Fonds marins : La Marine nationale devrait pouvoir utiliser le sous-marin Nautile jusqu’en 2035

Fonds marins : La Marine nationale devrait pouvoir utiliser le sous-marin Nautile jusqu’en 2035


Alors qu’elle fut à la pointe de l’exploration des fonds marins, avec le groupe des bathyscaphes, qui réalisa plusieurs exploits dans les années 1950/60, dont une plongée de 9545 mètres, dans la fosse des Kouriles, la Marine nationale ne dispose plus de sous-marins habités pouvant naviguer dans les abysses depuis le désarmement de l’Archimède, en 1974. Seul l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer [IFREMER] maîtrise ce savoir-faire, avec notamment le Nautile, capable d’atteindre une profondeur de 6000 mètres.

En février 2022, étant donné que les grands fonds marins font désormais partie des champs de conflictualité, le ministère des Armées dévoila une stratégie afin de permettre à la Marine nationale de se réapproprier les capacités perdues dans ce domaine… mais avec des moyens modestes. D’où l’amendement défendu par le sénateur Philippe Folliot lors de l’examen du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30.

Ainsi, le parlementaire avait proposé de permettre à la Marine nationale d’utiliser le Nautile – dont les jours étaient alors comptés – dans le cadre d’un partenariat avec l’IFREMER. « La dualité serait une opportunité pour la France de développer ses capacités militaires, en particulier dans le domaine de la surveillance et de la protection des infrastructures sous-marines, tout en appuyant la recherche scientifique », avait-il expliqué.

L’argument fit son effet, d’autant plus que le Nautile avait été construit en partenariat avec la Direction générale de l’armement [DGA] et la Direction des constructions et armes navales [DCAN, Naval Group]

Promulguée le 1er août 2023, la LPM 2024-30 demande en effet au gouvernement d’étudier la « possibilité de faire entrer le sous-marin Nautile de l’IFREMER dans un schéma dual civil-militaire permettant de poursuivre le développement des capacités militaires dans les grands fonds tout en appuyant la recherche scientifique ».

Cependant, pour rendre cela possible, encore fallait-il moderniser le Nautile pour le maintenir en service au moins jusqu’en 2035… alors que l’IFREMER comptait mettre un terme à son exploitation en 2025. Pour cela, un investissement de 33 millions d’euros était nécessaire.

Or, grâce au plan France 2030, supervisé par le Secrétariat général pour l’investissement [SGPI], et à l’Agence nationale de la recherche [ANR], cette somme été trouvée. C’est en effet ce qu’a annoncé l’IFREMER, pour s’en féliciter, le 3 septembre.

« L’arrêt du Nautile aurait signifié le non-renouvellement de compétences techniques et opérationnelles rares, ainsi que la perte de tout un savoir-faire. Des sujets stratégiques auxquels l’État, à travers le plan France 2030, est sensible car ils mettent en jeu la souveraineté nationale », a fait valoir l’institut de recherche. Et de rappeler que, la France est « le seul pays de l’Union européenne à concevoir, maintenir et opérer un sous-marins habité apte à plonger à 6000 mètres de profondeur ».

Pour rappel, affichant un déplacement de 18 tonnes environ, le Nautile est équipé de trois hublots à grand champ de vision, de dix projecteurs à LED, d’un sonar permettant la détection d’objets dans un rayon de 300 mètres, de deux caméras haute définition et de deux bras manipulateurs. Conçu en titane et pouvant accueillir trois personnes à son bord [deux pilotes et un scientifique], il a une autonomie de 6 heures à 6000 mètres de profondeur. Outre la France, quatre autres pays possèdent une telle capacité, à savoir les États-Unis [avec le sous-marin Alvin], le Japon [avec le Shinkai], la Russie [avec deux engins MIR] et la Chine [avec le Jiaolong].

La Grèce décide de refuser le cadeau empoisonné des Etats-Unis : 62 blindés M2 Bradley gratuits et voici pourquoi

La Grèce décide de refuser le cadeau empoisonné des Etats-Unis : 62 blindés M2 Bradley gratuits et voici pourquoi


La Grèce décide de refuser le cadeau empoisonné des Etats-Unis : 62 blindés M2 Bradley gratuits et voici pourquoi
La Grèce décide de refuser le cadeau empoisonné des Etats-Unis : 62 blindés M2 Bradley gratuits et voici pourquoi

L’armée grecque rejette les blindés Bradley offerts par les États-Unis.

L’armée grecque a décidé de refuser une offre des États-Unis portant sur la livraison de véhicules de combat d’infanterie Bradley. Initialement, cette proposition semblait être une aubaine pour la Grèce, qui cherchait à remplacer ses anciens blindés de conception soviétique. Toutefois, après une évaluation approfondie, Athènes a jugé que les coûts associés à la remise en état des véhicules surpassaient largement les bénéfices potentiels.

62 M2 Bradley offerts : Un cadeau empoisonné

Le refus grec s’inscrit dans un contexte de renouvellement de l’arsenal militaire où la Grèce avait déjà commencé à remplacer ses vieux BMP-1A1 par des VCI « Marder » allemands. Lorsque les États-Unis ont proposé 62 Bradley dans le cadre du programme « Excess Defense Articles » et ont offert de vendre 102 autres unités, l’offre semblait avantageuse. Cependant, l’analyse a révélé que les coûts de rénovation et de mise à niveau des Bradley étaient prohibitifs, dépassant les capacités financières et logistiques grecques.

Des drones américains pour étoffer la trame de l’armée de Terre

Des drones américains pour étoffer la trame de l’armée de Terre

par – Forces opérations Blog – publié le

L’armée de Terre a pris livraison des premiers drones eBee Vision commandés auprès de l’entreprise américaine AgEagle Aerial Systems. Au moins un exemplaire est désormais dans les mains de la 11e brigade parachutiste (11e BP). 

Un premier lot de 20 systèmes eBee Vision est récemment arrivé en France, concrétisation d’un contrat de plus de 3 M€ officialisé en mai dernier. Cette livraison est « une étape importante dans notre stratégie de croissance du marché défense », déclarait pour l’occasion le patron d’AgEagle, Bill Irby. Une tranche équivalente suivra, de même que neuf autres systèmes de la gamme eBee, rappelle la société basée au Kansas.

Présenté au chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, à l’occasion d’une visite d’inspection de la 11e BP, ce drone de surveillance est avant tout destiné aux unités de contact. Il renforce depuis peu les capacités de reconnaissance, de détection et d’identification du 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP), visiblement en pointe sur la prise en main d’innovations dans le domaine.

Chaque système eBee Vision comprend un vecteur, une station de contrôle et un ensemble d’outils de communication et d’antennes. Déployée en moins de trois minutes, cette aile volante d’une envergure de 120 cm pour un poids de 1,6 kg dispose d’une autonomie de 90 minutes pour une portée de 20 km. Électrique pour gagner en discrétion, elle est équipée d’une caméra thermique FLIR Boson et d’une voie jour HD dotée d’un zoom 32x. 

Quant aux neuf autres systèmes, il s’agit à première vue d’eBee Tac, un modèle conçu pour des missions de cartographie et destiné aux unités spécialisées de l’armée de Terre. Selon son constructeur, l’armée de Terre fait partie des utilisateurs, de même que la Marine nationale et les forces terrestres britanniques et danoises. La rapidité de l’opération n’est en tout cas pas sans rappeler cette nouvelle dynamique privilégiée par les armées dans laquelle le besoin s’adapte à l’offre et l’évolution de la trame se veut plus rapide grâce à l’acquisition de systèmes en nombre restreint mais performants et déjà certifiés.

Crédits image : AgEagle

Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale

Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale

Dans l’Atlantique, trois supercarriers américains ont mené une opération logistique majeure, transférant une énorme quantité de munitions entre les navires. Découvrez les détails de cette manœuvre technique et stratégique unique.

Par Laurène Meghe – armees.com – publié le 2 septembre 2024

Trois Supercarriers Se Rencontrent Dans Latlantique
Image du jour – Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale – © Armees.com

 

Le 22 août dernier, une rencontre exceptionnelle s’est déroulée en plein océan Atlantique. Trois supercarriers américains, l’USS Dwight D. Eisenhower, l’USS Harry S. Truman, et l’USS Gerald R. Ford, se sont rejoints pour une opération logistique de grande envergure : le transfert de 1 360 tonnes de munitions. Voici les détails techniques et stratégiques d’une manœuvre sans précédent qui a mobilisé des centaines de marins et des tonnes de matériel.

En bref :

  • Trois supercarriers américains, l’USS Dwight D. Eisenhower, l’USS Harry S. Truman et l’USS Gerald R. Ford, ont effectué une manœuvre logistique complexe en Atlantique.
  • 1 360 tonnes de munitions ont été transférées grâce à 1 764 livraisons par hélicoptères MH-60S Seahawk, avec un accent particulier sur la sécurité.
  • L’opération a impliqué une coordination minutieuse entre les navires, soulignant la capacité de l’US Navy à gérer des opérations complexes en mer.
  • L’exercice a démontré la puissance de projection de la flotte américaine, renforçant la suprématie des supercarriers sur les océans.
  • Cette rencontre stratégique a permis de tester les limites de l’équipement et des équipages, avec un accent particulier sur la sécurité et l’efficacité opérationnelle.

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Un ballet aérien précis et risqué

L’opération de transfert s’est étalée du 22 au 30 août et a nécessité l’utilisation intensive de hélicoptères MH-60S Seahawk pour effectuer pas moins de 1 764 livraisons de munitions entre les navires. Les escadrons impliqués incluaient les « Tridents » de HSC-9, les « Dragon-Slayers » de HSC-11, et les « Dusty Dogs » de HSC-7 pour le transfert des munitions du Dwight D. Eisenhower au USNS William McLean. Cette phase critique a mis l’accent sur la sécurité, avec des briefings réguliers pour garantir que chaque mouvement d’équipement lourd et d’explosifs se déroule sans accroc.

Le Maître principal aviation ordonnancier Jerome Ruffins, en charge du département des armements, a déclaré : « Nous déplaçons beaucoup de matériel lourd et d’explosifs, donc la sécurité est primordiale ». Les officiers, sous-officiers et premiers maîtres patrouillaient constamment sur le pont d’envol, dans le hangar et dans les magasins pour s’assurer que les protocoles de sécurité étaient respectés.

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Une coordination militaire de haut niveau

Commander Kent Davis, responsable du département des armements sur l’USS Dwight D. Eisenhower et surnommé « Gun Boss », a salué l’effort collectif nécessaire pour mener à bien cette mission : « C’était un énorme effort pour toute l’équipe de se rassembler et de faire en sorte que cela se produise ». Les marins ont travaillé jour et nuit pour s’assurer que chaque transfert se déroule en toute sécurité, en renforçant les protocoles de sécurité et la formation des équipages.

L’opération a comporté deux types de ravitaillements : le « Vertical Replenishment » (VERTREP) et le « Connected Replenishment » (CONREP), permettant de mener à bien ces 1 764 transferts en toute sécurité et efficacité. L’importance de l’opération a été soulignée par le Chef aviation ordonnancier Alexis Armstrong, qui a comparé ces transferts à un événement sportif majeur : « Les déchargements et chargements, c’est comme notre Super Bowl ».

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Un exercice stratégique en haute mer

Cette rencontre de supercarriers ne s’est pas limitée à une simple démonstration de force logistique ; elle a également servi de terrain d’entraînement stratégique pour l’US Navy. En pleine mer, loin des bases terrestres, les équipages ont dû faire preuve d’une excellente coordination et d’une adaptation rapide aux imprévus, démontrant ainsi leur capacité à opérer dans des environnements exigeants.
Le succès de cette opération souligne non seulement la compétence des équipages, mais aussi la puissance de projection de la flotte américaine. Ces exercices sont essentiels pour maintenir l’efficacité opérationnelle et tester les limites des équipements et du personnel.

Ce rassemblement de supercarriers, appuyé par le navire de transport sec USNS William McLean, met en lumière la puissance maritime des États-Unis et leur capacité à mener des opérations à grande échelle. Une démonstration de force qui réaffirme la suprématie américaine sur les océans du globe.

Source officielle : https://www.navy.mil/Press-Office/News-Stories/Article/3891375/bombs-away-ike-completes-tri-carrier-ammo-off-load/


Laurène Meghe

Rédactrice spécialisée en économie et défense armées. Je couvre également les domaines des enjeux industriels et politique, y compris les relations entre les entreprises et leurs partenaires financiers.

Le Commissariat des armées serre la vis sur la collecte d’effets militaires usagés, en rappelant que leur revente est illégale

Le Commissariat des armées serre la vis sur la collecte d’effets militaires usagés, en rappelant que leur revente est illégale


Il n’est pas rare de trouver des treillis, des uniformes et d’autres effets militaires d’origine française sur les sites de revente en ligne [tels que Le bon coin, eBay, Rakuten ou Vinted] et dans les brocantes. Souvent, ces articles – usagés pour la plupart – sont proposés par d’anciens militaires qui ne les ont pas restitués lors de leur radiation des cadres. Or, cette pratique est strictement interdite en vertu d’un principe d’incessibilité.

« Les effets [militaires] demeurent propriété de l’État. À l’exception des effets et accessoires d’affectation définitive non restituables en raison de leur condition de port ou de leur durée d’usage et dont la liste est fixée par instruction du ministre de la Défense, ces effets sont restitués » dès la radiation des cadres ou au terme d’un contrat d’engagement, précise le décret n° 2011-1600.

Le site de l’armée de Terre « Règlement.Terre », dédié aux questions juridiques et réglementaires intéressant les militaires, rappelle que le « fait de s’approprier tout armement, matériels, deniers ou objets appartenant à l’État ou de soustraire, vendre du petit matériel ou des matières et denrées consommables du ministère des Armées constitue un détournement ».

En plus d’une sanction disciplinaire, le militaire d’active peut écoper d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement s’il est avéré qu’il a « détourné » des effets ou des objets qui lui ont été remis pour le service ou « à l’occasion du service ». Même chose pour un ancien militaire, à la différence près qu’il risque aussi de se voir infliger une amende de 375 000 euros.

Quant aux civils friands d’effets militaires, la loi les considère comme des recéleurs. Là aussi, le « tarif » est élevé : cinq ans d’emprisonnement et 375 000 euros.

« En plus d’être interdite, la revente de vos effets sur des sites grands publics crée des risques liés à la sécurité nationale : agression lors de la vente en raison de votre statut militaire, personnes mal intentionnées pouvant se faire passer pour des militaires en vue de commettre des infractions », justifie le Commissariat des armées [SCA].

D’où la directive qu’il a récemment publiée pour favoriser la collecte des effets militaires usagés. D’autant plus que ces derniers sont de plus en plus « techniques et onéreux », souligne-t-il.

« Le militaire conserve ses effets usagés et ne les restitue qu’au moment de la radiation des cadres ou, pour certains effets de spécialiste, lors d’un changement de spécialité. En réalité, faute d’incitation à être réintégrés, ces effets sont le plus souvent stockés inutilement, parfois jetés voire même revendus, en infraction à la réglementation », explique le SCA dans son « exposé des motifs ».

Aussi, poursuit-il, « pour prévenir la production de déchets par le réemploi des produits, leur recyclage ou leur valorisation, la direction centrale du SCA a conçu une directive générale sur le réemploi et le recyclage des effets d’habillement militaires, en accord avec la loi dite ‘anti-gaspillage pour une économie circulaire‘ ».

Cette directive vise à « rendre possible » et à « encourager » la restitution des effets dont les militaires n’ont plus l’utilité au sein des Groupements de Soutien de Base de Défense [GSBdD]. En outre, il est désormais interdit de rendre « sciemment » inutilisable un article qui pourrait encore servir.

Les effets ainsi collectés seront traités en fonction de leur état. Ceux qui sont trop usés et qui ne peuvent pas être recyclés auront « vocation à être éliminés en fonction des solutions locales mises en œuvre pour le traitement des déchets », précise la directive du SCA. Il va sans dite que leur volume devra être le « plus réduit possible ».

Les articles pouvant encore servir pourront être utilisés pour « satisfaire un droit à dotation des soutenus », transférés vers un autre ministère [Gendarmerie nationale, Service militaire adapté] ou revendus comme « tout autre bien meuble appartenant à l’État », sous la responsabilité de la Direction nationale d’interventions domaniales [DNID]. Toutefois, indique le SCA, des « cessions gratuites » peuvent être possibles… mais seulement à titre dérogatoire.

Enfin, il est question de recycler les effets qui ne sont plus « employables », afin de récupérer les « matières ou fibres textiles » pour ensuite les « réintroduire, après traitement, dans le cycle de fabrication d’un nouveau produit ». Une telle opération exige de récupérer au moins 40 % de matières recyclables pour être économiquement rentable. Du moins, c’est ce qu’avait expliqué le SCA dans les pages de sa revue « Soutenir », en 2019.

Photo : Commissariat des armées / Ministère des Armées

Une révision de la dissuasion française s’imposera-t-elle dès 2025 ?

Une révision de la dissuasion française s’imposera-t-elle dès 2025 ?

 

Par Fabrice Wolf – Méta Défense – publié le

La dissuasion française constitue, aujourd’hui, l’un des piliers de la posture de défense du pays, tout en conférant à Paris son autonomie stratégique lui garantissant une liberté de position et de ton rare, y compris dans le camp occidental.

Son incontestable efficacité, depuis 1964, sera préservée, pour les quatre décennies à venir, par la modernisation de ses deux composantes stratégiques, avec l’arrivée du nouveau missile de croisière supersonique aéroporté ASN4G, dès 2035, et l’entrée en service des nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins SNLE 3G, à cette même échéance.

C’est, tout du moins, ainsi que la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, présente le sujet, qui va consacrer plus de 50 Md€ à cette mission sur son exécution, avec l’objectif de remplacer, presque à l’identique et à partir de 2035, les moyens actuels, par des capacités largement modernisées, donc plus efficaces.

Toutefois, ces dernières années, les menaces pouvant viser, potentiellement, la France, comme ses intérêts vitaux, censées protéger par la dissuasion nationale, ont considérablement évoluer, dans leur nature, leur origine et leur volume.

Alors que de nombreuses voix s’élèvent, outre-Manche comme outre-Atlantique, appelant à une révision profonde et rapide des postures de dissuasion britanniques et américaines, pour répondre à ces évolutions, il est, peut-être, nécessaire de faire de même en France, sans attendre la fin de la LPM en cours, pour transformer l’outil au cœur de la sécurité stratégique du pays, et de ses intérêts vitaux.

Sommaire

  1. La dissuasion française, sa modernisation et le principe de stricte nécessité
  2. L’apparition de nouvelles menaces change les données de l’équation stratégique française
  3. L’émergence de nouvelles menaces stratégiques non nucléaires doit également être considérée et traitée
  4. De nombreuses voix appellent à l’extension et la transformation de la dissuasion américaine
  5. La modernisation itérative de la dissuasion française pour 2035 répond-elle à la réalité de l’évolution de la menace ?
  6. Conclusion

La dissuasion française, sa modernisation et le principe de stricte nécessité

Bâtie sur le principe de stricte nécessité, la dissuasion française a pour fonction de donner aux autorités du pays, les moyens nécessaires et suffisants, pour s’intégrer efficacement dans le discours stratégique mondial, et ce, de manière strictement autonome, tout en assurant la sécurité et l’intégrité du pays.

 

Rafale M armé d'un missile ASMPA nucléaire au catapultage
La FaNu permet à la France de déployer des missiles nucléaires ASMPA à partir de Rafale M embarqués sur le porte-avions Charles de Gaulle. Toutefois, avec un unique porte-avions, la Marine nationale ne peut deployer cette capacité que 50 % du temps, au mieux.

Celle-ci se décompose, aujourd’hui, en deux forces aux capacités complémentaires. La première est la Force aérienne stratégique, forte de deux escadrons de chasse équipés de chasseurs Rafale et d’une cinquantaine de missiles nucléaires supersoniques ASMPA-R, d’une portée de plus de 500 km, et transportant une tête nucléaire TNA de 100 à 300 kilotonnes.

À cette capacité mise en œuvre par l’Armée de l’air, s’ajoute, ponctuellement, la Force Aéronavale Nucléaire, ou FaNu, permettant à des Rafale M de la flottille 12F, de mettre en œuvre ce même missile ASMPA-R, à partir du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle.

La seconde est la Force Océanique Stratégique, disposant de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, ou SNLE, de la classe le Triomphant. Celle-ci conserve, à chaque instant, un de ces navires à la mer, pour évoluer caché dans les profondeurs océaniques, et lancer, à la demande présidentielle, ses 16 missiles balistiques M51.3, d’une portée de 10.000 km, et transportant chacun 6 à 10 têtes nucléaires à trajectoire indépendante TNO de 100 kt.

Ensemble, ces deux capacités confèrent aux autorités françaises en vaste champ opérationnel et lexical stratégique, la composante aérienne formant la force visible pour répondre aux déploiements de forces ou à la menace d’un adversaire potentiel, et la composante sous-marine, en assurant l’adversaire d’une destruction presque complète, s’il venait à frapper la France ou ses intérêts vitaux, et ce, même si la France était elle-même frappée massivement par des armes nucléaires.

FOST SNLE Le terrible classe Le triomphant
Avec quatre SNLE classe Le Triomphant, la France dispose en permance d’un navire en patrouille, susceptible de déclencher un tir nucléaire stratégique de riposte contre un pays ayant attaqué le Pays, y compris avec des armes nucléaires stratégiques.

Contrairement à ce qui est parfois avancé, la dissuasion française est aujourd’hui correctement dimensionnée, et certainement efficace, pour contenir la menace d’un pays comme la Russie, et ce, en dépit d’un nombre beaucoup plus important de vecteurs et de têtes nucléaires pour Moscou.

En outre, cette dissuasion, face à la Russie, toujours, est également suffisante pour être étendue à d’autres pays européens alliés, le cas échéant. Son efficacité est, en effet, liée à sa capacité de destruction chez l’adversaire, et non au périmètre qu’elle protège, même si, dans ce domaine, la perception de la détermination française pour protéger ses alliés, y compris en assumant le risque nucléaire, joue également un rôle déterminant.

De fait, aujourd’hui, la dissuasion française remplie pleinement, et parfaitement sa mission, et peut même, le cas échéant, le faire sur un périmètre plus étendu. C’est la raison pour laquelle, dans le cadre de la LPM 2024-2030, sa modernisation, avec l’arrivée du missile ASN4G pour remplacer l’ASMPA-R, et du SNLE 3G pour remplacer les SNLE classe Triomphant, est prévue à partir de 2035, avec un périmètre strictement identique.

L’apparition de nouvelles menaces change les données de l’équation stratégique française

Toutefois, ces dernières années, sont apparues de nouvelles menaces, susceptibles de profondément bouleverser l’équilibre stratégique sur lequel est aujourd’hui bâtie la dissuasion française, et qui est transposé, au travers de la LPM 2024-2030, dans la dissuasion NG française, à partir de 2035.

ICBM KN-22 Pyonguang
première présentation publique du missile ICBM KN-22 à Pyongyang en 2020

Ainsi, alors que la menace stratégique pouvant viser la France et ses intérêts vitaux, jusqu’à présent, était avant tout constituée par l’arsenal stratégique russe, d’autres pays, aujourd’hui, se sont dotés de moyens comparables, susceptibles d’atteindre la France, ses territoires ultramarins ou ses intérêts.

C’est en particulier le cas de la Corée du Nord, qui a développé un missile ICBM pouvant atteindre l’Europe, le Hwasong-15, d’une portée de 13.000 km, et qui pourrait, prochainement, être doté de têtes nucléaires à trajectoire indépendante MIRV.

L’Iran, pour sa part, dispose déjà de missiles balistiques susceptibles d’atteindre le sol européen, avec le Shahab-5 d’une portée estimée au-delà de 4500 km. Si le pays ne dispose pas, pour l’heure, d’un arsenal nucléaire, plusieurs services de renseignement, y compris le Mossad israélien, estiment que Téhéran ne serait plus qu’à quelques mois de pouvoir s’en doter.

Dans les deux cas, ces pays pourraient enregistrer, dans les mois et années à venir, des progrès substantiels dans leurs programmes nucléaires et balistiques, avec une aide technologique possible venue de Russie, en échange du soutien de Téhéran et Pyongyang à l’effort militaire russe contre l’Ukraine.

Bombardier Tu-160M
Les forces aériennes stratégiques russes disposeront d’une cinquantaine de bombardiers supersoniques à très long rayon d’action Tu-160M et M2 d’ici à 2040.

La Russie, justement, développe et modernise rapidement son arsenal nucléaire, avec l’entrée en service de nouveaux vecteurs, comme les SNLE de la classe Boreï, les bombardiers stratégiques Tu-160M et les ICBM RS-28 Sarmat, équipés du planeur hypersonique Avangard.

Surtout, les armées russes se dotent très rapidement de nouvelles capacités nucléaires non stratégiques, qu’il s’agisse de missiles balistiques à courte et moyenne portée, ou de missiles de croisières super ou hypersoniques, tous pouvant alternativement être équipés de charges militaires conventionnelles ou nucléaires.

Enfin, la Chine produit un effort sans équivalent, pour accroitre et étendre ses capacités de frappe nucléaire, son arsenal devant être triplé d’ici à 2035, pour atteindre 1000 vecteurs opérationnels.

DF41 ICBM Chine
le missile balsitique ICBM DF41 chinois représente un immense progrès vis-à-vis des DF-5 à carburant liquide en silo, employés jusqu’à présent.

Pékin se dote, notamment, de capacités stratégiques renouvelées, avec le nouveau missile ICBM à carburant solide DF-41, qui existe en version mobile et en silos, et le missile SLBM JL-3 qui arme les nouveaux SNLE Type 09IV chinois. Comme Moscou, toutefois, les forces chinoises s’équipent aussi d’un nombre croissant de vecteurs à plus courte portée, et d’une puissance de destruction non stratégique, à vocation conventionnelle ou nucléaire.

L’émergence de nouvelles menaces stratégiques non nucléaires doit également être considérée et traitée

À ces nouvelles menaces stratégiques nucléaires, pouvant directement menacer la France et ses intérêts vitaux, s’ajoutent, également, de nouvelles capacités au potentiel de destruction stratégique, mais armées de charges conventionnelles et/ou faiblement létales.

L’exemple le plus célèbre, pour illustrer ces nouvelles menaces, est l’arrivée des drones d’attaque à longue portée, mis en évidence avec les drones Shahed-136 iraniens et Geran-2 russes, employés par les forces de Moscou pour frapper les installations civiles clés en Ukraine.

Drone d'attaque Shahed 136 en Ukraine
Les drones d’attaque, comme le Shahed 136 iraniens, se sont montrés très efficaces pour frapper les infrastructures civiles ukrainiennes.

Bien que vulnérables et transportant une charge militaire relativement réduite, ces drones disposent de deux atouts les transformants en menace potentiellement stratégique, pour un pays comme la France.

D’abord, leur portée, pouvant dépasser les 2000 km aujourd’hui, probablement davantage demain, leur permet d’atteindre des cibles très distantes, pour mener des frappes destructrices contre les infrastructures civiles d’un pays, comme le réseau de communication, le réseau de transport, les réserves de carburant, les capacités industrielles et énergétiques, voire les centres de commandement et de coordination militaires et civils, y compris politiques.

Or, au-delà de la possibilité d’atteindre dans la profondeur des infrastructures clés, cette portée augmente, au carré, le nombre d’infrastructures potentiellement ciblées, rendant leur protection presque impossible par des moyens antidrones classiques. Ainsi, si un drone d’une portée de 500 km peut atteindre, potentiellement, les cibles présentes sur 200.000 km² du territoire adverse, une portée de 1000 km, porte cette surface à 800.000 km².

Surtout, ces drones sont relativement simples et rapides à concevoir et à construire, et ils sont peu onéreux. Ainsi, un drone de la famille Geran-2, serait produit pour 2 à 3 millions de roubles en Russie, soit 20 à 30 k$. Ce faisant, une flotte de 5000 de ces drones, susceptibles de saturer, endommager ou détruire la plupart des grandes infrastructures d’un pays comme la France, peut-être construire en une année, et pour à peine 150 m$.

Usine drones d'attaque Geranium-2
La Russie prévoit de construire plus de 8000 Geran-2, version russe modifiée du Shahed 136, sur la seule année 2024.

Ainsi, certains pays hostiles ou sous influence, peuvent se doter, à moindres frais, et sur des courts délais, de capacités de frappes au potentiel de destruction quasi stratégique, contre un pays très développé, qu’il serait presque impossible de contrer, et ce, sans même devoir franchir le seuil nucléaire.

Cette capacité, et d’autres comme les armes à impulsion électromagnétique, les attaques cyber, voire les moyens chimiques ou biologiques, peuvent engendrer, à relativement court terme, un profond bouleversement de la menace stratégique susceptible de viser, potentiellement, la France, contre laquelle la dissuasion, dans son format actuel, et tel que prévu dans les décennies à venir, pourrait ne pas suffire.

De nombreuses voix appellent à l’extension et la transformation de la dissuasion américaine

Si les questions portant sur la dissuasion, sont très rarement débattues sur la scène publique en France, en particulier par les militaires et les Think Tank qui travaillent pour le ministère des Armées, ce n’est pas le cas, bien au contraire, aux États-Unis.

SSBN CLasse Columbia US Navy
L’US Navy prévoit de n’acquerir que 12 SSBN de la classe Columbia. Un nombre jugé très insuffisant par la Heritage Foundation, qui préconise un retour à 16 navires, comme pendant la guerre froide.

Ainsi, le think tank conservateur américain Heritage Foundation, vient de publier une analyse stratégique pour anticiper la nouvelle Nuclear Posture Review (NPR), qui doit être rédigée et débattue en 2025, par la nouvelle administration américaine, qui sortira des urnes en novembre 2024.

Comme évoqué ici, la Heritage Foundation porte un regard critique sur le renouvellement, entamé aujourd’hui presque à l’identique des moyens de la dissuasion américaine, avec le développement de l’ICBM Sentinel, du bombardier stratégique B-21 Raider, ainsi que du nouveau SSBN classe Columbia, alors même que la menace, elle, a considérablement évoluée, en volume comme en nature, ces dix dernières années.

Sans surprise, la principale préoccupation du think tank américain, concerne la montée en puissance très rapide des moyens de frappe nucléaire chinois, venant déstabiliser le statu quo russo-américain hérité de la guerre froide.

Toutefois, là aussi, les analystes américains pointent la transformation des moyens stratégiques et nucléaires non stratégiques russes, et l’émergence de nouvelles menaces avérées (ICBM nord coréens), ou en devenir (programme nucléaire iranien), avec le risque d’une propagation rapide des armes nucléaires dans les décennies à venir.

silos missiles chine
La construction de plusieurs centaines de silos pour missiles ICBM a été observée en Chine

Pour répondre à ces menaces, et bien que d’obédience républicaine, donc proche de Donald Trump, dont le programme Défense demeure très incertain, la Heritage Foundation préconise l’augmentation rapide des moyens de dissuasion américains, avec le retour à une flotte de SNLE à 16 navires, le développement d’une version mobile de l’ICBM Sentinel, et l’augmentation du nombre de B-21 Raider.

Surtout, elle préconise le développement et le déploiement rapide de capacités nucléaires non stratégiques, notamment en Europe, pour contenir l’émergence de ce type de menaces sur les théâtres européens, Pacifiques et, potentiellement, moyen-oriental.

La modernisation itérative de la dissuasion française pour 2035 répond-elle à la réalité de l’évolution de la menace ?

Les arguments avancés par le Think Tank américain, pour appeler à une révision de la dissuasion américaine, dans son format comme dans sa composition, se transposent, évidemment, à la dissuasion française, elle aussi visant une modernisation itérative, des moyens dont elle dispose aujourd’hui.

Ainsi, même si elle intégrera probablement, à l’avenir, des drones de combat de type Loyal Wingmen furtifs pour accompagner les missions Poker, la composante aérienne de la dissuasion française demeurera armée d’un missile sol-air à moyenne portée et forte puissance, comme l’ASMPA-R aujourd’hui, mis en œuvre par des avions de combat tactiques Rafale, comme aujourd’hui, et soutenus par des avions de chasse d’escorte et des appareils de soutien, tanker et Awacs, comme aujourd’hui.

Rafale B missile ASMPA
Le missile nucléaire supersonique ASMPA-R (Rénové) sera remplacé, à partir de 2035, par le missile ASN4G, qui pourrait être doté d’un planeur hypersonique.

En outre, si les équipements seront beaucoup plus modernes, et performants, le nombre d’appareils, de missiles, et de têtes nucléaires, ne semble pas destiner à évoluer, alors que la répartition de la menace, elle, est appelée à sensiblement s’étendre.

De même, la force océanique stratégique à venir, prévoit toujours de s’appuyer sur 4 SNLE, permettant de disposer d’un navire en patrouille à tout instant, d’un navire en alerte à 24 heures, d’un navire à l’entrainement, mobilisable en quelques semaines, et d’un navire en maintenance.

Pourtant, l’arrivée de la Chine dans l’équation stratégique mondiale, et, dans une moindre mesure, de la Corée du Nord, obligera la FOST à diviser ses moyens, pour contenir simultanément ces menaces à la limite de la portée de ses missiles, notamment en déployant, au besoin, un SNLE dans une zone de patrouille mieux adaptée.

En outre, la montée en puissance des flottes sous-marines russes et chinoises, en particulièrement des flottes de sous-marins nucléaires d’attaque ou lance-missiles, SSN et SSGN, viendra accroitre le risque de compromission de l’unique navire en patrouille français, ce d’autant que le nombre de drones de patrouille sous-marine, conçus précisément pour accroitre les opportunités de détection, va nécessairement bondir dans les années à venir.

SNLE 3G Naval Group
Le conception et la construction des 4 SNLE 3G, destinés à remplacer, à partir de 2035, les SNLE classe le Triomphant, sera le chantier industriel et technologique le plus complexe réalisé en France dans les dix années à venir.

Enfin, l’absence de capacités de frappes de basse intensité, dites « Low Yield » en anglais, et de « de frappe nucléaire non stratégique », dans la nomenclature russe et en chinois, pourrait considérablement affaiblir la posture dissuasive française dans les années à venir, qu’il s’agisse de répondre à ce type de déploiement visible, de la part d’un adversaire potentiel, voire de contenir, au besoin, la menace de frappes stratégiques non nucléaires, par l’intermédiaire d’une flotte massive de drones d’attaque, à la portée budgétaire et technologique d’un grand nombre de pays.

Conclusion

On le voit, si la dissuasion française a rempli parfaitement son rôle, jusqu’à aujourd’hui, la trajectoire retenue, pour son évolution, dans les décennies à venir, bénéficierait, très certainement, d’une nouvelle analyse, prenant en considération, non pas le simple remplacement des moyens existants par des équipements plus modernes et performants, mais aussi la transformation qui est à l’œuvre, concernant la menace stratégique dans le monde.

Cet exercice permettrait, sans le moindre doute, de bâtir une vision plus actuelle sur la réalité des menaces, et leur évolution prévisible dans les années et décennies à venir, et ferait émerger une dissuasion française plus homogène, plus résiliente, et donc plus efficace, pour y faire face.

Enfin, cette démarche bénéficierait certainement d’une exposition publique, certes maitrisée pour préserver la nécessaire confidentialité là où elle est requise, mais qui permettrait de mieux cerner la construction de cette dissuasion, les moyens qui lui sont alloués, et donc, l’effort budgétaire et technologique demandé aux concitoyens, pour s’en doter, et pour assurer la sécurité du pays, comme de ses intérêts vitaux.

Faute de quoi, la France pourrait se voir doter, à l’avenir, d’une dissuasion, certes technologiquement très performante, mais incapable d’assurer efficacement sa mission dans sa globalité, avec, à la clé, des risques existentiels non maitrisés sur le pays, lui-même.

Article du 31 juillet, en version intégrale jusqu’au 6 septembre 2024

Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie

Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie

Par Paolo Garoscio – armees.com – Publié le 30 août 2024

Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie
Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie – © Armees.com

Dassault Aviation vient d’atteindre une étape déterminante dans son histoire en dépassant le seuil des 500 commandes pour son avion de chasse Rafale, un exploit symbolique qui témoigne de la montée en puissance de l’industrie aéronautique militaire française. Cette prouesse, renforcée par une nouvelle commande en Serbie, illustre non seulement le succès du Rafale à l’international mais aussi l’importance stratégique de la France sur la scène mondiale de la défense.

Un succès mondial confirmé : plus de 500 Rafale commandés

Le Rafale, développé par Dassault Aviation, est aujourd’hui reconnu comme l’un des avions de chasse les plus performants et polyvalents au monde. Depuis son introduction en service en 2002, l’appareil a su séduire de nombreuses armées à travers le globe, rivalisant directement avec le F-35 américain, considéré comme son principal concurrent.

Avec la commande récente de 12 appareils par la Serbie, le nombre total de Rafale commandés s’élève désormais à 507 unités. Parmi ces commandes, 234 sont destinées à l’armée française, tandis que les 273 restantes sont réservées à l’exportation, ce qui démontre la capacité de l’industrie française à répondre aux besoins internationaux.

Les principaux clients de cet avion de chasse incluent des pays stratégiques tels que l’Égypte, qui en a acquis 55 exemplaires, le Qatar (36), l’Inde (36), les Émirats arabes unis (80) et l’Indonésie (42), auxquels s’ajoute désormais la Serbie avec 12 Rafale. Ce portefeuille de commandes garantit à Dassault Aviation une activité soutenue pour les dix prochaines années, assurant ainsi la pérennité de ses sites de production et des emplois associés.

Un contrat stratégique en Serbie : modernisation et renforcement des capacités militaires

La Serbie, dernier acquéreur en date, a signé un contrat avec Dassault Aviation pour l’achat de 12 Rafale, un accord officialisé lors de la visite d’Emmanuel Macron à Belgrade. Ce contrat, d’une valeur de 1,2 milliard d’euros, comprend la livraison de trois biplaces et neuf monoplaces d’ici 2028. Pour la Serbie, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie de modernisation de ses forces armées, visant à remplacer des équipements vieillissants datant de l’ère soviétique, notamment les MiG-29 et Soko J-22 Orao.

Le choix du Rafale par la Serbie n’est pas anodin. Il reflète non seulement la qualité technique de l’appareil mais aussi l’influence diplomatique croissante de la France dans les Balkans. La commande serbe s’accompagne d’autres acquisitions militaires, telles que des batteries antimissiles Mistral et des radars Thales, portant la valeur totale des contrats à environ 3 milliards d’euros.

Montée en cadence de la production

Avec l’afflux de commandes, Dassault Aviation doit désormais relever le défi de la montée en cadence de sa production. L’entreprise a déjà annoncé son intention d’augmenter la fabrication des Rafale à trois appareils par mois dès 2025, sur son site de Mérignac en Gironde, avec un objectif encore plus ambitieux de quatre appareils par mois à l’avenir.

Cette augmentation de la production nécessitera une coordination étroite avec les sous-traitants de l’industrie aéronautique, dont bon nombre sont des petites et moyennes entreprises françaises. Ces dernières, soutenues par Dassault, joueront un rôle clé pour atteindre ces nouvelles capacités de production.

Le succès du Rafale dépasse largement le cadre commercial. Il s’agit d’un outil stratégique pour la France, renforçant son influence militaire et diplomatique à travers le monde. Avec plus de 500 unités commandées, l’avionneur français se positionne comme un leader incontournable sur le marché des avions de chasse, capable de rivaliser avec les géants américains et européens. Le Rafale, devenu l’un des symboles du savoir-faire technologique français, contribue à renforcer la position de la France dans le secteur de la défense, tout en offrant une alternative crédible aux appareils américains. Cette réussite est d’autant plus significative dans un contexte où la compétition internationale pour les contrats militaires est particulièrement intense.

Le Rafale, l’avion français invendable devenu best-seller

Le Rafale, l’avion français invendable devenu best-seller

La vente prochaine de 12 Rafale à la Serbie porterait à huit le nombre de pays, en dehors de la France, à utiliser l’avion multirôle.

Par Clément Machecourt – Le Point – publié le

https://www.lepoint.fr/economie/le-rafale-l-avion-francais-passe-d-invendable-a-best-seller-des-ventes-29-08-2024-2568910_28.php


 

C‘est la vitrine de l’excellence de la base industrielle et technologique de défense (BITD) française. L’avion de chasse Rafale pourrait de nouveau faire l’objet d’un important contrat de 3 milliards d’euros avec la vente de 12 appareils à la Serbie. L’État des Balkans deviendrait le troisième pays européen à se tourner vers l’avion de Dassault, après la Grèce (2020) et la Croatie (2021). Si la France est passée deuxième exportateur d’armes au monde devant la Russie en 2024, c’est en grande partie grâce au décollage des ventes du Rafale. Pourtant, les débuts commerciaux de l’avion ont été laborieux.

Une longue traversée du désert

Développé dans les années 1980, le Rafale est pensé dès sa conception pour être un avion multirôle, à une époque où les armées de l’air multiplient les modèles. Supériorité aérienne, reconnaissance, dissuasion nucléaire, frappes air-sol… l’avion made in France peut tout faire en adaptant l’armement qu’il transporte. Malgré sa petite dimension, 15,30 m de longueur, 10,90 m d’envergure et 5,30 m de hauteur, il peut emporter jusqu’à 9,5 t d’armement et/ou de carburant sous ses ailes, c’est-à-dire presque autant que son propre poids à vide (10 tonnes). À titre de comparaison, l’avion de chasse furtif F-22 américain développé au même moment est plus grand (18,90 x 17,30 x 5,05), plus lourd (près de 20 tonnes à vide) mais ne peut emporter que 5 tonnes supplémentaires.

Après quelques années de retard, le Rafale intègre la marine en 2004 puis l’armée de l’air en 2006, où il doit progressivement remplacer le Mirage. Reste à vendre l’avion de cinquième génération à l’étranger. Commence alors une longue traversée du désert avec quelques déconvenues, comme le Brésil en 2013, qui choisit finalement le Gripen suédois.

Le Rafale fait face d’un côté à l’hégémonie américaine qui fabrique des milliers d’appareils, baissant ainsi les coûts de production, et de l’autre à des modèles moins avancés technologiquement et donc moins chers, comme les Mig et lesSoukhoï russes. Le Rafale, dont le prix oscille autour de 70 millions d’euros, obtient le surnom d’avion invendable, malgré son engagement réussi au combat en Afghanistan, puis contre Daech en Irak. L’appareil connaît très peu de défaillances ou d’accidents mortels, hormis une éjection en 2020 et plus récemment quand deux appareils sont entrés en collision le 14 août dernier.

Le miracle égyptien

Tout change en février 2015 quand l’Égypte achète 24 appareils à la France pour 5,2 milliards d’euros, avant une nouvelle commande de 31 Rafale en 2021 pour 3,75 milliards d’euros. Au mois de mai de la même année, c’est autour du Qatar de signer un contrat pour 24 avions, puis 12 supplémentaires en 2017, soit un total de 36 Rafale pour 7,4 milliards d’euros. L’Inde suit en 2016, avec l’acquisition de 36 avions français pour 8 milliards d’euros.

L’année 2020 marque un autre tournant pour Dassault, qui obtient son premier contrat européen avec la Grèce. Face au regain de tensions avec la Turquie en Méditerranée, Athènes va acheter 18 appareils, dont 12 prélevés dans l’armée de l’air. Deux ans plus tard, 6 appareils neufs sont achetés, portant à 24 le nombre de Rafale dans l’armée hellène. Comme avec la Grèce, la Croatie achète 12 Rafale d’occasion en novembre 2021.

Un mois plus tard, l’avionneur français décroche le jackpot avec un contrat à 16 milliards d’euros avec les Émirats arabes unis, qui souhaitent acquérir 80 Rafale. L’Indonésie est le dernier pays client en date, avec un contrat de 8,1 milliards d’euros signé en février 2022 pour 42 avions. Outre la Serbie, l’Irak serait aussi intéressé par l’appareil tricolore. Au total, 285 Rafale ont été vendus à l’étranger, dont certains sont déjà livrés. L’armée de l’air et de l’espace et la marine nationale alignent eux 234 appareils. Trois Rafale sortent tous les mois de la chaîne d’assemblage de Mérignac de Dassault, mais ce sont en tout 7 000 personnes réparties dans 400 entreprises qui fournissent les quelque 300 000 pièces du Rafale.

Des nouvelles du M10 BOOKER

Des nouvelles du M10 BOOKER

– le 26 août 2024

https://blablachars.blogspot.com/2024/08/des-nouvelles-du-m10-booker.html


L’armée américaine a accordé à General Dynamics Land Systems (GDLS) un nouveau contrat d’un montant de 322 millions de dollars. Le document qui est une modification du précédent contrat signé en juin dernier, permet de lancer la production d’un second lot de M10 Booker dans le cadre de la production des engins de présérie. La production des engins prévus par ce nouveau contrat devrait être effective avant octobre 2026 et devrait être répartie sur plusieurs sites de la firme américaine. Le M10 Booker devrait donner aux IBCTs (Infantry Brigade Combat teams) de nouvelles capacités aux unités d’infanterie dans le domaine de la mobilité et de la puissance de feu. Un total de 504 M10 Booker devrait être livré à l’armée américaine d’ici 2035, avec quatre premiers bataillons équipés d’ici 2030. Bien qu’il ne soit pas officiellement désigné sous le terme de « tank », le M10 Booker marque une évolution importante dans la conception des futurs engins blindés dont l’avenir pourrait se décliner autour d’engins plus légers, plus polyvalents et dotés de bonnes capacités d’agression.  

Parallèlement à la signature de ce contrat, le M10 Booker a franchi un nouveau jalon dans le cadre de son évaluation par l’armée américaine avec le premier embarquement de l’engin à bord d’un C-17 Globemaster III durant le mois d’aout. Une des exigences de l’état-major américain  était de pouvoir embarquer deux de ces engins à bord d’un C-17, imposait aux concepteurs de l’engin de limiter son poids au regard de la charge utile de l’avion américain qui peut embarquer 77,5 tonnes. L’engin dont le poids initial est annoncé à 38 tonnes peut recevoir jusqu’à 4 tonnes de blindage additionnel. Selon l’unité de transport (le 145ème Airlift Wing) aucun C-17 n’a volé avec deux M10 à bord, les clichés diffusés ne montrant qu’un seul engin à bord de l’avion. Il est probable que cette étape décisive sera franchie dans les mois à venir pour confirmer les aptitudes du nouvel engin américain et démontrer son aptitude à la projection et sa mobilité stratégique. 

 

Préparation à l’embarquement à bord du C-17

 

A bord de l’avion

Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech

Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech


Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech
Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech

Le Rafale F5, le fer de lance de la force aérienne française volera entouré de drones.

Dans un monde où les tensions géopolitiques façonnent l’avenir de la guerre moderne, l’armée française s’apprête à franchir un nouveau cap avec le développement du Rafale au standard F5. Cette nouvelle version du célèbre avion de combat intégrera une technologie de pointe permettant de commander une flotte de drones, redéfinissant les missions aériennes de haute intensité, notamment dans des zones sensibles comme Taïwan.

Une évolution nécessaire pour le « vieux » Rafale

Le Rafale, déjà un pilier de l’Armée de l’air et de l’espace française depuis 2002, est en constante évolution. Le passage au standard F5 marque un tournant significatif avec l’adoption de systèmes sophistiqués et d’intelligence artificielle pour gérer des volumes de données sans précédent. Cette capacité renforcée permettra au Rafale F5 de synchroniser ses actions avec une meute de drones spécialisés, élargissant ainsi son champ d’action et sa capacité de frappe.

Technologie des « ailiers fidèles »

Le concept des Loyal Wingman, ou « ailiers fidèles », initialement développé par des nations comme les États-Unis avec des projets tels que le XQ-67A de General Atomics, trouve désormais sa place dans la stratégie aérienne française. Ces drones, conçus pour être interconnectés en réseau avec l’avion leader, augmentent la force de frappe, étendent les capacités de détection et de brouillage, et améliorent la protection contre les menaces ennemies.

Capacités et armement du Rafale F5

Extérieurement semblable à ses prédécesseurs, le Rafale F5 se distinguera par son câblage en fibre optique et son équipement IA, lui permettant de traiter des quantités colossales de données et de coordonner des missions avec ses drones accompagnateurs. Ces drones pourront être utilisés pour saturer les défenses adverses ou agir en complément du Rafale, selon les besoins de la mission.

Vers des missions de haute intensité

Avec la montée des tensions dans des régions clés comme Taïwan, et face à des adversaires disposant de systèmes d’armement avancés et nombreux, le Rafale F5 et ses drones ailiers joueront un rôle crucial. Ils permettront de neutraliser les défenses antiaériennes ennemies et de perturber la logistique adverse, augmentant significativement les chances de succès dans des conflits de haute intensité.

L’avenir de la guerre aérienne

Bien que la version F5 du Rafale ne soit pas attendue avant les années 2030, ses développements préfigurent déjà les futurs théâtres d’opérations militaires. Ces avancées posent la France et ses alliés à l’avant-garde de la technologie militaire aérienne, prêts à répondre aux défis futurs que la géopolitique mondiale pourrait poser.

La modernisation continue du Rafale en F5 illustre l’engagement de la France dans le maintien de sa supériorité aérienne et dans le développement de capacités répondant aux scénarios de conflit les plus exigeants. L’intégration de drones dans les stratégies de combat aérien n’est qu’un début dans l’évolution vers des guerres toujours plus connectées et technologiquement avancées.