Nexter a qualifié le SHARD, son nouvel obus-flèche à hautes performances destiné aux chars de combat

Nexter a qualifié le SHARD, son nouvel obus-flèche à hautes performances destiné aux chars de combat

https://www.opex360.com/2024/02/29/nexter-a-qualifie-le-shard-son-nouvel-obus-fleche-a-hautes-performances-destine-aux-chars-de-combat/


Plus précisément, il s’agissait de mettre au point, dans un délai relativement court, un obus de type APFSDS [Armor-Piercing Fin Stabilized Discarding Sabot] censé établir un « nouveau standard de performance, avec une capacité de pénétration accrue, combinée à une très haute précision ». Et il devait se distinguer de ses prédécesseurs par un « design innovant ».

Le pari fait par Nexter il y a maintenant près de trois ans a été gagné. En effet, ce 29 février, l’industriel a annoncé qu’il venait d’achever la qualification du SHARD, ce qui signifie que sa production de masse peut débuter dès à présent.

Si elle a été relativement discrète sur les performances de son obus-flèche de nouvelle génération, la filiale de KNDS a profité de l’occasion pour donner plus de précisions. Ainsi, par rapport aux munitions précédentes, le SHARD a une capacité de pénétration supérieure de 15 %, avec un « très faible niveau de dispersion ». Sa vitesse initiale est de 1720 m/s avec le canon de 52 calibres du char Leclerc… et de 1734 m/s avec le canon de 55 calibres du Leopard 2 allemand. En outre, poursuit Nexter, « l’usure du canon est atténuée de 25 %, réduisant ainsi les cycles et les coûts de maintenance ».

le SHARD a fait l’objet d’une démonstration à Alcochète [Portugal], organisée à la fin de l’année 2023. « Sa puissance supérieure de 15 % aux modèles en service a été démontrée lors de tests sur des cibles de blindage semi-infinies. Des présentations et des négociations ont lieu avec de nombreux pays en Europe, au Moyen-Orient et en Asie », a indiqué Nexter.

Le « design » de cet obus-flèche, optimisé numériquement, est décrit par Nexter comme étant « totalement innovant ». Il a été conçu avec le souci de gagner en puissance tout en réduisant le niveau de pression, et partant, l’usure du canon.

Le SHARD se compose ainsi d’un sabot en aluminium, d’un pénétrateur fabriqué avec un nouvel alliage à base de tungstène [ce qui permet de percer les blindage de dernières génération] et d’un système de propulsion qui, conforme à la réglementation européenne REACH, lui garantit une « excellente vélocité ».

À noter que cette munition n’est pas soumise à la norme américaine ITAR, ce qui ne pourra que faciliter son exportation.

Le SHARD a été conçu « selon les normes Stanag 4583 et le Interface Control Document 120 [ICD120] », ce qui fait qu’il offre « des avantages opérationnels, logistiques et économiques significatifs à ses utilisateurs » et qu’il est compatible avec tous les chars de l’Otan dotés d’un canon à âme lisse de 120 mm, souligne Nexter.

Pour rester en service jusqu’en 2040, le char Leclerc devra sans doute changer de moteur

Pour rester en service jusqu’en 2040, le char Leclerc devra sans doute changer de moteur

 

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La première, qui a, semble-t-il, la préférence du général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] consisterait à lancer un nouveau programme de modernisation du char Leclerc, lequel fait déjà l’objet d’une « rénovation » devant le porter au standard XLR et le rendre compatible avec « l’écosystème » SCORPION.

Quant à la seconde, elle reposerait sur l’acquisition de chars E-MBT, dont un démonstrateur « amélioré » a été présenté par KNDS France [ex-Nexter] et KNDS Allemagne [ex-Krauss-Maffei Wegmann] lors du dernier salon EuroSatory. « Cette option se doit d’être condidérée », a estimé le ministère des Armées, dans une récente réponse à une question posée par le député [LR] Philippe Gosselin.

Cela étant, la prolongation de la durée de vie du char Leclerc pourrait se heurter au problème posé par l’obsolescence de son groupe moto-propulseur [GMP]. En tout cas, c’est un point soulevé par le député François Cormier-Bouligeon, dans son dernier avis budgétaire concernant les crédits alloués à l’armée de Terre dans le cadre du projet de loi de finances 2024.

« Le segment char est concerné par une légère baisse de sa disponibilité, en raison de l’immobilisation d’une partie du parc, liée au programme de rénovation Leclerc, sans toutefois remettre en cause l’accomplissement du contrat opérationnel », souligne d’abord le rapporteur. Et, selon lui, cette disponibilité devrait s’améliorer grâce à la « renégociation des contrats de soutien en service en 2025, du fait notamment de l’intégration de pièces de rechange ».

Cependant, a prévenu M. Cormier-Bouligeon, « le coût du marché de soutien en service du Leclerc, s’il devrait effectivement diminuer grâce à l’opération de rénovation du char qui doit permettre de régler certaines obsolescences, notamment sur les turbomachines, resterait contraint par la problématique du moteur ».

Pour rappel, lors du développement du Leclerc, il fut décidé de le doter d’un moteur Diesel V8X-1500 Hyperbar, développant une puissance de 1500 chevaux à 2500 tours par minute, grâce à l’adjonction d’une turbomachine Turbomeca TM-307B. À l’époque, la production du groupe moto-propulseur avait été confiée à la Société Alsacienne de Construction Mécanique [SACM], rachetée depuis par Cummins Wärtsilä.

Le traitement de l’obsolescence des turbomarchines du Leclerc a été rendu compliqué après la décision de ne pas investir les 4 millions d’euros nécessaires pour le maintien des chaînes industrielles qui les produisaient… Les « petites économies à court terme réalisées hier créent parfois des surcoûts colossaux à long terme », avait souligné l’ex-deputé Sereine Mauborgne, dans un rapport publié en 2020.

Quant au système de propulsion du Leclerc, M. Cormier-Bouligeon explique que le ministère des Armées « n’a pas fait le choix d’une remotorisation » alors que celle-ci, « bien que coûteuse à court terme [puisque le V8X-1500 n’est plus fabriqué, ndlr] permettrait d’économiser ensuite sur le coût de la maintenance du char, compte tenu de [sa] prolongation probable jusqu’en 2040 ».

Pour le rapporteur, une solution passerait par « l’ajout d’un moteur sur le même modèle que celui du char actuellement en dotation dans les forces émiriennes ». En clair, il s’agirait du moteur diesel MT883 KA-500 de l’allemand MTU.

Par ailleurs, le décalage du programme SCORPION implique la prolongation de certains blindés, comme l’AMX-10RC et le Véhicule de l’avant blindé [VAB]. Et cela ne sera pas sans conséquence sur le coût de leur Maintien en condition opérationnelle [MCO].

« Pour la maintenance terrestre, le maintien d’un parc d’ancienne génération oblige à une gestion fine des obsolescences pour des parcs dont les principaux rechanges réparables ne sont souvent plus produits par l’industrie, comme c’est le cas de l’AMX-10 RC en service depuis les années 1970 et devant être remplacé par le Jaguar à terme », souligne M. Cormier-Bouligeon.

Et selon les informations qui lui ont été fournies par le ministère des Armées, la prolongation des VAB jusqu’en 2030 devrait engendrer un surcoût de 80 millions d’euros. Même chose pour l’AMX-10RC, avec un surcoût estimé à 30 millions d’euros.

Le général Schill précise la nouvelle organisation des brigades interarmes de l’armée de Terre

Le général Schill précise la nouvelle organisation des brigades interarmes de l’armée de Terre

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Cependant, lors de son passage devant les députés de la commission de la Défense, le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], a donné une autre justification au report des livraisons de 1200 blindés [Griffon, Jaguar, Serval et autres Leclerc portés au standard XLR].

« Pour ce qui concerne […] le programme SCORPION, les cibles ne sont pas réduites et notre objectif à terminaison reste d’atteindre les volumes précédemment définis. L’atteinte de ces cibles est néanmoins reportée au-delà de 2030. Nous devions faire un choix et je l’assume totalement, même si dans un monde idéal, j’aurais évidemment souhaité à la fois maintenir le rythme prévu et acquérir des capacités supplémentaires qui n’étaient pas prévus que nous avons pu financer », a d’abord expliqué le général Schill.

« J’ai proposé moi-même que les munitions téléopérées, les charges actives cyber, certains blindés destinés à notre défense sol-air, l’accélération de la lutte antidrones et les unités de robots soient financées en contrepartie d’un lissage du programme SCORPION », a-t-il ensuite affirmé.

Plus précisément, ces nouvelles capacités réclamées par le CEMAT se traduiront par la livraison de munitions téléopérées, de 24 Serval équipés d’une tourelle MISTRAL [missile transportable anti-aérien léger] et de 12 Serval de lutte anti-drone qui viendront complérer 12 Véhicules de l’avant blindé [VAB] de type ARLAD. Il est aussi question d’acquérir de nouveaux radars de détection afin de « maitriser l’espace et les menaces aériennes au-dessus des forces terrestres ».

Plus généralement, l’armée de Terre va de nouveau se « transformer », selon le plan « Une armée de Terre de combat« , que le général Schill a succinctement évoqué sur les réseaux sociaux. Et, lors de son audition, il a livré quelques éléments supplémentaires.

« Ma priorité portera sur le commandement : en veillant à ce que chaque échelon soit à sa bonne place, en donnant de l’autonomie, en réintroduisant de la subsidiarité, c’est-à-dire en tendant vers le respect du triptyque ‘une mission, un chef, des moyens’ pour mieux fonctionner. La maîtrise du risque, l’obligation de résultat et le succès de la mission sont la contrepartie à la subsidiarité », a-t-uil fait valoir.

Ainsi, le commandement des forces terrestres [CFT] va être réorganisé, en vue d’obtenur un « gain de cohérence », ce qui passera, a détaillé le CEMAT, par un « poste de commandement de niveau corps – le CRR-FR – et deux PC de division, chaque division possédant en propre son bataillon de commandement et de quartier général, en mesure de préparer le combat et le diriger ».

En outre, a-t-il poursuivi, il y aura « trois commandements pour apporter aux divisions les capacités nécessaires dans les domaines du renseignement, des opérations dans la profondeur, des actions spéciales, de l’hybridité, du cyber, des appuis et de la logistique ». Et le tout reposera sur « des brigades interarmes et spécialisées, plus autonomes ».

Parmi celle-ci, les régiments d’infanterie verront leur format réduit… mais leurs capacités seront « significativement renforcées […] dans tous les champs », a indiqué le général Schill. Ainsi, et comme l’a déjà suggéré M. Lecornu lors de ses récents déplacements, ils compteront une section de mortiers de 120 mm ainsi qu’une section « d’attaque électronique » [et non pas « d’appui électronique]. En outre, ils disposeront d’unités dotés de « munitions téléopérées, de robots terrestres » et de « capacités anti-char » renforcées.

« Bien sûr, les Griffon et les Serval continueront à remplacer les véhicules d’ancienne génération. Demain, la transition de la [Peugeot] ‘205’ à la voiture connectée sera achevée. Cela fait plus de 40 ans que les VAB équipent nos régiments d’infanterie, les GRIFFON et SERVAL arrivent et sont dès à présent déployés en Roumanie et en Estonie », a assuré le CEMAT.

Quant aux régiments de l’Arme Blindée Cavalerie [ABC], leurs « capacités d’agression » seront renforcées, avec, là aussi, des munitions téléopérées. Il en ira de même pour leurs moyens de renseignement [drones, radars]. Enfin, ils diposeront eux aussi e nouvelles unités dédiées à la guerre électronique et/ou au renseignement technique. « Une majeure partie de nos chars Leclerc [160 sur 200, ndlr] sera rénovée autour d’une pérennisation de leur motorisation, d’une meilleure protection, d’une connectivité modernisée et de nouveaux viseurs », a promis le général Schill.

Par ailleurs, l’artillerie pourra remplacer ses 13 LRU [dont au moins deux ont été cédés à l’Ukraine] par autant de lanceurs de nouvelle génération d’ici 2030. Cette dotation pourrait doubler en 2035. Mais, d’après le CEMAT, chacun de ses régiments disposera de 16 CAESAr NG [Camions équipés d’un système d’artillerie de nouvelle génération], de 8 motiers embarqués sur Griffon pour l’appui au contact [MEPAC] et de munitions téléopérées de type LARINAE à l’horizon 2028. Et sans oublier de « nouveaux moyens d’acquisition et de renseignement avec une quinzaine de véhicules d’observation artillerie, des radars de surveillance terrestre, et des drones SDT-L complémentaires aux SMDR [Système de mini-drones de renseignement] déjà livrés et au SDT du 61e régiment d’artillerie ».

Le SDT-L [Système de drones tactiques légers] ne figure pas dans le projet de LPM 2024-30. Cependant, la Direction générale de l’armement [DGA] a émis une demande d’information [RFI] pour un drone à décollage vertical [si possible] de moins de 150 kg et d’une autonomie de 14 heures et capable d’assurer des missions de renseignement image et électronique, voire de désignation laser.

Enfin, le Génie va être réorganisé, tout en bénéficiant d’un renforcement de ses effectifs. Cela « lui permettra de recréer des unités disparues spécialisées dans le minage, le contre-minage et le franchissement » ainsi que « de densifier des capacités échantillonnaires aujourd’hui comme l’ouverture d’itinéraire, le franchissement fluvial », a expliqué le général Schill. Et d’ajouter : « En plus des premiers engins du combat du génie et des 8 premières portières de franchissement SYFRALL, l’arrivée des GRIFFON et SERVAL Génie assurera la mise sous blindage des unités de combat du génie ».

L’objectif de cette réorganisation est « d’accroître l’autonomie » des brigades interarmes, composées pour la plupart de trois régiments d’infanterie, deux de cavalerie, d’un d’artillerie et d’un du génie, en vue de « déployer une unité de combat opérationnelle sur le terrain ». Et cela selon trois axes.

Le premier portera sur le « ciblage tactique », grâce à la mise en réseau des moyens de renseignement » [grâce aux drones et aux radars] ainsi qu’aux capacités d’action afin d’établir « une chaîne de frappe efficace ». Le second se contrera sur l’hybridité, avec « pour objectif de progresser dans l’action spéciale terrestre, l’influence, le partenariat et les actions de déception, pour fournir aux divisions ou aux corps d’armée déployés des capacités accrues et plus cohérentes dans ce domaine ».

Enfin, a expliqué le CEMAT, le troisième axe concernera la logistique « au sens large ». Et c’est une leçon rappelée par la guerre en Ukraine. « Il faut sortir de l’idée que ‘la logistique suivra’ » et il est « primordial que notre capacité d’autonomie et de soutien logistique monte en gamme pour construire une véritable manœuvre », a-t-il soutenu.