Le français Naval Group continue de faire la promotion du SMX-31, un concept de sous-marin révolutionnaire

Le français Naval Group continue de faire la promotion du SMX-31, un concept de sous-marin révolutionnaire

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De tous les concepts présentés par Naval Group au cours de dernières années, seul le SMX Ocean a donné lieu à des développements ultérieurs afin de répondre aux appels d’offres lancés par l’Australie et les Pays-Bas. En effet, dévoilé en 2014, il consistait à développer une version à propulsion classique du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Barracuda [ou classe « Suffren »].

Le concept SMX-31 va-t-il suivre la même voie ? Présenté lors de l’édition 2018 d’Euronaval, il représentait un sous-marin particulièrement innovant dans la mesure où il ne disposait pas de kiosque, ce qui lui donnait la forme d’un cachalot à la forme hydrodynamique « presque parfaite ».

Pour le bureau d’études de Naval Group, l’idée était alors de concevoir un sous-marin très discret. D’où l’absence de kiosque, pour réduire la signature acoustique, et le remplacement de l’hélice traditionnelle par deux propulseurs latéraux. Ayant la capacité de se poser facilement sur les fonds marins, un tel navire devait être optimisé pour collecter du renseignement, grâce à de puissants capteurs acoustiques, optroniques et électromagnétiques intégrés, pour certains, dans son revêtement.

Avec un déplacement de 3000 tonnes, pour une longueur de 70 mètres et une largeur de 13 mètres, le SMX-31 était censé mettre en œuvre des drones, des robots et jusqu’à 46 armes, dont des missiles de croisière et antinavires. Quant à sa propulsion, elle devait reposer sur des piles à combustible et des batteries basées sur la technologie lithium-ion.

Cela étant, depuis 2018, il n’a plus été question du SMX-31. Enfin presque, car lors d’Euronaval 2020, Naval Group présenta une évolution de ce concept, appelée SMX-31E [E pour électrique]. Mais les ambitions capacitaires avaient été revues à la baisse, notamment au niveau de l’armement. En outre, l’idée d’intégrer des capteurs dans le revêtement anéchoïque avait été abandonnée. Mais l’évolution portait surtout sur l’autonomie, laquelle devait se rapprocher de celle d’un sous-marin nucléaire.

Visiblement, le concept SMX-31 n’a pas été remisé dans les tiroirs… car Naval Group en a de nouveau fait la promotion à l’occasion du salon DSA & NASTEC Asia, qui s’est tenu au début de ce mois à Kuala Lumpur [Malaisie]. C’est en effet ce que suggèrent des photographies diffusées via les réseaux sociaux.

 

 

 

On peut parier, sans prendre de risque, que les opérations navales se caractériseront bientôt par une multiplication de moyens de surveillance encore plus performants [drones, observation satellite, bouées acoustique, hydrophones, sonars, etc.]. D’où l’intérêt que peut présenter le concept SMX-31… et la promotion qu’en fait Naval Group.

Photo : SMX-31 – Naval Group

Artillerie : Le ministère des Armées remet les pendules à l’heure après des critiques sur le CAESAr

Artillerie : Le ministère des Armées remet les pendules à l’heure après des critiques sur le CAESAr

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Il « tire très vite et avec une précision d’orfèvre. Mais je l’utilise très peu parce qu’il est très vulnérable et mal adapté aux réalités de la guerre », avait en effet affirmé cet officier. « Si je le sors en terrain découvert pour tirer, il devient la cible de tirs de contrebatterie au bout de trois à quatre minutes. Tandis qu’avec [l’obusier tracté américain] M777, je peux tirer 300 obus par jour en moyenne. Avec le Caesar, si j’en tire cinq, c’est bien. Le M777 est facile à dissimuler, et je peux installer une carcasse métallique autour pour le protéger du [drone kamikaze russe] Lancet », avait-il ajouté.

Pour rappel, selon l’armée de Terre, un CAESAr n’a besoin que d’une minute pour tirer six obus sur une cible située à 40 km de distance, la mise en batterie et la sortie en batterie se faisant en seulement deux minutes. D’où l’étonnement suscité par les propos du colonel Iatsychen, lequel était sans doute peu familier avec la doctrine d’emploi de l’obusier automoteur français.

Mais celui-ci ne s’en était pas tenu là. Le CAESAr « aime trop la propreté. Ses opérateurs sont comme des chirurgiens, toujours avec des gants et des couvre-chaussures, contraints de dormir dedans pour ne pas la salir », avait-il ajouté.

En outre, il avait aussi expliqué qu’il ne pouvait pas « cacher le CAESAr » pour ne pas « dégrader sa liaison satellite, sans laquelle il devient impossible de guider le tir ». Selon lui, « il faudrait soit pouvoir guide le tir en mode manuel, soit que l’antenne satellite soit détachable ». Là encore, cette critique était étonnante étant donné que les paramètres de tir sont fournis par une centrale inertielle…

Cela étant, l’officier fut désavoué par sa hiérarchie quelques jours plus tard, le ministère ukrainien de la Défense ayant publié un communiqué pour louer la « grande efficacité » et la « grande précision au combat » du CAESAr. Mieux : il fit savoir que des travaux allaient être menés pour améliorer sa conduite de tir grâce à l’intelligence artificielle, afin de réduire de 30 % l’utilisation d’obus de 155 mm.

Quoi qu’il en soit, les critiques formulées par le colonel Iatsychen jetèrent un trouble que le ministre français des Armées a eu l’occasion de dissiper en répondant à une question écrite que la députée Caroline Colombier [RN] lui a adressé après la diffusion du reportage du Monde.

« Le ministère de la Défense ukrainien a exprimé à plusieurs reprises sa pleine satisfaction vis-à-vis du système d’artillerie CAESAr utilisé dans le cadre du conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie. Compte tenu de ces retours d’expérience du front, l’Ukraine a fait l’acquisition, fin 2023, de 6 canons CAESAr supplémentaires et a exprimé un nouveau besoin important de plusieurs CAESAr », a-t-il rappelé, avant de contester une par une les allégations du colonel Iatsychen.

« Grâce à sa mobilité, le CAESAr est moins vulnérable aux tirs d’artillerie adverses que les canons fixes. Équipé d’une centrale inertielle pour la navigation et le pointage du canon, le CAESAr n’a pas besoin de liaison satellitaire permanente pour tirer ses munitions », a fait valoir le ministère des Armées.

Et de souligner que, par ailleurs, le CAESAr « a également démontré un bon niveau de rusticité, comparé notamment aux systèmes d’artillerie chenillés automatisés fournis par d’autres pays occidentaux à l’Ukraine », comme le PzH2000 allemand et le M109 américain.

Cependant, et comme l’a reconnu le ministère des Armées, la limite des CAESAr livrés à l’armée ukrainienne se situe au niveau de leur Maintien en condition opérationnelle [MCO], compte tenu de leur sollicitation sur le ligne de front.

« L’intense utilisation de ce système par les forces armées ukrainiennes exige une maintenance particulièrement performante et amène le ministère de la Défense ukrainien à commander régulièrement les outillages, rechanges et services nécessaires à son entretien auprès de Nexter [ou KNDS France] », a-t-il admis. C’est pour cette raison que des composants du CAESAr seront produits sur le sol ukrainien afin de rendre le MCO plus rapide.

Évolution du soutien santé de la Légion étrangère parachutiste de 1948 à nos jours (2015)

Évolution du soutien santé de la Légion étrangère parachutiste de 1948 à nos jours (2015)


                                                                                            Crédit : 2e REP.

Le véhicule « Grizzly » de la 11e Brigade Parachutiste est sur le point d’être qualifié pour le « poser d’assaut »

Le véhicule « Grizzly » de la 11e Brigade Parachutiste est sur le point d’être qualifié pour le « poser d’assaut »

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En réalité, ce véhicule est issu du programme PLFS [Poids Lourd des forces spéciales], lequel devait permettre de remplacer les Véhicules légers de reconnaissance et d’appui [VLRA] mis en œuvre par les unités mises à la disposition du Commandement des opérations spéciales [COS].

Seulement, les premiers exemplaires livrés au standard 1 ne donnèrent pas pleinement satisfaction à leurs futurs utilisateurs. D’où la décision d’en faire des « Véhicules de reconnaissance et d’avant-garde aéroportée » pour la 11e Brigade Parachutiste [BP] en général et le 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP] en particulier.

« Développé par Arquus et dérivé de la gamme Sherpa, le Grizzly est conçu pour fournir des capacités d’infiltration/exfiltration de renseignements d’intérêt majeur en totale autonomie pendant plusieurs jours, dans un environnement dégradé et hostile », avait alors expliqué le ministère des Armées, avant de préciser que la 11e BP allait en recevoir une quarantaine d’exemplaires d’ici 2030.

Cependant, 50 % des Grizzly promis ont déjà été livrés au 1er RHP, indique le dernier numéro de TerreMag, le magazine officiel de l’armée de Terre.

Seulement, avec ses 11 tonnes et ses 6,4 mètres de longueur [pour 2,5 mètres de hauteur], ce véhicule n’est pas encore qualifié pour les opérations d’aéroportage [ou « poser d’assaut »], lesquelles consistent à mettre à terre, depuis un avion de transport tactique, un détachement en ordre de combat sur une piste [sommaire ou non] dans un délai le plus réduit possible [de l’ordre de trois minutes, ndlr]. Mais cela ne saurait tarder.

« Malgré son gabarit, il est aérotransportable et sur le point d’être qualifié ‘poser d’assaut’. Cela fait de lui une monture de choix pour les unités parachutistes », précise en effet TerreMag.

Et de rappeler que le Grizzly a été conçu pour « effectuer des missions de reconnaissance et de combat antichars dans la profondeur, en totale autonomie, au côté du Véhicule blindé léger [VBL].

Grâce à son moteur de 260 chevaux couplé à une transmission automatique, sa garde au sol et à des « angles d’attaque spécialement étudiés pour les terrains accidentés et la traversée de coupure », selon Arquus, le Grizzly présente une « agilité déconcertante », souligne TerreMag.

Pouvant rouler à une vitesse de 110 km/h et disposant d’un « grand rayon d’action » [probablement autour de 600 km], ce véhicule a une capacité lui permettant d’embarquer une charge utile importante, comme une moto ou davantage de carburant. Son armement se compose de quatre mitrailleuses [une de 12,7 mm et trois de 7,62 mm] et, éventuellement, d’un lance-grenade automatique de 40 mm, ce qui lui permet de couvrir tous les angles d’attaque.

Qui était Nicolas Molinari, le jeune gendarme tué en Nouvelle Calédonie?

Qui était Nicolas Molinari, le jeune gendarme tué en Nouvelle Calédonie? (actualisé avec cagnotte)

https://lavoixdugendarme.fr/qui-etait-nicolas-molinari-le-jeune-gendarme-tue-en-nouvelle-caledonie/

Nicolas Molinari (Photo Gendarmerie)

 

Le gendarme Nicolas Molinari, du 4ème peloton porté  de l’escadron de gendarmerie  mobile 211/1 de Melun (l’un des sept escadrons nouvellement créés) a succombé à ses blessures ce mercredi en Nouvelle-Calédonie après avoir été atteint à la tête quelques heures plus tôt par un tir d arme à feu. Il était âgé de 22 ans et était célibataire sans enfant. Une cagnotte est mise en place par la Fondation Maison de la Gendarmerie.

Sur le même thème : “Heurts en Nouvelle-Calédonie lors de la visite de Darmanin : Cinq gendarmes blessés et tensions autour d’un projet de loi

Le militaire était en mission de maintien de l’ordre avec son unité à Plum, à une trentaines de kilomètres au sud de la capitale Nouméa, où se déroulent depuis plusieurs jours des affrontements qui opposent depuis plusieurs jours une partie de la population avec des gendarmes dans le contexte du vote de la réforme constitutionnelle pour l’élargissement du corps électoral.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donné des précisions lors des questions au gouvernement au Sénat en réponse à l’interpellation du sénateur calédonien Georges Naturel. Le jeune militaire a été atteint par balle “après une nuit de protection dans un endroit particulièrement dangereux où les tirs ont été à balles réelles (..) des vieux, comme on dit chez vous en Nouvelle Calédonie, sont venus parler aux gendarmes, il a alors retiré son casque et alors il s’est fait tirer dessus en plein front a expliqué le ministre, cité par Public Sénat. Il a été transporté à Plum, au Régiment d’infanterie de marine du Pacifique Nouvelle-Calédonie (RIMAP-NC) pour être pris en charge précise GendInfo avant d’être transféré à l’hôpital de Noumé où il est décédé à 23h46, heure locale.

Le gendarme Molinari est entré en Gendarmerie en 2020, comme gendarme adjoint volontaire (GAV). Formé à l’école de de Gendarmerie de Montluçon, il a été affecté à la brigade de proximité de Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans la Drôme, puis au Peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie (PSIG) de Romans-sur-Isère. Admis en 2022 au concours de sous-officier de Gendarmerie, il est retourné à l’école de Gendarmerie de Montluçon.

Un nouvel escadron qui a reçu son fanion en octobre 2023

À l’issue de sa scolarité, il a choisi la gendarmerie mobile et l’escadron de gendarmerie mobile 211/1 de Melun, nouvellement créé en 2023 et qui a reçu son fanion le 12 octobre au CNEFG de Saint-Astier. Âgé de 22 ans, il était célibataire sans enfant. Le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie nationale, adresse tout son soutien et celui de l’institution à la famille et aux proches du gendarme Nicolas Molinari, ainsi qu’à ses camarades touchés par ce drame.

La Voix du Gendarme et ses partenaires, l’UNPRG et l’APNM Gendarmes et Citoyens adressent leurs condoléances attristées à la famille du gendarme Nicolas Molinari et tout leur soutien à ses camarades.

C’est le 45e gendarme décédé en service commandé en Nouvelle-Calédonie depuis 1853 selon un recensement effectué par l’Union nationale des personnels et retraités de la Gendarmerie en Nouvelle-Calédonie.

Une cagnotte de la Fondation maison de la Gendarmerie

La fondation Maison Gendarmerie a mis en place une cagnotte au profit de ses parents. Une première cagnotte avait été mise en place sur une autre plate-forme mais a été fermée.

Les corps des deux gendarmes mobiles morts en service en Nouvelle-Calédonie bientôt rapatriés

Les corps des deux gendarmes mobiles morts en service en Nouvelle-Calédonie bientôt rapatriés

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 18 mai 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/05/18/les-corps-des-deux-gendarmes-mobiles-morts-en-service-en-nouvelle-caledonie.html


Les corps des deux gendarmes mobiles morts en service en Nouvelle-Calédonie seront rapatriés lundi en métropole (photo Gendarmerie). Ils sont arrivés à Nouméa ce samedi et une cérémonie a eu lieu en présence des autorités militaires et du Haut-Commissaire.

Voir la vidéo de l’arrivée à Nouméa.

Le premier gendarme a été tué le 15 mai. En mission de maintien de l’ordre avec l’escadron de gendarmerie mobile (EGM) 211/1 de Melun, à Plum, en Nouvelle-Calédonie, le gendarme Nicolas Molinari est victime d’un tir par arme à feu. Transporté à Plum, au Régiment d’infanterie de marine du Pacifique Nouvelle-Calédonie (RIMAP-NC) pour être pris en charge, il a succombé des suites de ses blessures.

Le second a perdu la vie le 16 mai, lors d’un départ en mission blindée de la caserne de Bailly. Il s’agit de l’adjudant-chef Xavier Salou, affecté à l’escadron de gendarmerie mobile 11/1 du Groupement blindé de gendarmerie mobile de Satory. Âgé de 46 ans, il était en couple et père de deux enfants. Il a trouvé la mort, touché par un tir accidentel déclenché dans des circonstances encore à préciser. 

Le retour des corps en métropole est prévu lundi, sur la base aérienne d’Istres; un hommage devrait avoir lieu en milieu de semaine prochaine, selon la gendarmerie.

La Marine nationale veut gagner la guerre acoustique

La Marine nationale veut gagner la guerre acoustique

Par Franck Alexandre  – RFI – Publié le


L’Intelligence artificielle s’invite dans tous les segments du combat moderne : notamment pour une meilleure lecture du champ de bataille et désormais l’IA s’impose aussi sous l’eau… La Marine nationale les appelle les oreilles d’or, ce sont les analystes capables d’identifier les sons captés sous la surface de la mer, l’IA va bouleverser leur métier, l’objectif : aller vite pour gagner la guerre acoustique.

Les oreilles d'or sont des analystes capables d'identifier les sons captés sous la surface de la mer.
Les oreilles d’or sont des analystes capables d’identifier les sons captés sous la surface de la mer. © kittiyaporn1027 / iStock / Getty Images / Montage RFI

Tac tac tac tac tac tac… Ce son régulier, c’est le bruit d’un pétrolier tel qu’on l’entend sous l’eau, un bruit caractéristique. L’oreille d’or d’un sous-marin pourrait dire que l’hélice de ce navire est composée de cinq pales et que sa ligne d’arbre tourne à 120 tours/minutes. Des informations cruciales pour la Marine de guerre, en particulier pour la sous-marinade, souligne le capitaine de frégate Vincent Magnan, commandant du centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique, le Cira à Toulon.

« Il se passe énormément de choses sous le dioptre, comme on dit dans notre milieu. Pour vous donner des exemples très précis, un bâtiment de commerce est entendu par le sonar d’un sous-marin d’une frégate, notamment par ce qu’on appelle le bruit rayonné, qui peut être composé de plusieurs types de sons. Un des sons caractéristiques, c’est ce qu’on appelle le nombre de Tours Minute d’arbre, c’est-à-dire la vitesse de rotation de la ligne d’arbre qui propulse le navire auquel est aussi associé à un nombre de pales. Et lorsqu’on maîtrise cette information-là, on sait quelle est la vitesse du bateau que l’on recherche. Et en fonction de la vitesse de ce bateau, on est capable de mettre en place une idée de manœuvre. Et donc la vraie réflexion, c’est de se dire que la guerre acoustique passive permet en toute discrétion, sans élever le niveau de crise, de capter des informations techniques dont découlent des conclusions tactiques décisives pour les opérations. »

Et c’est d’autant plus important pour un sous-marin qui par définition est aveugle, or les capteurs acoustiques sont de plus en plus puissants et par conséquent les oreilles d’or sont confrontées à une inflation de données, souligne le commandant Magnan.

« Au début des années 2000, un opérateur Sonar disposait d’un équipement qui lui permettait d’entendre à environ 20 km et de traiter simultanément une dizaine de contacts acoustiques. Aujourd’hui, on est plutôt sur des sonars capables de détecter jusqu’à presque 200 km et permettent de traiter simultanément presque une centaine de pistes acoustiques. Ce qui fait qu’effectivement le volume de données à traiter, s’est considérablement augmenté. La conséquence directe et que pour les oreilles d’or à la mer, pour l’analyse de tous ces contacts acoustiques, il y a un engagement humain qui est beaucoup plus important qu’auparavant. »

Les algorithmes de Preligens

L’intelligence artificielle va permettre de discriminer les sons beaucoup plus rapidement. Et c’est là qu’intervient une pépite française, Preligens, bien connue pour ses analyses d’images spatiales, l’entreprise a mis ses algorithmes au service de la guerre acoustique. Un démonstrateur a vu le jour l’an dernier, avec une première expérience. Douze jours durant, la Marine a enregistré tous les bruits de la mer au large de Toulon.

« Ces 12 jours-là ont nécessité d’être annoté pour pouvoir entraîner des algorithmes d’intelligence artificielle. Il nous a fallu presque une quarantaine de jours pour annoter ces 12 jours de travaux », souligne Vincent Magnan. « Désormais, avec l’algorithme et les démonstrateurs obtenus, on injecte 12 jours d’enregistrements acoustiques dans la machine, et en quatre heures à peu près, la machine nous sort les phases sur lesquelles les analystes peuvent aller apporter leurs compétences métier. Ce qui signifie que de 40 jours initiaux, on est passé plutôt à 5-6 jours. L’objectif, c’est être capable d’analyser de plus en plus de données. En 2020, le CIRA recevait annuellement environ un téraoctet de données. En 2024, on est plutôt sur 10 téraoctets de données acoustiques. On dépassera certainement les 100 Terra à l’horizon 2030. »

Mais l’IA ne peut pas tout, les oreilles d’or seront toujours décisives, assure Vincent Magnan. « C’est bien l’objectif de dire qu’une fois qu’on a vu un bateau, on sera capable de le revoir à chaque fois qu’il rentrera dans notre volume de détection. À la nuance près, qui est quand même très importante et qui rend l’application de l’intelligence artificielle assez complexe, c”est que le même bateau, vu en Méditerranée en janvier et vu en Atlantique Nord en décembre, ne fera pas le même bruit. Parce que l’environnement acoustique aura changé, parce que peut-être que les paliers de sa ligne d’arbre auront été abîmés ou auront été corrodés, peut-être parce qu’il y aura des concrétions sur sa coque, qui modifieront sa cavitation. Et donc le bruit rayonné ne sera pas tout à fait le même. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, si l’intelligence artificielle permet de détecter globalement les grandes caractéristiques d’un bateau, il faudra aussi le savoir-faire de l’homme pour aller chercher vraiment les éléments discordants par rapport à une interception précédente par exemple. »

Les oreilles d’or sont rares, il n’y a pas plus d’une trentaine d’analystes dans la Marine. L’IA va leur permettre de se concentrer sur les écoutes d’intérêts, quant à la machine, elle permettra d’écarter les bruits des crevettes et des cachalots.

Rafah, une opération pour rien ? par Michel Goya

Rafah, une opération pour rien ?

An Israeli soldier operates in the Gaza Strip amid the ongoing conflict between Israel and the Palestinian Islamist group Hamas, in this handout picture released on December 21, 2023. Israel Defense Forces/Handout via REUTERS THIS IMAGE HAS BEEN SUPPLIED BY A THIRD PARTY

 

par Michel Goya – La Voie de l’épée – publié le 18 mai 2024

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


Dans une note rédigée au début de 2023 sur la guerre d’Israël contre le Hamas et les autres organisations armées à Gaza depuis 2006, je concluais que ces séquences de quelques jours ou semaines de combats entrecoupées de mois ou d’années de calme continueraient probablement encore longtemps. Après un temps de préparation, le Hamas et autres – le Jihad islamique en premier lieu – pouvaient toujours montrer qu’ils luttaient contre Israël en tentant de percer la barrière de sécurité aéroterrestre par des tirs de projectiles divers au-dessus et des raids d’infanterie à travers, en dessous ou par la mer. De son côté, Tsahal pouvait toujours parer la majorité de ces coups et en limiter considérablement les dégâts humains pour ensuite frapper puissamment à son tour par les airs et parfois par des raids terrestres afin de tuer beaucoup plus de combattants ennemis que ses propres pertes. Malgré les précautions prises, ces raids et ces frappes tuaient aussi des centaines de civils palestiniens, ce qui ne manquait jamais de susciter une indignation internationale. On arguait cependant du côté israélien qu’il ne pouvait malheureusement en être autrement et on portait la responsabilité sur le Hamas. Au bout de quelques jours ou de quelques semaines, un accord intervenait par l’intermédiaire de l’Égypte, on revenait au point de départ et Gaza retombait dans l’oubli général jusqu’au round suivant.

A long terme, à force de « tondre le gazon » Israël espérait obtenir le renoncement d’un ennemi condamné à toujours échouer dans ses attaques et à subir des coups violents en riposte. Cette « dissuasion cumulative » pouvait même être accélérée par le rejet du Hamas par une population gazaouie lassée de souffrir à cause de lui. Le problème est que le Hamas ne voyait pas forcément les choses de la même façon. La préférence israélienne pour le contrôle à distance plutôt que par une épuisante occupation a permis à l’organisation de sortir de la clandestinité et de constituer en proto-État à Gaza. Avec l’aide de l’Iran et du « triangle Frères musulmans » (Qatar, Turquie et un temps Égypte) et en recrutant au sein de la population gazaouie, le Hamas s’est beaucoup plus renforcé qu’il ne s’est épuisé avec le temps. Ses offensives ont certes toutes échoué contre la barrière, mais sa capacité à se défendre contre celles des Israéliens n’a pas cessé non plus de croître. Les coups reçus restaient de toute façon insuffisants pour être décisifs mais suffisants pour apprendre à s’en protéger par une infrastructure adaptée et la création d’une solide et nombreuse infanterie légère. Et puis, si les tentatives de percer avaient toutes échoué, il n’était pas dit qu’elles échoueraient toujours. Sur la longue durée, le très peu probable finit fatalement par survenir. Il aura fallu pour cela la conjonction d’une attaque très bien planifiée d’un côté, avec quelques surprises tactiques comme l’aveuglement des capteurs et des armes de la barrière par des drones, et d’incroyables faiblesses conjoncturelles de l’autre. 

Après la catastrophe du 7 octobre, il y avait deux visions possibles pour Israël : considérer qu’il s’agissait d’un concours malheureux de circonstances et ne rien changer à un modèle sécuritaire jugé « normalement » efficace ou considérer au contraire que le problème était structurel et qu’il fallait changer de stratégie.

Dans le premier cas, on se contenterait de refaire en plus grand Plomb durci, Pilier de défense ou Bordure protectrice, avec ses deux variantes de pur siège aérien ou de siège aérien + raids terrestres. À la fin de la séquence, que l’on pouvait estimer empiriquement comme étant quatre fois celle de Bordure protectrice en 2014, soit six mois et 250 soldats israéliens tués, Gaza serait en plein chaos, mais le Hamas et ses alliés seraient très meurtris et ils auraient peut-être accepté de libérer les otages en échange d’une réduction de la pression.

Dans le second cas, la seule stratégie alternative consistait à reconquérir le territoire de Gaza, en ménageant autant que possible le terrain et la population, par principe mais aussi pour préserver son image et mieux préparer l’avenir, y démanteler le Hamas et le ramener à la clandestinité tandis qu’une nouvelle administration, logiquement de l’Autorité palestinienne, serait mise en place avec l’aide internationale. Le Hamas ne serait toujours pas éradiqué, mais il ne constituerait plus un proto-État. Les otages seraient libérés par négociations (et donc des concessions) et/ou par la recherche au sein d’un espace quadrillé.

Le choix qui a finalement été fait entre ces deux possibilités n’était pas forcément très clair au départ. Il n’y a pas en effet de grandes différences initiales entre une opération de conquête-contrôle de territoire et un grand raid, aller-retour de nettoyage de zone. Cela partait cependant plutôt mal avec l’instauration du blocus, du black-out médiatique et surtout la phase de préparation du mois d’octobre. Une phase de préparation par le feu de l’artillerie mais surtout de la force aérienne avant une offensive terrestre, n’est pas forcément indispensable mais n’est pas scandaleuse non plus. Tout dépend de l’indice de dommages collatéraux considéré, en clair le nombre de civils que l’on accepte de tuer pour avoir des résultats. Très clairement, malgré toutes les dénégations et les réelles précautions prises, cet indice a été choisi à niveau très élevé dès le départ. La campagne aérienne du mois d’octobre a été d’une violence inédite pour la population, même en convoquant tous les exemples internationaux similaires depuis 1991. Au bilan de cette campagne, le Hamas bien protégé, y compris derrière les gens, a subi quelques pertes mais beaucoup moins que la population meurtrie et ballottée ainsi que le capital de sympathie pour Israël qui s’est très vite dégradé. Les frappes n’ont jamais cessé par la suite, mais le premier rôle a été donné à partir du 27 octobre aux opérations terrestres visant à conquérir successivement les trois grands centres urbains de Gaza : Gaza-Ville, Khan Yunes et Rafah. A la fin du mois de décembre, les forces israéliennes avaient conquis la presque totalité du nord et combattaient autour de Khan Yunes. On ne pouvait alors encore totalement préjuger de la stratégie choisie, même si l’absence totale de projet de futur politique de Gaza du la part du gouvernement israélien donnait quelques indices. Avec la réduction des forces puis leur retrait dans le nord à partir de janvier, puis le retrait de la 98e division du sud en avril, il n’y avait plus de doute. Les Israéliens coupaient le territoire en deux en conservant le contrôle du corridor central avec plusieurs brigades de réserve mais revenaient pour le reste à leur politique de contrôle à distance par des frappes et des raids, sans même avoir terminé l’opération de nettoyage avec le raid sur Rafah. Bien entendu et malgré le contrôle central ou la destruction d’un certain nombre de tunnels, le Hamas reprenait comme d’habitude le contrôle des espaces abandonnés.

Retour donc à la case départ avec le chaos en plus à Gaza. Le seul bilan que peut désormais présenter le gouvernement est d’avoir tué 13 000 combattants ennemis (Institute for National Security Strategy), preuve que le kill ratio était sans doute le seul objectif. Dans les faits, ce nombre comprend aussi les pertes palestiniennes en Israël les 7 et 8 octobre 2023, soit environ 1 500 hommes, et il est sans doute pour le reste, et comme d’habitude dans ce genre de situation, un peu exagéré à la hausse. Toujours est-il que la mort d’environ 10 000 combattants ennemis est effectivement à mettre à l’actif de Tsahal. C’est bien plus que tous les combats précédents contre le Hamas depuis 1987 réunis. En comptant les blessés graves et les prisonniers, c’est peut-être la moitié du potentiel initial ennemi, Hamas, Jihad islamique, FPLP, Tanzim, etc. qui a été éliminé.

Le premier problème est que ce résultat, légitime, a été payé très cher. Tsahal déplore la mort de 279 soldats et un millier de blessés plus ou moins graves à l’intérieur de Gaza. C’est beaucoup en valeur absolue pour Israël mais c’est peu en valeur relative par rapport à l’ennemi, de l’ordre de 1 pour 35. Mais pour atteindre ce ratio Tsahal a beaucoup plus usé de la puissance de feu massive que du combat rapproché de précision. De ce fait, le risque s’est aussi largement déplacé vers la population environnante. Pour rappel, l’armée de l’Air israélienne se vantait d’avoir lancé 6 000 projectiles dans la seule première semaine. On imagine ce que cela peut donner au bout de six mois et le nombre de bombes qu’il a fallu pour tuer un seul combattant ennemi. Le 12 mai, Benjamin Netanyahu lui-même évoquait un totale de 30 000 morts palestiniens à Gaza, un chiffre pas très éloigné du très contesté Ministère de la santé palestinien qui parle lui de 34 000. Netanyahu utilisait même ce chiffre et celui des pertes ennemies revendiquées pour dire que cela faisait du 1 pour 1 entre civils et combattants palestiniens. Dans les faits on est sans doute plus proche du 2 pour 1 – comme l’indiquait d’ailleurs en décembre 2023 le porte-parole de Tsahal – mais il faut bien comprendre qu’il n’y a pas du tout de quoi se vanter d’un 1 pour 1. Si l’accusation de génocide est absurde, celle de crimes de guerre par mépris des principes de précautions et de discrimination est plus solide, et ce n’est évidemment pas à la gloire de ce gouvernement, quelles que soient les excuses qu’il puisse évoquer. L’image d’Israël est aussi très endommagée, ce qui était considéré par le gouvernement comme inévitable – personne ne nous aime de toute façon – et sans importance, double erreur. 

Le pire est que cela n’a peut-être pas servi à grand-chose. Comme le terrain n’est pas contrôlé en surface, rien n’empêche le Hamas et les autres groupes armés de s’y implanter à nouveau, et « de se refaire » en recrutant parmi tous ceux qui ont quelques raisons nouvelles de détester Israël et de vouloir se venger. Bref, on a bien assisté au retour de la « tonte de gazon » puissance dix, avec certes une sécurité assurée à court terme pour Israël sur son territoire face à Gaza et une dose de satisfaction dangereuse, mais au prix d’une menace accrue à long terme. À cet égard, lancer maintenant l’opération de nettoyage sur Rafah n’apportera pas grand-chose de plus – au mieux quelques milliers d’ennemis éliminés en plus – mais à un prix encore plus élevé qu’ailleurs alors que la population y est très dense et qu’on s’y trouve à la frontière égyptienne. 

On peut l’affirmer maintenant : le gouvernement Netanyahu n’a pas eu le courage de se désavouer et de changer de stratégie, or celle-ci est probablement destinée à échouer. Pour obtenir la libération des otages et extirper définitivement le Hamas de Gaza, il faut trouver autre chose que la seule destruction à distance.

KNDS France reconduit à la tête d’un effort européen sur les munitions d’artillerie de demain

KNDS France reconduit à la tête d’un effort européen sur les munitions d’artillerie de demain


Une cinquantaine de projets de R&D collaboratifs ont été sélectionnés ce jeudi pour un financement du Fonds européen de la défense (FEDef). L’un d’entre eux, coordonné par le pilier munitionnaire de KNDS France, permettra de progresser sur les munitions d’artillerie de demain. 

Comme son nom l’indique, « Future Indirect fiRes European Solution 2 » (FIRES 2) s’inscrit dans la continuité d’un effort lancé en 2021 via le programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDIDP), précurseur du FEDef. Des travaux précurseurs soutenus à hauteur de 3,5 M€ et déjà pilotés par celui qui s’appelait encore Nexter Munitions. 

Trois ans plus tard, la plupart des acteurs de FIRES rempilent et montent d’un cran dans l’ambition et les moyens. Près de 27 M€ seront cette fois alloués par l’Europe, enveloppe portée à 32 M€ avec les contributions nationales. De quoi dépasser le stade initial des études et de la conception pour, durant trois ans, élargir l’effort à des activités de prototypage et d’essais. 

L’équipe, notamment étoffée de Thales LAS France et de BAE Systems Bofors, aura pour principal objectif de « développer une future famille de munitions dotées d’une portée et d’une précision plus élevée à l’horizon 2030 », pointe la Commission européenne. 

Centré sur l’appui-feu indirect, FIRES 2 vise à étendre la portée d’un obus de 155 mm jusqu’à 60 km et celle d’une roquette jusqu’à 150 km tout en conservant une erreur circulaire probable décamétrique. Un degré de performance que KNDS France cherche déjà à atteindre avec son obus de précision KATANA, en développement depuis 2018. 

À l’instar des 53 autres promesses de financement annoncées aujourd’hui, FIRES 2 « renforcera l’indépendance et la compétitivité de l’UE face aux marchés concurrents en créant des alternatives internes rentables basées sur les points communs et l’interopérabilité entre les technologies existantes et futures », commente la Commission européenne.

Les effets méconnus du réchauffement climatique

Les effets méconnus du réchauffement climatique


par Louis Caudron (*) – Esprit Surcouf – publié le 17 mai 2024

https://espritsurcouf.fr/environnement_les-effets-meconnus-du-rechauffement-climatique_par_louis-caudron/
Ingénieur général honoraire du Génie Rural, des Eaux et des Forêts


Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que la seule responsabilité de l’auteur.

Soucieux de sensibiliser leur public à la gravité des effets du changement climatique, les médias associent généralement le réchauffement de la planète à l’augmentation des canicules et des sécheresses, à la fonte des glaciers et à la montée du niveau de la mer.  En réalité, les effets du changement climatique sont beaucoup plus diversifiés et ils n’impactent pas de la même façon toutes les parties du monde. Il y a beaucoup de perdants, mais il y a aussi des gagnants.

Un premier exemple concerne la pluviométrie. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le réchauffement climatique ne signifie pas augmentation des sécheresses, mais augmentation des pluies. L’augmentation de la température se traduit par une augmentation de l’évaporation aussi bien sur terre que sur mer, ce qui provoque une augmentation des pluies à l’échelle mondiale. Globalement, deux tiers de la population du monde vont constater une augmentation des pluies et un tiers une diminution. La plupart des données proviennent du n°314 de décembre 2023 du journal du CNRS.

Une nouvelle lecture de la pluviométrie

La pluie va ainsi augmenter au Canada, dans le nord des États-Unis, en Europe du Nord, en Russie (notamment en Sibérie), en Asie centrale, en Inde, dans le nord de la Chine, en Afrique centrale, au nord de l’Argentine. Ce sont des zones où les pluies étaient déjà assez abondantes.

Les zones concernées par des sécheresses plus fréquentes sont tous les pays du pourtour de la mer Méditerranée, l’Afrique du Sud, le sud des États-Unis (notamment la Californie), le Mexique, le Brésil, l’Australie. A part le Brésil, ce sont des zones qui étaient déjà déficitaires en eau.

L’accès à l’eau potable

Actuellement, deux milliards d’habitants dans le monde, soit 25 % de la planète, n’ont pas accès à l’eau potable et environ quatre milliards, soit 50 %, connaissent à un moment de l’année des difficultés pour s’approvisionner en eau. Ils se situent pour la plupart d’entre eux dans les zones où la pluviométrie va diminuer.

Source : Pixabay

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Le réchauffement climatique va accroître les difficultés actuelles et, pour les surmonter, il va falloir faire preuve d’imagination aussi bien pour économiser l’eau que pour stocker l’eau en période excédentaire, afin de pouvoir la retrouver et en disposer lors des périodes déficitaires.

 Le cas de la France est exemplaire : toute la partie nord du pays devrait voir la pluviométrie augmenter, surtout en hiver, alors que la partie sud va connaître une diminution des pluies, surtout en été. La hauteur moyenne des précipitations est de 935 mm par an, mais avec moins de 600 mm dans la zone méditerranéenne, alors que l’on dépasse 2000 mm sur les monts du Cantal ou en Chartreuse.

 Au total, les pluies en France apportent 503 milliards de m3 d’eau par an. Les prélèvements effectués dans les rivières et les nappes sont de 32 milliards de m3 par an. Ils se répartissent comme suit : – Prélèvements industriels : 8 % – Prélèvements agricoles : 9 % – Alimentation des voies navigables :16 % – Alimentation en eau potable : 17 % – Refroidissement des centrales nucléaires et thermiques : 50 %

La plupart de ces prélèvements utilisent l’eau pour un usage particulier et la rejettent ensuite dans le milieu naturel. Si l’on s’intéresse à l’eau réellement consommée, la situation est différente. La consommation totale est de 4,1 milliards de m3, avec la répartition suivante : – Prélèvements agricoles : 57 % – Alimentation en eau potable : 26 % – Refroidissement des centrales nucléaires ou thermiques : 12 % – Prélèvements industriels : 5 % On ne peut qu’être frappé par l’écart entre les 503 milliards de m3 d’eau de pluie qui tombent en France, les 32 milliards de m3 prélevés et les 4,1 milliards de m3 effectivement consommés.

 Cela donne le sentiment que l’on devrait pouvoir trouver des solutions pour réduire les tensions actuelles et futures. 

La situation en Europe

Au sein de l’Union européenne, l’agence européenne de l’environnement vient de publier un premier rapport qui explique que l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement au monde et que les risques climatiques menacent sa sécurité énergétique et alimentaire, ses écosystèmes, ses infrastructures, ses ressources en eau, sa stabilité financière et la santé de ses habitants. Selon l’évaluation de l’Agence, bon nombre de ces risques ont déjà atteint des niveaux critiques et pourraient devenir catastrophiques sans une action urgente et décisive. Ce constat est partagé par le centre commun de recherches de l’Union.

Des solutions pour l’avenir

Le CNRS préconise en priorité de retenir l’eau de pluie dans les sols, plutôt que de faciliter son évacuation vers l’océan. Pendant des années, on a rectifié le lit des rivières et supprimé des méandres pour faciliter l’écoulement des eaux ; on a aussi arraché les haies qui constituaient des barrières naturelles contre le ruissellement ; on a drainé artificiellement des terres agricoles pour les cultiver plus facilement. Il faut abandonner ces pratiques et, au contraire, multiplier les obstacles au ruissellement des eaux pour faciliter leur infiltration.

Source : Pixabay

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Cela veut dire, par exemple, labourer les terres en suivant les courbes de niveau, éventuellement créer des bourrelets en terre ou en pierres le long des courbes de niveau sur les terrains en pente, replanter des haies et, d’une façon générale, recréer des territoires-éponges. Les réserves de substitution qui permettent de stocker l’eau excédentaire en hiver pour l’utiliser en été peuvent aussi faire partie de la solution. Si elles sont alimentées par des rivières en crue, elles ne posent pas de problème. Par contre, si elles sont alimentées par un pompage dans une nappe souterraine, il faut s’assurer que le prélèvement ne perturbera pas le fonctionnement du système hydraulique à l’aval.

Le CNRS rappelle aussi que, depuis 9000 ans, les hommes ont développé des techniques efficaces pour capter l’eau et l’utiliser pour leurs cultures. Dans la zone méditerranéenne, les qanâts constituent depuis des siècles un système efficace de captage des eaux souterraines, puis d’acheminement de ces eaux par des galeries souterraines vers les zones à irriguer. Le sud de la France va connaître un climat plus sec, assez semblable à celui que l’on trouve actuellement au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord. Les ingénieurs auraient tout intérêt à aller étudier avec modestie les techniques employées dans ces pays pour capter et utiliser au mieux les ressources en eau. Le changement climatique augmente aussi la fréquence et la violence des phénomènes météorologiques extrêmes. Cela veut dire que même dans les zones où les sécheresses vont augmenter, il pourra advenir que des pluies abondantes causent des inondations catastrophiques.

Effets sur le trafic maritime

Une conséquence moins connue du changement climatique concerne la modification des grandes routes maritimes. Actuellement, les liaisons maritimes entre la Chine et l’Europe passent essentiellement par le canal de Suez ou, en cas de blocage du canal de Suez, du fait des troubles en mer Rouge actuellement, par le cap de Bonne-Espérance. Dans un avenir relativement proche, ces liaisons pourront passer par le passage du Nord-Est, appelée maintenant la route maritime du Nord, passant par le détroit de Béring et longeant les côtes de Sibérie. A ce jour, cette route n’est praticable que des mois de juillet à octobre, soit un tiers de l’année, dans des conditions fixées par la Russie, c’est-à-dire que les navires doivent être accompagnés d’un brise-glace ou disposer d’une étrave renforcée.

Source : Pixabay

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En 2035, la route maritime du Nord pourrait être libre de glace toute l’année. Or la distance entre Yokohama et Rotterdam est de 7 000 km par la route maritime du Nord, contre 11 000 km par le canal de Suez et plus de 14 000 km par le cap de Bonne-Espérance. Avec ses brise-glaces nucléaires et ses investissements dans les ports de Sibérie, il est clair que la Russie se prépare à faciliter le passage par cette route et à en tirer des recettes importantes, peut-être aussi importantes que celles que l’Egypte tire du canal de Suez.


 

(*) Louis Caudron est Consul Honoraire au Burkina Faso et ingénieur général honoraire du Génie Rural, des Eaux et des Forêts