Légion étrangère : pourquoi ce célèbre chef étoilé s’est rendu dans la cuisine du régiment de Castelnaudary
Le chef étoilé Thierry Marx s’est rendu à Castelnaudary pour coacher des légionnaires lors de l’épreuve façon « Top Chef » organisée à l’issue de leur formation en restauration.
Lundi 11 novembre, le 4e Régiment étranger de Castelnaudary organisait dans l’enceinte de son château des Cheminières, sur le domaine du Quartier Danjou, un repas de gala concocté par de jeunes légionnaires à l’issue de leur formation dans la branche « Restauration, hébergement et loisir ». Une centaine de légionnaires sont ainsi formés chaque année dans ce secteur d’activité pendant huit semaines. Une période qui se clôture par l’organisation d’un repas dont le menu est cuisiné par les stagiaires.
Cette année, pour le grand jour de Mémoire du 11 novembre, c’est le célèbre chef étoilé Thierry Marx qui est venu leur apporter son savoir-faire et ses conseils dans les cuisines exiguës du château des Cheminières. Un moment d’autant plus inoubliable pour les jeunes légionnaires qu’une équipe de M6 est venu le filmer.
Un concours façon « Top chef »
Deux équipes étaient en concurrence, à l’image du concept de l’émission télévisée Top chefdont Thierry Marx a été l’un des membres du jury au moment de son lancement. Ils avaient pour défi de concevoir et réaliser un menu composé de deux entrées, deux plats de résistance et deux desserts, le tout accompagné du vin de Puyloubier produit par les anciens de la Légion.
Le jury était constitué par les 28 convives, civils et militaires. Même s’il n’est pas facile de comprendre l’art de la gastronomie française, pour ces étrangers qui viennent parfois du bout du monde pour servir la France, d’abord comme combattants et ensuite comme spécialistes, les deux équipes de cuisiniers stagiaires ont eu droit aux félicitations du jury.
Les liens forts de Thierry Marx avec l’Armée de terre
Chef cuisinier étoilé et président confédéral de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), Thierry Marx est très attaché à l’armée de Terre puisqu’il a servi comme parachutiste dans l’infanterie de marine. Ce n’est pas la première fois qu’il intervient ou s’investit de la sorte auprès des militaires français. Il a notamment pris l’habitude d’élaborer le menu du dîner caritatif Vulnerati qui permet de récolter des fonds pour les blessés de l’armée de Terre.
Certains iront se perfectionner chez Thierry Marx
Le colonel Montull, chef de corps du 4e Régiment étranger, estimait les « résultats très encourageants, avec une certaine marge de progression », tandis que le chef Thierry Marx faisait part de son expertise et de quelques recommandations.
Chacun saluait le travail d’équipe et la volonté de donner le meilleur de soi-même. Notons que certains de ces jeunes légionnaires auront la chance d’effectuer un stage de perfectionnement dans les cuisines du célèbre chef.
Les instructeurs français poursuivent la formation de leurs camarades ukrainiens de la brigade 155, baptisée « Brigade Anne de Kyiv ». Voici ci-dessus l’ordre de bataille de cette unité mécanisée, équipée de Leopard 2A4, de VAB et d’AMX-10RC. Elle regroupera 4500 hommes à terme.
On pourra lire le post que j’ai consacré à cette unité et à la reine qui lui a donné son nom. Le point sur cet effort tricolore pour préparer une brigade « bonne de guerre » d’ici à la fin de l’année.
Et la logistique?
Elle suit grâce au SCA… Comme le montrent les photos qui circulent, afin d’équiper les soldats ukrainiens, une chaîne habillement a été mise en place par le Commissariat; elle est opérée avec l’armée de Terre (14e RISLP). Treillis, équipements balistiques, sacs de couchage etc., ont ainsi été mis à disposition des stagiaires.
Pour nourrir l’ensemble de la force, le SCA a créé un ordinaire de campagne sous tente, en mesure de nourrir jusqu’à 2 000 personnes. Trois éléments lourds de cuisson (ELC 500) et des matériels de restauration collective adaptés sont mis en œuvre. Ce soutien restauration conséquent a nécessité le renfort de personnels de la spécialité Restauration-Hébergement-Loisirs (RHL) en provenance de différents organismes du SCA. Ce dernier est assisté par l’Economat des Armées à qui a été externalisée la location d’une tente de grande dimension pour abriter un foyer dédié aux militaires ukrainiens et pouvant accueillir jusqu’à 2 000 personnes.
Insigne d’arme : Taillé de Gueules et de Sable, au scorpion d’acier posé en barre portant à la pince senestre un écusson de gueules à la croix pattée d’Argent, brochant sur la partition.
A voir: Une vidéo sur l’arrivée des Ukrainiens dans un camp de l’est de la France, c’est ici.
Le concept peut sembler relativement simple… mais encore fallait-il y penser. Ainsi, affectés au Centre air de sauts en vol [CASV], implanté sur la base aérienne [BA] 123 d’Orléans-Bricy, le lieutenant Étienne et l’adjudant-chef Thomas, ont eu l’idée d’utiliser un « treuil ascensionnel » pour mettre au point une sorte de « simulateur de vol » pour les chuteurs opérationnels – novices ou confirmés – de l’Escadre Force Commando Air [EFCA], laquelle fédère notamment les Commandos Parachutistes de l’Air [CPA] 10 et 30.
Soutenue par la Brigade des forces spéciales Air [BFSA] et le Centre d’expertises aériennes militaires [CEAM], cette innovation a été présentée à l’occasion du « Prix de l’Audace », organisé par l’Agence de l’innovation de défense [AID] et financé par la Fondation Maréchal Leclerc de Hautecloque.
Si elle n’a pas été primée, il n’en reste pas moins que cette innovation, issue de la démarche HAPPI du CEAM, permettra d’améliorer la formation et la qualification des commandos parachutistes à moindre coût et avec davantage de flexibilité, étant donné que de telles activités sont souvent tributaires du manque de disponibilité d’avions dédiés.
Or, comme l’explique le dernier numéro d’Air Actualités, les commandos « restent parfois dans l’attente d’être qualifiés, ce qui impacte leur opérabilité et plus généralement la bonne exécution des opérations spéciales ».
Concrètement, le dispositif mis au point par les deux cadres du CASVpermet à un élève parachutiste d’effectuer une descente sous voile, plusieurs fois par jour et dans des conditions différentes [jour, nuit, avec ou sans charge, etc.]. Grâce à ce treuil couplé à un parachute ascensionnel, le stagiaire peut atteindre une altitude de 700 mètres, ce qui correspond, grosso modo, à un vol sous voile « normal » après largage. Outre un meilleur encadrement, ce système réduit le risque de blessure.
Selon le CEAM, cet équipement « permet de faire 6 chutes sous voile par jour pour une équipe de 10 chuteurs, sans mise à disposition d’un aéronefs et son équipage ».
Emmanuel Macron a échangé ce mercredi avec des soldats ukrainiens de la Brigade 155 formés par l’armée française.
À quelques jours d’un sommet crucial pour l’Ukraine, organisé samedi par ses soutiens à Ramstein en Allemagne, la France voudrait démontrer qu’elle joue un rôle de premier plan. Mercredi le président de la République Emmanuel Macron s’est rendu sur le terrain à la rencontre des soldats ukrainiens de la Brigade 155 formés par l’armée française. La localisation exacte du camp d’entraînement dans l’est de la France est tenue secrète pour des raisons de sécurité. Le chef de l’État voudrait aussi s’extraire du brouhaha politique au moment où vont commencer des débats budgétaires périlleux. Ceux-ci n’épargnent pas la loi de programmation militaire. Par sa seule présence auprès de soldats qui vont risquer leur vie, Emmanuel Macron espère sans doute rappeler la gravité des enjeux.
Plus de deux ans et demi après le début de la guerre contre l’invasion russe et alors que le front demeure bloqué, les alliés de l’Ukraine cherchent comment adapter leur soutien. Il en sera question à Ramstein tout comme sera discuté le «plan pour la victoire» de Volodymyr Zelensky. En attendant, la France veut rappeler qu’elle assume sa part de l’effort. Lors de sa visite en juin du président ukrainien, elle s’était engagée à former«une brigade», c’est-à-dire un niveau de combat supérieur à celui de la compagnie. L’expérience des mois précédents et de l’échec de la contre-offensive de 2023 a montré les limites des manœuvres ukrainiennes sur le terrain. De leur côté, les forces ukrainiennes avaient critiqué les formations fournies par les Occidentaux en les trouvant parfois déconnectées de la réalité de leur terrain.
La brigade 155 sera complète, ou presque, et «bonne de guerre», c’est-à-dire à partir pour le front entièrement équipée «dans quelques mois», explique-t-on à l’Élysée. 2300 soldats seront ainsi formés pour constituer trois bataillons d’infanterie et leurs appuis : génie, artillerie, reconnaissance et de surveillance sol air. Pour compléter les effectifs et porter la brigade à 4500 hommes, d’autres soldats seront formes en Ukraine par l’armée ukrainienne. Les effectifs sont composés de soldats ayant déjà une expérience des combats et d’autres sans.
Combat «interarmes»
La France veut mettre l’accent sur une partie négligée des formations : le combat «interarmes», c’est-à-dire qui combine les effets, et l’encadrement. La formation est le fruit de «discussions avec les Ukrainiens et la création d’entraînements au plus près des conditions dans lesquelles ils sont actuellement engagés», poursuit-on à l’Élysée. Au moment de repartir, la brigade sera entièrement équipée et dotée de 128 véhicules de l’avant blindé, de 18 canons Caesar, de 18 blindés de reconnaissance AMX10RC, de 10 TRM et de 20 postes Milan. «Les exercices et l’entraînement sont construits avec des phases successives», explique-t-on. Une première phase technique porte sur les matériels cédés et la formation des cadres. Une deuxième phase consiste à former les bataillons d’infanterie, «donc une intégration un peu plus importante». Enfin, une troisième phase conclut avec «l’intégration interarmes, c’est-à-dire des différentes capacités et des exercices au niveau bataillon, puis au niveau brigade». La France est la seule à fournir ce type d’entraînement, fait-on valoir. La formation d’une deuxième brigade n’est pas prévue pour l’instant. Cette formation pèse lourd sur l’armée de terre qui y a consacré 1500 militaires.
Même si la contribution française est marginale comparée au soutien militaire américain ou limitée, comparée à celui d’autres États européens qui y consacrent plus en volume ou en proportion, le soutien Français ne se limite pas à la brigade 155, la France continue de fournir des munitions et notamment des bombes A2SM. Elle s’est aussi engagée dans la livraison d’avions Mirage 2000 et la formation de pilotes, comme l’a confirmé le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans une interview à Sud-Ouest. Les appareils sont en cours d’adaptation pour pouvoir mener des opérations air air mais aussi air sol. Ils pourraient être livrés à l’Ukraine au premier semestre 2025. Tout dépendra de la progression de la formation des pilotes.
Pour l’armée de Terre, l’ouverture du feu est l’acte « ultime » du soldat, qui doit, par conséquent, maîtriser parfaitement son armement individuel. D’où l’importance de l’Instruction sur le tir de combat [ISTC], instaurée en 2006 dans l’ensemble de ses régiments.
Cette ISTC, est-il rappelé dans le dernier numéro de Terre Mag, a « redonné l’autonomie au combattant en lui inculquant le savoir-vivre armé et la maîtrise parfaite de son arme, pour sa protection ou celle de tiers ». En outre, elle leur a apporté une « confiance individuelle et collective », a souligné le général Renaud Sénétaire, qui, alors qu’il était le chef de corps du 1er Régiment de chasseurs parachutistes, commanda le bataillon « Raptor », en Afghanistan, entre 2010 et 2011.
Mais pour prendre le dessus sur un adversaire, encore faut-il maîtriser également le tir « en équipage » et de combiner les « feux » [engins blindés, armes individuelles, drones, etc.]. En clair, il s’agit de faire manœuvrer différentes unités de façon à maximiser les effets. D’où la nécessité d’une préparation opérationnelle collective, qui doit être la plus réaliste possible. Or, comme l’a admis le colonel Merlin, du Commandement de l’entraînement et des écoles du combat interarmes [COM E2IA], des progrès sont à faire dans ce domaine.
« Le réalisme des manœuvres à balles réelles dans nos centres est limité. Les tireurs sont contraints de s’aligner sur des positions prédéterminées face à des cibles, toujours aux mêmes emplacements. Le chef tactique tient un rôle restreint », a-t-il expliqué dans les pages de Terre Mag.
D’où l’élaboration d’un nouveau concept, appelé ESTOC, pour « Expérimentation sur l’entraînement au tir opérationnel de combat ». Trois campagnes ont d’ores et déjà été réalisées, à Mourmelon et à Canjuers. Les deux premières ont impliqué le 152e Régiment d’Infanterie [RI] et des VBCI [Véhicules blindés de combat d’infanterie] tandis que la troisième a mobilisé le 21e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa] ainsi que des éléments du 1er Régiment Étranger du Génie [REG] et le 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique.
Concrètement, rendue possible grâce à la géolocalisation et aux tirs décalés, ESTOC vise à faciliter la manœuvre à tirs réels tout en introduisant une part d’incertitude dans la mesure où les cibles sont désormais « imprévisibles », les directeurs d’exercice ayant la possibilité de les activer en fonction de la progression des unités participantes. Des superviseurs sont chargés de vérifier le « respect des écarts angulaires entre les tireurs » et des « marges de sécurité » afin d’empêcher tout incident.
Cette expérimentation doit permettre de « donner plus d’autonomie et de responsabilités au chef de la troupe, chargé de la progression tactique et de son unité », celui-ci pouvant adapter ses déplacements aux caractéristiques du terrain, des abris, en veillant à aligner en permanence les directions de tir de ses éléments », détaille Terre Mag.
Les trois campagnes réalisées ont a priori donné satisfaction. « Chacune des unités a appréhendé l’ESTOC de façon différente. Toutes sont unanimes sur la hausse du niveau rapide du commandement en situation de tir », a résumé un officier du COM E2IA. Une quatrième devrait être menée prochainement, avec un degré de difficulté supplémentaire puisqu’il s’agira de faire manœuvrer l’équivalent d’un sous-groupement tactique interarmes.
L’armée de Terre prévoit de généraliser l’ESTOC à partir de 2025. Il lui restera ensuite à s’adapter à « l’évolution des armes, rapide sous la pression des conflits et par les progrès technologiques : munitions téléopérées, lutte anti-drones, frappe à longue distance ».
Le Général de division Emmanuel Charpy vient de prendre le commandement de l’Académie Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Il succède au général Hervé de Courrège. Le Général Charpy a intégré l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en 1989 jusqu’en 1992 en faisant le choix de l’arme blindée cavalerie. Sa carrière va ensuite se décliner en plusieurs phases. Opérationnelle au cours de différentes missions sur des théâtres d’opérations extérieures, mais aussi avec des postes à hautes responsabilités au sein de structures militaires internationales, notamment auprès du secrétaire général de l’OTAN (voir biographie ci-dessous). Mais la partie qui lui tient peut-être le plus à coeur ce sont ces 12 années consacrées à la scolarité, à la formation et aux ressources humaines, domaine pour lequel il revendique outre une grande expérience, un intérêt majeur. Pas étonnant donc qu’il se dise « très heureux et très fier d’être désormais à la tête de l’Académie Militaire et de ses très belles écoles », où il n’était pas revenu depuis plus de 30 ans. « Je redécouvre un site qui tout à la fois, garde sa personnalité, ses traditions, mais dont les écoles se sont adaptées et ont fortement évolué », explique-t-il, prenant pour exemple de cette transformation la création d’un centre de recherches devenu une référence.
« La formation militaire n’est pas un moule, mais un cadre qui permet de se développer »
Général de division Emmanuel Charpy, commandant de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan
L’Académie Militaire de Saint-Cyr accueille 600 nouveaux élèves, dont 10% sont étrangers. Le Général Charpy a accueilli ces derniers jours les nouveaux élèves et leurs parents et décrit une jeunesse qui a le goût de l’effort, du terrain, consciente des enjeux actuels et à venir et capable de faire preuve de rusticité et de force morale. A l’aube de cette nouvelle année de scolarité, le Général se dit « très en phase » avec les orientations prises par son prédécesseur, affirmant sa volonté de poursuivre et de consolider l’action engagée. Cela passe par la poursuite de la réforme de la scolarité. « Il s’agit de compléter le projet pédagogique. Les enseignants doivent être tournés vers un futur métier à la fois opérationnel et académique » qui mette le littéraire au même niveau que le scientifique. Le général dessine les contours d’une formation qui assure de promouvoir « un style de commandement par intention » associant « la culture du résultat en laissant une liberté d’action aux officiers ». Cette réforme, il veut la conduire selon trois axes (voir encadré ci-dessous).
« La formation militaire n’est pas un moule, mais un cadre qui permet de se développer. On a besoin d’officiers qui soient complets », affirme le Général Charpy pour qui la formation académique doit avoir la même importance que la formation militaire, les deux étant intimement liées pour donner les moyens aux futurs officiers de comprendre leur environnement, de dialoguer sur un théâtre d’opération avec des partenaires militaires mais aussi des organisations humanitaires. Une stratégie qui se calque sur les axes de travail définis par le Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre : solidarité stratégique (via l’OTAN par exemple); prévention et influence avec la compréhension de la guerre informationnelle ou bien encore la cohésion nationale, les futurs officiers étant aussi les futurs cadres de la Nation.
« L’Armée française est mixte et cette mixité doit être bien vécue »
Général de division Emmanuel Charpy
Le Général insiste sur la nécessité au cours de la scolarité des élèves officiers de travailler sur la notion « de fraternité d’armes », de cohésion. Une façon d’aborder le délicat sujet des cas de harcèlement qui ont défrayé la chronique ces derniers mois. « Des comportements inacceptables », tonne le Général qui n’élude pas la question. Il écarte fermement le moindre laxisme et réaffirme que chaque cas fait l’objet d’un traitement adapté en lien avec le Procureur de la République, avec des sanctions à la clé. L’Académie militaire a renforcé son dispositif de détection des cas éventuels avec une densification de son réseau de « correspondant mixité », le placardage d’affiches invitant les éventuel(le)s victimes à parler. Le sujet figure même au programme scolaire sur des thèmes tels que « bien vivre la mixité » ou bien encore « commander une unité mixte ». « Il y a tout un travail d’éducation à faire. L’Armée française est mixte et cette mixité doit être bien vécue. Il doit y avoir une véritable prise en compte de la dignité de l’autre. Cela fait partie de la cohésion de groupe », recadre le Général.
Il constate que via les familles des militaires qui vivent, travaillent participent activement à la vie associative, l’Académie militaire est bien intégrée au sein de la société civile dans laquelle elle est immergée. Mais le 80é anniversaire de sa présence sur le territoire de Guer qui sera célébré en 2025 devrait être l’occasion de mettre en exergue la bonne dynamique des échanges existants.
Les chiffres de la rentrée à l’Académie militaire :
Pour cette rentrée 2024, l’AMSSC accueil plus de 600 élèves qui se répartissent ainsi :
–ESM 230 nouveaux élèves
Age moyen à l’incorporation : 20 ans
–EMIA 160 nouveaux élèves
Age moyen à l’incorporation : 26 ans
–EMAC 220 nouveaux élèves
Age moyen à l’incorporation : 25 ans
L’Académie militaire c’est :
500 militaires et 150 civils dont 70 professeurs au service de la formation d’environ 2 000 élèves officiers par an :
– 1000 en cursus long (1 à 3 ans) dont une centaine d’élèves étrangers ;
– 1000 en cursus court (de quelques semaines à quelques mois).
Les trois axes de la réforme du Général Charpy
Le Général a planifié la réforme de la scolarité selon trois axes dont voici le détail :
AXE 1 – Consolider la transformation (organisation de l’académie et refonte de la scolarité) en poursuivant un double objectif (Refonte ESM déjà appliquée et réflexion en cours pour la scolarité EMIA) :
– Reconcentrer sur les finalités, s’adapter et anticiper les enjeux de demain.
– Redonner du temps : libérer du temps au profit des élèves officiers pour leur permettre de mieux réfléchir et assimiler les connaissances tout en équilibrant la formation par rapport à l’engagement dans des projets personnels.
AXE 2 – Compléter le projet pédagogique
– Transmettre le style de commandement par intention dans l’armée de Terre ( culture du résultat et de la finalité, esprit d’initiative, liberté d’action par subsidiarité)
– Travailler sur la transversalité des enseignements militaires et académiques pour construire des officiers complets pour agir dans les trois espaces stratégiques : solidarité stratégique – Prévention et influence – Cohésion nationale et territoire national
– Cultiver la notion de fraternité d’armes, déterminante dans une armée de Terre de combat (cohésion, considération, forces morales).
AXE 3 – développer le partenariat et la recherche
– Définir une politique de recherche du CReC au profit des enjeux de l’armée de Terre et du MINARM
– Consolider la politique partenariale avec l’enseignement supérieur, l’industrie de Défense et nos partenaires internationaux
Jusqu’à la fin des années 2000, afin d’acclimater ses unités au milieu montagnard, l’armée de Terre disposait de deux centres d’aguerrissement implantés dans les Alpes. Ainsi, héritier du 159e Régiment d’Infanterie Alpine [RIA], le Centre national d’aguerrissement en montagne [CNAM] tenait garnison à Briançon tandis que, ayant repris les traditions du 24e Bataillon de Chasseurs Alpins [BCA], le Centre d’instruction et d’entraînement au combat en montagne [CIECM] était établi à Barcelonnette.
En 2008, il fut décidé de fusionner ces deux entités, le CIECM prenant alors l’appellation « CNAM – Détachement de Barcelonnette ». Pour l’armée de Terre, il n’était pas question de se passer des zones d’entraînements – uniques – qu’elle possédait alors dans les Alpes de Haute-Provence. Seulement, la Révision générale des politiques publiques [RGPP], avec la réforme de la carte militaire qu’elle portait, l’obligea à revoir ses plans.
Un an après, le CNAM fut dissous pour ensuite être remplacé par le Groupement d’aguerrissement montagne [GAM], établi à Modane [Savoie]. Seulement, au moment où la préparation au combat de haute intensité est l’une des priorités de l’armée de Terre, il peine à répondre à la demande, faute de capacités d’accueil suffisantes. Du moins était-ce le cas il y a deux ans.
« Le GAM accueille douze fois par an un groupe de stagiaires pour une durée de 3 semaines. Depuis plusieurs années, le nombre de stagiaires que souhaite aguerrir l’armée de terre au sein du GAM dépasse sa capacité d’accueil », avait en effet relevé un député, dans une question écrite adressée au ministère des Armées, en février 2022.
« Le site militaire de Modane constitue l’une des clés de voûte de la politique d’aguerrissement au combat des unités de l’armée de Terre et fait donc l’objet d’une attention particulière s’agissant de l’adaptation des conditions d’accueil des stagiaires, notamment en matière d’hébergement », lui avait répondu ce dernier, en précisant qu’une étude de faisabilité était en cours afin d’augmenter [sa] capacité d’accueil totale. Cependant, avait-il admis, «aucune nouvelle opération » n’était alors « inscrite au titre du plan hébergement ».
Quoi qu’il en soit, le GAM vient de connaître une nouvelle évolution, avec son rattachement à l’École militaire de haute montagne [EMHM], laquelle relève de la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne [BIM].
Dans le cadre de sa transformation et « afin de renforcer l’excellence de la 27e BIM dans les opérations en montagne et dans le grand froid, l’École militaire de haute montagne s’est étoffée d’une 4e unité en intégrant le Groupement d’aguerrissement montagne de Modane et ses 35 militaires, aux côtés des divisions formation montagne et grand froid, formation tactique et du groupe militaire de haute montagne », a en effet indiqué l’armée de Terre, le 26 août.
Si elle paraît logique, cette intégration du GAM au sein de l’EMHM est cependant « l’aboutissement de travaux initiés depuis plusieurs années », précise l’armée de Terre. Et celle-ci d’ajouter : « En apportant ses capacités et ses compétences sur l’aguerrissement des unités non spécialistes du milieu, sur la survie et la mobilité motorisée en montagne et dans le grand froid, le GAM vient élargir les missions de l’EMHM et renforcer sa légitimité de pôle d’expertise militaire unique, de référence mondiale ».
Par ailleurs, les installations de Barcelonnette reprendront prochainement du service pour des exercices d’entraînement et d’aguerrissement,a rapporté Haute-Provence Infos, en avril dernier. Et cela, a priori, au profit du 4e Régiment de Chasseurs de Gap.
« Les zones de conflit nous amènent à poursuivre les entraînements en conditions extrêmes. Il se trouve que la configuration géographique de l’Ubaye correspond parfaitement aux caractéristiques qui nous sont nécessaires. La verticalité du relief permet les exercices d’entraînement au combat en montagne, avec la possibilité de manœuvres à pied. […] Le site sera réinvesti à partir de l’hiver 2024/2025 », avait justifié le général Thierry Laval, gouverneur militaire de Marseille, officier général de zone de défense Sud.
L’école de Guerre – Terre, représentée par la Team Foch, a participé au Raid in France en Corrèze. Lors de cette compétition sportive de 500 km, une équipe mixte de 4 coureurs devait rallier un point d’arrivée en cherchant l’ensemble des balises du parcours, en autonomie et sans GPS.
25 équipes issues de 10 pays s’affrontaient dans cette manche de coupe du monde des raids aventure. Seule la Team Foch, composée de 4 officiers de l’école de Guerre -Terre, n’avait jamais réalisé ce type d’épreuve.
Un défi d’endurance et de stratégie
Constituée de 14 tronçons incluant trekking, VTT, packraft, rappel depuis des falaises, canyoning, sans assistance et en autonomie totale, cette course est réputée pour sa difficulté physique et mentale. Au-delà de sa dimension sportive, le Raid in France partage de nombreux points communs avec l’institution militaire.
En mission opérationnelle ou en raid aventure, l’esprit d’équipe prime : chaque décision et chaque effort sont collectifs. Des gorges escarpées aux rivières tumultueuses en passant par les enlisements de terrains, les obstacles imposés par le parcours exigent une coordination et un soutien mutuel inébranlables. Les qualités requises à la réussite de course ne sont pas étrangères à l’armée de Terre : rigueur dans la préparation logistique, humilité dans la conduite, maîtrise des émotions, résilience individuelle au profit du collectif ou encore capacité de prise de décision dans la stratégie de course.
« Le Raid aventure est certainement l’une des meilleures épreuves pour exercer l’esprit de décision des chefs : il faut sans cesse décider alors que les capacités physiques et intellectuelles de chacun se dégradent. »
La place du chef : le commandement sous tension
Dans le milieu militaire, le chef joue un rôle primordial, surtout en situation en crise. Le Raid in France, avec son environnement imprévisible et ses défis constants, est une épreuve de commandement. De l’itinéraire à suivre à la gestion des ressources et du repos, les décisions prises sous pression ont des conséquences directes sur la réussite de l’équipe.
Habitués à évaluer les risques rapidement et à prendre des décisions en l’absence de toutes les informations, les officiers de l’école de Guerreont dû appliquer leurs compétences militaires à une épreuve sportive. Leurs entraînements respectifs au sein de l’institution ont été des atouts précieux sur le plan technique, moral et physique.
La team Foch a terminé cette course en 7 jours soit en 148 heures, dont seulement une quinzaine de sommeil. Elle se place à la 17e place du classement sur 25 équipes expérimentées.
« Ceux du Sahel » est le nom de la 63e promotion de l’École militaire interarmes (EMIA).
Entre 2013 et 2022, la France s’engage dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne.
Le 11 Janvier 2013, à la demande des autorités maliennes, la France déploie des troupes pour arrêter l’avancée de groupes terroristes en direction de Bamako. Les soldats de la force Serval s’engagent sans relâche des zones désertiques du Mali jusqu’aux montagnes des Adrar des Ifoghas pour débusquer l’ennemi et couper son ravitaillement logistique dans le pays.
En juillet 2014, la force Barkhane succède aux opérations Serval et Epervier. Elle s’étend en plus du Mali et du Tchad, à la Mauritanie, au Niger et au Burkina Fasso. Forte de 4500 hommes, elle poursuivra avec ses partenaires africains, jusqu’en 2022, la lutte contre les groupes armées djihadistes sur toute la bande sahélo-saharienne.
Cette nouvelle promotion de l’EMIA (180 élèves), dont plus d’un tiers a été engagé dans ces opérations au cours des dix dernières années, rend ainsi hommage aux 59 soldats morts au Sahel ainsi qu’à leurs frères d’armes blessés dans leur chair et dans leur cœur.
Et du côté de l’ESM
Le capitaine Henry Desserteaux est le parrain de la 210e promotion de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.
Après des études au lycée Carnot à Dijon, il intègre en 1937 l’ESM « Promotion Marne et Verdun » puis rejoint en qualité de sous-lieutenant le 70e bataillon alpin de forteresse en 1939. En juin 1940, il commande la section chargée de la défense de la Redoute Ruinée.
Après l’armistice, Desserteaux rejoint le 13e BCA où il est promu lieutenant en 1941. Placé en congé d’armistice, il entre en Résistance et multiplie les coups d’éclat. Il est très engagé dans le bataillon de Savoie de l’armée secrète où il forme des hommes le jour et organise des sabotages la nuit. Chef permanent de l’avant-garde de ce bataillon, il participe aux combats de libération de la Maurienne. Promu capitaine en mars 1944, il participe aux assauts du sommet du Roc Noir où cantonnent les chasseurs de montagne allemands. Il réalise alors l’un des plus fameux exploits de la campagne des Alpes en faisant prisonnier par une manœuvre audacieuse 14 artilleurs et en s’emparant d’un canon de 77mm. Il termine la guerre avec le 13e BCA en Autriche.
Volontaire pour servir en Indochine, il est immédiatement suivi par 52 de ses hommes qui voient en lui un chef exemplaire. Il prend la tête d’une compagnie de marche formée d’hommes du 6e, 11e, 13e et 27e BCA aux ordres du 110e RI. Grâce aux raids qu’il dirige dans la chaine annamitique, il entretient un climat d’insécurité chez l’adversaire et capture de nombreux prisonniers. Sa compagnie occupe à partir de l’été 1947 une série de points d’appui dans la plaine côtière. Elle défend ainsi le poste de Dat-Do avec héroïsme face aux assauts des bataillons vietminh.
Dans la nuit du 25 septembre 1947, alors qu’il est en mission de reconnaissance de la base d’attaque d’une opération, il est pris dans une violente embuscade et une rafale le touche en pleine poitrine. Le CNE Desserteaux meurt en Indochine, la veille de ses 30 ans.
Chevalier de la Légion honneur à titre posthume et titulaire de six citations dont quatre à l’ordre de l’armée. « Sa mort prive la France d’un de ses meilleurs enfants et l’armée d’un héros », dira un hommage.
Le nom de la nouvelle promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr a été dévoilé lors du Triomphe samedi 20 juillet. Il s’agit du capitaine Henry Desserteaux. Un homme qui incarna jusqu’au bout la devise scoute : « Je m’engage à servir de mon mieux, Dieu, l’Église et ma Patrie. »
« La 210e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr portera le nom de capitaine Henry Desserteaux », a déclaré ce samedi 20 juillet le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, lors de la traditionnelle cérémonie du Triomphe au cours de laquelle les noms des nouvelles promotions de Saint-Cyr ont été dévoilés. Peu connu du grand public, Henry Desserteaux est un choix qui engage. Ancien scout, il s’est illustré par son courage et son héroïsme jusqu’à sa mort en Indochine en 1947.
Né à Dijon en 1917, il est l’aîné de quatre frères qui seront tous scouts à la 3e Dijon. « Entré chez les « Pics verts » en 1931, il est successivement second puis chef de cette patrouille aussi fameuse que brillante », peut-on lire dans l’ouvrage Scouts morts en Indochine. « Il mène de pair avec succès études et activités scoutes. » Que ce soit par goût de l’aventure ou sens du service, deux traits forgés lors de ses années de scoutisme, il décide de préparer Saint-Cyr. Admis à la « Spéciale », il n’en oublie pas pour autant le scoutisme et intègre le clan Charles de Foucauld de Saint-Cyr.
À la sortie de l’école, il choisit de rejoindre les chasseurs alpins. Lors de la Seconde guerre mondiale il entre en Résistance « et multiplie les coups d’éclat »,précise l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Chef permanent de l’avant-garde de ce bataillon, il participe aux combats de libération de la Maurienne. « Il réalise alors l’un des plus fameux exploits de la campagne des Alpes en faisant prisonnier par une manœuvre audacieuse 14 artilleurs et en s’emparant d’un canon de 77mm. »
Sa mort prive la France d’un de ses meilleurs enfants et l’armée d’un héros.
Une guerre en chassant une autre, il se porte volontaire pour servir en Indochine et est immédiatement suivi par 52 de ses hommes qui voient en lui un chef exemplaire. Après là encore plusieurs coups d’éclat, il est pris dans une violente embuscade et une rafale le touche en pleine poitrine en septembre 1947 et meurt la veille de ses 30 ans. Chevalier de la Légion honneur à titre posthume et titulaire de six citations dont quatre à l’ordre de l’armée : « Sa mort prive la France d’un de ses meilleurs enfants et l’armée d’un héros », dira un hommage. Un héros qui a vécu jusqu’au bout l’idéal scout et sa promesse : « Je m’engage à servir de mon mieux, Dieu, l’Église et ma Patrie. »