Variations sur un thème

Variations sur un thème

Blablachars – publié le 22 janvier 2025

https://blablachars.blogspot.com/2025/01/variations-sur-un-theme.html#more


L’International Armoured Vehicles (IAV) Conference qui a débuté hier à Farnoborough a déjà permis de se faire une idée assez précise des tendances en matière de blindés. La principale ligne de force constatée au vu des présentations effectuées hier semble être la constitution de familles de véhicules blindés, issue d’un châssis unique. Ainsi, la présentation de General Dynamics United Kingdom (GDUK) a permis de découvrir la composition de la famille issue de la plateforme Ajax, déjà déclinée en six versions répondant aux noms d’Ajax, Ares, Athena, Argus, Atlas et Apollo. Le futur de l’Ajax pourrait être constitué par le développement de huit autres versions : véhicule de combat d’infanterie (VCI), mortier (sous tourelle), appui feu direct, défense sol-air (DSA), surveillance, ambulance, poseur de pont et  soutien. L’autre déclinaison annoncée est celle du blindé de Rheinmetall pour lequel l’armée italienne envisage pas moins de seize versions ! Selon les informations disponibles, la plateforme du Lynx italien servirait de base pour des versions VCI, Reconnaissance 120mm, Appui feu, commandement, antichar, génie (déminage), transport de munitions, mortier sous tourelle 120mm, lutte anti drone (LAD), ambulance, Reconnaissance (spécifications inconnues), génie (lame dozer), dépannage, mortier de 81mm et entraînement. Le programme A2CS prévoit la fourniture de 1050 véhicules pour un montant global de 16 milliards d’euros, avec l’objectif de disposer d’une première brigade équipée d’ici cinq ans.

Ces deux présentations appellent quelques commentaires. La prise en compte de la nécessité de posséder une véritable composante blindée mécanisée s’impose désormais à la quasi totalité des armées en Europe ou ailleurs. Cette volonté se traduit de plus en plus par le choix d’une plateforme unique, dont la polyvalence autorise le développement de nombreuses versions. Un autre aspect notable de cette tendance est la présence au sein des familles évoquées d’une version char médian doté d’un armement de 120 ou de 105mm, ce dernier pouvant être suffisant pour certains pays confrontés à des menaces mixtes. Cette nouvelle tendance est une véritable aubaine commerciale pour les industriels concernés qui trouvent là une réelle opportunité de développement et rentabilité pour le VCI. Sur le plan technique, la création d’une famille de blindés à partir d’une plateforme unique impose de doter cette dernière de caractéristiques spécifiques telles que : Implantation du groupe moto propulseur à l’avant permettant de dégager l’espace arrière, poids contenu pour se constituer une réserve de masse suffisante ou encore architecture ouverte permettant d’intégrer des modules de mission en mode « plug and play ». Pour le moment, Rheinmetall avec le Lynx, General Dynamics Land Systems avec l’Ajax avec l’Ajax et l’Ascod II et BAE Systems Hagglunds avec le CV90 offrent déjà des possibilités. Il est probable que demain, ces constructeurs seront rejoints par d’autres, désireux de profiter à leur tour de cette tendance. 

 

 

Variations proposées par GDUK pour l’Ajax

 

Les versions du Lynx pour le programme A2CS

 

Enfin, il est dommage (pour ne pas triste) de constater que le pays inventeur du concept de famille blindée reste pour le moment absent de ce marché. Avons-nous le droit d’assister en simple spectateur à l’émergence de cette tendance, quand on peut revendiquer la création des familles d’AMX 13, AMX 30 et dans une moindre mesure AMX 10 ? Il est intéressant de noter que les trois firmes déjà présentes sur le marché ont développé les engins sur leurs fonds propres sans attendre d’hypothétiques commandes étatiques pour leur produit. Devrons nous attendre la mise en route du programme Titan ou celui du MGCS pour voir des engins chenillés peupler nos brigades mécanisées. Outre l’aspect blindé mécanisé d’une telle composante, une initiative française en ce sens contribuerait à redonner une véritable masse de manœuvre à l’armée de terre, facteur essentiel de conflits de haute intensité ! Sébastien Lecornu a récemment demandé aux armées françaises « de prendre des risques » et a rappelé que « la France n’échangera pas sa « sécurité militaire contre des hamburgers et des voitures allemandes » traçant la voie pour les industriels concernés sans attendre les financements nécessaires pour rattraper trente années d’abandon de la composante blindée mécanisée !

L’armée de Terre a réceptionné son premier Griffon MEPAC

L’armée de Terre a réceptionné son premier Griffon MEPAC

par – Forces opérations Blog – publié le

Comme prévu, la Direction générale de l’armement a livré le premier Griffon « mortier embarqué pour l’appui au contact » (MEPAC) à l’armée de Terre en fin d’année dernière. Une cinquantaine d’exemplaires suivront pour armer une batterie complète dans chaque régiment d’artillerie.

Dix ans après la notification d’un premier marché majeur, la famille de véhicules SCORPION est désormais au complet. Après le Griffon, le Jaguar et le Serval, le Griffon MEPAC a rejoint les rangs de l’armée de Terre le 19 décembre dernier. Livré au 8e régiment du matériel, il servira dans un premier temps à la réalisation d’une évaluation technico-opérationnelle (EVTO) par la Section technique de l’armée de Terre. 

« Une livraison de 10 autres véhicules est prévue en 2025 », annonce aujourd’hui le ministère des Armées conformément au calendrier annoncé plus tôt. Les 43 autres seront livrés à l’armée de Terre d’ici à fin 2028. 

Derrière l’exemplaire pris en main par la STAT, d’autres sont attendus au printemps pour commencer à équiper les six régiments d’artillerie « sol-sol canon » de l’armée de Terre. Chaque unité disposera à terme d’une batterie à huit pièces venant remplacer des mortiers de 120 mm tractés reversés dans l’infanterie.

Aérotransportable par A400M et armé par quatre militaires, le Griffon MEPAC viendra renforcer la mobilité tactique des batteries opérant en appui d’un groupement ou d’un sous-groupement tactique interarmes. Il bénéficie en effet de la chaîne de mobilité, de la vétronique et des moyens de protection communs à l’ensemble des variantes et sous-variantes du Griffon. 

La principale différence relève du mortier 2R2M et des 32 munitions embarquées en tranche arrière. Son système de chargement semi-automatique permet à une équipe de pièce aguerrie de tirer jusqu’à 12 obus en 90 secondes, dont six sont prêts au tir. Derrière le mortier, le Griffon MEPAC repose également sur une centrale de navigation inertielle, un calculateur de pièce (CALP) et un boitier de commande de l’arme. 

Le tout permet de traiter un objectif au-delà de 8 km avec la gamme d’obus prérayés actuellement en service, soit via le logiciel de conduite des feux ATLAS, soit de manière autonome. Quant à l’adoption d’une munition guidée, le sujet serait repassé au second plan pour concentrer l’effort sur le calibre 155 mm du canon CAESAR. 

La tranche de production du Griffon MEPAC avait été notifiée début 2022 auprès du groupement momentané d’entreprises formé par KNDS France, Arquus et Thales. Un an plus tard, le système engrangeait un premier succès à l’export avec la commande par la Belgique de 24 pièces dans le cadre du partenariat binational CaMo. Leur livraison au profit de la Composante Terre est programmée pour 2028-2029. 

Crédits image : DGA Techniques Terrestres

La Marine nationale peut commencer à utiliser son premier drone de surface dédié à la guerre des mines

La Marine nationale peut commencer à utiliser son premier drone de surface dédié à la guerre des mines


Confié à Thales en 2015, dans le cadre d’une coopération avec le Royaume-Uni placée sous l’égide de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], le Maritime Mine Counter Measures [MMCM] doit permettre d’identifier et de neutraliser des mines grâce à un drone de surface [USV] qui, doté d’un sonar remorqué, est associé à un robot téléopéré [ROV] et à trois drones sous-marins [AUV].

Cet ensemble repose sur le système de mission M-CUB ainsi que sur le logiciel MiMap, capable d’analyser en temps réel les données collectées par le sonar grâce à un algorithme d’intelligence artificielle [IA]. Enfin, il est mis en œuvre à partir d’un centre d’opérations léger, appelé e-POC [pour expeditionary-Portable Operations Center], censé permettre de mener des missions de lutte anti-mines avec des USV depuis « n’importe quel théâtre d’opérations ».

En décembre, après la livraison de deux prototypes/démonstrateurs à la France et au Royaume-Uni, l’OCCAr a fait savoir que Thales venait de remettre un premier drone de surface à la Direction générale de l’armement [DGA]. Ce que cette dernière a confirmé, ce 21 janvier.

« La livraison de ce drone constitue une première étape avant l’atteinte d’une véritable capacité opérationnelle en fin d’année 2025. Dans cette perspective, ce drone sera associé à cinq drones de surface supplémentaires, constituant ainsi la première capacité de systèmes autonomes de surface de la Marine nationale », a en effet indiqué la DGA, via un communiqué.

Mais elle a donné une autre précision : ce drone de surface « a passé avec succès sa mise en condition de navigation [MECNAV] le 16 janvier ». En clair, il est autorisé à naviguer en « mode inhabité / téléopéré, et, partant, à débuter sa « première phase de montée en compétence exploratoire ».

Pour rappel, lors de la dernière édition du salon Euronaval, en novembre, la DGA a annoncé l’acquisition de huit drones sous-marins autonomes de nouvelle génération A18-M auprès d’Exail. Une option pour huit exemplaires de plus a été posée. Ces engins doivent être équipés de la dernière version du sonar à ouverture synthétique SAMDIS [Synthetic Aperture Mine Detection and Imaging System] développé par Thales.

Le SAMDIS 600 permet d’obtenir des images à partir d’angles multiples en une seule passe. Associé au logiciel MiMap, il « offre des probabilités de détection et de classification exceptionnellement élevées, avec des performances supérieures qui permettent d’accélérer le tempo et d’augmenter l’efficacité des opérations de la Marine », assure l’industriel.

Le MMCM est l’un des quatre piliers du programme SLAM-F [Système de lutte anti-mines marines futur], qui vise à renouveler l’ensemble des moyens de la Marine nationale dédiés à la lutte contre les mines. Il prévoit l’acquisition de Bâtiments bases des plongeurs démineurs de nouvelle génération [BBPD NG], de Bâtiments de guerre des mines [BGDM] et du Système d’exploitation des données de guerre des mines [SEDGM].

Le plan de Trump pour l’OTAN

Le plan de Trump pour l’OTAN

Mandatory Credit: Photo by Taidgh Barron/ZUMA Press Wire/Shutterstock (14582742t)

par Geopolitika – Revue Conflits – publié le 22 janvier 2025

https://www.revueconflits.com/le-plan-de-trump-pour-lotan/


Donald Trump a menacé les Européens de quitter l’OTAN si ceux-ci ne participaient pas davantage à son financement. Une menace qui illustre sa vision de l’Alliance et le plan qu’il envisage. Entretien avec le Dr Glenn Agung Hole.

 par le Dr. Glenn Agung Hole. Maître de conférences en entrepreneuriat, économie et gestion, Université du sud-est de la Norvège & professeur honoraire à l’Université d’État Sarsen Amanzholov de l’est du Kazakhstan.

 

Donald Trump a vu sa politique étrangère critiquée comme chaotique et imprévisible, mais à travers le prisme de l’économie autrichienne – avec l’accent mis par Ludwig von Mises et Friedrich Hayek sur la décentralisation, la concurrence et la coopération volontaire – on peut discerner des schémas reflétant une logique sous-jacente.

En interprétant l’approche de Trump comme une forme « d’entrepreneuriat géopolitique », il devient clair que sa politique étrangère ne se contente pas de remettre en cause les structures établies en Europe, mais qu’elle met également en place les bons incitatifs pour que les pays européens assument davantage la responsabilité de leur propre sécurité. Dans le même temps, elle ouvre de nouvelles opportunités pour l’Europe dans un monde en rapide mutation.

L’entretien de Stephen Wertheim avec Der Spiegel du 4 décembre 2024 est une plateforme solide pour comprendre l’approche de Trump à l’égard de la dynamique du pouvoir mondial. Wertheim soutient que Trump n’a jamais été un isolationniste, mais plutôt un pragmatiste cherchant à redistribuer les charges et les ressources. En utilisant les principes de l’économie autrichienne et de l’entrepreneuriat, nous pouvons approfondir notre compréhension de la politique de Trump et de ses implications.

Trump en tant qu’entrepreneur géopolitique

Dans l’économie autrichienne, l’entrepreneur joue un rôle clé en identifiant les opportunités, en prenant des risques calculés et en redistribuant les ressources afin de créer de la valeur. La politique de Trump peut être comprise comme une approche entrepreneuriale de la politique étrangère, dans laquelle il s’efforce de remettre en cause les structures inefficaces et de créer de nouveaux points d’équilibre.

Stephen Wertheim souligne que l’exigence de Trump selon laquelle les pays de l’OTAN augmentent leurs dépenses de défense représente un changement de paradigme. Cela peut être interprété comme une stratégie visant à redistribuer les ressources au sein de l’alliance et à la rendre plus soutenable pour les États-Unis. Trump considère l’OTAN comme un « investissement » qui doit apporter un rendement. Son pragmatisme reflète l’accent mis par Mises sur le fait que les acteurs devraient assumer la responsabilité de leurs propres besoins plutôt que de se reposer sur l’effort d’autrui.

Un exemple concret est la priorité accordée par Trump aux accords bilatéraux, qu’il juge plus flexibles et plus avantageux que les structures multilatérales comme l’OMC. Cela rappelle la pensée entrepreneuriale, dans laquelle des négociations directes peuvent maximiser la valeur de la coopération. La renégociation de l’ALENA en USMCA (Accord États-Unis–Mexique–Canada) illustre comment Trump utilise les négociations pour obtenir de meilleures conditions pour les États-Unis.

La décentralisation et la liberté comme fondements stratégiques

L’économie autrichienne souligne que la décentralisation est une condition préalable à une utilisation efficace des ressources et à la liberté individuelle. Trump a remis en question l’idée des États-Unis en tant que « policier du monde » et a plutôt encouragé les acteurs régionaux, comme l’Europe, à assumer une plus grande responsabilité pour leur propre sécurité. Cela est en accord avec l’idée de Hayek selon laquelle le contrôle centralisé conduit à la stagnation et à l’inefficacité.

Wertheim note que l’exigence de Trump quant à l’augmentation des dépenses de défense par les membres de l’OTAN n’est pas nécessairement une menace pour l’alliance, mais plutôt un catalyseur pour sa revitalisation. D’un point de vue autrichien, cela apparaît comme une stratégie de décentralisation, dans laquelle la responsabilité est répartie entre plusieurs acteurs afin de stimuler à la fois l’innovation et l’autonomie.

Lire aussi : Quand l’idéologie affaiblit l’autonomie : Matières premières critiques et l’impasse stratégique de la Norvège

Trump remet également en cause l’idée d’interventions globales fondées sur des valeurs. Au lieu de justifier une intervention militaire par des principes idéalistes, il privilégie des considérations pratiques qui profitent directement aux États-Unis. Cela représente une approche réaliste qui fait écho à la vision de Mises, selon laquelle la politique devrait être fondée sur de véritables incitations plutôt que sur des dogmes idéologiques.

La concurrence comme moteur de la géopolitique

Dans l’analyse de Wertheim, la rivalité de Trump avec la Chine est mise en avant comme un point clé de sa politique étrangère. Trump considère les relations internationales comme un marché où les nations rivalisent pour le pouvoir, les ressources et l’influence. Son approche du « diviser pour régner » envers la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord reflète une application des mécanismes de la concurrence de marché à la géopolitique.

L’économie autrichienne voit dans la concurrence une force dynamique qui stimule l’innovation et le progrès. L’utilisation par Trump de sanctions économiques, de droits de douane et de négociations bilatérales est un moyen de s’adapter aux mécanismes du marché. Sa guerre commerciale avec la Chine en est l’illustration : en exerçant une pression sur la Chine par le biais de droits de douane, il cherche à obtenir de meilleures conditions pour les entreprises américaines.

Mais comme Hayek le mettait en garde, la concurrence sans confiance ni coopération peut conduire à l’instabilité. La politique de Trump a engendré de l’incertitude parmi les alliés traditionnels, ce qui peut offrir aux rivaux tels que la Chine l’occasion de tirer parti d’un vide de pouvoir. Cela souligne la nécessité de contrebalancer la concurrence par une coopération stratégique à long terme.

L’opportunité entrepreneuriale de l’Europe

Trump a poussé l’Europe à assumer une plus grande responsabilité en matière de sécurité. Pour l’Europe, cela implique non seulement d’augmenter les budgets de défense, mais aussi de mettre en œuvre des réformes structurelles favorisant l’entrepreneuriat et l’innovation dans l’industrie de la défense.

L’économie autrichienne met en avant le rôle du marché dans la promotion de l’efficacité. Pour l’Europe, cela signifie ouvrir l’industrie de la défense à la concurrence et aux acteurs privés, stimulant ainsi le développement de nouvelles technologies. En utilisant l’entrepreneuriat comme moteur, l’Europe peut bâtir une structure de sécurité économiquement durable et moins dépendante du soutien américain.

Mais comme Mises l’a averti, l’Europe doit éviter la surréglementation et la centralisation, qui peuvent freiner la croissance et l’innovation. En privilégiant une coopération décentralisée entre les nations, l’Europe peut obtenir une plus grande flexibilité et une plus grande dynamique.

Dans le même temps, l’Europe doit éviter les écueils de la centralisation et de la surréglementation. Si l’augmentation des dépenses de défense conduit à une pression fiscale plus forte et à une moindre flexibilité économique, cela peut entraver la croissance et l’innovation. La clé réside ici dans l’équilibre entre la souveraineté nationale et la coopération régionale, afin d’assurer une structure de sécurité durable.

La volonté comme modèle durable

L’un des aspects les plus intéressants de la politique de Trump, selon Wertheim, est sa mise en avant des contributions volontaires plutôt que des obligations imposées. Cela fait écho à l’idée de Hayek selon laquelle la coopération doit reposer sur des intérêts communs, non sur la coercition.

En affirmant que les États-Unis ne signeront plus de chèques en blanc pour soutenir la sécurité de l’Europe et en insinuant que les États-Unis pourraient quitter l’OTAN si ses mises en garde ne sont pas prises au sérieux, Trump crée néanmoins de véritables incitations pour que l’Europe assume une plus grande responsabilité de sa propre sécurité dans un monde de plus en plus incertain.

Cela est comparable à la théorie économique autrichienne, qui souligne l’importance d’un marché libre sans subventions étatiques, ainsi que des incitations visant à accroître la concurrence et à promouvoir l’entrepreneuriat comme clés d’un développement économique robuste. En supprimant la subvention de facto américaine à la sécurité européenne, les incitations adéquates sont réunies pour que l’Europe prenne les mesures nécessaires dans la dimension de la politique de sécurité.

L’exigence de Trump que les pays de l’OTAN paient davantage pour leur propre sécurité, sous peine de voir le soutien des États-Unis diminuer, remet donc en question les équilibres traditionnels de pouvoir. Mais elle offre également à l’Europe l’occasion de redéfinir son architecture sécuritaire sur la base de la volonté et de l’entrepreneuriat. Cela peut renforcer l’alliance en la rendant plus équilibrée et plus durable.

Réflexion récapitulative : le rôle de l’entrepreneuriat dans l’avenir de la géopolitique

À travers le prisme de l’économie autrichienne, la politique étrangère de Trump peut être comprise comme une approche pragmatique et entrepreneuriale face aux défis mondiaux. Son accent sur la décentralisation, la concurrence et la coopération volontaire remet en cause les structures traditionnelles, mais ouvre également la voie à l’innovation et à des solutions plus efficaces.

Pour l’Europe, cela représente à la fois un défi et une opportunité. En adoptant l’entrepreneuriat et des solutions dictées par le marché, l’Europe peut développer une stratégie sécuritaire qui renforce l’autonomie du continent et sa capacité d’innovation. D’un point de vue autrichien, la politique de Trump n’est pas seulement une nécessité, mais une chance de créer un nouvel ordre mondial plus décentralisé.

Référence :

Entretien avec Stephen Wertheim, Der Spiegel, 4 décembre 2024. Lire l’interview ici : What Role Will the U.S. Play in the World?: «Trump Has Never Been an Isolationist» – DER SPIEGEL

Culture géostratégique : Le Groenland fait-il partie de l’Union européenne ?

AASSDN – publié le 22 janvier 2025

https://aassdn.org/amicale/le-groenland-fait-il-partie-de-l-union-europeenne/


Située entre l’Atlantique nord et l’Arctique, la plus grande île du monde fait l’objet de convoitises. Autonome mais constitutive du royaume du Danemark, elle n’est pas à proprement parler un territoire de l’UE. En revanche, les Groenlandais sont bien des citoyens européens.
C’est un territoire grand comme quatre fois celui de la France métropolitaine, mais peuplé de seulement 55 000 âmes et recouvert à 85 % de glace. C’est le territoire le moins densément peuplé de la planète, avec 0,03 habitant par km2.  
A première vue, le Groenland ne semble pas particulièrement attrayant. Pourtant, la plus grande île du monde fait aujourd’hui l’objet de nombreuses convoitises, notamment de la part du futur président des Etats-Unis.

Début janvier 2025, lors d’une conférence de presse, Donald Trump a refusé d’exclure une annexion militaire du territoire. Le milliardaire américain, qui retrouvera la Maison-Blanche le 20 janvier 2025, voit dans “la propriété et le contrôle du Groenland” par les États-Unis une “nécessité absolue”. En 2019 déjà, il avait évoqué l’idée d’acheter ce territoire, suscitant une fin de non-recevoir de la part des autorités danoises, dont le Groenland est un pays constitutif. Quelques-uns de ses prédécesseurs avaient essuyé le même refus, en 1867, en 1910 ou encore en 1947. 

 

Quel est le statut du Groenland ?

Le Groenland a connu de nombreux changements de statut depuis la seconde moitié du XXe siècle. L’ancienne colonie danoise a accédé au statut de communauté autonome constitutive du royaume du Danemark en 1979. Elle a alors acquis des compétences en matière de fiscalité, d’économie ou d’éducation, puis de police ou encore de justice à partir de 2009.

Le territoire reste néanmoins soumis à la Constitution et à la Cour suprême du Danemark, le pays scandinave conservant des prérogatives importantes, notamment dans les domaines des relations internationales, de la défense et de la sécurité. Par ailleurs, Copenhague verse aujourd’hui l’équivalent de 500 millions d’euros d’aides à l’île chaque année.

Comme le Danemark, le Groenland a rejoint la Communauté économique européenne (CEE, désormais Union européenne) en 1973. Mais le territoire autonome a décidé de la quitter douze ans plus tard, à la suite d’un référendum. Il n’est donc plus un territoire européen depuis le 1er février 1985.

Outre son appartenance au Danemark, le territoire conserve toutefois des liens importants avec l’Union européenne. Le Groenland figure ainsi parmi les 13 pays et territoires d’outre-mer (PTOM), un ensemble de dépendances et de territoires ultramarins qui entretiennent des liens constitutionnels avec un Etat membre de l’Union européenne, sans faire partie intégrante de l’UE.

Ces 13 pays et territoires relèvent aujourd’hui de trois États : 6 sont reliés à la France (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres australes et antarctiques françaises, Wallis-et-Futuna et Saint-Barthélemy), 6 autres aux Pays-Bas (Sint Maarten, Saba, Sint Eustatius, Aruba, Curaçao et Bonaire) et enfin le Groenland qui est un pays constitutif du royaume du Danemark. Le droit européen ne s’applique pas dans ces territoires, qui ne sont pas membres de l’espace Schengen par ailleurs.

Les PTOM sont en revanche associés à certaines politiques de l’UE pour faciliter leur développement économique, social et commercial. L’instrument européen pour le voisinage, le développement et la coopération internationale regroupe les différents programmes de financements à destination de ces zones. Par ailleurs, les produits importés dans l’UE depuis les PTOM ne sont pas soumis aux droits de douane ou aux restrictions quantitatives. Enfin, leurs ressortissants disposent de la citoyenneté européenne et donc d’un passeport de l’UE.

Pour les PTOM, un statut différent de celui des régions ultrapériphériques (RUP)

Le statut des PTOM (pays et territoires d’outre-mer) est à distinguer de celui des régions ultrapériphériques (RUP). Ce dernier concerne 9 régions insulaires et/ou géographiquement éloignées du continent européen. Contrairement aux PTOM, elles font partie intégrante du territoire de l’Union et sont, à ce titre, soumises au droit européen.

La France compte six régions ultrapériphériques (Saint-Martin, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Mayotte et La Réunion), contre deux pour le Portugal (Madère et les Açores) et une pour l’Espagne (les Canaries).

 

Pourquoi le Groenland est-il convoité ?

Pour justifier ses volontés d’annexion du Groenland, Donald Trump avance des raisons de sécurité nationale. Présents depuis la Seconde Guerre mondiale sur l’île, les Etats-Unis y ont notamment construit une base aérienne au nord-ouest, à Qaanaaq (ou Thulé) en 1953. Le Groenland suscite également les convoitises de la Chine, qui y a développé des activités économiques et scientifiques ces dernières années, ou celles de la Russie, qui espère régner sur l’Arctique dans les années à venir.

Ces multiples intérêts s’expliquent par la situation géographique de l’île, dont les planisphères donnent une mauvaise représentation. En regardant une carte centrée sur le Groenland (voir l’encadré ci-dessous), on constate la position stratégique du territoire. Constitué en grande partie de glace, il se réchauffe deux fois plus vite que le reste du globe, entraînant la fonte des glaces. Celle-ci pourrait ouvrir de nouvelles routes commerciales maritimes jusqu’ici inaccessibles. Une aubaine pour les trois puissances mondiales.

Enfin, le sol du Groenland est particulièrement riche en ressources : 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel non découverts à ce jour se trouveraient en Arctique, dont la majeure partie au Groenland, selon certaines estimations. Il regorgerait enfin de terres rares, comme le nickel ou le cobalt, nécessaires à la fabrication des batteries pour les téléphones portables, par exemple. Là aussi, la fonte des glaces pourrait s’avérer déterminante.

Le Groenland : carte d’identité 

 

Crédits : Toute l’Europe, avec Flourish

Capitale : Nuuk (17 000 habitants)
Population : 55 000 habitants (449 millions pour l’Union européenne)
Superficie : 2,16 millions de km2 (deux fois moins que l’Union européenne, 4,23 millions de km2)
Monnaie : couronne danoise (comme au Danemark)
Chef du gouvernement : Múte B. Egede, membre du parti Inuit Ataqatigiit (social-démocrate)

 

Le Groenland fait-il partie de l’Otan ?

Si elle peut paraître farfelue, l’option militaire n’a pas été écartée par Donald Trump pour s’emparer du Groenland. Compte tenu de la présence américaine sur l’île, une hypothétique invasion s’avérerait relativement simple à mettre en œuvre. Evidemment, une telle intervention créerait un choc sans précédent, notamment parce que les Etats-Unis et le Danemark sont alliés au sein de l’Otan.

S’ils envahissent le Groenland, ils envahissent l’Otan. C’est là que ça s’arrête. L’article 5 de l’Otan [qui implique qu’une attaque contre l’un ou plusieurs de ses membres est considérée comme une attaque dirigée contre tous, NDLR] devrait être déclenché. Et si un pays de l’Otan envahit l’Otan, il n’y a plus d’Otan”, explique par exemple Elisabet Svane, correspondante politique en chef du journal danois Politiken, citée par la BBC.

Enfin, les Etats membres de l’UE, dont le Danemark, pourraient également évoquer l’article 42.7 du Traité sur l’Union européenne, également appelé “clause de défense mutuelle”. “Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir”, précise ce dernier. Une clause dont bénéficie également le Groenland, a confirmé un porte-parole de la Commission européenne.

 

Le Groenland pourrait-il demander son indépendance ?

Depuis 2009, le Groenland peut, s’il le souhaite, déclarer son indépendance du Danemark. Un processus qui passerait notamment par l’organisation d’un référendum et des négociations avec le Danemark sur leurs futures relations. La perspective refait souvent surface dans le débat public. Le Premier ministre groenlandais, Múte Egede, a d’ailleurs exprimé son souhait d’organiser un référendum sur le sujet s’il remporte les prochaines élections, en avril 2025. Et lors de son discours du Nouvel An, il y a de nouveau fait allusion.

Reste que le Groenland est extrêmement dépendant de Copenhague. Les fonds versés par le Danemark représentent actuellement 60 % du budget de l’île et près du quart de son PIB.

Touteleurope.eu
16/01/2025

Source photo-bandeau : Google Maps

Mistral AI devient un nouvel atout technologique pour l’armée française

Mistral AI devient un nouvel atout technologique pour l’armée française

Après le missile Mistral et le navire Mistral, place à l’IA

Source : James Rhodes + Montage Numerama
L’armée française pourra dorénavant compter sur l’expertise de Mistral AI dans l’intelligence artificielle. Le ministre Sébastien Lecornu a annoncé un rapprochement entre l’agence de défense dédiée à l’IA et la startup. Un mouvement qui reflète une tendance de fond.

Rapprocher l’une des startups en intelligence artificielle les plus en vues dans l’Hexagone avec la défense française. Voilà l’ambition évoquée par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, à l’occasion de son passage le 19 janvier 2025 dans l’émission Soft Power, sur France Culture, en mentionnant le partenariat noué avec Mistral AI.

En l’espèce, « Mistral va travailler avec l’Agence ministérielle de l’IA de défense », ou AMIAD, a dévoilé Sébastien Lecornu. Selon lui, il serait « stupide » de « doublonner les éléments de recherche ». Il faut pouvoir compter sur son savoir-faire et par ailleurs renforcer les efforts de l’AMIAD et ses 115 spécialistes.

Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu à l’École Polytechnique, en 2022. // Source : Ecole polytechnique

En somme, il faut s’appuyer sur les entreprises en pointe dans ces domaines de la même manière que le ministère le fait dans l’aviation (avec Dassault), la marine (Naval Group) ou l’électronique et l’aérospatial (Thales), car, a fait savoir le ministre, la souveraineté technologique ne se trouve pas qu’au sein des administrations de l’État.

Face à ces fleurons de la défense, Mistral AI est une entreprise bien jeune — elle a été fondée au printemps 2023 — et surtout beaucoup plus modeste. Elle est bien loin des milliers, voire des dizaines de milliers de collaborateurs chez les géants de la défense. Même chose pour KNDS, Safran, Airbus ou bien MBDA.

La montée en puissance de l’IA dans la défense

Mais ce rapprochement entre Mistral AI et le ministère traduit l’importance croissante de l’intelligence artificielle dans les activités de défense. Les usages ne manquent pas : accélérer l’étude d’une carte prise par un satellite, délester un militaire de certaines tâches, automatiser des processus, traiter des données en grand nombre, etc.

L’enjeu de l’IA a d’ailleurs été souligné par Sébastien Lecornu en mars 2024. Lors d’un discours sur le site de l’École polytechnique, le ministre plaidait pour que les armées prennent « le virage » de l’IA et prévenait que la France se devait de la « maîtriser souverainement ces technologies pour ne pas dépendre des autres puissances ».

« Le saut technologique que représente l’intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre. Ou même, plus important encore, de l’éviter comme l’atome en son temps », avait-il ajouté. Deux mois plus tard, l’AMIAD était lancé, tandis que la commande d’un supercalculateur top secret pour de l’IA militaire était passée.

Rafale
Aujourd’hui, le développement des prochaines évolutions du Rafale se pense aussi à travers l’IA. // Source : Bernardo Fernandez copado

Ce supercalculateur, attendu pour septembre 2025, est construit par le tandem Orange / Hewlett-Packard, et bardé de processeurs graphiques fournis par Nvidia — « pratiquement mille GPU de dernière génération », a fait valoir le ministre sur France Culture. Le tout, sur des installations qui seront classifiées.

Selon Sébastien Lecornu, ces infrastructures vont aussi offrir aux sociétés un espace plus sécurisé, ce qui éviterait les serveurs mal ou pas protégés, et, par ailleurs, limiterait les risques d’espionnage industriel. Et pour l’armée, il y a aussi un petit gain financier, le ministre évoquant des recettes obtenues grâce à un accès payant à cette solution.

Les détails du rapprochement entre Mistral et le ministère restent toutefois très vagues. Jusqu’à présent, la startup s’est surtout illustrée en matière d’IA générative, en fabriquant ses propres grands modèles de langage ainsi qu’un chatbot — Le Chat — pour répondre par écrit à des questions qu’on lui pose

Armées : Emmanuel Macron veut 80 000 réservistes en 2030

Armées : Emmanuel Macron veut 80 000 réservistes en 2030

Lors de ses vœux aux armées, Emmanuel Macron a insisté sur sa volonté de faire monter les effectifs de l’armée de réserve à 80 000 unités d’ici 2030.

par Cédric Bonnefoy – armees.com – Publié le
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Armées : Emmanuel Macron veut 80 000 réservistes en 2030 | Armees.com

Lors de ses traditionnels vœux aux armées, Emmanuel Macron a fait plusieurs propositions pour attirer la jeunesse vers les métiers des armées. Mais aussi pour améliorer la détection de jeunes prêts à rejoindre les unités. Son objectif : arriver à 80 000 réservistes en 2030.

Emmanuel Macron veut booster les effectifs des armées

Dans un discours prononcé à Cesson-Sévigné, lors de ses traditionnels vœux aux forces armées françaises, Emmanuel Macron dévoile une vision ambitieuse pour renforcer les effectifs de l’armée française. Le chef de l’État exprime son intention d’atteindre un objectif de 80 000 réservistes d’ici 2030. Selon lui, il s’agit d’une étape clé pour répondre aux nouvelles menaces pesant sur la sécurité nationale. Ce projet s’inscrit dans une volonté de « mieux détecter » et « mobiliser » les jeunes volontaires afin d’assurer une défense renforcée face à des périls croissants.

Pour le président, l’engagement des jeunes Français constitue une réponse stratégique face à l’ »accumulation des menaces« , notamment la guerre en Ukraine, qui a « accéléré les périls » géopolitiques. Aujourd’hui, le dispositif d’engagement citoyen se limite essentiellement au recensement national et à la Journée Défense et Citoyenneté (JDC). Emmanuel Macron estime que ce cadre est insuffisant. Afin de pallier cette lacune, le président propose une rénovation de la JDC, qui redeviendrait « un moment de temps retrouvé avec les armées« . Parmi les 800 000 jeunes participant annuellement à cette journée, certains pourraient se porter volontaires pour intégrer une réserve opérationnelle.

Cette réserve serait structurée pour permettre aux volontaires d’apprendre aux côtés des militaires actifs, tout en étant formés à intervenir « en renfort des armées en métropole ou ailleurs« . Cette approche offre non seulement une opportunité unique d’acquérir des compétences militaires, mais elle s’inscrit aussi dans une logique d’engagement fort pour la jeunesse. Surtout depuis que le Sénat vient d’acter quasiment la fin du service national universel.

Un cadre rénové pour la mobilisation

En parallèle, Emmanuel Macron sollicite l’état-major des armées et le gouvernement pour élaborer des propositions concrètes d’ici mai 2025. Ces initiatives incluront des stratégies pour mieux repérer les jeunes intéressés par un engagement militaire et les intégrer efficacement dans les forces armées. L’objectif à terme est de renforcer l’interconnexion entre les militaires d’active, dont les effectifs devraient atteindre 210 000, et les réservistes.

Ce projet s’inscrit dans une logique de défense nationale réactive face à des défis multiples. Emmanuel Macron a rappelé que les nouvelles stratégies militaires doivent tenir compte d’un contexte marqué par une intensification des tensions internationales. « Nous devons être capables de mobiliser notre jeunesse le jour venu, pour garantir la sécurité en métropole ou ailleurs« , a martelé le président.

La France rebondit dans ce pays d’Asie après ses déboires en Afrique et s’ouvre une nouvelle source d’approvisionnement en uranium pour ses centrales nucléaires

La France rebondit dans ce pays d’Asie après ses déboires en Afrique et s’ouvre une nouvelle source d’approvisionnement en uranium pour ses centrales nucléaires


La France rebondit dans ce pays d'Asie après ses déboires en Afrique et s'ouvre une nouvelle source d'approvisionnement en uranium pour ses centrales nucléaires
La France rebondit dans ce pays d’Asie après ses déboires en Afrique et s’ouvre une nouvelle source d’approvisionnement en uranium pour ses centrales nucléaires

 

Orano et la Mongolie scellent un accord d’investissement pour exploiter un gisement d’uranium majeur.

Comme nous l’avons vu dans un précédent article, après des années de purgatoire, la filière du nucléaire se porte très bien en France en 2025. Pour sécuriser encore un peu plus cette filière qui assure la souveraineté de la France ainsi qu’une énergie décarbonée, le groupe Orano vient formaliser un accord d’investissement avec l’État Mongol pour développer et exploiter le gisement d’uranium de Zuuvch-Ovoo, marquant un tournant majeur dans les relations franco-mongoles, en même temps qu’il vient offrir une ouverture potentielle pour la France sur une nouvelle source d’approvisionnement en uranium plus pérenne que l’Afrique, dans laquelle l’Hexagone ne semble plus le bienvenu en ce moment.

Orano prend un engagement long terme en Mongolie

L’accord, qui couronne 27 ans de présence et de collaboration entre Orano et la Mongolie, a été ratifié suite à son approbation par le parlement mongol. La cérémonie de signature s’est déroulée à Oulan-Bator, symbolisant le début d’un projet minier de grande envergure qui durera 30 ans avec un investissement initial estimé à 500 millions de dollars.

Développement du gisement et impact économique

Le projet Zuuvch-Ovoo, situé dans la province de Dornogovi, envisage une production annuelle de 2 500 tonnes d’uranium. Avec un investissement total de 1,6 milliard de dollars sur la durée du projet, cette initiative devrait générer 1 600 emplois, stimulant ainsi l’économie locale et régionale.

Standards internationaux et formation locale

Orano s’engage à respecter les standards internationaux de sécurité, de sûreté et d’environnement, et prévoit des investissements significatifs dans la formation de la main-d’œuvre locale. Cet aspect du projet vise à développer des compétences durables au sein des communautés locales et à positionner la Mongolie comme un leader dans l’industrie uranifère.

Implications stratégiques et environnementales

L’exploitation du gisement d’uranium à Zuuvch-Ovoo positionne la Mongolie comme un acteur clé dans le marché global de l’uranium, essentiel pour soutenir les besoins croissants en énergie bas carbone. Cela renforce également les efforts de la Mongolie pour contribuer à l’effort climatique mondial et à la diversification de son économie.

Les sources d’approvisionnement actuelles de la France en Uranium en 2025

La France, qui consomme environ 7 000 à 9 000 tonnes d’uranium par an pour ses 57 réacteurs nucléaires, dépend entièrement des importations pour son approvisionnement. Ses principales sources d’uranium sont diversifiées géographiquement, incluant le Kazakhstan, le Niger, le Canada, l’Australie, la Namibie et l’Ouzbékistan. Cette diversification vise à réduire les risques géopolitiques et économiques. Cependant, la dépendance à l’uranium enrichi russe reste significative, représentant environ un tiers des besoins français en 2022. EDF, le principal exploitant nucléaire français, s’approvisionne auprès de fournisseurs comme Orano (français donc) et Urenco (anglo-saxon). Le top 3 des plus gros exportateurs d’uranium vers la France est :

  1. Kazakhstan (environ 27% des importations)
  2. Niger (environ 20% des importations)
  3. Ouzbékistan (environ 19% des importations)

Cet article explore le partenariat stratégique entre Orano et la Mongolie pour l’exploitation d’un gisement d’uranium de classe mondiale, soulignant l’impact économique, environnemental et social du projet. Avec des investissements substantiels et un engagement à long terme envers les normes internationales et le développement local, ce projet promet de renforcer les capacités industrielles de la Mongolie et de soutenir les objectifs mondiaux de production d’énergie propre.

Source : Orano

Organisation des soutiens de l’armée de Terre : un demi-siècle de transformation (III de III)

Organisation des soutiens de l’armée de Terre : un demi-siècle de transformation (III de III


Par le chef d’escadron Jérôme Guilbert, Officier Officier breveté de l’armée de Terre – Partie III : vers un retour de la haute intensité 

Réconciliation : les enjeux opérationnels actuels, bien compris et assumés par les soutiens interarmées et les chefs logistiques de l’armée de Terre, favorisent un équilibre entre le nécessaire retour de la verticalité du commandement et l’incontournable interdépendance

2023 – ? : retour de la haute-intensité et recherche d’autonomie

En 2023, le modèle « au Contact » cède à nouveau sa place à une autre organisation, l’armée de Terre « de Combat », plus adaptée aux défis de l’hypothèse d’engagement majeur, à laquelle on préfère aujourd’hui le terme d’opération d’envergure, et au combat de haute-intensité, mais aussi plus cohérente avec la nouvelle loi de programmation militaire qui ne prévoit pas d’augmentation significative des effectifs ou des moyens.

Ce modèle abandonne l’idée des commandements en piliers pour adopter une approche matricielle, au sein de laquelle le commandement de l’appui et de la logistique de théâtre (CALT) continue d’assumer un rôle opératif en opérations tout en cherchant à se recentrer sur le soutien d’une composante terrestre apte à l’engagement : la division projetée doit désormais être soutenue par la base de soutien divisionnaire (BSD) commandée par le PCFL, devenu état-major de la brigade logistique (BLOG).

Les DSIA déploient leurs zones fonctionnelles sur la BSD comme autorités de tutelle, le commandeur organique et intégrateur des soutiens étant le chef de la brigade logistique qui conçoit et conduit désormais la manœuvre des soutiens. La BSD devient un échelon tactique de même pied que les brigades interarmes de la division : elle s’inscrit ainsi mieux dans la manœuvre tactique et y est parfaitement intégrée. En 2024, la 1ère Division a commencé à faire apparaître la brigade logistique dans le tableau des rôles de son ordre d’opérations, au même niveau que les brigades interarmes : elle est ainsi parfaitement considérée comme échelon de la manœuvre interarmes du commandeur tactique.

Articulation organique (de temps de paix, ou « au quartier ») et opérationnelle (de temps de guerre, ou « projetée) sont rapprochées. L’appellation même de BSD, plutôt que de bataillon logistique (BATLOG) ou de groupement tactique logistique (GTLOG), permet de mieux situer l’échelon de soutien dans l’articulation de la division. Elle permet de réconcilier le chef tactique avec le « fait soutien », notion perdue depuis la dissociation entre « soutenant » et « soutenu ».

En parallèle, l’hiver 2023 est aussi celui de la création d’un commandement pour les opérations aéroterrestres en Europe (CTE), état-major terrestre ayant vocation à assumer sur ordre et dans une logique de milieu certaines fonctions de niveau opératif en Europe. Elles induisent jusqu’à aujourd’hui et pour l’essentiel des enjeux logistiques interarmées. Moins bien maîtrisées par les autres armées, dont les milieux et les besoins logistiques sont particuliers, ces responsabilités logistiques opératives interarmées sont en grande partie assumées par le CALT, dont le périmètre dépasse alors celui de la composante terrestre. En opération, Il intègre et synchronise également les DSIA, responsables de leur zone fonctionnelle respective au sein d’un unique GSIAT : le Groupement de soutien interarmées de théâtre est le plus haut niveau de la chaîne des soutiens déployés en opérations et dont la responsabilité échoyait auparavant au PCFL.

 

De l’indépendance à l’interdépendance : un changement de paradigme à prendre en compte

Ainsi, on peut identifier, en cinquante ans, six grandes phases de transformation de l’organisation de la logistique directement liée au changement de contexte géopolitique, politique, budgétaire et, par déclinaison, doctrinal. Elles s’inscrivent dans un système en mouvement, passant de phases ou les forces à soutenir sont plus importantes mais utilisées en réassurance ou en dissuasion à des phases d’engagement plus systématiques mais aux ambitions modérées.

Le soutien de l’armée de Terre doit désormais prendre en compte dans son agencement les interdépendances entre des acteurs distincts, autrefois parfaitement intégrés, et la recherche de cohérence entre l’organique et l’opérationnel.

Avec l’externalisation et la mutualisation, le soutien « pour la composante tactique » (ici, la composante terrestre) ne sera désormais plus le soutien « de la composante ». Cette perte d’autonomie du chef tactique a également provoqué son désintérêt pour un « fait soutien » devenu trop complexe. Il doit se le réapproprier pour mieux l’intégrer dans une manœuvre qui tend elle-même à intégrer d’autres champs et d’autres milieux.

 

Conclusion : une interdépendance aux effets atténués par le respect des grands principes du C2

Pour l’armée de Terre, les facteurs de transformation exogènes sont liés à l’appréciation de situation stratégique et ses implications tactiques. Cependant, cette dernière, qui devrait par essence n’être rapportée qu’au contexte militaire, dépend de choix organisationnels et budgétaires plus larges, de niveau politique, qui s’appuient ou conditionne le narratif stratégique (par exemple, les « dividendes de la paix »). Ces facteurs exogènes, dans tous les cas, obligent les organisations à s’adapter.

On constate cependant qu’ils ne permettent pas, pour l’armée de Terre, d’inscrire une transformation dans la durée : dans un contexte en perpétuel mouvement, la solution optimale n’est jamais acquise.

  • Premièrement, à la guerre, les adversaires cherchent en permanence la rupture organisationnelle ou technique qui provoquera la surprise et lui donnera l’avantage.
  • Deuxièmement, l’armée de Terre s’intègre dans une stratégie dont elle n’est pas propriétaire et où le cadre espace-temps de son action est restreint, impermanent.
  • Troisièmement, la composante terrestre est soumise à trois risques interdépendants que sont l’essoufflement logistique, l’isolement ou l’éloignement de ses bases.

Là où les théories de supply chain management supposent une forme de linéarité et une solution conceptuelle dans le perfectionnement et l’efficience du modèle logistique, cette singularité de l’armée de Terre peut l’amener à « revenir » sur un modèle ante.

Les effectifs perdus lors de la RGPP ne seront pas retrouvés et la mutualisation des soutiens a aussi montré des avantages, il est alors possible de paraphraser Paul Valéry et considérer, en matière de soutien, qu’il ne s’agit pas de « refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses et en fera d’autres en d’autres temps ».

L’esprit, ou les principes, survivent aux évolutions doctrinales, qu’elles proposent un modèle centralisé ou bien déconcentré, des soutiens intégrés au sein des composantes ou bien mutualisés. Pour que les fonctions dites « de contact » (unités d’infanterie, blindées ou aéromobiles) bénéficient d’appuis et de soutien, la chaine de commandement doit être simple et efficace, c’est-à-dire anticipée, décrite, connue, unique, acceptée et assumée.

Ainsi, l’articulation logistique peut évoluer, pourvu qu’elle soit dotée d’une structure de command and control robuste. Autrement dit, plutôt que craindre ces transformations et se désoler de leurs conséquences, on peut s’y adapter en maîtrisant la question du C2 logistique, et en étant capable de la faire évoluer, de façon dépassionnée et rationnelle.

Photo : manoeuvre de franchissement du Vistule pendant l’exercice Dragon 24 © A.Thomas-Trophime, armée de Terre, Pologne, mars 2024 >>>

https://www.defense.gouv.fr/terre/actualites/larmee-terre-pologne-lexercice-dragon-24

PORTRAIT – Qui est John Ratcliffe, choisi par Trump pour diriger la CIA

John Ratcliffe à la CIA
Réalisation Le Lab Le Diplo

PORTRAIT – Qui est John Ratcliffe, choisi par Trump pour diriger la CIA


Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie). Membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R.

Trump a annoncé avoir choisi John Ratcliffe, ancien directeur du renseignement national à la fin de son premier mandat, comme directeur de la Central Intelligence Agency (CIA). Voici tout ce qu’il faut savoir sur la carrière de Ratcliffe, tel que rapporté par le site Politico.

John Ratcliffe est une figure de premier plan dans le paysage politique américain, avec une carrière qui l’a vu passer du domaine juridique à des rôles de direction dans le renseignement national. Né le 20 octobre 1965 à Mount Prospect, dans l’Illinois, Ratcliffe a construit une carrière solide en tant qu’avocat et homme politique républicain, devenant l’un des alliés les plus proches de Donald Trump.

Les débuts : une carrière de procureur fédéral

Ratcliffe a obtenu son diplôme en droit à la Southern Methodist University School of Law et a commencé sa carrière juridique en tant qu’avocat dans le secteur privé. Par la suite, il a occupé le poste de procureur fédéral dans le district Est du Texas, où il s’est concentré sur des affaires liées au contre-terrorisme et à la sécurité nationale. Il a affirmé avoir joué un rôle clé dans la prévention de menaces terroristes sur le sol américain, bien que certains critiques aient mis en doute l’ampleur réelle de ses contributions.

L’entrée en politique : membre du Congrès pour le Texas

Ratcliffe a fait le saut vers la politique nationale en 2014, lorsqu’il a battu le député républicain en exercice Ralph Hall lors des primaires texanes pour la Chambre des représentants. Élu comme représentant du 4ᵉ district du Texas, il s’est rapidement forgé une réputation de conservateur intransigeant, prônant des politiques fiscales strictes et s’opposant à l’expansion du gouvernement fédéral.

Pendant son mandat au Congrès, Ratcliffe a siégé au sein de commissions cruciales telles que la commission judiciaire et la commission du renseignement de la Chambre. Ces positions lui ont permis de devenir une figure clé dans la supervision des agences de renseignement américaines. Sa défense fervente de Trump lors des enquêtes sur l’impeachment et le Russiagate a renforcé son statut de fidèle allié du président.

Directeur du renseignement national : une nomination controversée

La confiance de Trump envers Ratcliffe l’a conduit à le nommer directeur du renseignement national (DNI) en mai 2020, un poste qu’il a occupé jusqu’à la fin du mandat de Trump en janvier 2021. En tant que DNI, Ratcliffe était chargé de superviser toutes les agences de renseignement américaines, y compris la CIA, la NSA et le FBI, et de gérer des informations sensibles relatives à la sécurité nationale.

Malgré un manque d’expérience significative dans le domaine du renseignement avant sa nomination, Ratcliffe a adopté une politique de déclassification de nombreux documents, affirmant qu’ils révélaient des abus de l’intelligence sous ses prédécesseurs. Cette décision lui a toutefois valu des accusations de politisation des informations classifiées pour favoriser Trump et le Parti républicain.

Contribution aux enquêtes sur Hunter Biden

Lors de l’annonce de sa nomination, Trump a remercié Ratcliffe pour avoir « exposé une fausse collusion russe » et « dit la vérité » sur l’affaire du laptop de Hunter Biden. Ces commentaires reflètent la perception de Trump que Ratcliffe est aligné avec ses objectifs politiques. Lorsque Ratcliffe était au Congrès, il avait contribué à faire avancer les enquêtes sur Hunter Biden, comme le rappelle The Independent.

Le retour de Ratcliffe à la tête de la CIA : un signal de continuité pour Trump

Avec sa récente nomination à la tête de la CIA, Ratcliffe revient jouer un rôle clé dans l’appareil de sécurité des États-Unis. Le choix de Trump de s’appuyer sur une figure déjà testée au sein de son administration montre une volonté de continuité dans les politiques de sécurité et de renseignement.

Ratcliffe a promis d’adopter une ligne dure face aux menaces extérieures, en particulier celles émanant de puissances rivales comme la Chine et la Russie. Cependant, il reste à voir comment cette nomination influencera les opérations internes de la CIA et ses relations avec d’autres agences de renseignement.

À lire aussi : Les ingérences du renseignement américain dans l

Conclusion

John Ratcliffe est une figure polarisante du paysage politique américain. Sa carrière, qui l’a vu passer de défenseur de la sécurité nationale en tant que procureur à partisan des politiques de Trump en tant que parlementaire et dirigeant du renseignement, reflète son alignement sur les priorités de l’administration Trump.

Sa nomination à la tête de la CIA pourrait introduire des changements significatifs dans la stratégie de renseignement des États-Unis, avec une attention accrue portée aux menaces globales et une priorité donnée à la protection des intérêts américains.

 

 


John Ratcliffe à la CIA

Giuseppe Gagliano a fondé en 2011 le réseau international Cestudec (Centre d’études stratégiques Carlo de Cristoforis), basé à Côme (Italie), dans le but d’étudier, dans une perspective réaliste, les dynamiques conflictuelles des relations internationales. Ce réseau met l’accent sur la dimension de l’intelligence et de la géopolitique, en s’inspirant des réflexions de Christian Harbulot, fondateur et directeur de l’École de Guerre Économique (EGE)

Il collabore avec le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) (Lien),https://cf2r.org/le-cf2r/gouvernance-du-cf2r/

avec l’Université de Calabre dans le cadre du Master en Intelligence, et avec l’Iassp de Milan (Lien).https://www.iassp.org/team_master/giuseppe-gagliano/