IBM révolutionne la recherche scientifique avec son nouveau processeur quantique de 156 qubits.
IBM vient marquer un nouveau jalon important dans l’histoire des technologies quantiques avec la mise en service de son nouveau processeur : le R2 Heron, doté de 156 qubits. Cette innovation représente une amélioration substantielle par rapport aux modèles précédents, promettant des calculs jusqu’à 50 fois plus rapides, ce qui équipe idéalement ce système pour la recherche scientifique avancée.
Le R2 Heron : Un bond en avant dans la performance
Le nouveau système quantique d’IBM, composé de l’unité de traitement quantique (QPU) R2 Heron et de la plateforme logicielle Qiskit, a été conçu pour optimiser les performances des calculs quantiques. Comparé à ses prédécesseurs, le R2 Heron peut réaliser jusqu’à 5 000 opérations sur deux qubits, soit le double de la capacité des systèmes antérieurs, facilitant ainsi des calculs quantiques complexes et plus rapides.
Des implications profondes pour la recherche scientifique
Les améliorations matérielles et logicielles apportées par IBM à son système quantique lui permettent désormais de s’attaquer à des problèmes scientifiques dans des domaines aussi variés que les matériaux, la chimie, les sciences de la vie, la physique des hautes énergies, et plus encore. Ces avancées ouvrent la voie à des recherches qui étaient jusqu’alors hors de portée, du fait des limitations de vitesse et de capacité des précédentes générations de technologies quantiques.
Optimisation et avancées logicielles
Outre l’augmentation de la capacité de traitement, IBM a également intégré des améliorations logicielles significatives. L’utilisation de l’algorithme de mitigation d’erreur de réseau tensoriel de Qiskit, par exemple, permet de réduire l’impact des perturbations sur les qubits. De plus, avec l’introduction de l’ingénierie de compilation paramétrique et l’optimisation du mouvement des données, le système peut maintenant effectuer jusqu’à 150 000 opérations de couche de circuits par seconde (CLOPS), une amélioration drastique par rapport aux performances de base antérieures.
Vers un supercalculateur centré sur le quantique
IBM envisage le développement de superordinateurs « centrés sur le quantique » qui combinent les ressources de calcul quantique et classique pour produire des résultats viables plus rapidement qu’avec des systèmes purement quantiques. Cette approche hybride permet de traiter les tâches en parallèle, décomposant les algorithmes complexes en morceaux que chaque moitié du système peut traiter efficacement.
Exemple d’application : la collaboration avec RIKEN
Un exemple concret de cette technologie en action est la collaboration d’IBM avec RIKEN, un centre de recherche scientifique au Japon. Utilisant une méthode appelée « Quantum-Selected Configuration Interaction », les scientifiques emploient le matériel quantique pour modéliser la structure électronique des sulfures de fer. Cette intégration innovante entre le superordinateur Fugaku et un système quantique IBM sur site marque un pas de géant dans la fusion des capacités de calcul quantique et classique.
Cet article explore l’impact transformationnel du nouveau processeur quantique R2 Heron de 156 qubits d’IBM, qui, grâce à des avancées significatives en matériel et logiciel, est désormais capable de réaliser des recherches scientifiques complexes et variées. Avec des performances améliorées permettant des calculs jusqu’à 50 fois plus rapides que les générations précédentes, IBM redéfinit le potentiel des technologies quantiques pour résoudre des problèmes scientifiques d’envergure mondiale.
Donald Trump a déclaré mardi qu’il entend nommer Pete Hegseth (44 ans), chroniqueur pour Fox News depuis 2014 et vétéran de la Garde nationale américaine (il y servait avec le grade de capitaine), pour occuper le poste de secrétaire à la Défense.
D’autres noms étaient cités comme candidats potentiels à la Défense: le représentant Mike Rogers de l’Alabama, président républicain de la commission des forces armées de la Chambre des représentants ; le lieutenant-général à la retraite Keith Kellogg ; la sénatrice Joni Ernst, républicaine de l’Iowa et Robert Wilkie, ancien responsable du Pentagone qui était à la tête des Anciens combattants pendant le premier mandat de Trump.
Pete Hegseth, une fois sa nomination confirmée par le Sénat, pourrait réaliser la promesse de campagne faite par le président élu de débarrasser l’armée américaine des généraux qu’il accuse de privilégier des politiques progressives en matière de diversité.
Déjà dans le collimateur de Pete Hegset: le chef d’état-major interarmées, le général de l’armée de l’air Charles Quinton Brown. Pete Hegseth a en effet accusé C.Q. Brown, qui est afro-américain, de « poursuivre les positions radicales des hommes politiques de gauche ». Pete Hegseth, dans son dernier livre publié au mois de juin (au titre éloquent: « The War on Warriors: Behind the Betrayal of the Men Who Keep Us Free »), s’en est pris à C.Q. Brown, se demandant si ce dernier aurait été nommé à son poste s’il n’avait pas été noir: « Etait-ce en raison de sa couleur de peau ou de ses compétences? Nous ne saurons jamais mais douterons toujours, ce qui, à première vue, peut sembler injuste pour C.Q.. Mais comme il est celui qui a fait de la carte raciale l’une des plus importante, cela a peu d’importance », a écrit Pete Hegseth.
En annonçant sa décision, Donald Trump a chanté les louanges de Hegseth, un vétéran de l’Army national guard qui, selon son site internet, a servi en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo Bay, à Cuba. « Pete est coriace, intelligent et il croit véritablement en l »America First », a dit Donald Trump dans un communiqué. « Avec Pete aux commandes, les ennemis de l’Amérique sont prévenus. Sa grandeur sera rendue à notre armée et l’Amérique ne cédera jamais. »
Pete Hegseth a dit avoir quitté l’armée en 2021, après avoir été considéré comme un extrémiste par une institution qui ne voulait plus de lui.
Dans un post du 27 octobre (« Etats-Unis: en attendant l’épuration dans l’Institution militaire« ), je m’interrogeais: « Trump veut-il la peau des chefs militaires américains? ». La réponse devient de plus en évidente. L’inquiétude règne déjà au Pentagone, où les craintes de voir Donald Trump évincer des officiers et des fonctionnaires du DoD qui seraient, selon lui, déloyaux, sont vives (voir mon article du 8 novembre où je rappelle que Donald Trump a promis de « virer les bureaucrates voyous », « les ripoux et les cafteurs de la Défense et de la sécurité nationale où ils sont nombreux »).
L’Europe aussi dans le collimateur Les pays européens ont certainement aussi de quoi s’inquiéter. Visiblement, pas de mansuétude à attendre du futur Secrétaire à la Défense. « Obsolète, surpassée en puissance de feu, envahie et impotente »: voilà le portrait de l’Europe selon Hegseth.
« Pourquoi l’Amérique, le ‘numéro d’urgence » de l’Europe depuis un siècle, devrait-elle écouter des pays bien-pensants et impotents, qui nous demandent d’honorer des accords de défense dépassés et unilatéraux à la hauteur desquels ils ne parviennent plus à se hisser?», s’est aussi demandé le très Natosceptique Pete Hegseth dans son récent livre.
Après plusieurs années de préparation intensive, le groupe aéronaval de la marine française va bientôt débuter une mission de plusieurs mois en Indo-Pacifique, une région stratégique pour l’état-major.
La marine française se déploie en Indo-Pacifique
Le déploiement renforcé de la marine française en Indo-Pacifique marque une étape cruciale dans la stratégie de défense française. Le groupe aéronaval (GAN), emmené par le porte-avions Charles de Gaulle, se prépare à quitter Toulon pour une mission de plusieurs mois dans cette région. Alors que les tensions y sont croissantes, la France, avec son réseau de territoires ultramarins, vise à affirmer sa souveraineté et ses engagements sécuritaires.
Confirmé lors du dernier point presse du ministère des Armées, le GAN se prépare à un déploiement de cinq mois dans le cadre de la mission Clemenceau 2025. Cette opération se déroulera sur un itinéraire stratégique englobant la mer Rouge, l’océan Indien et le Pacifique occidental. Ce parcours fait écho à une présence militaire accrue dans la région, rendue nécessaire par les enjeux de sécurité maritime et la lutte contre le terrorisme.
L’importance de l’Indo-Pacifique pour la France tient à ses territoires ultramarins, dont La Réunion, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Ces zones étendent la zone économique exclusive (ZEE) française, lui conférant la deuxième plus grande ZEE au monde. Par ce déploiement, la France entend non seulement protéger ses intérêts, mais également défendre les valeurs de liberté de navigation et de droit international.
Un défi logistique et politique pour la France
La mission Clemenceau 2025 s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu. L’Indo-Pacifique est devenu un point focal des rivalités entre grandes puissances, notamment entre la Chine et les États-Unis. Cette compétition influence également la France.
Sur le plan logistique, la mission requiert une organisation minutieuse. Le GAN, au cœur du dispositif, inclut le porte-avions Charles de Gaulle, accompagné de frégates, d’un sous-marin nucléaire d’attaque et d’un pétrolier ravitailleur. Ce convoi de navires constitue une force opérationnelle puissante, capable de répondre rapidement aux besoins des opérations. Outre les défis liés à l’entretien de cette force en haute mer, les escales dans des ports alliés en Indo-Pacifique permettront de resserrer les liens avec les nations partenaires et de réaliser plusieurs exercices militaires conjoints.
Cédric Bonnefoy
Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.
Plan « Fidélisation 360 », plans « Famille » et « Famille 2 », Nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM]… Ces dernières années, le ministère des Armées a pris plusieurs séries de mesures afin de renforcer son attractivité et de convaincre les militaires les plus expérimentés [ou, du moins, ceux qui ont des compétences critiques] à ne pas céder aux sirènes du secteur privé.
Seulement, ces mesures tardent à produire leurs effets, même si la situation diffère d’une armée à l’autre. En outre, quand elles ne sont pas insuffisantes, certaines d’entre-elles sont encore méconnues, comme celles du plan Famille 2. En tout cas, c’est qui est ressorti de l’audition des membres du Conseil supérieur de la fonction militaire [CSFM] par les députés de la commission de la Défense, en octobre.
Le plan Famille « souffre d’un manque de communication, tant sur la nature des mesures elles-mêmes que sur les avancées réalisées. Ce dispositif reste méconnu au sein de la communauté militaire, particulièrement aux échelons inférieurs. Au niveau du commandement, les préoccupations portent davantage sur le financement dans le contexte budgétaire actuel », a en effet témoigné le caporal-chef Myriam. Et d’ajouter : « Sur le terrain, aucune réalisation concrète du plan famille n’est perceptible. »
En attendant, ces mesures n’ont pas encore eu d’incidence sur le flux des départs des sous-officiers de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], celui-ci étant encore élevé. Trop élevé même, à en croire le député Frank Giletti, rapporteur pour avis sur le programme 178 « Préparation et emploi des forces – Air ».
Ainsi, écrit-il, le « flux de départs élevé constaté ces dernières années fragilise l’AAE » étant donné que, actuellement, « un tiers de ses effectifs a moins de trois ans d’expérience au sein de l’institution ». En outre, poursuit-il, « le taux de ‘turn-over’ au sein de l’AAE avoisine les 10 % « .
S’agissant des sous-officiers [59 % des effectifs de l’AAE], 1 813 avaient quitté l’uniforme en 2022 alors que, selon M. Giletti, « seulement 1 385 avaient été recrutés, soit un différentiel de 428 ».
Résultat : d’après les informations qui lui ont été communiquées, il manquerait actuellement environ 1 000 sous-officiers à l’armée de l’Air & de l’Espace « pour la bonne conduite de ses missions ».
Si le député n’a pas précisé les spécialités les plus concernées, on peut avancer, sans risquer de se tromper, qu’il s’agit de celles qui intéressent le plus le secteur privé, lequel offre des rémunérations plus élevées [mécaniciens aéronautique, contrôleurs aériens, moniteurs « simulateur de vol », informaticiens, etc.].
Aussi, pour M. Giletti, la « population des sous-officiers » de l’AAE « doit notamment faire l’objet d’une politique de fidélisation ciblée », d’autant plus qu’elle « attend […] beaucoup de la revalorisation indiciaire de la grille des sous-officiers supérieurs dont la mise en œuvre était initialement prévue au 1er octobre 2024». Or, celle-ci a été reportée au 1er février 2025, avec toutefois une « application rétroactive au 1er décembre 2024 ».
Quant aux officiers, la revalorisation de leur grille indiciaire ne sera pas effective avant décembre 2025. Or, pour le député, celle-ci est « plus que jamais nécessaire afin de fidéliser ces personnels dont les sujétions opérationnelles sont particulièrement fortes et dont les niveaux de rémunération apparaissent de plus en plus décorrélés avec ceux de la haute fonction publique ».
L’Égypte construit un mur le long de la frontière avec Gaza pour se protéger des attaques terroristes. Une décision qui éloigne Le Caire des Palestiniens et qui témoigne de l’importance des enjeux sécuritaires dans la région.
Depuis 2014, l’Égypte construit une barrière à sa frontière avec la bande de Gaza. Le mur est régulièrement intensifié par de nouvelles phases de travaux pour répondre aux préoccupations de sécurité nationale. L’objectif de cette infrastructure est de contrôler la frontière et de neutraliser les réseaux de tunnels souterrains qui connectent Gaza à l’Égypte. Ces tunnels, essentiels pour les Gazaouis en raison du blocus israélien, permettent le transport de biens de première nécessité, mais sont aussi utilisés, selon les autorités égyptiennes, pour faire passer des armes et des combattants susceptibles de déstabiliser le Sinaï.
Démolition des tunnels de contrebande
En 2014, après plusieurs attaques terroristes dans le Sinaï par des groupes armés tel Ansar Beït al-Maqdis, affilié à Daech, l’Égypte accuse certains éléments de Gaza de soutenir ces groupes via les tunnels de contrebande. En réaction, elle lance une campagne de démolition de maisons dans la ville de Rafah, de son côté de la frontière, pour créer une zone tampon. Cette zone de sécurité permet de surveiller la frontière plus efficacement et de limiter l’activité des tunnels. Des centaines de maisons sont rasées, déplaçant des familles égyptiennes pour dégager l’espace nécessaire à cette zone militaire de sécurité. En parallèle, les forces égyptiennes commencent à localiser et à détruire les tunnels de manière systématique. Ces tunnels sont soit comblés, soit dynamités, avec des équipes spécialisées qui emploient des technologies de détection avancées pour identifier ces passages souterrains.
Construction du mur
En 2020, l’Égypte entame une nouvelle phase de travaux, transformant l’infrastructure initiale en un mur de béton plus résistant, équipé de dispositifs de surveillance avancés. La barrière devient ainsi un obstacle physique plus difficile à franchir, conçu pour bloquer non seulement les passages en surface, mais aussi les tunnels souterrains. Des caméras, des radars et des capteurs de mouvement sont installés le long de la frontière pour détecter toute tentative de construction de nouveaux tunnels ou de passage clandestin. Ce renforcement marque une évolution dans la politique égyptienne, axée sur un contrôle total de la frontière pour réduire au maximum les infiltrations.
En février 2024, dans un contexte d’escalade du conflit entre Israël et Gaza, l’Égypte accélère les travaux et renforce encore la barrière, ajoutant de nouveaux segments de mur en béton armé et intensifiant la surveillance. Des images satellites révèlent des progrès significatifs dans la construction, avec un déploiement de systèmes électroniques de sécurité le long de cette frontière sensible. Cette phase de renforcement vise à contenir les risques d’un afflux de réfugiés gazaouis vers le Sinaï, territoire déjà sous pression militaire. Les autorités égyptiennes cherchent à prévenir toute forme d’exode massif et à protéger le Sinaï des retombées du conflit voisin.
Conséquences humanitaires et régionales
Les différentes phases de construction de cette barrière et la destruction des tunnels ont des conséquences graves pour les habitants de Gaza. Déjà isolés par le blocus israélien, les Gazaouis perdent un accès crucial à des ressources et des moyens de subsistance essentiels. Le mur restreint leurs possibilités de déplacement, ce qui aggrave la précarité économique et limite l’accès aux soins médicaux et aux biens de première nécessité, rendus encore plus rares et coûteux. Pour Gaza, cette barrière contribue ainsi à intensifier une crise humanitaire en ajoutant davantage d’isolement.
Pour l’Égypte, la barrière et la destruction des tunnels sont des mesures de stabilisation du Sinaï, où l’activité terroriste reste un défi majeur. Cependant, cette politique entraîne des conséquences diplomatiques : elle suscite des critiques dans le monde arabe, où elle est vue par certains comme une renonciation à la solidarité avec la Palestine. Elle pourrait aussi compliquer le rôle de l’Égypte comme médiateur dans le conflit israélo-palestinien.
Le gouvernement égyptien justifie ces mesures en invoquant des impératifs de sécurité, soulignant les menaces terroristes qui pèsent sur le Sinaï. Ce discours trouve un certain soutien auprès des alliés de l’Égypte, dont Israël, qui considère la barrière comme un prolongement de ses propres efforts de sécurisation de Gaza. En revanche, des organisations internationales, comme l’ONU et Human Rights Watch, dénoncent les conséquences humanitaires de cet isolement renforcé pour Gaza. Malgré les appels pour une ouverture de la frontière pour raisons humanitaires, l’Égypte maintient son contrôle strict et rejette toute concession, mettant en avant sa souveraineté et ses priorités de sécurité.
Un isolement stratégique à double tranchant
La barrière entre l’Égypte et Gaza est un symbole des choix sécuritaires de l’Égypte dans une région sous haute tension. Si elle permet au Caire de contrôler plus efficacement sa frontière et de réduire les menaces terroristes, elle accentue également l’isolement de Gaza, aggravant la crise humanitaire qui y sévit. L’Égypte assume ici un choix difficile, cherchant à protéger sa stabilité nationale tout en risquant d’affaiblir son image de médiateur régional et de se distancier de la cause palestinienne. À terme, ce mur pourrait exacerber les tensions dans la région, démontrant les limites d’une politique strictement sécuritaire dans un contexte où les crises humanitaires et géopolitiques sont profondément interconnectées.
En 2035, les quatre avions E-3F SDCA [Système de Détection et de Commandement Aéroporté], communément appelés AWACS, totaliseront près de 45 ans de service au sein du 36e Escadron de détection et de commandement aéroportés [EDCA] de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE].
Or, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 ne prévoit pas de lancer un programme pour leur trouver des successeurs dans les années qui viennent. « Le remplacement de quatre systèmes de détection et de contrôle aéroporté [AWACS] pourrait reposer sur la capacité aérienne de surveillance et de contrôle de l’Alliance [AFSC] », précise seulement le texte.
Pour rappel, en novembre 2023, l’Otan a indiqué qu’elle remplacerait les 14 E-3A Sentry de sa Force aéroportée de détection lointaine et de contrôle [NAEW&C] par six E-7A Wedgetail, acquis auprès de l’américain Boeing, d’ici 2030.
Quoi qu’il en soit, pour le député François Cormier-Bouligeon, rapporteur pour avis sur les crédits alloués au programme 146 « Équipement des forces – Dissuasion », le remplacement des E-3F SDCA ne doit pas attendre 2035, même si ceux-ci ont été régulièrement modernisés depuis leurs entrée en service.
« L’avion radar E-3F est une capacité stratégique pour l’armée de l’air et de l’espace, y compris pour la composante aéroportée de notre dissuasion. [Il] permet en effet de détecter, d’identifier et de classifier la situation tactique d’un théâtre d’opérations et de partager celle-ci avec les avions de chasse et le centre d’opérations », a d’abord rappelé le rapporteur.
Mais étant donné que le tableau capacitaire mis en annexe de la LPM 2024-30 n’évoque pas leur remplacement, il est logique que le projet de loi de finances pour 2025 ne prévoie pas d’autorisations d’engagement de crédits pour lancer un programme afin d’acquérir de nouveaux avions d’alerte avancée. Ce qui est une erreur pour M. Cormier-Bouligeon.
« Repousser la durée de vie de nos AWACS actuels jusqu’à 2035 ne parait pas opportun non seulement d’un point de vue opérationnel mais également financier. En effet, le coût de l’heure de vol ne manquerait pas d’exploser dans une telle hypothèse, du fait de l’augmentation des coûts de maintien en condition opérationnelle d’un aéronef en fin de vie », a-t-il fait valoir.
Aussi, a-t-il continué, il « semble donc urgent de décider du successeur de l’AWACS, dès 2025, dans le cadre du prochain ajustement annuel de la programmation militaire ».
Visiblement, le député a une idée précise de la solution qu’il conviendrait à adopter. Malgré la référence faite implicitement à l’E-7A Wedgetail par la LPM 2024-30, le meilleur choix, selon lui, serait le système GlobalEye, développé par le suédois Saab [et écarté par l’Otan au profit de l’avion de Boeing].
« Les premiers essais du système GlobalEye de Saab par l’armée de l’Air et de l’Espace semblent positifs. En outre, l’acquisition de ce système, peu onéreux en comparaison de l’E-7 Wedgetail […], constituerait un signal fort en faveur de l’Europe de la défense et consoliderait notre coopération capacitaire naissante avec la Suède [acquisition par la Suède d’Akeron MP et par la France de missiles NLAW] », a fait valoir M. Cormier-Bouligeon.
L’hypothèse d’un achat de systèmes GlobalEye pour remplacer les E-3F SDCA circule déjà depuis plusieurs mois. Elle a notamment été évoquée par Intelligence OnLine et le quotidien Les Échos, pour qui le Falcon 10X de Dassault Aviation serait pressenti pour mettre en œuvre cette capacité.
Pour rappel, la solution de Saab repose actuellement sur l’avion d’affaires Bombardier Global 6000. Ce dernier est doté de capteurs résistants au brouillage électronique, d’un radar à longue portée Erieye ER, d’un radar à antenne active SeaSpray [fourni par Leonardo] et d’une boule optronique. Les données qu’il collecte dans une rayon de 400 km sont ensuite fusionnées au sein d’un système de commandement et de contrôle [C2] multi-domaines.
Le nouveau drone chinois qui change les règles du jeu.
La Chine franchit un nouveau cap en dévoilant ce qui pourrait être la dernière version de son drone de combat de longue endurance, surnommé CH-7 (Caihong-7 ou « Arc-en-ciel-7 »). Avec une capacité de charge utile record de 10 tonnes et une vitesse maximale de 926 km/h, ce drone promet de transformer les stratégies de surveillance, de reconnaissance et de combat aérien. L’apparition de nouvelles images et vidéos de ce mastodonte militaire sur les pistes chinoises a relancé l’intérêt pour cette technologie impressionnante, qui pourrait bien révolutionner le monde des véhicules aériens non habités (UAV).
Une présentation inattendue pour un nouveau colosse autonome : Le CH-7
Les dernières photos du CH-7, montrant le drone en mouvement sur une piste, révèlent un design largement optimisé, avec des ailes allongées et une structure générale plus imposante. Paré d’une couleur jaune pâle — souvent associée aux phases de test en Chine — le CH-7 pourrait être prêt pour des démonstrations en vol d’ici peu. À en juger par ses dimensions augmentées par rapport aux versions précédentes, ce drone pourrait représenter une étape critique pour l’aviation militaire chinoise. Selon les analystes, ce modèle pourrait rivaliser avec certains des drones de reconnaissance les plus avancés au monde.
Des caractéristiques techniques qui repoussent les limites
Les dimensions et les capacités du CH-7 en font un drone d’exception. Mesurant environ 26 mètres d’envergure pour une longueur de 10 mètres, il est capable de transporter jusqu’à 10 000 kg de matériel, incluant des capteurs sophistiqués, des équipements de surveillance, et potentiellement un arsenal de frappe. L’architecture furtive du CH-7, avec son entrée d’air dorsale et sa soute interne, vise à réduire au maximum sa signature radar, le rendant difficile à détecter pour les systèmes de défense.
Caractéristique
Spécification
Envergure
26 mètres
Longueur
10 mètres
Charge utile
10 000 kg
Vitesse maximale
926 km/h
Endurance
Jusqu’à 15 heures
Hauteur maximale
Supérieure à 10 000 mètres
Type de moteur
Turbofan non spécifié
Capacité furtive
Entrée d’air dorsale, signature radar réduite
Missions potentielles : bien plus qu’un simple drone de reconnaissance
Bien que le CH-7 soit principalement conçu pour les missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR), ses capacités permettent d’envisager des missions de frappe en profondeur. Grâce à son endurance en vol pouvant atteindre 15 heures, ce drone pourrait surveiller des cibles éloignées, pénétrer des espaces aériens hostiles, et transmettre des informations stratégiques en temps réel. Les analystes spéculent également sur la possibilité que le CH-7 soit armé, pouvant ainsi être utilisé comme un outil de dissuasion dans des zones de conflit sensibles, tout en évitant les pertes humaines.
Une technologie en constante évolution inspirée des modèles américains
La première apparition publique du CH-7 remonte à 2018 lors du salon aéronautique Airshow China, où une maquette du drone avait été dévoilée. À l’époque, ce design semblait s’inspirer de l’UCAV américain Northrop Grumman X-47B, mais les versions ultérieures du CH-7 montrent une évolution propre, s’alignant davantage avec d’autres drones chinois comme le GJ-11 « Sharp Sword ». Sa ressemblance avec le RQ-180 en développement aux États-Unis renforce l’idée que la Chine investit massivement dans le développement d’UAV capables de missions complexes et furtives, démontrant ainsi sa volonté de rivaliser avec les grandes puissances mondiales en matière de technologie militaire.
Un potentiel d’exportation qui pourrait bousculer le marché mondial
Le CH-7 pourrait ne pas se limiter à l’arsenal chinois. Des rumeurs évoquent la possibilité que la Chine envisage d’exporter ce modèle de drone, ce qui ferait d’elle un fournisseur incontournable sur le marché des drones militaires. En raison des restrictions imposées par des régimes comme le Missile Technology Control Regime (MTCR) aux États-Unis, plusieurs pays se voient refuser l’accès aux technologies UAV américaines de pointe. Dans ce contexte, le CH-7 pourrait répondre à la demande de nombreuses nations à la recherche de drones avancés pour des missions de surveillance et de défense, ce qui renforcerait l’influence géopolitique de la Chine.
Ce que signifie l’avènement du CH-7 pour l’avenir de l’aviation militaire
L’arrivée du CH-7 pourrait marquer un tournant pour les missions de combat aérien. En redéfinissant les capacités des UAV grâce à des innovations en matière de charge utile, de furtivité et de portée, la Chine projette une nouvelle vision de la guerre et de la surveillance modernes. Si le CH-7 est effectivement mis sur le marché international, il pourrait attirer des acheteurs qui, en raison de restrictions, ne pouvaient pas accéder à des drones de haute technologie. Cet appareil a le potentiel de transformer les opérations militaires en offrant une autonomie accrue et une flexibilité stratégique pour une grande variété de missions.
Cet article explore l’impact de la sortie du CH-7, un drone chinois révolutionnaire, capable de missions de reconnaissance et de frappe, et son potentiel sur le marché international. Avec des caractéristiques exceptionnelles en termes de vitesse, de furtivité et de charge utile, le CH-7 se place comme un acteur majeur dans l’évolution des drones militaires, promettant de modifier les équilibres technologiques et géopolitiques dans un secteur en pleine croissance.
Après sa victoire électorale sans appel, Donald Trump a réaffirmé son innocence qualifiant à plusieurs reprises l’acharnement judiciaire dont il était victime de « poursuites fictives » et de « guerre juridique ». Alors que deux autres affaires au niveau de l’État sont en cours, le ministère de la Justice a annoncé mercredi 6 novembre qu’il cherchait à clore deux affaires pénales fédérales concernant le président élu.
L’écrasante victoire électorale de Trump sonne-t-elle la fin de « la chasse aux sorcières » judiciaire ?
Par Angélique Bouchard – Le Dipolmate Média – publié le 10 novembre 2024
L’écrasante victoire électorale de Trump sonne-t-elle la fin de « la chasse aux sorcières » judiciaire ?
Par Angélique Bouchard – Le Diplomate Média – publié le 10 novembre 2024
Les affaires fédérales :
L’affaire des documents classifiés lors de l’émeute du Capitole
Donald Trump a été inculpé de 37 chefs d’accusation fédéraux en juin 2023 suite à l’enquête du procureur spécial Jack Smith sur l’émeute du Capitole du 6 janvier 2021. Smith a dirigé une enquête sur la conservation de documents classifiés. Trump a plaidé non coupable de tous les chefs d’accusation.
L’équipe de campagne de Donald Trump avait demandé une pause partielle sur la base de la décision rendue par la Cour suprême, selon laquelle un ancien président bénéficie d’une immunité substantielle contre les poursuites pour les actes officiels commis pendant son mandat, mais pas pour les actes non officiels.
La juge Aileen Cannon a finalement rejeté l’affaire contre Trump en juillet 2024, estimant que Smith avait été nommé de manière inappropriée au poste de conseiller spécial en vertu de la clause de nomination de la Constitution.
La clause de nomination stipule : « Les ambassadeurs, les autres ministres publics et les consuls, les juges de la Cour suprême et tous les autres fonctionnaires des États-Unis sont nommés par le Président, sous réserve de l’avis et du consentement du Sénat, bien que le Congrès puisse confier la nomination des fonctionnaires subalternes au Président seul, aux tribunaux ou aux chefs de département ». (Source : Where do Trump’s legal cases stand after massive election win ? par Haley Chi-Sing, Fox News, 8 novembre 2024).
Or Smith n’a jamais été confirmé par le Sénat.
Smith a fait appel de la décision en août dernier avec le document indiquant : « le procureur général a validé la nomination du procureur spécial, qui est également correctement rémunéré ».
Coup de tonnerre…. Le procureur Jack Smith a dû mettre un terme à ses poursuites contre le président élu Donald Trump avant le jour de son investiture.
Dans un courrier obtenu et publié par Fox News Digital, le 8 novembre 2024, le président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Jim Jordan et le représentant Barry Loudermilk, ont écrit à Smith. Ils craignent que le procureur spécial, ainsi que les procureurs impliqués dans les enquêtes sur le président élu Donald Trump, ne « purgent » les dossiers pour échapper à toute surveillance et exigent qu’ils produisent au Congrès tous les documents liés aux enquêtes avant la fin du mois de nombre.
Jordan et Loudermilk ont prévenu le que Bureau du conseiller spécial devait respecter le processus de transparence et n’était pas « au-dessus de toute responsabilité pour ses actes » :
Jordan et Loudermilk demandent à Smith de fournir des informations sur l’utilisation du personnel du FBI au sein de son équipe- une demande faite pour la première fois en juin 2023- afin de savoir si « l’un des employés du FBI a déjà travaillé sur d’autres questions concernant le président Trump ».
Les responsables du ministère de la Justice cherchent à clore les affaires pénales fédérales contre Trump alors qu’il se prépare à prêter serment pour un second mandat à la Maison-Blanche, ce qui conforte bien l’impossibilité de poursuivre un président en exercice.
A ce titre, les responsables du ministère de la Justice ont cité une note du Bureau du conseiller juridique déposée en 2000, qui soutient l’argument se rapportant au Watergate, selon lequel il s’agit, pour le ministère de la Justice, d’une violation de la doctrine de la séparation des pouvoirs que d’enquêter sur un président en exercice.
De telles « procédures interfèreraient indûment, de manière directe ou formelle, avec la conduite de la présidence ».
L’affaire d’ingérence électorale
Le fameux procureur spécial Smith a également déposé un autre acte d’accusation dans son enquête contre Trump en août 2023.
Ce dernier a été inculpé de quatre chefs d’accusation fédéraux découlant de l’enquête, notamment de « complot » en vue de frauder les États-Unis, de « complot en vue d’entraver une procédure officielle », d’entrave et de tentative d’entrave à une procédure officielle et de « complot contre les droits ».
Trump a plaidé non coupable de tous les actes d’accusations et a fait valoir « qu’il devait être à l’abri des poursuites pour les actes officiels accomplis en tant que président des États-Unis (Source : Where do Trump’s legal cases stand after massive election win ? par Haley Chi-Sing, Fox News, 8 novembre 2024).
En juillet dernier, la Cour suprême, dans sa décision sur l’immunité présidentielle, a renvoyé l’affaire à un tribunal inférieur.
Trump a été inculpé une deuxième fois en août 2024. Le nouvel acte d’accusation a maintenu les accusations criminelles précédentes tout en modérant les actes d’accusations, après la décision de la Cour suprême, en se référant aux conversations que le président Trump aurait eu avec son vice-président de l’époque, Mike Pence. Smith a soumis un dossier de 165 pages, dans lequel il espérait exposer des preuves suffisantes pour traîner le président Trump en procès.
Or, la juge Tanya Chutkan a ordonné, quelques semaines avant l’élection présidentielle, que davantage de preuves soient rendues publiques.
Un procureur général nommé par Donald Trump pourra immédiatement mettre un terme à toutes les affaires fédérales portées par l’actuel procureur spécial Jack Smith, à Washington, DC et en Floride. Les procureurs et les juges locaux devront arrêter « leur show ».
Les cas d’État :
L’affaire Stormy Daniels : le juge Juan Merchan a un très sérieux problème à résoudre
Le 47ème président élu, Donald Trump doit être encore jugé dans son procès pénal à Manhattan ce mois-ci. Le juge Juan Merchan doit se prononcer sur le rejet ou non des accusations à son encontre, après la décision de la Cour suprême sur l’immunité présidentielle.
Pour rappel, Donald Trump a été reconnu de 34 chefs d’accusation notamment de falsification de documents commerciaux, à l’issue de son premier procès pénal, à Manhattan, en mai dernier. Le procureur Alvin Bragg s’est employé à démontrer que Trump avait falsifié des documents commerciaux pour dissimuler un paiement de 130 000 dollars, à l’ancienne star du porno Stormy Daniels avant l’élection de 2016 pour faire taire l’intéressée quant à une présumée liaison qu’il aurait entretenue avec elle en 2006. Trump a toujours clamé son innocence dans l’affaire.
Le président élu a plaidé non coupable dans cette affaire. Il avait dénoncé le procès comme une imposture, tout en qualifiant Merchan de « corrompu » et coupable de « conflits d’intérêts » faisant référence directement aux liens familiaux du juge avec le Parti démocrate. Trump a également fustigé l’affaire comme une « guerre juridique » entretenue par le ticket Biden-Harris pour anéantir sa campagne électorale.
Trump est dans l’attente de sa sentence, qui doit être prononcée le 26 novembre prochain, soit quatre mois de retard par rapport à la date initiale du jugement qui avait été fixée au 11 juillet 2024.
Les avocats de Trump ont expressément demandé au juge Merchan d’annuler le verdict de culpabilité en mettant en avant la décision de la Cour suprême, qui a statué en juillet dernier sur l’immunité substantielle dont bénéficient les anciens présidents dans l’exercice de leurs fonctions, lors de poursuites concernant des actes non officiels.
Le 15 octobre dernier, la Défense de Donald Trump avait également demandé le transfert de son dossier pénal, de New York, à un tribunal fédéral sur la base de cette même décision de la Cour suprême. Le juge de district Alvin Hellerstein avait rejeté cette demande en septembre.
Les avocats de Donald Trump ont toujours soutenu que le bureau du procureur de district de Manhattan, Alvin Bragg « avait violé la doctrine concernant l’immunité présidentielle devant le Grand jury et à nouveau, lors du procès de leur client, en se basant sur des actes officiels du président Trump qui ont eu cours lors de son premier mandat ». L’utilisation de preuves issues d’actes officiels, dans de telles procédures, devant le Grand jury et au procès, serait susceptible de violer la Constitution et de menacer la capacité de tous futurs présidents dans l’exercice de leur fonction présidentielle.
La décision de Merchan est attendue le 12 novembre.
Le juge Merchan a démontré qu’il n’était pas un juge ordinaire. Un juge normal aurait rejeté cette affaire. Toutefois, en cas de refus, parce qu’il s’agit d’une demande d’immunité, la défense de Donald Trump aura le droit légal de faire immédiatement appel.
Dans tous les cas, en vertu de la clause de suprématie, il est fort probable que le ministère de la justice intervienne : ni Merchan, ni la cour d’appel ne pourront imposer une peine d’emprisonnement à un président en exercice. Cette affaire restera en suspens jusqu’à ce que Trump quitte le pouvoir.
Merchan n’ira pas à l’encontre de la plus haute cour du pays. Il serait impossible de disséquer l’affaire et de séparer les preuves rattachées à la vie privée de Donald Trump avant qu’il ne soit président aux « actes officiels » durant la première administration Trump
Il est donc très probable que l’affaire Stormy Daniels et celle de Fanni Willis soient terminées.
En rejetant les accusations, la balle sera dans le camp du Procureur de district de Manhattan, Alvin Bragg. Là encore, il est peu probable que Bragg rouvre le dossier. Le président Trump aura pris ses fonctions et le ministère de la Justice agira en vertu de la clause de suprématie selon laquelle aucune plainte pénale ne peut être portée à l’encontre d’un président en exercice tant qu’il est président.
Andrew McCarthy, ancien procureur adjoint des États-Unis pour le district sud de New York a également écrit dans un éditorial que Donald Trump ne risquerait aucune peine de prison dans cette affaire :
« Comprenez-bien que Trump n’ira pas en prison même si Merchan le condamne à une peine d’emprisonnement. Bien que les accusations relèvent de crimes, elles ne sont pas suffisamment graves selon la loi de New York pour mériter une détention immédiate. Trump sera libéré sous caution en attendant l’appel. Étant donné que Trump ne sera pas envoyé de toute façon à Rikers Island par un juge de Manhattan, il serait prudent de reporter la sentence et de permettre à Trump de poursuivre son appel concernant son immunité. Cela éviterait l’inconvenance de soumettre le prochain président des États-Unis, à une condamnation et une peine au pénal alors qu’il est sur le point de prendre ses fonctions » a- t-il précisé.
Le président élu a été inculpé en août 2023, après une enquête criminelle de plusieurs années, menée par des procureurs d’État sur la base de présupposées tentatives de faire annuler l’élection présidentielle de 2020. Il a été en effet inculpé en août dernier avec 18 coaccusés sur ses « efforts présumés » pour renverser l’élection présidentielle de 2020 dans l’État. Trump a plaidé non coupable de tous les chefs d’inculpation.
En mars 2023, le juge du comté de Fulton, Scott McAfee a rejeté six chefs d’accusation portés contre Donald Trump, affirmant que la procureure de district Fani Willis, n’avait pas fourni suffisamment de preuves détaillées. Un mois avant, le juge du comté de Fulton, Scott McAfee a également rejeté deux autres chefs d’accusation criminels contre Trump affirmant que Willis et les procureurs de Géorgie n’avaient pas l’autorité de porter ces accusations sur la base du dépôt présumé de « faux documents devant un tribunal fédéral ».
La procureure de district n’a connu que des échecs dans cette veine tentative de faire traduire Trump en justice.
Le cours des événements a été ensuite bouleversé lorsqu’il a été révélé que Willis aurait eu une « liaison inappropriée » avec Nathan Wade, un procureur qu’elle avait engagé pour l’aider à porter l’affaire contre Trump. Plus précisément, c’est en février dernier, que Michael Roman, un membre du GOP et coaccusé dans l’affaire, a lancé des accusations selon lesquelles Willis aurait eu une liaison avec Wade, qu’elle avait engagé pour poursuivre l’affaire de « racket » en novembre 2021. D’autres coaccusés ont formulé des allégations similaires, selon lesquelles Willis aurait bénéficié financièrement de sa relation avec lui, en passant des vacances de luxe. Wade, a été à l’issue de ces révélations, démis de ses fonctions.
La Cour d’appel de Géorgie a ensuite suspendu la procédure en juin dernier, jusqu’à ce que soit portée l’affaire visant à disqualifier Willis. La cour a également déclaré qu’elle entendrait l’argument de Trump visant à disqualifier Willis, le 5 décembre, soit un mois après sa réélection.
Avec 14 coaccusés restants dans l’affaire de Géorgie, c’était irréaliste de croire que l’affaire serait jugée avant les élections. L’ordonnance de la Cour d’appel a envoyé deux signaux sérieux : le premier, visant les paiements effectués à Nathan Wade et la relation que Willis entretenait avec lui puis le second, se rapportant au discours malavisé de Willis depuis une chaire d’église, qualifiant les accusés de « racistes ».
En effet, Fani Willis avait prononcé un discours dans une église d’Atlanta en janvier 2024, affirmant que Wade et elle-même étaient surveillés en raison de leur « race », ce que le juge McAfee a réprimandé dans une ordonnance du tribunal.
Les Américains ont réélu Donald Trump avec une majorité écrasante. Son mandat est ainsi conforté. Il est désormais tout à fait clair qu’ils souhaitent mettre fin à cette « militarisation du système judiciaire ». Les électeurs ont été clairement perturbés par la pratique systématique des Démocrates, consistant à utiliser les forces de l’ordre et les procédures judiciaires comme des « armes » contre leur principal rival politique.
De plus, dans ces affaires pénales, Trump a quelques cartes non négligeables à jouer, particulièrement à un moment de célébration nationale.
L’immunité est censée pouvoir être immédiatement examinée par les tribunaux supérieurs- la Défense n’a pas à attendre la condamnation et la peine pour faire appel. Par conséquent, les avocats de Trump soutiendront qu’ils pourront faire appel de la décision d’immunité (dans le cas du juge Merchan), bien avant que la peine ne soit prononcée- et ce, devant les deux niveaux d’appel, de New York et potentiellement devant la Cour suprême des États-Unis.
Les affaires ne disparaîtront pas pour autant, cela ne placerait pas Donald Trump au- dessus de la loi. Elles seraient tout simplement « suspendues » afin que l’État ne soit pas en position d’interférer avec la capacité du gouvernement fédéral à gouverner- ce qui est le principe au cœur de la clause de suprématie de la Constitution.
Les Démocrates auront-il tiré la leçon de la victoire écrasante de Trump ? Car la guerre juridique est avant tout anti-américaine.
Le président Biden pourrait donner un exemple puissant de bon sens politique, en agissant comme président unificateur, à l’aube de quitter ses fonctions, en graciant son prédécesseur et son successeur. N’oublions pas que son fils Hunter, reste dans l’attente de sa sentence pour port d’armes et fraude fiscale…
Par Angélique Bouchard – Le Diplomate Média – publié le 10 novembre 2024
Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.
À la fin des années 2000, il fut décidé de réduire à 109 le nombre d’escadrons de gendarmerie mobile [EGM], au titre de la Révision générale des politiques publiques [RGPP], dont l’objectif était de moderniser le fonctionnement de l’État tout en réalisant des économies.
Et cela sans changer le périmètre des missions de la Gendarmerie mobile, celles-ci allant du maintien de l’ordre public à la participation aux opérations extérieures [OPEX] en passant par la protection d’édifices sensibles et la participation à différents dispositifs de sécurité [Vigipirate, lutte contre l’immigration clandestine, etc.].
Seulement, l’activité opérationnelle des EGM s’est singulièrement accentuée au cours de ces dernières années. Au point que, en 2019, année marquée par le mouvement dit des « Gilets jaunes », l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale [IGGN] avait tiré le signal d’alarme en faisant comprendre que les gendarmes mobiles étaient au bord de l’épuisement.
Il « ne faudrait pas dépasser 65 escadrons employés chaque jour. Or, depuis le 1er janvier [2019], le taux moyen d’emploi des escadrons est de 74 chaque jour », avait ainsi souligné le général Michel Labbé, le « patron » de l’IGGN, lors d’une audition parlementaire.
Par la suite, l’activité opérationnelle de la Gendarmerie mobile a retrouvé un niveau peu ou prou soutenable. Mais cette accalmie n’aura pas duré longtemps.
En effet, cette année, les violentes émeutes en Nouvelle-Calédonie, les vives tensions en Martinique, la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris [JOP] ainsi que les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, les opérations « places nettes » contre les trafiquants de drogue, les manifestations du monde paysan et la mobilisation d’activistes contre le chantier de l’autoroute A69 ont de nouveau mis la Gendarmerie mobile dans le rouge.
« La crise en Nouvelle-Calédonie a exigé un envoi massif de renforts de la gendarmerie. Alors que l’effectif socle [y] est de 735 gendarmes, plus de 2 870 gendarmes étaient présents sur ce territoire en septembre 2024, dont plus de 2 000 gendarmes mobiles », rappelle la député Valérie Bazin-Malgras [Droite républicaine], dans un rapport sur le budget 2025 de la Gendarmerie nationale.
« Au plus fort de la crise, 35 escadrons de gendarmerie mobile étaient présents en Nouvelle-Calédonie, contre quatre à cinq escadrons habituellement. Chaque escadron est déployé sur place pour trois voire quatre mois », a-t-elle ajouté, avant de souligner que les gendarmes ont dû « faire face à une violence inédite, avec des engagements qui ‘relèvent plus du combat que du maintien de l’ordre’ ». Deux d’entre eux ont perdu la vie et 550 autres ont été blessés.
Dans le même temps, 55 EGM ont été mobilisés pour les JOP, parfois de manière simultanée.
Aussi, le constat établi par Mme Bazin-Malgras n’est pas surprenant. L’une des conséquences de cette forte mobilisation est que « la gendarmerie mobile est en surchauffe ». Un autre est que cette dernière n’a pas toujours les moyens de renforcer d’autres unités de la gendarmerie « pour des missions qui ne relèvent pas du maintien de l’ordre, telles que les missions de sécurisation des transports et de lutte contre l’immigration irrégulière ».
« Un taux d’emploi de 68 escadrons engagés par jour représente pour la gendarmerie le seuil de viabilité maximal pour gérer les jours de repos et de permissions des gendarmes mobiles. Or, de janvier à septembre 2024, le taux d’emploi effectif a été de 80 escadrons engagés chaque jour », a relevé la députée.
Et d’ajouter : « Cette situation génère une augmentation de la dette de repos et de permission : au 30 juin 2024, le reliquat du nombre de jours de repos et permission à attribuer en moyenne par gendarme mobile atteint près de 40 jours [contre 13 jours en 2022 et 2023] ».
Pour atténuer les effets de cette « surchauffe », la Gendarmerie a eu recours à quelques expédients, notamment en réorientant les flux sortants de ses écoles.
« Alors que traditionnellement, environ 25 % des effectifs en sortie d’école sont orientés vers la gendarmerie mobile, cette proportion est passée depuis fin 2024 à plus de 35 %, au détriment des recrutements au sein de la gendarmerie départementale », a constaté Mme Bazin-Malgras.
Enfin, les relèves des EGM en outre-mer sont désormais effectuées tous les quatre mois et non plus tous les trois mois comme c’était jusqu’alors le cas.
Le recours à des réservistes pour renforcer les EGM pourrait être une solution… Seulement, comme le rappelle la députée, « à l’exception de situations exceptionnelles [insurrection ou guerre], les réservistes n’ont pas vocation à mener des opérations programmées de maintien ou de rétablissement de l’ordre public ». Et c’est d’ailleurs la « raison pour laquelle les réservistes, y compris au niveau local, ne participent pas aux opérations actuelles en Nouvelle-Calédonie », a-t-elle souligné.
A la date d’août 2024, l’Ukraine a reçu plus de 300 milliards d’euros[1] d’aide des pays européens, des États-Unis et d’autres alliés. L’Union européenne prévoit également de lui octroyer 35 milliards d’euros supplémentaires en 2025[2].
Certains considèrent que cet engagement financier est justifié, estimant que l’avenir de l’Europe se joue en Ukraine : « les véritables enjeux du conflit en Ukraine dépassent les questions de territoires et visent à remettre en cause notre modèle européen de société démocratique. (…) La cessation des hostilités ne servirait qu’à permettre à la Russie de reconstituer ses forces afin de repartir à l’assaut de ses voisins occidentaux, à commencer par les pays baltes et la Pologne[3] ».
Face à ces arguments et à d’autres qui vont dans le même sens, évoquant une guerre existentielle pour l’Europe et insistant sur la nécessité de soutenir l’Ukraine à tout prix, se pose toutefois la question de leur pertinence : les raisons avancées sont-elles réellement fondées ? Étudions-les une à une.
« La guerre d’Ukraine est une remise en cause de notre modèle de société démocratique »
Cette affirmation est souvent relayée, mais l’argumentation reste floue : en quoi la défaite de l’Ukraine ou l’installation d’un gouvernement pro-russe menacerait-elle notre modèle de société démocratique ? L’Ukraine a déjà connu des gouvernements « pro-russes » sans que cela ait affecté nos institutions. D’ailleurs, nos relations avec des États peu démocratiques, comme les monarchies du Golfe, ne semblent pas remettre en cause notre propre modèle. Si l’Ukraine se situe géographiquement en Europe, l’impact de cette proximité reste limité, notamment sur le plan économique : en 2021, les échanges commerciaux entre la France et l’Ukraine n’étaient que de 2,1 milliards d’euros[4], bien en deçà des 4,8 milliards avec l’Arabie saoudite[5]. Ces échanges commerciaux montrent que les relations avec un pays peu démocratique ne posent pas nécessairement de dilemme moral. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs, et après ?
Alors oui, la Russie essaie d’influencer les opinions publiques européennes. Mais là encore, la propagande russe, tant dénoncée, est à relativiser. Tous les médias russes ont été censurés et nous sommes bien davantage exposés à la propagande ukrainienne, sauf si l’on considère de manière totalement manichéenne que seuls les Russes mentent. De plus, la propagande russe qui nous parvient est automatiquement présentée comme telle, dénoncée et décortiquée. On aimerait, de la part de nos médias, autant de rigueur face à la propagande ukrainienne ou même américaine. L’affrontement dans le domaine communicationnel n’est qu’un pan de notre affrontement indirect avec Moscou. Les jours où les choses s’apaiseront diplomatiquement avec la Russie, nous verrons aussi cette guerre de communication se calmer.
Moscou n’a que faire de notre modèle de société. Les Russes ont le leur et nous le nôtre. Cela n’a jamais empêché les deux États d’entretenir des relations diplomatiques et économiques.
Donc non, dire que « les véritables enjeux du conflit en Ukraine dépassent les questions de territoires et visent à remettre en cause notre modèle européen de société démocratique » est un leurre qui ne repose sur aucun argument solide.
« Arrêter les armées russes en Ukraine, c’est empêcher la guerre en Europe »
Un autre argument-phare assure que, si la Russie remporte la guerre en Ukraine, elle ne s’arrêtera pas là et nos propres pays deviendront alors des cibles. Selon cette logique, prôner la paix reviendrait à offrir à la Russie le temps de se préparer à mieux nous agresser par la suite. Cette vision est souvent comparée à « l’esprit munichois » – une analogie qui frôle le point Godwin[6] –, rappelant les erreurs passées d’apaisement qui rendraient la guerre inévitable. Mais une question essentielle reste en suspens : pourquoi la Russie voudrait-elle attaquer la Pologne, les États baltes ou la Finlande ?
Quel projet stratégique pourrait justifier pour Moscou une offensive contre des pays européens ? L’idée du rêve de reconstitution de l’empire soviétique est souvent invoquée par certains experts, mais cette hypothèse repose davantage sur des projections que sur des faits concrets. Poutine cherche sans aucun doute à maintenir la Russie comme une puissance mondiale crainte et respectée, mais cela est bien différent d’une ambition expansionniste visant à soumettre militairement l’Europe.
Certes, il est légitime de considérer le cas des pays baltes, où existent des minorités russophones importantes. Cependant, l’adhésion de ces États à l’OTAN rendrait une attaque russe extrêmement risquée, si tant est que Moscou en ait les capacités militaires et humaines. La Moldavie pourrait éventuellement être un objectif, mais encore faudrait-il que les forces russes soient capables d’y parvenir, un défi majeur étant donné leur situation actuelle sur le front ukrainien et la distance qu’il leur resterait à parcourir. Conquérir et occuper un pays hostile exige des ressources humaines que la Russie ne possède pas – que ce soit pour la Pologne, la Finlande, ou même l’Ukraine entière.
L’argument selon lequel soutenir militairement l’Ukraine aujourd’hui permettrait de protéger l’Europe d’un conflit futur avec la Russie relève donc davantage de la peur que de la réalité. Ceux qui promeuvent cette vision sont souvent les mêmes qui brocardent la performance militaire russe en Ukraine. Il est incohérent de railler l’armée russe pour ses faiblesses tout en la présentant comme une menace pour l’Europe entière. En réalité, cette prétendue menace russe joue sur des peurs irrationnelles et justifie ainsi le soutien militaire et financier à l’Ukraine auprès de nos populations.
« Soutenir les Ukrainiens est une question morale, au nom de nos valeurs»
La Russie a attaqué militairement et violé les frontières d’un pays qui ne la menaçait pas directement, enfreignant par là-même le droit international ainsi que les mémorandums de Budapest. L’armée russe a également commis et commet des crimes de guerre lors de ce conflit. C’est une réalité tout à fait condamnable sur le principe, mais il ne faudrait pas non plus oublier que l’armée ukrainienne a commis et commet également des crimes de guerre. Malheureusement, toute guerre expose à ce genre de « dérapages » et les exemples récents ne manquent pas.
Maintenant, ces violations du droit international ne sont pas l’exclusivité de la Russie et l’indignation qui touche nos opinions n’est pas vraiment du même ordre selon qui commet ces actes. Personne ne songe à appliquer des sanctions à la Turquie, ni à critiquer publiquement Ankara pour son invasion et son occupation illégale de l’île de Chypre depuis 1974. Nous semblons nous en accommoder très bien. Nous pourrions parler de l’invasion de l’Irak en 2003 et des crimes de guerre perpétrés en toute impunité par l’armée américaine (prison d’Abu Ghraïb par exemple) sans que cela n’ait provoqué de grandes protestations chez nous. Que dire de la situation actuelle à Gaza et au Sud-Liban, si ce n’est que, là encore, les protestations sont pour le moins modestes malgré les très graves crimes de guerre qui y sont commis. Personne n’a envisagé d’imposer de lourdes sanctions économiques à l’État d’Israël et ni à inculper son Premier ministre et la démarche de la Cour pénale international semble au point mort malgré la demande émise. De même, nous continuons à soutenir Paul Kagamé, président du Rwanda, qui appuie le mouvement M23 responsable de très graves exactions en République démocratique du Congo. Et la liste des exemples pourrait continuer, car elle est encore longue.
Certes, il y a bien sûr les nouveaux « missionnaires » des plateaux TV, défendant l’idée de l’universalisme de nos « valeurs » qui devraient s’imposer au monde et qu’il convient donc d’inculquer à tous, à coups de canons s’il le faut. Mais de quoi s’agit-il quand on nous parle de la défense de « nos valeurs » ? De quelles valeurs parle-t-on exactement vu qu’elles semblent à géométrie très variable ? Cet argument n’apparaît alors que comme un argument moral destiné à susciter l’émotion, bien éloigné d’une réflexion équitable quant aux principes de justice.
« Il convient de faire respecter le droit international »
En théorie, l’ONU est censée instaurer un certain ordre mondial auquel chaque État doit se conformer. Cependant, dans la réalité, le monde n’a jamais été véritablement régi par le droit, mais bien par la loi du plus fort. La géopolitique pourrait se résumer par une réplique célèbre d’Audiard dans 100 000 dollars au soleil où le personnage de Jean-Paul Belmondo déclare : « Tu sais, quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent. »
Transposée au contexte international, cette citation pourrait devenir : « Quand les pays dotés de l’arme nucléaire parlent, ceux qui n’en disposent pas écoutent.» Même si cette vision est simpliste, car la dissuasion conventionnelle joue également un rôle important, il n’en demeure pas moins que seuls trois pays – les États-Unis, la Russie et la Chine – ont réellement la capacité d’imposer leur volonté. La France et la Grande-Bretagne quant à elles ne disposent pas de moyens de dissuasion conventionnelle suffisamment importants et se trouvent donc reléguées au second rôle de dans l’ombre de la puissance américaine. Quant aux autres États, ils se placent plus ou moins dans l’orbite de l’un de ces trois blocs ou, s’ils sont suffisamment puissants comme l’Inde, parviennent à maintenir une position d’équilibre.
Il ne s’agit pas ici de cynisme, mais d’une simple observation de la réalité. Si la géopolitique mondiale fonctionnait autrement, il n’existerait pas de membres permanents au Conseil de sécurité de l’ONU avec un droit de veto, ce privilège permettant à ces nations de s’affranchir du droit international quand cela sert leurs intérêts. En définitive, ce qui prime dans les relations internationales, ce n’est pas la stricte adhésion aux règles, mais la protection de ses intérêts et la préservation de sa sphère d’influence.
« Les États sont libres de nouer les alliances qu’ils souhaitent »
Cet argument est souvent évoqué : l’Ukraine, en tant que pays souverain, devrait pouvoir choisir librement ses alliances, que ce soit avec l’OTAN ou l’Union européenne, sans devoir en référer à Moscou. Théoriquement, cela semble parfaitement justifié, mais la réalité est plus complexe.
Les États-Unis, durant la Guerre froide, ont largement façonné leur « étranger proche » – le continent américain –, intervenant directement pour s’assurer de la loyauté des gouvernements. Ils n’ont pas hésité à orchestrer des coups d’État et à soutenir des régimes dictatoriaux pour préserver leur influence régionale. Cette politique persiste aujourd’hui : l’embargo sur Cuba, par exemple, n’a pas de justification sécuritaire directe – l’armée cubaine n’a jamais représenté une réelle menace pour les États-Unis – mais relève de cette logique de contrôle de leur voisinage.
La Chine adopte une approche similaire en renforçant sa présence en mer de Chine méridionale, construisant des îles artificielles qu’elle militarise. Cette stratégie s’étend également à la Corée du Nord dont l’existence, en tant que zone tampon avec la Corée du Sud, offre à Pékin une profondeur stratégique précieuse. En somme, à l’instar des États-Unis sur le continent américain, la Chine façonne son voisinage immédiat en Asie pour préserver ses intérêts stratégiques.
De son côté, la Russie considère l’OTAN comme une menace potentielle depuis des décennies[7]. Dès les années 1990, les désaccords se sont multipliés et l’intervention de l’Alliance en 1999 contre la Serbie a renforcé sa perception d’une organisation perçue comme agressive et soumise aux intérêts américains. Sa progression vers ses frontières est vue par Moscou comme une atteinte directe à sa sécurité. Bien que le Kremlin instrumentalise en partie cette méfiance pour consolider son régime, cette attitude découle aussi d’une frustration ancienne liée à son exclusion progressive du système de sécurité européen, auquel elle souhaitait pourtant être intégrée.
Le Kremlin estime que l’OTAN ignore les intérêts de sécurité de la Russie et refuse de la considérer d’égal à égal. Certains analystes russes considèrent les interventions de l’OTAN en Afghanistan et en Libye comme des actions de déstabilisation de la région, minant la crédibilité de l’Alliance. Que cette vision soit fondée ou non, il est essentiel de comprendre que c’est là la perception de Moscou. George Friedman[8] rappelle l’importance de la « profondeur géographique » pour l’état-major russe, soulignant que son immense territoire a toujours joué un rôle clé dans la résistance aux tentatives d’invasion au fil de l’histoire. Moscou attribue donc une importance stratégique aux zones tampons pour assurer sa sécurité, une logique qui n’est pas si différente de celle des États-Unis ou de la Chine, qui cherchent également à établir des « glacis protecteurs. »
Historiquement, les grandes puissances ont toujours agi de la sorte, soumettant leurs voisins moins puissants pour s’assurer une profondeur stratégique face à leurs rivaux géostratégiques. En réalité, le choix des alliances a rarement été libre pour les pays, mais souvent influencé, voire imposé, par la puissance dominante de leur sphère régionale.
« Soutenir l’Ukraine pour lui permettre d’obtenir un rapport de force favorable en vue des négociations »
Cet argument a émergé lorsque l’évidence s’est imposée : l’Ukraine ne pouvait plus raisonnablement espérer une victoire militaire décisive face à la Russie ni atteindre ses objectifs de guerre. Désormais, l’objectif de l’Occident est de renforcer la position militaire de Kiev pour lui permettre d’imposer un rapport de force favorable et obtenir une paix « juste », selon les termes de Zelensky, bien que les contours de cette paix restent indéfinis. Concrètement, cela impliquerait un prolongement du conflit jusqu’à ce que la Russie se voit contrainte à des concessions majeures envers l’Ukraine.
Or, sur le terrain, la situation militaire semble se dégrader de plus en plus vite pour l’Ukraine[9] et l’aide militaire des pays occidentaux se réduit progressivement. Il apparaît ainsi peu probable que des pourparlers se concluent sans d’importantes concessions ukrainiennes. Cette évolution amène à s’interroger sur les réels bénéfices d’une poursuite de la guerre pour l’Ukraine, alors que les semaines et mois à venir pourraient voir une détérioration encore plus marquée de sa situation militaire.
Cet argument paraît donc manquer de pertinence et vient s’ajouter à une suite de justifications de plus en plus discutables pour éviter de poser la question de fond sur les véritables raisons du soutien à l’Ukraine et les objectifs concrets poursuivis.
Si les arguments avancés pour justifier notre soutien à l’Ukraine semblent discutables, pourquoi notre gouvernement et ceux d’autres pays européens se montrent-ils si investis dans cette cause ? Et, plus encore, pourquoi n’énoncent-ils pas clairement les raisons réelles de cet engagement ? Peut-être que ces motivations cachées sont moins liées aux intérêts stratégiques européens qu’à ceux de Washington ? Le sabotage des gazoducs Nord Stream n’est plus attribué à la Russie et les enquêtes diligentées par les riverains de la Baltique sont abandonnées les unes après les autres sans avoir rien donné, ce qui est peut-être un indice parmi d’autres du véritable responsable… Chacun se fera son opinion sur ces questions.
Aujourd’hui, le débat ne devrait pas uniquement porter sur la poursuite ou non du soutien à l’Ukraine, mais sur les motivations véritables qui le justifient. Les citoyens ont le droit de comprendre les raisons de cette aide, notamment en France, dans un contexte où les décisions budgétaires de 2025 imposeront 60 milliards d’euros d’économie alors même que 3 milliards ont été transférés à Kiev en 2024. N’est-ce pas précisément cette transparence qui est censée nous différencier des régimes autoritaires comme celui de la Russie ?
Cette réflexion n’implique pas un rejet du soutien à l’Ukraine, mais appelle plutôt à poser des objectifs clairs et réalistes. Le soutien militaire et financier ne peut se prolonger efficacement que si nos moyens financiers, industriels et militaires[10] sont pris en compte. Comme le souligne Pascal Boniface[11], « il ne faut pas confondre le souhaitable et le possible ». Nous pouvons nourrir de nombreuses aspirations, mais seules celles réalisables méritent d’être poursuivies.
Enfin, il devient nécessaire de cesser de brandir une morale façonnée pour la circonstance, nous incitant à aider l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ». Une position durable exige des justifications honnêtes et des objectifs concrets surtout à l’heure où les États-Unis de Donald Trump pourraient se détourner de la question ukrainienne et nous laisser seuls dans cette posture.