Transformation de l’armée de Terre. Que signifie la réorganisation « vers une armée de Terre de combat » ?

Transformation de l’armée de Terre. Que signifie la réorganisation « vers une armée de Terre de combat » ?

En juillet 2023, le général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), a lancé une transformation des forces terrestres françaises intitulée « Vers une armée de Terre de combat ».

Soldat de l'armée de Terre
Soldat de l’armée de Terre – Yann DUPUY/armée de Terre/Défense

Prenant acte de l’avènement d’une « nouvelle ère stratégique » d’une part, et de l’opportunité de consolidation offerte par la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 de l’autre, le CEMAT entend faire évoluer le modèle « Au contact » de 2015 selon trois axes : « la modernisation des équipements, la refonte de l’organisation et l’adaptation du fonctionnement »

À travers cette « plus importante réforme de l’armée de Terre depuis la fin de la conscription  », l’intention du CEMAT est de libérer l’armée de Terre de la norme et des modalités, en plaçant la performance et l’efficacité au cœur de son fonctionnement par un modèle qui favorise la prise d’initiative et la responsabilisation des niveaux subordonnés. Comment cette réorganisation s’incarne-t-elle concrètement après un an de mise en œuvre ?


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Edito Transformation de l’armée de Terre

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Transformation de l’armée de Terre. Que signifie la réorganisation « vers une armée de Terre de combat » ?

Danger de mort pour la minorité alaouite en Syrie

Danger de mort pour la minorité alaouite en Syrie

par Alexandre Goodarzy – Revue Conflits – publié le 21 février 2025

https://www.revueconflits.com/danger-de-mort-pour-la-minorite-alaouite-en-syrie/


La chute de Bachar al-Assad ouvre une période d’incertitude pour la Syrie. De nombreux témoignages font état d’attaques et d’enlèvements contre les alaouites, soutiens de l’ancien régime.

Assad s’est enfui, le tyran est tombé. Al-Joulani est maintenant à la tête d’une Syrie libre. La foule est en liesse, les slogans pro-Assad font désormais les louanges des nouveaux maîtres de Damas. Les vainqueurs ? Des types en treillis avec des patchs de l’État islamique, coiffés d’un bandeau sombre sur lequel on peut lire la shahada (profession de foi des musulmans). Les discours se veulent rassurants, les minorités seront bien sûr respectées. Il arrive que certains journaux accusent de propagandistes pro-Assad ceux qui évoquent le contraire, la plupart du temps, le sujet est tout simplement ignoré. Pas une ligne sur les massacres en cours dans certaines régions et villes de la nouvelle Syrie.

Et comment pourrait-il en être autrement ? Depuis 2011, tous les efforts de guerre sont menés pour faire tomber le tyran. Le mot d’ordre était « Tout sauf Assad ! » Les expériences irakienne, libyenne et avant cela iranienne ne nous auront décidément pas appris grand-chose.

Oppositions communautaires

Pourtant, les faits sont là, malgré les apparences. Dès les premières heures de la Révolution syrienne en 2011, les religieux sunnites braillaient depuis les mégaphones de leur mosquée lors de la prière du vendredi : « Les alaouites au tombeau et les chrétiens à Beirut ! » La semaine suivante ils demandaient d’élargir les tombeaux « pour y jeter aussi les chrétiens ! » Ces décrets religieux n’étaient pas sans fondements, ils venaient rappeler ce que trop de sunnites avaient oublié, mais que les wahhabites, les salafistes et les frères musulmans gardent toujours à l’esprit : la Fatwa d’Ibn Taymiyya (XIIIe siècle). Car si le chrétien avait le choix entre l’exil, le paiement de la jeziya (l’impôt sur les non musulmans) ou la conversion à l’islam, l’hérétique alaouite, lui n’avait que deux options, la conversion ou la mort : « Ils sont de plus grands mécréants que les Juifs et les chrétiens. […]et leur mal envers la Communauté de Mohammad est plus grand que le mal des mécréants qui sont en guerre avec les musulmans ».  Ainsi excommuniés, les alaouites sont désignés comme la cible numéro un du monde musulman. Deux siècles avant Taymiyya, al-Ghazali, sorte de Thomas d’Aquin de l’islam, rajoutait que « c’est un devoir de les tuer ». Au XIXe siècle, une autre fatwa stipulait que les musulmans peuvent prendre les alaouites comme esclaves. Un proverbe sunnite syrien révèle d’ailleurs que : « un alaouite, c’est mieux d’en tuer un que de prier toute la journée ».

Alaouites : une minorité méprisée

C’est la raison pour laquelle, depuis les premières dominations sunnites qui leur imposèrent la charia, en effet, les alaouites durent s’isoler dans les régions rurales jusqu’à la fin de l’Empire ottoman en 1924 pour échapper aux razzias et djihads continuels, au racket des propriétaires sunnites, ou tout simplement à l’ostracisme social et religieux.

Mais leur mal ne s’arrête pas là pour autant. Dans les années 1930 et 1940, on estime qu’un enfant alaouite sur quatre est de père sunnite parce que leur mère était prise comme domestique chez des notables sunnites qui employaient des fillettes alaouites, souvent dès l’âge de huit ans, avant de s’en servir comme maîtresses. Jusqu’à la toute fin des années 1960, les alaouites étaient utilisés comme esclaves par des sunnites.

La prise de pouvoir par Hafez al-Assad en 1970 va certes engendrer une certaine revanche sociale, mais est-ce que les deux millions d’alaouites en ont profité ? Il suffit de se promener dans le gouvernorat de Lattaquie, dans ses innombrables villages côtiers ou montagneux pour comprendre combien ce fantasme est grotesque. Les alaouites sont des gens pauvres, vivant dans de modestes habitats faits de parpaings souvent sans isolation. Ils vivent majoritairement d’agriculture et de pêche. Non seulement ils sont une grande majorité à ne pas avoir joui des privilèges du précédent pouvoir, mais, en plus, il serait complètement absurde de minorer le nombre de sunnites qui ont participé au maintien de ce même pouvoir.

Arrestations et attaques

Aujourd’hui les alaouites payent le prix fort du retour en force des sunnites. Prétendument pour pacifier le pays, des groupes armés et cagoulés procèdent actuellement au désarmement des civils dans tout le pays, mais, curieusement, les sunnites ne sont jamais concernés. Des hameaux peuplés d’alaouites sont désormais fantômes, car les visites sont régulièrement accompagnées d’exécutions où le religieux du groupe désigne qui doit mourir. Hayat Tahrir al Sham arrive chaque fois trop tard en exprimant aux familles défuntes leur regret de ne pas avoir pu intervenir à temps. On se réfugie alors dans les villes les plus proches, comme à Homs ou à Hama, mais, là encore, on tabasse, on humilie les alaouites. Comme « ce sont des chiens » on leur ordonne de se mettre à quatre pattes et d’aboyer. Toujours à Homs, une femme alaouite a été retrouvée les doigts coupés, le corps sans vie, pour avoir protesté contre le port du niqab dans l’université de la ville où elle enseignait depuis plusieurs années. À Damas, à l’hôpital 601, les médecins alaouites ont été renvoyés chez eux pour être remplacés par des sunnites. Au ministère des Finances, les chrétiens sont sommés d’enseigner tout ce qu’ils savent à leurs futurs remplaçants venus d’Idlib. Pourquoi ? « Parce que nous ne voulons plus de chrétiens ici » leur a-t-on répondu sèchement. Ce nouveau gouvernement est en train de remettre toutes les fonctions de l’État aux mains des sunnites et d’en chasser toutes les autres composantes de la société syrienne.

Il convient de rappeler que la haine d’une certaine frange sunnite sur les alaouites n’est pas liée à cinquante-quatre années de dictature. Elle est millénaire. Les Assad avaient apporté un demi-siècle de répit à leur communauté. Ils avaient inversé le rapport de force et permis à leur communauté de ne plus craindre pour leur vie. Mais cette époque est désormais révolue, ils vont à nouveau pouvoir être massacrés sans que cela n’émeuve personne. Les Syriens alaouites peuvent reprendre leur vie de martyr là où ils l’avaient laissée…

Brève histoire des Renseignements généraux (RG)

20/02/2025

https://aassdn.org/amicale/breve-histoire-des-renseignements-generaux-rg/


Les Renseignements généraux (RG) ont joué un rôle clé dans la collecte et l’analyse d’informations sur la vie institutionnelle, économique et sociale en France. Depuis leur origine sous Napoléon Ier jusqu’à leur intégration dans le renseignement territorial moderne, leur mission a évolué au gré des menaces et des enjeux de sécurité nationale. Retour sur l’histoire d’un service central à la fois discret et stratégique.

Avec pour lignes directrices la recherche de renseignement sur la vie institutionnelle, économique et sociale et les phénomènes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public et à la sûreté générale, les Renseignements généraux ont vu leur périmètre d’action et leur organisation fluctuer au fil des temps.

La chute de la monarchie française en 1792 ouvre une période agitée, durant laquelle l’activité de police fait l’objet de nombreuses réorganisations. En février 1800, Bonaparte créé la Préfecture de police de Paris et sa division « Sûreté générale et police secrète », prémices du premier service organisé pour prendre en compte les activités de renseignement en France.  
En 1811, des « commissaires spéciaux [1] » sont attachés à la surveillance de l’opinion, des opérations de commerce, des mouvements des ports, des communications avec l’étranger, des associations politiques et religieuses.

Sous le Second Empire, Napoléon III édicte un décret qui place 30 commissaires spéciaux de police [2] sous la tutelle des préfets et du ministère de l’Intérieur. Outre la répression des infractions de droit commun, ils sont chargés du suivi de l’état de l’opinion publique. En 1861, de nouvelles directives viennent élargir leurs prérogatives, notamment en ce qui concerne la police des ressortissants étrangers et celle des ports et des frontières. Ces commissaires spéciaux constituent la première implantation territoriale durable de l’activité de renseignement.

La structuration progressive des RG

Confrontée aux mouvements anarchistes et aux attentats qu’elle ne parvient pas à endiguer seule, la police française commence à s’engager pleinement dans la coopération internationale, après l’assassinat de l’impératrice d’Autriche en 1898.

En 1907, une vaste réforme de l’organisation policière est engagée par Georges Clémenceau, alors Président du conseil et ministre de l’Intérieur. Ce dernier instaure des brigades régionales mobiles, plus connues sous le nom de « Brigades du Tigre », qui sont principalement chargées de lutter contre le crime organisé.  

En parallèle, il crée une autre brigade en charge de la police judiciaire et des renseignements généraux, placée au sein de la Sûreté générale. Le dispositif est complété, en 1911, par le nouveau service des renseignements généraux de police administrative qui a pour mission de prévenir les troubles à l’ordre public. 
Par ailleurs, le gouvernement encourage le développement à Paris d’un service de renseignement possédant des attributions similaires. Les Renseignements généraux de la préfecture de police (RGPP), ainsi que le service des renseignements généraux et des jeux, sont ainsi créés en 1913.

En avril 1937 sous le Front Populaire, le président du Conseil Léon Blum et le ministre de l’Intérieur Max Dormoy expérimentent une nouvelle Commission interministérielle du renseignement, réunie chaque semaine autour du président du Conseil, pour faciliter l’échange d’informations au plus haut niveau.

L’après-guerre impose de nouvelles missions

Dès novembre 1944, le Général de Gaulle restructure les services de renseignement et de contre-espionnage. Il crée la direction de la surveillance du territoire (DST) et confirme dans leurs missions les Renseignements généraux, placés au sein de la sûreté nationale. Le suivi de la vie politique, économique et sociale, ainsi que la surveillance des hippodromes et des établissements de jeux, leur sont confiés. 

L’appellation historique de « direction centrale des renseignements généraux » (DCRG) apparait en octobre 1968. Peu après, la DCRG intègre la nouvelle direction générale de la police nationale (DGPN) qui succède à la Sûreté nationale.

Au cours des années 70, les RG sont chargés de missions de recherche de renseignement concernant les phénomènes terroristes. Ils contribuent à l’identification des réseaux terroristes et notamment islamistes, en lien étroit avec la direction de la surveillance du territoire (DST) et les renseignements généraux de la préfecture de police (RGPP) à Paris.

Dans les années 90, les RG doivent également faire face aux phénomènes de violence urbaine, aux dérives sectaires ou au hooliganisme, qui ont une incidence sur la sécurité et l’ordre public. Ils s’intéressent aussi aux nouvelles formes de contestation sociale. Ils surveillent les groupements à risque ou les individus susceptibles de se livrer à des actions violentes, prônant des idéologies extrémistes, séparatistes (basques, corses), ou portant atteinte aux principes démocratiques. 
Le suivi de l’activité et du fonctionnement interne des partis politiques lui est retiré.

En dépit des activités et des cultures complémentaires des RG et de la DST, le contexte sécuritaire du début des années 2000 fait apparaître un besoin d’intensification de la coopération entre les services de renseignement du ministère de l’Intérieur. Une refonte des services de renseignement policier est décidée au plus haut niveau en 2007. La DCRG est alors supprimée par le décret n°2008-609 du 27 juin 2008.

Ses attributions sont en partie transférées à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui deviendra l’actuelle DGSI en 2014. À l’inverse, ses missions relatives à la vie institutionnelle, économique et sociale, et aux phénomènes de violence urbaine susceptibles d’intéresser l’ordre public sont confiées à la sous-direction de l’information générale (SDIG) de la DGPN. Ce service forme l’ossature de l’actuel service central du renseignement territorial (SCRT), créé en 2014. Simultanément, l’activité de contrôle des établissements de jeux et de courses est définitivement transférée à la police judiciaire (DCPJ).

[1] Créés par décret impérial du 25 mars 1811
[2] Créés par décret du 22 février 1855

Source : DGSI

KNDS France a officiellement dévoilé le Centurio X-30, un nouveau robot armé d’un canon de 30 mm

KNDS France a officiellement dévoilé le Centurio X-30, un nouveau robot armé d’un canon de 30 mm


Lors de l’édition 2018 du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, KNDS France [Nexter, à l’époque] avait dévoilé l’Optio X20, son premier robot armé. En réalité, il s’agissait d’une mule robotisée THeMIS [fournie par l’estonien Milrem Robotics, ndlr] équipée de la tourelle téléopérée ARX-20 de 20 mm. Ce projet n’eut pas de suite. Ou, du moins, il ne suscita pas l’intérêt de l’armée de Terre.

Puis, cinq ans plus tard, KNDS France s’est associé à SERA Ingénierie, une filiale du groupe SOGECLAIR, afin de former le « champion français de la robotique militaire » et, partant, de développer un robot terrestre à partir de la plateforme « PHOBOS » afin de répondre aux besoins de l’armée de Terre.

« Grâce à une architecture robotique pointue, ce robot remplira des missions dangereuses comme du contreminage en assurant la sécurité de ses opérateurs » tout en « conjuguant au mieux mobilité, ergonomie et faible empreinte logistique », avaient expliqué KNDS France et Sera Ingénierie, lors de l’annonce de leur partenariat.

Partenariat qui a permis de mettre au point le véhicule robotisé Centurio. L’an passé, lors d’essais réalisés au camp de Canjuers, ce dernier avait « démontré sa grande mobilité » sur les terrains difficiles ainsi que ses capacités de « franchissement et de tractage rapide sur de longues distances ». Puis, lors d’EuroSatory 2024, KNDS France a présenté un Centurio doté d’un canon de 20 mm.

Depuis, la gamme s’est enrichie. Le 7 février, la Direction générale de l’armement [DGA] a illustré l’annonce de la notification du contrat-cadre DROIDE à KNDS France et Safran Electronics Defense avec une photographie montrant un Centurio armé.

Dix jours plus tard, KNDS France en a dit plus au sujet de ses projets en la matière. En effet, à l’occasion du salon de l’armement IDEX 25, organisé à Abou Dhabi, l’industriel a officiellement présenté le Centurio X-30, c’est-à-dire un Centurio doté d’une tourelle ARX-30 de 30 mm. « Officiellement » car l’industriel avait déjà communiqué – succinctement – à son sujet via le réseau social X, en octobre dernier.

« Nous sommes fiers de voir notre plateforme Phobos intégrée au Centurio X-30, la dernière innovation en robotique terrestre de KNDS France, dévoilée à IDEX 2025 », a commenté Sogeclair, via le réseau social LinkedIn. « Cette collaboration initiée il y a deux ans aboutit aujourd’hui à une alliance unique entre un système d’arme de pointe et la mobilité exceptionnelle de notre plateforme. Une avancée majeure pour l’innovation en robotique terrestre », a ajouté François Traxel, le directeur commercial du groupe.

De son côté, KNDS France a expliqué que le Centurio X-30 a été conçu pour apporter un « appui-feu lourd aux unités débarquées tout en pouvant être téléopéré ».

Et d’ajouter : « Grâce à ses capacités de mobilité autonomes, Centurio X-30 assiste l’opérateur en s’adaptant aux conditions du terrain. Il permet ainsi de réduire la charge cognitive en phase de faible intensité et d’apporter un soutien précieux à la prise de décision lors des engagements de haute intensité ».

Pouvant atteindre la vitesse de 60 km/h et évoluer sans avoir besoin de signaux de géolocalisation par satellite, le Centurio X-30 est mis en œuvre par un seul opérateur, chargé notamment de l’armement. Ce robot est doté de liaisons suffisamment « robustes » pour ne pas être perturbées par le brouillage électronique.

Photo : KNDS France

La chance de l’Europe pour déjouer la vassalisation de l’Ukraine

La chance de l’Europe pour déjouer la vassalisation de l’Ukraine

Poutine et Trump voudraient vassaliser l’Ukraine sans les Européens.
Mais l’Union détient encore l’une des cartes les plus fortes de la table des négociations.
Si elle tarde trop à la jouer, elle pourrait perdre la partie.Lee Buchheit, l’une des sommités mondiales sur la question des dettes souveraines, formule une proposition simple et claire pour éviter de laisser les Empires se partager la mise.
James Gillray, « The Plumb-pudding in danger; — or — State Epicures taking un Petit Souper », 1805. Domaine public

En 1805, le caricaturiste anglais James Gillray publiait une illustration célèbre intitulée The Plumb-pudding in danger ; — or — State Epicures taking un Petit Souper. Le dessin représente le Premier ministre britannique, William Pitt, et l’Empereur des Français, Napoléon Bonaparte, assis à une table en train de se partager un énorme pudding aux prunes en forme de globe. Le Premier ministre Pitt tient fermement l’hémisphère occidental en place à l’aide d’un trident et se découpe proprement le Nouveau Monde. L’Empereur semble de son côté satisfait de se trancher une part qui comprend toute l’Europe à l’est des îles britanniques.

C’est une caricature devant laquelle aucun Ukrainien, ni d’ailleurs aucun Européen, ne peut rester indifférent en février 2025.

La semaine dernière, le président américain Donald Trump a annoncé qu’il s’était entretenu près d’une heure et demie au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine. Ils ont notamment discuté de la fin de la guerre en Ukraine. À Bruxelles, le même jour, le nouveau secrétaire à la Défense de Donald Trump a publiquement qualifié d’« irréalistes » les principales conditions que l’Ukraine est susceptible de demander dans le cadre d’un règlement négocié du conflit. Il s’agit notamment de la restitution des territoires ukrainiens  occupés par les forces russes et de solides garanties de sécurité, y compris  l’adhésion à l’OTAN, ou du moins la participation active des États-Unis, afin de s’assurer que la Russie ne tente pas de répéter l’expérience une fois que son armée aura eu le temps de se regrouper et de se réarmer. Il est inconcevable que ces évaluations des conditions de paix ukrainiennes « irréalistes » n’aient pas été partagées avec Vladimir Poutine lors d’une conversation téléphonique de 90 minutes.

Il est apparu par la suite que Poutine et Trump prévoyaient de se rencontrer en Arabie Saoudite en l’absence de l’Ukraine et des représentants des alliés européens de Kiev afin de régler les conditions  de l’accord de paix. Après celle entre Marco Rubio et Sergueï Lavrov du 18 février à Ryiad, il y a de fortes probabilités qu’une telle rencontre permettrait aux deux participants de se mettre d’accord. Les chances de parvenir à un « deal » sont généralement meilleures lorsque l’on concède à son adversaire ses principales demandes avant même le début des négociations.

Tout cela rappelle de manière inquiétante la géopolitique du XIXe siècle. De grandes puissances, ou de « grands hommes », s’assoient autour d’une table, au-dessus d’une carte, et se répartissent le stylo à la main les territoires et les sphères d’influence sans tenir compte — ou très peu — de l’avis de ceux qui y habitent.

Pour l’Ukraine, le pire des scénarios, ou du moins l’un des plus mauvais, pourrait se dérouler de la manière suivante :

  • Poutine et Trump conviennent d’un accord prévoyant que la Russie conserve ou étende ses gains territoriaux en Ukraine et laisse le reste d’une Ukraine indépendante sans garantie de sécurité américaine solide. 
  • Les autorités ukrainiennes devraient alors : soit accepter ces conditions sans sourciller ; soit risquer de passer aux yeux de Donald Trump pour des ingrats. Or dans le deuxième cas, la sanction pour avoir rejeté un accord négocié par Donald Trump lui-même risquerait tout simplement de se traduire par la fin du soutien financier américain. 

Cela poserait deux problèmes aux alliés européens de l’Ukraine :

  • Tout d’abord, sont-ils prêts sans la participation des États-Unis à fournir à l’Ukraine des garanties de sécurité qui, si elles étaient déclenchées, risqueraient de faire de faire d’eux des co-belligérants dans une guerre avec le deuxième plus grand arsenal nucléaire du monde ?
  • Deuxièmement, sont-ils  prêts à fournir à l’Ukraine, là encore sans l’appui de Washington, les fonds nécessaires pour continuer à résister à l’invasion russe  plutôt que de capituler devant un règlement défavorable du conflit ?

Bien sûr, les événements pourraient ne pas se dérouler de cette façon.

Poutine pourrait se présenter à la table des négociations en Arabie saoudite avec des exigences supplémentaires — telles que le  retrait de toutes les troupes de l’OTAN d’Europe de l’Est — que même Trump  aurait du mal à accepter. Autre possibilité : le contrecoup politique aux États-Unis de l’abandon d’un allié américain « aussi longtemps qu’il le faudra » pourrait devenir trop  inconfortable, même sous cette administration. 

Cela étant dit, les événements pourraient tout aussi bien se dérouler de cette façon.

Face à ces changements spectaculaires de la politique américaine, les alliés de l’Ukraine ne peuvent pas rester comme des lapins paralysés par la lumière des phares. Une mesure pourrait être prise rapidement pour atténuer la menace américaine d’un retrait du soutien financier si l’Ukraine ne se soumettait pas à des conditions de règlement inacceptables : utiliser les actifs russes gelés depuis 2022 pour soutenir une ligne de crédit au bénéfice de Kiev. Une proposition allant dans ce sens, baptisée « prêt en réparation », a été lancée l’année dernière 1.

Le mécanisme juridique qui la sous-tend est d’une grande simplicité. Les pays détenant des actifs russes gelés prêteraient jusqu’à 300 milliards de dollars à l’Ukraine, garantis par l’engagement de Kiev à réclamer des dommages et intérêts à la Russie pour les dommages causés par l’invasion. Cette demande, en droit, est indubitable. Cela placerait ces  pays dans une position où ils ont une créance sur la Russie (la demande en  réparation héritée de l’Ukraine) correspondant exactement à leur dette envers la Russie  (les avoirs gelés), l’équilibre de ce mécanisme reposant sur la compensation des créances réciproques.

Pour les alliés de l’Ukraine, cette option présenterait les avantages suivants : 

  • Le maintien du financement de l’Ukraine serait assuré même en cas de retrait du soutien américain.
  • Ce financement ne proviendrait pas des contribuables des pays alliés mais, indirectement, des contribuables russes.
  • Dotée d’une source de financement sûre, non soumise aux caprices des politiciens américains, l’Ukraine retrouverait un poids considérable dans le processus de paix. Les inquiétudes qui semblent avoir provoqué une paralysie de la part des pays européens détenant les avoirs gelés — de vagues préoccupations concernant le droit international et les dommages potentiels à la réputation de l’Union en tant que garant de la sécurité des avoirs d’États étrangers — semblent dérisoires par rapport au risque qu’un pays européen soit contraint de céder à la fois son territoire et son indépendance politique à un voisin détenteur de l’arme nucléaire.
  • Les alliés de l’Ukraine détiendraient un privilège sur les actifs gelés de la Russie et une garantie sur la demande de réparation de l’Ukraine contre la Russie. En d’autres termes : la mise en place d’un tel mécanisme garantirait que personne à la table des négociations ne puisse céder sur les actifs ou la demande de réparation sans le consentement de ces pays.
  • Enfin, cela démontrerait que l’Europe a encore en main des cartes très fortes — et qu’elle est prête à les jouer.

Sources
  1. Hugo Dixon, Lee Buchheit et Daleep Singh, Ukrainian Reparation Loan : How it Would Work, 20 février 2024. SSRN : https://ssrn.com/abstract=4733340

 

Le pacte des flous – Quelles garanties de sécurité pour l’Ukraine ? par Michel Goya

Le pacte des flous – Quelles garanties de sécurité pour l’Ukraine ?


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pacte des flous – Quelles garanties de sécurité pour l’Ukraine ?


En bon homme d’affaires qu’il croit être, y compris quand elles sont étrangères, Donald Trump considère le produit Ukraine comme peu rentable au sein d’un marché, l’Europe, peu porteur. On appelle cela un « poids mort » dans la vieille matrice du Boston Consulting Group, et le conseil est de s’en débarrasser au plus vite pour pouvoir mieux se concentrer sur des marchés plus profitables, comme le Moyen-Orient (qui serait classé comme « dilemme » par le BCG) et surtout l’Asie (« vedette »). Les Américains réduisent donc leurs parts au sein de l’OTAN, tout en conservant une position de contrôle et en obligeant les associés européens à payer plus, notamment pour acheter américain (le BCG parlerait dans ce cas de « vache à lait »), et vendent l’Ukraine à la Russie.

Chacun essaie donc de monnayer le maximum au sein de ce grand marchandage imposé. Du côté ukrainien, où l’on s’efforce de montrer que le poids mort est bien vivant, un des objectifs principaux est d’échanger l’acceptation d’un arrêt des combats, plus ou moins sur les positions actuelles, contre des garanties de sécurité. L’expression « garanties de sécurité » est une manière diplomatique de dire « dissuasion », et « dissuasion » est synonyme de « faire peur ». L’objectif final de l’Ukraine est donc d’avoir un dispositif militaire national et/ou intégré dans une forme d’alliance suffisamment fort pour persuader la Russie qu’une nouvelle offensive de sa part aboutirait à un désastre pour elle.

La première garantie de sécurité d’un État est sa propre armée. L’armée ukrainienne est déjà la plus importante d’Europe, et on l’a vue suffisamment forte pour tenir tête à celle de la Russie, à défaut de pouvoir libérer les territoires occupés. Le problème est qu’au contraire de la Russie, qui n’a que modérément mobilisé la nation, l’Ukraine ne peut maintenir après-guerre son énorme effort et sera obligée de réduire ses capacités militaires. Autrement dit, le rapport de forces militaires relativement équilibré actuellement basculera forcément à nouveau en faveur de la Russie, avec tous les risques que cela comporte pour l’Ukraine ou d’ailleurs les autres nations du voisinage.

Il faut donc trouver quelque chose qui puisse compenser ce futur rapport de forces défavorable. Cela pourrait être l’arme nucléaire, comme Volodymyr Zelensky l’a déjà évoqué. Ce n’est pas impossible techniquement, mais les risques politiques seraient énormes. Il y a peu de chances que la communauté internationale accepte un tel projet, et encore moins, bien sûr, la Russie qui saisirait immédiatement cette occasion pour reprendre la guerre. Il faut trouver autre chose.

L’« autre chose » privilégié par Kiev est l’adhésion à l’OTAN afin de bénéficier de l’article 5 de la charte de l’Alliance atlantique, engageant ses membres à la solidarité en cas d’agression d’un des leurs, et dans l’immédiat d’une structure militaire spécifique de commandement, d’exercices et de plans communs, de procédures d’interopérabilité, etc. Ce n’est pas forcément si protecteur que cela quand on regarde de près, mais c’est déjà beaucoup mieux que les déclarations d’intentions fumeuses du mémorandum de Budapest de 1994. L’Ukraine, suffisamment bonne élève pour s’être engagée massivement en Irak aux côtés des Américains de 2003 à 2008, souhaite intégrer l’OTAN depuis vingt ans. La question a été évoquée au sommet de l’Alliance atlantique à Bucarest en 2008 pour décider de la mettre en veilleuse, ce qui a eu le don à la fois de décevoir Kiev et d’effrayer les paranoïaques de Moscou qui ont décidé d’être plus offensifs, en Géorgie d’abord et en Ukraine ensuite. L’Ukraine a déposé une demande formelle d’adhésion à l’alliance le 30 septembre 2022, et le sujet a été abordé à l’été 2023, avec un nouveau renvoi aux calendes grecques de la part de Joe Biden. Dans l’immédiat, Trump, qui n’a probablement jamais entendu parler des calendes grecques, veut un accord de paix et sait que l’idée d’une adhésion à l’OTAN l’exclurait totalement. À défaut, l’Ukraine pourrait se tourner vers l’Union européenne, qui est également en droit une alliance militaire puisque l’article 42 du traité de l’Union impose à ses membres une assistance plus contraignante que l’article 5 de l’Alliance atlantique. Dans les faits, personne n’est dupe sur la valeur d’un tel engagement, mais la perspective d’une entrée dans l’UE est à peine moins incertaine que celle d’une adhésion à l’OTAN.

À défaut d’alliance, l’administration Trump a proposé un lot de consolation à Volodymyr Zelensky sous la forme du déploiement d’une force en Ukraine, sans troupes américaines et sans bannière de l’OTAN, et surtout sans mission claire, comme s’il s’agissait d’une fin en soi. Dans les faits, soit cette force est destinée simplement à observer les choses en excluant toute idée de combat – comme une force des Nations Unies sous casques bleus – soit elle est destinée à combattre en cas d’attaque russe.

Le premier cas n’apporterait évidemment pas plus de garantie de sécurité pour les Ukrainiens que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) après les accords de Minsk. Son seul intérêt est qu’une force impuissante, oxymore, serait acceptable pour la Russie et qu’elle permettrait à l’Ukraine de sauver un peu la face à défaut de toute autre solution. Cela permettrait également aux nations qui veulent montrer qu’elles font quelque chose « pour la paix » mais sans prendre de risques, de montrer le drapeau et éventuellement, en cas de missions des Nations Unies, de gagner de l’argent. Peu importe au passage le volume de cette force, de 0 à 200 000, puisqu’elle ne servirait à rien, sauf peut-être à mettre dans l’embarras la Chine si par extraordinaire elle décidait d’y participer.

Le second cas est évidemment beaucoup plus utile pour les Ukrainiens mais aussi, forcément, plus problématique pour tous les autres. Concrètement, il s’agirait, a priori pour les seules nations européennes, de déployer des unités de combat le long de la ligne de cessez-le-feu afin de combattre aux côtés des forces ukrainiennes en cas de nouvelle invasion.

S’il y a des moyens disponibles et une volonté, les principaux pays européens pourraient déployer chacun une brigade de 3 à 5 000 hommes renforcés de bataillons de plus petites nations. Au total, si tout le monde était d’accord, on pourrait avoir au grand maximum 40 à 50 000 soldats européens (c’était le volume des forces européennes déployées en Afghanistan) au sein d’unités de combat solides et bien équipées. Dans les faits, tout le monde ne sera pas d’accord à prendre des risques, et si on parvenait à déployer un corps d’armée de 20 000 combattants européens et canadiens, et peut-être même australiens par solidarité historique avec le Royaume-Uni, ce serait déjà extraordinaire. C’est assez peu quand on compare avec le volume des armées russe et ukrainienne qui s’affrontent actuellement, mais suffisant quand même pour résister en attendant des renforts, notamment aériens. Ces brigades serviraient en fait surtout de forces « détonateurs », à l’instar par exemple des bataillons multinationaux déployés dans les pays baltes. S’attaquer à elles entraînerait automatiquement les pays européens fournisseurs dans la guerre, ce qui poserait un énorme dilemme à la Russie. Bien entendu, l’Ukraine serait ravie d’une telle perspective, alors que la Russie ne voudra jamais en entendre parler, continuerait le combat si on en parlait quand même, et activerait tous ses relais d’influence pour la combattre « au nom de la paix ». Ce n’est pas la peine d’envahir l’Ukraine pour l’empêcher de rejoindre une alliance militaire, si des brigades de cette même alliance – même sans bannière – viennent en Ukraine pour la défendre. Si la Russie s’y oppose, les États-Unis s’y opposeront aussi.

Résumons : si une force étrangère doit être déployée un jour en Ukraine, elle ne sera en rien dissuasive face à la Russie et ne servira donc à pas grand-chose, sinon à offrir un « lâche soulagement » à certains et peut-être prodiguer un peu d’aide humanitaire.

Que faire alors ? Outre la continuation de l’aide à l’Ukraine et à son armée sous forme de coopération, les États qui restent encore pour aider vraiment les Ukrainiens n’ont pas d’autres solutions que de proposer une alliance de fait et à distance. Concrètement, il s’agirait d’utiliser les forces aéroterrestres présentes en Pologne et en Roumanie comme force d’action préventive en cas de crise semblable à celle de l’hiver 2021-2022. Dissuader, ce n’est pas simplement déployer des moyens, mais aussi persuader que l’on va les utiliser. Il faudra donc expliquer à tous qu’en cas de nouvelles tensions avec la Russie, comme à l’hiver 2021-2022, et sur la demande du gouvernement ukrainien, cette force serait engagée avec certitude et en quelques jours pour protéger le ciel ukrainien, renforcer les forces terrestres ukrainiennes et placer la Russie devant le fait accompli et le dilemme de l’escalade. Cela demandera quand même quelques moyens supplémentaires, si possible autonomes des Américains peu fiables, une approbation manifeste des opinions publiques, et un peu de courage politique. Pour paraphraser une réplique de La grande vadrouille, c’est surtout là qu’est l’os, hélas.

L’ex-aviso Premier maître L’Her a été coulé par une torpille F21 lancée par un sous-marin nucléaire d’attaque

L’ex-aviso Premier maître L’Her a été coulé par une torpille F21 lancée par un sous-marin nucléaire d’attaque


Non, ce n’est pas un exercice qui a dérapé.

Une image vaut mille mots. Et pour démontrer le pouvoir destructeur d’une arme, il faut parfois l’utiliser. C’est exactement ce qu’a fait la Marine nationale le 14 décembre 2024. En effet, pour tester une nouvelle torpille, la branche navale de l’armée française a tout simplement détruit l’un de ses navires, le Premier maître L’Her… retiré du service depuis le mois de juin 2024. 

Les images impressionnantes de l’explosion

C’est sur les réseaux sociaux que la Marine nationale a posté les images de la destruction de l’aviso, un navire patrouilleur de haute-mer, Premier maître L’Her ou PM L’Her. 

Sur celle-ci filmée depuis le ciel on peut donc observer le navire être touché sur le flanc par une torpille F21 et être envoyé par le fond après avoir été coupé en deux. Forcément, vous vous en doutez, personne ne se trouvait à bord du navire de guerre de 1200 tonnes envoyé par le fond pour l’exercice. 

La Marine nationale a même précisé sur Facebook que la coque du PM L’Her avait été dépolluée pour l’occasion.

Qu’est-ce que la torpille F21 ? 

Au-delà de tester son matériel en “conditions réelles”, la Marine nationale souhaite sûrement montrer aux autres puissances qu’elle a de quoi envoyer, très facilement, des navires de guerre par le fond depuis ses sous-marins nucléaires d’attaque (SNA). 

En effet, la torpille F21 vise à être équipée sur les SNA des classes Suffren et Rubis ainsi que les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et ses capacités font froid dans le dos. 

Longue de 6 mètres, elle est équipée d’un système d’autoguidage fonctionnant grâce au son qui peut donc lui permettre de prendre en chasse une cible sur une portée maximale de 27 nautiques (50 km). 

Silencieuse, la torpille F21 peut également être guidée depuis le sous-marin qui l’a lancé et peut filer sous l’eau à 50 nœuds (93 km/h). Bref, la Marine nationale a mis la main sur une arme destructrice. 

La Marine nationale va sûrement prévoir d’autres exercices

Pour continuer d’attester de ses capacités en matière de production d’un armement capable de freiner de possibles velléités ennemies, la Marine nationale va sûrement organiser d’autres tirs de sa torpille F21 en conditions réelles. 

C’est en tout cas ce qu’a annoncé le ministère des Armées le 18 décembre 2024. “Compte tenu du durcissement du contexte international et de la mise en service de munitions complexes de dernière génération, il apparaît aujourd’hui pertinent et possible de recourir de nouveau, de manière ponctuelle, à de telles expérimentations d’armes en mer.

Attendez-vous donc à possiblement voir d’autres navires retirés du service se prendre de plein fouet des tirs de torpilles F21 par les engins de la Marine nationale. 

Source : Ministère des Armées

JD Vance accuse l’UE de bâillonner les opinions qui dérangent les élites

JD Vance accuse l’UE de bâillonner les opinions qui dérangent les élites

Mandatory Credit: Photo by dts News Agency Germany/Shutterstock (15150588as)
Munich Security Conference 2025: James David « JD » Vance, Vice President of the United States, delivers a speech
Munich Security Conference 2025, Hotel Bayerischer Hof, Germany – 14 Feb 2025/shutterstock

par Samuele Furfari – Revue Conflits – publié le 18 février 2025

https://www.revueconflits.com/jd-vance-accuse-lue-de-baillonner-les-opinions-qui-derangent-les-elites/


JD. Vance, le vice-président des États-Unis, lors de la conférence de Munich sur la sécurité, a vivement critiqué l’élite européenne, visiblement mal préparée à entendre ses propres contradictions. Cette dernière est habituée depuis des années à ne rencontrer aucune opposition. Vance a osé exprimer publiquement ce que les exclus des médias et de l’élite affirment également depuis longtemps, mais pour lesquels ils sont marginalisés et tournés en dérision. Ce n’est pas étonnant qu’il y ait eu très peu d’applaudissements.

Dernier livre paru de Samuel Furfari : Dernier livre « Énergie, mensonges d’état. La destruction organisée de la compétitivité de l’UE » | L’artilleur

Vance à Munich, un discours qui dérange

On a pu presque entendre en fond sonore la célèbre chanson de Guy Béart, « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté », tant la réaction outrée des dirigeants européens illustre à merveille ce refrain. Vance, en fidèle shérif adjoint du « nouveau shérif en ville » comme il a nommé Trump, est venu faire la leçon aux Européens. Force est de constater que les habitués du cercle Bruxelles-Strasbourg n’ont pas apprécié que la tornade Vance, avec un discours calme et, argumenté, sans aucune note tant il maîtrise son sujet, ait évoqué sans détour les attentats liés à une immigration mal maîtrisée, les restrictions à la liberté d’expression au nom de la lutte contre la « désinformation », l’énergie chère, et même les velléités d’annulation d’élections qui ne conviendraient pas à certains. Toutes ces choses, les médias non subventionnés les dénoncent, mais elles restent inaudibles pour la prétendue élite.

L’ironie de la situation n’échappe à personne. L’irritation des dirigeants européens, telle celle d’Olaf Scholz et de Boris Pistorius (le ministre allemand de la Défense ayant utilisé deux fois le mot « inacceptable »), confirme le diagnostic de Vance. À son appel à laisser libre cours à la parole, ils ont répondu qu’il n’avait pas le droit de dire cela. Pendant que l’UE se drape dans sa vertu prétendument morale et ses valeurs supposément inébranlables, mais dont une grande part de la population européenne ne supporte plus, la tornade Vance a eu l’audace de pointer du doigt les failles béantes dans leur discours.

Le réveil brutal : les critiques de Vance à l’égard de l’UE

L’establishment européen, pris de court par la tornade Trump-Vance, se retrouve dans la position inconfortable de devoir justifier l’injustifiable. Habitués à prêcher la bonne parole à des auditoires et médias acquis, ils se sont retrouvés déstabilisés et humiliés par un discours qui brise leurs codes et remet en question leur narratif bien huilé. Ils ne pouvaient que le rejeter.

Peut-être est-il temps pour l’Europe de descendre de son piédestal moral et d’écouter réellement les critiques, aussi dérangeantes soient-elles. Car comme le suggère la chanson de Béart, tenter d’exécuter le messager ne fera pas disparaître le message pour autant.

La liberté d’expression en question : exemples de censure en UE

Malgré les déclarations de Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, qui a réagi au discours de Munich en affirmant que « la liberté d’expression est garantie en UE », la réalité montre une tout autre image. Autrefois considérée comme un pilier de la liberté d’expression, l’UE emprunte désormais une voie qui soulève des questions quant à sa gestion de l’information et de la liberté d’expression.

Prenons l’exemple de la RTBF, la chaîne de télévision publique belge qui s’est permis de diffuser le discours d’investiture de Donald Trump en « léger » différé le 20 janvier 2025. Sous prétexte de « prendre le temps de l’analyse », la chaîne s’est arrogé le droit de filtrer les propos du président américain, instaurant de facto une forme de censure préventive. Cette décision, justifiée par un soi-disant « cordon sanitaire médiatique », n’est rien d’autre qu’une atteinte à la liberté d’information des citoyens belges.

En France, la situation n’est guère plus reluisante. La fermeture de C8 et la mise sous tutelle de CNews par l’Arcom illustrent une volonté manifeste de museler les voix dissidentes. Ces chaînes offraient une alternative au discours dominant. Leur disparition ou leur contrôle étroit par l’autorité de régulation représente un appauvrissement du débat public et une atteinte à la pluralité des opinions.

Mon cas personnel est également révélateur de cette dérive. En tant que professeur à l’Université Libre de Bruxelles et expert en énergie, j’ai été marginalisé dans ma propre université et privé de parole dans les médias belges pour avoir osé remettre en question l’utilité des éoliennes pour lutte contre le changement climatique. Cette mise au ban académique et médiatique démontre l’intolérance croissante envers les opinions qui ne s’alignent pas sur le consensus décrété par le pouvoir profond comme l’appelle Donald Trump.

Il est grand temps de reconnaître que l’UE, malgré ses prétentions, est en train de bafouer l’un de ses principes fondamentaux : la liberté d’expression, et parfois même la liberté académique. La chanson de Guy Béart, « Le premier qui dit la vérité », n’a jamais été aussi pertinente. Aujourd’hui, dans l’UE, celui qui ose dire une vérité qui dérange risque effectivement d’être « exécuté » médiatiquement et professionnellement.

Cette tendance à la censure et à l’uniformisation de la pensée est non seulement dangereuse pour nos démocraties, mais elle nourrit également le ressentiment et la méfiance envers les institutions européennes. Il est crucial de revenir aux fondamentaux de la liberté d’expression, même si cela implique d’entendre des opinions qui dérangent ou qui remettent en question le statu quo. C’est à ce prix seulement que l’UE aura le droit de prétendre être un véritable espace de liberté et de démocratie.

Financements opaques et contrôle de l’opinion : le scandale révélé

Il est impossible de comprendre le discours de Munich et l’opposition féroce qu’il a suscité si l’on ignore le contrôle de l’opinion publique par des financements de la part des gouvernements qui ont façonné la politique occidentale. Le scandale actuel à Bruxelles expose des pratiques troublantes de la Commission européenne concernant le financement d’ONG et de médias pour promouvoir son Pacte vert. Des documents révèlent qu’elle aurait financé des ONG environnementales pour faire pression sur les eurodéputés et les États membres en faveur de ce pacte, une pratique qualifiée d’« inappropriée » par Piotr Serafin, le nouveau commissaire au Budget.

J’ai expliqué ce processus d’endogamie dans un article récent. Il se manifeste à travers des programmes officiels qui financent des ONG écologistes dans une chaîne sans fin de projets. À leur terme, ces projets nécessitent de nouvelles études, mais toujours avec les mêmes bénéficiaires.

Des ONG financées par les Etats pour lutter contre la science

MCC-Europe vient de publier un rapport marquant qui dévoile l’utilisation abusive des fonds publics par la Commission européenne, ayant consacré des milliards d’euros à un réseau opaque d’ONG et de groupes de réflexion pour promouvoir son programme politique tout en étouffant les voix dissidentes. Ce vaste système de propagande UE-ONG porte atteinte à la démocratie et constitue une trahison majeure envers les citoyens européens. J’ai expliqué un processus d’endogamie dans un article récent sur le site Science-Climat-Énergie. Il se manifeste à travers des programmes officiels qui financent des ONG écologistes dans une chaîne sans fin de projets. À leur terme, ces projets nécessitent de nouvelles études, toujours réalisées par les mêmes bénéficiaires, créant une collusion qui conduit à une monoculture de la pensée.

Parmi les ONG écologistes impliquées figurent le Bureau européen de l’environnement et des bénéficiaires du programme Life. Ces contrats visaient explicitement à influencer certains députés pour soutenir les initiatives de Frans Timmermans, l’ancien premier vice-président de la Commission européenne responsable de la doctrine verte. Certaines ONG subventionnées, comme Friends of the Earth Europe (1,5 million d’euros) et Climate Action Network, ont des lignes d’actions politiques marquées, notamment contre le nucléaire.

Grâce à l’action du nouveau Department of Governmental Efficiency (DOGE) créé par le binôme Trump-Musk, il a été découvert que des médias prestigieux comme Politico et Reuters ont été financés par Washington. Ils auraient perçu des subventions totalisant 8,2 millions de dollars entre 2016 et 2025 au titre des actions humanitaires de l’USAid. Cet organisme officiel, qui finance 47 % de l’aide humanitaire dans le monde, est évidemment essentiel pour soulager les souffrances dans de nombreux pays, mais il est déplorable de constater qu’une partie des fonds a été détournée pour manipuler l’opinion publique. En Ukraine, 80 % des médias auraient collaboré avec l’agence, favorisant une dépendance accrue à Washington. Tous les fonctionnaires européens peuvent recevoir gratuitement sur leur bureau une copie de l’hebdomadaire Politico, qui ne manque pas de les formater à la pensée unique promue par la Commission européenne et l’administration Biden.

Des manipulations de l’opinion publique au sein même de l’UE

Cette affaire remet en question l’intégrité démocratique de l’UE, dénoncée par des eurodéputés comme une manipulation de l’opinion publique et une atteinte à la confiance dans les institutions. Elle souligne un besoin urgent de transparence dans les relations entre la Commission, les ONG et la paléopresse comme l’appelle le philosophe Drieu Godefridi. Ce que fait l’UE avec le contrôle des médias est — a dit Vance — « le moyen le plus sûr de détruire la démocratie ». À l’instar de ce qu’a fait la tornade Trump, l’UE a besoin d’un « EU Department of Governmental Efficiency (EU DOGE) » pour mettre fin à la dilapidation de nos taxes à des fins partisanes.

Malgré les défis actuels, des acteurs persistent à défendre l’éthique et la transparence, en particulier au sein des médias non conventionnels. C’est grâce à leur vigilance et à leur indépendance que l’espoir demeure de voir un retour à des pratiques plus intègres et responsables, essentielles pour rétablir la confiance des citoyens envers les institutions européennes et les médias en général.

Greta Thunberg et l’endoctrinement climatique : un rappel de Vance

JD. Vance a voulu faire rire en disant que : « Si la démocratie américaine peut survivre à dix ans de sermons de Greta Thunberg, vous pouvez survivre à quelques mois d’Elon Musk. » Mais personne n’a ri et les médias subventionnés se sont empressé de se moquer de J. D. Vance sans se rendre compte que c’est précisément pour cela qu’il l’a dit.

La militante pour le climat avait rapidement acquis une notoriété mondiale disproportionnée au regard de son jeune âge et de son manque d’expertise. L’accueil que lui a réservé Ursula von der Leyen a été choquant : elle a été reçue à la table de la Commission européenne avec les honneurs habituellement réservés aux chefs d’État. Les Universités de Mons et d’Helsinki sont allées jusqu’à lui décerner un doctorat honoris causa. Le mouvement « Youth for Climate », initié par Thunberg en 2018, soulève des questions quant à son origine et sa propagation rapide. Cette expansion fulgurante suggère un soutien coordonné de la part des institutions européennes et des médias grand public.

Des commissaires européens comme Maroš Šefčovič, étrangement en poste depuis 2009, ont activement participé à des initiatives impliquant des jeunes et le climat, financées par des programmes aux liens étroits. Ces actions révèlent une volonté manifeste de l’establishment européen d’influencer la jeunesse sur les questions climatiques.

L’attention médiatique disproportionnée accordée à Greta Thunberg, notamment sa désignation comme personnalité de l’année 2019 par le Time Magazine, révèle l’ampleur de la manipulation orchestrée par l’État profond aux États-Unis comme dans l’UE. L’endoctrinement a conduit à une jeunesse européenne largement influencée par cette idéologie climatique. Bien que le site officiel de Youth for Climate semble moins actif depuis 2022, l’impact de ce mouvement sur la sensibilisation des jeunes Européens aux enjeux climatiques reste significatif et continue d’influencer les politiques européennes.

Ce n’est donc pas par hasard que le vice-président des États-Unis a rappelé aux élites européennes leur admiration béate, pourtant totalement injustifiée, de cette égérie. Il a souligné que ce type de contrôle des médias et de manipulation de l’opinion publique représente « le moyen le plus sûr de détruire la démocratie ». Il est crucial de remettre en question ces narratifs imposés et de promouvoir un débat ouvert et équilibré sur les questions climatiques et énergétiques.

Notons en passant qu’en mentionnant Elon Musk dans sa comparaison, Vance semble suggérer que l’influence de Musk, bien que significative, pourrait être transitoire. Cette remarque peut être interprétée comme une tentative de relativiser l’importance accordée à certaines figures médiatiques dans le débat public.

L’entêtement de la Commission européenne : vers une destruction économique ?

En fin de compte, le discours de Vance aura eu le mérite de mettre en lumière le fossé grandissant entre les élites européennes et les réalités du terrain. Alors que ces dernières persistent dans leur déni, refusant d’admettre leurs erreurs et leurs contradictions, Vance a joué le rôle du grain de sable dans la machine bien rodée du politiquement correct européen.

La Commission européenne a fait savoir qu’elle travaille sur un paquet législatif appelé « omnibus » dans lequel elle prévoit une réduction de 90 % des émissions de CO₂ d’ici 2040. C’est de l’entêtement, c’est se moquer d’une large partie de l’opinion publique qui ne veut plus entendre parler de ces réductions inutiles et coûteuses. Rappelons que dans le monde, les émissions de CO₂ ont augmenté de 65 % depuis l’adoption de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et que l’Europe ne représente que 7 % de ces émissions. Si l’on veut détruire l’économie européenne plus rapidement, c’est exactement ce qu’il faut faire. Trump ou pas Trump, Vance ou pas Vance, on ne peut pas continuer à mentir sur des questions aussi cruciales pour notre avenir. Nous ne pouvons pas permettre à l’UE de poursuivre la destruction organisée de notre économie, comme je le démontre dans mon livre « Énergie, mensonges d’État ».

Un appel au courage et à l’écoute

Vance, l’ancien Marine, le catholique pratiquant, aura fait son devoir en suivant le très vieux précepte biblique « tu ne manqueras pas de reprendre ton prochain pour ne pas te charger d’un péché » (Lévitique 19,17). Lui a fait son devoir ; nos dirigeants vont-ils avoir le courage de l’écouter ?

KNDS France espère porter les chars Leclerc émiriens à un « niveau de performance inégalé »

KNDS France espère porter les chars Leclerc émiriens à un « niveau de performance inégalé »


Selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, l’armée de Terre devra se contenter de 200 chars Leclerc portés au standard XLR à l’horizon 2035. Aussi, contrairement à l’Allemagne, il n’est pas question, du moins pour le moment, de financer le développement d’une solution intérimaire permettant d’attendre la mise en service du Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System].

Le standard XLR du Leclerc comprend l’intégration d’équipements nécessaires au combat collaboratif, comme le Système d’information du combat SCORPION [SICS] et la radio CONTACT, d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm et d’une nouvelle conduite de tir. L’accent est mis sur la protection, en particulier contre les engins explosifs improvisés et les roquettes. Il est aussi question d’installer le brouilleur BARAGE. L’ajout d’un système de protection active [APS], pourtant souhaité par l’armée de Terre, n’a pas été retenu.

Les Leclerc français seront-ils, à l’arrivée, moins performants que ceux mis en œuvre par les forces armées émiriennes ?

À l’occasion du salon de l’armement IDEX, qui vient d’ouvrir ses portes à Abou Dhabi, KNDS France a réaffirmé « son soutien aux forces armées émiriennes pour les 30 prochaines années ». Et l’industriel d’ajouter qu’il a « structuré un projet de modernisation des chars Leclerc » avec plusieurs acteurs locaux, dont les groupes EDGE et BHE. Et cela à l’appui d’une « offre engageante » en cours de discussion avec le ministère émirien de la Défense afin de « porter le Leclerc à un niveau de performance inégalé ».

Reste à voir ce que KNDS France entend par « niveau de performance inégalé ». En tout cas, selon la photographie illustrant son communiqué de presse relatif au salon IDEX 2025, le char Leclerc devant être exposé n’est pas doté du système ASCALON.

Cela étant, la modernisation des chars Leclerc émiriens est sur la table depuis plusieurs années. En novembre 2020, le directeur de KNDS France [Nexter, à l’époque] pour le Moyen-Orient avait expliqué au mensuel Al Jundi [« Le soldat »] que cette rénovation consisterait à augmenter la puissance de feu ainsi que la capacité d’observation grâce à la robotique. Un accent devrait être mis sur les capacités C2 [command & control] et la protection.

Probablement que l’armée de Terre suivra de près cette affaire… car si la modernisation de ses Leclerc doit se faire a minima, c’est parce qu’il lui manquait des partenaires pour être plus ambitieuse. En tout cas, c’est ce qu’avait suggéré son chef d’état-major, le général Pierre Schill, lors d’une audition parlementaire en 2023.

« Concernant le Leclerc, mon objectif est de lancer une première modernisation. Nous réaliserons des études complémentaires afin de définir en 2025 la portée et la profondeur de cette modernisation », avait-il dit. « Je souhaite m’associer autant que possible à des pays partenaires », avait-il continué, avant de préciser que les « Émiriens [étaient] prêts à coopérer » avec la France.

Pour rappel, les forces armées émiriennes ont reçu 388 exemplaires d’une version « tropicalisée » du Leclerc, ainsi que 46 chars de dépannage. Et cela, dans des conditions très avantageuses puisque le contrat, signé en 1992, se révéla être un gouffre financier pour la partie françaises. Engagés au Yémen, ils ont fait une très bonne impression, à en juger par les retours d’expérience [RETEX] publiés à l’époque. Puis, les Émirats arabes unis en ont cédé plusieurs dizaines d’unités à la Jordanie, en 2020.

Les guerres de demain ne se gagneront pas sans IA : pour l’armée française, tout se joue maintenant

Les guerres de demain ne se gagneront pas sans IA : pour l’armée française, tout se joue maintenant

Emmanuel Macron au Sommet pour l’action sur l’IA, le 11 février 2025.AFP

 

Défense. Le sommet de Paris sur l’intelligence artificielle marque le basculement des programmes militaires français vers cette technologie devenue indispensable.

La guerre en Ukraine n’est pas qu’une confrontation à base d’obus et de drones. C’est aussi une bataille d’IA. Pour détecter plus vite les cibles russes et les neutraliser, les Ukrainiens ont entraîné des IA sur ce qui s’est révélé être un gisement précieux d’informations : les millions d’heures de séquences filmées par leurs drones. De quoi repérer 12 000 équipements russes par semaine, a revendiqué le ministère ukrainien de la Défense, grâce à ce système baptisé « Avengers », comme les superhéros hollywoodiens de l’univers Marvel.

Les guerres actuelles ne se passent plus d’IA. Celles de demain ne se gagneront pas sans elle. C’est ce qu’il ressort du sommet de Paris sur l’IA, au cours duquel le ministre français des Armées a souligné que cette technologie était une « rupture dans la manière de faire la guerre ». Dans la compétition en cours, il serait donc dommageable pour la France d’accumuler du retard, face aux mastodontes américains et chinois. Les succès futurs se jouent maintenant. « Comme l’atome en son temps, la maîtrise de l’IA de défense est un outil indispensable de souveraineté », a insisté Sébastien Lecornu, à l’occasion de la conférence organisée à l’Ecole militaire, en marge de celles du Grand Palais. La même semaine, le ministère a donné accès à sa propre solution d’IA générative, GenIAI, accessible sur son réseau Intradef.

« Ecosystème très dynamique« 

L’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (Amiad), lancée en mai dernier, est à la pointe de cette ambition. Et, bonne nouvelle, elle est dirigée par un ingénieur mixant le meilleur des deux mondes, celui de l’armement et celui des grandes entreprises de tech. « On a un écosystème très dynamique, avec beaucoup d’entreprises, nous sommes dans les meilleurs mondiaux, affirme Bertrand Rondepierre, auparavant employé au laboratoire d’IA de Google, DeepMind. Tout l’enjeu pour nous c’est de transposer cela dans le domaine militaire« . Et de préciser : « Notre sujet, ce n’est pas la technologie, mais la mise en production et l’utilisation sur le terrain ».

Comme le montre l’exemple ukrainien, les données produites par les armements connectés et tous les capteurs, leur maîtrise et leur exploitation représente le principal défi. L’IA aide à les traiter « dans tout le processus d’état-major : un travail qui prend une journée peut se faire en une heure« , explique l’amiral Pierre Vandier, à la tête du commandement allié pour la transformation (ACT) de l’Otan. Mais l’ancien numéro deux des armées françaises prévient que le changement des usages doit partir d’en haut : « si les grands chefs ne l’adoptent pas, personne ne changera ses habitudes ». La révolution de l’IA n’est pas qu’une question de moyens.