Marine nationale : La DGA donne son feu vert à la production des sept dernières vedettes de soutien à la plongée

Marine nationale : La DGA donne son feu vert à la production des sept dernières vedettes de soutien à la plongée

https://www.opex360.com/2023/03/23/marine-nationale-la-dga-donne-son-feu-vert-a-la-production-des-sept-dernieres-vedettes-de-soutien-a-la-plongee/


 

Mise à l’eau en avril 2022, la première unité de ce programme – appelée Ophrys – fit l’objet d’une campagne d’essais en mer, avant d’être remise à la DGA en novembre dernier. Et il ne restait plus à l’industriel d’attendre le feu vert pour lancer la construction des sept autres unités prévues.

Ce feu vert était en effet suspendu aux résultats de l’évaluation opérationnelle de l’Ophrys menée par la Marine nationale. Pour autant, bien qu’elle ne soit pas encore terminée, celle-ci a d’ores et déjà permis de confirmer les « bonnes qualités de manœuvre et de navigation de la VSP » et de vérifier son autonomie et son endurance ainsi que le bon fonctionnement de son caisson hyperbare de recompression.

« Elle a ainsi démontré aux groupes de plongeurs démineurs et à l’Ecole de plongée qu’ils pourront conduire leurs opérations subaquatiques en sécurité », a en effet souligné la DGA, qui a par conséquent lancé la production des sept autres VSP commandées.

La seconde vedettes devrait ainsi être livrée à la Marine nationale durant l’été 2024. « Les livraisons des VSP suivantes s’échelonneront tous les trois mois jusqu’au second trimestre 2026 », a précisé la DGA, ce 23 mars. « L’arrivée des VSP dans la Marine nationale complète le renouvellement des capacités navales de lutte contre les mines et les engins explosifs improvisés, tel que prévu par la loi de programmation militaire 2019-2025 », a-t-elle ajouté.

Pouvant être déployées dans les zones de faible profondeur [60 à 100 mètres], les VSP se verront confier plusieurs missions. Outre la lutte contre les mines [d’abord en complément des bâtiments bases pour plongeurs démineurs et des chasseurs de mines tripartites, puis du SLAM-F], elles seront utilisées pour la recherche par sonar remorqué, la formation, le soutien aux travaux sous-marins et l’intervention sur les coques de navires.

Construite en aluminium, une VSP affiche un déplacement de 87 tonnes, pour une longueur de 26,5. Dotée d’un moteur diesel et d’une propulsion électronique pour naviguer discrètement à vitesse réduite, son autonomie est de 450 km. Elle peut embarquer jusqu’à 30 plongeurs pour des « missions à la journée ». Enfin, elle est armée d’une mitrailleuse de 7,62 mm.

Marine nationale : Le premier Bâtiment ravitailleur de forces a mis le cap vers son futur port d’attache

Marine nationale : Le premier Bâtiment ravitailleur de forces a mis le cap vers son futur port d’attache

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En réalité, le départ du BRF « Jacques Chevallier » aurait dû avoir lieu plus tôt, c’est à dire après la première cérémonie des couleurs, au cours de laquelle le pavillon français a été hissé pour la première fois à son bord.

« C’est un jalon important dans la prise en main par la Marine d’un nouveau bâtiment. Elle suit la prise d’armement pour essais [PAE] à l’occasion de laquelle le capitaine de vaisseau Pierre Ginefri a été désigné commandant du premier équipage d’armement en janvier 2023 », avait expliqué la Marine nationale, le 3 mars dernier.

Seulement, le mouvement social contre la réforme des retraites a retardé d’une semaine le départ du navire pour son futur port d’attache.

Quoi qu’il en soit, souligne Naval Group, « le BRF ‘Jacques Chevallier’ a franchi une nouvelle étape en quittant son port constructeur avant sa réception par l’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement [OCCAr], pour le compte de la Direction générale de l’armement [DGA], et sa livraison à la Marine nationale à l’été 2023 ».

Le BRF doit arriver à Toulon d’ici la fin du mois de mars. Avant cela, les essais en mer auxquels il sera soumis se concentreront sur son système de ravitaillement à la mer [fourni par les Chantiers de l’Atlantique] ainsi que sur son système de combat et de communication [livré par Naval Group].

« Nous nous félicitons de l’excellent résultat obtenu grâce à la bonne coopération de nos équipes et de celles de nos différents partenaires. Nous allons maintenant poursuivre cette collaboration de qualité jusqu’à la livraison du navire au mois de juillet à Toulon », a commenté Laurent Castaing, le directeur Général des Chantiers de l’Atlantique.

« Le départ du navire pour son port d’attache est un jalon important pour la DGA, la Marine nationale, les Chantiers de l’Atlantique, Naval Group et tous nos partenaires industriels. Nous sommes fiers de faire partie de ce programme européen et restons pleinement engagés à offrir à la DGA et à la Marine nationale les meilleures expertises des secteurs civil et militaire dans la construction des navires de fort tonnage », a fait valoir Olivier de la Bourdonnaye, Directeur Bâtiments de surface de Naval Group.

Pour rappel, le programme FLOTLOG a fait l’objet d’un contrat de 1,7 milliard d’euros, notifié à Naval Group et aux Chantiers de l’Atlantique par le ministère des Armées, via l’OCCAr. Quatre BRF doivent être construits, selon le modèle du LSS [Logistic Support Ship] A5335 Vulcano, du constructeur italien Fincantieri. La construction du second, le « Jacques Stosskopf » doit commencer à Saint-Nazaire d’ici environ un an, alors que la coupe de sa première tôle a été réalisée en février 2022 au chantier naval de Castellammare di Stabia [Italie].

D’une longueur de 194 mètres pour une largeur de 24 mètres et un déplacement de 31’000 tonnes en charge [16’000 tonnes à vide], les BRF auront une capacité d’emport de 1’500 tonnes de fret et de 13’000 m3 de carburants. D’une autonome de 8000 nautiques, ils seront mis en oeuvre par un équipage de 130 marins. Dotés d’une double coque, ils disposent d’une passerelle de navigation à 360°, de quatre mâts de ravitaillement polyvalents permettant le soutien simultané de deux navires et d’une plateforme aéronautique pouvant accueillir un hélicoptère NH-90 ainsi qu’un drone aérien. Leur armement repise sur deux systèmes RAPIDFire de 40 mm, fournis par Thales et Nexter.

Photo : Marine nationale

MBDA et Nexter ont été retenus par la DGA pour le développement de la munition téléopérée COLIBRI

MBDA et Nexter ont été retenus par la DGA pour le développement de la munition téléopérée COLIBRI

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Le premier projet, appelé « LARINAE », vise mettre au point une munitions rôdeuse pouvant atteindre une cible potentielle dans un rayon de cinquante kilomètres. Quant au second, baptisé « COLIBRI », il consiste à développer un appareil du même genre, mais pour des objectifs situés à seulement cinq kilomètres de distance.

« Nous avons indiqué vouloir des solutions peu onéreuses, évidemment efficaces, prévoyant une autonomie fonction de la zone considérée et livrées très vite ; nous voulons aussi que les militaires soient capables de se former très rapidement », a récemment précisé Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, à l’origine de ces deux appels projets puisqu’il dirigeait l’AID au moment de leur lancement.

L’enjeu de LARINAE et COLIBRI est de taille. Du moins il pourrait l’être… En effet, lors d’une audition parlementaire, en janvier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a affirmé que les « munitions rôdeuses » constituaient une « capacité clé » et que, l’un des objectifs de la prochaine Loi de programmation militaire serait d’en acquérir « plusieurs milliers » pour les besoins de l’armée de Terre. Et d’expliquer : « que de faire des stocks [de munitions] de manière indifférenciée, on va aussi s’intéresser à la nature même des systèmes d’armes pour regarder ce dont on peut avoir besoin en fonction de la nature de l’engagement et de la réactivité que l’on doit avoir ».

Quoi qu’il en soit, ce 21 mars, l’AID a annoncé qu’elle venait de retenir deux consortiums pour le projet COLIBRI [elle n’a en revanche rien dit au sujet de LARINAE].

« Le projet porté par les sociétés MBDA et Novadem et le projet développé par Nexter et une société française de drones [Delair?] ont été retenus parmi 19 propositions industrielles », a en effet indiqué l’AID, via un communiqué.

La sélection de deux projets, décrits comme « complémentaires », permettra à la Direction générale de l’armement [DGA] d’explorer « plusieurs axes technologiques et opérationnels », afin de répondre rapidement et efficacement aux besoins exprimés par les forces.

Ainsi, la solution proposée par MBDA et Novadem repose sur un drone à voilure tournante, plus facile à utiliser et à manoeuvrer. Elle « permettra d’explorer des cas d’usages en environnement urbain ou moins ouvert », souligne l’AID. Quant à celle soumise par Nexter et son associé, elle consiste à adapter un drone de surveillance à voilure fixe », mieux adapté pour les environnements « ouverts et possiblement plus vastes ».

« Les deux projets intègrent une charge pyrotechnique. Les premières démonstrations de ces munitions télé-opérées sont envisagées pour fin 2023 », précise l’AID. Elles permettront « d’alimenter la connaissance des capacités de ces types de solutions d’un point de vue technique et opérationnel, ainsi que les aspects relatifs à la sécurité de mise en œuvre », ajoute-t-elle.

Cet appel à projets inaugure une nouvelle approche en matière de programme d’armement, dans la mesure où il se concentre sur les effets à produire et non pas sur les spécifications techniques, tout en prenant en compte différents facteurs [coût, délais, etc].

La Direction générale de l’armement dévoile sa nouvelle vision stratégique

La Direction générale de l’armement dévoile sa nouvelle vision stratégique

 

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« Nos missions conditionnent notre organisation. Or les missions de la DGA avaient été attribuées pour la dernière fois en 2009, par un décret. Il nous a donc semblé utile de les questionner. Parmi ces missions, nous souhaitons faire apparaître de manière explicite le maintien du fondement de la dissuasion nucléaire et le développement de notre capacité, y compris en matière de cyber », avait expliqué M. Chiva, lors de sa dernière audition parlementaire en date, dédiée à la dissuasion nucléaire.

Dans le détail, cette vision stratégique fixe cinq missions à la DGA, avec l’objectif d’apporter les « meilleures réponses aux besoins de nos armées et préparer l’avenir ».

Ainsi, et sans surprise, la première vise à « équiper et soutenir les armées de façon souveraine en assurant la maîtrise d’œuvre étatique du système de défense ». Ce qui passera par la création d’une « Direction des opérations, du Maintien en condition opérationnelle et du numérique ». Celle-ci sera dotée d’une « force d’acquisition rapide » afin de réduire la durée des cycles d’approvisionnement, voire de procéder plus rapidement à des achats sur étagère quand cela sera nécessaire [et pertinent].

Plus généralement, il s’agira « d’associer les maîtres d’œuvre industriels dès la conception des programmes, afin d’évaluer les poids calendaires et financiers des exigences et les arbitrer avec les armées » et de « mettre en place une méthodologie d’analyse des risques partagée entre DGA et l’État-major des armées pour permettre l’accélération du processus d’équipement des forces ». Il sera aussi question de « repenser les méthoses d’intervention pour mieux exploiter tout le potentiel offert par les technologies du numérique ».

Le document évoque également un assouplissment des contraintes imposées aux industriels pour « permettre d’améliorer leur performance et les coûts ». Mais ce sera du donnant-donnant car, en retour, la DGA attendra de la part des industriels une « visibilité suffisante sur la qualité et l’avancement de leurs travaux »… ainsi qu’une réduction des coûts d’acquisition des acquisitions et du soutien.

D’ailleurs, il reviendra à la Direction de l’industrie de défense à « veiller à la performance » de la BITD française, en accordant notamment une « attention renforcée à la résilience du modèle industriel, aux capacités d’accélération et à la maîtrise des coûts » et en fixant « les orientations industrielles pour chaque filière d’armement ».

Cette direction aura, via un service dédié, à accroître les capacités de la DGA en matière d’intelligence économique et de renseignement en source ouverte, ceci afin d’anticiper « l’évolution du contexte, des marchés et de la concurrence industrielle ». Ce qui profitera à la BITD française, laquelle bénéficiera d’un soutien pour renforcer sa sécurité informatique et sa résilience [ce qui concernera notamment les PME et les Établissements de taille intermédiaire].

« La mission de la DGA est de s’assurer de la capacité de la BITD à répondre en toutes circonstances et sur la durée aux besoins du ministère des Armées. Pour faire face aux nouveaux enjeux dictés par l’évolution du contexte géopolitique, le dialogue avec l’industrie doit être renforcé, notamment pour qu’elle puisse se projeter dans un modèle d’économie de guerre », est-il expliqué dans cette vision stratégique.

Et celle-ci de préciser : « Une connaissance fine des performances industrielles est donc indispensable pour répondre aux exigences du besoin des forces et pour accélérer, à la demande, les cadences d’activités, notamment de production. Cela passe par un renforcement des actions en faveur des PME et ETI qu’il convient d’informer, d’aider et de protéger lorsque c’est nécessaire ».

Autre mission de la DGA [citée en seconde position dans la vision stratégique] : l’anticipation. La Direction de la préparation, de l’avenir et de la programmation sera créée à cette fin… Et le rôle de l’Agence de l’Innovation de Défense [AID] sera « amplifié ». Il s’agira ainsi de « bâtir une capacité d’anticipation globale pour contribuer à la fonction stratégique connaissance / compréhension / anticipation afin de ne pas passer à côté des ruptures technologiques, voire pour avoir un temps d’avance.

« La lutte dans tous les milieux, jusqu’à l’Espace et les fonds marins et dans tous les champs informationnels, la guerre cognitive, la lutte informatique d’influence comme la résilience cyber doivent être mises en avant comme des enjeux prioritaires pour l’élaboration et la conduite de nos futurs programmes d’armement, car l’hybridité des conflits futurs s’impose comme une menace centrale pour notre Défense », fait valoir la DGA.

En outre, poursuit-elle, il est « est impératif d’identifier les prochaines ruptures technologiques susceptibles de représenter des ruptures géostratégiques. Les applications militaires de l’intelligence artificielle et les systèmes autonomes, la maîtrise des armes à énergie dirigée, la convergence des nanotechnologies, biotechnologies, de l’informatique et des sciences cognitives, l’hypervélocité et le quantique sont illustratifs de ces ruptures possibles ».

La vision stratégique aurait pu commencer par là étant donné que la dissuasion est la mission historique de la DGA [elle a d’ailleurs été créée en 1961 à cette fin]. Mais au nucléaire est venu s’ajouter le « cyber », élevé au rang de « domaine stratégique »,. En effet, le document parle de « maintenir le fondement de la dissuasion » tout en développant « la capacité cyber du ministère des Armées au profit de la sécurité nationale ».

Comme M. Chiva l’avait indiqué aux députés, un « poste d’ajoint Dissuasion », directement rattaché au Délégué général pour l’armement, sera créé. « Il pourra agir sur les trois grands programmes d’ensemble mais aussi sur le contrôle gouvernemental, les études techniques et tout ce qui a trait à la dissuasion », avait-il expliqué.

Enfin, la « promotion d’une approche pragmatique de la coopération et le soutien des exportations » constituent l’une des cinq missions de la DGA. Cependant, s’agissant de ce chapitre, la vision stratégique s’attarde surtout sur le volet « coopération ».

Et à ce sujet, alors que certains programmes, notamment menés avec l’Allemagne, connaissent des aléas, le document parle d’amorcer une « réflexion sur des modèles alternatifs de coopération ». Et d’ajouter : « La France doit poursuivre sa recherche de nouveaux partenaires pour renforcer sa liberté de manoeuvre et ne pas se trouver isolée ». Et cela fait échos aux propos tenus par le président Macron, lors de ses voeux aux Armées, le 20 janvier.

Celui-ci avait en effet parlé de « penser autrement nos partenariats, nos alliances, tout en demeurant un leader en Europe et un allié fiable à l’Otan » et de « mieux capitaliser sur la relation exceptionnelle bâtie avec des pays comme la Grèce, l’Égypte, les Émirats arabes unis ou l’Inde ».

Quoi qu’il en soit, rappelle la DGA, « l’harmonisation des besoins opérationnels en amont du lancement d’une coopération, ainsi que la nécessité de trouver des accords sur le développement des industries respectives, tout en protégeant notre savoir-faire national antérieur, sont des conditions clefs de la réussite d’une coopération ». Et, à ce titre, la vision stratégique veut « affirmer » un « droit de revisite objective de nos coopérations ».

Photo : Nouveau logo de la DGA

Exit le Tigre standard 3, place au Tigre standard 2+

Exit le Tigre standard 3, place au Tigre standard 2+

 – Forces opérations Blog – publié le 

Le standard 3 de l’hélicoptère d’attaque Tigre n’est plus, victime d’arbitrages défavorables et du désengagement de la partie allemande. Place à un Tigre porté au standard « 2+ », une opération heureusement toujours conduite en coopération avec l’Espagne.

Réinterroger le modèle

L’abandon du standard 3 du Tigre est acté, moins d’un an après son lancement en réalisation avec l’Espagne, nous confirme-t-on de source militaire. Une demi-surprise au vu des signaux sortis dans la presse ou émis par voie ministérielle. Si le Tigre « continuera de voler jusqu’en 2040-2045 », rappelait mardi dernier le ministre des Armées Sébastien Lecornu, celui-ci a demandé aux armées « de regarder si ce qui est imaginé pour le standard correspond bien à ce qu’on veut ». 

Si il ne remet pas en question le principe de la rénovation du parc, le ministre « réinterroge le modèle tel qu’il existe aujourd’hui ». Entre questions techniques et de soutenabilité économique, « j’ai donné mandat aux armées et à la DGA, en lien avec les industriels, de le mettre à jour, de le faire évoluer », ajoutait le ministre des Armées. La France avait déjà dû revoir ses ambitions à la baisse se limitant à la rénovation à mi-vie de 42 hélicoptères, l’avenir des 25 autres étant alors soumis à la rejointe éventuelle de l’Allemagne. Celle-ci étant définitivement hors-jeu, se repose peut-être la question de la cible.

Certaines briques sont conservées, d’autres passent à la trappe. L’ajout des missiles MAST-F (ou Akeron LP) et Mistral 3 est abandonné, de même que la modernisation du canon de 30 mm, qui devait à l’issue lui offrir un meilleur débattement. En lieu et place du MAST-F, la France va se réorienter vers des solutions sur étagère telles que le Brimstone, également conçu par MBDA. 

La nouvelle copie conserve le viseur de toit Strix NG (ou Euroflir 510), l’intégration dans la bulle SCORPION via SICS ALAT et CONTACT, la communication satellite et le receveur Galileo. La nouvelle avionique modulaire FlytX de Thales est préservée, mais son développement relève dorénavant du HIL Guépard. La question de la collaboration drone-hélicoptère demeure également d’actualité mais, outre la recherche de solutions techniques, demandera au préalable de définir une doctrine d’emploi. 

Vers un standard 2+

Les quelques briques subsistantes viendront s’ajouter à celles promises par le standard 2 du Tigre, développé en parallèle à la bascule en cours vers la version HAD. À l’origine « très ambitieuse », cette évolution avait elle aussi été revue à la baisse pour des raisons de coûts. Ne restent in fine que six modules d’amélioration, dont les plus emblématiques sont l’intégration de la roquette guidée laser et du système d’information SITALAT. 

La RGL conçue par Thales manque encore à l’appel mais ce retard n’empêche pas de progresser à partir du seul Tigre Std 2 livré au GAMSTAT. « Les prochains arrivent bientôt (…) Ils vont commencer à sortir de chez Airbus Helicopters », nous indique-t-on. Des livraisons qui viendront ajouter un surcroît de pression sur un calendrier d’évaluations déjà bien dense. La prochaine campagne de tirs est programmée pour ce mois-ci et s’étendra aussi au nouvel obus explosif de 30 mm conçu pour compenser les effets négatifs d’un tir sur sol meuble. 

Une bonne nouvelle malgré tout : cette révision des plans n’a pas entamé la motivation du partenaire espagnol. Celui-ci reste dans la course pour un futur standard 2+ qui devrait, à l’instar du désormais ex-Std 3, être intégré sur le site d’Albacete d’Airbus Helicopters. 

Crédits image : 1er RHC

Le 1er Régiment Étranger de Génie peut commencer l’entraînement avec ses nouvelles embarcations fluviales

Le 1er Régiment Étranger de Génie peut commencer l’entraînement avec ses nouvelles embarcations fluviales


Hormis celles du 9e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], implanté à Cayenne, les capacités de combat fluvial ont été quelque peu négligées par les forces françaises depuis la fin de la guerre d’Indochine, la Marine nationale, par exemple, ayant abandonné les siennes. Cela étant, en 2014, l’armée de Terre fit l’acquisition de trois Embarcations fluviales de combat [EFC – ou « Styx »] auprès du constructeur naval Pirenn, au profit du commandement dédié à ses forces spéciales [COMFST].

Pour autant, les opérations menées au Sahel, en particulier autour du fleuve Niger, ont relancé l’intérêt de l’armée de Terre pour le combat en milieu fluvial. En outre, et comme l’avait souligné Bertrand Lemonnier, auteur d’un mémoire sur le « renouveau de la doctrine fluviale dans les armées du XXIe siècle », la maîtrise des fleuves est un enjeu primordial dans la mesure où environ un quart de la population mondiale vit à proximité d’une zone fluviale.

Et d’ajouter que « le réseau fluvial d’une zone en crise est un facteur de stabilisation essentiel qui permet à moyen terme de rétablir un semblant d’activité en l’absence de systèmes de communication viables ».

Aussi, en janvier 2022, dans le cadre d’une réflexion lancée par le le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement [CDEC] de l’armée de Terre, le 6e Régiment du Génie [RG] et le 1er Régiment Étranger de Génie [REG] furent désignée pour mener des expérimentations avec deux types de vedettes.

Ainsi, la 23e Compagnie d’Appui Amphibie et de Franchissement [CAAF] du 6e RG avait évalué une embarcation de type « STYX », issue du MLF » [pour Moyen Léger de Franchissement] tandis que le 1er RG fit le même travail, mais avec une « vedette Littoral »

« L’utilisation de ces nouvelles embarcations servira aux nombreuses missions imparties à la doctrine du combat fluvial. Le contrôle et la reconnaissance de zone, la sécurisation d’un point de franchissement, la mise en place de plongeurs de combat du génie, le transport de personnel et de logistique et l’évacuation de ressortissants ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres », avait alors expliqué le 6e RG.

Depuis, les travaux ont bien avancé… Car, un an plus tard, le chef de corps du 1er REG, le colonel François Perrier, s’est félicité du succès de l’évaluation technico-opérationnelle de l’Embarcation fluviale du génie [EFG], conduite par la Section technique de l’armée de Terre [STAT].

« Les essais conduits par les plongeurs du régiment, appuyés par un groupe de combat ont donné entière satisfaction : puissance, maniabilité, agencement de l’espace intérieur, discrétion sonore et position de l’armement à bord. Avec l’arrivée de trois nouvelles EFG dans les semaines à venir, les entraînements tactiques peuvent débuter », a ensuite précisé le 1er REG, via les réseaux sociaux.

Par ailleurs, la Direction générale de l’armement [DGA] a également communiqué sur ces embarcations fluviales, dont les premiers engagements seront… la coupe du monde de Rugby et les Jeux Olympiques Paris 2024.

 

« DGA Techniques aéronautiques a réalisé une campagne d’évaluation des risques électromagnétiques sur les postes de radiocommunication qui équiperont les embarcations fluviales utilisées pour sécuriser la coupe du monde de rugby et les JO à Paris », a-t-elle en effet indiqué. Et d’ajouter : « Les mesures et cartographies des champs électromagnétiques sont menées […] sur tous les matériels et systèmes. L’objectif est d’évaluer les risques liés aux rayonnements électromagnétiques sur les systèmes d’armes, munitions, carburant et personnels ».

Photo : 1er REG

Une enveloppe de 29 M€ pour « un réassort important » de missiles Mistral

Une enveloppe de 29 M€ pour « un réassort important » de missiles Mistral

– Forces opérations Blog -publié le

La France va procéder à « un réassort important » de missiles sol-air Mistral auprès de MBDA, annonçait en septembre dernier le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Un effort qui n’avait plus été réalisé depuis 2006 mais devenu inévitable au vu du contexte.

Derrière les annonces relatives aux missiles MMP, Aster et autres Exocet, « nous avons aussi, pour 2022, des commandes en cours de notification et notamment 29 millions d’euros de commandes pour des missiles Mistral », détaillait en novembre dernier le délégué général pour l’armement (DGA), Emmanuel Chiva, lors d’une audition sénatoriale.

De fait, s’agissant du Mistral, « le retour d’expérience du conflit en Ukraine nous enseigne que nous devrons compléter nos stocks en 2023 », relevait quelques semaines auparavant le ministre des Armées au cours d’une audition parlementaire.  

Entre l’attrition générée par l’entraînement et la formation et les prélèvements en soutien à l’Ukraine, le stock français de missiles Mistral perd toujours un peu plus d’épaisseur alors que resurgit la nécessité de muscler la défense sol-air dans toutes ses couches. Une situation à laquelle ce réassort contribuera à remédier, plus de 16 ans après la dernière commande française et près de huit ans après la rénovation à mi-vie de 850 exemplaires au profit des armées.

Cette notification, à supposer qu’elle ait déjà eu lieu, n’a encore été officialisée par le ministère. Heureusement pour ce dernier, le Mistral continue de se vendre à l’export, marché qui aura permis à MBDA de maintenir sa ligne de production.

Crédits image : armée de Terre

Les forces françaises auront-elles bientôt la capacité d’aveugler les satellites adverses avec des lasers?

Les forces françaises auront-elles bientôt la capacité d’aveugler les satellites adverses avec des lasers?

 

https://www.opex360.com/2023/02/06/les-forces-francaises-auront-elles-bientot-la-capacite-daveugler-les-satellites-adverses-avec-des-lasers/


 

« Les lasers peuvent également être une arme de guerre spatiale opérée depuis les bateaux : ils peuvent ainsi aveugler des satellites d’observation pour assurer la dissimulation de forces navales en situation de conflit », avait-il en effet développé lors d’une audition parlementaire.

Une telle capacité pourrait effectivement avoir un intérêt pour une opération aéronavale ou amphibie, ce qui éviterait, par exemple, de calculer l’heure des raids ou d’un débarquement en fonction des fauchées des satellites, ce qui complique évidemment la tâche.

Visiblement, la Direction générale de l’armement [DGA] y travaille, comme l’a indiqué Emmanuel Chiva, son patron, à l’occasion d’une audition au Sénat [le compte-rendu vient d’être rendu public].

« Nous avons […] prévu ce que nous pouvons appeler de grands démonstrateurs signaux, consistant en des capacités au sol d’illumination laser de satellites adverses. », a en effet confié le Délégué général pour l’armement [DGA]. « Je pense que nous n’en sommes pas très loin », a-t-il précisé.

Cela étant, la DGA ne part pas d’une feuille blanche en la matière, notamment grâce aux travaux de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] qui, dans les années 1990, mena des « essais grandeur nature de neutralisation de satellites en fin contractuelle de vie opérationnelle », ce qui lui permit de recueillir des données, en particulier sur les niveaux d’énergie nécessaires.

« Nous travaillons sur une technologie dite d’optique adaptative. L’effet recherché n’est pas de détruire l’objet, mais de l’empêcher d’effectuer sa mission. En concentrant l’énergie sur la cible, on pourrait endommager les panneaux solaires d’un satellite ennemi, ou pénétrer par ses fenêtres optiques et l’éblouir », avait par ailleurs expliqué un responsable de l’ONERA dans les pages de l’hebdomadaire Challenges, en 2019.

Par ailleurs, et compte-tenu du risque d’interception des communications par satellite, la DGA conduit également le projet Keraunos, dont l’objectif est d’expérimenter une liaison de communication optique, à base de laser haut débit, entre un nano-satellite en orbite basse et une station sol sur Terre.

« Les liaisons laser sont, par définition, difficiles à intercepter et parce qu’avec ce type de technologie, la station au sol pourra être mobile et embarquée dans un véhicule. Cela nous donne des capacités considérables, résilientes à un certain nombre d’actions que pourraient tenter nos compétiteurs », a expliqué M. Chiva, en évoquant ce projet sans le nommer.

Reste à voir l’effort qui sera consenti en faveur des capacités spatiales dans le cadre de la prochaine Loi de programmation militaire. Celle qui est encore en cours avait prévu un investissement de 4 milliards d’euros, afin de renouveler une partie des capacités des forces françaises.

« L’enjeu de la prochaine LPM sera de confirmer cet effort dans la durée et de garantir une cohérence dans les différents programmes, puisque beaucoup ont un lien avec le domaine du spatial », a seulement dit M. Chiva… Mais au moment de son audition par les sénateurs, tous les grands arbitrages n’avaient pas encore été rendus.

Exxelia, 100 ans de savoir-faire stratégique français vendus aux Etats-Unis d’Amérique

Exxelia, 100 ans de savoir-faire stratégique français vendus aux Etats-Unis d’Amérique

Exxelia est un fabricant de composants passifs complexes et de sous-systèmes de précision. Les produits, condensateurs, inductances, transformateurs, résistances, filtres, capteurs de position, collecteurs tournants, et pièces mécaniques de précision, desservent de nombreux domaines industriels de pointe tels que l’aviation, la défense, le spatial, le médical, le ferroviaire, les énergies et les télécommunications.

Exxelia est membre de la BITD et fournisseur critique pour l’industrie de la défense. Un secteur qui, avec l’aéronautique et l’aérospatiale, contribue aux trois quarts de son activité. Ses composants passifs sont utilisés pour résister à des conditions extrêmes en matière de température, de pression atmosphérique ou de vibrations. Dans l’aéronautique, Exxelia est à bord de l’Airbus A350, du Boeing Dreamliner, du lanceur Ariane 6, des constellations de satellites (Galileo, Oneweb…), du Rafale, du F-18 mais aussi du F-35.

Elle dispose de 13 sites de production en France, au Maroc, aux Etats-Unis et au Vietnam, compte plus de 2000 Collaborateurs pour un chiffre d’affaires proche de 200M€ en 2021. Au moins d’aout 2022, IK Investment Partners (actionnaire majoritaire) rentre en négociation exclusives avec le groupe américain Heico pour la vente du groupe Exxelia. Après Alstom, Alcatel, Technip, Lafarge, Morpho, Latécoère, Souriau, HGH et bien d’autres, il est fort probable, sauf rebondissement de dernière minute, que nous assistions à la perte d’une partie de notre souveraineté nationale par un nouvel affaiblissement de notre BITD.

Chronologie capitalistique d’un groupe industriel français aux origines centenaires

Le Groupe Compas réuni les sociétés Eurofarad (créée en 1952), Firadec (1960) et SIC-Safco (1921), toutes les trois spécialisées dans les condensateurs et fournisseurs pour des marchés français stratégiques.

En 2004, le Groupe Compas décide de céder sa participation à Qualium Investissement (CDC). Après avoir construit une usine en France, repris des moyens de production au Maroc (Astema) et réalisé une croissance externe dans le domaine des composants passifs magnétiques (Microspire), Qualium Investissement décide de fusionner ces cinq entreprises complémentaires en 2009 et de créer le groupe Exxelia qui emploie à cette époque 900 salariés et enregistre un chiffre d’affaires d’environ 70 millions d’euros.

En 2010, Qualium Investissement revend Exxelia à LBO France pour un montant de 175M€.

Le groupe Exxelia continue son développement à l’international au travers de croissances externes (US, France) dans le domaine des composants passifs ainsi qu’au travers d’implantations à l’étrangers (Vietnam). Le rachat de TEMEX Ceramics en 2012 (détenu également à 90% par LBO France depuis 2005) et concurrent direct d’Eurofarad depuis 1971, permet à Exxelia de disposer de l’intégralité du savoir-faire Français dans le domaine des condensateurs céramiques, composants électroniques stratégiques utilisés dans les domaines militaires et du spatial.

En 2014, LBO France revend sa participation à IK Investment Partners (UK) sur une valorisation de l’ordre de 275K€. Exxelia emploie alors 1200 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 115M€.

De 2014 à 2020, Exxelia réalise plusieurs croissances externes dont les trois quarts aux US pour atteindre 2100 collaborateurs et un chiffre d’affaires proche des 200M€ en 2021.

En janvier 2020, IK Investment Partners lance des discussions exclusives avec le fonds HLD (détenu par des industriels français) en vue de céder sa participation sur une valorisation de l’ordre de 500M€. Cette initiative avortera la même année avec comme raison évoquée l’arrivée de la pandémie de COVID19.

En juin 2022, IK Investment Partners décide de remettre en vente Exxelia, mandate la banque Rothschild & Co et rentre en négociation exclusives avec le groupe américain Heico au mois d’août autour d’une proposition du même ordre de grandeur que le montant discuté deux ans avant avec le groupe HLD.

Une réponse politique en demi-teinte et pas à la hauteur des enjeux

Entre manque de réalisme sur le niveau de protectionnisme économique des lois américaines traitant des exportations, confidentialité des procédures d’examen des offres et polémique entre le Rassemblement National et Bercy, le dossier Exxelia semble beaucoup plus mal engagé que le cas de Photonis traité deux ans plus tôt.

En effet, le 20/09/2022, Rolland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de l’Industrie, tente de nuancer les choses lors de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, en indiquant qu’Exxelia était détenue jusqu’à présent par un fonds anglais ce qui n’empêchait pas l’État de s’assurer que sa souveraineté, dans le domaine, était respectée. Il est néanmoins à craindre que Mr Lescure oublie que l’extraterritorialité du droit Américain au travers d’ITAR est plus contraignant que celui Anglais. Il poursuit en rappelant que l’État exerce son droit de regard, esquivant le débat de fond en mettant en avant l’existence potentielle d’éléments confidentiels ne l’autorisant pas à commenter plus avant le dossier.

Également, le 05/10/2022, Sébastien Lecornu, ministre des Armées questionné sur le sujet laisse la parole au directeur de la DGA qui indiquera froidement que compte-tenu des contraintes du fonds d’investissement IK Investments Partners, il est normal qu’Exxelia soit en vente tout en précisant que le processus de cession était toujours en cours et que des offres françaises, reçues récemment, étaient à l’étude. Il ajoutera également que si aucune proposition crédible n’émanait d’un repreneur français, la cession se poursuivrait avec Heico, très favorablement connu du ministère, qui devra apporter toutes les garanties nécessaires à la compartimentation de ses activités, afin de conserver la souveraineté de l’état dans les approvisionnements de cette société vis-à-vis de ses systèmes d’armes.

Ensuite, le 11/10/2022, le ministre des Armées indiquera à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées qu’Exxelia a des activités qui intéressent l’État directement du point de vue stratégique et que les équipes de la DGA ainsi que son cabinet procèdent actuellement à des tours de table pour défendre les intérêts français.

Le même jour, à l’Assemblée nationale, une violente passe d’arme entre le Député RN Alexandre Loubet et le Ministre Bruno Le Maire, le premier traitant de lâche le second compte-tenu de son inaction à bloquer le rachat d’Exxelia par Heico, fait plonger le débat dans la polémique, écartant de fait le fond du problème. Pour terminer, le 21/11/2022, le RN demandera d’appliquer le décret relatif aux investissements étrangers en France pour protéger Exxelia.

Une initiative inattendue qui recentre le débat sur le fond

Le 24 octobre 2022, l’association non partisane « La France en partage », écrit, au travers de sa Présidente Maitre Carine Chaix, une lettre ouverte à Bruno Le Maire, cosignée par deux généraux (2S). Cette lettre rappelle que permettre qu’Exxelia soit soumise, même partiellement, à la législation des États-Unis et à leur pouvoir de contrôle sur l’utilisation des matériels d’équipements du Rafale ou de sous-marins nucléaires, c’est rendre dépendant des Américains l’approvisionnement de forces armées et nucléaires françaises.

Mais surtout elle repositionne le sujet sur le fond en reprécisant sur le terrain du droit, que le ministre de l’Économie doit, depuis le décret de Dominique de Villepin, protéger les activités stratégiques de la France et cite les articles L. 151-3 et -10 du CMF rappelant l’injonction qui lui est faite de refuser une autorisation d’investissement étrangers si les intérêts nationaux ne peuvent être préservés. Cette initiative, peu médiatisée, a le mérite de sortir de la polémique engagée entre Bruno Le Maire et le RN en repositionnant de manière simple les enjeux et les obligations des décisionnaires sur ce dossier.

Un contexte malheureusement inopportun pour garder Exxelia Français

Concernant le repreneur potentiel de 2020, le fonds HLD : il est fort probable qu’après avoir repris Photonis en 2021 sur une valorisation de 370M€ suite au véto français sur le rachat de l’américain Teledyne, celui-ci ne puisse plus se positionner sur le dossier Exxelia. D’autant que certains ont conclu que le retrait du dossier par HLD en 2020 pour cause de pandémie n’était qu’un prétexte pour cacher « un loup »Ensuite au niveau macroéconomique : la parité monétaire et les prix du gaz accentuent la puissance des prédateurs américains dans l’acquisition des pépites stratégiques nationales. Enfin, le management d’Exxelia, pourtant mené par un ex-Thalès, a salué l’offre d’Heico au travers des perspectives qu’elle offre à Exxelia en termes de développement tout en indiquant apprécier les valeurs de son actionnaire (la famille Mendelson).

Dans un contexte où le ministre de l’Économie, en charge de la souveraineté nationale, ne s’est pas explicitement positionné contre le rachat d’Exxelia, que l’actionnaire LBO France est satisfait de l’offre d’Heico et que le management est en ordre de marche pour continuer l’aventure sous drapeau Américain, la tâche sera difficile pour la DGA de convaincre l’état de poser son véto pour privilégier une offre française ou européenne comme dans le cas de Photonis. Ainsi il est fort probable, sauf évènement particulier qui viendrait bousculer le rapport de force actuel, que Heico prendra le contrôle d’Exxelia durant le 1er semestre 2023 en étant accompagné d’un communiqué de la DGA ou de Bercy qui expliquera que des garde-fous seront mis en place pour sauvegarder la souveraineté de la France en matière d’approvisionnement en composants électroniques passif stratégiques.On se rappellera les promesses faites au moment de l’affaire Alstom pour se remémorer que malheureusement elles n’engagent que ceux qui y croient.

La DGA souhaite accélérer « un peu » sur les canons électromagnétiques

La DGA souhaite accélérer « un peu » sur les canons électromagnétiques


Les affrontements en Ukraine le rappellent presque quotidiennement : un effort quantitatif et qualitatif sur les feux longue portée est devenu inévitable. Le développement de canons électromagnétiques reste l’une des réponses envisagées, un sujet pour lequel la Direction générale de l’armement souhaite maintenant accélérer le tempo.

Le principe du canon électromagnétique, le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, le résumait mieux que personne lors d’une récente audition parlementaire relative aux RETEX du conflit russo-ukrainien. « Il s’agit d’envoyer un projectile entre deux rails dans lesquels on fait circuler une différence de potentiel électrique très importante. La charge n’est pas explosive mais elle va tellement vite qu’elle ionise l’atmosphère ». Résultat : jusqu’à 200 km de portée, une vitesse hypersonique donc une réduction du temps de vol, et une énergie cinétique à l’impact plus importante. Sans parler de l’absence de tête militaire et de poudre propulsive contribuant à la sécurité du lanceur et du personnel.

Avec de tels arguments, cette technologie reste « une arme extrêmement intéressante » pour combler le trou entre l’artillerie conventionnelle, dont la portée est limitée à 70-80 km, et les missiles, capables de frapper à plusieurs centaines de kilomètres mais très coûteux donc réservés à certaines cibles. Seul hic : les quelques initiatives européennes n’ont pas encore quitté l’enceinte du laboratoire. Et PILUM, seule solution européenne visible actuellement, a fixé l’horizon du premier démonstrateur à taille réelle à 2028. Trop loin si l’on en croit le DGA.

« Nous aimerions accélérer un peu la feuille de route en la matière », souligne-t-il. Pour lui, le canon électromagnétique relève en effet des « démonstrateurs ‘signants’ ». Autrement dit, des dispositifs qu’il souhaite introduire dans une future loi de programmation militaire pour 2024-2030 « qui a certes pour objet de permettre la remontée en puissance de nos armées, mais aussi d’éclairer l’avenir : il s’agit de préparer les guerres du futur avec du matériel de demain et non d’hier ou d’aujourd’hui ».

« Le défi, s’agissant de l’avenir de cette technologie, réside dans le passage à l’échelle ». La traduction en applications se heurte en effet à plusieurs obstacles. Parmi ceux-ci, l’énergie. Chaque tir en requiert une très grande quantité durant un laps de temps très court. « Lorsqu’on a besoin d’un mur entier de condensateurs pour pouvoir stocker et libérer une grande quantité d’énergie de manière quasi instantanée – comme c’est le cas, d’une façon générale, pour les armes à énergie dirigée, qu’il s’agisse de lasers ou de systèmes électromagnétiques – cela suppose des infrastructures adaptées », souligne Emmanuel Chiva.

Alors, en l’état actuel des choses, l’intégration sur plateforme navale reste la plus à même d’émerger en premier. Toute application terrestre, sur un camion par exemple, nécessitera de progresser sur la miniaturisation des sources d’énergie. « Toutes les pistes sont à l’étude, y compris celle du nouveau nucléaire », mentionne à ce titre le DGA.

La voie électromagnétique, seuls quelques pays sont en mesure de la poursuivre aujourd’hui. Ce sont, par exemple, les États-Unis, bien qu’en retrait au profit des missiles hypersoniques, le Japon, mais aussi la France. Les deux derniers ont d’ailleurs décidé de coopérer sur le sujet, signale le DGA. Paris mise pour sa part sur les travaux de PILUM, consortium mené depuis avril 2021 par l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL) et financé via le dispositif d’action préparatoire sur la recherche en matière de défense (PADR). Il doit s’achever cette année. Le Fonds européen de la défense (FEDef) prendra le relais via un appel à projets lancé à l’été dernier et clôturé en novembre.

La finalité recherchée par l’Europe ? Un canon de moyen calibre pour des applications navales et terrestres. Sa mission principale relèvera de la défense antiaérienne et en particulier face aux missiles et menaces de type RAM, l’artillerie venant dans un second temps. La masse du projectile est pour l’instant évaluée à entre 3 et 5 kg pour une vitesse de bouche de 2000 m/s (ou 7200 km/h). Deux modèles sont envisagés : un pénétrateur cinétique et une charge à fragmentation/airburst. L’apport en énergie sera modulaire et reposera sur une technologie XRAM maîtrisée, entre autres, par l’ISL. Aux futurs acteurs retenus de plancher sur deux modules différents en optimisant leurs taille, poids et performances.

L’Europe en est consciente, la recherche dans ce domaine s’inscrit dans le temps long. La démonstration d’un système complet annoncée par PILUM dépasse le champ d’un appel à projets dont l’objet est surtout de faire progresser en maturité les composants critiques et tout particulièrement le volet énergétique. Les moyens alloués doivent néanmoins permettre un changement d’échelle. Quand le PADR avait octroyé 1,5 M€ sur deux ans aux neuf partenaires de PILUM, le FEDef prévoit une enveloppe de 15 M€. Une preuve parmi d’autres que le sujet reste pertinent. Reste à voir si la volonté d’accélération sera partagée par tous ou si la France devra faire cavalier seul, effort financier supplémentaire à la clef.