« ULTRA » : quel est ce drone espion semi-secret et à longue endurance prisé par l’US Air Force ?

« ULTRA » : quel est ce drone espion semi-secret et à longue endurance prisé par l’US Air Force ?

par Géo – publié le 8 juillet 2024

https://www.geo.fr/geopolitique/etats-unis-drone-ultra-quel-est-cet-avion-espion-semi-secret-et-a-longue-endurance-prise-par-us-air-force-221096


Des images récemment dévoilées par l’US Air Force dévoilent de nouveaux détails sur le développement d’un drone espion semi-secret appelé « ULTRA », qui convient aux missions de longue durée et assure une couverture continue des zones géographiques éloignées.

Pourquoi la technologie du grand drone sous-marin XLUUV est-elle stratégique pour les marines militaires ?

Pourquoi la technologie du grand drone sous-marin XLUUV est-elle stratégique pour les marines militaires ?

Après le succès des phases d’essais de son démonstrateur DDO, un grand drone sous-marin, ou XLUUV, Naval Group s’est vu notifié un contrat pour la conception d’un nouveau système de même type, mais plus imposant, ainsi que de l’ensemble des technologies clés pour équiper et mettre en œuvre ces drones navals.

Dans ce domaine, la France n’est pas en retard, et fait même partie des nations les plus avancées, avec les États-Unis. Elle n’est cependant pas la seule à investir d’importants moyens pour se doter de XLUUV. En effet, savoir concevoir, et mettre en œuvre ces grands drones sous-marins militaires, va rapidement devenir un enjeu stratégique pour de nombreuses marines. Voilà pourquoi…

Sommaire

Si les drones ont fait leur entrée sur les champs de bataille aériens depuis plusieurs décennies, l’arrivée de ces systèmes automatisés est beaucoup plus récente dans les autres espaces de conflictualité, pour des raisons toutefois souvent différentes. Ainsi, le principal obstacle à la conception d’un drone terrestre, réside dans la gestion de sa mobilité sur un terrain par nature chaotique et changeant, comme sur un champ de bataille.

Dans le domaine des drones de surface, ce sont avant tout les contraintes liées à la durée des missions qui concentrent les efforts des chercheurs. En effet, là où un drone de combat va tenir l’air pendant, au mieux, quelques dizaines d’heures, un drone de surface de grande taille va effectuer sa mission sur plusieurs semaines, peut-être même plusieurs mois, avec son lot d’avaries et de fortunes de mer.

XLUUV DDO de Naval group
Le démonstrateur de grand drone sous-marin DDO de Naval group, a terminé son programme d’essais à l’été 2023.

Les drones sous-marins, quant à eux, cumulent les contraintes des unités de surface, avec un impératif fort en matière de discrétion, spécialement dans le domaine électromagnétique et acoustique, alors que très peu de pays ont, effectivement, les compétences pour concevoir un sous-marin conventionnel.

Ainsi, si, pour être opérationnel, un drone de surface peut s’appuyer sur une liaison de donnée avec un centre de contrôle, la discrétion indispensable liée à la mission sous-marine militaire, impose de réduire au maximum ces échanges électromagnétiques, et donc de concevoir un drone disposant d’une autonomie très étendue en matière de pilotage, mais aussi de conduite de mission, voire de décision opérationnelle.

Un nouveau programme français basé sur le démonstrateur DDO de grand drone sous-marin de Naval Group

Dans ce domaine, le français Naval Group a pris les devants de la programmation militaire nationale, en développant, sur fonds propres, un démonstrateur baptisé DDO, pour Démonstrateur de Drone Océanique.

Sa présentation eut lieu, concomitamment à sa première mise à la mer, en octobre 2021, à l’occasion des Naval Group Innovation Days, un événement annuel de l’industriel destiné à promouvoir et présenter ses innovations et avancées technologiques récentes.

Long de 10 mètres pour 10 tonnes de déplacement, le DDO a depuis mené plusieurs campagnes d’essais, tant pour valider les arbitrages et développements des ingénieurs de Naval Group, que pour récolter de nombreuses données et expériences liées à sa mise en œuvre, comme c’est le rôle d’un démonstrateur.

Navl Group Innonvation days 2021 DDO
Le DDO a été présenté lors des Naval Group Innonvation Days en octobre 2021.

Le pari de l’industriel a été payant. En effet, après que des financements de la DGA ont accompagné Naval Group lors des essais de son démonstrateur, et comme planifié par la nouvelle LPM 2024-2030, celui-ci a été notifié d’un contrat de recherche et de développement, de la part de la DGA, pour la conception, la fabrication et les essais d’un nouvel XLUUV, acronyme anglophone pour Très Grand Véhicule Sous-marin sans Équipage, sur la base des acquis du programme DDO.

Le nouveau drone devra être plus grand, et plus lourd, que le démonstrateur initial, sans que ses dimensions aient été spécifiquement définies. Pendant ce temps, le DDO servira, quant à lui, de plateforme pour un ensemble de développements dans le domaine de l’endurance, de la production d’énergie, de l’intégration de senseurs, et surtout de l’automatisation et la prise de décision autonome, sujets mis largement en avant par la DGA et Naval group dans ce dossier.

Les principaux programmes de XLUUV dans le monde

La France, Naval Group, et la Marine nationale, ne sont pas les seuls à s’intéresser de près, et à investir, dans le développement de ce type de technologie. Des programmes similaires, plus ou moins avancés, sont, en effet, en cours dans plusieurs pays, en particulier ceux dotés des compétences en matière de conception et de construction de sous-marins militaires.

C’est le cas des États-Unis et de l’US Navy, avec le programme ORCA, dont la conception a été confiée à Boeing et la construction aux chantiers navals HHI de Lockheed Martin. Le premier prototype a été livré par l’industriel à la fin de l’année dernière, et qui, depuis, multiplie les tests et essais.

XLUUV ORCA Boeing
Boeing va livrer au total six XLUUV ORCA à l’US Navy.

Long de 26 mètres, mais avec un déplacement de seulement huit tonnes, l’ORCA doit être construit à six exemplaires, pour mener l’ensemble des tests et essais, y compris en matière de déploiement opérationnel, afin de pouvoir entamer la conception et la construction d’une classe de grands (Large) et très grands (eXtra Large) drones sous-marins autonomes venant renforcer et étendre les capacités de l’US Navy, à partir de la fin de la décennie.

Plusieurs autres pays, comme le Japon, la Corée du Sud, l’Allemagne et Israël, ont annoncé, ces derniers mois, s’être engagés dans des programmes similaires. Tout comme la Chine, dont on ignore cependant l’état d’avancement dans ce domaine, Pékin étant traditionnellement très discret pour ce qui concerne les développements de technologies sous-marines.

Quoi qu’il en soit, avec un démonstrateur de 10 tonnes ayant déjà effectué plusieurs campagnes d’essais, et un programme ambitieux à suivre, la France est à la pointe dans le domaine des XLUUV, et entend bien le rester.

Des capacités opérationnelles bientôt indispensables pour toutes les marines militaires

Il faut dire que les possibilités promises par l’arrivée des XLUUV dans l’inventaire des grandes marines militaires, ont de quoi aiguiser les appétits des stratèges navals. En effet, par leurs performances, leurs couts réduits, leur mobilité et une empreinte RH limitée, ces drones sous-marins étendent sensiblement les capacités des sous-marins traditionnels, qu’ils soient à propulsion conventionnelle, et même nucléaire.

XLUUV DDO Naval group
Le DDO est un des premiers XLUUV a avoir effectué des essais à la mer, en 2021.

Par leurs prix réduits, on parle de 20 m€ pour la version surveillance (10 tonnes) du DDO, leur panoplie de senseurs, et leur autonomie à la mer, les XLUUV représentent, sans le moindre doute, l’une des solutions les plus efficaces pour surveiller et sécuriser un espace maritime étendu, des côtes, voire des infrastructures navales critiques, comme les ports et arsenaux ou les câbles sous-marins.

Ainsi, la sécurisation d’un arsenal, qui nécessiterait, dans la durée, au moins deux sous-marins nucléaires se passant le relais, ou trois sous-marins à propulsion conventionnelle, pourrait être réalisée par 5 ou 6 XLUUV, tournant par flottille de 2 ou 3, et ne coutant qu’une fraction des couts de construction et de mise en œuvre, de la flottille sous-marine immobilisée pour une telle mission, et par ailleurs, très probablement, plus utile ailleurs.

Les grands drones sous-marins peuvent également s’avérer particulièrement utiles dans les missions trop risquées pour y consacrer un sous-marin, comme le renseignement naval opérationnel à proximité des côtes adverses ou de son dispositif naval, ou la désignation de cible.

Ainsi, un XLUUV peut s’approcher discrètement d’une flotte adverse, en identifier les navires clés, et transmettre les informations à une frégate, un autre sous-marin, ou un stike d’avions de chasse, pour venir les frapper à distance de sécurité, tout en réduisant sensiblement les risques de dégâts collatéraux, et ce bien plus surement qu’avec un sous-marin classique.

XLUUV ORCA Boeing
Les dimensions du XLUUV ORCA américain apparaissent sur cette photo lors de la cérémonie de bapteme du premier prototype.

Enfin, les XLUUV disposent d’une mobilité incommensurable, en particulier face aux sous-marins traditionnels, y compris à propulsion nucléaire. En effet, par ses dimensions, le DDO peut-être transporté par avion A400M partout dans le monde en 24 heures, alors que sa version de combat, de 20 mètres, pourrait l’être avec un C17. Une fois livrés, ils peuvent rejoindre la mer par camion en quelques heures seulement.

Ainsi, un grand drone naval est capable d’être déployé sur des délais très courts, pour répondre à une situation de crise, bien plus rapidement que ne le peut un SNA, pourtant le système naval le plus véloce, avec le porte-avions, aujourd’hui.

L’ensemble de ces capacités, et celles qui restent à imaginer et à appliquer, confère aux XLUUV un potentiel opérationnel très important, agissant tant comme multiplicateur de forces que comme alternative économique spécialisée, précisément pour employer, au mieux de leurs potentiels, les rares et très onéreux sous-marins d’attaque.

Des enjeux technologiques à l’échelle des enjeux militaires

Reste que pour parvenir à s’en doter, les obstacles technologiques à franchir sont particulièrement nombreux et difficiles. Déjà, le ticket d’entrée pour être en mesure de concevoir des XLUUV efficaces, capables d’exploiter le plein potentiel de ce nouvel outil, est particulièrement élevé, puisqu’il nécessite de savoir concevoir et fabriquer des sous-marins militaires conventionnels ou nucléaires.

SNA Suffren
La maintrise des technologies de conception d’un sous-marin miltiaire constitue le tiocket d’entrée pour s’engager dans la conception d’un XLUUV.

En effet, les fonds marins représentent un des milieux, avec l’espace sidéral, les plus hostiles et agressifs adressables par la technologie humaine aujourd’hui. S’il est évidemment possible de bricoler un semi-sous-marin partiellement autonome, potentiellement capable de mener une mission d’attaque suicide, à l’aide d’une liaison satellite qui en annulerait le bénéfice de la discussion, la conception d’un véritable XLUUV, requiert de maitriser l’ensemble des compétences sous-marines militaires, et bien davantage.

Ce n’est visiblement pas un sport de masse. En effet, à ce jour, seuls les cinq membres permanents du conseil de sécurité des nations unis, ainsi que le Japon, la Corée du Sud, l’Allemagne, la Suède, et l’Inde, disposent effectivement de ces compétences.

Le cas d’Israël, et de la Turquie qui ne tardera certainement pas à révéler un programme similaire, est particulier. Si ces deux pays ne conçoivent pas leurs sous-marins, ils en maitrisent cependant la majorité des technologies, et dispose d’un grand savoir-faire dans le domaine des drones et systèmes autonomes. En outre, ni l’un, ni l’autre, n’a d’ambitions océaniques à proprement parler.

Le second enjeu technologique, pour la conception, et surtout la mise en œuvre efficace des XLUUV, englobe les enjeux de discrétion, ainsi que de décision autonome et de conduite de mission. En effet, pour exploiter pleinement le potentiel d’un XLUUV, celui-ci se doit d’être au moins aussi discret, acoustiquement parlant, comme dans le spectre électromagnétique, qu’un sous-marin militaire moderne.

MQ-9B Gardian
Les drones de combat MALE modernes, restent en permanence connecté à la plate-frome de piltoage par laison de données sateliite. Ce n’est pas applicable, ni même souhaitable, pour un XLUUV.

Impossible, dans ces circonstances, de s’appuyer sur une liaison de données permanente avec un poste de pilotage et de contrôle basé à terre, comme c’est le cas des drones de combat aériens aujourd’hui. Cet enjeu est, à ce titre, l’axe prioritaire de recherche et développement identifié par la DGA, dans le contrat passé à Naval group, il y a quelques jours.

Remarque : Notons cependant que d’importants efforts sont produits, en particulier autour des programmes de chasseurs de nouvelle génération comme SCAF, GCAP ou NGAD, pour en accroitre l’autonomie décisionnaire, et réduire autant que possible les émissions, aussi peu discrètes que sensibles au brouillage.

Or, si un drone aérien va évoluer quelques heures au-dessus d’un espace aérien peu évolutif, avant de regagner sa base, les XLUUV vont devoir mener des missions de plusieurs semaines, et donc faire preuve d’une capacité d’adaptation considérablement plus étendue, pour répondre efficacement et de manière normalisée, à l’ensemble des scénarios et situations auxquels il pourrait être confronté. Le tout, évidemment, en conservant, pour certaines décisions clés, l’arbitrage humain comme verrou infranchissable.

Cette durée de mission engendre, elle aussi, des contraintes qu’il conviendra de traiter. En effet, un navire à la mer, qu’il soit ou non autonome, est exposé à des avaries et des fortunes de mer. Le XLUUV devra être en mesure d’encaisser ces avaries, qu’elles soient liées au contexte opérationnel, ou simplement à son utilisation navale, tout en poursuivant sa mission avec efficacité et fiabilité, sur la durée requise.

Il conviendra aussi, certainement, d’imaginer la manière dont les avaries majeures pourraient être réparées par des navires de soutien, sans que le retour au port soit nécessaire.

À ce titre, il faudra, enfin, disposer d’une capacité de soutien adaptée à l’utilisation de ces drones, et surtout veiller à ce que les réparations et interventions pour compenser l’absence d’équipage, ne viennent pas saturer les capacités de maintenance, et au final, créer un embouteillage qui viendrait annuler les bénéfices attendus par l’utilisation de ces systèmes.

Conclusion

On le voit, la conception et la mise en œuvre des grands drones sous-marins, va probablement devenir, si ce n’est pas déjà le cas, l’un des grands enjeux technologiques et opérationnels liés à la guerre navale, dans les années à venir.

DDO Naval Group
L’influence biomimétique des grands cétacées est évidente dans la conception du DDO de Naval Group.

Dans ce domaine, la France n’a pas raté son départ, en particulier grâce à l’initiative de Naval Group, qui a développé, sur fonds propres, avant même que la planification militaire ne s’intéresse au sujet, un démonstrateur très prometteur, le DDO, lui conférant une réelle avance technologique dans ce domaine.

Au-delà des performances et capacités opérationnelles que ces futurs XLUUV vont apporter aux flottes sous-marines, les systèmes auront, également, un important potentiel commercial sur la scène international. Leur prix, en effet, les mettra à la portée de nombreuses marines n’ayant pas les moyens de se doter de véritables sous-marins, ou qui sont dotées d’une flotte sous-marine réduite.

La conjonction de capacités nouvelles, complémentaires ou substitutives des systèmes existants, et d’un marché plus étendu, fait du XLUUV un des futurs systèmes d’arme majeurs, dont toutes les marines devront se doter. Ils constitueront, par ailleurs, un véritable pivot de l’action naval militaire, qu’elle soit offensive ou défensive. Il convient donc, évidemment, de ne pas rater la marche, comme ce fut le cas, en Europe, pour les drones aériens de combat.

Article du 1ᵉʳ février 2024 en version intégrale jusqu’au 14 juillet 2024

La France à bord de la coalition chargée de livrer des drones à l’Ukraine

La France à bord de la coalition chargée de livrer des drones à l’Ukraine

– Forces opérations Blog – publié le

L’information est passée quelque peu inaperçue : la France a rejoint la coalition capacitaires chargée de fournir des drones à l’Ukraine, un pas officiellement franchi mi-juin à Bruxelles. 

Initiée en février par la Lettonie, la coalition des drones s’est agrandie avec l’arrivée de la France et de l’Italie, tous deux signataires d’une lettre d’intention au cours d’une réunion bruxelloise de l’Ukrainian Defense Contact Group. D’autres devraient suivre le mouvement, pointait alors le ministère de la Défense letton. 

« Nous apprécions grandement la décision de l’Italie et de la France de rejoindre officiellement la coalition ukrainienne des drones. C’est une nouvelle confirmation de la détermination des membres de l’OTAN à soutenir l’Ukraine jusqu’à sa victoire », se félicitait le ministre de la Défense letton Andris Sprūds.

L’enjeu partagé par les 14 pays aujourd’hui signataires ? Livrer au plus vite un million de drones aux forces armées ukrainiennes via des cessions et achats conjoints. Plus de 500 M€ ont jusqu’à présent été rassemblés par les membres de la coalition afin de financer l’initiative. 

Ces fonds viennent notamment soutenir l’appel d’offres émis par la Lettonie et le Royaume-Uni pour l’acquisition de plusieurs milliers de drones « First Person View » (FPV), des systèmes qui « se sont révélés très efficaces sur le champ de bataille » selon le ministère de la Défense britannique. Clôturé le 28 juin, il n’est que le premier d’une série de projets axés sur ces drones FPV. 

Hier, la Défense lettonne a annoncé l’envoi d’un nouveau lot dans le courant du mois. Plus de 2500 drones de différents types et capacités seront fournis à l’Ukraine pour une valeur de 4 M€. Les 300 premiers exemplaires rejoindront le territoire ukrainien dans les prochains jours. 

Au 1er mai 2024, la France avait livré 220 drones de reconnaissance à l’Ukraine depuis le début du conflit. D’autres efforts ont été annoncés, dont l’envoi d’une centaine de munitions téléopérées courte portée Oskar développées par Delair et KNDS France dans le cadre de l’appel à projets Colibri initié par l’Agence de l’innovation de défense. 

Crédits image : ministère de la Défense ukrainien

Eurosatory 2024 : Lacroix dévoile le S-KAPS Top Attack, une solution simple et pragmatique pour une protection à 360°

Eurosatory 2024 : Lacroix dévoile le S-KAPS Top Attack, une solution simple et pragmatique pour une protection à 360°


Lacroix, le grand spécialiste français des solutions d’autoprotection, a profité du salon Eurosatory pour dévoiler une évolution de sa suite d’autoprotection pour véhicules terrestres S-KAPS. Désormais, la solution soft-kill de Lacroix peut en effet prendre en compte les menaces dites « top-attack », le tout avec un minimum de modifications.

Une protection top-attack simple et efficace

Lacroix propose déjà depuis quelques années une suite d’autoprotection modulaire, S-KAPS (Soft-Kill Advanced Protection System). Constitué de lance-leurres Galix couplés à différents capteurs (détecteurs d’alerte laser, acoustique, électromagnétiques, etc.) et à une petite centrale météo, S-KAPS est capable de déployer des nuages de fumigènes autour d’un véhicule pris pour cible et de recommander un cap et une vitesse d’évasive, en fonction du sens du vent et d’autres paramètres environnementaux. Très réputé sur le marché export, S-KAPS évolue en continu et a récemment été adapté aux nouvelles menaces, notamment les munitions top-attack (missiles antichars, drones largueurs, munitions rôdeuses, obus et roquettes à sous-munitions, etc.) qui ciblent le toit des blindés, nettement moins protégé.

Pour contrer toutes ces menaces, Lacroix a procédé à une amélioration incrémentale de son système S-KAPS, qui est désormais capable de couvrir le dessus du véhicule à 360°, offrant une protection semi-sphérique plutôt que circulaire. Comme nous l’explique Éric Galvani, responsable programme pour Lacroix Defense, « il s’agit d’une solution quasiment sur étagère. Les munitions multispectrales utilisées sont celles qu’on utilise déjà sur Galix, avec juste un réglage pour les faire fonctionner un peu plus proche du véhicules, et elles sont disponibles sur étagère. Le lanceur que l’on utilise est un lanceur existant, simplement réorienté vers le haut. La centrale météo et le système d’aide à la manœuvre sont également identiques. Ce qu’il faut rajouter au système, c’est avant tout un système de détection de la menace, notamment du drone. Et pour le moment, on ne souhaite pas partir sur des designs très sophistiqués. On veut au contraire privilégier des systèmes à relativement bas coût, mais que l’on peut combiner pour avoir plus d’information sur l’environnement ».

Une démonstration de S-KAPS avec un module top-attack a été réalisée en mars 2024 devant un panel de spécialistes de la guerre électronique de la DGA et des forces armées françaises. Cela a permis de démontrer toute l’efficacité d’une configuration incrémentale. © Lacroix

Cette amélioration de la protection vers la lutte antidrones passe par l’utilisation d’un système d’écoute électromagnétique assez standard, permettant de détecter les liaisons de données utilisées par les drones et munitions vagabondes. A cela se rajoute une solution de vision périmétrique et hémisphérique PeriSight, fournie par Bertin Technologies, composée de quatre caméras IR latérales et d’une caméra-dôme orientée vers le haut. C’est suffisant pour détecter la plupart des menaces drones et munitions-suicides. Couplé aux capteurs acoustiques type PILAR de Metravib, cette vision hémisphérique peut aussi permettre de caractériser la menace représentée par des obus à sous-munitions antichars, comme BONUS. Bertin et Lacroix travaillent également sur une amélioration des algorithmes d’analyse d’image pour que ces derniers puissent fournir une confirmation de menace via une étude de la trajectoire des munitions rôdeuses par exemple.

La menace, qu’elle que soit sa nature, est signalée à l’équipage qui déclenche alors la solution soft-kill. En moins d’une seconde et demi, les lanceurs Galix déploient des fumigènes multispectraux tout autour du véhicule ainsi qu’au-dessus de lui. Les fumées qui se dissipent avec le vent forment une sorte de tunnel de fumigène que le véhicule va pouvoir suivre grâce au système d’aide à la manœuvre intégré à S-KAPS.

Une solution déjà remarquée ?

L’intégration de cette brique top-attack sur S-KAPS se veut aussi simple que possible. Les capteurs fournis par Bertin sont assez compacts pour pouvoir prendre place sur un véhicule léger, et s’interfacent directement avec le système S-KAPS. Pour le déploiement des leurres vers le haut, il faut généralement intégrer de nouveaux lanceurs verticaux, même si certains véhicules comme certains chars Leclerc disposent déjà de lanceurs Galix verticaux actuellement inutilisés. La munition fumigène, quant à elle, est simplement modifiée pour pouvoir exploser après 0,8 secondes de vol, afin de se déployer environ 8 m au-dessus du véhicule, là où les munitions latérales portent généralement à une vingtaine de mètres. Il en résulte une solution simple, polyvalente, abordable et très simple à intégrer. Pour Lacroix, la qualification de ce système pourrait se faire très rapidement, en quelques mois.

Dans les couloirs du salon, au gré des discussions, plusieurs interlocuteurs nous ont confirmé de leur intérêt pour une telle solution. Un officier de l’Armée de Terre nous l’a ainsi décrite comme « probablement la seule solution techniquement réaliste, et qu’on pourrait obtenir rapidement et à bas-coût ». Chez Lacroix, on ne cache pas non plus l’intérêt de certains prospects au cours du salon : « On aimerait naturellement se positionner sur le marché de la revalorisation des chars et autres véhicules du GCC, où les solutions Galix et S-KAPS sont déjà très bien implantées. Nous avons aussi été contactés par des véhiculiers qui ont entendu parler de S-KAPS et s’y intéressent. Et puis bien sûr, on se positionne aussi sur le marché européen, avec une solution sur étagère disponible rapidement et à relativement bas-coût. »

bulle de protection autour d'un blindé
Le système de protection soft-kill S-KAPS repose à la fois sur les lanceurs Galix et sur une suite de capteurs intégrée multi-senseurs fonctionnant à 360°. Au-delà de la protection offerte contre tout type de menaces immédiates, S-KAPS permet aussi de renforcer la connaissance tactique en continue, notamment face à la menace drones. © Lacroix

De fait, on pourrait effectivement imaginer un tel système embarqué un jour à bord des véhicules Scorpion belges et luxembourgeois, ou sur d’autres programmes exportations portés par KNDS ou Arquus, entre autres. En France, l’horizon est un peu plus lointain, et l’objectif fixé par le projet PRONOÏA est d’obtenir une solution soft-kill avancée totalement souveraine à l’horizon 2030. Reste que certaines briques de S-KAPS, y compris dans sa version top-attack, pourraient bien un jour se retrouver sur des véhicules français.

D’ici là, force est de constater que Lacroix monte régulièrement en puissance depuis quelques années. Après avoir exporté des dizaines de milliers de munitions Galix, l’industriel toulousain s’est récemment attaqué (avec succès) au marché des systèmes d’autoprotection intégrés. En achetant le droniste Milton (voir notre papier dédié à ce point), Lacroix dispose désormais de l’ensemble des compétences lui permettant de démontrer, en interne, la pertinence des nouvelles briques anti-drones de S-KAPS, qui ont de plus l’immense intérêt d’offrir une protection top-attack globale. Au-delà de S-KAPS, les synergies entre les drones et les leurres pourrait permettre à Lacroix de développer des suites d’autoprotection complètes et à haute valeur ajoutée, aussi bien pour vecteurs terrestres que navals et aériens, notamment grâce à des leurres dronisés redéployables et de longue autonomie. Affaire à suivre.

Numérique et sécurité : les libertés de plus en plus malmenées

Numérique et sécurité : les libertés de plus en plus malmenées

French border police ( police Aux Frontieres PAF ) //ALAINROBERT_A13Z6470/2011151325/Credit:Alain ROBERT/SIPA/2011151328

 

par Thomas Honnet – Revue Conflits – publié le 28 juin 2024

https://www.revueconflits.com/numerique-et-securite-les-libertes-de-plus-en-plus-malmenees/


Au nom de la sécurité, l’usage du numérique et des caméras de surveillance s’accroît dans l’espace public, sans que leur utilité et leur légitimité soient analysées. C’est la question des libertés publiques qui est posée et des rapports à la surveillance de masse.

Appréhender le chemin pris depuis quelques années par le législateur français en matière d’utilisation des nouvelles technologies à des fins sécuritaires n’est pas chose aisée. Car oser questionner, c’est aussitôt être soupçonné : soit d’avoir quelque chose à cacher, soit d’être technophobe ou, pire encore, complotiste, notre démocratie étant là pour nous « protéger » du contrôle et de la surveillance numériques pratiqués par les épouvantails russe et chinois. S’il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, un rapide tour d’horizon de cet environnement juridico-technique interpelle.

Le QR code : du contrôle des biens au contrôle des humains

Technologie créée en 1994 pour l’industrie automobile japonaise, le QR code a longtemps été boudé, voire moqué en Europe avant d’atteindre son pic de démocratisation avec le « pass sanitaire » lors de la Covid-19. S’il n’est plus surprenant de la voir en France remplacer le menu imprimé d’un restaurant, cette technologie est aujourd’hui présente partout au Japon, en Corée du Sud ou en Chine, utilisée notamment comme moyen de paiement. L’expérience chinoise devrait spécialement susciter notre méfiance, car les QR codes y sont également déployés comme outils de surveillance de masse : dès 2017, les autorités en installaient sur les maisons des localités à forte proportion de Ouïghours, afin de les scanner plusieurs fois par semaine, et ainsi contrôler les personnes présentes dans les foyers.

Si la France n’en est évidemment pas là, ce qui devait n’être qu’un dispositif « exceptionnel et temporaire » (1) via le « pass sanitaire » n’aura peut-être été finalement qu’un prodrome, comme en atteste le QR code du « pass Jeux » requis pour circuler dans les « zones de restriction de circulation » à Paris pendant les Jeux olympiques. Le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs sauté sur l’occasion pour élargir subrepticement la liste des données pouvant être collectées (2), sans jamais s’interroger sur la réelle nécessité de constituer une base de données visant pourtant plusieurs centaines de milliers de personnes.

Ces Jeux olympiques sont précisément le terrain de toutes les expérimentations. Ainsi la « loi JO » (3), tout en interdisant la reconnaissance faciale et l’identification biométrique, autorise-t-elle la vidéosurveillance algorithmique en vue d’« assurer la sécurité de manifestations sportives, récréatives ou culturelles qui, par l’ampleur de leur fréquentation ou par leurs circonstances, sont particulièrement exposées à des risques d’actes de terrorisme ou d’atteintes graves à la sécurité des personnes ».

Ces dispositifs pourront donc détecter en temps réel des « événements prédéterminés » : mouvements de foule, bagage abandonné, départ de feu, intrusion, etc. Pour cela, il ne faut pas seulement filmer en continu, mais également nourrir des algorithmes d’intelligence artificielle avec les images collectées. Comme souvent avec les lois d’expérimentation (celle-ci court jusqu’en 2025), il y a peu de doutes quant à la pérennisation de ses dispositions. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, s’en est à peine cachée : « Si cela fait ses preuves et que c’est entouré des garanties […], les Français attendent de nous qu’on agisse pour leur sécurité et qu’on fasse usage des moyens nouveaux, y compris numériques, pour favoriser cette sécurité. » (4) La boîte de Pandore est ouverte : après l’extension de cette technologie à la sécurité des transports – option d’ores et déjà en discussion (5) – il est difficile de ne pas envisager la reconnaissance faciale dans quelques années.

Les drones, cas d’école de l’obstination des pouvoirs publics

Les « aéronefs circulant sans personne à bord » (ou « drones ») équipés de caméras ont été pendant des années utilisés en dehors de tout cadre juridique, notamment à la faveur de la crise de la Covid-19 ou lors de simples manifestations. Condamnant ces pratiques illégales, le Conseil d’État avait par exemple enjoint à l’État « de cesser, sans délai, de procéder aux mesures de surveillance par drone, du respect, à Paris, des règles de sécurité sanitaire applicables à la période de déconfinement » (6), ou encore au préfet de police de la capitale « de cesser, sans délai, de procéder aux mesures de surveillance par drone des rassemblements de personnes sur la voie publique » (7). Le Conseil constitutionnel a lui aussi fait pendant longtemps de la résistance, en censurant par exemple la loi dite « sécurité globale » (8), estimant que le législateur n’avait « pas assuré une conciliation équilibrée entre les objectifs de valeur constitutionnelle de prévention des atteintes à l’ordre public et de recherche des auteurs d’infractions et le droit au respect de la vie privée » (9).

Un encadrement législatif a logiquement fini par être mis en place (10), autorisant l’utilisation de drones par les forces de l’ordre à des fins de police administrative après autorisation préfectorale (par exemple, pour la sécurité des rassemblements sur la voie publique en cas de risque de troubles graves à l’ordre public), à des fins judiciaires (par exemple, pour les besoins d’une enquête portant sur une personne disparue), ou encore à des fins de prévention des trafics transfrontaliers par les douaniers. Là encore, la vigilance du Conseil constitutionnel a permis de censurer des tentatives plus étendues, telle une disposition qui autorisait, en cas d’urgence et pendant quatre heures, le recours aux drones sans autorisation préfectorale préalable, ou une autre qui autorisait, à titre expérimental pendant cinq ans, le recours aux drones par la police municipale (11).

Certes, par leur jurisprudence, les juges administratif et constitutionnel considèrent que des garanties juridico-techniques suffisantes ont été apportées dans les textes de loi pour garantir les droits et libertés des personnes filmées (12) – et notamment leur droit à la vie privée. Mais l’on n’observe pas moins une propension des pouvoirs publics à grignoter, de proche en proche, des pans entiers de liberté par la mise en place de dispositifs techniques. Pour reprendre le mot de Gilbert Simondon, « la plus forte cause d’aliénation dans le monde contemporain réside dans cette méconnaissance de la machine, qui n’est pas une aliénation causée par la machine, mais par la non-connaissance de sa nature et de son essence » (13).

Jusqu’où irons-nous ?

Utilisation d’algorithmes de ciblage par les caisses d’allocations familiales (CAF) pour identifier « les plus susceptibles de frauder » (14) ; empilement de lois sécuritaires depuis dix ans à un rythme toujours plus soutenu, permettant la collecte de données personnelles et la surveillance des communications à large échelle ; ou, plus récemment, blocage du réseau social TikTok en Nouvelle-Calédonie – pratique jusque-là russe, turque ou iranienne, que l’on regardait depuis la France avec inquiétude malgré les tentations de l’exécutif (15), mais qui a fini par être validée par le Conseil d’État excipant alors de la « théorie des circonstances exceptionnelles » (16).

Nous vivons une période de banalisation du contrôle et de la surveillance par la technique, véritable fuite en avant technosolutionniste, sans que jamais ne soit questionnés la véritable efficacité de ces dispositifs ni même ses impacts philosophiques et politiques sur notre vision de la liberté. Plus largement, la numérisation de tout – de la « plateformisation » de l’État (17) à la « QR codé-isation » de la société (18), en passant par l’expansion de l’intelligence artificielle (IA) – pose la question de la place de la technique dans nos vies. « Ce n’est pas seulement son utilisation, c’est bien la technique elle-même qui est déjà domination (sur la nature et sur les hommes), une domination méthodique, scientifique, calculée et calculante. […] La technique, c’est d’emblée tout un projet socio-historique » (19). Ce projet, qui ne saurait être neutre par ses usages, sa conception ou son essence, c’est notre devoir de citoyen que de le questionner.


1. S. Godeluck, « Covid : le Conseil scientifique valide la création d’un pass sanitaire “exceptionnel et temporaire” », Les Échos, 4 mai 2021.2. Arrêté du 3 mai 2024 modifiant l’arrêté du 2 mai 2011 relatif aux traitements automatisés de données à caractère personnel dénommés « fichiers des résidents des zones de sécurité » créés à l’occasion d’un événement majeur.

3. Loi n° 2023-380 du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et portant diverses autres dispositions.

4. Entretien accordé à France 3 le 24 septembre 2023.

5. Proposition de loi, adoptée par le Sénat après engagement de la procédure accélérée, relative au renforcement de la sûreté dans les transports, n° 2223.

6.CE, 18 mai 2020, n° 440442.

7. CE, 22 décembre 2020, n° 446155.

8. Loi n° 2021-646 du 25 mai 2021 pour une sécurité globale préservant les libertés.

9. CC, décision n° 2021-817 DC du 20 mai 2021.

10. Loi n° 2022-52 du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure ; décret n°2023-283 du 19 avril 2023 relatif à la mise en œuvre de traitements d’images au moyen de dispositifs de captation installés sur des aéronefs pour des missions de police administrative.

11. CC, décision n° 2021-834 DC du 20 janvier 2022.

12. Voir, par exemple, CE, 24 mai 2023, n° 473547.

13. G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Éditions Aubier-Montaigne, 1958.

14. M. Saliou, « Transparence, discriminations : les questions soulevées par l’algorithme de la CAF », Next.ink, 28 novembre 2023.

15. D. Leloup et Fl. Reynaud, « Emmanuel Macron suggère de bloquer les réseaux sociaux pendant les émeutes, une pratique très controversée », Le Monde, 5 juillet 2023.

16. CE, 23 mai 2024, n° 494320.

17. G. Jeannot, « Vie et mort de l’État plateforme », RFAP, 2020, n° 173, p. 165-179.

18. Y. Zhang, « L’hégémonie du QR code en Chine », Actes du XXIIIe Congrès de la SFSIC, 2022, p 800-810.

19. H. Marcuse, « Industrialisation et capitalisme », in O. Stammer (dir.), Max Weber et la sociologie d’aujourd’hui : actes du Congrès de Heidelberg (1962).

Armement: la France innove avec une plateforme unique au monde

Armement: la France innove avec une plateforme unique au monde

Armée française (Photo Shutterstock)

Face aux conflits armés contemporains, notamment ceux en Ukraine et à Gaza, la course mondiale aux armements se réinvente avec des technologies de pointe. Cette évolution se manifeste clairement dans l’initiative récente de la France qui, lors du salon Eurosatory à Villepinte, a présenté une innovation majeure dans le domaine de la défense.

Le groupe français Thales, leader dans les technologies de sécurité et de défense, a introduit une plateforme technologique révolutionnaire nommée OpenDRobotics. Cette interface permet le contrôle simultané de multiples drones et robots de combat via des écrans tactiles, promettant une transformation radicale des opérations militaires. La plateforme est conçue pour intégrer divers scénarios préprogrammés qui orientent les actions des drones en fonction de données complexes incluant des doctrines militaires et des informations issues de zones de conflit.

Thales n’en est pas à son coup d’essai avec cette technologie. La version initiale du logiciel a été testée lors du challenge CoHoMa organisé par l’armée française, où des militaires ont contrôlé avec succès une flotte de dix-neuf drones. Depuis, Thales a peaufiné son système pour permettre une intégration plus large dans les véhicules de combat comme le Griffon, où un opérateur peut, par exemple, piloter un drone terrestre pour des missions de déminage ou de récupération d’objets sensibles sans quitter l’intérieur sécurisé du blindé.

Le salon a également été l’occasion de présenter un scénario d’attaque où un essaim de drones, dirigé par une intelligence artificielle, a affronté des unités ennemies. L’IA propose différents modes d’attaque, offrant ainsi une flexibilité tactique sans précédent. Cependant, comme le souligne Arnaud Lacaze, directeur des systèmes de commandement chez Thales, bien que l’IA facilite la planification et l’exécution des opérations, le contrôle final repose toujours entre les mains de l’opérateur humain, garantissant ainsi une adaptabilité en temps réel aux conditions changeantes du champ de bataille.

Cette innovation pourrait conduire à une armée française majoritairement robotisée d’ici 2030, comme l’espère le chef d’État-major des armées. Cette perspective soulève des questions stratégiques quant à la dépendance à l’égard des systèmes automatisés dans la conduite des opérations militaires, tout en offrant des avantages significatifs en termes de sécurité des troupes et d’efficacité opérationnelle.

L’initiative de Thales avec OpenDRobotics marque donc une étape significative dans la modernisation de l’arsenal militaire français, alignant capacités technologiques avancées et nouvelles tactiques de combat pour façonner le futur des opérations militaires à l’échelle mondiale.

Eurosatory 2024 : le DT46, ou comment l’armée de Terre accélère sur le déploiement de l’innovation

Eurosatory 2024 : le DT46, ou comment l’armée de Terre accélère sur le déploiement de l’innovation

par – Fprces opérations Blog – publié le

Le drone DT46 devrait bientôt atterrir dans les régiments d’artillerie de l’armée de Terre. Pour l’instant en phase d’évaluation, cette solution conçue par Delair vient répondre à un besoin immédiat des forces. Elle symbolise aussi une volonté d’accélérer sur la captation et le déploiement de l’innovation au profit des forces. 

Un nouveau « chasseur » pour les artilleurs

L’oeil affûté l’aura sans doute remarqué : un drone DT46 de Delair trônait cette semaine sur le stand du ministère des Armées au salon Eurosatory. Cette présence n’est en rien due au hasard, car cette solution dévoilée il y a deux ans est sur le point de rejoindre l’éventail de systèmes en service dans les régiments de l’armée de Terre. Deux systèmes à deux vecteurs, deux stations sol et une antenne ont été livrés à la Section technique de l’armée de Terre (STAT) afin qu’elle puisse vérifier la pertinence, les concepts d’emploi et autres « grandes idées ». « Nous sommes fiers de proposer un drone développé sur fonds propres pour les évaluations de l’armée de Terre et pour d’autres clients étrangers. Quelque part, c’est la meilleure des récompenses », commente le droniste toulousain. 

La phase d’évaluation tactique (EVTA) est désormais achevée, remise d’un rapport concluant à la clef. À partir de la rentrée, la STAT orientera son effort vers la vérification des performances. Il s’agira alors de pousser le drone dans ses retranchements tout en identifiant des problématiques plus terre à terre mais essentielles de maintenance et de logistique. L’enjeu sera de livrer les conclusions finales dès cet automne, jalon préliminaire à d’éventuelles livraisons au profit des forces à compter de 2025.

La question des acquisitions n’est pas du ressort de la STAT, mais « le but est bien de transformer l’essai et de passer à l’échelle », explique le lieutenant-colonel Renault, chef de groupe drones au sein de la STAT. De fait, le DT46 se révèle être « un drone très prometteur », complète l’un de ses collègues. Repéré peu de temps après son apparition, le DT46 a pour particularité de pouvoir décoller et atterrir soit verticalement, soit de manière classique au moyen d’une rampe. Il est en effet doté de deux bras à deux rotors verticaux que l’opérateur peut monter ou démonter à loisir et qui permettront ce passage au mode « VTOL ». Son allonge atteint les 80 à 100 km, son autonomie les 5 à 6 heures en version voilure fixe tout en étant ramenée à environ 3h30 en cas de décollage et d’atterrissage vertical. Il embarque une boule optronique produite par un fournisseur français déjà mobilisé pour des démonstrations fructueuses conduites en Ukraine. Là-bas et ailleurs, « les retours opérationnels sont positifs », pointe Delair.

Autre point fort, le DT46 est certifié STANAG 4609, ce standard otanien qui combine le flux vidéo et les métadonnées issues des paramètres des capteurs embarqués et des résultats d’algorithmes. Un standard qui permettra de connecter le drone à une bulle aéroterrestre de plus en plus chargée en garantissant sa compatibilité avec le système de conduite des feux ATLAS et le système d’information du combat SCORPION (SICS). Il bénéficie, enfin, de la nouvelle station sol DRAKO (Drone Remote Access Command & Control for Operations) dévoilée à l’occasion d’Eurosatory et fournie à la STAT. Agnostique, son logiciel permet d’opérer en parallèle une dizaine de drones et de munitions téléopérées de différents types et constructeurs. Pratique pour anticiper l’intégration d’autres références dans une trame décidément loin d’être figée.

Crédits image : Delair

Compléter sans s’interdire d’accélérer

Situé un cran au dessus du SMDR dans le portfolio de l’armée de Terre, le DT46 armera en priorité les batteries d’acquisition et de surveillance (BAS) des régiments d’artillerie. Complément plutôt que remplaçant, il leur offrira une meilleure allonge, une meilleure autonomie et des capteurs plus récents. Surtout, sa capacité VTOL apporte de la souplesse d’emploi au chef tactique, qui peut maintenant s’affranchir du terrain pour aller chasser ses cibles plus longtemps et plus loin dans la profondeur. Chaque BAS serait à terme dotée de SMDR et de DT46. À l’artilleur de choisir en fonction de la nature du terrain et de sa mission.

L’acquisition envisagée passera par le vecteur contractuel récemment mis en place par la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé). Novateur, ce contrat-cadre notifié à Thales, Delair, EOS Technologie et Survey Copter permet aux forces et à d’autres acteurs étatiques d’acquérir des drones de contact certifiés et disponibles sur étagère. Il a déjà servi pour acheter les deux systèmes confiés à la STAT.

Souverain et « déjà bien déverminé », le DT46 est surtout disponible immédiatement. Rapide sans pour autant relever de l’urgence opération, la démarche engagée par l’armée de Terre préfigure un changement de posture défendu ce mercredi au salon Eurosatory par son chef d’état-major, le général Pierre Schill. Accéléré par le conflit russo-ukrainien, le cycle d’évolution du drone s’est contracté au point de se compter en semaines ou en mois et non plus en années. Face à « un monde du bouillonnement de l’innovation », il s’agit de trouver un nouvel équilibre entre les programmes structurants et de long terme et l’innovation rapide et agile. « Demain, dans deux ans ou trois ans, comment capter les équipements de demain ? », questionnait le CEMAT. L’une des réponses tient sans doute dans l’exemple du DT46, symbolique de cette logique de déploiement en lots successifs mentionnée par le général Schill. 

De fait, les rythmes de développement et les délais de livraison ne plus en adéquation avec un monde toujours plus instable et le spectre d’un engagement majeur. Il faut donc « se réaligner » pour disposer du bon équipement au bon moment. Le secteur des drones se renouvelant tous les deux ans, sa vitesse n’est plus en adéquation avec des programmes qui duraient jusqu’alors de cinq à six ans. Entre l’expression de besoin et la prise en main, le système est déjà obsolète. « Nous allons donc très vite. Nous sommes totalement dans le changement de phase que souhaite l’armée de Terre avec sa volonté d’innovation », note le lieutenant-colonel Renault. 

Et la réflexion ne s’arrête pas au seul volet matériel. Pour gagner davantage en réactivité et en souplesse et garantir la continuité de la réflexion du besoin jusqu’à la transmission dans les forces, la STAT a choisi d’intégrer des artilleurs dans l’équipe de marque chargée de l’évaluation du DT46. Bénéficier dès maintenant de la formation industrielle et de l’expérience d’autopilotage, c’est en effet constituer ce socle de connaissances avec lequel ils repartiront en régiment pour être plus rapidement opérationnels. 

« Le CEMAT ne veut pas que l’on s’interdise des choses », résume le lieutenant-colonel Renault. Message reçu cinq sur cinq. « On se rend compte qu’il nous faut autre chose. Cet autre chose, c’est le DT46. Demain, ce sera peut-être encore un autre système ». Une fois l’essai transformé, la STAT retournera à son travail de veille technologique, un avant-goût au lancement potentiel d’un nouveau cycle de captation pour des besoins encore non identifiés. Avec, qui sait, un nouvel ajout dans une trame appelée à se densifier avec l’arrivée du système de drone tactique léger (SDTL), autre effort pour lequel le document unique de besoin est maintenant « en courte finale ».

Voici le premier drone suicide français : « quand on l’entend, il est déjà trop tard »

Voici le premier drone suicide français : « quand on l’entend, il est déjà trop tard »


Ce sera le premier drone suicide de l’armée française capable de détruire un char lourd. Le Veloce 330 fait aujourd’hui son premier vol de démonstration. Ses technologies embarquées s’inspirent de la réalité du terrain du conflit en Ukraine

La finesse d’un , l’emport de charge utile et la d’un avion avec une vitesse de pointe de 400 voire 500 km/h et une autonomie de 120 kilomètres pour détruire un blindé lourd. C’est le jeu d’équilibriste qu’est parvenu à réaliser le français Technologie avec son drone suicide Veloce 330. L’engin qui ressemble à une aile mixte est doté d’une envergure de 3,3 mètres.

Il a été développé en seulement un an et fait aujourd’hui son premier vol de démonstration sur un terrain d’essai près de Clermont-Ferrand. Ce drone est ce qu’on appelle une MTO, une munition téléopérée, autrement dit un drone suicide tels que ceux qui sont utilisés abondamment depuis plus de deux ans sur le conflit russo-ukrainien.

L’armée française ne dispose actuellement pas de ce type de drone et il s’inscrit parfaitement dans le cahier des charges du projet Larinae conduit par la DGA et l’Agence de l’innovation de défense qui dresse le portrait robot de ce type d’engin. La firme bordelaise qui l’a conçu s’est associé avec KNDS pour l’emport de la munition. Le module de navigation sans GPS a été mis au point par TRAAK. La charge explosive de 7 de KNDS est l’équivalent d’un obus de 155 mm. C’est une munition suffisante pour détruire un char de combat. Et pour le développer, le français s’est appuyé sur l’expérience en la de l’armée ukrainienne. Il est ressorti de leurs échanges qu’un drone se doit de passer outre le brouillage GPS pour poursuivre et accomplir sa mission.

Trop rapide pour que la cible puisse réagir

La société planche donc sur une qui pourrait reconnaitre le terrain, faire l’acquisition de la cible et la frapper de façon presque autonome. Le Veloce 330 également bien son nom, car l’un de ses atouts repose donc sur sa vélocité. C’est grâce à une micro-turbine performante et efficiente qu’il parvient à évoluer rapidement et avec une bonne autonomie. Elle a été mise au point, là encore, par une société française : ALM Méca.

Avec cette turbine, le Veloce 330 n’est pas vraiment furtif au niveau sonore, mais sa vitesse vient compenser cette . Il se dit que lorsque son vol rapide est combiné à une faible altitude pour échapper à la couverture radar et rendre son interception difficile, « quand on l’entend, il est déjà trop tard ».

Le drone devrait être présenté officiellement en septembre à l’armée française pour aboutir à un drone opérationnel en 2025. Ce ne sera qu’à partir de 2028 que le Veloce 330 rejoindra l’armée de Terre. En attendant, l’engin pourrait bien être testé concrètement sur les champs de bataille ukrainien par les forces armées du pays.

Armement: pourquoi la France a commandé des milliers de drones kamikazes

Armement: pourquoi la France a commandé des milliers de drones kamikazes

Sébastien Lecornu. Photo Samuel Kirszenbaum

Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, a récemment annoncé un renforcement significatif de l’arsenal français avec la commande de 2000 drones kamikazes. Cette décision stratégique a été révélée lors d’une visite à l’entreprise Delair, située à Labège, près de Toulouse. Ce choix illustre l’importance croissante que revêtent ces technologies dans les stratégies militaires modernes, notamment en raison de leur utilisation intensive par l’Ukraine face aux tactiques de guerre électronique et de brouillage GPS des forces adverses.

L’annonce de cette commande massive de drones kamikazes intervient alors que l’Ukraine, actuellement en manque d’obus, utilise de plus en plus ces appareils dans ses opérations militaires. Les drones, notamment ceux adaptés à partir de modèles civils pour transporter des charges explosives, jouent un rôle clé sur le terrain. La France, en observant l’utilisation efficace de ces drones par l’Ukraine, cherche à améliorer ses propres capacités dans ce domaine. Selon certains médias, une partie de la commande française est d’ailleurs destinée à Kiev.

Les modalités de cette commande sont également un indicateur de la volonté française d’accroître rapidement ses capacités militaires. Deux consortiums, impliquant des PME et de grands groupes de défense, ont été sélectionnés pour fournir ces drones. Ils proposent des solutions innovantes, comme des drones à voilure tournante, qui améliorent la manœuvrabilité et l’efficacité en milieu urbain, crucial pour les opérations contemporaines.

La dimension industrielle de cette commande est également notable. Le projet Colibri, sous lequel s’inscrit cette commande, vise à développer des munitions télé-opérées capables d’opérer sur un rayon de 5 km pour un coût inférieur à 20 000 euros par unité. Cette initiative reflète un effort significatif de rationalisation des coûts et d’efficacité opérationnelle. Les premières livraisons sont prévues pour 2024-2025, marquant un jalon important dans le renforcement des capacités militaires françaises.

Le choix de Delair comme partenaire privilégié pour cette commande souligne la compétence française en matière de technologie drone. Sébastien Lecornu a loué cette PME pour sa capacité à répondre rapidement aux exigences militaires, qualifiant Delair de modèle en économie de guerre. Delair a non seulement réussi à augmenter sa cadence de production mais a aussi collaboré avec des partenaires ukrainiens pour envisager une production locale.

Cette décision stratégique de la France de commander des milliers de drones kamikazes révèle une adaptation aux réalités modernes du conflit armé, où la technologie et la rapidité de déploiement sont devenues des axes centraux de la supériorité militaire. En s’appuyant sur les retours d’expérience de l’Ukraine et en renforçant sa propre production, la France cherche à rester à l’avant-garde de la technologie militaire, tout en soutenant ses alliés en temps de crise.

Le Paseo XLR, ce QuickWin de la Marine française contre les drones Houthis

Le Paseo XLR, ce QuickWin de la Marine française contre les drones Houthis

Le 9 décembre 2023, la frégate française Languedoc (D643), en mission au large du Yémen, employait pour la première fois ses armes pour intercepter des drones aériens lancés par les rebelles Houthis. Il s’agissait de la première utilisation opérationnelle du missile antiaérien Aster, qui s’est conclue par un succès remarquable.

Rapidement, toutefois, une polémique enfla sur les réseaux sociaux. En effet, le missile Aster 15 coute sensiblement plus cher que les drones employés par les Houthis. En outre, avec seulement 16 missiles en position de tir, la Languedoc pouvait rapidement se trouver sans munition, en cas d’attaque de saturation lancée contre elle, ou les navires escortés.

La Marine nationale avait, alors, justifié l’emploi du missile, expliquant qu’il fallait comparer non pas le prix du missile, mais celui de la cible protégée, avec le prix du drone. Pour autant, les constats faits à ce moment-là, restaient valides, d’autant qu’il est impossible de placer de nouveaux missiles en silo lorsque le navire est à la mer. 

La Marine française n’est pas restée inactive, à ce sujet. En effet, la frégate Alsace, une FREMM, elle aussi, mais spécialisée dans la défense aérienne, qui a relevé la Languedoc en mer Rouge il y a quelques jours, est arrivée sur zone avec un nouvel équipement taillé pour faire face à cette menace émergente, le système de détection électrooptique Paseo XLR du français Safran.

Sommaire

La frégate de défense aérienne Alsace a détruit les drones Houthis à l’aide de son canon de 76 mm

Le rôle, comme l’efficacité du Paseo XLR, n’ont pas tardé à être mis en avant. En effet, au matin du 9 mars, la frégate française Alsace est intervenue face à trois drones d’attaque Houthis. Elle n’a pas fait usage, pour cela, de ses couteux missiles Aster, mais de son canon de 76 mm, éminemment moins onéreux, pour abattre les drones, préservant ainsi ses 32 missiles Aster 15 et 30, pour faire face à des menaces plus difficiles, ou plus distantes.

canon de 76 mm FREMM
Les drones Houthis ont été abattu par la frégate française Alsace à l’aide de son canon de 76 mm OTO-Melara

Ces succès concomitants ont été rendus possibles grâce aux informations de détection et de ciblages fournies par le Paseo XLR, positionné de part et d’autre des sabords du navire, couvrant la presque totalité du périmètre, et transmises, via le système de combat, au canon et à sa conduite de tir STIR.

Ils montrent aussi, au-delà de l’efficacité du système, la confiance de la Marine nationale dans ce système. En effet, là où un Aster 15 peut intercepter une cible jusqu’à 50 km, garantissant une distance de sécurité importante pour réagir en cas d’échec de l’interception, le canon de 76 mm ne porte, lui, qu’à 8 km.

Pour intercepter les drones Houthis, le commandant de la frégate française, a donc dû attendre que les cibles soient à portée, réduisant d’autant ses options en cas d’échec, même si les drones sont réputés peu véloces. Il avait donc toute confiance dans son système de détection, d’engagement et d’interception, pour procéder ainsi, afin de préserver ses précieux missiles surface-air, et ce, par trois fois semble-t-il.

Le Paseo XLR, un système de détection électro-optique conçu initialement pour le combat terrestre

Ce succès a été rendu possible grâce au nouveau système électro-optique Paseo XLR pour Extra Long Range. Il s’agit d’un système de détection conçu pour surveiller, détecter, identifier, suivre et engager plusieurs cibles aériennes et navales simultanément, grâce à des canaux infrarouges et vidéos d’une grande précision.

EBRC jaguar Paseo
Le jaguar EBRC est équipé du système electrooptique Paseo, notamment pour le ciblage de son canon de 40 mm CTA.

Le Paseo a été initialement conçu par la société Optrolead, une coentreprise entre Safran et Thales, pour équiper les véhicules de combat terrestre. Il constitue, ainsi, l’un des principaux senseurs et systèmes de visée du nouvel Engin Blindé de Reconnaissance et de Combat EBRC Jaguar, qui remplace le char léger AMX-10RC dans les unités de cavalerie française.

À bord d’unités navales, il apporte plusieurs capacités complémentaires aux senseurs classiques, comme les radar et sonar. D’une part, il permet de détecter des cibles à faible détectabilité, comme les drones aériens et navals, souvent trop lents ou trop petits, pour être traités efficacement par les systèmes classiques. Ceci explique que, parfois, les interceptions de drones Houthis s’effectuent à très courte portée. 

D’autre part, il s’agit un système entièrement passif, pour qu’il ne révèle pas la présence ni la position d’un navire sur le spectre électromagnétique, comme c’est le cas, par exemple, des radars ou des systèmes de communication. Enfin, son ADN destiné à la guerre aéroterrestre, en font un système à la fois très réactif et très discriminant, le rendant encore davantage performant contre les menaces drones, qu’ils soient aériens ou navals. 

Porte-avions, BRF, FDI : le Paseo XLR sélectionné de longue date par la Marine française

Si l’ajout du Paseo XLR à la frégate Alsace, constitue un Quickwin indéniable pour le navire français évoluant en mer Rouge, en répondant rapidement à une évolution notable des conditions d’engagement, il ne représente, en rien, une nouveauté pour la Marine nationale.

Paseo XLR PAN Charles de Gaulle
Le PAN Charles de Gaulle met en oeuvre, ddans sa mature (à droite sur la passerelle radar), un système PASEO XLR.

En effet, le système équipe déjà le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle depuis plusieurs années, précisément pour compléter la gamme de senseurs du navire amiral français. Il équipe également le nouveau Bâtiment Ravitailleur de la Flotte Jacque Chevallier, entré en service en 2023, pour assurer la surveillance et la protection du navire, et en particulier, pour alimenter le système de protection rapproché CIWS Rapid Fire.

Enfin, le Paseo XLR est intégré nativement aux cinq nouvelles frégates FDI de la classe Amiral Ronarc’h, qui entreront en service au sein de la Marine nationale de 2024 à 2030. Bien que cela n’ait pas encore été officiellement évoqué, tout porte à croire que le Paseo XLR armera par ailleurs les nouveaux Grands navires de Guerre des Mines, construits conjointement avec la Belgique et les Pays-Bas, pour remplacer les chasseurs de mines Tripartite des trois pays.

Les frégates FREMM et FDA françaises équipées en urgence du Paseo XLR, pour un cout minime

L’installation du Paseo XLR sur la frégate Alsace, en amont de son déploiement en mer Rouge, n’est pas une expérimentation. En effet, selon le site Naval news, tout indique que le système est désormais installé également sur la seconde FREMM DA français, la Lorraine.

En outre, les deux frégates de défense aériennes FDA Forbin et Chevalier Paul, de la classe Horizon, et les six frégates FREMM de la classe Aquitaine, seront, elles aussi, équipées de ces systèmes, sur un calendrier particulièrement réduit, six mois étant évoqués pour l’ensemble des installations, et pour des couts tout aussi réduits. 

FREMM Lorraine PASEO XLR Flotte de surface | Actualités Défense | Articles gratuits
Repéré par navalsnews.com, le Paseo XLR a été monté sur le sistership de la frégate Alsace, la frégate de défense aérienne Lorraine.

L’intégration des Paseo XLR sur le PAN Charles de Gaulle, et sur les FDI, ont notamment permis de parfaitement intégrer la communication entre le système électro-optique et le système de combat SETIS, qui équipe aussi les autres frégates françaises, rendant leur déploiement, sur ces navires, particulièrement aisé. 

Ce tour de force va, incontestablement, venir considérablement renforcer les moyens dont disposeront les navires de surface de la Marine nationale, pour s’engager dans une zone exposée à la menace drones, qu’ils soient aériens ou de surface. Rapide, peu onéreux et répondant très efficacement à une menace identifiée, il s’agit, sans le moindre doute, d’un Quickwin remarquable.

Article du 13 mars en version intégrale jusqu’au 20 Avril 2024