CAMTAC & BME : du neuf dans le camouflage de l’armée de Terre

CAMTAC & BME : du neuf dans le camouflage de l’armée de Terre

– Forces opérations Blog – publié le

Certaines lignes bougent en coulisses dans le domaine moins visible du camouflage. D’un côté, l’armée de Terre s’apprête à franchir un cap dans l’adoption d’un nouveau système de camouflage tactique (CAMTAC) pour ses véhicules. De l’autre, le bariolage multi-environnement (BME) est progressivement étendu à d’autres effets d’habillement que le treillis F3 en cours de diffusion dans les armées françaises.

Après des années de recherches et d’expérimentations, le CAMTAC destiné aux véhicules de l’armée de Terre semble mûr pour un déploiement à grande échelle. Un appel d’offres vient en effet d’être lancé pour la production et la fourniture de ce système à base de formes géométriques adhésives. 

Des formes géométriques, ou plutôt un ensemble de triangles équilatéraux de différentes couleurs dont l’agencement sur le fond brun terre de France est optimisé selon le véhicule. Des formes adhésives, car CAMTAC a été conçu pour être retiré et remplacé rapidement selon l’environnement de la mission. Trois déclinaisons ont progressivement fait leur apparition : l’une pour les terrains enneigés, une autre pour l’environnement désertique et la troisième, de loin la plus répandue jusqu’à présent, pour les plaines européennes. 

Piloté par la Direction générale de l’armement, ce processus d’acquisition devrait aboutir sur un accord-cadre conclu pour une durée de sept ans. Rien ou presque ne filtre à propos du besoin, à l’exception du volume estimé et de l’agenda : 52 000 poches de 100 adhésifs livrées à compter de fin 2026. 

Ce CAMTAC, les observateurs affûtés en retrouveront un écho dans le BME, ce nouveau bariolage bientôt élargi à d’autres effets d’habillement que le treillis F3. Derrière la tenue NRBC du futur ensemble de protection individuel des armées (EPIA), une nouvelle combinaison est aujourd’hui en développement dans les ateliers du Centre interarmées du soutien équipements commissariat (CIEC) au profit des troupes aéroportées (TAP), mais pas seulement. 

Le CIEC recevait dès 2023 une fiche d’expression de besoin visant à la modernisation de l’actuelle combinaison de saut des TAP. Tant les technologies que la morphologie de cette population spécifique ont évolué au cours des dernières décennies. Derrière l’adoption d’un BME remplaçant les camouflages Centre-Europe et désert, cette combinaison se devait également d’être adaptée au personnel féminin via une variante jusqu’alors inexistante. 

Lancés début 2024, les travaux ont abouti à de premiers essais sur plusieurs prototypes à l’été 2024 pour la version masculine, puis à l’automne d’après pour la version féminine. Le CIEC y aura intégré quelques exigences spécifiques, dont un déshabillage rapide, des rangements adaptés, la conservation des renforts de genoux ou encore l’ajout d’une ouverture physiologique en plus pour satisfaire plus facilement et rapidement les besoins naturels. Le tissu sélectionné est majoritairement à base de coton et ne présentera donc pas la résistance au feu du treillis F3, rendu thermostable par le recours à un tissu en fibre aramide-viscose.

Les premiers résultats ont été présentés mi-mai à Pau à l’occasion de la 2ème édition de la Journée innovation des troupes aéroportées (JITAP). Les équipes du CIEC se penchent dorénavant sur la validation des derniers détails pour ensuite formaliser l’étude, figer le produit et rédiger la documentation technique qui servira de base à la sélection des futurs fournisseurs. Suivra une phase de contractualisation puis de production qui devrait conduire à sortir les premières tenues à l’hiver 2026. 

Cette combinaison ne se limitera pas aux parachutistes. Les largueurs en bénéficieront à leur tour, tandis qu’un élargissement aux démineurs est à l’étude. S’il a été mobilisé pour ce projet, le CIEC sait aussi être force de proposition. Ses spécialistes planchent ainsi sur une autre combinaison cette fois orientée vers les équipages de chars de combat et d’engins blindés des régiments de cavalerie de l’armée de Terre.

Crédits image : armée de Terre

Les deux porte-avions britanniques auront la capacité de tirer des missiles à longue portée depuis leur pont d’envol

Les deux porte-avions britanniques auront la capacité de tirer des missiles à longue portée depuis leur pont d’envol


Que la dernière revue stratégique de défense britannique [SDR] recommande à la Royal Navy de mettre en œuvre des groupes aériens « hybrides », c’est-à-dire comprenant des chasseurs-bombardiers F-35B et des drones, depuis ses deux porte-avions de type « Queen Elizabeth » n’est pas une surprise : des projets allant dans ce sens ont déjà été lancés, dans le cadre du projet « Vixen », lequel fait partie du plan stratégique « Future Maritime Aviation Force ».

Ainsi, en 2023, le porte-avions HMS Prince of Wales a, pour le première fois, lancé et récupéré un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] de type Mojave, fourni par le constructeur américain General Atomics. Et la marine britannique envisage de se doter d’un aéronef de ce type afin de pouvoir disposer d’une nouvelle capacité de guet aérien pour remplacer ses hélicoptères Merlin qui, équipés d’un radar Crowsnest, assurent actuellement une telle fonction.

Cela étant, l’une des limites à l’intégration de drones au sein d’un groupe aérien embarqué [GAé] est l’absence de catapultes et de brins d’arrêt à bord des deux porte-avions britanniques. D’où l’intérêt exprimé par la Royal Navy pour de tels dispositifs.

Selon la SDR, associer les F-35B [à décollage court et à atterrissage vertical] à des « plateformes collaboratives autonomes et à des munitions téléopérées [ou « drones kamikazes] » permettrait à la marine britannique de se doter d’une capacité à la fois « plus puissante et plus économique ».

Mais ce document envisage d’aller encore plus loin. Alors que les deux porte-avions de la classe Queen Elizabeth ne sont que très faiblement armés pour assurer leur autodéfense – celle-ci repose essentiellement sur trois système Phalanx CIWS [Close-in weapon system] et non sur des missiles surface-air comme leurs homologues français et américains – il est question de les doter de « missiles de précision à longue portée », pouvant « être tirés depuis leur pont d’envol ».

Cette annonce a de quoi surprendre… dans la mesure où, normalement, la capacité à tirer des missiles conventionnels à longue portée revient aux sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] et aux frégates. D’ailleurs, celles de Type 26 qu’attend la Royal Navy seront dotées de missiles de type Tomahawk et /ou FMAN/FMC [missiles antinavire / Future missile de croisière], développé dans le cadre d’une coopération avec la France.

Cela étant, un tel concept n’est pas nouveau : immobilisé depuis 2017, le porte-avions russe « Amiral Kouznetsov » a [ou avait] en effet la capacité de tirer des missiles P-700 « Granit » et 3K95 « Kinzhal » ainsi que des roquettes anti-sous-marines RBU-12000.

Le Royaume-Uni a l’intention de se doter de douze nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque

Le Royaume-Uni a l’intention de se doter de douze nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque


En juillet, fraîchement nommé à la tête du gouvernement britannique, Keir Starmer confia à George Robertson, secrétaire général de l’Otan entre 1999 et 2003, le soin de diriger une commission chargée d’élaborer une nouvelle revue stratégique de défense [SDR].

Moins d’un an après, celle-ci vient de livrer soixante-deux recommandations, lesquelles visent à renforcer la préparation au combat des forces britanniques.

« Lorsque nous sommes directement menacés par des États dotés de forces militaires avancées, le moyen le plus efficace de les dissuader est d’être prêt. Et, franchement, il s’agit de leur montrer que nous sommes prêts à imposer la paix par la force », a ainsi résumé M. Starmer, ce 2 juin. Il s’agit également de « renforcer la sécurité de la zone euro-atlantique ».

Plus tôt, le secrétaire britannique à la Défense, John Healey, avait expliqué que cette SDR consisterait à « envoyer un message à la Russie », qui incarne un danger « immédiat et urgent ». Mais pas seulement car la Chine y est décrite comme représentant un « défi complexe et persistant » pour les intérêts du Royaume-Uni tandis que l’Iran et la Corée du Nord sont perçus comme des « perturbateurs régionaux potentiellement hostiles ».

Cela étant, quelques recommandations de la SDR ont fait l’objet d’une communication ces derniers jours. Ainsi, le ministère britannique de la Défense [MoD] a déjà annoncé un investissement de 1,5 milliard de livres sterling pour ouvrir six usines dédiées à la production de munitions ainsi que la création, pour 1 milliard de livres sterling, d’un « commandement cybernétique et électromagnétique » [CyberEM] censé mettre en œuvre des « capacités numériques pionnières ».

La SDR insiste sur la nécessité de renforcer les capacités de frappe dans la profondeur, avec l’acquisition de 7 000 armes de longue portée, dont des missiles. D’ailleurs, un partenariat a déjà été scellé à cette fin avec l’Allemagne, l’objectif étant de développer un missile d’une portée de 2 000 km.

Dans le même temps, la dissuasion nucléaire britannique sera renforcée. Selon le Sunday Times, il est question d’acquérir des chasseurs-bombardiers F-35A au profit de la Royal Air Force, cette dernière devant renouer avec la capacité de mener des raids nucléaires, mission qu’elle n’assure plus depuis 1998. Or, cet appareil est certifié pour emporter l’arme nucléaire tactique B61-12 de conception américaine. Reste à voir comment cette mesure sera mise en œuvre.

En outre, le MoD a évoqué un investissement de 15 milliards de livres sterling pour financer « le programme souverain d’ogives nucléaires du Royaume-Uni pour les générations à venir ». Évidemment, la construction de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de type Dreadnought sera confortée.

Mais plus généralement, la Royal Navy devrait être la principale bénéficiaire de cette SDR, dans la mesure où cette dernière prévoit de la doter de vingt-cinq navires de premier rang, alors qu’elle n’en dispose que de quatorze actuellement, après le retrait prématuré de cinq frégates de Type 23 [classe Duke] entre 2021 et 2025. Le détail de ce renforcement n’a pas été précisé.

Cela étant, la mesure sans doute la plus forte est celle qui vise à faire passer de sept à douze le nombre de sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] mis en œuvre par la Royal Navy. Et cela en misant sur le pacte AUKUS [Australie, Royaume-Uni et États-Unis] car il s’agira de remplacer les actuels Astute par ceux de la future classe SSN-AUKUS, qui, pour le moment, n’existe que sur le papier.

Dans les faits, il s’agit de doubler la flotte de SNA britannique étant donné que, actuellement, seulement cinq sous-marin de la classe Astute sont censés être opérationnels : le sixième, le HMS Agamemnon, a été lancé en octobre tandis que le septième, le HMS Achilles [ex-HMS Agincourt] est encore en construction. En outre, le HMS Triumph, dernier SNA de la classe Trafalgar, est en passe d’être désarmé.

En août dernier, il a été rapporté qu’aucun des SNA de type Astute n’était en mesure de prendre la mer, notamment à cause de difficultés récurrentes pour assurer leur maintien en condition opérationnelle, faute de disposer de suffisamment de cales sèches.

Les nouveaux sous-marins SSN-AUKUS ne seront admis au service actif qu’à partir de la prochaine décennie. Selon le MoD, il est question de construire une unité tous les dix-huit mois, ce qui semble très ambitieux quand on sait que le HMS Astute, premier de la série, a été déclaré opérationnel il y a près de seize ans… et que le dernier n’a pas encore quitté son chantier naval.

« Afin de répondre aux exigences de ce programme élargi, le gouvernement travaille en étroite collaboration avec ses partenaires industriels pour élargir rapidement les possibilités de formation et de développement, avec l’objectif de doubler le nombre d’apprentis et de diplômés dans les secteurs de la défense et du nucléaire civil. Cela se traduira par la création de 30 000 postes d’apprentis et de 14 000 emplois au cours des dix prochaines années », fait valoir le MoD.

Mais construire des SNA est une chose : encore faut-il qu’ils aient un équipage. Or, la Royal Navy peine à recruter des sous-mariniers et, plus encore, à les fidéliser.

Sur ce point, la SDR n’a pas oublié la nécessité d’améliorer la condition militaire : celle-ci devrait bénéficier d’un bonus de 1,5 milliard de livres sterling dans les prochaines années. Ce qui peut sembler relativement modeste au regard des enjeux en matière de recrutement et de fidélisation.

Reste à voir si l’ambition affichée par le gouvernement britannique pourra être financée. A priori, il n’est pas question de porter les dépenses militaires à 5 % du PIB, comme l’envisage l’Otan, M. Healey s’étant contenté d’affirmer qu’il n’avait « aucun doute » sur le fait que l’objectif des 3 % du PIB serait atteint… d’ici 2034.

Photo : SSN-AUKUS

Avec sa nouvelle génération de treillis, l’armée française muscle son camouflage, “efficace en ville, en forêt, dans le désert ou la neige”

Avec sa nouvelle génération de treillis, l’armée française muscle son camouflage, “efficace en ville, en forêt, dans le désert ou la neige

Plus ergonomiques, mieux pensés, et surtout bien plus efficaces : les nouveaux treillis de l’armée de terre font évoluer le bariolage et les couleurs pour la première fois depuis les années 1990. Distribué depuis le mois de mars, le BME (bariolage multi-environnement) marque un tournant décisif dans l’équipement des militaires français.

Voilà 35 ans que le motif et les couleurs des treillis de l’armée de terre n’avaient pas évolué. C’est désormais chose faite, avec l’arrivée en fin d’année 2024 du treillis BME (bariolage multi-environnement). Fini le bariolage polychrome du Centre-Europe introduit dans les années 90. Place à six couleurs dont le blanc, la principale évolution. 

“Le noir de l’ancien treillis était visible à l’infrarouge. Le nouveau est adapté à tous les environnements. Il est efficace en ville, en forêt, dans le désert ou dans la neige”, décrit le lieutenant Vincent du 152e régiment des Diables Rouges à Colmar (Haut-Rhin), appartenant à la 7e brigade blindée (BB), dont l’état-major est à Besançon (Doubs). 

Le treillis BME est composé de six couleurs, soit une augmentation par rapport à la version précédente. © Armée de terre

Des évolutions non négligeables étant donné que les militaires avaient auparavant deux treillis distincts : un pour le désert et un pour la forêt. La texture est également nouvelle avec des motifs striés et des formes cassées qui remplacent les formes simples et régulières. “Elles se fondent mieux dans les paysages et le regard met plus de temps à capter une silhouette”, explique le lieutenant Vincent. 

Tromper la vue de l’ennemi

De quoi faire des économies tout en assurant une meilleure efficacité. “Sur le terrain, trois secondes de plus pour être détecté, ça peut faire un avantage tactique énorme”, souligne le Colmariens. Selon le ministère des Armées, ces treillis augmentent de 25% le délai de détection des militaires.

Sur le terrain, trois secondes de plus pour être détecté, ça peut faire un avantage tactique énorme.

Lieutenant Vincent

152e régiment des Diables Rouges à Colmar

À partir du mois de mars, les 7 500 militaires de la BB ont été les premiers à en être équipés. La prochaine est la deuxième brigade blindée, jusqu’à équiper progressivement toute la France d’ici le mois de décembre. Ça fait l’unanimité chez tous les militaires. On aime bien le changement pour aller dans l’efficacité”, indique le lieutenant Vincent. 

Outre les couleurs, la coupe et le confort ont aussi été repensés : pantalon équipé d’un zip, veste cintrée, poches sur les côtés pour ne pas gêner le port des gilets tactiques… “C’est ergonomique pour la vie de tous les jours et pour le terrain, se réjouit le lieutenant Vincent. Il s’adapte à la morphologie de tout le monde.”

Le délai de détection lors du camouflage est augmenté de 25%, selon l’Armée de terre.© Armée de terre

Un coût de 200 milliards d’euros

Des treillis “inspirés du MultiCam américain” nés au sein de la Section technique de l’armée de Terre (STAT), avec le Service du commissariat des armées et la Direction générale de l’armement, dont les premiers travaux de conception ont débuté en 2016. Trois versions évaluées plus tard, toute l’armée de terre doit en être équipée. Un investissement du ministère des armées d’environ 200 milliards d’euros, dans le cadre de la loi de programmation militaire. 

Chaque militaire dispose de trois treillis, avec possibilité de renouvellement annuel – les stocks étant prévus pour anticiper l’usure, particulièrement sur les opérations sur le terrain, comme l’explique le lieutenant Vincent : “Ils peuvent vite s’user, mais s’il y a une cérémonie, il faut quand même que l’on présente bien !”

L’État-major des armées n’est pas en mesure de confirmer la perte au combat d’un Rafale indien

L’État-major des armées n’est pas en mesure de confirmer la perte au combat d’un Rafale indien

https://www.opex360.com/2025/05/30/letat-major-des-armees-nest-pas-en-mesure-de-confirmer-la-perte-au-combat-dun-rafale-indien/


Après les frappes effectuées par l’Inde contre des positions tenues par des organisations terroristes au Pakistan [opération Sindoor], le 7 mai dernier, Islamabad a assuré avoir abattu au moins six avions de combat de l’Indian Air Force [IAF], dont trois Rafale, grâce à ses Chengdu J-10 armés de missiles air-air à longue portée PL-15, fournis par la Chine.

À ce jour, aucun élément ne permet de confirmer les allégations pakistanaises, par ailleurs exploitées par Pékin pour faire la promotion du J-10 et du PL-15 à l’exportation. D’autant plus que le bilan avancé par Islamabad est fluctuant. Ainsi, le 28 mai, le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a revendiqué la destruction non pas de trois mais de quatre Rafale indiens.

Cela étant, et c’est passé relativement inaperçu, le porte-parole de la force aérienne pakistanaise, le général Aurangzeb Ahmed, a vanté les qualités du Rafale, lors d’une conférence de presse donnée il y a deux semaines. « C’est un avion très puissant, à condition qu’il soit bien utilisé », a-t-il dit. En clair, il a remis en cause les compétences des pilotes indiens ainsi que la doctrine de l’IAF.

Le propos du général Ahmed peut se comprendre quand l’on sait que le Pakistan entretient de bonnes relations avec l’Égypte, les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Indonésie, lesquels ont acquis des Rafale. D’où, sans doute, ce bémol dans la propagande pakistanaise…

Pour le moment, la seule chose que l’on peut dire est que l’Inde a admis la perte de trois avions de combat lors de l’opération Sindoor et que, à en juger par des images de débris diffusées via les réseaux sociaux, un Rafale pourrait en faire partie.

Lors du dernier point presse du ministère des Armées, le 28 mai, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA], le colonel Guillaume Vernet, s’est montré très prudent sur le bilan du dernier affrontement armé entre l’Inde et le Pakistan.

« S’agissant du conflit qui a eu lieu entre l’Inde et le Pakistan, je remarque surtout que l’on est dans le brouillard de la guerre et qu’il y a une forte guerre informationnelle. C’est-à-dire que, aujourd’hui, ce qu’on sait, c’est qu’on ne sait pas ce qui s’est passé. Il y a un certain nombre d’allégations que je ne reprendrai pas parce qu’il n’y a pas d’informations confirmées », a d’abord dit le colonel Vernet, en répondant à une question portant sur l’emploi du Rafale en Inde.

« Effectivement, le sujet du Rafale est de première importance pour nous. On est intéressé par ce qu’il s’est passé. Donc, on essaie d’être au plus près de notre partenaire indien pour mieux comprendre » les événements, a poursuivi le porte-parole de l’EMA. L’enjeu, a-t-il continué, est de tirer les enseignements du retour d’expérience [RETEX] de l’emploi du Rafale « au combat de haute intensité ».

« Manifestement, selon certains rapports, plusieurs centaines d’aéronefs ont été engagés » durant cet affrontement, a-t-il observé. Mais, a-t-il conclu, « on peut surtout constater qu’il y a eu vingt années d’emploi du Rafale et que s’il était avéré qu’il y avait eu une perte, ce serait la première au combat ».

Le char Leopard 2 face au feu : quand la réalité rattrape la légende

Le char Leopard 2 face au feu : quand la réalité rattrape la légende

par Elie Avot – armees.com – Publié le

leopard-2 | Armees.com

Depuis plus de quatre décennies, le char de combat principal Leopard 2 incarne l’excellence blindée allemande sur les théâtres d’opérations internationaux. Pourtant, la réalité de la guerre moderne, notamment en Ukraine, bouleverse les certitudes. Analyse stratégique d’un géant mécanique devenu symbole autant que sujet de controverse.

Un blindé né de la Guerre froide : naissance et développement du Leopard 2

Le Leopard 2 est le fruit d’un développement amorcé en 1965 par la firme Krauss-Maffei Wegmann (KMW) pour succéder au Leopard 1, jugé trop léger face aux chars soviétiques. Le premier prototype opérationnel voit le jour en 1976, et l’entrée en service s’effectue en 1979 dans la Bundeswehr.

Conçu pour l’engagement rapide, la puissance de feu et la survivabilité, le Leopard 2 s’impose rapidement comme une référence en matière de char de bataille principal (MBT – Main Battle Tank). Il est équipé d’un canon Rheinmetall de 120 mm lisse, de deux mitrailleuses de 7,62 mm, d’un blindage composite modulaire et d’un moteur V12 turbodiesel MTU capable de lui assurer une vitesse de 72 km/h sur route (Strategic Bureau).

Modèles et évolutions : une famille en constante mutation

Depuis sa version initiale Leopard 2A0, le char a connu de multiples modernisations : 2A1 à 2A8. Chacune a apporté des améliorations sur l’électronique de bord, la conduite de tir, la protection balistique ou la mobilité.

Le Leopard 2A4, largement exporté, demeure l’un des plus répandus. Le modèle 2A6 intègre un canon allongé L/55, tandis que le récent 2A7+ vise les conflits asymétriques, avec un renforcement de la protection contre les mines et les engins explosifs improvisés (IED). Un projet Leopard 2A8, plus furtif, axé sur les capteurs actifs et la guerre en réseau, est actuellement en développement (The Canadian Encyclopedia).

Un char de projection : utilisations et déploiements

Le Leopard 2 n’est pas resté cantonné aux casernes. Il a été engagé dans des missions de l’OTAN, notamment :

  • En Kosovo, dans le cadre de la KFOR (Forces pour le Kosovo),
  • En Afghanistan, par les forces canadiennes à partir de 2007, où il a démontré sa puissance mais aussi les limites de son poids et de sa consommation logistique,
  • Dans des exercices conjoints en Pologne, en Lituanie ou en Norvège dans le cadre de la dissuasion sur le flanc Est de l’Alliance atlantique.

Plus de 18 pays ont intégré ce char à leur arsenal, dont le Canada, la Suède, la Finlande, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la Grèce ou encore le Qatar.

Front de l’Est : la rude épreuve de la guerre en Ukraine

En 2023, face à l’escalade de la guerre en Ukraine, l’Allemagne décide de livrer 18 Leopard 2 à Kiev, en parallèle des chars Abrams américains et Challenger 2 britanniques. Un geste politique fort, mais une efficacité opérationnelle rapidement mise en question.

Sur le terrain, les retours sont amers. Dans une réunion confidentielle rapportée par The Telegraph, un diplomate allemand révèle les difficultés rencontrées : « les Ukrainiens peinent à utiliser ces armes lourdes », du fait de leur complexité mécanique et de l’absence de chaînes de maintenance de proximité (L’Indépendant).

Les Leopard 2 sont jugés « vulnérables aux drones », « difficiles à réparer », et surtout « inadaptés au terrain sans appui aérien », selon l’analyste Sergej Sumlenny. Il évoque un design trop complexe, issu de bureaux d’études « n’ayant jamais connu le champ de bataille ».

Le coût logistique est tel que certaines unités doivent être renvoyées jusqu’en Pologne pour réparation. L’expression qui revient sur le front : « un fardeau trop lourd à porter ».

Un futur à redéfinir : entre modernisation et redimensionnement

Face aux limites exposées en Ukraine, les concepteurs de Rheinmetall et KMW s’attèlent à repenser les capacités du Leopard 2. Plusieurs pistes sont évoquées :

  • Allègement de la structure et renforcement des systèmes anti-drones.
  • Intégration de technologies issues de la robotique militaire et de l’IA.
  • Mutualisation des chaînes logistiques avec d’autres plateformes de l’OTAN.

Par ailleurs, l’Eurotank, projet franco-allemand, envisage une fusion technologique entre le Leopard 2 et le futur char MGCS (Main Ground Combat System). Cette alliance stratégique pourrait redéfinir la prochaine génération de blindés européens d’ici 2035 (NATO Review, 14 avril 2025).

Le Leopard 2, longtemps vu comme un standard du char de bataille moderne, traverse une zone de turbulence. Si ses performances en terrain ouvert restent redoutables, son adaptation aux conflits asymétriques et aux nouvelles menaces technologiques est remise en cause. L’avenir du Leopard passera soit par une réinvention profonde, soit par sa fusion dans un programme européen de rupture.

Lockheed Martin envisage une version « sans pilote » de son chasseur-bombardier F-35

Lockheed Martin envisage une version « sans pilote » de son chasseur-bombardier F-35


Le 15 mai, un mois après avoir confirmé que le F-47, c’est-à-dire l’avion de combat de 6e génération issu du programme NGAD [Next Generation Air Dominance] de l’US Air Force, allait être conçu par Boeing, le président américain, Donald Trump, a annoncé que le développement d’un autre chasseur-bombardier, appelé F-55, était envisagé.

« Nous allons lancer le F-55 et – je pense que, si nous obtenons le bon prix, il faut obtenir le bon prix – ce sera un bimoteur et une super mise à niveau du F-35 [qui est monomoteur, ndlr] », a en effet affirmé le chef de la Maison Blanche, lors d’une visite officielle au Qatar.

Cette annonce a surpris beaucoup de monde, à commencer par Frank Kendall, secrétaire de l’US Air Force durant le mandat du président Joe Biden [2021-25]. « Une version bimoteur du F-35 nécessiterait une refonte quasi complète. C’est une option qui n’a jamais été présentée et que nous n’avons jamais envisagée, à ma connaissance », a-t-il confié au site spécialisé Breaking Defense.

Pour le moment, Lockheed Martin développe la version Block 4 du F-35. Et comme cette dernière vise à ajouter une soixantaine de fonctionnalités supplémentaires, elle suppose une motorisation plus puissante. D’où le programme « Engine Core Upgrade », confié à Pratt & Whitney pour mettre à niveau le moteur F-135.

Reste à voir si cette modernisation du F-135 sera suffisante pour le « F-35+ », que James Taiclet, le PDG de Lockheed Martin, a évoqué lors d’une conférence téléphonique avec la presse, le 22 avril dernier. « Nous allons prendre le châssis du F-35 et le transformer en Ferrari », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Le défi est d’atteindre 80 % des capacités de la sixième génération à moitié prix. Et c’est quelque chose que les ingénieurs […] n’auraient pas accepté s’ils n’avaient pas pensé qu’il y avait une voie pour y parvenir. »

L’idée consiste à intégrer au F-35 des technologies développées par Lockheed Martin dans le cadre du programme NGAD. Lors de sa conférence téléphonique, M. Taiclet avait refusé d’en dire davantage. Cependant, l’une d’elles pourrait être la capacité du F-35 à contrôler les futurs drones de combat de type CCA [Collaborative Combat Aircraft], le groupe américain ayant communiqué à ce sujet en octobre 2024.

Ce « F-35+ » correspond-il au F-55 annoncé par M. Trump ? Le PDG de Lockheed Martin s’est gardé de le dire, alors qu’il s’exprimait à l’occasion de l’édition 2025 de la Conférence annuelle des décisions stratégiques de Bernstein, le 29 mai. En revanche, il a donné plus de détails sur les capacités envisagées pour une éventuelle future version du F-35.

Ainsi, a détaillé M. Taiclet, ce « F-35+ » pourrait recevoir de nouveaux revêtements pour accroître sa furtivité face aux capteurs infrarouges et aux radars et il est question de redessiner sa cellule, notamment au niveau des entrées d’air et des tuyères de son moteur.

En outre, le PDG de Lockheed Martin a précisé que ce F-35+ pourrait avoir de « meilleures capacités de guerre électronique » ainsi que des fonctionnalités de combat en réseau accrues. Mais il a également évoqué la possibilité de « droniser » ce chasseur-bombardier, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il soit télépiloté ou autonome.

« Nous pourrions rendre le pilote du F-35 optionnel dans un délai relativement court, grâce à une grande partie du développement que nous avons réalisé » pour les appels d’offres sur les chasseurs de sixième génération, a fait valoir M. Taiclet.

En effet, selon lui, certaines de ces nouvelles fonctionnalités pourraient être prêtes « pour un premier vol et une intégration dans le F-35 d’ici deux ou trois ans ». Mais l’ajout de l’ensemble de ces nouvelles capacités ne pourra se faire que par étapes », a-t-il dit « On ne peut pas introduire trop de nouveaux équipements ou trop de nouveaux logiciels à la fois sans interrompre le flux de production », a-t-il expliqué.

Les difficultés de l’industrie navale américaine

Les difficultés de l’industrie navale américaine

 

par Gil Mihaely – Revue Conflits – publié le 29 ami 2025


L’industrie navale militaire américaine traverse une période difficile, marquée par d’importantes contraintes capacitaires et technologiques. La production de sous-marins nucléaires connaît des retards chroniques, liés à la complexité technique, au manque de main-d’œuvre qualifiée et à l’essoufflement de la chaîne logistique.

L’industrie navale militaire américaine traverse actuellement une période difficile, marquée par d’importantes contraintes capacitaires et technologiques. La production de sous-marins nucléaires, pierre angulaire de la dissuasion stratégique, connaît des retards chroniques, liés à la complexité technique, au manque de main-d’œuvre qualifiée et à l’essoufflement d’une chaîne logistique trop peu résiliente. Parallèlement, les grands chantiers navals capables de construire ou de moderniser des bâtiments de surface sont en nombre limité et peinent à suivre le rythme des besoins de la marine. Cette faiblesse de la base industrielle navale américaine,  identifiée comme un problème critique dans plusieurs rapports du Congrès et du Pentagone,  limite la capacité des États-Unis à renouveler leur flotte, à renforcer leur présence dans les zones de tension et à répondre aux avancées rapides de leur rival stratégique, la Chine.

Ce constat rappelle, en miroir inversé, le dynamisme industriel du projet des Liberty Ships pendant la Seconde Guerre mondiale, qui permit aux États-Unis de surmonter un goulet d’étranglement logistique grâce à la production en série de navires simples, robustes et rapidement assemblés. Une ambition similaire est aujourd’hui nécessaire, mais adaptée aux technologies du XXIe siècle.

Projet Port Alpha

C’est précisément cette ambition que cherche à incarner le projet Port Alpha, développé par l’entreprise Saronic Technologies. Fondée en septembre 2022 à Austin, au Texas, Saronic Technologies est l’un des fleurons émergents de l’innovation militaire américaine dans le domaine de l’autonomie navale. L’entreprise a été créée par un trio aux profils complémentaires : Dino Mavrookas, ancien opérateur des Navy SEALs, Rob Lehman, officier vétéran du Corps des Marines et Vibhav Altekar, ingénieur spécialiste des systèmes autonomes. Cette combinaison d’expérience militaire de terrain et de compétence technologique a permis à Saronic de s’imposer rapidement comme un acteur stratégique. Dès ses débuts, la société a signé plusieurs contrats de recherche et développement avec la marine américaine. Grâce à des levées de fonds spectaculaires (55 millions de dollars en série A, 175 millions en série B, et 600 millions en série C en février 2025), avec le soutien de fonds prestigieux comme Andreessen Horowitz, General Catalyst et Elad Gil, Saronic atteint aujourd’hui une valorisation estimée à 4 milliards de dollars. L’acquisition en avril 2025 du chantier naval Gulf Craft en Louisiane témoigne de son ambition industrielle : produire rapidement, sur le sol américain, des drones marins à grande échelle. Ce dynamisme place Saronic au cœur du projet Port Alpha, dont elle est à la fois l’initiatrice et le principal moteur.

Produire des drones navals

Il ne s’agit pas ici de construire des destroyers ou des sous-marins, mais bien de créer un chantier naval entièrement dédié à la production de drones marins, autrement dit de navires de surface autonomes (Uncrewed Surface Vessels, USV). En réponse à l’évolution des menaces et à la pression croissante sur les ressources humaines et matérielles, ces systèmes sans équipage sont appelés à jouer un rôle stratégique de plus en plus central dans les opérations navales modernes : missions de surveillance à longue portée, guerre électronique, frappes précises en environnement contesté, ou encore leurre pour saturer les défenses ennemies.

Le cœur du projet repose sur l’idée d’industrialiser la construction de ces drones marins en s’appuyant sur des méthodes de production inspirées du secteur technologique, notamment des processus modulaires, automatisés et rapides. Le chantier naval Port Alpha doit permettre la fabrication en masse de plusieurs types de drones de surface, dont le Corsair (24 pieds, 1 000 livres de charge utile) et le Marauder (150 pieds, 40 tonnes de charge utile), deux plateformes destinées à des missions variées et complémentaires. Leur capacité à opérer sans équipage, à basse signature radar, et avec une autonomie prolongée, en fait des outils idéaux pour des engagements asymétriques et des opérations en zones contestées.

L’enjeu stratégique de Port Alpha est de combler rapidement les lacunes structurelles de la marine américaine en proposant une flotte de drones marins capable d’intervenir en soutien ou en remplacement des unités classiques. Là où un destroyer nécessite des années de construction et un équipage pléthorique, un USV peut être assemblé en quelques mois, mobiliser peu de ressources humaines, et opérer en essaim ou en binôme avec des navires habités. En intégrant ces systèmes dans une flotte hybride, la marine américaine renforce sa flexibilité, sa résilience et sa capacité de dissuasion, notamment face à la Chine, qui investit massivement dans des technologies navales similaires.

Connexion avec le Golfe

Les fonds levés cette année doivent permettre de construire le chantier Port Alpha et de le rendre opérationnel dans un délai de cinq ans. Bien que son implantation n’ait pas encore été arrêtée, les régions du Texas ou de la côte du Golfe, historiquement ancrées dans l’industrie maritime, sont les plus sérieusement envisagées.

À terme, Port Alpha pourrait jouer un rôle transformateur non seulement pour la marine américaine, mais pour l’ensemble de l’industrie de défense navale, en inaugurant un modèle de production souple, agile et adapté aux nouveaux paradigmes technologiques. Il s’agirait là d’un tournant doctrinal autant qu’industriel : faire de la mer un espace où les drones de surface formeraient la première ligne d’une nouvelle stratégie navale. En somme, Port Alpha n’est pas seulement un chantier naval. C’est un manifeste technologique et stratégique qui marque la transition vers une marine du futur, où la domination des mers passera aussi par la supériorité algorithmique et la robotisation de la force.

À Cherbourg, le quatrième sous-marin nucléaire d’attaque de type Suffren a rejoint le dispositif de mise à l’eau

À Cherbourg, le quatrième sous-marin nucléaire d’attaque de type Suffren a rejoint le dispositif de mise à l’eau


À Cherbourg, moins de deux ans après le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Tourville, actuellement en arrêt technique après son déploiement de longue durée [DLD], prélude à son admission au service actif, le SNA De Grasse, quatrième de la série « Barracuda », vient de quitter son chantier de construction pour être transféré vers le dispositif de mise à l’eau [DME]. C’est en effet ce qu’ont annoncé Naval Group et le ministère des Armées, le 27 mai.

« Cette opération de transfert sur le dispositif de mise à l’eau constitue une étape majeure du programme Barracuda, piloté par la Direction générale de l’armement [DGA], dont l’objectif est de renouveler les six SNA de classe Rubis de la Marine nationale par six SNA de classe Suffren », a rappelé le ministère des Armées, via un communiqué.

« Je salue l’investissement et les compétences mis en œuvre par nos équipes, celles de TechnicAtome, de la DGA, du CEA, de la Marine nationale, ainsi que de tous nos partenaires. Le franchissement de cette nouvelle étape est une démonstration du savoir-faire de la filière industrielle navale française qui œuvre avec fierté au service de nos forces armées », a commenté Pierre Éric Pommellet, le PDG de Naval Group.

Une cérémonie a été organisée à cette occasion, en présence de représentants de la DGA, du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives [CEA], de Naval Group, de TechnicAtome et de la Marine nationale.

À noter que l’équipage « bleu » du SNA De Grasse a déjà été constitué. Commandé par le capitaine de frégate Owen, il sera chargé d’assurer la première phase des essais en mer du sous-marin, jusqu’à sa livraison à la Marine nationale.

La mise en l’eau de ce quatrième SNA de type Barracuda [ou classe Suffren] est prévue en 2026. Cette phase sera suivie par la première divergence de sa chaufferie nucléaire K-15, cette opération consistant à déclencher une réaction en chaîne de fission de l’uranium dans le cœur du réacteur. Puis, il effectuera ses premiers essais en mer, avant d’être livré à la Marine nationale. Son admission au service actif devrait être prononcée en 2027.

D’ici-là, un cinquième SNA de la classe Rubis, à savoir l’Améthyste, aura entamé son processus de désarmement. Le dernier de cette série, la Perle, suivra la même voie après que les cinquième et sixième SNA de type Barracuda – le Rubis et le Casabianca – auront été remis à la Marine nationale.

Pour rappel, affichant un déplacement de 5 300 tonnes en plongée pour une longueur de 99 mètres et un diamètre de 8,8 mètres, un SNA de type Barracuda est équipé de capteurs dix à quinze fois plus performants que ceux de ses prédécesseurs de la classe Rubis. Encore plus discret que ces derniers, il est armé de missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, de torpilles lourdes filoguidées F-21, de mines et de missiles de croisière navals [MdCN]. Enfin, il peut être doté d’un hangar de pont [« Dry Deck Shelter »], abritant un sous-marin de troisième génération [PSM3G] utilisé par les commandos marine.

Le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour, ne tarit pas d’éloges à l’égard de ce nouveau type de sous-marin.

« Le Suffren est une ‘bête de guerre’, dont nous sommes très satisfaits. […] Il est particulièrement adapté à la lutte contre les sous-marins et il embarque un certain nombre de technologies [intelligence artificielle, mât optronique, etc.]. Il est notamment équipé d’une barre en X, qui le rend plus manœuvrable. Le MdCN ajoute une capacité militaire redoutable : il permet au sous-marin de s’approcher d’une côte sans être vu et de porter la frappe souhaitée », avait-il ainsi détaillé, lors d’une audition parlementaire.

Photo : Naval Group

Après avoir acheté des dizaines de Rafale français, l’Inde lance le programme de son propre avion de combat

Après avoir acheté des dizaines de Rafale français, l’Inde lance le programme de son propre avion de combat

L’Inde a approuvé mardi un programme visant à développer un prototype d’avion de chasse.HAL

L’Inde qui a représenté à elle seule 28% des exportations d’armement de la France est prête à avancer dans son autonomie en matière de défense. Le pays a fait de la modernisation de son armée une priorité absolue notamment en raison des tensions avec la Chine et le Pakistan.

L’Inde a approuvé mardi un programme visant à développer un prototype d’avion de chasse, un projet destiné à accroître son autonomie en matière de défense, près de trois semaines après la confrontation militaire avec le Pakistan, a annoncé le ministère de la Défense.

Le ministre de la Défense, Rajnath Singh, a approuvé le prototype d’un avion de combat avancé de 5e génération (AMCA), selon un communiqué de son ministère.

L’Agence de développement aéronautique (ADA) de l’Inde, qui dépend du ministère de la Défense, “est sur le point d’exécuter ce programme via un partenariat industriel”, a-t-elle ajouté, affirmant que “ce sera une avancée majeure vers l’autosuffisance dans le secteur aérospatial”.

L’entreprise d’état indienne HAL (Hindustan Aeronautics Ltd) avait annoncé en mars la fabrication du premier bord d’attaque du prototype de cet avion de combat.

Cet AMCA, d’une masse de 25 tonnes, aura une charge utile interne de 1,5 tonne et une charge utile externe de 5,5 tonnes en addition de 6,5 tonnes de carburant, indique le Gifas sur son site. Il sera disponible en version furtive et non furtive.

10% des importations indiennes

L’Inde a fait de la modernisation de son armée une priorité absolue notamment en raison des tensions avec la Chine et le Pakistan, deux pays voisins dotés de l’arme nucléaire.

Le pays est l’un des plus grands importateurs d’armes au monde.

En moyenne, les achats d’armement ont représenté près de 10% de ses importations en 2019-2023, a affirmé l’an dernier l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

L’Inde s’affirme également de plus en plus au sein d’alliances multilatérales comme le “Quad”, comprenant le Japon, l’Australie et les États-Unis, de plus en plus préoccupés par l’influence militaire et économique de la Chine.

Dans le même temps, elle se détourne lentement de la Russie, son allié traditionnel et principal fournisseur d’armement depuis des décennies, pour privilégier des contrats avec des pays occidentaux.

Fin mars, New Delhi a annoncé la signature d’un accord en vue d’acheter 156 hélicoptères de combat légers fabriqués localement. L’Inde est aussi un client de Dassault Aviation. Fin avril, New Dehli a acté la commande de 26 Rafale français pour sa marine. Le pays avait déjà acheté 36 Rafale en 2016, pour équiper ses forces aériennes. Un potentiel contrat de 40 appareils supplémentaires serait par ailleurs en cours de discussion entre l’Inde et la France.

L’intérêt de l’Inde pour les avions français n’est d’ailleurs pas nouveau: le pays est client de Dassault Aviation depuis plus de 70 ans. Le premier achat remontant à 1953. Sur la période 2020-2024, l’Inde a représenté 28% des exportations d’armement de la France, selon les données du Stockholm International Peace Research Institute.

Au cours de la dernière décennie, l’Inde s’est dotée de son premier porte-avions fabriqué localement, de navires de guerre et de sous-marins.

L’Inde est également devenue l’un des six pays ayant des capacités de frappe nucléaire sur terre, mer et air après avoir testé un missile balistique depuis son premier sous-marin nucléaire produit localement.

Un Rafale perdu au combat

L’Inde et le Pakistan se sont affrontés quatre jours ce mois-ci, leur pire confrontation depuis des décennies, jusqu’au cessez-le feu annoncé le 10 mai.

Cette opération militaire a été lancée par l’Inde en représailles à l’attaque qui a fait 26 morts, tous des civils, le 22 avril dans une ville touristique du Cachemire indien.

Islamabad a affirmé que ses avions de chasse, construits par la Chine, avaient abattu six appareils indiens – dont trois Rafale de fabrication française. L’Inde n’a pas confirmé officiellement la perte d’avions.

Un haut responsable de la sécurité a indiqué à l’AFP que trois appareils se sont écrasés sur le territoire indien sans préciser leur modèle ou la cause.

Selon un haut gradé français, les Indiens ont perdu “non pas trois, mais un Rafale” au cours du conflit, dans des circonstances qu’il reste à établir. “Toutes les hypothèses sont sur la table”, selon cette source.

Frédéric Bianchi (avec AFP)