnant également à certains de ses enfants des prénoms arabes. Pourtant, les membres de la famille ont continué à mener une vie essentiellement laïque et ceux restés chrétiens, dont sa mère, ont continué à fréquenter une église baptiste locale.

Shamsud-Din Jabbar a vécu une grande partie de son enfance à Beaumont dans l’est du Texas. Il a ensuite servi dans l’armée américaine entre 2007 et 2015 (puis dans la réserve jusqu’en 2020), où il était spécialiste des ressources humaines et des technologies de l’information. Il a été déployé en Afghanistan en 2009, où il a atteint le grade de sergent-chef, avant d’être libéré de sa mission avec les honneurs un an plus tard[4]. Il a ensuite fréquenté l’Université d’État de Géorgie de 2015 à 2017, avant de devenir en 2020 agent immobilier.

D’après les contacts en Afghanistan de l’expert russe Andreï Serenko, Jabbar aurait cependant effectué, après 2020, un ou plusieurs voyages « discrets » pour « suivre une formation dans deux camps de l’OEI-K, dans la province de Nangarhar, dans l’est de l’Afghanistan ». Là, il aurait fréquenté les centres de formation de l’OEI-K dans les districts d’Atchin et de Shinwar, « où seraient créés des groupes spéciaux pour former des terroristes censé mener ensuite des attaques terroristes ciblées sur le territoire des États-Unis ». Il ne serait pas le seul citoyen américain à y être passé, puisque « les formations dans le cadre de ce programme s’effectuent généralement en groupes de trois, cinq ou sept personnes. Les membres de chacun de ces groupes ne connaissent que leurs associés ; ils ne croisent pas les membres d’autres groupes. Cela permet de garantir un haut niveau de secret : l’échec d’un groupe n’affectera en rien les autres »[5].

Le drapeau djihadiste de l’OEI trouvé à l’arrière de son pick-up, monté à l’envers, montre que Jabbar ne connaissait toutefois pas l’arabe et que le processus de radicalisation, certes très avancé, était donc toujours en cours.

 

Les enseignements pour la communauté internationale

La comparaison de ces deux profils, différents de par leur origine et leur pedigree professionnel, est cependant intéressante à établir pour l’étude de deux points précis :

L’analyse de leur radicalisation rapide. Elle s’est produite en quelques mois et est similaire au processus de radicalisation de nombreux autres combattants djihadistes, y compris d’anciens militaires. Elle pose les mêmes questions partout dans le monde. Cette radicalisation est-elle initialement intervenue par Internet ou par des passages sur les terrains du djihad ? Pourquoi ces signaux n’ont pas été découverts par les armées nationales ? Comment détecter le plus en amont possible tout phénomène de takiia (dissimulation) dans les armées nationales ? Comment prémunir tout phénomène d’entrisme islamiste et protéger tout secteur sensible dans les armées sans tomber dans la discrimination religieuse vis-à-vis de l’islam ?

Le transfert des techniques et des secrets militaires des armées aux organisations djihadistes. En effet, contrairement à Al-Qaïda et à la plupart des filiales de l’OEI, continuant d’agir selon un schéma d’actions classiques reposant sur la guérilla, le rapt et la rançon, la garde prétorienne du « calife » Omar al-Baghdadi, constituée de combattants russophones, puis l’OEI-Khorasan (OEI-K), ont apporté une technicité opérationnelle et logistique avancée au djihadisme international, grâce à leur expérience acquise au sein de l’Armée rouge,

Ce transfert de compétence s’est d’abord fait au profit des mouvements djihadistes locaux, qui sont devenus après 2014 les filiales de l’OEI-K : en 1997, Djuma Namangani, ex-parachutiste ouzbek des troupes spéciales rejoint le Mouvement islamiste d’Ouzbékistan (MIO) ; il sera suivi en 2006, par l’ancien ministre tadjik des Situations d’urgence, le lieutenant-général Mirzo Ziioiev en 2006,

Puis, à partir de 2015, Khalimov rejoint l’OEIK ; en 2016, c’est au tour de l’Ouzbek kirghizstanais Soukhrob Baltabaev, alias Abou Rofik, fondateur de la SMP djihadiste Malhama Tactical. Ils seront imités par de hauts cadres locaux (provenant du Haut-Badakhchan tadjik) des OMON et du Commando Alpha du ministère de l’Intérieur du Tadjikistan…, tous passés du jour au lendemain avec armes, bagages, hommes et expérience militaire au service du djihad.

En raison de leurs compétences reconnues par l’OEI, ces combattants russophones se sont vu confier des postes et des missions spécifiques, notamment, à partir de 2014, la direction de l’armée de l’air de l’OEI en Syrie, après la prise de quatre appareils (Sukhoï et Mig) sur la base aérienne d’al-Tabka, près de Deïr Ez-Zor. Les combattants tadjiks ont par ailleurs créé, deux ans plus tard, Malhama Tactical, la première SMP offrant ses services – contre rémunération – de logistique, de formation et d’entraînement aux unités combattantes de l’OEI, puis aujourd’hui de l’OEI-K.

Les combattants tadjiks, réputés pour leur bravoure au combat, étaient alors directement rattachés à l’OEI-Central et non pas à l’OEI-K, qui existait pourtant déjà, assurant la garde prétorienne d’Al-Baghdadi[6]. La nomination de Khalimov comme « ministre » de la Guerre de l’OEI en 2016 a parachevé la domination des Tadjiks sur les structures militaires de l’organisation terroriste en Syrie. La chute de l’OEI à Baghuz, en Syrie, en mars 2019, a ensuite amené les combattants tadjiks les plus aguerris à s’installer au nord de l’Afghanistan et à agir depuis pour le compte exclusif de l’OEI-K et de ses filiales (Mouvement islamiste d’Ouzbékistan, Ansarullah, Djund al-Khalifat[7]…).

Quelques années plus tard, fin 2024, des unités combattantes du Parti islamiste du Turkestan (PIT) et d’Al-Tawhid wal-Djihad (plus communément appelé Djannat Ochiklari) restées près d’Idlib en Syrie, ont été les fers de lance de la prise de la ville d’Alep, puis de la chute du régime de Bachar al-Assad[8].

Plus inquiétant encore est le démantèlement partiel du SORM[9], dû à la privatisation de certaines de ses fonctions au Tadjikistan et au Kirghizstan. Il n’est en effet pas exclu que parmi les nouveaux sous-traitants chargés de ces missions, il y ait des hommes à la religiosité prononcée, qui pourraient communiquer à l’avenir des renseignements importants collectés par ces deux États – voire par d’autres – à l’OEI-K.

Si Shamsuddin Jabbar n’a probablement jamais rencontré Gulmurod Khalimov, il est certain que le colonel tadjik devenu djihadiste a représenté pour lui un exemple à imiter. Depuis la défaite de l’État islamique en Syrie en 2019, l’ancienne filiale Khorasan de l’OEI a hérité des attributs de son ancienne maison-mère – selon la volonté et le testament d’al-Baghdadi – et a déplacé vers le nord de l’Afghanistan le siège central de l’organisation en charge de rétablir le « califat mondial ».

Jabbar aurait-il rencontré durant ses formations afghanes d’anciens hauts-gradés militaires tadjiks (voire ouzbeks) passés au service de l’OEI-K et de ses filiales ? Aurait-il échangé avec eux sur les dernières innovations tactiques et technologiques des armées dela région ?

Toujours est-il que l’étude comparée des parcours de Khalimov et de Jabbar nous apprend qu’il est aujourd’hui malheureusement évident que les djihadistes, tirent parti depuis longtemps des dissensions entre les pays occidentaux et ceux se trouvant dans les sphères d’influences russe et chinoise. Leur incapacité à coopérer efficacement et à aplanir leurs divergences diplomatiques pour combattre la pieuvre djihadiste permettent aux partisans du djihad de garder une longueur d’avance sur les États.

Les similitudes entre les cas de Khalimov et de Jabbar posent enfin la question de la fuite de savoir-faire sensibles des armées nationales. Après avoir acquis des connaissances et des savoirs, les terroristes les utiliseront contre elles, tant pour améliorer les performances des forces djihadistes que pour contrer celles des États grâce à la connaissance de leur organisation, de leurs tactiques et de leurs méthodes. Face à la radicalisation islamiste qui se développe dans tous les pays, le devoir de chaque État est de trouver urgemment des solutions pour s’en prémunir et de développer une coopération multilatérale et dépassant les clivages nationaux et diplomatiques traditionnels.


[1] 14 personnes sont tuées et près de 36 blessées avant que le criminel ne soit abattu par la police.

[2] Police anti-émeute et antiterroriste.

[3] Le 30 août 2016, le sous-secrétaire d’État adjoint américain, Kurt Rice, a souligné que Gulmurod Khalimov représentait réellement un danger pour les États-Unis et le Tadjikistan. « Au cours des formations, il s’est familiarisé avec les méthodes de lutte contre le terrorisme et peut mettre en pratique les compétences acquises, mais contre nous », a-t-il déclaré aux journalistes tadjiks lors d’une conférence téléphonique depuis Washington (https://rus.ozodi.org/a/27954849.html).

[4] Il a reçu plusieurs décorations, dont la Global War on Terrorism Service Medal, récompensant les soldats ayant participé la « guerre contre le terrorisme » après les attentats du 11 septembre 2001.

[5] https://t.me/anserenko/7679. Les allégations de Serenko ont été confirmées par l’agence d’information ouzbèke Vesti.Uz(https://vesti.uz/diversanta-protiv-ssha-podgotovili-v-afganistane).

[6] Giustozzi Antonio, The Islamic State in Khorasan, Éd. Hurst, Londres, 2018, p. 143.

[7] La France, lourdement affectée par les attentats terroristes islamistes par le passé, n’est bien sûr pas épargnée par la menace du « djihadisme technicisé ». C’est justement le Djund al-Khalifat, organisation djihadiste kazakhstanaise, devenue depuis 2015 une filiale de l’OEI-K, qui avait « formé » en 2011-2012 Mohamed Merah, exactement de la même manière que celle décrite par Serenko pour la « formation » de Jabbar par l’OEI-K treize ans plus tard. Fin 2024, lors de la prise d’Alep, on a appris que des combattants du groupe d’Omar Diaby (Omsen), dont un djihadiste français opérant en Syrie au sein d’Al-Qaïda depuis 2012, s’étaient illustrés dans la prise de la ville aux côtés du PIT, dont ils ont su utiliser les techniques.

[8] Composé de djihadistes ouïghours, le PIT est passé en novembre 2024 sous la tutelle d’Ansarullah, la filiale tadjike de l’OEI-K ; la Djannat Ochiklari est formée de combattants ouzbeks kirghizstanais de la ville d’Och (Kirghizstan), restée fidèle à Al-Qaïda.

[9] Le « Système dédié aux activités d’enquêtes opérationnelles » (SAEO), plus connu sous son acronyme russe SORM, est le plus important des systèmes de surveillance de haute technologie. Il comprend de nombreux moyens techniques utilisés pour surveiller le trafic entrant et sortant et effectuer des recherches opérationnelles sur les réseaux radiophoniques, télégraphiques, téléphoniques et Internet. Ce système permet notamment de garder une trace des informations transmises et d’écouter les conversations téléphoniques. Certaines parties du SORM ont été privatisées et réparties entre onze agences privées, le plus souvent des opérateurs téléphoniques. Au Tadjikistan, les sites web gouvernementaux, très mal sécurisés, sont souvent la cible d’attaques (en janvier 2016, le site officiel du ministère de l’Éducation et des Sciences avait été piraté et la page de titre remplacée par les symboles et l’hymne du groupe djihadiste baloutche Djundullah).

Dispositif français en Afrique: comme si l’Elysée avait externalisé sa com’ africano-militaire

Dispositif français en Afrique: comme si l’Elysée avait externalisé sa com’ africano-militaire

Photo P. Chapleau

On se souvient qu’en février 2023, le président français Emmanuel Macron avait annoncé une prochaine « diminution visible » des effectifs militaires français en Afrique. Des effectifs déjà largement réduits par les décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger de cesser leur coopération militaire avec la France.

Un an plus tard (voir mon post du 6 février 2024), on apprenait que Jean-Marie Bockel, éphémère ministre de la Coopération de l’ancien président Nicolas Sarkozy en 2007, était chargé d’une mission sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique.

Il était alors prévu qu’un rapport serait remis au Président à la mi-juillet 2024.

Las, on n’a rien vu venir. Juste entendu des bruits dont on s’est satisfait puisqu’ils confortaient dans la crainte de coupes très claires dans les moyens humains tricolores et les ambitions françaises en Afrique.

De clarifications chiffrées, aucune.

L’Elysée a donc fait l’économie d’une annonce présidentielle, d’une conférence de presse précédée d’un briefing, d’un débat parlementaire… La Présidence a tout bonnement attendu que les pouvoirs africains concernés par une présence effective de troupes françaises n’annoncent eux-mêmes l’ampleur des réductions et le calendrier. Bel exemple de sous-traitance (que même Jean-Marie Bockel n’avait pas vu venir) à peu de frais.

On attendait des chiffres pour le Tchad, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Gabon; on les connait désormais pour les trois premiers pays:
– 0 au Tchad où le désengagement est en cours,
– 0 en Côte d’Ivoire où le président Alassane Ouattara a annoncé le 31 décembre qu’il avait « décidé du retrait coordonné et organisé des forces françaises »,
– et autant au Sénégal où, le 31 décembre également, le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé « la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025 », dans un discours à l’occasion du Nouvel an.

Pour le Gabon, on avance le chiffre d’une centaine de formateurs qui pourraient rester sur place, à l’Académie du camp de Gaulle où sont installées l’Ecole d’administration des forces de défense de Libreville (EAFDL) et l’Académie de protection de l’environnement et des ressources naturelles (APERN). Mais Paris n’est pas à l’abri que le redéploiement et la réorganisation des EFG (éléments français au Gabon) ne soient prolongés par un désaveu du régime local et une demande de départ.

Reste Djibouti, où s’est rendu le président de la République le 20 décembre. Paris y conserve une base militaire avec 1500 soldats, la plus importante et certainement la dernière de ces bases d’Afrique « pléthoriques, permanentes, qui nourrissaient des ambiguïtés », selon Emmanuel Macron qui n’a même pas eu à sonner le glas de la présence militaire française en Afrique. La messe était dite.

Scandale Starlink : une antenne clandestine découverte sur un navire de guerre américain

Scandale Starlink : une antenne clandestine découverte sur un navire de guerre américain

par Nicolas Egon – armees.com – Publié le

Scandale Starlink : une antenne clandestine découverte sur un navire de guerre américain
Scandale Starlink : une antenne clandestine découverte sur un navire de guerre américain | Armees.com

Le 1er janvier 2025, une information surprenante a émergé : une antenne Starlink a été découverte sur un navire de guerre américain en opération dans le Pacifique. Ce scandale, qui mêle technologies civiles et enjeux militaires, suscite une controverse majeure.

Un réseau Wi-Fi suspect qui mène à une découverte inédite

L’affaire a débuté avec la détection d’un réseau Wi-Fi au nom atypique, « STINKY », par des techniciens de la Marine. Ce réseau, qui semblait déplacé dans un environnement aussi strictement contrôlé, a rapidement éveillé les soupçons. Une enquête approfondie a révélé la présence d’une antenne Starlink installée de manière non autorisée sur le bâtiment militaire.

Les premières investigations indiquent que des membres d’équipage auraient, de manière indépendante, installé cette antenne pour bénéficier d’un accès Internet haut débit, souvent absent ou restreint à bord des navires militaires. Une telle initiative soulève des questions de sécurité critique.

Starlink : une technologie en plein essor, mais controversée

Lancée par SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, Starlink est un réseau satellitaire destiné à fournir un accès Internet dans des régions reculées ou mal desservies. Si cette technologie a démontré son utilité dans des zones de crise, elle devient une source de préoccupation lorsqu’elle s’invite dans des environnements stratégiques.

Voici quelques caractéristiques techniques et implications de cette technologie :

Caractéristiques Implications
Réseau global de satellites LEO Couverture mondiale, y compris dans des zones isolées.
Haut débit (jusqu’à 200 Mbps) Permet des communications rapides et continues.
Installation simplifiée Risque d’utilisation clandestine dans des contextes sensibles.
Cryptage des données limité Vulnérabilité potentielle face à des cyberattaques.

Une atteinte à la sécurité nationale

L’installation non autorisée de cette antenne met en lumière des failles graves dans les protocoles de sécurité. Les implications sont nombreuses :

  • Risques de cyberespionnage : Les signaux émis par Starlink pourraient potentiellement être interceptés par des puissances étrangères, compromettant des communications sensibles.
  • Violation des règlements militaires : L’usage d’équipements non validés par la hiérarchie constitue une entorse grave aux règles de discipline.
  • Dépendance technologique : Cette affaire souligne la dépendance croissante aux technologies civiles, même dans des contextes militaires.

Un expert en cybersécurité, interrogé sur cette affaire, a déclaré : « L’usage de technologies commerciales non contrôlées dans des environnements militaires expose les forces armées à des vulnérabilités imprévisibles. »

Pourquoi cette affaire est-elle si préoccupante ?

L’introduction clandestine d’une antenne Starlink met également en lumière les défis croissants liés à l’intégration de technologies commerciales dans le domaine militaire. Cela soulève une série de questions :

  • Comment un tel dispositif a-t-il pu être installé sans être immédiatement détecté ?
  • Quels autres équipements non autorisés pourraient être présents à bord ?
  • L’armée américaine doit-elle renforcer ses audits internes pour éviter de tels incidents ?

Répercussions potentielles

Le scandale Starlink dans le Pacifique pourrait avoir des répercussions importantes :

  • Renforcement des protocoles : Des mesures strictes seront probablement mises en place pour surveiller l’usage des technologies civiles sur les navires.
  • Impact sur les relations internationales : Si des informations sensibles ont été compromises, cela pourrait affecter les alliances militaires.
  • Débat public : Cette affaire alimentera certainement le débat sur la sécurité et la régulation des nouvelles technologies.

Kiev a ouvert une enquête sur des désertions au sein de la brigade formée et équipée en partie par la France

Kiev a ouvert une enquête sur des désertions au sein de la brigade formée et équipée en partie par la France


Le 18 décembre, à l’issue d’un entretien avec son homologue français, Emmanuel Macron, à Bruxelles, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a annoncé qu’une accord venait d’être trouvé pour former une seconde brigade interarmes en France.

« J’ai exprimé ma gratitude à la France pour la préparation d’une brigade pour notre armée et nous sommes convenus de poursuivre cette coopération et de préparer une brigade supplémentaire », a en effet affirmé M. Zelensky. Et de préciser que « l’accent serait clairement mis sur le renforcement des capacités de défense aérienne ».

Le 6 juin dernier, M. Macron avait en effet indiqué que la France allait « former, entraîner, équiper une brigade entière de l’armée ukrainienne, […] ce qui représente à peu près 4 500 soldats ».

Puis, deux mois plus tard, l’armée de Terre mobilisa 1 500 de ses militaires au sein de la « task force Champagne » pour assurer la formation de 2 000 soldats de la 155e Brigade de l’armée ukrainienne, appelée « Anne de Kyiv », dans les camps de manœuvre de « l’Est de la France ».

« Cette formation répond aux besoins exprimés par le partenaire. Pour cela, elle se base sur les retours d’expérience du front russo-ukrainien. Elle s’appuie sur un environnement réaliste, notamment un réseau de tranchées, un environnement de combat en conditions réelles et l’emploi de drones », avait alors expliqué le ministère des Armées.

Devant les députés, en octobre, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, avait défendu une approche s’appuyant sur « une logique de cohérence alliant une formation tactique à l’utilisation des équipements cédés avec leur soutien et leur approvisionnement en munitions ».

« Il est vrai que cela nécessite un engagement fort de l’armée de Terre, ainsi que des soutiens : quand une brigade française vient s’entraîner au camp de Mailly ou de Mourmelon, elle est accompagnée d’une partie de ses soutiens de garnison, qu’ici nous devons fournir. C’est un vrai tour de force du soutien, qui a été parfaitement exécuté », avait précisé le CEMA. « Il y a donc une incidence sur l’activité, mais les partenariats militaires opérationnels, l’instruction et la formation exigent un savoir-faire, qu’il faut maîtriser », avait-il conclu.

 

Équipée de pied en cap, avec notamment 18 AMX-10RC, 128 Véhicules de l’avant blindé [VAB], 18 CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie], 10 camions TRM et des postes de tir MILAN, la brigade « Anne de Kyiv » a rejoint l’Ukraine en novembre. Seulement, dès son arrivée, et pour une raison qui n’a pas été précisée, son commandant, le colonel Dmytro Ryumshin a été remplacé par le colonel Taras Maksimov. Puis, plusieurs de ses unités ont été dispersées alors qu’elle venait de se déployer dans « la zone des combats », plus précisément dans la région de Pokrovsk [Donbass].

D’où la polémique dont cette brigade a fait l’objet. Députée et membre du même parti que celui de M. Zelensky, Mariana Bezuhla a mis les pieds dans le plat dès le 7 décembre. « Qu’est-il arrivé à la 155e brigade ? », a-t-elle ainsi demandé, via la messagerie Telegram.

« Le sort de la 155e Brigade mécanisée reste le même que celui de toutes les autres ’brigades zombies’ ou ’brigades de papier’, comme on les appelle aussi. On y intègre de force des gens, mais aucune coordination des structures de commandement n’est assurée. Plus tard, l’unité est tout simplement démantelée et rattachée à d’autres, la plupart étant envoyées dans des unités d’assaut, à l’exception de celles ’placées’ à des postes d’état-major par des stratagèmes douteux », a enchaîné la députée.

Et d’ajouter : « Même les efforts français pour spécialiser la brigade n’ont pas pu la sauver des mauvaises décisions militaires de nos généraux, qui l’ont finalement démantelée […] Maintenant, de retour en Ukraine, cette brigade est démantelée comme des organes donneurs pour d’autres brigades ».

Cependant, c’est le taux de désertion au sein de cette 155e brigade qui interroge. Dans un long message publié via Facebook, le 31 décembre, le journaliste ukrainien Iouri Boutoussov, a avancé que 1 700 de ses soldats [sur un effectif total de 4 500] étaient portés déserteurs avant son engagement sur le front, dont 50 durant la formation en France. « Cela a soulevé des questions parmi les dirigeants français quant au sérieux de l’attitude des Ukrainiens à l’égard de la mise en œuvre d’un projet aussi coûteux », a-t-il écrit, assurant avoir « obtenu une quantité importante de témoignages et de documents » durant son enquête.

S’il ne remet pas en cause la qualité de la formation délivrée par l’armée française, le journaliste a accusé le « commandement militaire ukrainien d’avoir failli à la formation initiale de la brigade », laquelle s’est déroulée dans un « chaos organisationnel complet ».

En outre, les pertes importantes subies par la 155e brigade dès ses premiers engagements auraient pu être évitées si, selon lui, certains équipements essentiels [dispositifs de brouillage électronique, drones, etc.] n’avait pas fait défaut. C’est une « attitude criminelle envers la vie des soldats », a-t-il dénoncé.

Étant donné l’ampleur de la polémique et de ses conséquences potentielles pour la formation de nouvelles brigades à l’avenir, les autorités ukrainiennes ont ouvert une enquête.

« Le Bureau d’enquête de l’État examine actuellement les faits diffusés dans les médias dans le cadre d’une procédure pénale engagée en vertu de l’article 426-1 [abus d’autorité ou de pouvoirs officiels par un militaire] et de l’article 408 [désertion] du Code pénal de l’Ukraine. L’enquête est en cours. Pour le moment, il est trop tôt pour parler des résultats, a en effet confirmé Tatian Sapian, sa porte-parole, auprès de l’AFP.

Selon Iouri Boutoussov, l’affaire est suivie de près par le président Zelensky, son ministre de la Défense, Roustem Oumierov, et le général Oleksandr Syrsky, le chef d’état-major des forces ukrainiennes.

Par ailleurs, la 155e brigade n’est pas la seule à connaître de sérieux problème. Le 17 décembre, sur la base d’informations publiées par Ukraïnska Pravda, le parquet général ukrainien a annoncé qu’il avait ouvert une enquête pénale pour « abus de pouvoir » présumés de la part de commandants de la 211e brigade du génie, ces derniers étant accusés d’avoir violenté des soldats qui consommaient de l’alcool durant leur service tout en leur extorquant de l’argent.

Photo : TF Champagne – Ministère des Armées

Les commandants russes de la guerre en Ukraine : purges, remaniements et mécontentements

Les commandants russes de la guerre en Ukraine : purges, remaniements et mécontentements

Notes

Image de couverture de la publication
Les commandants russes de la guerre en Ukraine, Pavel Baev

Les remaniements du haut commandement militaire russe au cours de la guerre en Ukraine ont eu lieu de manière inégale, aussi bien dans le temps que dans les structures des forces armées. Les motifs et le calendrier des décisions prises par Vladimir Poutine concernant les cadres de l’armée défient souvent toute logique.

 

Image principale
Vladimir Poutine avec son ministre de la Défense Sergeï Choïgou et son général de l’armée Oleg Salioukov, Moscou, Russie, 9 mai 2019
Vladimir Poutine avec son ministre de la Défense Sergeï Choïgou et son général de l’armée Oleg Salioukov, Moscou, Russie, 9 mai 2019© Free Wind 2014/Shutterstock.com

Par ailleurs, les rares déclarations officielles ne nous en apprennent pas plus que les informations habituellement filtrées venant du gouvernement. Poutine valorise généralement davantage la loyauté à la compétence, ce qui rend ainsi la structure de commandement incapable de faire face aux changements soudains de l’environnement de combat. Le récent remaniement en profondeur et les purges au sein du ministère de la Défense ont entraîné une grave désorganisation bureaucratique de cette structure, dont le rôle est pourtant crucial pour poursuivre l’effort de guerre. L’absence de changements au sein de l’état-major général empêche l’armée de tirer les leçons des expériences passées et sape l’autorité du haut commandement. L’angoisse et la colère des généraux sur la ligne de front, dues à l’incompétence du haut commandement, constituent une source majeure de risque politique. Si le président russe ne peut ignorer ce problème, il est dans le même temps incapable d’y répondre correctement.

 

Pavel K. Baev est chercheur associé au Centre Russie/Eurasie de l’Ifri, chercheur et professeur à l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (PRIO), et chercheur associé à la Brookings Institution. Après avoir obtenu un master en géographie politique à l’Université d’État de Moscou (1979), il a travaillé dans un institut de recherche du ministère de la Défense de l’URSS, a obtenu un doctorat en relations internationales à l’Institut des études américaines et canadiennes de l’Académie des sciences de l’URSS (1988), puis a travaillé pour l’Institut de l’Europe à Moscou. Il a rejoint le PRIO en octobre 1992. Il écrit une chronique hebdomadaire pour l’Eurasia Daily Monitor de la Jamestown Foundation.


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Les commandants russes de la guerre en Ukraine : purges, remaniements et mécontentements

L’armée russe est en train de prendre Kurakhove : quelles conséquences sur le front ukrainien ?

Après plus de deux mois de combats urbains, la ville de Kurakhove, dans l’oblast de Donetsk, est sur le point de tomber. La perte d’un quatrième bastion du Donbass en un an ouvre la voie à une poussée russe en direction de l’oblast de Dnipropetrovsk et pourrait conduire à une pression accrue autour de Pokrovsk.

Il aura fallu environ deux mois, depuis la fin du mois d’octobre jusqu’à la fin du mois de décembre, pour que l’armée russe prenne le contrôle de la quasi-totalité de la ville de Kourakhove, dans l’oblast de Donetsk. Seuls les bâtiments industriels, à l’ouest, font encore l’objet de combats aujourd’hui.

  • Kourakhove, qui comptait 18 000 habitants avant la guerre, fait partie des quatre villes moyennes de l’Est du pays capturées par l’armée russe en 2024, aux côtés d’Avdiivka, Selydove et Vuhledar.
  • La chute de la ville ne faisait plus de doutes depuis quelques semaines, alors que les troupes russes progressaient au nord, à l’est et au sud de la ville, menaçant d’encerclement les positions ukrainiennes.
  • Les assaillants russes ont tenté d’éviter autant que possible de se lancer dans des combats urbains lors d’affrontements frontaux qui s’accompagnent souvent d’importantes pertes.

La chute à venir de Kurakhove devrait laisser le champ libre à l’armée russe pour avancer en direction du sud-ouest de Pokrovsk et pour pousser en direction de l’oblast de Dnipropetrovsk, qui concentre d’importantes industries (notamment l’usine de production de missiles et fusées de Pavlohrad et l’usine Pivdenmash de Dnipro, qui produit les missiles de croisière Neptune) 1. Les troupes russes se situent pour le moment à environ 100 kilomètres du centre de l’oblast.

Le risque le plus imminent pour le front ukrainien est Pokrovsk, à 30 kilomètres au nord.

  • Les forces russes tentent depuis plusieurs mois d’encercler la ville par le sud et le nord-est, sans toutefois parvenir à réaliser des percées significatives.
  • Ce manque de réussite pourrait conduire le commandement russe à tenter de réaliser des percées « opportunistes » en direction de l’oblast de Dnipropetrovsk.
  • Pokrovsk constitue, avec Velyka Novossilka, le principal objectif militaire russe en Ukraine suite à la chute de Kurakhove. Le Kremlin poursuit par ailleurs son objectif de capture de la totalité de l’oblast de Donetsk avant d’entamer des négociations de cessez-le-feu avec Kiev.

L’Institute for the Study of War estime que Moscou a capturé 4 168 km2 de territoire au cours de l’année 2024 pour un total de plus de 420 000 pertes — soit environ 102 morts ou blessés par kilomètre carré saisi 2. Le rythme de la progression russe s’est cependant accéléré au second semestre : 56,5 % des gains de l’année ont été recensés au cours de la période septembre-novembre.


Sources
  1. « NYT увидела угрозу « промышленному сердцу » Украины из-за потери Курахово », РБК, 1er janvier 2025.
  2. Angelica Evans, Nicole Wolkov, Kateryna Stepanenko, Nate Trotter, William Runkel et Fredrick W. Kagan, Russian Offensive Campaign Assessment, December 31, 2024, Institute for the Study of War.