En 2022, soit cinq ans après avoir notifié un contrat de développement à l’entreprise UNAC, la Direction générale de l’armement fit savoir qu’elle avait qualifié le RIDER [Rapide Intervention Droppable Equipment for Raiders], un fardier doté d’une « forte capacité de franchissement », armé de deux mitrailleuses de 7,62 mm et pouvant transporter une charge de 400 kg avec sa remorque.
Rustique et aérolargable [ou héliportable], le RIDER a été mis au point pour permettre aux parachutistes et aux commandos des forces spéciales de se déplacer rapidement après avoir largués [ou déposes] à une distance de sécurité par rapport à leur zone d’intervention. Un tel véhicule peut en outre être utilisé pour d’autres tâches, comme le tractage d’un mortier de 120 mm, la reconnaissance ou encore l’évacuation de blessés.
Mais un fardier « robotisé » pourrait-il être utile aux troupes aéroportées ? En tout cas, UNAC le pense. En effet, à l’occasion du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory 2024, le constructeur a dévoilé un RIDER doté de « fonctionnalités d’autonomie avancés ».
« Grâce à la synergie des systèmes incorporés au RIDER et à sa capacité propre allant jusqu’à 800 kg de charge utile, incluant rations, eau, carburant et munitions. Nous faisons du RIDER un UGV [Unmanned Ground Vehicle – Véhicule terrestre sans pilote] capable de décupler l’appui sur le terrain», a expliqué UNAC.
Ce RIDER robotisé est équipé d’une caméra multifonction moyenne portée MINEO qui, fournie par Safran Electronics & Defense, est associée au tourelleau téléopéré Hornet Lite d’Arquus, muni d’une mitrailleuse de 7,62 ou de 5,56 mm. « Ce système dispose désormais d’une puissance de feu remarquable tout en allégeant la charge de la section », fait valoir UNAC.
Reste à voir si cette nouvelle version du RIDER peut répondre à un besoin des troupes aéroportées… alors que le fardier acquis par l’armée de Terre est dépourvu de puces électroniques. L’idée est que l’entretien de ce véhicule puisse être assuré par les combattants eux-mêmes. Cependant, il pourrait sans doute trouver sa place au sein des régiments d’infanterie. « Il s’agit d’une proposition de concept d’emploi d’un fardier d’appui feu et logistique au profit d’une section de combat, afin de débuter les discussions sur le sujet avec les utilisateurs finaux », a ainsi noté me blog Mars Attaque.
Par ailleurs, les sapeurs du 17e Régiment du Génie Parachutiste [RGP] pourraient être intéressés par le Fardier Mk2 [photo ci-dessous], présenté par Soframe [groupe Lohr] lors d’EuroSatory 2024. Selon les [minces] explications fournies par l’industriel, il s’agit d’un véhicule 4×4 modulaire et téléopéré conçu pour effectuer des opérations de déminage en « zone dangereuse ».
Airbus Helicopters a débuté la campagne d’essais en vol du prototype du NH90 Standard 2. Développé spécifiquement pour les opérations des forces spéciales françaises, l’armée recevra 18 exemplaires de l’hélicoptère.
Le ministère français des armées a commandé un total de 18 NH90 dans la configuration Standard 2. Les essais en vol du prototype se poursuivront jusqu’à la fin de 2024.
La configuration Standard 2 comprend l’intégration du système électro-optique Safran Euroflir 410, un nouveau générateur de cartes numériques, l’installation d’un troisième membre d’équipage et de nouvelles fenêtres arrière coulissantes élargies pouvant accueillir des armes de défenses.
Les essais permettront de valider la conception de la nouvelle configuration. Le prototype du NH90 Standard 2 a également été équipé de dispositifs mécaniques et électriques dédiés au système d’ouverture distribuée (DAS) qui offre une vision améliorée par tout temps et de nuit, ainsi qu’une nouvelle génération de viseur numérique monté sur casque (HMSD-DD) en vue d’une intégration future à un stade ultérieur. Ces systèmes amélioreront les capacités des forces spéciales à opérer dans des conditions très exigeantes.
D’ici la fin de la décennie, l’armée de l’air française disposera de 81 NH90 TTH. Le NH90 a été livré pour la première fois à l’armée française en 2011. Soixante-trois NH90 TTH ont été livrés à ce jour. Il a été déployé en opération pour la première fois au Mali en 2014 et totalise depuis 50.000 heures de vol.
Texte réseaux : Le prototype du NH90 Standard 2 destiné aux forces spéciales françaises à démarré sa campagne d’essais en vol. L’hélicoptère est un condensé de technologies pour faciliter les opérations dans des conditions exigeantes.
Les deux premiers prototypes sont sortis des ateliers il y a six ans… Le Fardier est depuis devenu une réalité et les premiers éléments d’une série de 300 véhicules équiperont bientôt l’armée Française. Le Fardier est un véhicule tout terrain, de petit gabarit, taillé pour les troupes parachutistes et les Forces spéciales. Il sera visible cette semaine à Eurosatory, le plus grand salon européen d’armement terrestre.
Soixante chevaux, une vitesse de pointe de 60 km/h, sans électronique, robuste et hyper compact : voilà le Fardier ! Une mini-jeep, bien carrée, équipée d’un arceau pouvant servir de support à deux mitrailleuses, un véhicule passe partout, très rustique assure l’adjudant-chef Thierry et ce n’est pas tout, sourit le pilote, le Fardier c’est un peu comme une 2 CV, on fait l’entretien soi-même : « On peut faire avec les accessoires qui sont inclus dans le lot de bord, tout l’entretien niveau utilisateur. À l’arrière, on peut déployer les montants, ça forme un plateau qui permet de charger environ 200 kilos de fret ».
C’est une mule ce Fardier, un petit 4X4 increvable pour soulager les fantassins et qui peut aussi servir de tracteur pour un gros mortier, souligne le lieutenant-colonel Hervé de Barbeyrac de la section technique de l’armée de terre, la STAT, « C’est un véhicule très léger, très compact. L’objectif, c’était qu’il puisse être posé sur une palette pour l’aérolargage. D’où ces dimensions très réduites. On parle d’un ‘système Fardier’ puisqu’il a son attelage pour augmenter la capacité d’emport. Avec une remorque et puis le deuxième type d’attelage, c’est bien sûr le mortier de 120 mm. Le Fardier est extrêmement rustique, il y a très peu d’électronique. L’objectif, c’est que les opérations même de maintenance puissent être faites par l’utilisateur, puisqu’il faut rappeler le besoin, c’est pour des troupes aéroportées, pour des forces spéciales qui vont intervenir dans la profondeur, qui sont censés être autonomes et donc qui ont peu de moyens à disposition pour effectuer les réparations, la maintenance, etc ».
UNAC, une PME dans le monde de l’armement terrestre
Autre particularité du Fardier, ce véhicule n’est pas issu des ateliers d’un grand industriel de la défense. Il a été conçu par un petit fabricant d’engins de chantier : UNAC. Une entreprise familiale qui a retenu l’attention de La Direction générale de l’Armement. La DGA souhaite désormais faire travailler des PME qui, jusque-là, ne répondaient jamais aux programmes de défense. C’est un changement de philosophie, explique Luc Guillemot, de la DGA: « Le programme a été fait initialement pour justement ne pas exclure les petites entreprises. Parce que souvent, on a des gros groupes qui sont plus à même de rentrer dans les contrats du ministère des Armées. Là, on a fait en sorte de cadrer les choses pour que les petites PME puissent répondre. Et innover en fait. Et c’est le cas d’UNAC effectivement, puisque déjà l’innovation est dans la compacité du véhicule. Innovation également lors de la phase de développement, que ce soit en proposant des solutions techniques de façon très rapide, en fabriquant des pièces en une heure pour nous montrer ce que ça donnait sur le véhicule. Donc, ça a été très appréciable. Cela a permis d’augmenter l’efficacité des travaux. Il y a beaucoup de petites sociétés innovantes en France, il faut essayer de les valoriser. C’est le cas avec l’UNAC : il faut que ce petit véhicule se fasse connaître et cette société également, en espérant que cette entreprise familiale reproduise ce type de travaux».
UNAC, à la recherche d’autres clients que l’armée française, aura son stand cette semaine à Eurosatory, le plus grand salon européen de l’armement terrestre et il se murmure déjà que l’Ukraine se dit intéressée par le Fardier.
Si la plupart des programmes d’équipement menés par le ministère des Armées font l’objet d’une certaine publicité, cela n’a pas été le cas pour le véhicule « Grizzly », dont l’existence a été révélée au grand public lors du défilé 14-Juillet 2023, à Paris.
En réalité, ce véhicule est issu du programme PLFS [Poids Lourd des forces spéciales], lequel devait permettre de remplacer les Véhicules légers de reconnaissance et d’appui [VLRA] mis en œuvre par les unités mises à la disposition du Commandement des opérations spéciales [COS].
Seulement, les premiers exemplaires livrés au standard 1 ne donnèrent pas pleinement satisfaction à leurs futurs utilisateurs. D’où la décision d’en faire des « Véhicules de reconnaissance et d’avant-garde aéroportée » pour la 11e Brigade Parachutiste [BP] en général et le 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP] en particulier.
« Développé par Arquus et dérivé de la gamme Sherpa, le Grizzly est conçu pour fournir des capacités d’infiltration/exfiltration de renseignements d’intérêt majeur en totale autonomie pendant plusieurs jours, dans un environnement dégradé et hostile », avait alors expliqué le ministère des Armées, avant de préciser que la 11e BP allait en recevoir une quarantaine d’exemplaires d’ici 2030.
Cependant, 50 % des Grizzly promis ont déjà été livrés au 1er RHP, indique le dernier numéro de TerreMag, le magazine officiel de l’armée de Terre.
Seulement, avec ses 11 tonnes et ses 6,4 mètres de longueur [pour 2,5 mètres de hauteur], ce véhicule n’est pas encore qualifié pour les opérations d’aéroportage [ou « poser d’assaut »], lesquelles consistent à mettre à terre, depuis un avion de transport tactique, un détachement en ordre de combat sur une piste [sommaire ou non] dans un délai le plus réduit possible [de l’ordre de trois minutes, ndlr]. Mais cela ne saurait tarder.
« Malgré son gabarit, il est aérotransportable et sur le point d’être qualifié ‘poser d’assaut’. Cela fait de lui une monture de choix pour les unités parachutistes », précise en effet TerreMag.
Et de rappeler que le Grizzly a été conçu pour « effectuer des missions de reconnaissance et de combat antichars dans la profondeur, en totale autonomie, au côté du Véhicule blindé léger [VBL].
Grâce à son moteur de 260 chevaux couplé à une transmission automatique, sa garde au sol et à des « angles d’attaque spécialement étudiés pour les terrains accidentés et la traversée de coupure », selon Arquus, le Grizzly présente une « agilité déconcertante », souligne TerreMag.
Pouvant rouler à une vitesse de 110 km/h et disposant d’un « grand rayon d’action » [probablement autour de 600 km], ce véhicule a une capacité lui permettant d’embarquer une charge utile importante, comme une moto ou davantage de carburant. Son armement se compose de quatre mitrailleuses [une de 12,7 mm et trois de 7,62 mm] et, éventuellement, d’un lance-grenade automatique de 40 mm, ce qui lui permet de couvrir tous les angles d’attaque.
Le ministère des Armées a acté l’acquisition des dernières tranches de poids lourds et véhicules légers pour forces spéciales (PLFS/VLFS), une opération réalisée en 2023 au profit d’Arquus mais jusqu’à présent restée sous les radars.
Exit les tranches annuelles, place à une « commande globale » pour faire progresser le programme « véhicules forces spéciales » (VFS), effort lancé en 2015 pour remotoriser les unités du Commandement des opérations spéciales (COS) et de la 11e brigade parachutiste (11e BP). Une manœuvre parmi d’autres mises en lumière par le projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes pour 2023.
Notifiée « tardivement dans l’année », cette commande pour 96 PLFS et 136 VLFS résulte de la fusion des tranches planifiées de 2022 à 2024. De quoi atteindre dès à présent les cibles à terminaison de 151 PLFS et 206 VLFS, deux parcs rabotés en cours de route du fait de l’acquisition d’autres véhicules hors programme.
Ce regroupement, le ministère des Armées l’explique par « une recherche d’optimisation industrielle et financière du programme ». En résulte une hausse de près de 100 M€ des engagements en 2023, mais aussi un regain de visibilité pour les équipes du site limougeaud d’Arquus et la possibilité d’optimiser les commandes de pièces.
Le sujet VFS subit cependant les aléas rencontrés dans la chaîne d’approvisionnement « à cause du contexte géopolitique ». Aucun des cinq VLFS et PLFS prévus l’an dernier n’a pu être livré. La réception du premier VLFS est désormais reportée à décembre prochain.
Le déploiement dans les forces du PLFS « Grizzly », tous standards confondus, a quant à lui déjà démarré. Non prévue à l’origine, la réorientation de certains véhicules vers les régiments de la 11e BP s’est matérialisée à l’occasion du défilé militaire du 14 juillet. Premier bénéficiaire, le 1er régiment de hussards parachutistes avait alors descendu les Champs-Élysées au volant de trois exemplaires.
Troisième volet du programme, la livraison de fardiers et de leurs remorques accuse elle aussi des retards justifiés par des « difficultés d’approvisionnement de certains composants ». Seuls 48 fardiers et six remorques auront pu être perçus sur les 60 et 34 exemplaires attendus.
À peine créé, le Commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (CAPR) s’est confronté pour la première fois à la réalité du terrain à l’occasion de l’exercice Grand Duc. Un exercice autant qu’une expérimentation source de premiers résultats encourageants en matière de construction des synergies et d’accélération de la boucle renseignement-feux.
Une édition inédite
Inhabituel, Grand Duc l’aura été à plus d’un titre. De par son ampleur, premièrement. Conduit du 15 au 29 mars dans le quart nord-est de la France, cet exercice annuel des unités du renseignement de l’armée de Terre a cette fois été joué entre Amiens et Belfort. Inspiré de l’exercice d’hypothèse d’engagement majeur ORION 2023, son scénario voyait l’ennemi symétrique Mercure et sa milice Tantale envahir la nation voisine Arnland. Un allié fictif de l’OTAN opposé à des ennemis tout aussi fictifs et dont l’agression entraînait la formation d’une vaste coalition, déploiement de divisions française, britannique et américaine à la clef.
Trois divisions formant un corps d’armée au profit duquel oeuvrait un groupement de recherche multicapteurs (GRM) déployé dans la profondeur avec l’ensemble de ses moyens. Ses quelques 400 combattants provenaient essentiellement du 2e régiment de hussards, spécialiste du renseignement de source humaine et de l’infiltration à travers les lignes ennemies. Des éléments des 54e, 61e et 1er régiments d’artillerie, du 28e groupe géographique, des 54e et 44e régiments de transmissions ainsi qu’un sous-groupement aéromobile armé par le 5e régiment d’hélicoptères de combat sont venus s’y agréger.
Ce GRM intégrait un détachement belge du bataillon ISTAR, signe parmi d’autres des liens grandissants entre forces terrestres des deux pays. Cette unité de chasseurs à cheval a pour l’occasion envoyé son escadron A renforcé d’une section radar Squire, d’une équipe drones et d’une section de génie (EARS). Une « belle unité » dont les membres « apportent une certaine philosophie et une certaine approche de la planification d’une opération. Nous avons beaucoup à apprendre de nos camarades belges tout comme, je l’espère, ils ont beaucoup de choses à apprendre de nous », soulignait le colonel Nicolas Louis, chef de corps du 2e RH et commandant du GRM.
La mission de ce GRM à l’accent belge ? Trouver l’ennemi, comprendre ses modes d’action, déterminer des cibles et faire remonter ces informations jusqu’au corps d’armée. Par le lien direct qu’il crée avec les feux et les moyens de guerre électronique, le GRM contribue ainsi au grignotage, à l’affaiblissement de l’ennemi au profit des divisions et brigades de la ligne de contact. Dans un espace de jeu grand comme la Bulgarie, impossible de se la jouer « big brother ». Bien que dédoublée fictivement, l’envergure du GRM impliquait « de manoeuvrer, de faire des choix en utilisant au mieux les compétences de chacun », relève le colonel Louis.
Surtout, Grand Duc constituait un premier essai grandeur nature pour le CAPR, mis en place le 1er janvier 2024 pour succéder au Commandement du renseignement (COM RENS). Organisé autour d’un état-major implanté à Strasbourg, ce nouveau commandement Alpha rassemble le centre de renseignement Terre (CRT) ainsi que trois brigades : la 4e brigade d’aérocombat (4e BAC) et les futures 19e brigade d’artillerie (19e B.ART) et brigade de renseignement et de cyber électronique (BRCE). Ces unités opérant au profit de la division et du corps d’armée, focalisent leur action sur un compartiment profond de 50 à 500 km, tant au sol que dans la 3e dimension. Ce CAPR est commandé par le général de division Guillaume Danès, dont la carrière a démarré au 13e régiment de dragons parachutistes avant de se poursuivre au 2e RH puis à la tête de l’ex-COM RENS.
Derrière l’entraînement et l’évaluation Antarès du PC du GRM, cette édition devait « mettre en synergies toutes ces compétences » qui évoluaient auparavant dans leur couloir de nage et de « tester une nouvelle organisation, de nouvelles procédures pour aller toujours plus vite et être toujours plus efficaces face à ces défis qui prennent une importance beaucoup plus grande par rapport à ce que les armées françaises ont connue ces 15-20 dernières années », résume le commandant du 2e RH. Un séminaire organisé en janvier dernier avec tous les acteurs du CAPR avait débouché sur de premières réflexions communes d’amélioration. Des idées pour la première fois mises en pratique lors de Grand Duc.
Un militaire du bataillon ISTAR belge survolé par un Tigre HAD du 5e RHC, illustration de la volonté du CAPR d’inclure dans ses réflexions tout acteur susceptible d’agir dans la profondeur, en ce y compris les unités alliées, la 11e brigade parachutiste, les forces spéciales ou encore les observateurs d’artillerie (Crédits image : Bn ISTAR)
Accélérer face à un ennemi à parité
À l’instar de l’ensemble des armées, les unités du CAPR ont définitivement pris le tournant de la « haute intensité », cette volonté de durcissement de la préparation opérationnelle face à l’hypothèse d’un engagement majeur. Essentiel au bon déroulé d’un exercice, le réalisme de l’animation est l’une des spécialités de la major Stéphanie. « On nous demande depuis 2-3 ans de basculer vers la haute intensité », explique cette équipière « recherche au contact » (RAC) du 2e RH rattachée à la section entraînement-exercice du CAPR.
Grand Duc n’y a pas coupé et prolongeait quelques grandes idées d’ORION 2023. C’est ainsi que la milice Tantale aura généré des actions de harcèlement et de sabotage les arrières de la force alliée pour déstabiliser celle-ci et faciliter l’avancée des divisions Mercure. Réalisme oblige, 23 « sources » ont été créées parmi la population arnlandaise, pour moitié réellement jouées. Des joueurs auxquels l’animatrice « fait dire des choses plus ou moins intéressantes à creuser ensuite ». Ces sources, additionnées aux événements conçus de toute pièce, auront atteint un volume inédit. « J’adore faire vivre l’exercice », se réjouit la major Stéphanie. Celle-ci a imaginé un monde artificiel d’associations, de médias, de réseaux sociaux alimentés à l’occasion par la petite force adverse présente sur le terrain. Jusqu’à l’écriture d’un journal quotidien : « Le Roseau », canal d’information exploitable jusque dans ses encarts publicitaires.
Étendue d’Amiens à Belfort, la zone d’action profonde de plus de 400 km se voulait la plus représentative possible des élongations dans lesquelles les unités du CAPR sont appelées à opérer. Des distances sources de challenges, dont celui de l’accélération. « Notre objectif, c’est de réduire la boucle renseignement-feu, le délai entre la détection d’une cible et sa neutralisation quel que soit l’effecteur retenu », relève le général de division Danès. Pourquoi ? « Parce que, face à un ennemi à parité, il faut savoir saisir les opportunités. Nous n’avons pas toujours l’initiative, nous sommes contraints par les combats contrairement aux opérations extérieures conduites ces 20 dernières années ». Ces fenêtres d’action peuvent être très courtes, « d’où cette nécessité d’accélérer ».
Le CAPR a en effet cela d’utile qu’il permet de « faire des choix un peu innovants en matière d’équipements » grâce au dialogue renforcé entre acteurs d’un même monde. Durant Grand Duc, la focale aura surtout porté sur les transmissions. L’acquisition rapide de systèmes disponibles sur le marché et en partie civils est ainsi venu soutenir le concept d’hybridation, cette combinaison de moyens civils et militaires privilégiée pour éviter les ruptures de communication et compenser les éventuelles perturbations adverses.
« Comment j’utilise internet, le réseau GSM, les satellites à orbite basse en complément des satellites et liaisons radios militaires, c’est un sujet que l’on travaille à l’occasion de l’exercice Grand Duc », pointe le général de division Danès. L’armée de Terre a, entre autres, acheté des boîtiers GSM sur lesquels elle intègre un chiffrement « maison » pour pouvoir les relier à ses propres systèmes d’information. « Nous avons mis en oeuvre des passerelles automatiques et intelligentes qui nous permettent de faire basculer une information d’un niveau de classification à l’autre tout en en interdisant la redescente vers le niveau inférieur », confie le colonel Louis. Les transmetteurs auront par ailleurs réussi à pallier à l’absence de liaison 16 sur les cinq hélicoptères du SGAM, facilitant par là le positionnement ami et la coordination dans la 3e dimension.
Résultat parmi d’autres des expérimentations, la patrouille de recherche opérant à Vesoul a pu transmettre ses informations en moins de deux minutes au poste de commandement du GRM installé à Mourmelon-le-Petit. Soit près de 300 km parcourus sans anicroches ni intervention technique. Certes, le processus n’est pas encore instantané, mais « gagner deux minutes, c’est déjà énorme », assure le général de division Danès. Ce petit gain de temps devient effectivement précieux lorsqu’il s’agit d’avoir un impact sur la manoeuvre ennemie. « Nous sommes sur une très bonne voie, car nous réussissons à prendre des décisions de tirs en quelques minutes », constate le colonel Louis. « Le pari de création de ce CAPR incubateur et laboratoire est donc gagné », estime pour sa part le général de division Danès.
Crédits image : armée de Terre
Des pistes organisationnelles et matérielles
Face à un ennemi puissant et protéiforme, la réduction des délais de la boucle renseignement-feux n’est pas le seul enjeu. Repenser certains modes d’action, en concevoir de nouveaux et faire évoluer les matériels en sont d’autres. Hormis l’écriture doctrinale, il s’agira par exemple de déterminer quel sera le meilleur « pion multicapteurs » à déployer selon le contexte. Une compagnie de recherche humaine ? Une compagnie de guerre électronique ? Une section, voire une patrouille ? L’intégration de plusieurs capteurs est-elle nécessaire ? Quel est la combinaison offrant le meilleur équilibre en termes d’efficacité et de discrétion ? Bref, où placer les différents curseurs pour obtenir « un renseignement précis, fiable » ?
Laboratoire à ciel ouvert, Grand Duc offrait le terrain idéal pour tester de nouveaux équipements. « Nous avons mis en oeuvre un certain nombre de matériels assez innovants dans le domaine du renseignement électromagnétique», explique le colonel Louis. Des systèmes de guerre électronique qui auront conduit à la capture anticipée d’un chef de la milice Tantale infiltré à proximité du PC du GRM. Un fait inattendu mais sans réelle conséquence pour le travail de la major Stéphanie, car le cadre scénaristique de Grand Duc n’a rien de figé et évolue tout au long de l’exercice. Le conflit russo-ukrainien influence certainement ce travail d’écriture mais « je me sers du monde entier », assure celle qui, à l’heure où nous la rencontrons, planche déjà sur la prochaine action de Tantale : l’attaque d’un aéroport à coup d’engins explosifs improvisés et de drones.
Si la porosité d’un front – ou son absence dans le cas sahélien – facilite l’infiltration, celle-ci se trouve complexifiée lorsque ce front s’avère dense, parsemé de capteurs, de champs de mines, fortifications et autres obstacles présents dans les trois dimensions. La relative stabilité du front russo-ukrainien et les difficultés éprouvées par les belligérants pour le franchir en sont des rappels quotidiens.
Traverser la ligne pour s’enfoncer dans le dispositif adverse, c’était déjà la préoccupation principale de Chamborant quand le général de division Danès était à sa tête, il y a plus d’une décennie. Pour ce dernier, « il y a toujours des moyens de passer, il faut être audacieux » et « chercher les espaces lacunaires, en espérant qu’ils existent ». Quitte à remettre au goût du jour des savoir-faire passés au second plan au cours des dernières décennies afin de « faire très mal, dès ce soir, à un ennemi disposant de capacités équivalentes », indique le colonel Louis. Grâce à Grand Duc, « nous avons pu mettre en oeuvre des savoir-faire spécifiques dans les conditions les plus réelles possibles », poursuit-il. Exemple avec ces VB2L engagés dans une phase de franchissement d’ « un cours d’eau assez profond qui allait contraindre notre manoeuvre », un procédé exceptionnellement joué de nuit.
Le défi est tout aussi prégnant pour les hélicoptères de la 4e BAC, vecteurs de mobilité, de reconnaissance, de destruction d’objectif et d’escorte par excellence mais confrontés aux capacités d’interdiction de l’adversaire. Aux équipages d’à leur tour chercher et exploiter le trou dans la raquette adverse tout en comptant sur leur maîtrise du vol tactique et sur le renouvellement progressif des parcs d’hélicoptères. De là à agir jusqu’à 500 km ? « Nous pourrions, car nous sommes capables de réaliser des FARP [Forward Arming and Refueling Point] pour pouvoir aller plus loin. C’est ce que nous avons fait durant cet exercice », précise le lieutenant François, officier contrôleur de circulation aérienne au sein du 5e RHC. Couramment déployés lors des opérations au Sahel, ces FARP sont autant de points de ravitaillement avancés permettant d’accroître l’élongation des machines, au prix d’une exposition accrue.
Plus encore, la transparence du champ de bataille qu’amène la combinaison de satellites, drones et autres capteurs suppose un risque d’érosion de la discrétion chère au 2e RH. « D’ores et déjà, on voit les Russes comme les Ukrainiens s’adapter à cette situation. On le voyait sur les autres théâtres d’opération aussi, les gens s’enterrent », remarque le général de division Danès. Mais chez les hussards, l’effort relève plutôt du camouflage, à l’instar de cette bâche en aluminium à mémoire de forme« remontée » du 13e RDP et de solutions atténuants le rayonnement infrarouge. Faute de pouvoir traverser, d’autres voies subsistent pour le renseignement d’origine humaine, à l’image des sources disséminées sur les arrières par l’équipe animation de Grand Duc et susceptibles d’être en lien avec les populations situées au-delà du front.
Le retour d’un ennemi à parité pose, enfin, la question de la maîtrise du ciel. Le défi est surtout prégnant pour les hélicoptères de la 4e BAC, vecteurs de mobilité, de reconnaissance, de destruction d’objectif et d’escorte par excellence mais confrontés aux capacités d’interdiction de l’adversaire. Aux équipages d’à leur tour chercher et exploiter le trou dans la raquette adverse tout en comptant sur leur maîtrise du vol tactique et sur le renouvellement progressif des parcs d’hélicoptères. De là à agir jusqu’à 500 km ? « Nous pourrions, car nous sommes capables de réaliser des FARP [Forward Arming and Refueling Point] pour pouvoir aller plus loin. C’est ce que nous avons fait durant cet exercice », précise le lieutenant François, officier contrôleur de circulation aérienne au sein du 5e RHC. Couramment déployés lors des opérations au Sahel, ces FARP sont autant de points de ravitaillement avancés permettant d’accroître l’élongation des machines, au prix d’une exposition accrue.
Surveiller et protéger l’espace aérien, c’est justement la mission principale du lieutenant Philippe. Grand Duc « permet de travailler avec tous les acteurs des brigades de la 3e dimension et, parce que nous sommes plus hauts dans la chaîne de commandement, la qualité d’information est beaucoup plus claire et précise tandis que les interlocuteurs sont moins nombreux », explique ce chef de centre de management de la défense dans la 3e dimension (CMD3D) au sein du 54e régiment d’artillerie. Son compartiment de travail s’étendait sur environ 100 km2, « ce qui est quand même assez conséquent et contient énormément de nouveaux acteurs car c’est la première fois que l’on se déploie avec le GRM du 2e RH », continue-t-il. La manoeuvre exige donc une vigilance de tous les instants. Gagner du muscle et traiter les menaces actuelles et futures demandera à la fois de la multiplicité et de nouvelles technologies. « Nous nous adapterons, et l’armée s’adapte déjà », souligne-t-il. En témoigne le rattrapage engagé sur la défense sol-air grâce à la loi de programmation militaire 2024-2030, un effort qui se traduira notamment par l’arrivée au 54e RA de véhicules Serval de lutte anti-drones (LAD) et de Serval équipés de missiles MISTRAL.
Le CAPR tel qu’il s’organisera à compter de l’automne prochain (Crédits image : armée de Terre)
Pari gagné
À quelques jours de la fin de l’exercice, le colonel Louis se disait « plus que satisfait et même fier de ce qui a été réalisé », ce dernier relevant « des résultats remarquables, ne serait-ce que dans le délai de transmission ». Un sentiment partagé par son supérieur, le général de division Danès. « C’est très concluant. La réorganisation autour de ces commandements Alpha, c’est déjà un pari gagnant pour le CAPR ».
Si les premières impressions sont positives, Grand Duc 2024 n’était qu’une étape préliminaire dans un vaste chantier soutenu par une LPM de « transformation ». Son enveloppe de 413 Md€ sur sept ans « apporte pas mal de choses en ce qui concerne le triptyque majeur de la défense sol-air, des feux dans la profondeur et de la guerre électronique ». Derrière les Serval LAD et MISTRAL, le CAPR bénéficiera du renouvellement des lance-roquettes unitaires (LRU), un projet pour lequel « il est bien dans les intentions des armées d’augmenter la portée au-delà des 70-80 km autorisés aujourd’hui pour aller bien au-delà, et pourquoi pas jusqu’à 500 km ».
L’hélicoptère interarmées léger (HIL), le (re)décollage du drone Patroller, les moyens radars intégrés avec l’armée de l’Air et de l’Espace seront d’autre axes d’effort à matérialiser. Sans oublier cet essai à transformer dans le champ de la guerre électronique, car « le conflit ukrainien nous montre bien que c’est un sujet d’importance face à un adversaire à parité ». Qu’importe le domaine, « nous allons essayer de tirer le maximum de la LPM en cours. Et tout ce qu’on aura pas réussi à faire, il faudra, si la situation internationale ne change pas, que ce le soit dans la prochaine », indique le patron du CAPR.
De niveau divisionnaire, le CAPR rassemblera à terme quelque 3000 militaires. Si la 4e BAC a été créée en 2016, les deux autres brigades le seront au 1er août prochain. Le CAPR sera officiellement mis sur pied début septembre, cérémonie suivie de quelques bascules internes d’unités actées le 1er novembre. Les 1er, 61e et 54e régiments d’artillerie rejoindront la 19e B.ART, par exemple. Quelques éléments de commandement seront sensiblement renforcés, notamment au profit de la 4e BAC. Après petite année de transformation, « la réorganisation sera alors terminée », annonce le général de division Danès.
Plusieurs rendez-vous sont déjà au programme. Après l’exercice préfigurateur réalisé le mois dernier, le CAPR contribuera aux exercices des brigades qu’il englobe, à commencer par l’exercice BACCARAT que la 4e BAC conduira à l’automne prochain. Autant de jalons qui mèneront au franchissement d’un nouveau pas, celui d’un exercice de corps d’armée baptisé DIODORE. Attendue pour l’automne 2025, la première édition visera à continuer les travaux engagés sur la coordination 3D et l’accélération de la boucle renseignement-feux. « Quand je vois les résultats de Grand Duc, je sais que nous continuerons à avancer à toute vitesse d’ici-là », se félicite le général de division Danès.
Le jeudi 4 avril 2024, l’amiral Nicolas Vaujour, chef d’état-major de la Marine, a prononcé l’admission au service actif du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Duguay-Trouin. Il est le second de la série de six SNA de type Suffren qui remplaceront l’intégralité des SNA de type Rubis à l’horizon 2030.
L’admission au service actif est prononcée après des phases d’essais à la mer débutées en mars 2023. Ces phases de Vérification des caractéristiques militaires (VCM) permettent aux équipages de tester les performances, l’endurance du bâtiment ainsi que la conformité des équipements aux spécifications demandées.
Durant ses essais, le Duguay-Trouin a navigué en eaux froides comme en eaux chaudes, avec une escale à Fort-de-France en mars 2024 ; une première pour un SNA de type Suffren. Il sera désormais déployé en opérations.
Le SNA Duguay-Trouin, à l’instar du premier de série, le SNA Suffren, assurera les mêmes missions que les SNA de type Rubis, avec des capacités supérieures. Il dispose en particulier d’une capacité de frappe contre terre avec le Missile de croisière naval (MdCN) et d’une capacité de mise en œuvre des forces spéciales par un sas nageurs et par son hangar de pont.
Les forces sous-marines et la force océanique stratégique
Les forces sous-marines françaises sont composées de 3 200 marins. Elles disposent de 10 sous-marins nucléaires : 6 sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et 4 sous-marins nucléaires lanceur d’engins (SNLE).
Chaque sous-marin est armé par 2 équipages (bleu et rouge) qui se succèdent à bord. Le métier de sous-marinier est un métier hors norme, de haut niveau, nécessitant exigence et une grande rigueur au quotidien.
Depuis 1972, au moins un SNLE est en mer pour assurer, n’importe où dans les mers et océans du globe, la permanence à la mer de la dissuasion nucléaire.
Les SNA, eux, constituent une composante essentielle des forces armées françaises. Ils sont à la fois des navires de combat et des instruments de puissance. La possession de SNA confère à la Marine nationale des capacités permettant d’appuyer l’efficacité opérationnelle (en termes d’endurance, de discrétion et de performance).
Les SNA ont 4 grandes missions : soutien à la dissuasion nucléaire (notamment blanchiment de zone lors des départs des SNLE) ; protection d’une force aéronavale (notamment lors des déploiements du porte-avions) ; connaissance-anticipation et intervention (frappe dans la profondeur et mise en œuvre de forces spéciales).
Les sous-marins constituent une capacité clef de la Défense française.
Marine & Océans
La revue trimestrielle « Marine & Océans » a pour objectif de sensibiliser le grand public aux grands enjeux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile. Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu’aux échanges. Les ressources qu’ils recèlent sont à l’origine de nouvelles ambitions et peut-être demain de nouvelles confrontations.
Héritier des Commandos de renseignement et d’action dans la profondeur [CRAP], le Groupement de commandos parachutistes [GCP] se compose de détachements fournis par les régiments relevant de la 11e Brigade Parachutiste [BP]. Avec ses chuteurs opérationnels, l’une de ses tâches consiste à opérer en avant d’une force terrestre, afin de marquer, par exemple, des zones de parachutage. Sans pour autant faire partie des forces spéciales, il peut également être engagé dans des missions exigeant un savoir-faire dépassant les capacités des unités « classiques » de l’armée de Terre.
C’est donc à ce titre que le GCP commence à mettre en œuvre le « Système de mise à terre des chuteurs opérationnels » [SMTCOPS] qui, partiellement qualifié par la Direction générale de l’armement [DGA] en septembre 2022, permet de sauter à partir d’une altitude supérieure à 9’000 mètres et de parcourir, sous voile, environ 50 km, avec une charge de 200 kg [chuteur et équipement compris].
En effet, dans son dernier numéro, le magazine RAIDS indique que le GCP était en train de s’approprier ce SMTCOPS, qui remplacera les parachutes G9 d’Air Azur qu’il utilise jusqu’à présent. Dans le même temps, les commandos de la 11e BP pourraient très prochainement compléter leur armurerie avec de nouveaux fusils d’assaut.
Actuellement, le GCP dispose de pistolets automatiques Glock 17 et HK USP, de lance-grenades HK LG40, de mitrailleuses Minimi 5,56/7,62 mm, de pistolets-mitrailleurs HK MP5 ainsi que de plusieurs modèles de fusils, comme le Sako TRG [précision], le SCAR-H [7,62 mm], le HK-416 [commun à toutes les unités de l’armée de Terre] et le HK-417. À cette liste, selon RAIDS, viendra donc s’ajouter le SIG Sauer MCX Spear LT en calibre 5,56 mm ou .300 Blackout [7.62×35 mm, ndlr].
Dans son catalogue, l’armurier suisse précise que le MCX Spear LT est une évolution du MCX Virtus, lequel est en dotation au sein du 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], qui relève du Commandement des opérations spéciales [COS]. Le Groupement des commandos de montagne [GCM] en est également doté.
En 1997, l’armée de Terre créa le Groupement spécial autonome [GSA] avec le 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa] et le Détachement ALAT des opérations spéciales [DAOS]. Puis, cinq ans plus tard, cette structure devint la « Brigade des Forces Spéciales Terre » [BFST], le 13e Régiment de Dragons Parachutistes [RDP] lui étant désormais subordonné. Cette unité ne connut pas de profonds changements lors des réformes du ministère des Armées conduites entre 2008 et 2014.
Ce qui ne fut pas le cas en 2016, lors de la mise en oeuvre du plan « Au Contact » de l’armée de Terre. À l’époque, il fut décidé de transformer la BFST en « Commandement des Forces Spéciales Terre » [CFST]. Fort de 2500 militaires environ, il réunissait le 1er RPIMa, le 13e RDP et le 4e Régiment d’Hélicoptères de Forces Spéciales] ainsi que le Groupement d’appui aux opérations spéciales [GAOS], une compagnie de commandement et de transmissions [CCTFS] et l’Académie des forces spéciales [Centre Arès].
Seulement, en raison de l’évolution de la conflictualité et de la nécessité de prendre en compte les menaces liées aux guerres hybrides et l’influence, le dernier plan de transformation de l’armée de Terre, dévoilé en avril dernier, prévoit de faire évoluer à nouveau le CFST.
Ainsi, en plus des unités sur lesquelles il exerçait déjà sa tutelle, il sera rejoint par le Centre interarmées des actions sur l’environnement [CIAE] ainsi que par le Centre terre pour le partenariat militaire opérationnel [CPMO]. En clair, il s’agit de lui donner les moyens de développer ses « capacités hybrides et d’influence » et de mener des missions relevant des « PSYOPS » [opérations psychologiques]. En outre, il travaillera en lien avec les 6e et 43e BIMa [Bataillons d’Infanterie de Marine], implantés respectivement au Gabon et en Côte d’Ivoire.
La conséquence est que, depuis le 1er janvier, le CFST s’est effacé au profit du «Commandement des Actions Spéciales Terre » [CAST]. Selon les succinctes explications données par l’armée de Terre, celui-ci intègre donc trois nouvelles capacités, à savoir les opérations d’influence, le partenariat militaire opérationnel et la cyberdéfense.
D’autres grandes unités sont appelées à évoluer, quand elles ne l’ont pas déjà fait. Ainsi, certains commandements issus du modèle « Au Contact » vont se muer en structures dédiées à des missions bien précises, comme le Commandement du numérique et du cyber ou encore le Commandement de l’appui et de la logistique de théâtre, qui chapeautera trois brigades [logistique, génie, maintenance].
Enfin, à l’image du CAST, le Commandement du Renseignement [COM RENS] va voir ses prérogatives élargies et deviendra le « Commandement des actions dans la profondeur et du renseignement » [CAPR]. Il sera rejoint par la 4e Brigade d’Aérocombat [BAC] ainsi que par les 1er et 54e Régiments d’Artillerie [RA].
DECES : Mort du capitaine Mathieu GAYOT du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales lors d’un exercice
Paris, le 12 novembre 2023
Samedi 11 novembre 2023, le capitaine Mathieu GAYOT du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales est décédé lors d’un exercice dans le cadre de la préparation opérationnelle de son unité.
Désigné comme coordinateur d’un exercice dédié à l’instruction des nouveaux arrivants au quartier Guynemer à Uzein (64), le capitaine GAYOT a été mortellement blessé en soirée.
Les secours sont intervenus très rapidement et ont constaté son décès peu de temps après.
S’inclinant avec une profonde tristesse devant la mémoire de ce militaire mort en service dans l’accomplissement de sa mission, le général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, s’associe à l’immense douleur de sa famille. Ses pensées accompagnent tous ses proches ainsi que ses frères d’armes.