L’infanterie de ligne sera célébrée chaque 7 septembre

L’infanterie de ligne sera célébrée chaque 7 septembre

par – Forces opérations Blog – publié le

L’infanterie de ligne a maintenant elle aussi sa fête de tradition. Confiée au 152e régiment d’infanterie de Colmar, la première édition se tiendra début septembre sur le site alsacien du Hartmannswillerkopf. 

Camerone pour les légionnaires, Sidi-Brahim pour les chasseurs, Bazeilles pour les troupes de marine, le Garigliano pour les tirailleurs… ne manquait à l’infanterie qu’un temps pour célébrer ses régiments de ligne. C’est désormais chose faite avec l’instauration de la « fête de l’infanterie de ligne », fruit d’une initiative lancée par le général Ivan Martin, alors commandant de l’école de l’infanterie (COMEI), et avalisée par le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Pierre Schill.

Le rendez-vous est fixé chaque 7 septembre, date anniversaire de la victoire remportée par les troupes napoléoniennes à proximité de la rivière Moskova (Russie). La Saint-Maurice, célébrée le 22 septembre, restera cependant la fête fédératrice de la « reine des batailles », toutes subdivisions confondues.

Le temps d’une journée, cette nouvelle fête fédérative rassemblera les drapeaux et leurs gardes, les chefs de corps et des représentants des unités ainsi que du personnel issu de ces régiments, qu’il soit d’active ou non.

Sept régiments d’active seront représentés : les 1er RI, 35e RI, 92e RI, 126e RI,152e RI, 14e régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste et le 132e régiment d’infanterie cynotechnique. Ils seront rejoints par le 24e régiment d’infanterie, composé en majeure partie de réservistes et particulièrement mis à profit lors de l’exercice ORION 2023.

Ce sera aussi l’occasion de mettre en avant des unités trop peu médiatisées, que sont les six formations détentrices de la garde de drapeaux de l’infanterie et les six anciens régiments en double appellation, dont un 44e régiment d’infanterie opérant en soutien des personnels militaires de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Plutôt que de se concentrer sur un lieu et un fait d’armes uniques, cette fête se « déplacera » chaque année auprès d’un régiment différent, auquel il sera laissé le soin de l’organiser sur un site emblématique de son choix.

L’honneur d’inaugurer ce cycle revient au 152e RI de Colmar qui, outre la Moskova, évoquera la bataille du Hartmannswillerkopt conduite en 1915-1916 face aux troupes allemandes. Ce sont en effet sur les pentes de cette montagne rebaptisée « Vieil-Armand » que les soldats du 15-2 ont gagné leur surnom de « diables rouges », en référence à leur résistance acharnée face aux assauts adverses.

Crédits image : cellule communication du 152e RI

Un sous-officier du 6e Régiment du Génie mortellement blessé en marge d’un entraînement au combat en Irak

Un sous-officier du 6e Régiment du Génie mortellement blessé en marge d’un entraînement au combat en Irak

https://www.opex360.com/2023/08/21/un-sous-officier-du-6e-regiment-du-genie-mortellement-blesse-en-marge-dun-entrainement-au-combat-en-irak/


 

Issu du 6e Régiment du Génie et déployé au sein de l’opération Chammal depuis mai 2023, ce sous-officier a été mortellement blessé alors qu’il « participait à une mission de formation de l’armée irakienne pour, inlassablement, lutter contre le terrorisme », a indiqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, via X/Twitter.

De son côté, l’État-major des Armées [EMA] a précisé que l’adjudant Latourte a été « mortellement blessé en marge d’un exercice d’entraînement au combat en zone urbaine », au cours de la soirée du 20 août. « Il a été pris en charge immédiatement et transféré par hélicoptère vers un hôpital d’Erbil où l’équipe médicale a constaté son décès », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

L’adjudant Latourte « contribuait à la formation de nos partenaires irakiens dans le domaine de la lutte contre les engins explosifs improvisés », a souligné l’EMA.

« En Irak, ils défendaient nos idéaux. Quelques jours après le sergent Baptiste Gauchot, l’adjudant Nicolas Latourte a perdu la vie dans l’accomplissement de sa mission. La Nation s’associe à la peine immense de leurs familles et frères d’armes des 19e et 6e régiments du génie », a réagi le président Macron.

Pour rappel, dans le cadre de l’opération Inherent Resolve [OIR], dirigée contre les groupes jihadistes par les États-Unis, et si elle continue à fournir un appui aérien aux forces locales, la force Chammal a également la mission de former et d’entraîner les troupes irakiennes.

Ce volet « conseil » va d’ailleur prendre de l’ampleur dans les mois à venir, avec la mise en place d’un « cycle de formation unique » qui, grâce à un détachement de 80 instructeurs français, devra permettre de former l’équivalent de cinq bataillons [soit 2100 soldats irakiens].

Ancien chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin nous a quittés

Ancien chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin nous a quittés

https://www.opex360.com/2023/08/19/ancien-chef-detat-major-des-armees-le-general-jean-louis-georgelin-nous-a-quittes/


« Le peloton de gendarmerie de Haute Montagne [PGHM] est intervenu sur les pentes du Mont-Valier […] et a découvert le cadavre d’un homme qui a été formellement identifié comme étant le général Georgelin » a indiqué le parquet de Foix, avant de préciser que la piste accidentelle était privilégiée.

« Avec le décès du général Jean-Louis Georgelin, la Nation perd l’un de ses grands soldats. La France, un de ses grands serviteurs. Et Notre-Dame, le maître d’œuvre de sa renaissance », a réagi le président Macron, via le réseau social X/Twitter.

Admis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1967 [promotion « Lieutenant-colonel Brunet de Sairigné], Jean-Louis Georgelin fut affecté au 9e Régiment de chasseurs parachutistes [RCP] après avoir suivi les cours de l’École d’application de l’Infanterie, où il servira en qualité d’instructeur en 1973. Promu capitaine alors qu’il servait au 153e Régiment d’Infanterie [RI] de Mutzig, il rejoignit le centre d’exploitation du renseignement militaire avant d’exercer les fonctions d’aide de camp du chef d’état-major de l’armée de Terre.

Ayant suivi les cours du Command and General Staff College à fort Leavenworth [États-Unis], il fut admis à l’École supérieure de guerre à Paris au début des années 1980. Puis il retrouva l’ESM de Saint-Cyr pendant trois ans, en tant que chef de bataillon, avait de diriger la section « Études et prospectives » du bureau « Planification-finances » de l’État-major de l’armée de Terre.

Chef de corps du 153e RI entre 1991 et 1993, il devint an auditeur au Centre des hautes études militaires [CHEM] et à l’Institut des hautes études de Défense nationale [IHEDN]. À l’issue, il fut nommé adjoint au chef de cabinet militaire du Premier ministre [1994-97]. Promu général, il fut ensuite affecté à 11e Division Parachutiste, puis à la Force de stabilisation [SFOR] en Bosnie-Herzégovine, à un moment où il fallait veiller au respect des accords de Dayton.

Après avoir rejoint l’État-major des armées à la division « Plans et programmes », le général Georgelin fut nommé chef d’état-major particulier du président de la République [qui était alors Jacques Chirac], puis, trois ans plus tard, chef d’état-major des armées.

Cet homme de culture connu pour son franc parler dut s’employer à déminer les polémiques ayant éclaté au moment des réformes du ministère des Armées, lancées en 2008. Et, quand des officiers dénoncèrent les orientations données par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale [LBDSN], le général Georgelin mit le holà aux enquêtes lancées pour les identifier.

« Je ne veux pas de chasse aux sorcières dans les armées et j’ai fait en sorte que ce type d’enquête cesse. Je ne veux pas de chasse aux sorcières dans les armées, je connais l’histoire de l’institution militaire pour savoir les dégâts qu’ont causé des actions similaires dans le passé », avait-il en effet affirmé, à l’antenne d’Europe1.

Ayant été remplacé à la tête de l’EMA par l’amiral Guillaud en 2010, le général Georgelin fut nommé grand chancelier de l’ordre national de la Légion d’honneur et chancelier de l’ordre national du Mérite après avoir été admis en deuxième section. Il occupera ce poste pendant six ans, avant de reprendre, en quelque sorte, du service, en devenant le représentant spécial du président de la République pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris.

« Profonde tristesse après le décès du général d’armée Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées de 2006 à 2010. Admiration devant la force de caractère inébranlable de ce chef hors norme et son engagement total au service de la France poursuivi en dehors des armées », a commenté le général Thierry Burkhard, l’actuel CEMA.

Décès accidentel d’un militaire français en Irak

Décès accidentel d’un militaire français en Irak

 

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Malheureusement, et malgré une prise en charge par les secours, le sergent Baptiste Gauchot, du 19e Régiment de Génie, a succombé à ses blessures alors qu’il était opéré en urgence à l’hôpital d’Erbil. Quand au second militaire qui se trouvait dans le même véhicule, il a été transféré dans un état grave vers un hôpital militaire à Bagdad.

« Le sergent Baptiste Gauchot était déployé en opération extérieure depuis le 21 mai 2023 au sein de l’opération Chammal et contribuait à la formation de nos partenaires irakiens dans les domaines de combat d’infanterie et du secourisme au combat », précise l’État-major des armées, via un communiqué.

Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, « s’incline avec une profonde tristesse devant la mémoire de ce militaire mort en opération dans l’accomplissement de sa mission. Ses pensées accompagnent sa famille, ses frères d’armes, ainsi que tous ses proches », poursuit le texte.

Ayant appris « avec une vive émotion le décès en Irak dans un accident de la circulation du sergent Baptiste Gauchot », le président Macron a dit s’associer à « la douleur de sa famille et de ses proches ». Puis il a réaffirmé son « soutien au peuple et aux autorités irakiennes et la détermination de la France à continuer d’œuvrer à leurs côtés pour l’instruction de leurs forces de sécurité qui luttent contre le terrorisme ».

Pour rappel, la force Chammal a déjà été endeuillée avec le décès accidentel du caporal-chef Bogusz Pochylski, du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI], lors d’une séance d’entraînement menée au profit des forces de sécurité irakienne, en mars 2018. Et, en septembre 2017, l’adjudant-chef Stéphane Grenier, de la « Task Force » Hydra, avait été mortellement touché lors d’un accrochage avec l’État islamique [EI ou Daesh] en Syrie.

Mort de la Gendarme Mélanie Lemée : la remise en liberté du conducteur scandalise ses proches et la communauté Gendarmerie

Mort de la Gendarme Mélanie Lemée : la remise en liberté du conducteur scandalise ses proches et la communauté Gendarmerie


La nouvelle de la remise en liberté de l’homme ayant mortellement fauché après un refus d’obtempérer la majore Mélanie Lemée, trois ans après ce drame qui n’avait pas entraîné de minute de silence à l’Assemblée nationale, révolte sa famille, ses camarades et la communauté des forces de l’ordre ainsi que de nombreux compatriotes.

Sur le même sujet : Mort de Mélanie Lemée: le chauffard roulait malgré un permis annulé

Yassine El Azizi, 30 ans, n’est en effet plus en détention provisoire. Une nouvelle demande de mise en liberté auprès de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Agen été acceptée ce mercredi 19 juillet détaille La Dépêche du Midi. Le meurtrier de la Gendarme a été placé sous bracelet électronique. Il reste mis en examen pour “homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique, conduite sans permis en récidive et sous l’emprise de stupéfiants détention de stupéfiants”, mais son jugement tarde à venir.

Dans Ouest France, les parents de Mélanie Lemée, qui résident dans l’Orne, dénoncent “une décision inacceptable et scandaleuse”.

L’APNM Gendarmes et Citoyens a publié un communiqué sur son site.

Cette décision intervient au bout d’un délai d’instruction incompréhensible pour une affaire au demeurant très simple” écrit l’APNM.

“Ces magistrats se voilent apparemment derrière l’application de règles procédurales pour faire bénéficier du droit à circuler sous contraintes un multirécidiviste meurtrier de gendarme. Qu’ils soient rassurés, la libération d’une racaille ne provoquera aucune émeute, aucune marche interdite et aucune récupération politique de la part de députés non soumis. La paix sociale est garantie. En attendant, les parents et les proches ont le sentiment amer que Mélanie vient d’être tuée une seconde fois ! 

développe encore l’association professionnelle nationale militaire.

Il y a quelques jours, on célébrait le triste anniversaire de la mort de Mélanie LEMEE, jeune gendarme de 25 ans,…

Publiée par APNM Gendarmes et Citoyens sur Jeudi 20 juillet 2023

Sur les réseaux sociaux, aussi, beaucoup de Gendarmes, d’anciens Gendarmes ou de citoyens soutenant les forces de l’ordre, font part de leur colère après cette décision.

Rappelons que La Gendarme Mélanie Lemée, 26 ans, de la brigade de proximité d’Aiguillon (compagnie d’Agen) a été mortellement fauchée le 4 juillet 2020 par cet automobiliste peu avant 21 heures à Port-Sainte-Marie dans le Lot-et-Garonne (47). 

Le chauffard qui a tué la jeune femme roulait à une vitesse estimée entre 130 et 160 km/h a révélé la procureur d’Agen lors d’une conférence de presse.

Sur le même sujet : Mort de Mélanie Lemée: le chauffard roulait malgré un permis annulé

La magistrate a confirmé que ce délinquant routier conduisait non seulement sans permis, -il a été annulé en 2019- mais de surcroît était sous stupéfiants. L’individu s’était débarrassé selon nos informations de pochons de stupéfiants pendant la poursuite et avait été néanmoins trouvé porteur de 165 grammes de cocaïne avait détaillé la cheffe du parquet lors d’une conférence de presse. 

Le chauffard avait refusé d’obtempérer une première fois à des Gendarmes sur la RD 813 à Colayrac (47). Puis, alors qu’il se dirigeait vers Agen, il avait effectué un demi-tour à la vue d’un contrôle de la Police nationale et était revenu à hauteur des Gendarmes qui avaient alors placé un stop-stick (herse) sur la chaussée.

En effectuant une manœuvre pour éviter l’obstacle, il avait alors percuté la Gendarme qui était sur le bas-côté. 

Grièvement blessée aux jambes dont l’une a été arrachée, elle avait succombé à ses blessures sur place. 

Le chauffard avait été interpellé dans la foulée.

Ce drame avait suscité une énorme émotion au sein de l’Arme et n’est pas sans rappeler la mort du major Christian Rusig en 2016 dans l’Ariège et celle du major Daniel Brière à Peille près de Nice (06) en octobre 2012. 

Un hommage national en mémoire de la Gendarme, judokate émérite par ailleurs, avait eu lieu à Bordeaux, en présence de Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur s’était d’ailleurs rendu sur place au lendemain du drame. 

Originaire de l’Orne (61), la Gendarme Mélanie Lemée, a d’abord été réserviste opérationnelle dans l’Orne entre 2014 et 2015 puis a réussi le concours. A l’issue de sa scolarité, elle été affectée à la brigade d’Aiguillon le 4 juillet 2016. Quatre ans jour pour jour avant sa mort. Celle qui avait réussi l’OPJ en octobre 2019 a aussi été une judokate de haut niveau.

Ancienne pensionnaire du pôle judo de l’Insep, elle avait subi une grave blessure et a renoncé à devenir professionnelle. Elle a néanmoins poursuivi la compétition mais au sein de la Gendarmerie. Membre de l’équipe de France militaire, elle avait participé à de nombreuses compétitions et avait décroché le 15 février 2017 son deuxième titre de championne de France militaire de judo ( catégorie + de 78 kilos) organisé au sein de l’escadron de gendarmerie mobile de Tarbes. Elle avait déjà remporté ce titre en mars 2016 à Lorient.

Elle a été nommée chevalier de la Légion d’honneur et a été décorée de la médaille militaire. Elle a donné son nom à la 109ème promotion de l’école de Chateaulin.

Sur le même thème : La majore Mélanie Lemée, marraine de la 109ème promotion d’élèves-Gendarmes de l’école de Chateaulin

Sébastien Lecornu en Guyane pour présider les obsèques de l’adjudant et chef coutumier Guy Barcarel

Sébastien Lecornu en Guyane pour présider les obsèques de l’adjudant et chef coutumier Guy Barcarel

 

par Jean-Tenahe FAATAU – Outremer 360 – publié le 15/05/2023

https://outremers360.com/bassin-atlantique-appli/sebastien-lecornu-en-guyane-pour-presider-les-obseques-de-ladjudant-et-chef-coutumier-guy-barcarel


Le ministre des Armées Sébastien Lecornu est arrivé dimanche soir en Guyane pour présider les obsèques, ce lundi, de l’adjudant Guy Barcarel, sous-officier au sein du 3e Régiment Étranger d’Infanterie (REI) et chef coutumier Teko du village de Camopi. 

Piroguier au sein du 3e REI, l’adjudant Barcarel était à bord d’une pirogue dans le cadre d’une opération de lutter contre l’orpaillage illégal quand il a été porté disparu dimanche dernier. Son corps a été retrouvé mercredi par une patrouille des Forces armées en Guyane dans le fleuve Oyapock, près de Camopi.

« Agissant en soutien de la gendarmerie, le sous-officier, piroguier au sein du 3e Régiment étranger d’infanterie (REI), chef coutumier pour les Amérindiens Teko de Camopi et membre du Grand conseil coutumier, était à la recherche d’une pirogue logistique illégale au moment de l’accident », avait indiqué mercredi dans la matinée le Ministère des Armées dans un communiqué. Selon les premiers éléments de l’enquête, « l’embarcation a heurté un arbre alors qu’elle opérait de nuit par une météo défavorable. Sous le choc, le piroguier est tombé ».

« Je tiens au nom du gouvernement à avoir une pensée particulière pour sa mémoire, pour sa famille et à adresser (mes) condoléances à l’ensemble des Guyanaises et des Guyanais » avait déclaré vendredi dernier le ministre des Armées aux députés de la commission de la Défense, qui ont rendu hommage au militaire et chef coutumier par une minute de silence.

 

Une minute de silence pour la France des morts » : Lettre ASAF du mois de novembre 2022

« Une minute de silence pour la France des morts » : Lettre ASAF du mois de novembre 2022

La minute de silence sur la tombe du Poilu Inconnu un an après la première minute de silence en France, Agence Meurisse, 1923 – source Gallica-BnF

 

il y a un siècle, le 11 novembre 1922, la France célébrait la première « minute de silence » de son histoire. Auparavant, l’hommage aux morts était marqué soit par le son des cloches, soit par celui des canons. C’est le président du Conseil d’alors, monsieur Raymond Poincaré, qui imposa cette nouvelle forme d’hommage.

 

"Une minute de silence pour la France des morts" : Lettre ASAF du mois de novembre 2022

« Une minute de silence pour la France des morts »

 

En ce mois de novembre 2022, un anniversaire risque de passer complètement inaperçu. En effet, il y a un siècle, le 11 novembre 1922, la France célébrait la première « minute de silence » de son histoire. Auparavant, l’hommage aux morts était marqué soit par le son des cloches, soit par celui des canons. C’est le président du Conseil d’alors, monsieur Raymond Poincaré, qui imposa cette nouvelle forme d’hommage.

Auparavant, en mai 1919, un journaliste et ancien combattant australien, Edward George Poney, avait proposé, dans une lettre ouverte au journal London Evening News, de substituer au caractère bruyant des célébrations d’alors un temps de recueillement silencieux. L’homme d’État sud-africain, Sir James Percy FitzPatrick, suggéra, lui, deux minutes de silence : une minute pour les morts et une autre pour les vivants. Le 27 octobre 1919, le roi George V rendit officielle cette mesure dans tout le Commonwealth. Depuis, cette tradition des deux minutes s’est perpétuée dans tous les pays anglo-saxons. En France, c’est donc la durée minimale qui a été choisie et encore, notre minute de silence est rarement respectée dans son intégralité.[1]

Nous sommes en novembre, mois dont les deux premiers jours sont dédiés au souvenir des morts et mois dont le onzième jour nous voit commémorer le souvenir de tous les morts de toutes les guerres. À cette occasion, nous pourrions aussi nous souvenir de ce que fut l’année 2020 lorsque l’épidémie de la Covid nous vit confinés, d’abord du 17 mars au 11 mai, puis du 30 octobre au 15 décembre. Les morts se comptaient mensuellement par milliers, parmi lesquels de nombreux personnels soignants. Alors, comme ce fut le cas pour les victimes des attentats, d’aucuns proposèrent que ces personnels soignants, morts de la Covid dans l’exercice de leur fonction, soient déclarés « Morts pour la France ». Cela ne fut pas possible puisque cette qualification est aujourd’hui réservée aux soldats tués lors d’opérations menées à l’extérieur du territoire national. Le lieutenant-colonel Beltrame, mort en mars 2018, dans des circonstances que tout le monde a encore en mémoire, n’a pu lui-même en bénéficier.  C’est peut-être l’utilisation de la mention « Mort pour le service de la Nation » qui a été retenue pour le lieutenant-colonel Beltrame qui aurait été, dans le cas de la Covid, la plus pertinente. Elle permet l’inscription des noms des bénéficiaires sur les monuments aux morts et la reconnaissance de leurs ayants droit enfants comme « pupilles de la Nation ».

Pour autant, et compte tenu des circonstances sanitaires qui ont fait qu’au cours des mois terribles du printemps 2020, les familles des morts de cette épidémie, de tous les morts et pas seulement des soignants, n’ont pas eu la possibilité de leur rendre l’hommage qu’elles souhaitaient, nous pourrions réfléchir à « un geste » qui pourrait les aider à faire leur deuil demeuré jusque-là impossible.

Ce qui rend à ces familles l’épreuve de la mort de leur proche insupportable, c’est d’une part le fait d’avoir dû laisser le défunt mourir seul et d’autre part de n’avoir pas pu se réunir pour une cérémonie de funérailles. Il y eut là un « empêchement » à la réalisation de deux aspirations humaines parmi les plus profondes et de ce fait fondamentales.

Sans réunion pour un dernier adieu, sans cérémonie d’hommage, le deuil est encore plus douloureux. De surcroît, l’identité du défunt se fond dans le drame collectif. Son corps devient un parmi tant d’autres et, comme on n’a pas pu le voir, on a du mal à accepter la réalité de la perte ce qui est le premier objet du deuil. Ces décès deviennent alors des « disparitions » comme dans le cas des marins péris en mer où des soldats morts au combat dont on n’a jamais retrouvé la dépouille.

Depuis cette période extraordinaire, il y a toujours, aujourd’hui, quotidiennement, des morts « ordinaires » de la Covid. Au total, depuis le début de l’épidémie, cette maladie a déjà tué plus de 150 000 Français soit plus que les morts cumulées lors des guerres d’Indochine (83 300) et d’Algérie (25 000).

L’État devrait faire quelque chose pour aider la cicatrisation d’une plaie qui aura du mal à se refermer. Il faudra de sa part un geste fort à inventer pour créer un espace physique et psychique permettant d’annihiler un sentiment collectif d’impuissance voire de culpabilité. De nombreuses options sont possibles : une journée nationale dédiée à toutes les victimes, mais il y en a déjà beaucoup et celle-ci risque d’être diluée dans le nombre ; des noms gravés quelque part à l’instar de Ground zero à New York, mais où ? Dans chaque ville ou village ou en un lieu unique ?

Mais on pourrait aussi, plus simplement, lors d’une cérémonie de funérailles nationales rendre hommage, de façon collective, à toutes les victimes, sans aucune distinction, de cette épidémie, avec la pose d’une plaque commémorative dans un lieu symbolique (Invalides, Arc de Triomphe ?) et avec l’exécution d’une vraie minute de silence qui durerait… soixante secondes. La France que nous aimons, c’est aussi celle de tous ses enfants morts, quelles que soient les circonstances. Les morts de la Covid acquièrent une dimension nationale puisqu’ils sont les victimes d’un drame qui ne l’est pas moins. Ce sont nos morts à tous.

 

La RÉDACTION de L’ASAF
www.asafrance.fr

 

[1]  Un journaliste du MondeDonald Walther, a chronométré les 83 minutes de silence observées à l’Assemblée nationale entre 1998 et 2016. Il en a fait la moyenne qui est de 32,47 secondes avec un minimum record à … 11 secondes.

Le sens du devoir du citoyen face au retour de la guerre

Le sens du devoir du citoyen face au retour de la guerre

par François Chauvancy – Theatrum Belli – publié le

(Mon discours pour les cérémonies locales du 11 novembre 2022)

 

Depuis la loi du 20 février 2012, le parlement a instauré le 11 novembre comme une journée « en hommage à tous les morts pour la France, militaires et civils, que ce soit dans les guerres et du fait du terrorisme ». Ces cérémonies du 104e anniversaire de l’armistice de 1918 et le conflit russo-ukrainien contraignent le citoyen à s’interroger sur le sens de son devoir face à la guerre

En effet, la guerre en Ukraine se poursuit dans des conditions bien similaires à celles de cette première guerre mondiale. Rappelons-nous septembre 1914, où l’Armée française composée à la fois de soldats professionnels, de mobilisés et d’appelés a résisté malgré de lourdes pertes à l’agression allemande lors de la bataille de la Marne. L’heure était grave et dans son ordre du jour à l’Armée du 5 septembre 1914, le général Joffre, chef d’État-Major général de l’Armée, ordonnait : « (…) Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée ».

Des propos similaires ou proches ont été tenus par le président Zelenski pour la défense de l’Ukraine durant les premières semaines de la guerre. Une guerre engagée doit être gagnée quand la survie de la Nation est en jeu. La IIIème République n’aurait pas survécu à la défaite. L’Ukraine n’aurait pas survécu sans la détermination exprimée par le président Zelenski.

Cependant la bataille de la Marne n’a pas été gagnée par hasard. Être capable après des semaines de retraite de relancer des centaines de milliers d’hommes à l’offensive montre l’engagement collectif de combattre l’agresseur, responsable aussi d’exactions envers la population civile dans les zones conquises. Seul le patriotisme et le sens du devoir pouvaient motiver ces hommes et leur permettre de résister à la violence de ce conflit. En serait-il de même aujourd’hui ?

« Le patriotisme c’est servir une cause qui est plus grande que nous, c’est ce qui nous permet de nous dépasser nous-mêmes, de dépasser nos frontières ». N’est-ce pas ce que cette guerre de 1914-1918 nous a appris ? N’est-ce pas aussi ce que nous montre la guerre en Ukraine ? La défense de son pays par les armes par chaque citoyen est non seulement un acte patriotique mais aussi me semble-t-il un critère de la citoyenneté. Or, aujourd’hui, nous entendons parfois des citoyens français affirmer leur volonté de quitter la France si elle était agressée et s’il fallait se battre pour la défendre. Comme l’a évoqué le président Macron, chef des armées, il est grandement temps de construire notre résilience et la force morale nécessaires pour que notre nation soit forte face à l’adversité.

Enfin, nous devons assumer notre devoir de mémoire et exprimer notre reconnaissance aux combattants d’hier et d’aujourd’hui, morts ou blessés, à leurs familles. Nous devons aussi apporter notre soutien à ceux qui assurent notre sécurité lointaine en Afrique ou dans l’Est de l’Europe, dans les Etats baltes, en Pologne, en Roumanie.

Ainsi, il me paraît bon de rappeler aujourd’hui l’œuvre des Bleuets de France. Le Bleuet de France que je porte sur mon uniforme, est le symbole de la mémoire et de la solidarité envers les anciens combattants, les victimes de guerre ou du terrorisme, les veuves et les orphelins.

Pourquoi le symbole du Bleuet créé en 1916 ? Les bleuets, comme les coquelicots pour les Britanniques, continuaient à pousser dans la terre retournée par les milliers d’obus qui labouraient quotidiennement les champs de bataille pendant la Grande Guerre. Ces fleurs étaient le seul témoignage de la vie qui continuait et la seule note colorée dans la boue des tranchées.

Hier comme aujourd’hui, la guerre voulue par d’autres est devenue une réalité, en Ukraine et demain ailleurs. La sécurité et la survie de la France reposent sur la volonté des Français à assumer leur devoir car « notre liberté n’est pas gratuite » et le sang que l’on est capable de verser est le prix de la liberté. C’est ce que nous rappelle avec force et courage le peuple ukrainien. C’est pourquoi la mémoire de ceux qui ont assumé leur sens du devoir jusqu‘au sacrifice doit être honorée et enseignée.

Je vous remercie

Historique du symbole du Bleuet

L’origine de l’insigne remonte à 1916.  Mme Suzanne Lenhardt, infirmière-major de l’hôpital militaire des Invalides, veuve d’un capitaine d’Infanterie coloniale tué en 1915, et Mme Charlotte Malleterre, fille du général Gustave Léon Niox et épouse du général Malleterre, décident d’organiser des ateliers où les blessés confectionnent des bleuets dont les pétales sont en tissu. Ces insignes seront vendus au public à diverses occasions et le produit de ces ventes permettra de donner à ces hommes gravement blessés un petit revenu.

Le 15 septembre 1920, Louis Fontenaille, président des Mutilés de France, présente un projet destiné à rendre pérenne le Bleuet de France comme fleur symbolique des « morts pour la France ».

En 1928, le président Gaston Doumergue accorde son haut patronage au Bleuet de France, les ventes s’étendent alors progressivement à l’ensemble du pays. Dès 1935, l’État officialise la vente du Bleuet de France chaque 11 novembre partout en France, puis, en 1957, un second jour de collecte est créé le 8 mai.

Cette collecte de dons est assurée par des bénévoles de l’Œuvre nationale du Bleuet de France. Association reconnue d’utilité publique, elle est sous l’autorité de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.

Son objectif est de recueillir des fonds pour financer les œuvres sociales qui viennent en aide aux anciens combattants, aux soldats blessés en opérations, aux veuves et veufs de guerre, aux pupilles de la Nation, aux victimes du terrorisme.

L’Œuvre soutient aussi les militaires engagés sur des théâtres d’opération en participant à l’initiative « Colis de Noël pour les soldats en opérations extérieures ».

Elle participe également à des actions auprès des enfants des écoles, des collèges et des lycées pour promouvoir la mémoire en participant financièrement à des déplacements permettant la découverte de lieux mémoriels (https://www.onac-vg.fr/presentation-du-bleuet-de-france).

ONACVG : Guide à l’usage des porte-drapeaux associatifs

ONACVG : Guide à l’usage des porte-drapeaux associatifs

Beyrouth, 23 octobre 1983 : Souvenons-nous des paras du Drakkar

Beyrouth, 23 octobre 1983 : Souvenons-nous des paras du Drakkar


Le 23 octobre 1983, 6h30 du matin : un double attentat frappe la Force multinationale de sécurité à Beyrouth. En quelques secondes, 241 marines américains et 58 parachutistes français sont tués (55 du 1er RCP et 3 du 9e RCP). Le poste Drakkar, occupés par les paras français, vient de subir la frappe la plus terrible contre l’armée française depuis les affrontements de la décolonisation. 

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Bruno Racouchot était alors officier au 6e RPIMa. Il nous a aimablement autorisé à reproduire le texte d’hommage en annexe, initialement paru dans le cadre du très confidentiel « Club des chefs de section paras au feu ». 

23 octobre 1983, Beyrouth, 6h30 du matin, Drakkar est rayé de la carte 

Le 23 octobre 1983, les parachutistes français présents à Beyrouth dans le cadre de la Force Multinationale de Sécurité, étaient victimes d’un attentat. 58 d’entre eux devaient trouver la mort dans l’explosion du poste « Drakkar ». Le texte d’hommage qui suit a été publié dans le cadre du Club des chefs de section paras au feu, qui compte quelques anciens de cette mission sanglante, depuis le Général François Cann, alors à la tête de la force française, et le Général Paul Urwald, qui commandait alors le 6e RIP, jusqu’au benjamin du Club, Bruno Racouchot, officier-adjoint d’une des quatre compagnies déployées à Beyrouth-Ouest. Plus particulièrement en charge de la section de protection du PC du 6e RIP, Bruno Racouchot décrit la configuration extrêmement délicate et sanglante dans laquelle furent alors plongés les parachutistes français.

Rappel du contexte historique 

En juin 1982, Israël lance l’opération « Paix en Galilée », envahit le Sud-Liban et entreprend fin juin-début juillet l’assaut de Beyrouth-Ouest où les Palestiniens sont encerclés dans une nasse, les Syriens refusant de les accueillir sur leur territoire. Un cessez-le-feu est appliqué début août. La communauté internationale, soucieuse d’éviter des affrontements sanglants, décide d’intervenir. Sous la protection des parachutistes français, soutenus par les soldats américains et italiens, les forces palestiniennes sont exfiltrées en douceur. De 500.000 à 600.000 Palestiniens restent dans les camps.

Le 23 août, Béchir Gemayel est élu Président du Liban. Le 15 septembre, il est assassiné. Israël investit Beyrouth-Ouest. Du 16 au 18 septembre ont lieu les massacres de populations civiles dans les camps de Sabra et Chatila, où des centaines de civils palestiniens sont tués. Le 21 septembre, Amine Gemayel, frère aîné de Béchir, est élu président. Le 24 septembre, pour répondre à une opinion internationale scandalisée par les tueries dont les Palestiniens ont été victimes, une Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth est créée, intégrant des contingents français, américains, italiens et une poignée d’Anglais.

Dès lors, au Liban, la situation ne cesse de se dégrader. Massacres de populations civiles et attentats se multiplient. Les soldats de la Force Multinationale sont victimes d’innombrables attaques et de bombardements. Si les Américains sont cantonnés à l’aéroport et les Italiens en périphérie de la ville, si les Anglais se contentent de mener des missions de renseignement avec un escadron spécialisé, les Français, eux, reçoivent la mission la plus délicate, au cœur même de Beyrouth.

Tous les quatre mois, les contingents sont relevés, souvent avec des pertes sévères. En septembre 1983 a lieu la relève pour les légionnaires français installés à Beyrouth, remplacés par les parachutistes de la 11e Division parachutiste. C’est l’opération Diodon IV, qui deviendra l’engagement le plus sanglant pour l’armée française depuis les guerres coloniales. Le 3e RPIMa s’installe en secteur chrétien, dans la perspective d’une offensive face au « Chouf », pour pacifier la montagne où les Druzes s’en prennent violemment aux chrétiens. Des éléments du GAP, 1er RHP, 17e RGP, 12e RA, 35e RAP, 7e RPCS et le commando marine Montfort sont également à pied d’œuvre.

Le secteur le plus dangereux, celui de Beyrouth-Ouest, est dévolu à un régiment de marche, le 6e RIP, Régiment d’Infanterie Parachutiste, qui a pour mission principale la protection des populations civiles palestiniennes traumatisées des camps de Sabra et Chatila. Ce régiment, placé sous le commandement du colonel Urwald, a été formé spécialement pour cette opération, et est constitué de quatre compagnies de parachutistes : deux compagnies du 6e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine basé à Mont-de-Marsan, une compagnie du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes basé à Pau, une compagnie du 9e Régiment de Chasseurs Parachutistes basé à Pamiers.

Le quotidien d’un chef de section para au feu

C’est une vraie leçon de vie dont vont bénéficier les jeunes chefs de section plongés dans la fournaise de Beyrouth. Les Américains sont à l’époque encore sous le coup de la chute de Saïgon survenue à peine huit ans plus tôt. Ils sont repliés sur l’aéroport, ne sortant quasiment pas de leurs abris, usant de M113 pour traverser le tarmac de l’aéroport. Sous des tirs d’artillerie incessants, en septembre 1983, nos jeunes paras ont remplacé les légionnaires. A la différence des professionnels du 3e RPIMa, d’où viennent-ils ces jeunes du 6e RIP ? Ce sont pour la plupart des appelés, d’un genre un peu particulier cependant. Volontaires TAP, volontaires outre-mer, volontaires service long, pour beaucoup d’entre eux, ils ont déjà bénéficié d’une solide formation et ont effectué des « tournantes » hors métropole.

Mentalement et physiquement préparés, ils pressentent cependant dès leur arrivée que cela va être dur, très dur même. Mais ils vont faire front et s’adapter. Avec modestie, calme, détermination. Certes, en débarquant, chacun d’entre eux éprouve l’étrange picotement qui monte le long de la colonne vertébrale. Heureusement, ils ont à leurs côtés les « anciens », à peine plus âgés qu’eux, qui ont « fait » le Tchad, la Mauritanie, le Zaïre, Djibouti, et pour certains déjà, le Liban… Tous ces noms de TOE lointains les ont fait rêver à l’instruction, quand ils n’avaient déjà qu’un souhait, se montrer à la hauteur de ceux qui les avaient précédés sous le béret rouge. Aujourd’hui, le rêve se trouve enfin confronté brutalement à la réalité.

Beyrouth est un piège monumental. On a beau avoir bourlingué, on a beau avoir entendu tirer à ses oreilles, quand on est un jeune chef de section, débarquer dans un tel univers constitue une épreuve d’ordre quasiment initiatique. On n’ose pas le dire, mais on le ressent d’emblée jusqu’au tréfonds de soi. Avec la secrète question qui taraude et que l’on n’ose pas exprimer : saurai-je me montrer digne de mon grade et de mon arme ? Ce sont d’abord les missions ordinaires, protection des postes, ravitaillement, reconnaissance, tâches d’entretien peu glorieuses mais tellement nécessaires, que l’on accomplit sereinement parce que même si le contexte est moche, on leur a appris à être beaux. Les jeunes paras mûrissent vite. Les visages se creusent, le manque de sommeil se fait vite sentir. Paradoxalement, les relations soudent les esprits et les corps. De secrètes complicités se nouent. Plus besoin de longs discours, les ordres s’exécutent machinalement, avec un professionnalisme qui prouve que, par la force des choses, le métier des armes entre dans la peau de chacun.

L’ennemi est partout et nulle part

Le jeune chef de section apprend très vite à connaître son secteur. Il a la chance d’avoir à ses côtés des hommes décidés encadrés par des sous-officiers d’élite, totalement dévoués à leur tâche. Il rôde, de jour comme de nuit, pour imprimer dans ses neurones les itinéraires, les habitudes, les changements de comportements. Rien n’est anodin. Il sait qu’il lui faut lier connaissance, observer, échanger, parler, surveiller, lire, écouter… Pas de place pour la routine. Plus que jamais, il faut faire preuve d’initiative, agir à l’improviste, sortir des postes, aérer les périmètres de sécurité, ne pas céder à la tentation mortelle de se recroqueviller dans les postes, derrière les sacs de sable et les merlons de terre. Des milliers d’yeux observent les paras français depuis les tours qui encerclent les positions. Ici, l’aspect psychologique est capital. On est en Orient. Il n’est pas permis de perdre la face. Les Français ont des moyens dérisoires en regard de leurs adversaires potentiels ou des grands frères américains, qui peuvent d’un simple appel radio, déclencher la venue de norias d’hélicoptères. En revanche, les Français savent s’immerger dans la population. Ils mangent comme le Libanais de la rue, se mélangent aux civils qui déambulent dans des marchés grouillants. Savoir se faire apprécier, c’est se faire respecter. Un sourire généreux sur une face de guerrier, c’est rassurant. Ça prouve la force plus que les armes. C’est cette stature des paras français qui fait très vite leur réputation dans la population.

Ce profil si particulier des soldats français, ce sont les chefs de section et les sous-officiers qui l’impriment à leurs hommes. Quels que puissent être les risques, ils ne changeraient leur place pour rien au monde. Ils savent qu’ils vivent une aventure inouïe, où chacun va pouvoir aller à l’extrême limite de ses possibilités. Le chef de section para a beau n’avoir que vingt-cinq ou trente ans, il sait qu’il passe là une épreuve pour laquelle il s’est préparé depuis des années ou depuis toujours, celle du feu. Il devine intuitivement qu’il va peut-être lui être donné d’accéder à une autre forme de connaissance de la vie, qu’il va opérer une mue intérieure subtile que seuls « ceux qui savent » et les anciens comprendront. Il sait qu’il reviendra de Beyrouth, « pareil sauf tout »… Ceux qui ont lu Ernst Jünger savent ce qu’il entend quand il parle de « La Guerre, Notre Mère »…. Drakkar va littéralement « sublimer » cet état d’esprit.

L’épreuve

Deux jours avant Drakkar, le 21 octobre 1983, je suis désigné pour conduire, avec le capitaine Lhuilier, officier opération du 6e RIP, un entraînement commun de la Compagnie Thomas du 1er RCP avec les marines américains à l’aéroport. Il faut bien que la connaissance de la langue de Shakespeare serve à quelque chose… Lhuilier est une figure des paras-colos. Il a eu son heure de gloire avec le 3e RIMa au Tchad quelques années avant, où coincé dans une embuscade, il a fait monter sa compagnie à l’assaut des rebelles, baïonnette au canon, en chantant « La Marie »… Dans l’épreuve qui se profile à l’horizon, il va se révéler un roc inébranlable.

Marines et paras français au coude à coude à l’entraînement… Comment imaginer en voyant tous ces grands gaillards crapahuter dans la poussière et se livrer à des exercices de tir rapide, que la plupart d’entre eux reposeront bientôt dans un linceul de béton ?… Mis en alerte le samedi soir, nous dormons tout équipés sur nos lits de camp, l’arme à portée de main. On entend bien des explosions, des tirs d’artillerie sporadiques. Des rafales d’armes automatiques titillent les postes. Mais va-t-on s’inquiéter pour si peu ?

Dimanche 23 octobre 1983, 6h30 du matin. L’aube se lève. D’un coup, une explosion terrible, une lourde colonne de fumée qui s’élève plein sud dans le silence du dimanche matin. L’aéroport et les Américains sont mortellement touchés. Puis une minute après, encore une autre, plus proche cette fois, d’une puissance tout aussi ahurissante. On entend en direct sur la radio régimentaire que Drakkar a été rayé de la carte. Ce poste était occupé par la compagnie du 1er RCP commandée par le capitaine Thomas, dont heureusement un détachement était de garde à la Résidence des Pins, le QG français. Bilan des deux attentats : 241 marines et 58 paras français sont tués, sans compter d’innombrables soldats grièvement blessés, évacués en urgence en Europe.

Dès la première explosion, chacun a bondi à son poste. On comprend d’emblée que c’est terrible. Les ordres fusent à toute vitesse. Des équipes partent pour le lieu de l’attentat, les autres sécurisent les postes. Chacun sait ce qu’il a à faire. On est sous le choc, mais le professionnalisme l’emporte. La mécanique parachutiste, répétée inlassablement à l’entraînement, montre ses vertus en grandeur réelle. On va faire l’impossible pour sauver les camarades. Malheureusement, beaucoup sont déjà morts, déchiquetés, en lambeaux, que l’on ramasse jour après jour, nuit après nuit. On a entendu certains d’entre eux râler sous les ruines, alors que nous étions impuissants à les dégager des amas de gravats. Ils sont là, pris dans l’étreinte mortelle de l’acier et du béton, ceux pour lesquels nous sommes arrivés trop tard, ceux avec lesquels hier on riait, on plaisantait, on rivalisait. Aucun des paras qui va relever ses camarades en cette semaine d’octobre n’oubliera ces pauvres corps, « tués par personne », nobles et dignes jusque dans la mort, magnifiques soldats équipés et prêts pour le combat, parfois la main crispée sur leur Famas. Sans doute est-ce parce qu’ils ont rejoint les légions de Saint-Michel que leur souvenir semble éternel. Le mythe para en tous cas l’est. Maintenant plus que jamais. Et tous, nous communions alors dans une espèce de rêve étrange et éveillé, où la mort étonnamment proche se mêle inextricablement à la vie, en un jeu dont les règles nous échappent. Un nouveau jalon funèbre est posé après les combats des paras de la Seconde Guerre mondiale et bien sûr ceux des grands anciens d’Indochine et d’Algérie.

 

Le piège fatal

En signe de solidarité avec nos hommes, le Président de la République, François Mitterrand, vient rendre un hommage aux morts le 24 octobre. Les paras savent déjà qu’ils sont pris dans un traquenard monstrueux. Jour après jour, ils sont victimes de nouveaux attentats, dans un secteur totalement incontrôlable, où pullulent les milices, les mafias et les « services ». Personne ne sait réellement qui fait quoi, les informations sont sous influence, rien n’est sûr, tout est mouvant. Sans ordres ni moyens légaux, les paras sont contraints de se battre au quotidien pour assurer la survie de leurs postes et continuer à protéger les populations. Aucun renfort notable n’est envoyé de métropole, hormis une compagnie de courageux volontaires du 1er RCP venus prendre la place de leurs prédécesseurs. En dépit des nombreux morts et blessés qu’ils vont relever dans leurs rangs, les paras ne doivent compter que sur leur savoir-faire, leur calme et leur professionnalisme pour se défendre tout en évitant de répondre aux provocations, refusant parfois de tirer pour préserver les civils. A ce titre, la mission aura certes été remplie, mais nombreux sont les soldats français qui reviendront avec l’amer sentiment d’avoir perdu leurs camarades sans les avoir vengés.

Chacun sait alors que nous vivons un moment unique de notre vie, dont l’intensité et la profondeur nous bouleversent. L’aumônier, le père Lallemand, a le don de savoir parler aux soldats. Que l’on soit croyant pratiquant ou athée, agnostique ou païen, il sait trouver les mots qui apaisent et réconfortent. Paradoxalement, Drakkar ne va pas briser les paras, mais les souder. Les semaines à venir vont être infernales. Et cependant, tous font face avec une abnégation sublime. Le plus humble des parachutistes joue consciencieusement son rôle dans un chaudron où se multiplient les attentats. Bien des nôtres vont encore tomber, assassinés lâchement la plupart du temps. Mais tous accomplissent leur devoir avec fierté et discrétion. Nous recevons des mots et des cadeaux de métropole, comme ces Landais qui nous envoient du foie gras à foison pour Noël, ou encore ces enfants qui nous dédient des dessins touchants. Les paras sont soudés, et même la mort ne peut les séparer.

Dans la nuit du 25 décembre, les postes de Beyrouth-Ouest devenus indéfendables dans la configuration géopolitique de l’époque sont évacués. Fin janvier-début février, les paras  exténués sont rapatriés sur la France. Le contingent de « Marsouins » qui les remplace ne restera pas longtemps. Américains et Italiens quittent le Liban fin février. En mars, le contingent français rembarque, ne laissant sur place que des observateurs.

 

Les enseignements à tirer

Jeune ORSA à l’époque, ayant la volonté de préparer l’EMIA, je décide cependant de quitter l’armée. Cinq années de boxe intensive et à bon niveau m’ont appris qu’un coup encaissé doit toujours être rendu, au centuple si possible. Déphasage. Je ne me sens pas l’âme d’un « soldat de la paix ». Mais les paras vont rester ma vraie famille. Depuis, j’ai fait le tour du monde, connu d’autres aventures. J’ai passé des diplômes, « fait la Sorbonne », créé une entreprise. Mais rien n’a été oublié. Mes chefs d’alors sont devenus des amis. Nous avons eu des patrons magnifiques, Cann, Urwald, Roudeillac, des commandants de compagnie qui étaient des meneurs d’hommes, de vrais pirates pour lesquels on aurait volontiers donné sa vie, des sous-officiers et des soldats avec des gueules sublimes. Tout cela, mon ami le journaliste Frédéric Pons l’a mis en relief avec brio dans son livre « Les Paras sacrifiés » publié en 1993 et réimprimé en 2007 sous le titre « Mourir pour le Liban ». Il faut dire qu’à la différence de bien d’autres, Pons sait de quoi il parle. Ancien ORSA du 8e RPIMa, il a vécu l’une des premières missions de la FINUL au sud-Liban au tout début des années 80.

En novembre 2007,  j’ai été invité à prononcer une courte allocution à Coëtquidan, devant les élèves de l’EMIA qui avaient choisi pour parrain de leur promotion le Lieutenant de La Batie. J’avais connu Antoine quand il était à Henri IV, je l’avais ensuite revu lors de l’entraînement commun à l’aéroport le 21 octobre 1983… puis mort quelques jours après. Ayant quitté l’armée française comme lieutenant, j’ai donc souhaité parler à ces élèves officiers comme un vieux lieutenant à de jeunes lieutenants. Il faut savoir tirer le meilleur de toute expérience, surtout quand elle s’est révélée tragique. Bref, savoir transformer le plomb en or. Il fallait leur dire ce qu’une OPEX comme celle-là nous avait appris concrètement, nous fournissant des enseignements qui nous servent au quotidien dans la guerre économique.

Avec le recul, ce qui demeure certain, c’est que, sans en avoir eu alors une pleine conscience, Beyrouth anticipait le destin de l’Occident. Le terrorisme est devenu une menace permanente, y compris au cœur de notre vieille Europe. Mais en ce temps-là, nous autres, modestes chefs de section, n’étions pas à même d’analyser les basculements géopolitiques en gestation. Plus modestement, Beyrouth nous a révélé la valeur des hommes. Beyrouth nous a enseigné bien des sagesses. Pour ceux qui surent le vivre avec intelligence, Beyrouth fut une épreuve initiatique au sens premier du terme, qui nous a décillé les yeux sur nous-mêmes et sur le monde. Ce que les uns et les autres avons appris dans ce volcan, aucune école de management, aucun diplôme d’université, ne nous l’aurait apporté, ni même l’argent ou les honneurs. Nous avons appris le dépassement de soi pour les autres, la valeur de la camaraderie, la puissance des relations d’homme à homme fondées sur la fidélité, la capacité à transcender sa peur, la reconnaissance mutuelle, l’estime des paras pour leur chef et l’amour fraternel du chef pour ses paras… Des mots qui semblent désuets dans  l’univers qui est le nôtre, mais qui reflètent cependant un ordre supérieur de connaissance des choses de la vie. Cette richesse intérieure acquise, nous en ferons l’hommage discret à tous nos camarades tombés en OPEX le 23 octobre, lorsque, à 6h30 du matin, nous penserons à ceux du Drakkar. Comme nos grands anciens, montera alors de nos lèvres vers le ciel la vieille chanson : « j’avais un camarade… »

*Bruno Racouchot, ancien lieutenant au 6e RPIMa. L’auteur : DEA de Relations internationales et Défense de Paris-Sorbonne, maîtrise de droit et de sciences politiques, Bruno RACOUCHOT, est aujourd’hui le directeur de la société Comes Communication, créée en 1999, spécialisée dans la mise en œuvre de stratégies et communication d’influence.

IN MEMORIAM Drakkar

capitaine Thomas Jacky
capitaine Ospital Guy
lieutenant Dejean de La Bâtie Antoine
sous-lieutenant Rigaud Alain
adjudant Bagnis Antoine
adjudant Moretto Michel
sergent Dalleau Christian
sergent Daube Vincent
sergent Lebris Jean-Pierre
sergent Longle Yves
sergent Ollivier Gilles
caporal chef Bensaidane Djamel
caporal chef Beriot Laurent
caporal chef Carrara Vincent
caporal chef Duthilleul Louis
caporal chef Grelier Xavier
caporal chef Loitron Olivier
caporal chef Margot Franck
caporal chef Seriat Patrice
caporal chef Vieille Hervé
caporal Girardeau Patrice
caporal Hau Jacques
caporal Jacquet Laurent
caporal Lamothe Patrick
caporal Lepretre Dominique
caporal Leroux Olivier
caporal Muzeau Franck
caporal Thorel Laurent
parachutiste de 1ère classe Gasseau Guy
parachutiste de 1ère classe Gautret Remy
parachutiste de 1ère classe Julio François
parachutiste de 1ère classe Pradier Gilles
parachutiste de 1ère classe Tari Patrick
parachutiste de 1ère classe Théophile Sylvestre
parachutiste Bachelerie Yannick
parachutiste Bardine Richard
parachutiste Caland Franck
parachutiste Chaise Jean-François
parachutiste Corvellec Jean
parachutiste Delaitre Jean Yves
parachutiste Deparis Thierry
parachutiste Di-Masso Thierry
parachutiste Durand Hervé
parachutiste Guillemet Romuald
parachutiste Kordec Jacques
parachutiste Lastella Victor
parachutiste Ledru Christian
parachutiste Levaast Patrick
parachutiste Leverger Hervé
parachutiste Meyer Jean-Pierre
parachutiste Porte Pascal
parachutiste Potencier Philippe
parachutiste Raoux François
parachutiste Renaud Raymond
parachutiste Renou Thierry
parachutiste Righi Bernard
parachutiste Schmitt Denis
parachutiste Sendra Jean