Lors de l’édition 2014 de l’exercice Rim of the Pacific [RIMPAC], l’US Marine Corps évalua une mule « robotisée », développée dans le cadre du programme LS3 [pour Legged Squad Support Systems]. Celle-ci, conçue par Boston Dynamics, était munie de quatre jambes afin de lui permettre de transporter des charges lourdes en suivant une section de combat sur des terrains accidentés. Seulement, l’expérience tourna court : cette machine était aussi discrète qu’une tondeuse à gazon… Ce qui, en zone hostile, ne pouvait que poser un énorme problème. L’autonomie d’un tel système pouvait également être un obstacle à son utilisation. Aussi, il fut décidé de passer à autre chose…
Pour autant, l’idée d’utiliser des mules robotisées n’a pas été abandonnée… mais avec des conceptions plus classiques, comme le THeMIS de l’estonien Milrem Robotics ou le Barakuda du français Shark Robotics. De tels engins présentent l’avantage de pouvoir être configurés pour des applications autres que le simple transport d’équipements. En revanche, s’ils sont à l’aise sur des terrains peu escarpés, il en va autrement quand il s’agit d’emprunter des sentiers étroits de montagne.
Aussi, pour patrouiller dans les contreforts de l’Himalaya, l’Indian Army a fait le choix de la simplicité en ayant recours à de [vraies] mules. D’ailleurs, les éleveurs du Poitou font partie de ses fournisseurs. En France, l’armée de Terre a délaissé de tels équidés dans les années 1970… Mais depuis peu, elle redécouvre leur intérêt, comme en témoigne l’expérimentation menée notamment par le 7e Bataillon de chasseurs alpins [BCA] qui, depuis 2020, cherche à se réapproprier des savoir-faire oubliés.
« Les mules permettent d’acheminer du ravitaillement, des munitions, de l’artillerie ou des blessés dans des terrains très difficiles d’accès, type Afghanistan. Les soldats peuvent ainsi se déplacer plus longtemps tout en étant autonomes. En plus c’est un moyen de transport qu’on peut trouver sur place, rustique, donc gage de fiabilité », avait ainsi expliqué le chef de corps du 7e BCA, dans les pages du quotidien « Le Parisien ».
Mais les Troupes de montagne ne sont visiblement pas les seules à s’intéresser aux mulets : la Légion étrangère aussi. En effet, lors d’un exercice dans les environs de Modane, la 4e compagnie du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI, qui relève de la 6e Brigade légère blindée] a été accompagnée par un mulet lors de sa progression en haute montagne. Et durant 72 heures, dans le massif des Bauges et en totale autonomie logistique, elle a été opposée à une section du 7e BCA.
« De jour comme de nuit, la 4e compagnie du 2e REI a été confrontée au milieu exigeant de la haute montagne à Modane. Pendant deux semaines, les légionnaires ont enchainé les obstacles verticaux, les rappels en équipements de passages afin de s’accoutumer au vide », explique le régiment, via Twitter/X. Et d’ajouter : « Le terrain étant impraticable pour les véhicules, la compagnie a imité ses anciens des compagnies montées des contreforts de l’Atlas, en utilisant un mulet pour transporter ses mortiers, particulièrement rustique et passe-partout ».
Selon les explications données par le 7e BCA, qui a sans doute prêté l’une de ses mules au 2e REI, une mule « peut croiser ses pieds et donc aller sur des chemins très étroits en montagne » tout en portant une charge de 120 kg. Et le tout en étant très « sobre » puisque ses besoins alimentaire sont 40% moins élevés que ceux d’un cheval.
En tout, il peut être parfois utile de renouer avec des savoir-faire anciens… En 2008, le Bataillon Multinational Centre de l’Eufor Tchad/RCA avait ainsi eu recours à des chevaux pour ses patrouilles, les déplacements en véhicule ayant été rendus difficiles, si ce n’est impossibles, durant la saison de pluies. Et cela avait également facilité le contact avec la population locale.
À Rodez, la 13e DBLE veut faire valoir son rôle auprès de l’ensemble des Aveyronnais.
Délocaliser pour créer un écho retentissant. C’est ce qu’a souhaité faire la 13e Demi-brigade de légion étrangère (DBLE), avec l’organisation, ce mercredi en soirée, d’une cérémonie officielle de remise de képis blancs place des Ruthènes, puis un concert de la troupe de la légion, à l’amphithéâtre.
Ainsi, les membres d’une section d’engagés volontaires du 4e régiment étranger de Castelnaudary sont officiellement devenus légionnaires à Rodez, honorés par le général de corps d’armée Pascal Facon, commandant de la zone sud de l’armée de terre.
Un lieu qui dénote, la préfecture aveyronnaise ne comptant aucun bataillon de forces armées sur son territoire, mais qui prend tout son sens selon le colonel Thomas Riou, chef de corps de la 13e DBLE. « J’ai à cœur que “la 13” soit l’Aveyron et qu’en retour, les Aveyronnais s’approprient leur régiment. »
L’occasion de se montrer
Installés à La Cavalerie, lui et ses 1 300 hommes ne souhaitent pas que leurs unités aient une résonance seulement autour des grands causses. « Les Aveyronnais nous ont très bien accueillis mais nous avons une visibilité assez faible sur le Ruthénois et encore plus sur l’Aubrac. Un moment comme celui-ci, c’est l’occasion de se montrer ailleurs que dans le Sud-Aveyron », explique le colonel.
Car de l’eau a coulé sous les ponts sur le Larzac. 1971 et les années de lutte sont de l’histoire ancienne ou presque. Si certains continuent de scander Gardarem !, la plupart s’y sont faits et l’économie rouergate en a tiré son épingle du jeu. En atteste le développement express de La Cavalerie, qui inaugurera à la rentrée prochaine son collège.
« Nous tenons à développer l’économie locale, appuie le chef de corps. Nous nous alimentons en circuit court. Quand nous avons des travaux sur le camp, je m’engage à solliciter des entreprises locales. » L’organisation d’événements auprès de populations civiles, comme ce concert à l’amphithéâtre ruthénois, permet également de contribuer à l’intégration des militaires.
C’est en tout cas ce que pense le colonel Riou. « C’est le moyen de toucher un autre public, j’ai cette volonté, en tant que chef de corps, d’ouvrir le régiment à ceux qui souhaitent venir nous rencontrer. » Dans ce sens, la légion tiendra un stand d’exposition à la foire de Rodez, du 8 au 12 juin prochain, au haras, où il sera possible de découvrir l’équipement des troupes.
« Nous ouvrons également les portes du camp ce même week-end, à l’occasion de la commémoration de la bataille de Bir Hakeim, fait d’armes majeur de notre régiment», complète-t-il. Avant d’appuyer sur un dernier point, celui de la protection des populations. « Les armées françaises sont l’émanation de la nation. Les légionnaires servent le pays et en portent ses armes », insiste Thomas Riou.
Renouveler l’expérience
De ce fait il l’assure, en cas de menace sur l’Aveyron, ses hommes pourraient intervenir : « Soit sur ordre de l’état-major soit sur réquisition du préfet, nous pourrions être amenés à défendre la zone, notamment de par notre proximité. » Un cas de figure notamment illustré lors des incendies de Mostuéjouls, l’été dernier.
Les légionnaires avaient été sollicités dans la gestion de crise, avec l’accueil de 112 sinistrés. Tout un tas d’aspects que souhaite rappeler la 13e DBLE, seul régiment militaire du département, avant l’organisation d’événements similaires l’année prochaine, c’est en tout cas ce que souhaite le colonel Riou.
Edouard Elias, photoreporter et parrain de l’expo photos sur les 40 ans du deuxième REI à Nîmes : « La Légion a aidé à ma reconstruction »
Jusqu’au vendredi 2 juin, Edouard Elias entre autres, expose près d’une dizaine de clichés dans la cour de l’hôtel de ville de Nîmes.D.R. – HELENE PAMBRUN
par Camille Salvador – Midi Libre – publié le 22 mai 2023
Le photoreporter Édouard Elias, ex-otage en Syrie originaire du Gard, parcourt le monde pour témoigner par l’image des situations de crise. Né à Nîmes, celui qui a grandi à Uzès est le parrain de l’exposition sur les 40 ans du deuxième REI à Nîmes. Une exposition d’une quarantaine de clichés qui s’ouvre ce mardi 23 mai dans la cour d’honneur de l’hôtel de ville.
Edouard Elias, vous parrainez à Nîmes une exposition sur la Légion étrangère où seront exposés quelques-uns de vos clichés ? Que vont pouvoir admirer les visiteurs ?
Le 2e REI célèbre cette année ses 40 ans de présence dans la ville qui m’a vu naître. A côté du travail d’autres photographes et de l’ECPAD (Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense), les visiteurs vont pouvoir découvrir près d’une dizaine de photographies issues de mon premier reportage avec la Légion étrangère.
C’était en 2014, en République Centrafricaine lors de l’opération SANGARIS et précisément aux côtés des légionnaires du 2e REI de Nîmes !
Comment s’est passée cette expérience immersive aux côtés des militaires? A-t-elle été renouvelée par la suite ?
Ce mois quasi complet passé avec les légionnaires nîmois en opération extérieure a constitué ma toute première expérience en immersion avec l’armée française. Jouissant d’une immense liberté dans mon travail (par comparaison avec les reportages que je peux réaliser dans l’armée aujourd’hui), j’y ai découvert la »vraie » vie du soldat français en guerre : au combat et dans son quotidien, sans fard. Je n’ai donc pas hésité à les dévoiler sous tous les aspects. Parfois fatigués, usés ou même en pleurs lors de situations de très haute intensité. Avec pour seule limite, que je m’étais moi-même fixée : le respect de leur dignité d’être humain.
Concluante, cette expérience a été réitérée l’année suivante à Nîmes. Où, là aussi, durant un mois, pour le Nouvel Observateur, j’ai pu suivre les légionnaires du 2e REI cette fois-ci en entraînement, au régiment et au camp des garrigues.
Qu’avez-vous retenu de ces expériences successives en immersion dans la Légion étrangère ?
Je suis la pire chose pour un militaire : je suis journaliste ! (rires). Et malgré ça, j’ai été intégré de suite au sein de ce corps soudé, uni et mû par des valeurs fortes dont la camaraderie. En tant qu’orphelin, cette solidarité indéfectible entre frères d’armes me touche énormément. Et ce d’autant plus que je me trouvais en immersion avec la Légion, lorsque j’ai appris l’exécution de mon ami le journaliste américain James Foley à Raqqa en Syrie par l’Etat Islamique (le 19 août 2014).
Être réconforté par des hommes qui vivent au quotidien avec le risque de mort et le deuil de leurs compagnons d’armes, a vraiment aidé à ma reconstruction. Aujourd’hui, la Légion étrangère est donc naturellement une institution à laquelle je porte à la fois beaucoup de respect et d’affection.
Comment expliquez-vous votre appétence pour la couverture des situations de crises, et plus particulièrement pour les conflits armés ?
Disons plus tôt que je souhaite être là où se passe l’histoire. Y participer en tant que témoin et observateur c’est déjà très fort ! Surtout lorsque votre métier vous permet de montrer au monde les visages – anonymes ou non – de ceux qui la construisent cette « grande » histoire.
De mi 2013 au printemps 2014, vous avez passé 10 mois en captivité à Alep après avoir été pris en otage avec votre confrère Didier François. Comment se remet-on d’une telle expérience ?
En le décidant ! Dès mon retour en France, j’ai repris mon appareil et continué à faire mon travail, notamment en allant sur les terrains de guerre. D’abord par envie, mais aussi par choix. Je ne voulais pas me dire que l’Etat islamique avait gagné et m’avait retiré cette passion immodérée que je voue à mon travail.
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu est arrivé dimanche soir en Guyane pour présider les obsèques, ce lundi, de l’adjudant Guy Barcarel, sous-officier au sein du 3e Régiment Étranger d’Infanterie (REI) et chef coutumier Teko du village de Camopi.
« Agissant en soutien de la gendarmerie, le sous-officier, piroguier au sein du 3e Régiment étranger d’infanterie (REI), chef coutumier pour les Amérindiens Teko de Camopi et membre du Grand conseil coutumier, était à la recherche d’une pirogue logistique illégale au moment de l’accident », avait indiqué mercredi dans la matinée le Ministère des Armées dans un communiqué. Selon les premiers éléments de l’enquête, « l’embarcation a heurté un arbre alors qu’elle opérait de nuit par une météo défavorable. Sous le choc, le piroguier est tombé».
« Je tiens au nom du gouvernement à avoir une pensée particulière pour sa mémoire, pour sa famille et à adresser (mes) condoléances à l’ensemble des Guyanaises et des Guyanais » avait déclaré vendredi dernier le ministre des Armées aux députés de la commission de la Défense, qui ont rendu hommage au militaire et chef coutumier par une minute de silence.
Le chargement, en vue du déploiement par voie ferrée pour l’Estonie d’une quarantaine de véhicules tactiques, a été effectué lundi à La Rochelle et mercredi à La Valbonne, les trains étant attendus le 16 mars en Estonie.
Cette opération logistique visait à déployer depuis deux sites en France: La Rochelle (photo ci-dessus. Y ont été chargés des Griffon du 126e RI) et La Valbonne (photo ci-dessous), les véhicules de combat et de soutien du nouveau sous groupement tactique interarmes français engagé sur le flanc Est à Tapa, en Estonie, au sein de la mission Lynx. Le dispositif français est intégré au Battle Group de l’Enhanced Forward Presence sous commandement britannique.
En étroite coopération avec la SNCF, ces deux trains militaires rejoindront l’Estonie au terme d’un voyage de 3 000 km).
Pour le nouveau mandat, armé par la 13e Demi-brigade de la Légion étrangère (renforcée par des éléments d’artillerie, du génie et du soutien et par quatre AMX-10RC), le sous groupement tactique interarmes sera doté des moyens « les plus modernes et performants, dont le Véhicule blindé multi-rôle Griffon, qui après avoir démontré ses capacités au Sahel, est déployé en Estonie pour renforcer le dispositif Lynx« , selon l’armée de Terre.
Ce mouvement logistique a été coordonné par le Poste de commandement du Contingent national Terre – Europe continentale (PC NCC – EC National Contingent Command) basé à Lille. Ce poste de commandement est responsable de la Coordination du mouvement logistique assurant ainsi une autonomie de projection de bout en bout en Europe.
Hormis celles du 9e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], implanté à Cayenne, les capacités de combat fluvial ont été quelque peu négligées par les forces françaises depuis la fin de la guerre d’Indochine, la Marine nationale, par exemple, ayant abandonné les siennes. Cela étant, en 2014, l’armée de Terre fit l’acquisition de trois Embarcations fluviales de combat [EFC – ou « Styx »] auprès du constructeur naval Pirenn, au profit du commandement dédié à ses forces spéciales [COMFST].
Pour autant, les opérations menées au Sahel, en particulier autour du fleuve Niger, ont relancé l’intérêt de l’armée de Terre pour le combat en milieu fluvial. En outre, et comme l’avait souligné Bertrand Lemonnier, auteur d’un mémoire sur le « renouveau de la doctrine fluviale dans les armées du XXIe siècle », la maîtrise des fleuves est un enjeu primordial dans la mesure où environ un quart de la population mondiale vit à proximité d’une zone fluviale.
Et d’ajouter que « le réseau fluvial d’une zone en crise est un facteur de stabilisation essentiel qui permet à moyen terme de rétablir un semblant d’activité en l’absence de systèmes de communication viables ».
Aussi, en janvier 2022, dans le cadre d’une réflexion lancée par le le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement [CDEC] de l’armée de Terre, le 6e Régiment du Génie [RG] et le 1er Régiment Étranger de Génie [REG] furent désignée pour mener des expérimentations avec deux types de vedettes.
Ainsi, la 23e Compagnie d’Appui Amphibie et de Franchissement [CAAF] du 6e RG avait évalué une embarcation de type « STYX », issue du MLF » [pour Moyen Léger de Franchissement] tandis que le 1er RG fit le même travail, mais avec une « vedette Littoral »
« L’utilisation de ces nouvelles embarcations servira aux nombreuses missions imparties à la doctrine du combat fluvial. Le contrôle et la reconnaissance de zone, la sécurisation d’un point de franchissement, la mise en place de plongeurs de combat du génie, le transport de personnel et de logistique et l’évacuation de ressortissants ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres », avait alors expliqué le 6e RG.
Depuis, les travaux ont bien avancé… Car, un an plus tard, le chef de corps du 1er REG, le colonel François Perrier, s’est félicité du succès de l’évaluation technico-opérationnelle de l’Embarcation fluviale du génie [EFG], conduite par la Section technique de l’armée de Terre [STAT].
« Les essais conduits par les plongeurs du régiment, appuyés par un groupe de combat ont donné entière satisfaction : puissance, maniabilité, agencement de l’espace intérieur, discrétion sonore et position de l’armement à bord. Avec l’arrivée de trois nouvelles EFG dans les semaines à venir, les entraînements tactiques peuvent débuter», a ensuite précisé le 1er REG, via les réseaux sociaux.
Par ailleurs, la Direction générale de l’armement [DGA] a également communiqué sur ces embarcations fluviales, dont les premiers engagements seront… la coupe du monde de Rugby et les Jeux Olympiques Paris 2024.
« DGA Techniques aéronautiques a réalisé une campagne d’évaluation des risques électromagnétiques sur les postes de radiocommunication qui équiperont les embarcations fluviales utilisées pour sécuriser la coupe du monde de rugby et les JO à Paris », a-t-elle en effet indiqué. Et d’ajouter : « Les mesures et cartographies des champs électromagnétiques sont menées […] sur tous les matériels et systèmes. L’objectif est d’évaluer les risques liés aux rayonnements électromagnétiques sur les systèmes d’armes, munitions, carburant et personnels ».
L’armée de Terre se prépare à envoyer des véhicules Griffon en Estonie dans le cadre de la mission Lynx, contribution française à la présence avancée renforcée (eFP) de l’OTAN. Cette projection prévue pour le printemps 2023 sera conduite par la 13e demi-brigade de Légion étrangère et ses appuis de la 6e brigade légère blindée.
Annoncée début octobre par le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Pierre Schill, la « scorpionisation » de la mission Lynx est attendue pour mars prochain. Une relève confiée au sous-groupement tactique interarmes formé par la Phalange magnifique, qui a perçu ses premiers Griffon en mars 2021, le 1er régiment étranger de cavalerie, le 1er régiment étranger de génie et le 3e régiment d’artillerie de marine.
Ce sera la deuxième fois que l’armée de Terre envoie ses véhicules SCORPION sur un théâtre d’opération extérieure après les 32 Griffon déployés au Sahel à l’été 2021. L’effectif du SGTIA et le nombre de Griffon déployés en Estonie ne sont pas encore connus.
Avec la mission Lynx à l’horizon, la reprise post-fêtes sera particulièrement dense pour ce SGTIA SCORPION. Dès la mi-janvier, direction l’Allemagne et l’exercice interalliés Cabrit Tempest/Talinn Dawn. Conduit sur le camp de Sennelager, cet exercice de mise en condition finale verra des unités alliées, notamment britanniques, parfaire leur interopérabilité dans un cadre OTAN. La France y engagera plus de 200 militaires et 40 véhicules blindés, dont 16 Griffon.
En janvier, les légionnaires et leurs appuis sont également attendus à Mailly-le-Camp pour une rotation au Centre d’entraînement au combat (CENTAC), où plusieurs scénarios les prépareront à l’hypothèse d’engagement majeur.
Ce déploiement en Estonie est une opportunité à saisir pour le député François Cormier-Bouligeon, rapporteur des crédits « préparation et emploi des forces : forces terrestres » pour le projet de loi de finances 2023. Celui-ci, qui s’était rendu en Estonie dans le cadre de ses travaux, estime en effet «intéressant de réfléchir à l’opportunité de déployer un équipement ‘tout Scorpion’ d’ici la fin 2023 (comprenant au-delà des Griffon, des matériels Jaguar et le système SICS) afin de faire de l’Estonie ‘un laboratoire opérationnel’». Pour le système d’information du combat SCORPION (SICS), ce devrait en réalité être le cas au printemps prochain.
Au-delà de l’expérimentation, il aurait pu être question d’en profiter pour muscler la posture française dans les États baltes, à l’instar de ce qui a été fait dernièrement en Roumanie. « En réponse à la demande estonienne de renforcement du nombre d’équipements mobilisés, un peloton de chars Leclerc pourrait également être redéployé à la même période », indiquait le député en octobre.
A plusieurs reprises, ces dernières semaines, j’ai eu l’occasion d’écrire sur le déminage, en particulier en Ukraine. Ils ouvrent la voie, sapeurs légionnaires du 1er REG, un livre (160 pages, 21€) de Victor Ferreira qui vient de sortir chez Mareuil éditions, tombe à pic.
950 légionnaires du 1er régiment étranger de génie (1er REG) sont stationné à Laudun (Gard). Le 1er REG est est le régiment de génie combat de la 6e brigade légère blindée. Il a été créé le 1er juillet 1984.
Ce livre permet de saisir chaque instant de la vie de ces légionnaires du 1er REG, au régiment comme sur le terrain : le réveil, la montée des couleurs, le sport, la consultation à l’infirmerie, le repas, l’entraînement, etc.
Les photographies ont été réalisées sur une même période de quelques mois par le photographe Victor Ferreira mais aussi par les légionnaires sur le terrain. Les différentes missions ou situations dont les photos témoignent se déroulent donc quasi simultanément, que ce soit au quartier, en exercice ou en opération.
Victor Ferreira s’est engagé dans la Légion étrangère en 1984, qu’il a quittée en 2007 en tant qu’adjudant-chef. Aujourd’hui reporter-photographe, Victor est le co-auteur de Légionnaire et Démineur parus chez Mareuil Éditions.
Gard : l’armée déploie un pont flottant pour franchir le Rhône à Laudun
Le support flottant peut transporter jusqu’à trois engins en plus des hommes présents sur les bords. Ici, un griffon et petit véhicule protégée ont franchi le Rhône / Chloé Lopez
Près de 500 militaires de différentes unités de l’armée de terre ont réalisé un franchissement « tactique » du Rhône par moyens génies en zone hostile dans le cadre de l’exercice Rubicon à Laudun-L’ardoise. Un support flottant à deux portières a été utilisé pour transporter les hommes et les véhicules.
Ils étaient environ 500 militaires sur le terrain. Ce lundi 7 novembre, plusieurs unités de l’armée de terre ont pris part aux côtés des hommes du 1er régiment étranger de génie (REG) de Laudun-L’ardoise. Ensemble, ils ont débuté un franchissement « tactique » du Rhône par moyens génies en zone hostile. Cela s’inscrit dans le cadre de l’opération Rubicon.
« On a installé un embarcadère de fortune, raconte le lieutenant-colonel Benoît. On a ensuite mis en place ce que l’on appelle un support flottant à deux portières qui va permettre de transporter les véhicules et les hommes d’un point A à un point B. »Cela ressemble à une grande navette où deux à trois véhicules (selon leur taille) peuvent être transportés. Le trajet entre les deux rives dure une dizaine de minutes.
Près 60 véhicules doivent franchir le Rhône
À l’arrivée, les passagers sont débarqués en premier puis les engins sortent tour à tour. « Le but est vraiment de rester le moins de temps possible parce que ça peut vite devenir dangereux », explique le capitaine Thibault. Au total, entre 50 et 60 véhicules doivent franchir le Rhône. L’opération va durer dans la nuit de lundi 7 à mardi 8 novembre.
Mission accomplie pour les légionnaires du 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) impliqués dans l’exercice Manticore. Durant trois semaines, ceux-ci ont travaillé leur spécialité, le combat dans la profondeur par la 3e dimension, face à un ennemi à parité et dans un contexte d’engagement majeur. Un rendez-vous exigeant au cours duquel certains d’entre eux ont expérimenté de nouveaux outils et modes opératoires générateurs d’effets dans les champs immatériels.
De projection en reprojection
L’espace d’une journée, le ciel au-dessus de Rodez aura vécu au rythme de l’exercice Manticore. Sans le savoir, les habitants de Rodez et des environs ont assisté à une nouvelle phase de cet exercice majeur : le largage de 400 légionnaires du 2e REP et de leurs appuis de la 11e brigade parachutiste. Près de 3000 militaires de la 11e BP, de la 4e brigade d’aérocombat (4e BAC), du Commandement des forces spéciales terre (CFST), du Commandement du renseignement (COMRENS) et d’armées alliées sont sur la brèche depuis mi-septembre pour protéger la Septimanie, pays allié fictif envahi par un ennemi tout aussi fictif, Mercure.
Si le scénario est connu, le format est inédit. Manticore réunit pour la première fois les exercices Baccarat de la 4e BAC, Gorgone du CFST et Acinonyx de la 11e BP au sein d’une seule et grande manœuvre. Un regroupement logique pour des unités qui ont cela de commun d’avoir la profondeur du champ de bataille pour espace naturel. À moins de six mois de l’exercice majeur Orion 2023, le format était idéal pour travailler les savoir-faire 3D en territoire ennemi en format interarmes, interarmées et interalliés.
« Pour la brigade, l’un des axes d’effort était de travailler la reprojection de force », explique le colonel Baptiste Thomas, commandant le 2e REP depuis cet été. Manticore était un rendez-vous important pour le 2e REP, qui y aura engagé un tiers des ses effectifs avec les 1e et 3e compagnies, la compagnie d’appui et la compagnie de commandement et de logistique. Des compagnies restantes, l’une est mobilisée au profit de la mission Sentinelle et une autre est déployée en Nouvelle-Calédonie.
Crédits : 2e REP
Pour le GTIA constitué autour du 2e REP, ce saut sur Rodez représentait la quatrième et dernière phase majeure en 10 jours de combats. Partis de Calvi à la mi-septembre, les légionnaires et leurs appuis ont débuté Manticore par la prise de l’aéroport de Castres. Une opération complexe durant laquelle la brigade aura déployé l’ensemble des ses moyens, dont les matériels du 17e régiment du génie parachutiste, un hôpital rôle 2 et une antenne de chirurgie de sauvetage (ACS).
La zone aéroportuaire de Castres prise et sécurisée, le 2e REP a pu s’en servir pour une première reprojection vers Cahors, où les légionnaires se sont emparés de l’aérodrome et ont détruit les plots ennemis via un poser d’assaut. Un second point d’appui à partir duquel ils ont pu opérer une nouvelle reprojection dans la région ruthénoise, 100 km plus à l’est. Objectif : détruire un PC de brigade puis prendre appui le long de l’Aveyron aux côtés du 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa). Une action précédée de l’infiltration sous voile de commandos parachutistes (GCP), largués en pleine nuit d’un CASA pour s’enfoncer dans le dispositif adverse et renseigner, neutraliser d’éventuelles menaces sol-air et protéger la zone de largage.
Crédits : 2e REP
Et si la sécheresse aura interdit l’usage de munitions d’entraînement, le 2e REP aura participé à renforcer le niveau de réalisme. Jusqu’à mobiliser son GCP pour former de faux partisans locaux aux fondamentaux du combat PROTERRE. Des forces partenaires jouées par le 3e régiment du matériel (3e RMAT), seul régiment de maintenance à vocation parachutiste de l’armée de Terre. Et pour parfaire le tableau, ces partisans s’exprimaient en serbe, le dialogue ne pouvant se faire que par l’entremise d’un « légionnaire traducteur », tandis que le chef de corps du 2e REP simulait une rencontre avec leur commandant.
L’une des particularités de Manticore, c’est sa durée. Celle-ci permet d’appuyer sur le facteur « fatigue », conformément au retour à la rusticité souhaité par l’ex-chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Thierry Burkhard, et poursuivi par son successeur, le général Pierre Schill. «La rusticité, c’est un axe d’effort permanent du régiment. Deux choses y concourent lors de Manticore : la durée et le fait de combattre à pied», souligne le colonel Thomas.
« Un exercice de trois semaines, c’est assez rare et difficile à conduire pour un régiment seul. Ici, le fait d’être durant trois semaines sous les ordres de la brigade est très intéressant et notamment pour notre poste de commandement, qui cette fois a un rôle de joueur et non d’animateur. C’est à la fois passionnant et enrichissant pour un PC qui vient tout juste d’accueillir de nouveaux personnels ».
Un laboratoire pour les opérations PSYOPS
Pour la 11e BP, Manticore était l’occasion de se projeter sur de nouveaux espaces de conflictualité. Derrière les actions de combat, l’exercice est aussi un laboratoire pour progresser sur la question des effets dans les champs immatériels (ECIm) au niveau tactique et dans le cadre d’un engagement majeur. Exemple parmi d’autres, l’usage des fake news est devenu un moyen supplémentaire d’obtenir la supériorité sans recourir à un confrontation directe. La maîtrise de l’espace informationnel est donc devenu un enjeu stratégique pour l’armée de Terre. Sous l’impulsion de son commandant, le général Benoît Desmeulles, la 11e BP a été désignée l’an dernier pour tester l’intégration d’équipes images régimentaires (EIR), rappelle le lieutenant Rodolphe. À la fois officier communication du 2e REP et responsable ECIm, celui-ci gère les équipes PSYOPS et EIR déployées pour Manticore.
La compétence ECIm est nouvelle mais essentielle pour le 2e REP, un régiment dont l’action se déroule généralement au coeur des populations civiles. Sa « Combat Camera Team » (CCT), formée en EIR, rassemble un sergent et deux caporaux autour d’une mission : dégainer caméra et appareil photo pour capter et traiter les images indispensables à la communication opérationnelle. Chaque image devient alors une « arme » potentielle contribuant à contrer la propagande ennemie et à rassurer la population sur les intentions des forces alliées.
La CCT du 2e REP en action lors d’un saut au cours de Manticore Crédits : 2e REP
Ces nouveaux leviers d’influence ont été conjugués avec d’autres plus traditionnels. Les paras ont ainsi réalisé du tractage, un moyen régulièrement mobilisé en opération extérieure. Le groupe PSYOPS du 2e REP a lui eu recours à deux canons à sons prêtés par le Centre Interarmées des Actions sur l’Environnement (CIAE), créé il y a 10 ans à Lyon. L’un, un canon HyperSpike HS-18 sur trépied, produit jusqu’à 156 db et porte à 2000 mètres. Porté à pleine puissance, il est capable de « sonner » un adversaire proche. L’autre, un modèle LRAD-X plus compact et léger, produit 137 db mais dans un rayon réduit à 600 mètres. Et la combinaison de différents outils permet de maximiser les effets. Parmi les nombreux scénarios joués, une alerte invitant la population à éviter un bâtiment miné traité par un élément de fouille opérationnelle spécialisé (FOS) du 17e RGP. La CCT/EIR a ensuite produit des « images preuves » de la pose de mines antipersonnel par l’ennemi.
« En Afghanistan, cela était surtout utilisé pour s’adresser aux foules. Aujourd’hui, on a élargi le champ d’usages», nous explique l’adjudant-chef Festim, 28 ans au 2e REP et rompu depuis quatre ans aux opérations PSYOPS. Grâce à leur banque de sons préenregistrés, ces haut-parleurs participent aussi à désorienter l’adversaire. Le modèle le plus léger peut, par exemple, être installé sur un véhicule. Il permet notamment au groupe de suivre la section de reconnaissance régimentaire (SRR) sur véhicule P4 et de diffuser des sons de véhicules blindés, de chiens ou d’hélicoptères pour « faire croire à l’ennemi que l’on se déplace dans une direction avec beaucoup de monde alors que l’action principale a lieu ailleurs» ou, en cas d’infériorité, pour fausser le rapport de force.
Les canons à sons utilisés par l’équipe PSYOPS du 2e REP durant Manticore
« Et ça marche », estime l’adjudant-chef Festim. « Nous multiplions les preuves d’intérêt pour ce type de matériel depuis deux semaines. Je croise des familles qui sont persuadées que nous avons des chiens, que nous réalisons des manœuvres en hélicoptères sans que ce soit réellement le cas », commente-t-il. « Nous ferons un gros RETEX sur ce qu’il faut améliorer. Pour les PSYOPS, ce sera de travailler sur l’allégement de l’équipement. Pour la CCT, ce sera d’accélérer la remontée d’images tout en garantissant la protection des flux de données », complète le lieutenant Rodolphe.
D’autres outils PSYOPS déployés durant Manticore ne visaient que les forces adverses. C’est le cas du leurrage, une technique ancienne remise au goût du jour par la 11e BP. Un peu partout, ses régiments ont mobilisé leur imagination pour produire un large panel de leurres susceptibles de tromper l’adversaire, du camion GBC 180 camouflé en canon CAESAR aux faux mortiers de 81 mm, en passant par des véhicules légers PVP « VBCI » et un leurre gonflable représentatif d’un char, encore au stade expérimental. Et d’autres solutions conçues grâce à l’impression 3D par le 17e RGP, mais dont la sensibilité interdit d’entrer davantage dans les détails.