Lille. Au cœur du CFOT, le « centre névralgique » des forces terrestres de l’armée de Terre

Lille. Au cœur du CFOT, le « centre névralgique » des forces terrestres de l’armée de Terre

Que cachent ses murs épais ? Plongée au cœur du Commandement de la force et des opérations terrestres (CFOT) à Lille, véritable tour de contrôle de l’armée de Terre.

Plongée au cœur du Commandement de la force et des opérations terrestres (CFOT) à Lille, à la limite de La Madeleine (Nord). On y est
Plongée au cœur du Commandement de la force et des opérations terrestres (CFOT) à Lille, à la limite de La Madeleine (Nord). On y est « au cœur du cœur du fonctionnement de l’armée de Terre » française. ©Margot Nicodème



Nul peut se douter, en empruntant la rue du Pont Neuf, qui fait la jonction entre le Vieux-Lille et La Madeleine, de l’ampleur de ce qui se joue derrière les murs gris du très vaste n°35. Les panneaux indiquant un « terrain militaire », avec l’injonction de ne pas « photographier » les lieux, donnent toutefois un indice sur le sérieux des décisions qui s’y opèrent. Il s’agit du Commandement de la force et des opérations terrestres (CFOT), qui n’est autre que la « tour de contrôle » de l’armée de Terre. 80 000 militaires dépendent de cet état-major lillois (sur les 110 000 recensés), dont le chef, le général Barbry, a accepté de nous expliquer l’organisation et le fonctionnement. Immersion.

Au CFOT de Lille, des bâtiments de 1849 et 1984… dont Pierre Mauroy a posé la première pierre

Pour accéder au site, les formalités d’usage s’imposent : remise de badge contre présentation d’une pièce d’identité, et la visite peut commencer. Elle n’est malheureusement jamais autorisée au grand public, pas même lors des Journées européennes du patrimoine, alors que les lieux susciteraient à coup sûr la curiosité de beaucoup.

La localisation lilloise, pour un QG militaire de cette importance, prend sens sur plusieurs aspects. La proximité avec les alliés européens et l'attractivité du territoire, notamment pour les époux des militaires.
La localisation lilloise, pour un QG militaire de cette importance, prend sens sur plusieurs aspects. La proximité avec les alliés européens et l’attractivité du territoire, notamment pour les époux des militaires. ©Margot Nicodème

Le cheminement commence par les bâtiments les plus modernes, érigés à partir de 1984 – Pierre Mauroy en a posé la première pierre, une photo fait foi. Puis vient l’ensemble bâtimentaire historique, construit en 1849. C’est là que se trouve le bureau du général Barbry, chef d’état-major de ce commandement aux ordres du général de corps d’armée Toujouse.

Le CFOT compte 450 militaires, dont « une importante proportion d’encadrants ». C’est le « centre névralgique » de l’armée de Terre, comme le qualifie le général, où sont commandées les unités combattantes de France hexagonale et des Outre-mer. L’équivalent de 80 000 hommes et femmes – le taux de féminisation s’établit à 15%, ce qui contribue à faire de l’armée française « la 4e la plus féminisée au monde ». 

« Former le système d’hommes et de femmes le plus cohérent pour aller combattre »

La gestion de ces effectifs d’envergure s’articule autour d’un « triptyque », qui se résume à « transformer, générer et opérer », renseigne le général Barbry.

Le général Barbry est
Le général Barbry résume les missions qui sont menées au CFOT avec l’image du triptyque, consistant à « transformer, générer et opérer ». ©Margot Nicodème

 

Les missions, dans ce QG de Lille, vont de la répartition, sur le terrain, des nouveaux équipements, notamment des véhicules, à la mobilisation de forces militaires. « Nous nous appuyons sur les différentes brigades, divisions, pour constituer une offre militaire. Il faut former le système d’hommes et de femmes le plus cohérent pour aller combattre. » Puis, vient l’heure d’ »opérer ».

Nous pouvons commander sur le terrain les forces que nous avons générées. Le but, avec nos 450 camarades du CFOT, c’est d’être capable d’assurer le triptyque de ces opérations. 

Le général Barbry, chef d’état-major du CFOT à Lille

À titre d’exemples, le CFOT exerce une autorité sur les forces aux Outre-mer, celles impliquées à l’Est de l’Europe (en Estonie, Pologne, Roumanie) ou encore au Liban et en Irak. C’est là qu’a été générée la force qui a rejoint le conflit armé au Mali en 2013.

Le chef militaire de haut rang tient à ajouter que l’armée de Terre, « c’est plus qu’un système d’armes. C’est avant tout de la fraternité et de la cohésion« .

La partie plus historique, en date du milieu du 19e siècle, où est notamment situé le bureau du général.
La partie plus historique, en date du milieu du 19e siècle, où est notamment situé le bureau du général. ©Margot Nicodème
Ces bâtiments, plus modernes, ont été érigés en 1984, Pierre Mauroy en a posé la première pierre. Ils accueillent aujourd'hui les réservistes, entre autres.
Ces bâtiments, plus modernes, ont été érigés en 1984, Pierre Mauroy en a posé la première pierre. Ils accueillent aujourd’hui les réservistes, entre autres. ©Margot Nicodème

Une localisation à proximité des alliés européens et du siège de l’Otan

La garnison du Nord – entre Lille (le site de la rue du Pont Neuf et la Citadelle) et Douai – a tous les atouts pour être « hyper attractive ». Avec 3000 militaires dans le département, l’armée de Terre y est un acteur économique de premier plan. Les cantines sont notamment alimentées en denrées de producteurs locaux, quand des entreprises nordistes sont en charge de la conception de composants ou matériels indispensables au bon fonctionnement de l’armée, comme pour les chars ou les transmissions. 

La localisation lilloise d’un tel commandement est adaptée, pour plusieurs raisons. « Nous sommes à proximité de nos alliés belges, allemands, néerlandais et des états-majors de l’OTAN à Bruxelles », dit pragmatiquement le général. Mais sur un autre plan, pas nécessairement moins important : « la région est attractive pour les familles », qui doivent suivre le rythme implacable induit par la vie de militaire.

Car le turnover, comme ailleurs, est important au CFOT. Au nom de « l’efficacité opérationnelle », les officiers sont amenés à bouger tous les 4 ans. Le général Barbry, en place depuis l’automne 2024, ne devrait pas, d’ailleurs, rester autant de temps dans la Capitale des Flandres.

« Le soleil ne se couche jamais, sur le CFOT »

En parallèle, il y a celles et ceux qui ont fait le choix de servir l’armée sans être « contraints » par ces changements de cadres de vie récurrents. Ce sont les réservistes ; l’armée de Terre en compte 27 000 (45 000 au total dans toute l’armée), ils sont 150 à l’état-major de Lille.

Le site de la rue du Pont Neuf accueille 450 militaires, dont des encadrants.
Le site de la rue du Pont Neuf accueille 450 militaires, dont des encadrants. ©Margot Nicodème

Ce sont des hommes et femmes aux activités professionnelles « classiques » (il y a des professeurs, des chefs d’entreprises…) qui ont fait le choix de s’engager pour des missions ponctuelles. Leur proportion, à l’échelle nationale, devrait passer de 45 000 à 80 000 en 2030, puis à 105 000 en 2035, conformément aux objectifs fixés par le président de la République. 

Les réservistes ont leurs quartiers au sein du CFOT, contribuant ainsi à la plurifonctionnalité du site. « Nous sommes H24 sur le pont, et au cœur du cœur du fonctionnement de l’Armée de terre. Le soleil ne se couche jamais, sur le CFOT », conclut le général Barbry.

«Immaturité» des engagés, sanctions trop faibles : un rapport pointe les causes des désertions en hausse dans l’Armée de terre

«Immaturité» des engagés, sanctions trop faibles : un rapport pointe les causes des désertions en hausse dans l’Armée de terre

Publié le 19 mars dernier, ce rapport parlementaire énumère les multiples raisons de cette augmentation et dresse des pistes pour endiguer le phénomène.

Les chiffres sont là, implacables. Il ne reste qu’à les comprendre. Les désertions au sein des personnels militaires de l’armée de terre sont en forte hausse depuis 2022, d’après un rapport parlementaire publié le 19 mars dernier par l’Assemblée nationale, rédigé par les députés Loïc Kervran (Horizons) et Caroline Colombier (RN), et intitulé «recrutement et fidélisation : gagner la bataille des ressources humaines du ministère des Armées» .

D’après les chiffres transmis par l’État-major des armées, il y a eu 1485 désertions en 2022, soit une hausse de 56% par rapport à l’année précédente. Ils étaient 1253 en 2023, soit un chiffre en légère baisse qui correspond toutefois à une augmentation de 31% par rapport à 2021. Avant 2022, les chiffres étaient globalement stables, avoisinant les 900 départs par an, avec une baisse notable en 2020, du fait de la crise du Covid.

Des raisons multiples

Selon l’article L321-2 du Code de justice militaire, un militaire est déclaré déserteur s’il «s’évade, s’absente sans autorisation, refuse de rejoindre sa formation de rattachement ou ne s’y présente pas», sur le sol français ou à l’étranger, ou s’il ne se présente pas au départ d’une mission se déroulant à l’extérieur du territoire national. La désertion est constatée 7 jours après l’absence, et punie de 5 à 10 ans d’emprisonnement, en vertu de l’article 698 du Code de procédure pénale. Le statut de déserteur concerne seulement les personnels militaires du ministère des Armées.

Le rapport pointe trois facteurs principaux : le premier fut la guerre en Ukraine, qui a eu pour conséquence le départ de 85 légionnaires d’origine ukrainienne pour leur pays. Traditionnellement, et officieusement, ces départs sont tolérés par l’encadrement lorsque les légionnaires ressortissants d’un pays en guerre repartent chez eux pour se battre. Ça s’était produit dans les Balkans, et presque à chaque conflit. Même si elles sont comptabilisées comme telles, ce ne sont pas des désertions comme les autres.

Les deux autres facteurs principaux sont la sortie de la crise du Covid, avec un «effet de rattrapage des départs», et la «période de plein-emploi» qui a entraîné une hausse des départs alimentée par les réformes et les radiations disciplinaires.

Le texte relève d’autres facteurs de désertion, comme les «incertitudes et versatilités professionnelles  des jeunes actifs» et, plus largement, «un problème d’adaptation à la vie militaire et d’acceptation des singularités et contraintes de cet engagement». Il y aurait une part «d’immaturité toujours difficile à modéliser», liée à la difficulté pour certains engagés de respecter leur contrat jusqu’au bout.

À cela s’ajoute une justice trop peu répressive. «Les peines prononcées sont des peines assorties d’un sursis simple allant de 15 jours à 6 mois, voire par un classement sans suite» affirme le texte. Les sanctions ne seraient donc pas assez dissuasives pour endiguer les défections. «La section AC3 du Parquet de Paris – affaires militaires et atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation – classe systématiquement sans suite», déplore-t-il.

Lutter contre la désertion, fidéliser les personnels

Les armées ont récemment développé des mesures pour lutter contre le phénomène, notamment «la création d’alternatives au recours à la désertion ou à l’absentéisme sous couvert médical», une individualisation du parcours à travers la prise en compte des ambitions personnelles, ainsi que la valorisation des parcours des militaires du rang. 

Dans une perspective plus large, le texte rappelle que l’objectif est d’améliorer le bien-être des personnels, militaires et civils. Le programme «Fidélisation 360», annoncé en mars 2024 par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, a pour objectif, comme l’indique son nom, de «fidéliser les effectifs, militaires et civils», à travers cinq mesures principales. Entre autres, l’aide à la mobilité familiale et la mutation, l’accès à des prêts immobiliers à des taux avantageux, ou encore l’intégration de primes dans le calcul des droits à pension à partir de 2026. En conclusion, le rapport énumère douze recommandations pour accroître la fidélisation. Il conseille par exemple de doter chaque département d’un CIRFA commun aux trois armées (centres de recrutement, ndlr), de veiller à l’exécution des mesures de revalorisation des rémunérations, ou encore de permettre aux régiments de recruter directement les candidats qui souhaitent les rejoindre.

Ces mesures sont à comprendre en lien avec les aspirations affichées par la Loi de programmation militaire 2024-2030, qui souhaite porter le budget consacré à la Défense à 67 milliards d’euros en 2030, soit 16,5 milliards de plus que ce que prévoit le budget de 2025. Le ministère des Armées ambitionne d’augmenter ses effectifs de 6.000 hommes en six ans, en plus de son objectif d’atteindre le seuil de 80.000 réservistes.

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

– Forces opérations Blog – publié le

L’armée de Terre cherche une nouvelle dépanneuse blindée. Jusqu’à 150 exemplaires pourraient être acquis via une compétition engagée hier par la Direction générale de l’armement (DGA). 

Derrière cette mise en concurrence, des « engins lourds de dépannage (ELD) destinés au dépannage de véhicules tactiques au profit des armées ». À commencer par les Serval, Jaguar et Griffon de la famille SCORPION, des engins à roues de 17 à 25 tonnes progressivement livrés à l’armée de Terre. 

Cet ELD sera composé d’un camion doté d’une cabine blindée, d’une grue et d’une fonction de levage avec lesquelles il pourra extraire et récupérer les véhicules SCORPION au contact sur route ou hors route tout en contribuant aux opérations de maintenance. 

La cible envisagée par ce futur accord-cadre conclu pour une durée de cinq ans ? Quelque 150 ELD, dont 20 en tranche ferme. Les cinq premiers seront livrés au maximum 18 mois après la notification du contrat. Les 15 suivants sont attendus dans les six mois qui suivront ce lot initial. L’envergure de l’investissement n’est pas connue. 

L’annonce devrait intéresser au moins un acteur français : SOFRAME. Cette filiale du groupe Lohr aurait plusieurs cartes à jouer. D’une part, un porteur poids lourd de dépannage (PPLD) développé avec Iveco et en service dans l’armée de Terre. D’autre part, un Protected Recovery Vehicle (PRV) acquis en 2019 par la Composante Terre belge. Suivre cette voie, ce serait donc renforcer l’interopérabilité matérielle engagée avec un partenaire stratégique. 

Crédits image : SOFRAME

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles


Le 28 janvier, la Direction générale de l’armement a fait savoir qu’elle venait de notifier à KNDS France un contrat portant sur la modernisation de 100 chars Leclerc supplémentaires, ceux-ci devant être portés au standard XLR. Pour rappel, l’armée de Terre devra en aligner 160 exemplaires en 2030 et 200 en 2035.

Cette opération vise à doter le Leclerc de l’ensemble des équipements nécessaires au combat collaboratif [Système d’information du combat SCORPION, radio CONTACT], d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm, d’un brouilleur BARAGE pour renforcer sa protection contre les engins explosifs improvisés [EEI ou IED].

En outre, il s’agit également d’améliorer sa conduite de tir, grâce à des viseurs « PASEO », fournis par Safran Electronics & Defense. Seulement, les premiers Leclerc XLR remis à l’armée de Terre [34 l’avaient été au 10 décembre 2024] ne disposent pas de cette fonctionnalité… puisque celle-ci ne sera pas disponible avant 2028.

Le contrat relatif à l’intégration des viseurs PASEO a été attribué à KNDS France et à Safran Electronics & Defense par la DGA en février 2024.

« Ces viseurs sont les deux systèmes d’observation et d’engagement principaux du char Leclerc qui permettent à l’équipage de détecter, d’identifier et de cibler un objectif à plusieurs kilomètres avant de l’engager », avaient alors expliqué les deux industriels. Et d’ajouter que l’objectif était de « numériser le cœur optronique du système d’arme du char » afin d’accroître le « flux de données » et de « fournir des images de très haute qualité dans toutes les conditions ».

Cela étant, en juin de la même année, à l’occasion du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, Safran dévoila sa solution d’intelligence artificielle ACE [pour « Advanced Cognitive Engine »], celle-ci devant être intégrée à l’ensemble de ses produits, dont les viseurs PASEO.

« ACE permet notamment d’augmenter les capacités de détection, de classification et d’identification des cibles en corrigeant les effets générés par les conditions environnementales comme la turbulence atmosphérique ou la faible luminosité », avait expliqué l’industriel.

Et de préciser que « d’autres fonctions telles que le suivi avancé de pistes ou la détection d’objets d’intérêts aideront les utilisateurs à accomplir leurs missions en allégeant leur charge cognitive ».

Cette avancée a conduit la DGA à notifier un autre contrat au groupement momentané d’entreprises MODVIS, formé par KNDS France et Safran.

« Le GME Modernisation des Viseurs du char Leclerc rénové [MODVIS] vient d’être notifié par la DGA de l’intégration de fonctions avancées d’Observation au Viseur Chef », a en effet annoncé KNDS France, le 28 mars, via les réseaux sociaux X et LinkedIn.

« S’appuyant sur l’Intelligence Artificielle de Safran Electronics & Defense, ces dernières améliorent significativement les capacités de surveillance, de détection et de classification de cibles », a-t-il poursuivi, avant de rappeler que le GME MODVIS a « pour objectif d’améliorer la performance des viseurs du char [viseur Tireur et viseur Chef], notamment en remplaçant le viseur Chef par un viseur PASEO ».

Avec quelles nouvelles armes la France prépare son effort de défense ?

Avec quelles nouvelles armes la France prépare son effort de défense ?

L’effort de défense pour l’Armée française se traduit par des commandes de matériels militaires plus importantes et adaptés aux conflits actuels.

par Frédéric Delmonte – mesinfos.fr – publié le

https://mesinfos.fr/avec-quelles-nouvelles-armes-la-france-prepare-son-effort-de-defense-219056.html

@Dassault Aviation - Dassault Aviation travaille sur un drone de combat, qui sera furtif et accompagnera en mission le Rafale. Du combat collaboratif.

@Dassault Aviation – Dassault Aviation travaille sur un drone de combat, qui sera furtif et accompagnera en mission le Rafale. Du combat collaboratif.

L’effort de défense de la France passe par des commandes d’équipements militaires pour moderniser l’arsenal des nos armées et surtout le renforcer. L’objectif est de mettre à niveau les capacités militaires de la France dans le cadre d’un conflit de haute intensité, qui nécessiterait des réserves importantes de munitions et un nombre plus conséquent d’armes et de véhicules militaires.

Si cette question des capacités de défense de la France est revenue sur le devant de la scène politique ces dernières semaines, à la suite des évolutions géopolitiques à la suite de l’élection de Donald Trump, elle se posait déjà bien avant l’attaque de la Russie contre l’Ukraine.

Pour comprendre quels sont les besoins en armes, munitions et hommes des armées françaises et quelle est sa doctrine, il se faut d’abord se pencher sur les Lois de programmation militaires. Parce qu’au delà des discours politiques de circonstance, protéger la France et les Français, c’est planifier .

 

2019-2025. Une Loi de programmation militaire dans un contexte de terrorisme

Cet effort, dans la mise à niveau des capacités de défense et d’intervention des armées françaises, s’est  concrétisé par la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Votée en 2018 elle a permis de réparer et moderniser nos armées après des décennies de coupes budgétaires.

Cette dernière a été élaborée dans un contexte géopolitiques plus belliqueux, marqué par le retour des attentats contre la France. L’objectif est d’engager 10 000 soldats sur le territoire national, dans le cadre de l’opération Sentinelle est d’accélérer les actions offensives contre Daech en Irak et en Syrie. A cette période aussi, les stratèges militaires regardent aussi les actions des séparatistes Russes du côté du Donbass et de la Crimée.

2024-2030. Une LPM pour envisager un conflit de haute intensité.

Cette politique de réarmement de la France s’est poursuivie avec la LPM 2024-2030 qui a été adoptée en 2022 avec un objectif fort : organiser nos armées face aux nouvelles menaces. Cette dernière loi LPM a pris en compte la nouvelle réalité sécuritaire, notamment avec la guerre en Ukraine et les tensions avec la Russie, la situation en Afrique, ou dans le Pacifique avec les prétentions territoriales de la Chine. Il s’agit de muscler les troupes françaises et de les préparer à la haute intensité face à un adversaire aussi puissant, voir plus puissant.

« Notre armée, je la compare à un bonsaï, à une armée américaine en version bonsaï. C’est-à-dire que nous avons, comme les Etats-Unis, une armée qui sait tout faire. Sauf que comme nous ne sommes pas les États-Unis, nous l’avons en petit. En version bonsaï. C’est efficace, ça marche, mais ça ne permet pas de faire les choses pendant longtemps et ça ne permet pas de faire les choses de manière massive » analysait sur France Info Jean-Dominique Merchet, journaliste, spécialiste des questions militaires et stratégiques.

La France entend renforcer sa dissuasion, notamment nucléaire

Avec cette LPM 2024-2030, « les commandes de 2023, et plus spécifiquement celles de décembre 2023 sont destinées à renouveler et moderniser les capacités des forces armées dans tous les domaines : aérien, terrestre, naval et spatial » rappelle le ministère de la Défense. La dernière PLM entend « maintenir la crédibilité de notre dissuasion » en renforçant « la résilience sur le territoire national, notamment les Outre-mer, et l’affirmation de notre souveraineté ».

Cette PLM prend en compte l’hypothèse qu’un « conflit de haute intensité ne peut plus être exclue« .

La dissuasion passe par un effort important dans le renouvellement des équipements nucléaires. Une grosse partie des 413 milliards, atour de 60%, va partir dans la modernisation des armes nucléaires, mais aussi des porteurs de cette arme, comme les Rafales ou les sous-marins.

Financer et préparer l’effort de guerre

Pour poursuivre cet « effort de guerre » comme l’a présenté Emmanuel Macron, la France cherche des financements. Le ministre de l’Economie, Éric Lombard, a appelé les investisseurs privés à soutenir l’industrie de défense, soulignant l’importance stratégique et économique du secteur. L’Etat réfléchit également à un placement citoyen pour financer les nouvelles armes de la France.

Concrètement, quels sont les équipements militaires commandés par les armées françaises à la base industrielle et technologique de défense ? Cette BITD regroupe entre 2 000 et 4 000 entreprises. Parce que l’objectif est également d’acheter des armes produites en France, ou en Europe. mesinfos.fr a essayé de faire un état des lieux des nouvelles armes qui arrivent dans nos casernes.

Des véhicules blindés légers et modernes pour l’Armée de terre

La guerre de haute intensité qui se joue entre la Russie et l’Ukraine rappelle la nécessité de disposer d’un nombre plus important de véhicules militaires à aligner sur une ligne de front étendue. Des véhicules adaptés aux nouveaux besoins et menaces, comme les drones. 

@Armée de Terre – le Jaguar est un engin blindé de l’Armée de terre.

La France est engagée depuis quelques années dans un programme de remplacement de ses véhicules blindés légers. C’est le cas avec le Griffon qui remplace progressivement les 2 700 véhicules de l’avant blindés (VAB). 1 872 Griffon sont livrés depuis 2019 souligne le ministère de la Défense.

En compléments, 35 EBRC Jaguar vont être livrés en 2024, soit 95 depuis 2021. 103 VBMR-L Serval seront livrés également en 2024, soit 292 depuis 2022.

@Armée de terre – La France dispose de plus de 600 VBCI.

La France dispose également de plus de 600 VBCI, livrés entre 2015 et 2018. Ce véhicule blindé à roues 8×8 « doit pouvoir être engagé, de nuit comme de jour, sous la menace des armes d’infanterie ou d’artillerie, en ambiance NBC tout en assurant la capacité à durer au personnel embarqué » détaille l’Armée de terre.

Du lourd avec la modernisation des chars de combat Leclerc

La France dispose de 241 chars Leclerc en service, mais seulement 147 chars sont disponibles. Ces chars, mis en service au début des années quatre-vingt-dix est vieillissant.

@Armée de terre – Le char Leclerc est modernisé pour répondre aux nouveaux enjeux militaires.

Plus d’un millions d’euros d’investissement dans la modernisation du char Leclerc qui arrive au milieu de sa vie. La Direction générale de l’armement (DGA) a validé en 2024 la rénovation de 100 chars Leclerc (XLR), portant à 200 le nombre de chars rénovés commandés. Les travaux de rénovation sont réalisés sur le site de l’industriel KNDS France à Roanne.

L’artillerie passe par plus de canon Caesar

Plus que la poudre, le canon Caesar a fait parler de lui dans le cadre de sa livraison aux forces armées ukrainiennes. Pour remplacer ses équipements et les compléter, 109 canons Caesar nouvelle génération sont commandés au profit de l’Armée de terre.

@Ministère de la défense – Les qualités du canon Caesar ont fait leurs preuves en Ukraine.

Pour répondre à cette demande, les cadences de la chaîne de production des Caesar, fabriqué par KNDS à Roanne, ont augmenté pour passer à 6 Caesar par mois. Il faut 15 mois pour fabriquer ce canon contre 30 auparavant.

En complément, 54 mortiers embarqués pour l’appui au contact ont été commandés entre 2025 et 2028

Des camions pour transporter des armes et du carburant

La logistique des armées françaises fait aussi partie des priorités. Ainsi, l’Armée de terre va bénéficier de 165 camions citernes de nouvelle génération à partir de 2027 et de 1 110 camions logistique de 6 tonnes à partir de 2028.

Des munitions pour éviter à l’Armée française de tirer à blanc

Avoir des canons et des chars mais pas suffisamment de munitions ? Alors que les Russes tirent autour de 10 000 obus par jour en Ukraine, la France est au défi de renforcer ses stocks.

Cela passe par plusieurs commandes : 260 millions d’euros de commandes de missiles anti-char ont été valisés entre 2022 et 2025, 75 millions d’euros d’investissements en défense sol-air ont été injectés depuis 2022, 750 millions d’euros de minutions d’artillerie ont aussi été validés depuis 2022…

L’Armée de l’air et de l’espace complète sa flotte de Rafale

Fin décembre 2023, la Direction générale de l’armement (DGA) a notifié à Dassault Aviation une commande de 42 avions de combat Rafale, dite « tranche 5 » à destination de l’armée de l’Air et de l’Espace.

© Shutterstock – Dassault Aviation espère livrer 25 Rafale en 2025.

La nécessité de renforcer l’Armée de l’air a été soulignée par Emmanuel Macron, lors de la visite de la base aérienne de Luxeuil-les-Bains, au sujet de la dissuasion nucléaire de la France.

En complément, 47 Mirages 2000D ont été rénovés en 2024.

Ces commandes de l’Armée françaises ou d’armées étrangères dopent les résultats de Dassault Aviation. En 2021, l’armée de l’Air et de l’Espace comptait 211 avions de chasse du groupe Dassault, les Rafale et Mirage 2000.

Des hélicoptères NH90 pour les forces spéciales

Les forces spéciales des l’Armée de terre font pouvoir être projetées sur des théâtres d’opération par 18 hélicoptères NH90 de plus. L’hélicoptère effectue des missions de transport tactique de troupes et de matériel ainsi que des évacuations sanitaires. 

@Ministère de l’intérieur – Le NH90 en version marine.

« Avec le retrait progressif des PUMA, les NH90 Caïman TTH constituent désormais la principale flotte d’hélicoptères de manœuvre et d’assaut des forces, aux côtés des Cougar rénovés et des Caracal, avec 63 appareils en service au sein de l’armée de Terre et 27 au sein de la Marine nationale » rappelle le ministère de la Défense.

Des hélicoptères en renfort des Gendarmes et des pompiers

La Direction générale de l’armenent A a passé commande en janvier 2024 de 42 hélicoptères H145-D3 FR auprès d’Airbus Helicopters pour les forces de Gendarmerie et les secours, comme les pompiers. Le contrat prévoit une option pour 22 hélicoptères supplémentaires pour la DGGN. Ces nouveaux hélicoptères amélioreront l’efficacité et la sécurité des missions d’assistance aux personnes, de sécurité publique et d’appui aux forces de l’ordre.

Drones, missiles… Le danger vient du ciel

@Ministère de la défense – Un fusil Nerod de lutte contre les drônes.

La Direction générale de l’armement a commandé, en décembre 2024, de nouveaux systèmes de défense surface-air et de lutte anti-drones au profit des trois armées. « D’un montant global de l’ordre de 600 M€, ces commandes s’inscrivent dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2024-2030 qui prévoit de renforcer et moderniser les capacités des forces dans ces domaines stratégiques » rappelle le ministère de la Défense.*

Concrètement la défense sol-air de la France va passer de 8 systèmes SAMP Manba à 12 pour 2035, de 2 VL MICA à 16 en 2029, puis 24 en 2035. En 2035, 18 systèmes bi-couche basés sur le couple SAMP NG et VL MICA seront en service. La lutte anti-drone s’étoffe avec l’arrivée de 3 nouveaux systèmes laser en 2024 et un quatrième en 2025 et 4 systèmes PARADE en 2026.

Ravitailleurs, avions espions, satellites, la flotte de l’Armée de l’air et de l’espace s’étoffe

En 2026 une troisième avion léger de surveillance va entrer en service. A l’horizon 2026-2027, la France va tester deux démonstrateurs de satellites patrouilleurs-guetteurs pour protéger les moyens spatiaux de la France.

Adjudant D.THERBY – Une image aérienne du 1er terminal militaire de la base aérienne 125 d’Istres.

Pour améliorer la projetions de ses avions l’Armée de l’air et de l’espace va compter sur 15 nouveaux exemplaires de l’A330 MRTT Phénix qui est un avion ravitailleurs. Ils sont notamment basés à la BA 125d’Istres qui devient le premier terminal militaire de France. Cette année, la flotte des 24 avions de transports va recevoir un nouveau A400M Atlas pour arriver à 37 appareils en 2030.

Un plan pour le futur porte-avion français et un chantier à Toulon

L’arme la plus imposante des armées françaises reste le porte-avions de nouvelle génération [PA NG] que la France va commander pour remplacer à terme le porte avion Charles-de-Gaulle. « L’année 2025 sera celle de la passation de commande du porte-avions de nouvelle génération » a confirmé Sébastien Lecornu, le ministre de la Défense.

@D. R – Le futur porte-avions de la Marine nationale sera plus imposant que le Charles-de-Gaulle.

Difficile d’avoir un budget exact, mais l’investissement prévu devrait s’élever à « une dizaine de milliards d’euros« , selon Cols Bleus, le magazine de la Marine nationale. La construction du futur porte-avions sera réalisée par la MO-Porte-avions, la coentreprise créée par Naval Group, les Chantiers de l’Atlantique et TechnicAtome.

@K. Sarrazin – La base navale de Toulon est en chantier pour accueillir le futur porte-avions.

D’une capacité de déplacement de 80 000 tonnes, sa longueur sera de 310 mètres. Pour accueillir ce géant des mers, la base navale de Toulon a déjà lancé un chantier colossal. Elle va construire des quais et un bassin dédié au futur navire amiral de la Marine nationale.

Des sous-marins de nouvelle génération dans la Marine

La Marine nationale renouvelle sa flotte de sous-marins nucléaire.

Elle va notamment bénéficier d’ici 2030 de six SNA, ou sous-marin nucléaire d’attaque de nouvelle génération, dite de classe Suffren, pour remplacer ceux de classe Rubis. Deux SNA ont rejoint la flotte et la base navale de Toulon et un est en test en Méditerranée. Les trois autres vont être mis en service dans les cinq prochaines années.

@Marine Nationale – Un nouveau SNA dans le port militaire de Toulon.

La construction du sous-marin nucléaire lanceur d’engins de nouvelle génération a également débuté, selon le ministère des Armées. Il s’agit du premier des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de troisième génération, appelés à incarner à partir de 2035 la composante océanique de la force de dissuasion nucléaire française.

Des Frégates Bleu Blanc Rouge en renfort sur les mers du globe

Cinq Frégates de défense et d’intervention vont compléter la flotte de la Marine nationale. Il en aurait fallu plus pour assurer une présence de la Marine nationale dans toutes les mers du globe où la France a des intérêts. Mais à plus de 600 millions d’euros l’unité, la facture s’élève vite… Trois premières seront livrées entre 2025 et 2029. Il s’agit de Frégates de classe Amiral Ronarc’h qui sont construite à Lorient par Naval Group.

@Naval Group – Les nouvelles Frégates de la Marine nationale seront fabriquées à Lorient.

« Les FDI sont des navires de haute mer polyvalents, endurants et capables d’opérer, seuls ou au sein d’une force navale, dans tous les domaines de lutte : antinavire, anti-aérien, anti-sous-marin, contre les menaces asymétriques et capable de projeter des forces spéciales » détaille Naval Group.

Ces Frégates de nouvelle génération seront protégées contre les attaques cyber et elles seront « les premières frégates à bénéficier à bord d’une architecture numérique qui leur permettra de s’adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles« .

De nouveaux patrouilleurs hauturiers

En 2023 la DGA a commandé à Naval Group sept patrouilleurs hauturiers pour la Marine Nationale, pour un total de 900 millions d’euros. « Les patrouilleurs combleront le déficit de bâtiments de second rang et seront déployés à Brest, Toulon et Cherbourg. Adaptés à un environnement maritime hostile, ils disposeront d’une capacité de traitement de l’information avancée et pourront opérer des hélicoptères ou des drones » précise le ministère de la Défense.

@Naval Group – La Marine française doit se doter de nouveaux patrouilleurs hauturiers.

« En conformité avec la LPM 2024-2030, dix patrouilleurs seront en service d’ici 2035, avec une première livraison prévue en 2026, pour remplacer les patrouilleurs de haute mer et de service public existants » ajoute ce dernier.

Des drones militaires pour compléter l’arsenal sur terre, en mer et dans les airs

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine met en première ligne l’usage intensif des drones. Les armées françaises entendent être à la page de ces nouvelles armes. Dernièrement un exercice militaire s’est tenu au large de Toulon avec la Marine nationale et la participation d’industriels. L’objectif était de tester une opération avec l’usage de drones en mer et dans le ciel. Dernièrement la Marine nationale a acheté à Thales et Exail huit drones sous-marins autonomes de nouvelle génération, avec une option pour acquérir huit drones supplémentaires.

@MBDA – Le NX70 un drone militaire d’observation fabriqués prés d’Aix-en-Provence.

Les drones sont aussi utilisés pour faire du renseignement, comme le NX70 capable d’observer de jour comme de nuit. Ces drones sont fabriqués par Novadem, prés d’Aix-en-Provence.

Le génie militaire utilise également des drones, comme le Minirogen, qui permet de déconstruire à terre des obstacles ou cibles à distance. L’Armée de terre emploie aussi un drone avion de reconnaissance, le SDT Patroller. Sa mise en œuvre est assurée exclusivement par le 61e régiment d’artillerie, régiment de recherche par imagerie des forces terrestres.

Pour préparer la guerre du futur, Dassault Aviation travaille sur un drone de combat aérien furtif capable d’assurer une mission en même temps que le Rafale. On parle là de combat collaboratif…

La Direction générale de l’armement a fait franchir un « premier jalon » à la coopération drone / hélicoptère

La Direction générale de l’armement a fait franchir un « premier jalon » à la coopération drone / hélicoptère


L’idée de mettre en œuvre un drone aérien [voire plusieurs] depuis un hélicoptère n’est pas nouvelle : le Tigre porté au standard MK2+ ainsi que le NH-90 devraient disposer de cette capacité qui, appelée MUM-T [pour Manned-Unmanned Teaming], a récemment fait l’objet d’une démonstration organisée par Airbus Helicopters et Leonardo dans le cadre du projet MUSHER.

Ainsi, l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] développe le concept de « dronisation de l’aérocombat », qui est dans ses « cartons » depuis quinze ans, selon son commandant, le général David Cruzille. « Le drone, aujourd’hui, c’est une belle opportunité. Il y a un tel bond technologique que l’on peut passer de la doctrine à la mise en œuvre », a-t-il d’ailleurs récemment souligné, lors d’un entretien diffusé par le Commandement du combat futur [CCF].

Outre la notion d’Engins Lancés par Aéronefs [ELA], l’ALAT envisage le développement d’un drone tactique d’aérocombat [DTA], capable d’évoluer, comme un ailier, au côté d’un hélicoptère habité. Selon le CCF, il permettrait de « préserver l’effet de masse et d’augmenter la liberté d’action du chef en fonction du niveau de risque ou de complexité de l’enjeu opérationnel ».

En attendant, il s’agit de défricher le terrain… D’où les essais simulés de coopération entre des drones et un hélicoptère, conduits en février par DGA Essais en Vol [DGA EV] avec le concours de pilotes du Groupement aéromobile de la Section technique de l’armée de Terre [GAMSTAT], du 3e Régiment d’hélicoptères de combat [RHC], en pointe dans l’élaboration de la doctrine d’emploi des futurs ELA, et du 4e Régiment d’hélicoptères des forces spéciales [RHFS].

Cette campagne d’essais avait trois objectifs : définir les interactions « les plus pertinentes » entre les équipages et les drones, mesurer la charge cognitive des personnels navigants et évaluer une « interface tactile pour la gestion des drones ».

Le scénario a consisté à mener « une mission de reconnaissance offensive d’un hélicoptère appuyé par deux drones. Cette mission a été découpée en plusieurs phases élémentaires qui ont été jouées plusieurs fois chacune en variant les niveaux d’interopérabilité [LOI] et la configuration de l’équipage [à 2 ou à 3]. Pour chaque phase, des mesures subjectives et physiologiques de la charge cognitive des équipages ont été réalisées pour évaluer leur capacité à gérer toutes les tâches induites », explique la Direction générale de l’armement [DGA].

Quant à l’interface tactile, elle permettra « d’interagir avec une cartographie, d’afficher les informations venant des drones et de prendre le contrôle de ceux-ci [création et assignation du plan de vol, contrôle de la charge utile] », précise-t-elle, avant de se féliciter d’avoir franchi un « premier jalon ».

Les résultats de ces essais, réalisés grâce à « plusieurs simulateurs interconnectés », seront utilisés pour développer une capacité analogue pour la Marine nationale et l’armée de l’Air & de l’Espace ainsi que pour préparer un « projet d’étude amont devant intégrer des briques technologiques développées par l’industrie. »

« Cet apport améliorera la représentativité de certaines fonctionnalités, augmentera l’autonomie fonctionnelle intégrée dans les systèmes, drones ou hélicoptères, permettra d’affiner les scénarios d’emploi et devra déboucher sur la conduite d’essais en vol hybridés avec la simulation », conclut la DGA.

Photo : DGA

200 militaires charentais vont s’entraîner jour et nuit pendant une semaine en Dordogne

200 militaires charentais vont s’entraîner jour et nuit pendant une semaine en Dordogne

Les exercices vont concerner 90 communes de Dordogne. – @Ministère des Armées – 515e RT

C’est un exercice d’ampleur qui va débuter ce lundi 31 mars en Dordogne à 13 heures, 200 militaires charentais du 515e régiment du Train à Angoulême vont venir dans le nord du département avec 50 véhicules. L’armée propose une rencontre entre la population et les soldats ce mercredi 2 avril.

Plus de 200 militaires, 50 véhicules de l’armée vont circuler dans près de 90 communes de Dordogne à partir de 13 heures, ce lundi 31 mars. Le régiment du 515ᵉ régiment du Train, basé à Angoulême (Charente), va venir passer cinq jours dans le nord du département pour s’entraîner dans une phase de « haute intensité » pour l’armée française. L’exercice a été nommé « Aquafondata » et vise à mettre en situation les militaires pour des missions de reconnaissance, de surveillance, de protection de sites sensibles. Il va durer jusqu’au vendredi 4 avril.

Des tirs jour et nuit

Les habitants des 90 communes, dont Brantôme, Négrondes, Sarlande, Tourtoirac ou encore Mensignac, vont voir passer des militaires et ils vont entendre des bruits de tirs, de jour comme de nuit. Les militaires vont tirer avec des balles d’exercice qui reproduisent les bruits, mais qui n’ont aucun effet. L’armée précise que les « déchets » des munitions seront ramassés.

 L'exercice va concerner 89 communes du nord-est du département
L’exercice va concerner 89 communes du nord-est du département – Google Maps

Une rencontre avec la population le mercredi 2 avril

Pour permettre aux militaires de s’entraîner, l’armée demande aux habitants de ne pas aller à leur rencontre pendant les missions. Cependant, une rencontre avec la population, est organisée ce mercredi 2 avril après-midi (de 13h à 17h) à Thiviers, sur la Place de la République.

Les habitants pourront rencontrer les soldats, mais aussi découvrir les véhicules militaires et faire des baptêmes. Les motards de la gendarmerie nationale seront également présents. Il y aura une séance de tir avec des pistolets avec des billes ou des mousses.

Trois ans pour livrer un embryon de DSA d’accompagnement

Trois ans pour livrer un embryon de DSA d’accompagnement

– Forces opérations Blog – publié le

Le compte à rebours est lancé pour KNDS France, chargé de fournir deux nouvelles variantes du Serval pour permettre à l’armée de Terre de muscler son bouclier anti-drones et de reconstruire une défense sol-air d’accompagnement au profit des forces déployées en opération. L’objectif ? Livrer des plateformes et des munitions abouties dans moins de 36 mois. 

Ces deux véhicules attendus par l’armée de Terre, ce sont les Serval « lutte anti-drones » (LAD) et Serval « défense sol-air » (DSA). Deux membres parmi d’autres d’une nouvelle famille « sol-air basse-couche » (SABC) de ce blindé 4×4 produit par KNDS France et Texelis dans le cadre du programme SCORPION. Et une capacité sur les rails depuis décembre 2024 avec la notification par la Direction générale de l’armement (DGA) d’un contrat majeur à KNDS France.

Fraction majeure des 600 M€ investis fin 2024 pour muscler la DSA française, ce contrat global prévoit non seulement le développement et la qualification des plateformes et des munitions associées mais aussi la livraison de 24 Serval LAD et 30 Serval DSA. Pour l’un comme pour l’autre, ces tranches initiales dépassent déjà les cibles fixées par la loi de programmation à horizon 2030, établies à 12 Serval LAD et 24 Serval DSA.

« C’est vraiment une course contre la montre », résume un représentant de KNDS France. Restent en effet moins de trois ans pour développer et fournir une capacité suffisamment mature que pour entamer le processus de qualification étatique, préliminaire obligatoire aux premières perceptions par les régiments d’artillerie. Celles-ci sont attendues en fin de LPM, potentiellement à compter de 2029. 

Le Serval LAD sera une solution complète intégrant un tourelleau téléopéré ARX30 et son canon de 30 mm, des antennes radio-fréquences, un système de commandement et de contrôle (C2) et un radar de détection et de suivi sur mât télescopique. Complexe, l’objet est aussi nouveau. Pour KNDS, « il faudra donc être excellents sur chacune des briques ». Aller vite suppose notamment de « faire travailler un certain nombre de gens ayant une grande expérience en matière de LAD » en misant sur des briques éprouvées et éventuellement adaptées. 

Le choix du radar embarqué, par exemple, na pas été officialisé mais l’intention serait de pousser la solution proposée par CS Défense, division d’un groupe devenu l’un des maîtres d’œuvre du programme interarmées PARADE (Protection déployAble modulaiRe Anti-DronEs). Combiné avec le viseur de l’ARX30, le radar constituera la brique essentielle pour traquer, identifier et suivre efficacement des « objets tout petits, qui vont plutôt vite, volent au ras du sol et dont le spectre est très large ».

Le contrat français vient surtout soutenir le développement de l’ARX30 et de ses munitions, engagé sur fonds propres et poursuivi aujourd’hui autour d’un unique prototype. Conçu à Bourges, ce tourelleau suit en quelque sorte la voie tracée par sa « grande soeur » de Satory, la tourelle de 40 mm RapidFire. « Les équipes échangent beaucoup. Le moment est complexe, car c’est l’heure des choix », nous explique-t-on. Construit autour du canon court 30M781MPG de l’hélicoptère d’attaque Tigre, l’ARX30 sera « redessiné » pour gagner en compacité et descendre en dessous des 850 mm de hauteur. 

Le futur Serval LAD, élément central de la LAD dite « spécialisée »

Autre choix acté, l’ARX30 embarquera un viseur non panoramique, donc doté d’un débattement inférieur à 360° et partiellement asservi au canon. « Un moyen de s’assurer que la ligne de visée reste proche de celle du canon », précise KNDS. Le choix de ce viseur n’est pas affermi à ce jour, mais « quelques perles » ont été identifiées en France. Rien n’est acté, mais la démarche tendrait à première vue vers un duel entre deux candidats ayant des approches différentes : d’un côté une solution très aboutie et directement disponible et de l’autre un produit plus innovant mais exigeant un peu de patience. Léger, l’ARX30 exige cependant de plancher sur un Serval à toit renforcé tant pour augmenter la capacité d’emport que pour compenser l’effort de recul du canon, de l’ordre de 650 kg contre 240 kg pour un armement de 12,7 mm.

D’autres évolutions sont annoncées pour l’ARX30 par un industriel engagé dans une feuille de route à deux vitesses. La double entrée par exemple, cette capacité soutenue par un financement européen mais qui arrivera « plus tard » et pourra être l’objet d’un rétrofit. Son enjeu ? Dédoubler l’approvisionnement en munitions, offrir un choix au tireur et renforcer par là le caractère « multi-cibles » de l’ARX30, dont les 2 km de portée sont également étendus aux menaces de surface.

Les spécificités de la lutte anti-drones exigent par ailleurs de travailler sur une munition dédiée. L’obus airburst conventionnel est aujourd’hui la voie privilégiée pour « envoyer de la ferraille dans les airs » plutôt qu’une solution s’inspirant d’un obus antiaérien A3B conçu pour la tourelle RapidFire et dont la fin du développement était lui aussi notifié en décembre. Cette version airburst bénéficiera d’une quinzaine d’années de travaux entamées avec le calibre 25 mm et suivies avec le 40 mm. Le choix d’une fusée 100% électronique et non plus mécanique amène un challenge de taille pour les équipes munitionnaires : le degré d’utilisation des MEMS, ces composants électromécaniques ultra miniaturisés soumis aux contraintes extrêmes du domaine pyrotechnique. L’objectif sera de tenir a minima six secondes en vol, une performance qui suppose de maîtriser la consommation d’énergie avant l’impact donc de miser sur une électronique à la fois limitée et frugale. « Aujourd’hui, nous savons faire cette munition », assure un industriel pour qui il est « tout à fait jouable » de déboucher sur un produit mature dans le délai imparti. 

Si le Serval LAD est conçu pour opérer en autonomie, il est logiquement prévu de l’intégrer dans la chaîne DSA de l’armée de Terre. Il y rejoindra un Serval DSA que l’armée de Terre a rebaptisé « Tourelle MISTRAL ». Celui-ci reposera principalement sur une tourelle ATLAS RC armée de deux missiles MISTRAL 3 et d’une capacité d’autodéfense rapprochée, en attendant un MISTRAL 3+ espéré d’ici deux à trois ans. Ce véhicule sera complémentaire du Serval SATCP, cette autre version du véhicule de patrouille blindée adaptée pour l’emport d’un lanceur MISTRAL sur trépied et dont les premiers exemplaires sont attendus pour l’an prochain. 

Deux autres versions du Serval – non contractualisées à ce jour – viendront compléter un segment pour l’instant centré sur les effecteurs : l’une, un « PC DSA », pour la coordination des feux et l’autre pour l’emport d’un radar en bande X pour la détection et le suivi de cibles. Le radar Giraffe 1X de Saab, testé avec succès durant les Jeux olympiques et paralympiques de l’été dernier, serait en pôle position. Une nouvelle génération est déjà dans les cartons de l’entreprise suédoise. La commande de ces deux briques manquantes est attendue pour « cette année ou l’année prochaine ».

Sauf écueil majeur, l’armée de Terre disposera d’une première solution nativement conçue pour la LAD à la fin de la décennie. La montée en gamme se poursuit en parallèle en misant entre autres sur l’adaptation de matériels à l’origine non conçus pour cette mission, à l’image du VAB ARLAD Std 2 et du canon de 20 mm PROTEUS. Un premier éventail de moyens qui viendra armer la section LAD créée dans chaque batterie de défense sol-air. Demain, les déclinaisons du Serval permettront de reconstruire une DSABC d’accompagnement perdue depuis le retrait du système Roland. Combiner la mise sous blindage des équipages et la mobilité du porteur, c’est en effet récupérer des capacités de protection de convoi en mouvement ou de suivi de la manœuvre en avant du dispositif et jusqu’au plus près de la FLOT, la ligne de contact. 

L’armée de Terre gagnera aussi en souplesse, ces nouvelles ressources l’autorisant à constituer une bulle anti-aérienne selon la mission, l’adversaire et les systèmes disponibles. Le radar en bande X, le C2 propre à l’armée de Terre et en cours de développement, et les effecteurs seront autant de briques à assembler pour garantir une forme de cohérence dans chaque section et batterie. Rien n’empêcherait, par exemple, de rassembler trois Serval Tourelle MISTRAL et autant de Serval LAD au sein d’une section de circonstance. Bref, une perspective parmi d’autres d’un nouveau chapitre qui ne pourra s’écrire qu’une fois les délais tenus.

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

https://www.opex360.com/2025/03/24/le-3e-regiment-du-genie-a-ajoute-pres-de-4-tonnes-de-protections-supplementaires-a-ses-blindes-griffon/


Selon l’armée de Terre, le Véhicule blindé multirôle [VBMR] Griffon offre une meilleure protection aux combattants grâce à un « blindage plus performant » que celui du Véhicule de l’avant blindé [VAB], à un tourelleau téléopéré et à des « capteurs de dernière génération ». Aussi, son poids total autorisé en charge [PTAC] est de 24,5 tonnes, pour une motorisation de 400 ch lui permettant de rouler à la vitesse maximale de 90 km/h.

Dotée d’un treuil à l’avant, d’un crochet de remorquage et de modules propres aux missions assurées par les sapeurs [appui à la mobilité et au déploiement, déminage, contre-mobilité, etc.], la version « Génie » du Griffon a été présentée à l’École du Génie d’Angers, en septembre 2020. En réalité, il ne s’agissait encore que d’un prototype, conçu en tenant compte des observations faites quatre ans plus tôt par un groupe de combat du 31e Régiment du Génie [RG].

« Le projet a ainsi intégré pour la première fois ces sapeurs pour qu’ils apportent leur vision ‘terrain’ aux concepteurs et industriel concernés. Faire participer les soldats à la création des équipements permet à l’armée de Terre de disposer de matériels modernes, performants, en phase avec les réalités du terrain et les besoins des hommes », avait expliqué l’armée de Terre, à l’époque.

Le premier Griffon « Génie » fut ensuite présenté à la Direction générale de l’armement [DGA] pour des « opérations de vérification » en septembre 2021. Puis, les livraisons purent commencer.

Cependant, ces blindés sont-ils suffisamment protégés ? La question peut se poser après que, via le réseau social Facebook, le 3e RG a indiqué qu’il venait d’ajouter des protections supplémentaires à six d’entre eux, sans en préciser la raison.

« Nos maintenanciers ont réalisé le montage du blindage de nos Griffon, ajoutant près de 4 tonnes de protection par véhicule », a ainsi affirmé le 3e RG, après avoir salué un « travail d’équipe exemplaire ».

En effet, ce « défi », relevé avec l’appui de l’atelier ROUE et du 8e Régiment du Matériel [RMAT], a nécessité 1 520 heures de travail [soit 63 jours en continu]. Il a consisté à renforcer les portières et les flancs des Griffon concernés. Ces derniers, « désormais prêts pour les missions, portent fièrement leurs noms historiques : Sedan, Rocroy, Sébastopol, Chevalier Bayard, Capitaine Pigouche, Alger 1830 », a conclu le 3e RG. À noter que ces VBMR seront déployés en Roumanie, dans le cadre de la mission Aigle, conduite sous l’égide de l’Otan.

Reste à voir si cette masse supplémentaire ne va pas exercer trop de contraintes sur certains composants mécaniques de ces Griffon [embrayage, freins, suspension, etc.], comme cela a pu être le cas pour d’autres engins, comme le Véhicule blindé léger [VBL]

Photo : Griffon dotés d’un kit de protection supplémentaire, à Mourmelon – 3e RG / armée de Terre

Protection du combattant : L’armée de Terre évalue le casque intégral Ronin

Protection du combattant : L’armée de Terre évalue le casque intégral Ronin

https://www.opex360.com/2025/03/19/protection-du-combattant-larmee-de-terre-evalue-le-casque-integral-ronin/


Développé par le CIEC [Centre Interarmées du Soutien Équipements Commissariat, ex-CESCOF], avec l’appui de la Section technique de l’armée de Terre [STAT], le casque F3 est l’un des éléments essentiels du programme « Combattant 2020 ».

Offrant une protection contre les éclats et les balles de 9 mm grâce à sa coque aramide [kevlar], le casque F3 se distingue des modèles précédents par une « surface d’accrochage » plus importante qui, associée à des « rails de fonction », permet d’augmenter significativement sa capacité d’emport d’accessoires, comme les jumelles de vision nocturne.

Mais d’autres évolutions sont envisagées. Ainsi, l’an passé, la Direction générale de l’armement [DGA] a dévoilé le casque TAP F3+, censé préserver les « capacités biomécaniques et physiologiques » du combattant. Plus léger tout en étant plus résistant, grâce à des fibres de polyéthylène à ultra haut poids moléculaire [UHMWPE], il pourrait être doté du système SLAC [pour Système de Localisation Acoustique pour le Combattant] afin de permettre à un fantassin de localiser l’origine d’un tir et de détecter des drones FPV.

Cela étant, le TAP F3+ est d’une facture classique… Ce qui n’est pas le cas du casque Ronin, lequel fait actuellement l’objet d’une évaluation menée par l’armée de Terre, via son « Battle Lab ».

« Le casque Ronin redéfinit les standards en matière de protection balistique et de technologies intégrées pour les forces spéciales. Connu pour son design futuriste et ses capacités exceptionnelles, ce casque apporte une protection renforcée sur le terrain tout en offrant des options de personnalisation à la pointe de la technologie », explique en effet la Section technique de l’armée de Terre [STAT].

Conçu par la firme japonaise Devtac, le Ronin est un casque intégral pouvant résister à des balles de 9 mm. Le modèle évalué par le Battle Lab Terre est doté d’une vision tête haute [les informations tactiques s’affichent dans le champ de vision du combattant] et peut recevoir des jumelles, des caméras et différents capteurs grâce à des rails Picatinny. Enfin, il dispose d’un système de refroidissement par ventilation.

« Le Battle Lab Terre est actuellement en mode exploratoire pour évaluer son potentiel d’intégration dans des opérations tactiques modernes. Cette démarche pourrait ouvrir la voie à de nouvelles innovations dans les équipements de protection pour les forces militaires et de sécurité », a conclu la STAT.