L’Europe face aux Etats-Unis : stratégiquement à la traîne

L’Europe face aux États-Unis : stratégiquement à la traîne

par Denis Jacquet (*) – Eprit Surcouf – publié le 15 novembre 2024

https://espritsurcouf.fr/humeurs-43/
*Avocat fiscaliste chez Baker & Mac Kenzie


L’Europe décline. C’est une réalité que seuls les Européens veulent ignorer. Personne ne met un pays Européen dans le top 10 des pays les plus puissants en 2050.  Moins visionnaire que la Chine, investissant infiniment moins que les USA, impuissante sur les évènements internationaux, divisée et sans stratégie, elle n’est pas taillée pour la puissance brutale de Trump et le génie Chinois. Sa classe politique ressemble aux ailes de l’albatros de Baudelaire. Elle ne court plus depuis longtemps et ne parvient même plus à marcher. L’incompétence crasse dénoncée par tous désormais des présidences Macron et le statuquo de l’Allemagne, fait du moteur de l’Europe un pneu crevé. Trump risque de nous asséner le coup de grâce.

USA-EUROPE: « 50 nuances de grey »

« Lorsque je regarde dans le miroir j’ai honte, quand je me compare, c’est pire ». Cette très mauvaise paraphrase peut néanmoins s’appliquer à la perfection quand on compare l’Europe et les USA. Nous avons désormais en ce bas monde, une 2 CV et une Ferrari et aucun mécanicien à l’horizon pour espérer changer le moteur et la carrosserie. Cela fait plus de 15 ans que sur les 10 critères qui permettent de mesurer le droit d’espérer un avenir meilleur, il n’en est pas un seul qui place l’Europe sur l’échiquier mondial à 2050. Dans le top 5, on prévoyait que l’Allemagne parviendrait à conserver sa place, mais désormais le pays de la bière sent le sapin, son leadership industriel fuit de toute part, notamment en Chine qui devient plus innovante et plus spécialisée qu’elle, en version discount.

Pourquoi sommes-nous si mauvais, alors que les Français sont si bons ?

Les raisons sont nombreuses, mais tiennent quand même beaucoup aux inepties politiques qui marquent au fer rouge nos divers pays en Europe. Il n’est plus contestable, ni même politiquement incorrect de dire que le gouvernement Macron aura mené le pays au sommet de l’incompétence. Les chiffres sans cesse aggravés de la dette, à l’insu du plein gré d’un Ministre des Finances pour qui l’économie resta un mystère, suscitent l’incrédulité de tout élève de CAP redoublant. L’Allemagne ne parvient plus à se renouveler et Angela Merkel a été un remarquable outil du maintien du statu quo, certes, mais dans un monde où l’immobilisme n’est plus en marche. L’Italie riche d’un « super Mario » (Mario Draghi) à qui il aura fallu 800 pages et 15 ans pour réaliser que l’Europe avait raté le coche du virage technologique et qu’il fallait appuyer sur l’accélérateur d’urgence. Ce que de modestes entrepreneurs comme nous, disions depuis déjà plus de 10 ans et en 1,5 pages. Bref, notre classe politique est ignorante, celle des USA n’est pas toujours plus brillante, mais l’économie dépend moins d’eux. C’est toute la différence.

Parmi les critères qui expliquent le succès possible d’une nation, il y a de nombreux éléments. L’investissement. La fiscalité. La stabilité juridique. L’indépendance et l’accès aux ressources essentielles. La dette. Les brevets. La recherche…etc..

L’un des plus importants à ce jour, reste l’investissement. La dette est également un critère clé, mais tout dépend de sa composition. Elle est infiniment plus lourde aux USA, mais elle est non seulement composée d’une masse plus critique d’investissements et non un tonneau percé de coûts de fonctionnement insensé comme en France notamment, mais elle est aussi compensée par une fuite en avant positive, alimentée par la croissance. Enfin quand on parle d’avenir, l’indépendance et l’accès aux ressources est essentiel, et sur ce terrain, nous cédons aux BRICS la plus grande partie des ressources mondiales dont l’humanité aura besoin demain pour prospérer et seuls les USA peuvent encore y résister et combattre.

L’investissement tout d’abord. Sur la partie non technologique, il reste à l’Europe de beaux restes. Elle investit encore. Les grandes entreprises, sont de belles machines incrémentales, fondées sur de bonnes vieilles habitudes. On ne change rien, on investit là où l’on a pied et on évite de s’aventurer au-delà. Sur ce point, nous faisons jeu égal avec le reste du monde.

Sur les investissements technologiques, nous sommes 6 fois moins investisseurs que les USA et plus de 3,5 fois moins que la Chine. Par tête d’habitant. La « brillante » Ursula, réélue sur d’autres critères que la compétence, déclarait ainsi à Davos, en février dernier, que nous devions nous emparer du sujet de l’IA. Je parle bien de 2024 !!! La Chine a commencé il y a plus de 12 ans. Macron a annoncé un plan de 500 millions en 2022 ; autant dire de l’argent de poche, quand la 20ème ville chinoise investit, dans le même temps, près de 2,5 milliards. De quoi rire jaune. Nous sommes totalement dépassés sur cette technologie, mais aussi sur le quantique, l’espace, les puces…

En clair, dans la boule de cristal de l’avenir lié à la technologie, aucune sœur Anne ne voit rien venir en Europe !

Et quand il s’agit des ressources nécessaires aux data-centers, aux batteries des véhicules électriques, aux métaux rares de nos téléphones, nous sommes et serons totalement dépendants du reste du monde. JD Sénard, président de Renault, le rappelait encore récemment, en moquant un continent qui veut de l’électrique, mais n’a pas de supply-chain pour se fournir en matériaux nécessaires pour l’alimenter.

La lourde perte d’une assise européenne en Afrique

La calamiteuse politique africaine de ce gouvernement nous a aliéné le Burkina, le Niger, le Gabon. Autant dire le bois, l’uranium, le lithium, l’or et tant d’autres ressources livrées aux Russes. Notre incapacité à vouloir exploiter ce qui constitue une des plus grandes réserves au monde de métaux rares (notamment) qui se trouvent au pied d’un littoral le plus important au monde (grâce au DOM TOM), nous prive de ressources qui nous tendent pourtant les bras.

Les USA l’ont compris. Depuis 2 ans, ils accélèrent en Afrique, pour ne pas la laisser aux mains des Russes et des Chinois. Ces derniers, associés dans les BRICS à l’Arabie Saoudite, la Turquie, le Venezuela, la Russie etc.. sont à la tête de ressources qui feront de l’Europe leurs vassaux dans les 15 années à venir.  A nouveau, seuls les USA ont une politique comparable. La Chine et le Moyen-Orient achètent depuis 10 ans des terres agricoles, l’or vert véritable du futur, et Bill Gates, à lui seul, est devenu l’un des plus gros propriétaires de terres agricoles au monde.

L’offensive américaine is back

L’inflation-Act de Biden, un lourd débit à mettre à son crédit, a attiré tous les plus gros investissements de la terre et permis une réindustrialisation basée sur un prix compétitif de l’énergie, pendant que l’Europe étouffe ses PME (63 000 liquidées en France ces 12 derniers mois), non seulement en les ayant condamné par une politique Covid dont nous réalisons enfin qu’elle était insensée et mortifère, et en leur assénant le coup final par des coûts stratosphériques de l’énergie. Elle est pourtant disponible en telle quantité que nous l’exportons. Une folie, doublée par la duplicité de l’Allemagne de Merkel qui a tout fait pour tuer le nucléaire en France, et continue à voter pour des appels d’offres européens qui sont gagnés par les USA et la Corée contre EDF, et fait rouler ses voitures électriques au charbon. Quand on a des amis comme ceux-là, nul besoin d’ennemis.

L’arrivée de Trump au pouvoir va ouvrir une ére de négociation intense. Menaces de droits de douane accrus, investissements massifs dans la Tech et l’IA sous la houlette et les conseils de Musk, dans l’espace et j’en passe. Comme les Chinois il menacera de taxer ce que nous savons exporter, nos avions, nos alcools, notamment, en échange d’ouverture à ses produits agricoles et autres. Il va accroître le leadership des USA de l’IA, en négociant (comme Biden) un Yalta avec la Chine sur ce point précis, excluant totalement l’Europe pour qui il n’a que peu de considération, surtout pour Macron, lui préférant pour les négociations sur l’Ukraine, Viktor Orban. Naïve, désordonnée et sans vision, l’Europe va être rasée mais pas gratis.

Il faudrait donc que le couple franco-allemand retrouve la lumière, mais elle semble avoir perdu l’accès à l’interrupteur depuis un long moment, et rien n’indique que personne ne soit susceptible de lui en montrer le chemin. Super Mario ? Un homme est bien peu de choses face à la machine à dévorer et enterrer les rapports les plus fins, qui ont pour désavantage de mettre à jour l’incompétence de ce « machin » divisé, naïf, sans stratégie, passionné par l’investissement dans les armes pour l’Ukraine, pour ce qui tue, au lieu de se concentrer sur ce qui donnera la vie demain.

Désormais le numéro de téléphone européen répondra sur la ligne de Viktor Orban, pendant que les autres standardistes, choisis pour leur asservissement (Ursula) ou leurs amitiés particulières (Séjourné), continueront à répondre aux abonnés absents sur les sujets économiques.

Trump pourrait achever une Europe déjà au sol !


(*) Denis Jacquet est diplômé d’HEC (89) et titulaire d’un Maitrise de Droit des Affaires. Il est avocat fiscaliste chez Baker & Mac Kenzie, dirigé par Christine Lagarde.

Il est, depuis l’âge de 25 ans, entrepreneur et a développé plusieurs entreprises qu’il a revendues. Il est désormais fondateur et CEO de Top Cream, un service B2B, sorte de Netflix des meilleures conférences mondiales. Par ailleurs, il est chairman (USA) de la principale ONG Sahélienne, SOS SAHEL, dédiée à l’Afrique sahélienne et son développement économique pour le recul du désert. www.sossahel.org. Il est également l’auteur de livres à succès (Ubérisation : Un Ennemi qui vous veut du bien ? (Dunod) et Pourquoi votre prochain patron sera Chinois (Eyrolles).

Il est chroniqueur chez Atlantico et un habitué de CNews, Europe1, BFM business, RCF…

Son dernier livre, COVID : Début de la Peur, fin d’une démocratie, a été publié, en 2021, aux éditions Eyrolles.

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents


L'Allemagne fait la découverte de l'année dans l'informatique quantique qui va lui donner une longueur d'avance sur ses concurrents
L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

 

Des chercheurs allemands mettent à jour l’entrelacement de la lumière et du son dans le monde quantique.

Les chercheurs de l’Institut Max-Planck pour la Science de la Lumière (MPL) ont mis au point une méthode novatrice permettant d’entrelacer des photons optiques (particules de lumière) avec des phonons (quasi-particules représentant des ondes sonores). Cette réalisation ouvre de nouvelles perspectives pour l’élaboration de systèmes hybrides en communication et en calcul quantique, marquant un tournant potentiel dans la façon dont nous pourrions manipuler et utiliser les informations quantiques.

Les allemands écrivent un nouveau chapitre dans l’histoire de l’entrelacement quantique

L’entrelacement quantique, ce lien étrange qui permet à des particules de rester connectées quelles que soient les distances les séparant, a traditionnellement été réalisé entre des particules de même nature, comme des photons avec des photons. Toutefois, l’innovation de MPL introduit la possibilité d’entrelacer des types de particules fondamentalement différents, une avancée qui pourrait transformer les technologies de l’information quantique.

Mécanisme de l’entrelacement optoacoustique

Le processus proposé par l’équipe du MPL repose sur la diffusion Brillouin, un phénomène où les photons interagissent avec les vibrations des atomes ou molécules dans un matériau, générant des phonons. Cette interaction entraîne un changement de fréquence de la lumière, qui varie en fonction du mouvement des phonons. Contrairement aux systèmes optomécaniques classiques, cette méthode offre une nouvelle façon de coupler la lumière et le son à un niveau fondamental, permettant de créer des paires entrelacées stables, moins sensibles aux fluctuations de température.

Avantages et potentiel de l’entrelacement hybride

L’entrelacement de photons et de phonons présente plusieurs avantages significatifs. D’une part, il est résilient et adapté pour fonctionner à des températures beaucoup plus élevées que celles requises par les méthodes traditionnelles, réduisant ainsi la dépendance à des équipements coûteux et complexes comme les réfrigérateurs à dilution. D’autre part, cette approche hybride ouvre la porte à des applications dans des domaines variés allant de la communication quantique sécurisée à la computation, en passant par la métrologie quantique et la téléportation quantique.

Implications et applications futures

Les capacités de cette nouvelle technique à manipuler et à contrôler les interactions entre la lumière et le son à un niveau quantique ont le potentiel de révolutionner notre compréhension et notre exploitation des propriétés quantiques des matériaux. En particulier, cela pourrait significativement avancer notre capacité à stocker, à traiter et à transmettre des informations de manière plus efficace et plus sécurisée.

Cet article explore les implications profondes de la nouvelle technique d’entrelacement de la lumière et du son via la diffusion Brillouin, en soulignant son potentiel révolutionnaire pour avancer dans la compréhension et l’utilisation des phénomènes quantiques. En connectant des mondes aussi différents que ceux des photons et des phonons, cette percée scientifique ouvre des portes vers des applications innovantes qui pourraient un jour redéfinir notre approche des technologies de l’information et de la communication, tout en renforçant les bases de la télécommunication quantique et du traitement de l’information.

Source : Max Planck Institute

Des dangers de la diplomatie de l’imprévision !

Des dangers de la diplomatie de l’imprévision !

par Jean Daspry* – CF2R – TRIBUNE LIBRE N°163 / novembre 2024

https://cf2r.org/tribune/des-dangers-de-la-diplomatie-de-limprevision/

*Pseudonyme d’un haut fonctionnaire français, docteur en sciences politiques

 

 

©Agence Pappleweb – 2024

La frappe dans la profondeur : un nouvel outil pour la compétition stratégique ?

La frappe dans la profondeur : un nouvel outil pour la compétition stratégique ?

par Héloïse Fayet et Léo Péria-Peigné – Études IFRI –|Date de publication :

Atteindre la profondeur du dispositif ennemi pour l’affaiblir et faciliter l’obtention d’un résultat opérationnel ou stratégique est un objectif majeur des armées. Quels sont les moyens nécessaires pour mener des frappes dans la profondeur dans un double contexte de haute intensité et de renforcement des défenses adverses ?

Des militaires américains et koweïtis mettent en oeuvre des HIMARS et des BM-30 Smerch lors d'un exercice au Koweït en janvier 2019
Des militaires américains et koweïtis mettent en oeuvre des HIMARS et des BM-30 Smerch lors d’un exercice au Koweït en janvier 2019 – US Department of Defense

Un différentiel stratégique

Depuis l’hiver 2023, le blocage du front ukrainien pousse les belligérants à recourir davantage aux frappes dans la profondeur, à la recherche d’un effet militaire devenu impossible à obtenir sur la ligne de front. Aux missiles balistiques et de croisière classiques viennent s’ajouter des modèles de drones ou de munitions guidées de plus en plus variés, capables d’exploiter les failles de la défense adverses et de s’attaquer à différents types d’objectifs à haute valeur ajoutée. Ce recours intensif aux frappes dans la profondeur a entraîné une prise de conscience des nations européennes quant à leur vulnérabilité face à ces menaces et leurs capacités limitées en la matière. Peu utilisés depuis la fin de la guerre froide, les systèmes de frappes en Europe sont en majorité des vecteurs air-sol très performants mais disponibles en petites quantités. Quant aux capacités sol-sol, elles sont souvent réduites à des reliquats de systèmes pour la plupart hérités de la guerre froide.

Élaborée au cours du premier conflit mondial pour surmonter – déjà – le blocage de la ligne de front, la frappe dans la profondeur se développe et se diversifie tout au long du XXe siècle à mesure que se perfectionnent les bombardiers à long rayon d’action, puis les roquettes et missiles à longue portée. Très liée à partir des années 1960 aux enjeux nucléaires, la frappe dans la profondeur conserve cependant une dimension conventionnelle importante. La fin de la guerre froide et l’éloignement de la perspective d’un conflit en haute intensité à parité réduit l’utilisation de ces capacités et contraint une évolution conceptuelle, faute de ligne de front susceptible de déterminer une profondeur à frapper.

Une dissémination sur tous les théâtres de conflits 

L’effort technologique ne s’interrompt pourtant pas, et différents programmes s’attachent à améliorer la vitesse, la précision ou même la furtivité des effecteurs de frappe dans la profondeur. En outre, d’autres théâtres voient se développer d’importants arsenaux en la matière. La Chine travaille ainsi à se doter de capacités susceptibles d’interdire ses approches régionales aux forces américaines, y compris en développant des vecteurs à très longue portée capables de menacer les bases américaines au Japon, aux Philippines voire au-delà. En réaction, les États-Unis, mais aussi des acteurs aux moyens plus réduits comme la Corée du Sud, se dotent et déploient des armes capables de faire peser une menace significative sur le théâtre. Le développement autonome de capacités de frappe à longue portée fait aussi partie intégrante de la stratégie régionale de l’Iran et de ses relais d’influence face à Israël mais aussi vis-à-vis de ses compétiteurs régionaux potentiels.

Après des décennies d’érosion progressive de la régulation internationale de ces moyens de frappe dans la profondeur, l’Europe voit le dispositif russe évoluer à grande vitesse à l’épreuve du terrain ukrainien. Les salves de missiles s’enrichissent de drones à longue portée, démultipliant les profils de vol et complexifiant d’autant la tâche de la défense anti-aérienne des deux camps. Relativement simples à fabriquer et moins coûteux que des missiles de croisière modernes, ces vecteurs sont utilisés par des acteurs non étatiques comme les Houthis et constituent une menace sensible pour les armées européennes dont les défenses actuelles sont d’abord pensées pour des menaces du haut du spectre. Le conflit en Ukraine interroge donc les capacités européennes de frappe dans la profondeur, mais aussi leur défense face à ces menaces.

Quel modèle pour la France ?

La France dispose en la matière de capacités solides, mais peu nombreuses. L’armée de l’Air et de l’Espace ainsi que la Marine nationale peuvent compter sur les missiles de croisière SCALP et MdCN que des programmes en cours doivent compléter par des vecteurs plus performants d’ici la fin de la décennie. Cependant ces munitions ont été acquises en quantités limitées faute de moyens et plusieurs dizaines de SCALP acquis ont en outre été cédées à l’Ukraine. L’armée de Terre, de son côté, ne dispose plus que d’une poignée de lance-roquettes dont le retrait du service doit commencer à partir de 2027. De plus, elle n’est pas dotée des munitions à longue portée présentes dans les inventaires d’autres armées en Europe et ne peut tirer à plus de 80 kilomètres (km). Le conflit en Ukraine ayant souligné le besoin de disposer d’une capacité à plus longue portée pour s’attaquer à un dispositif adverse plus étalé et dispersé au-delà de la portée de l’artillerie-canon standard, le remplacement de ces systèmes doit marquer une montée en gamme à 150 km et plus pour une capacité terrestre française plutôt négligée depuis la fin de la guerre froide, faute de besoin et de budgets.

Développer une capacité de feux terrestres à plus longue portée doit aussi permettre à la France de remplir ses obligations vis-à-vis du dispositif OTAN dans le cadre d’un corps d’armée français complet, d’autant que le développement d’une capacité de frappe dans la très grande profondeur, audelà de 1 000 km est à l’étude dans un cadre européen multinational. Les capacités navales et aériennes bénéficient elles aussi de programmes de développement de vecteurs plus manoeuvrants et rapides ou plus furtifs, menés en coopération avec le Royaume-Uni.

Alors que la compétition internationale se fait de plus en plus agressive et décomplexée, les capacités de frappe dans la profondeur y prennent une part plus importante, contraignant tous les acteurs à s’y intéresser, sous peine d’être mis en situation de vulnérabilité, d’un point de vue offensif comme défensif.


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La frappe dans la profondeur : un nouvel outil pour la compétition stratégique ?

Auteur(s)
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Héloïse FAYET

Héloïse Fayet

Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l’Ifri

Domaines d’expertise : ​

  • Dissuasion nucléaire (doctrines et armements des États dotés)
  • Prolifération nucléaire et balistique
  • Géopolitique et forces armées du Moyen-Orient
  • Stratégie et politique du renseignement

 

 
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Léo Péria-Peigné

Léo Péria-Peigné est chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri où il travaille au sein de l’Observatoire des conflits futurs sur la prospective capacitaire en matière d’armement et sur l’emploi des systèmes d’armes à venir. Il travaille également sur l’emploi d’armement conventionnel en conflit asymétrique, notamment en Afghanistan.

Spécialiste des questions d’industrie de défense et sur la Turquie après un master en relations internationales et intelligence économique à Sciences Po Lille, il a rejoint l’Ifri début 2022 à l’issue de deux années dans le conseil et l’intelligence économique dans le domaine de l’armement et un passage au Commandement des opérations spéciales.

 

Légion étrangère : pourquoi ce célèbre chef étoilé s’est rendu dans la cuisine du régiment de Castelnaudary

Légion étrangère : pourquoi ce célèbre chef étoilé s’est rendu dans la cuisine du régiment de Castelnaudary

Le chef étoilé Thierry Marx s’est rendu à Castelnaudary pour coacher des légionnaires lors de l’épreuve façon « Top Chef » organisée à l’issue de leur formation en restauration.

Le chef Thierry Marx prodiguant ses conseils à des stagiaires attentifs.
Le chef Thierry Marx a prodigué ses conseils à des stagiaires attentifs, dans les cuisines du château des Cheminières. ©4e Régiment étranger

Lundi 11 novembre, le 4e Régiment étranger de Castelnaudary organisait dans l’enceinte de son château des Cheminières, sur le domaine du Quartier Danjou, un repas de gala concocté par de jeunes légionnaires à l’issue de leur formation dans la branche « Restauration, hébergement et loisir ». Une centaine de légionnaires sont ainsi formés chaque année dans ce secteur d’activité pendant huit semaines. Une période qui se clôture par l’organisation d’un repas dont le menu est cuisiné par les stagiaires.

Cette année, pour le grand jour de Mémoire du 11 novembre, c’est le célèbre chef étoilé Thierry Marx qui est venu leur apporter son savoir-faire et ses conseils dans les cuisines exiguës du château des Cheminières. Un moment d’autant plus inoubliable pour les jeunes légionnaires qu’une équipe de M6 est venu le filmer.

Un concours façon « Top chef »

Deux équipes étaient en concurrence, à l’image du concept de l’émission télévisée Top chef dont Thierry Marx a été l’un des membres du jury au moment de son lancement. Ils avaient pour défi de concevoir et réaliser un menu composé de deux entrées, deux plats de résistance et deux desserts, le tout accompagné du vin de Puyloubier produit par les anciens de la Légion.

Le jury était constitué par les 28 convives, civils et militaires. Même s’il n’est pas facile de comprendre l’art de la gastronomie française, pour ces étrangers qui viennent parfois du bout du monde pour servir la France, d’abord comme combattants et ensuite comme spécialistes, les deux équipes de cuisiniers stagiaires ont eu droit aux félicitations du jury.

Les liens forts de Thierry Marx avec l’Armée de terre

Chef cuisinier étoilé et président confédéral de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), Thierry Marx est très attaché à l’armée de Terre puisqu’il a servi comme parachutiste dans l’infanterie de marine. Ce n’est pas la première fois qu’il intervient ou s’investit de la sorte auprès des militaires français. Il a notamment pris l’habitude d’élaborer le menu du dîner caritatif Vulnerati qui permet de récolter des fonds pour les blessés de l’armée de Terre.

Certains iront se perfectionner chez Thierry Marx

Le colonel Montull, chef de corps du 4e Régiment étranger, estimait les « résultats très encourageants, avec une certaine marge de progression », tandis que le chef Thierry Marx faisait part de son expertise et de quelques recommandations.

Chacun saluait le travail d’équipe et la volonté de donner le meilleur de soi-même. Notons que certains de ces jeunes légionnaires auront la chance d’effectuer un stage de perfectionnement dans les cuisines du célèbre chef.

Carte – La portée des missiles ATCMS en territoire russe

Carte – La portée des missiles ATCMS en territoire russe

par Revue Conflits avec AFP – publié le 18 novembre 2024

https://www.revueconflits.com/carte-la-portee-des-missiles-atcms-en-territoire-russe/


Les États-Unis ont autorisé dimanche l’Ukraine à frapper le territoire russe avec les missiles longues portées ATCMS qu’ils lui fournissent. Un changement stratégique qui devrait permettre à l’Ukraine de gagner en profondeur stratégique et de disposer d’un argument supplémentaire en vue des négociations de paix. Volodymyr Zelenski a accueilli la nouvelle avec prudence, même s’il demandait cette possibilité de longue date.

Les ATACMS (Army Tactical Missile System) sont des missiles balistiques sol-sol capables de frapper une cible à plus de 300 kilomètres. Une première salve avait été livrée en octobre 2023, puis une deuxième au printemps 2024, mais les missiles étaient limités à 165 km pour éviter une escalade. Selon des responsables américains cités par le New York Times, « ces armes seront probablement utilisées dans un premier temps contre les troupes russes et nord-coréennes pour défendre les forces ukrainiennes dans la région de Koursk, à l’ouest de la Russie ».

L’armée ukrainienne n’est pas capable seule de tirer ce type de missile. Elle ne dispose pas, par exemple, des capacités de reconnaissance spatiale nécessaires. Le tir doit donc être réalisé avec des spécialistes de l’OTAN, ce qui entraînera une nouvelle escalade.

Carte de l’Ukraine et de la Russie montrant les régions russes à moins de 300 kilomètres des régions ukrainiennes contrôlées par Kiev, soit la portée potentielle des missiles longue portée de l’Ukraine sur le territoire russe / AFP / Valentina BRESCHI

La Guyane est une terre d’enjeux immenses – Entretien avec le général Jean-Christophe Sintive

Entretien avec le général Jean-Christophe Sintive, commandant la Gendarmerie de la Guyane-Française

AASSDN – publié le 14 novembre 2024

https://aassdn.org/amicale/la-guyane-est-une-terre-denjeux-immenses/


Commentaire AASSDN : Compte tenu de sa situation géographique proche de l’équateur, de ses ressources naturelles et de sa superficie importante (1/6e de la Métropole), la Guyane est un atout pour la France.
Mais la très forte immigration étrangère, les trafics et l’insécurité qui atteint des niveaux inconnus en Métropole sont de nature à transformer ce département d’Outre-mer à devenir un boulet pour notre pays, voire une proie pour ses voisins.
Il est donc impératif et urgent de restaurer la sécurité et l’intégrité de ce territoire où opèrent de nombreux clandestins, souvent orpailleurs armés venus du Surinam et du Brésil. La Guyane doit constituer notamment avec Kourou, un pôle d’influence français en Amérique du Sud.

Affecté à la tête de la Gendarmerie de la Guyane Française depuis le 1er août 2022, le général Sintive décrit un territoire dont la beauté n’a d’égale que l’exigence de l’engagement des gendarmes qui y servent.

Avec ses 84 000 km², la superficie de la Guyane est comparable à 1/6e de l’Hexagone, mais ne compte que 300 000 habitants. Seul outre-mer français à ne pas être une île, ce territoire partage plus de 500 kilomètres de frontière avec le Suriname et 700 kilomètres avec le Brésil (plus précisément avec l’État fédéré de l’Amapá), ce qui en fait ainsi la plus grande frontière terrestre de la France, au cœur de l’Amérique du Sud. La Guyane constitue ainsi une porte d’entrée vers l’Europe, qu’il s’agisse de flux licites ou illicites de personnes et de biens.

Recouvert à 94 % de forêt équatoriale, ce territoire présente une biodiversité exceptionnelle. Celle-ci est néanmoins menacée par la déforestation, par l’orpaillage illégal et la pêche illégale. Terre de convoitises, la Guyane dispose de réserves aurifères et halieutiques importantes.

Passionné par ce territoire, le général Jean-Christophe Sintive s’engage quotidiennement aux côtés des gendarmes servant sous ses ordres. « J’adore la Guyane. J’exerce un commandement hors du commun. La gendarmerie est la force qui compte sur ce territoire, elle y fait face à des enjeux immenses. »

De ses débuts en Guyane jusqu’aux fonctions de Commandant de la gendarmerie de la Guyane Française

« Scientifique de formation, j’ai choisi la gendarmerie après ma scolarité à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. À l’issue de la formation à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN, nouvellement Académie militaire de la gendarmerie nationale – AMGN), j’ai rejoint l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 46/2 de Châtellerault, d’abord en tant que commandant d’un peloton blindé, puis à la tête du peloton d’intervention. J’ai participé à plusieurs missions, mais la première s’est déroulée en Guyane, constituant ainsi un véritable marqueur de ma carrière. J’ai également été engagé au Kosovo. J’ai ensuite été affecté à l’École polytechnique en tant qu’instructeur, avant de devenir commandant de la compagnie de gendarmerie départementale de Béziers. Ce temps de commandement s’est révélé particulièrement formateur en raison de l’activité judiciaire soutenue et des nombreux événements d’ordre public. Après un temps à la Direction générale de la gendarmerie nationale et une année de scolarité à l’École de Guerre, j’ai eu l’opportunité d’occuper un poste nouvellement créé au sein de l’Inspection générale de l’administration (IGA), dans le cadre du rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur. Cette affectation m’a permis de disposer d’une compréhension des enjeux interministériels et d’obtenir des diplômes d’audit. Dans la continuité de ce poste, j’ai rejoint l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) afin de participer au développement de l’audit interne en gendarmerie. J’ai ensuite servi au sein du Bureau personnel officier, où j’ai pu appréhender les enjeux de l’Institution en matière de ressources humaines. De 2016 à 2019, j’ai commandé le Groupement de gendarmerie départementale de la Gironde, marqué par des enjeux périurbains et estivaux importants. À ce temps de commandement a succédé une nouvelle scolarité au sein du Centre des hautes études militaires (CHEM) et de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Cette formation m’a permis d’approfondir ma compréhension de la décision interministérielle et des enjeux géopolitiques de la France. À l’issue, j’ai occupé le poste de conseiller sécurité intérieure et défense sécurité auprès du ministre des Armées. En 2022, j’ai été affecté comme Commandant de la gendarmerie de la Guyane Française (COMGEND-GF).

Ce poste est exactement celui que je souhaitais obtenir. Je suis revenu en Guyane 23 ans après y avoir servi. Il s’agit d’un territoire exceptionnel, au sein duquel la gendarmerie joue un rôle majeur. Elle agit en effet sur plus de 99 % de ce territoire et assure la sécurité de 80 % de la population. À cela s’ajoutent les spécificités liées à la Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI), qui est une opération qui n’existe nulle part ailleurs, et à la protection du Centre spatial Guyanais (CSG). Pour ces raisons, commander la gendarmerie de Guyane présente un intérêt particulier. »

L’état de la menace

« La Gendarmerie doit faire face à des enjeux de sécurité extrêmement importants. La Guyane est confrontée à toutes les difficultés de l’Amérique du Sud et à des problématiques migratoires conséquentes. Les populations frontalières immigrent en Guyane en quête d’une vie meilleure. Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant de ce territoire est deux fois supérieur à celui du Brésil et trois fois supérieur à celui du Suriname. La Guyane est marquée par un haut niveau de violence et par une circulation massive d’armes à feu. Les trafiquants de drogue utilisent la Guyane comme porte d’entrée vers l’Europe. Nous enregistrons 35 % des vols à main armée avec arme à feu et 20 % des tentatives d’homicide constatés par la gendarmerie sur le territoire national. Plusieurs phénomènes criminels sont aujourd’hui notables.

Depuis cinq ans, nous faisons face à l’arrivée de factions armées brésiliennes. Il s’agit de groupes criminels organisés qui ont commencé à se constituer dans les années 80 dans les prisons de ce pays. Ils cherchent désormais à s’étendre dans toute l’Amérique du Sud, voire à l’Europe via le Portugal mais aussi la France, en raison de la situation géographique de la Guyane. Les deux principales factions implantées en Guyane sont la FTA (Familia Terror do Amapá) et le Commando rouge. Ces organisations sont rivales, ce qui explique aussi les nombreux règlements de compte que nous constatons.

La Guyane est également victime de l’orpaillage illégal au cœur de la forêt équatoriale. On estime que 5 tonnes d’or ont été extraites illégalement en 2023. Cette année-là, nous avons saisi 61 millions d’euros d’avoirs criminels liés à l’orpaillage illégal. Actuellement, nous avons déjà atteint 76 millions de saisies et destructions. Ces résultats montrent que nous sommes présents et réactifs, mais cela ne suffit pas pour endiguer l’orpaillage illégal, dont la croissance est largement corrélée à l’augmentation du prix de l’or. Les moyens que nous engageons pour lutter contre ce phénomène doivent être proportionnels, pérennes et renouvelés. L’enjeu est de tenir la forêt équatoriale pour éviter qu’elle ne soit dévastée par des délinquants qui n’ont aucune conscience environnementale.

Le CSG constitue également un véritable enjeu de sécurité. La gendarmerie est chargée de la protection du site dans le cadre d’une convention conclue avec le Centre national d’études spatiales (CNES). Une partie des effectifs dédiés est financée par cette agence. À la suite du lancement réussi d’Ariane 6, l’activité du site va s’intensifier dans les prochaines années. L’ambition commune du CNES et de l’Agence spatiale européenne est de pouvoir réaliser jusqu’à trois lancements par mois. La gendarmerie devra s’adapter à cette accélération et monter en puissance.

Nous sommes également confrontés au défi de l’accroissement démographique. La population augmente de 3 % par an et même de 5 % par an dans certaines communes du territoire. La gendarmerie doit être en mesure de suivre cette évolution en adaptant son dispositif territorial. Le plan de création de 239 brigades lancé par le président de la République prévoit l’implantation de quatre nouvelles unités en Guyane. La première d’entre elles, la brigade fluviale de gendarmerie de Saint-Laurent-du-Maroni, a été inaugurée en avril 2024 et est aujourd’hui pleinement opérationnelle. »

Un engagement exigeant

« La gendarmerie a pris en compte le phénomène des factions. En raison de la difficulté à conduire les investigations les concernant, la Section de recherches (S.R.) de Cayenne a été réorganisée. Ses effectifs ont également été augmentés. Alors qu’elle ne comptait que deux divisions en début d’année (une division consacrée aux crimes commis en forêt équatoriale et une division dédiée à ceux commis sur le littoral, c’est-à-dire dans les zones habitées), elle est désormais structurée en quatre divisions (criminalité organisée, criminalité sérielle et complexe, criminalité économique et financière et LCOI). À celles-ci s’ajoute un Groupe appui renseignement (GAR). La division criminalité organisée est spécifiquement chargée de la lutte contre les factions. De nombreuses opérations judiciaires visant les factions ont d’ores et déjà été réalisées afin d’entraver leur développement. Ce travail commence à porter ses fruits.

La LCOI a été organisée autour de l’opération Harpie. Il s’agit d’un dispositif comprenant à la fois un contrôle de zone dans la profondeur, des actions aéroportées d’opportunité et des points de contrôle terrestres et fluviaux en forêt et sur le littoral, afin d’endiguer les flux logistiques. Deux Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) sont normalement consacrés à cette mission en plus des unités de gendarmerie départementale de Guyane, de la Brigade fluviale et nautique de Matoury, de la Section de recherches (S.R.) de Cayenne, de la Section aérienne gendarmerie (SAG) et de l’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (A-GIGN). Cette opération est coordonnée par le Centre de conduite des opérations (CCO). Rattaché au COMGEND-GF, cet état-major dédié à la LCOI est chargé de planifier, d’organiser et de conduire les opérations menées dans ce domaine, en lien avec les Forces armées en Guyane (FAG). Innovant en permanence, la gendarmerie de Guyane a fusionné son J2 CCO (renseignement) avec celui de l’État-major interarmées des FAG, afin de poursuivre l’amélioration du ciblage des opérations.

Notre action sur le terrain s’est toutefois amoindrie ces derniers mois en raison de l’engagement des EGM sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, ainsi qu’en réponse aux crises survenues en Nouvelle-Calédonie et en Martinique. Nous avons tout mis en œuvre pour compenser la diminution du nombre de gendarmes mobiles par un renforcement de l’activité des gendarmes départementaux et leur déploiement en forêt. Cette manœuvre a également permis de former largement les gendarmes départementaux sur une mission fondamentale pour la Guyane. Cet investissement estival multiplie aujourd’hui nos capacités opérationnelles en la matière. »

La coopération au cœur de l’efficacité opérationnelle

« Nous travaillons étroitement avec les FAG, tant dans le cadre de la LCOI, qu’au CSG. Nos actions et nos moyens sont complémentaires. Nous coopérons également avec de nombreux services étatiques, et notamment avec la police nationale, à Cayenne, à Saint-Laurent du Maroni, à Saint-Georges ou encore à l’aéroport. Le Parc amazonien de Guyane (PAG), l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’Office national des forêts constituent également des partenaires quotidiens dans nos missions de protection de l’environnement.

On ne pourrait pas être efficaces si on ne développait pas des relations privilégiées avec les partenaires internationaux. Nous avons renforcé notre coopération avec la Korps Politie Suriname (KPS), en mettant en place des patrouilles conjointes des deux côtés du Maroni, ainsi qu’avec les polices du Brésil, notamment la police fédérale et les polices de l’État de l’Amapá. L’interpellation très récente par la KPS à Paramaribo, d’une équipe de cinq malfaiteurs chevronnés qui avait fui la Guyane et leur remise immédiate à la gendarmerie constituent la démonstration que nous sommes sur la bonne voie.

Structure prévue par une loi française et brésilienne, le Centre de coopération policière (CCP) de Saint-Georges facilite et fluidifie l’échange d’informations judiciaires et policières. »

Une gendarmerie de proximité

« Il est important que la gendarmerie soit un acteur reconnu de la sécurité des Guyanais. Elle doit être appréciée pour son contact, sa proximité et son intégration dans la vie guyanaise. À cette fin, nous avons développé des missions de Police de sécurité du quotidien (PSQ) permettant de nous rendre dans les villages isolés habités par les populations autochtones. Ce dispositif nous permet de mieux les comprendre et de rencontrer des gens qui ne sont pas en mesure de venir jusqu’à nous.

La proximité passe également par un recrutement local. Depuis deux ans, j’ai développé cet objectif au sein de la réserve et des gendarmes adjoints volontaires, grâce notamment à la montée en puissance du centre régional d’instruction. Nous en constatons les premiers résultats avec une augmentation de notre attractivité. À cette fin, nous avons signé un partenariat avec le Régiment du service militaire adapté (RSMA). »

Des gendarmes passionnés

« La Gendarmerie de Guyane peut vraiment compter sur le dynamisme de ses gendarmes. Ils remplissent des missions passionnantes qui ont du sens. La population apprécie leur action. Ses attentes envers eux sont fortes. Les gendarmes qui travaillent ici sont véritablement passionnés. Ils sont confrontés à un engagement majeur, probablement l’un des plus exigeants de leur carrière, mais celui-ci est particulièrement galvanisant.
Dans le même temps, la Guyane est une terre accueillante. La population est avenante et les gendarmes ont développé une véritable solidarité entre eux, ce qui les aide à se sentir bien dans leur vie professionnelle comme personnelle.
Ils ont la chance de servir sur un territoire d’une beauté extraordinaire. La forêt équatoriale présente une biodiversité incroyable. C’est un émerveillement quotidien, tant pour les gendarmes que pour leurs familles. »

Des enjeux d’avenir

« Les enjeux sont énormes et les possibilités le sont tout autant. La Guyane est une terre d’innovation. Nous avons déployé la Starlink sur le territoire. Au regard des résultats satisfaisants de ce système, nous l’avons expérimenté sur un véhicule pendant le Relais de la Flamme Olympique. Ce premier véhicule équipé du système Starlink permet de procéder à des contrôles en mobilité sur tous les axes du territoire, ce qui n’était pas le cas avant. De nombreuses initiatives sont menées, ce qui est pour moi, comme pour les gendarmes, une véritable source de satisfaction.

Capitaine Tristan MAYSOUNAVE

Crédit photo : © GEND/ SIRPAG/ ADC.BOURDEAU

Le 1er Régiment de Hussards Parachutistes a développé une munition antichar téléopérée de courte portée

Le 1er Régiment de Hussards Parachutistes a développé une munition antichar téléopérée de courte portée


Comme le montre la guerre en Ukraine, s’approprier rapidement les innovations les plus pertinentes afin de les décliner ensuite en capacités militaires peut s’avérer crucial pour faire la différence sur le champ de bataille. Le cas de la transformation des drones FPV [First Person View ou pilotage en immersion] en munitions téléopérées [MTO] en est un exemple, leur usage s’étant généralisé au sein des forces ukrainiennes et russes.

Peu coûteux à produire, « consommables » et faciles à piloter, ces engins peuvent être d’une efficacité redoutable, d’autant plus qu’ils sont rapides et difficiles à détecter, sauf à déployer des moyens de lutte antidrone importants, notamment en matière de guerre électronique. Et encore, certains modèles étant désormais filoguidés, de tels dispositifs n’ont pas l’efficacité escomptée pour les contrer.

La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit un effort financier conséquent pour acquérir au moins 1 800 munitions téléopérées au profit de la force opérationnelle terrestre [FOT] avant 2030. Mais encore faudra-t-il qu’elles ne soient pas dépassées au moment de leur mise en service. Ce point a d’ailleurs été soulevé par le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

« L’évolution des munitions téléopérées […] est tellement rapide que la question des stocks n’est pas la seule grille d’analyse pertinente. Il importe d’avoir des industries capables de produire les munitions les plus à jour possible, tant dans leur conception physique que logicielle, en incluant notamment l’intelligence artificielle afin d’offrir des capacités pour résister au brouillage, trouver des cibles ou se repérer grâce à l’analyse des images », a en effet affirmé le CEMAT.

Et d’insister : « Le flux de production doit permettre de s’entraîner et de disposer d’un stock minimum. Il doit surtout permettre de monter en cadence de production en cas de conflit, car constituer des stocks importants préalables ferait courir le risque de posséder des munitions obsolètes. Il s’agit d’une nouvelle modalité d’acquisition des munitions et un des aspects de l’économie de guerre qui nous impose de revoir nos façons de nous entraîner et de distribuer les équipements dans nos armées ».

Cela étant, l’innovation participative peut y répondre. En effet, en s’inspirant des retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine, un adjudant du 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP] a eu l’idée d’une munition téléopérée de courte portée destinée à compléter la trame antichar de son unité, en adaptant d’anciennes grenades à fusil au drone FPV Racer.

« J’ai été impressionné par les capacités du drone FPV Racer. Je me suis dit qu’il pouvait compléter la trame antichar du régiment, avec des caractéristiques permettant de s’intercaler entre l’AT4 [lance-roquettes antichar de 84 mm] et le MMP [Missile Moyenne Portée ou Akeron MP]. Un de mes co-équipiers pratique le FPV Racer sur son temps libre. Nous en avons discuté, nous avons rédigé un cahier des charges et nous nous sommes lancés », explique ce sous-officier, dans les pages du dernier numéro de Terre Mag.

La charge militaire de cette MTO de courte portée repose sur deux anciens modèles de grenades à fusil, à savoir l’AC58 et APAV40. En tir tendu, elles peuvent respectivement perforer 35 et 20 cm d’acier.

Selon l’adjudant du 1er RHP, il s’agit de permettre à son régiment de disposer d’un moyen supplémentaire peu coûteux et pouvant être utilisé rapidement pour détruire des objectifs « durcis ». « L’idée était aussi de pouvoir adapter et modifier la trajectoire quasiment jusqu’à l’impact, sur une portée de 50 à 2 000 mètres, lors d’un vol de 30 minutes », a-t-il ajouté.

Le développement de cette MTO a bénéficié d’une aide apportée par un élève ingénieur, qui a donné des conseils sur la conception, et il a fait l’objet d’un partenariat avec le FabLab de Tarbes [laboratoire de fabrication ouvert]. Partenariat qui a permis de fabriquer plusieurs prototypes.

Le projet porté par le sous-officier est soutenu par la cellule innovation du 1er RHP ainsi que par le Battle Lab Terre et la Section technique de l’armée de Terre. Il est également appuyé par la Direction générale de l’armement [DGA], celle-ci ayant étudié la possibilité d’adapter la grenade AC58 au drone FPV. Des essais de tir « dynamiques » seront prochainement réalisés.

Photo : armée de Terre / illustration

L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ?

L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ?

Dans le monde des blindés lourds, deux titans s’affrontent : le char américain M1 Abrams et l’israélien Merkava IV. Ces mastodontes d’acier, conçus pour dominer le champ de bataille moderne, présentent chacun des caractéristiques uniques. Plongeons dans une analyse comparative de ces deux géants pour déterminer lequel pourrait l’emporter dans un hypothétique duel.

Par Laurène Meghe – armees.com –  Publié le 16 novembre 2024

Abrams Merkava Quel Char Triompherait Affrontement
L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ? – © Armees.com

L’Abrams et le Merkava IV sont tous deux équipés de canons de 120 mm capables de détruire la plupart des chars soviétiques à longue distance. Mais, leurs approches diffèrent sur certains points :

  • Le Merkava peut tirer des missiles antichars depuis son canon principal
  • L’Abrams dispose de munitions à l’uranium appauvri, plus performantes contre les blindages réactifs modernes
  • Le char israélien est doté d’un mortier léger de 60 mm, utile en combat urbain

Ces différences reflètent les priorités stratégiques de chaque nation. Israël se concentre sur la polyvalence en milieu urbain, tandis que les États-Unis privilégient la supériorité face aux blindés adverses.

Mobilité et protection : des philosophies distinctes

En termes de mobilité, l’Abrams a longtemps eu l’avantage avec une vitesse de pointe supérieure à 65 km/h. Le Merkava IV a en revanche rattrapé son retard grâce à un nouveau moteur de 1500 chevaux, atteignant désormais les 64 km/h. L’autonomie du char israélien reste supérieure, avec 500 km contre 425 pour son homologue américain.

Côté protection, le Merkava IV se distingue par son système de protection active Trophy. Ce dispositif révolutionnaire, capable d’intercepter les missiles antichars, a prouvé son efficacité au combat. L’Abrams, bien que doté d’un blindage composite extrêmement résistant, ne dispose pas encore d’un tel système, le rendant plus vulnérable face aux menaces modernes.

Le char israélien intègre également des innovations uniques pour la survie de l’équipage :

  • Moteur placé à l’avant, servant de bouclier supplémentaire
  • Trappe d’évacuation à l’arrière
  • Chaînes à boules pour dévier les roquettes

Ces caractéristiques illustrent l’importance accordée par Israël à la protection de ses soldats, une priorité née des expériences de combat intensif dans des environnements hostiles.

Adaptation aux théâtres d’opérations : polyvalence contre spécialisation

Le Merkava IV excelle dans la défense et le combat urbain, répondant aux besoins spécifiques d’Israël. Sa capacité à transporter des fantassins (jusqu’à 4 soldats) en fait un outil polyvalent sur le champ de bataille. L’Abrams, quant à lui, est conçu pour des opérations offensives rapides sur de longues distances, reflétant la doctrine militaire américaine.

Voici un tableau comparatif résumant les forces de chaque char :

En définitive, déterminer lequel de ces deux titans l’emporterait dans un affrontement direct relève de la spéculation. Chacun excelle dans son domaine et répond aux besoins spécifiques de son armée. Le Merkava IV se distingue par sa survivabilité exceptionnelle et sa polyvalence, tandis que l’Abrams reste une référence en matière de puissance de feu et de mobilité offensive.

L’évolution constante des technologies de blindage et de protection active, comme celle développée par Israël, pourrait bien redéfinir les standards des chars de combat du futur. Les armées du monde entier observent attentivement ces innovations, cherchant à adapter leurs propres véhicules aux défis des conflits modernes.

Guerre en Ukraine. Zelensky compte sur Trump, Kiev remercie la France… le point sur la nuit

Guerre en Ukraine. Zelensky compte sur Trump, Kiev remercie la France… le point sur la nuit

Volodymyr Zelensky estime que « la guerre se terminera plus tôt » avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, mais sans préciser de date pour d’éventuelles négociations. L’armée ukrainienne a remercié Paris pour la formation et l’équipement d’une brigade de l’armée de Terre, assurés par les militaires français. Retour sur les événements qui ont marqué la nuit du vendredi 15 au samedi 16 novembre 2024.

 

Volodymyr Zelensky estime que l'arrivée de Donald Trump permettra une résolution plus rapide de la guerre en Ukraine.
Volodymyr Zelensky estime que l’arrivée de Donald Trump permettra une résolution plus rapide de la guerre en Ukraine. | HANDOUT / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé vendredi 15 novembre 2024 que « la guerre se terminera plus tôt » sous la présidence de Donald Trump, louant ses derniers contacts avec le républicain malgré la crainte d’une baisse du soutien de Washington.

« Il est certain que la guerre se terminera plus tôt avec les politiques de l’équipe qui va maintenant diriger la Maison Blanche. C’est leur approche, leur promesse à leur société », a déclaré M. Zelensky lors d’un entretien avec le média ukrainien Suspilne.

« La guerre se terminera, mais nous n’en connaissons pas la date exacte », a-t-il cependant nuancé.

M. Zelensky a assuré avoir eu une « interaction constructive » avec Donald Trump lors de leur conversation téléphonique après sa victoire à la présidentielle américaine.

Donald Trump « a entendu les bases sur lesquelles nous nous appuyons. Je n’ai rien entendu qui aille à l’encontre de notre position », a-t-il ajouté.

Guerre en Ukraine : faites-vous confiance à Donald Trump pour proposer une issue « juste » ?

Très critique des dizaines de milliards de dollars débloqués pour l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe en février 2022, M. Trump a promis de régler ce conflit « en 24 heures », sans jamais expliquer comment.

Vendredi, il a encore promis de « travailler très dur sur la Russie et l’Ukraine » car « cela doit s’arrêter ».

L’Ukraine craint un affaiblissement du soutien américain, au moment où ses troupes sont en difficulté sur le front, ou qu’un accord impliquant des concessions territoriales à la Russie ne lui soit imposé.

L’Ukraine remercie la France

Sur les réseaux sociaux le ministère ukrainien de la Défense a remercié « sincèrement le peuple français et le ministre de la Défense Sébastien Lecornu pour leur leadership et leur soutien qui renforcent considérablement les capacités de nos forces de défense ».

 

Ce message intervient pour marquer la fin de la formation de militaires ukrainiens, entraînés par l’armée française.

« La première brigade de l’armée de Terre ukrainienne, formée et équipée en France » a terminé sa formation ce vendredi 15 novembre 2024.

Bilan des pertes russes

L’État-Major ukrainien a publié son bilan quotidien des pertes subies par les troupes russes depuis l’invasion du pays le 24 février 2022.

Selon Kiev, 717 590 soldats de Moscou auraient été mis hors d’état de combattre, en étant tués, blessés ou faits prisonniers, soit une hausse de 1 520 soldats en l’espace de vingt-quatre heures.

Les forces du Kremlin auraient également perdu 29 167 citernes et véhicules de ravitaillement (+77). Le décompte fait aussi état de la destruction de 20 492 pièces d’artillerie (+20), 18 968 véhicules blindés (+21) ou encore 18 886 drones (+34), 9 330 chars d’assaut (+11) et 2 641 missiles de croisière (+1).

La publication régulière de ces chiffres, qui n’ont pu être vérifiés, fait partie de la stratégie de communication ukrainienne destinée à saper le moral des troupes de Moscou.

Aide financière norvégienne

Lors de sa visite à Oslo, le ministre de la défense ukrainien, Roustem Oumerov, a conclu un accord avec le Premier ministre Jonas Gahr Støre et le ministre de la Défense Bjørn Arild Gram. LComme l’a fait le Danemark, la Norvège financera directement la production d’armes et d’équipements ukrainiens.

« Cela permettra une fabrication et une livraison plus rapides des armes essentielles pour nos forces de défense », a affirmé Kiev.