Les instructeurs français poursuivent la formation de leurs camarades ukrainiens de la brigade 155, baptisée « Brigade Anne de Kyiv ». Voici ci-dessus l’ordre de bataille de cette unité mécanisée, équipée de Leopard 2A4, de VAB et d’AMX-10RC. Elle regroupera 4500 hommes à terme.
On pourra lire le post que j’ai consacré à cette unité et à la reine qui lui a donné son nom. Le point sur cet effort tricolore pour préparer une brigade « bonne de guerre » d’ici à la fin de l’année.
Et la logistique?
Elle suit grâce au SCA… Comme le montrent les photos qui circulent, afin d’équiper les soldats ukrainiens, une chaîne habillement a été mise en place par le Commissariat; elle est opérée avec l’armée de Terre (14e RISLP). Treillis, équipements balistiques, sacs de couchage etc., ont ainsi été mis à disposition des stagiaires.
Pour nourrir l’ensemble de la force, le SCA a créé un ordinaire de campagne sous tente, en mesure de nourrir jusqu’à 2 000 personnes. Trois éléments lourds de cuisson (ELC 500) et des matériels de restauration collective adaptés sont mis en œuvre. Ce soutien restauration conséquent a nécessité le renfort de personnels de la spécialité Restauration-Hébergement-Loisirs (RHL) en provenance de différents organismes du SCA. Ce dernier est assisté par l’Economat des Armées à qui a été externalisée la location d’une tente de grande dimension pour abriter un foyer dédié aux militaires ukrainiens et pouvant accueillir jusqu’à 2 000 personnes.
Insigne d’arme : Taillé de Gueules et de Sable, au scorpion d’acier posé en barre portant à la pince senestre un écusson de gueules à la croix pattée d’Argent, brochant sur la partition.
A voir: Une vidéo sur l’arrivée des Ukrainiens dans un camp de l’est de la France, c’est ici.
Le concept peut sembler relativement simple… mais encore fallait-il y penser. Ainsi, affectés au Centre air de sauts en vol [CASV], implanté sur la base aérienne [BA] 123 d’Orléans-Bricy, le lieutenant Étienne et l’adjudant-chef Thomas, ont eu l’idée d’utiliser un « treuil ascensionnel » pour mettre au point une sorte de « simulateur de vol » pour les chuteurs opérationnels – novices ou confirmés – de l’Escadre Force Commando Air [EFCA], laquelle fédère notamment les Commandos Parachutistes de l’Air [CPA] 10 et 30.
Soutenue par la Brigade des forces spéciales Air [BFSA] et le Centre d’expertises aériennes militaires [CEAM], cette innovation a été présentée à l’occasion du « Prix de l’Audace », organisé par l’Agence de l’innovation de défense [AID] et financé par la Fondation Maréchal Leclerc de Hautecloque.
Si elle n’a pas été primée, il n’en reste pas moins que cette innovation, issue de la démarche HAPPI du CEAM, permettra d’améliorer la formation et la qualification des commandos parachutistes à moindre coût et avec davantage de flexibilité, étant donné que de telles activités sont souvent tributaires du manque de disponibilité d’avions dédiés.
Or, comme l’explique le dernier numéro d’Air Actualités, les commandos « restent parfois dans l’attente d’être qualifiés, ce qui impacte leur opérabilité et plus généralement la bonne exécution des opérations spéciales ».
Concrètement, le dispositif mis au point par les deux cadres du CASVpermet à un élève parachutiste d’effectuer une descente sous voile, plusieurs fois par jour et dans des conditions différentes [jour, nuit, avec ou sans charge, etc.]. Grâce à ce treuil couplé à un parachute ascensionnel, le stagiaire peut atteindre une altitude de 700 mètres, ce qui correspond, grosso modo, à un vol sous voile « normal » après largage. Outre un meilleur encadrement, ce système réduit le risque de blessure.
Selon le CEAM, cet équipement « permet de faire 6 chutes sous voile par jour pour une équipe de 10 chuteurs, sans mise à disposition d’un aéronefs et son équipage ».
Alerte du ministre de la défense britannique : « Nous ne sommes pas prêts pour la guerre » !
Doit-on en rire ou en pleurer ? Le ministre britannique de la Défense, John Healey, a fait un aveu qui sonne comme un avertissement : le Royaume-Uni n’est pas prêt à mener une guerre. Cette déclaration, faite lors d’un discours relayé par The Telegraph le 24 octobre 2024, révèle des lacunes significatives dans la préparation militaire du pays.
Une armée britannique sous-équipée et mal préparée
Malgré un budget de défense supérieur à 2% du PIB, conformément aux engagements de l’OTAN, le Royaume-Uni se trouve avec des forces armées qui laissent à désirer en termes de modernité et de préparation. Selon un récent rapport parlementaire, l’armée de terre britannique, la British Army, n’a pas évolué significativement depuis l’époque de la bataille de Waterloo. De son côté, la Royal Air Force manque cruellement d’avions de combat adaptés aux conflits de haute intensité, et la Royal Navy, bien que dotée de deux porte-avions, souffre d’un manque de navires de premier rang et rencontre des difficultés de recrutement et de disponibilité pour ses sous-marins nucléaires et ses frégates.
Une déclaration sans précédent
Pour la première fois, un ministre de la Défense britannique admet publiquement que le pays n’est pas prêt à soutenir une guerre. Cette révélation est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient dans un contexte où les menaces globales, notamment de la part de la Chine et de la Russie, sont en augmentation. John Healey insiste sur le fait que sans une capacité réelle de combattre, le Royaume-Uni ne peut pas dissuader efficacement les agressions potentielles. Le constat du ministre Healey sur l’état des finances et des forces armées britanniques est alarmant. Pris au pouvoir après les élections législatives, il a été confronté à une situation bien plus précaire que prévu, avec des implications graves pour la sécurité nationale et la capacité de défense du pays.
Incertitudes budgétaires
Alors qu’une nouvelle revue stratégique de défense est en cours, il semble peu probable que le ministère de la Défense obtienne les fonds nécessaires pour rectifier le tir. Des hauts responsables militaires ont exprimé des doutes quant à l’augmentation du budget de la défense pour l’exercice 2025, ce qui pourrait entraver les efforts de modernisation et de préparation requise.
Réactions officielles et garanties de sécurité
Malgré ces défis, un porte-parole du 10 Downing Street a réaffirmé que le gouvernement prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre le pays. Il a souligné que les forces armées britanniques, parmi les meilleures au monde, assurent la défense du pays en permanence et travaillent en étroite collaboration avec les alliés pour anticiper et se préparer à tout événement.
Un avenir militaire incertain
Cette situation intervient alors que le général Roland Walker, chef d’état-major de la British Army, a averti que le Royaume-Uni avait peu de temps pour se préparer à un conflit majeur potentiel, en particulier une confrontation avec la Chine. De plus, quelle que soit l’issue du conflit en Ukraine, la menace russe restera prégnante et probablement vengeresse.
Cet article explore la récente déclaration choc du ministre britannique de la Défense, révélant que le Royaume-Uni n’est pas préparé à affronter les défis militaires actuels et futurs. Cette révélation met en lumière les lacunes dans la préparation militaire du pays et soulève des questions sur sa capacité à maintenir sa sécurité et à dissuader les menaces externes dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu.
Par Alain Rodier – Le Diplomate Média – publié le 27 octobre 2024
Le 23 octobre vers 15 h 30 (heure locale), une attaque terroriste s’est déroulée contre le site industriel de la TAI (Turkish Aerospace Industries – TUSAŞ -) à Kahramankazan, ville située à une quarantaine de kilomètres de la capitale Ankara. 15.000 personnes travaillent sur ce complexe industriel. TAI est un acteur clé de l’industrie aérospatiale turque, qui conçoit, développe et fabrique divers avions civils et militaires.
L’attentat a eu lieu alors qu’un grand salon professionnel des industries de la défense et de l’aérospatiale se tenait la même semaine à Istanbul. Pour mémoire, la Turquie a une puissante industrie de défense qui exporte de nombreux armements dont les plus célèbres sont les drones fabriqués par la société Baykar qui appartient au gendre du président turc.
Un couple d’assaillants lourdement armés est arrivé dans un taxi qu’il avait dérobé en assassinant le chauffeur et en cachant sa dépouille dans le coffre, devant l’entrée des personnels à l’heure d’une relève du poste de sécurité. Ils ont tiré dans toutes les directions essayant d’atteindre tous ceux qui passaient à leur portée. Au moins un terroriste a pénétré à l’intérieur du site, armé d’un fusil d’assaut AK-74 équipé d’un système d’aide à la visée et d’une arme de poing, les deux étant dotés de modérateurs de son.
La femme qui l’accompagnait a utilisé un AKS-74U (version courte de l’AK-74) équipé d’un Aimpoint et de deux chargeurs « tête bêche ».
Cinq personnes avaient été tuées lors de l’action et 22 blessées.
Les deux terroristes seraient morts, l’un se faisant exploser avec la charge qu’il avait dans son sac à dos.
On ne savait pas immédiatement qui pouvait être derrière l’attaque mais l’hypothèse Daech était exclue car les salafistes-jihadistes n’emploient pas de femmes dans des rôles opérationnels (l’exception qui confirme la règle sont les « veuves noires » tchétchènes et les kamikazes nigérianes de Boko Haram).
Il restait des groupuscules d’extrême-gauche et le PKK qui ont mené des opérations terroristes meurtrières par le passé.
Le semi-professionnalisme de l’action a permis d’en déduire que les deux activistes avaient suivi un entrainement militaire au tir.
En 24 heures, les deux activistes ont été identifiés. Le ministre de l’intérieur Ali Yerlikaya, a d’abord nommé Ali Örek alias « Rojger ».
Ce dernier avait publié des messages sur les réseaux sociaux faisant l’éloge du terrorisme et des violences qu’il aurait commis au cours des dernières années. Dans un message datant de 2015, il pose brandissant une arme de poing sur sa tempe accompagné du message disant « il est mort ».
La femme terroriste a été identifiée comme étant Mine Sevjin Alçiçek présentée par les autorités turques comme également membre du PKK.
Ce qui est certain, c’est qu’en 2014 elle était co-présidente du parti pro-Kurdes HDP pour la province du Hakkari dans le sud-est de la Turquie. Cette région est la zone d’implantation principale du PKK sur le territoire turc en raison de la proximité de l’Irak et de l’Iran.
C’est à la même époque que Recep Tayyip Erdoğan, alors Premier-ministre, a fait arrêter près de 26.000 militants (dont les principaux dirigeants) et sympathisants du HDP pour « liens avec les terroristes du PKK ».
Le 15 octobre 2023, le HDP a changé de nom pour devenir le Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (Hedep) puis Parti Dem mais ses militants se sont dilués dans d’autres formations (extrême-gauche, écologistes…) craignant à tout moment la dissolution.
Cette dernière action terroriste risque de provoquer sa fin… mais pas la disparition de la cause kurde.
Enfin est venue une revendication du PKK : « l’action sacrificielle commise contre l’enceinte des TAI à Ankara vers 15H30 le mercredi 23 octobre a été menée par une équipe du ‘Bataillon des Immortels’ ». Pour le PKK, il s’est agi d’envoyer « des avertissements et des messages contre les pratiques génocidaires, les massacres et les pratiques d’isolement du gouvernement turc […] Nous savons que les armes produites par TAI ont massacré des milliers de nos civils au Kurdistan, y compris des enfants et des femmes ». Il conclue que c’est son « droit légitime » à frapper « les centres où ces armes de massacre sont produites ».
Contexte
Cet attentat a eu lieu alors que le président Recep Tayyip Erdoğan assistait au sommet des BRICS+ à Kazan en Russie. Cette organisation économique regroupe pour le moment le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran. Ces neuf pays représentent à eux seuls près de la moitié de la population mondiale mais que 26 % du produit intérieur brut mondial en valeur nominale contre 44 % pour les pays du G7. L’attaque na pas semblée suffisamment grave pour qu’il rentre immédiatement. Il faut dire qu’il défend la candidature de la Turquie à cette organisation – une première pour un pays de l’OTAN.
Le 21 octobre, il s’était aussi passé un évènement important pour Erdoğan : le décès du prédicateur musulman Fethullah Gülen âgé de 83 ans qui vivait en exil aux États-Unis depuis 1999.
Depuis près de quinze ans, il était recherché par la justice d’Erdoğan qu’il avait pourtant soutenu secrètement dans sa montée vers le pouvoir depuis les années 1980.
Gülen souffrait depuis longtemps de problèmes de santé – raison officielle de son exil aux USA en 1999 – . En réalité, à l’époque il craignait de se faire arrêter par l’armée qui avait lancé des enquêtes à son sujet. Curieusement, il n’était pas rentré en Turquie après l’arrivée au pouvoir en 2022 de l’AKP, le parti islamique d’Erdoğan.
C’est dans les années 1980 que son mouvement « Hizmet » (en turc, « services ») avait commencé à infiltrer des importants ministères : la Justice, l’Intérieur et même l’armée plaçant ses adeptes à des postes clefs.
Hizmet avait aussi d’étendre aussi son influence dans plus de 180 pays dont beaucoup en Afrique et en Asie via des écoles et des dispensaires privés très appréciés des populations locales pour leur excellence.
À l’intérieur, Hizmet a participé à la mise au pas de l’armée après les procès du « complot Ergenekon », une parodie de justice mais cette dernière et la police étaient à sa botte. La haute hiérarchie militaire – majoritairement politiquement laïque – avait été décapitée et la carrière d’officiers acquis à la cause de Gülen avait été propulsée.
Mais le danger militaire étant écarté, Gülen a commencé à être jugé comme une menace pour Erdoğan qui voulait concentrer tous les pouvoirs dans sa main (c’est lui qui a fait adopter la nouvelle Constitution qui a transformé la Turquie en régime présidentiel grâce à un amendement de 2017).
La rupture intervint en 2013 lorsqu’un scandale de corruption a éclaboussé des proches d’Erdoğan. Les juges et les policiers impliqués dans l’enquête – aux ordres de Gülen – se sont retrouvés à leur tour derrière les barreaux sur instructions du pouvoir politique en place à Ankara (Erdoğan était alors Premier ministre). Beaucoup qui avaient participé à la mise au pas de l’armée ont rejoint à leur tour les geôles turques. En retour, la plupart des officiers généraux emprisonnés ont été blanchis des accusations qui avaient été portées contre eux. Ils sont sortis de prison mais ont été mis à la retraite car ils avaient atteint les limites d’âge de leur grade. Ils ne constituaient plus un danger pour Erdoğan…
Il restait à régler le cas des officiers proches de Gülen. Le 16 juillet 2016, il y eut un coup d’État militaire aussitôt attribué par Erdoğan au Hizmet rebaptisé « organisation terroriste FETÖ ».
Cela permis de purger l’armée de ces éléments jugés « séditieux » – mais cette fois « islamistes » mais aussi d’autres administrations, la presse, et les mouvements politique pro-kurdes – qui n’avaient strictement rien à voir avec ce putsch -…
En réalité, tous les opposants au premier ministre mais aussi futur président turc (2018 puis 2023) ont été écartés.
Aujourd’hui, le président turc se retrouve sans adversaires sérieux en dehors des Kurdes.
À l’extérieur, il est au sommet de son pouvoir faisant plier les Occidentaux à sa volonté et se désignant comme le leader des croyants face à Israël.
Sa position est confortable mais risquée pour la suite d’autant qu’il n’a pas encore de dauphin désigné.
Peut-être le « fidèle parmi les fidèles » Hakan Fidan, actuel ministre des Affaires étrangères mais surtout ancien directeur des services spéciaux turcs de 2010 à 2023, le redouté MIT compétents à l’intérieur comme à l’extérieur. À son poste, il a certainement joué un rôle central dans la lutte contre le mouvement Hizmet et son chef Gülen. Il représente vraiment l’« État profond » turc et il sait tout sur tout le monde…
Le « rêve » d’être le « Sultan » du monde musulman.
Le président Erdoğan a fait des déclarations virulentes contre Israël et l’Occident dans un discours rapporté par le Turkish Daily News le 20 octobre : en tant qu’« ennemie des oppresseurs et protectrice des opprimés », la Turquie soutient la Palestine dans sa lutte pour la liberté et la dignité contre le réseau du génocide […] Les États-Unis, l’Europe et le Conseil de sécurité de l’ONU sont devenus de simples jouets entre les mains d’un meurtrier impitoyable connu sous le nom de Netanyahou […] 20. 000 enfants sont morts [dans la bande de Gaza]. Pas une seule personne ne s’est manifestée pour dire : c’est une honte […] Des dizaines de milliers de femmes sont mortes et les organisations de défense des droits des femmes n’ont pas prononcé un mot […] Quelques 175 journalistes sont morts et les médias internationaux ne s’en soucient pas du tout […] La responsabilité du massacre de 50.000 innocents incombe sans aucun doute aux forces d’occupation israéliennes sans foi ni loi ».
Il a ajouté que ceux « qui apportent un soutien inconditionnel au gouvernement israélien et envoient des armes et des munitions sont également ouvertement complices de ce massacre ».
Cette charge est à inscrire dans le contexte de la volonté toujours assumée d’Erdoğan de devenir « le » leader du monde musulman d’où le surnom qui lui donné par ses opposant de « Sultan ».
Il utilise la cause palestinienne depuis des années profitant du fait que les pays arabo-sunnites s’en désintéressent depuis des décennies.
Il se retrouve par contre en concurrence avec l’Iran – le vieil adversaire de la Turquie – qui, comme lui, exploite les Palestiniens à des fins politiques. Sur le fond, le régime de Téhéran n’a rien à faire des Palestiniens – qui sont sunnites – mais ils sont « intéressants » dans la guerre maintenant à « grands bruits » menée contre l’État hébreu via des proxies. Les mouvements palestiniens lui permettent de menacer Israël depuis le sud et l’est, comme le Hezbollah le fait depuis le Liban, au nord. Cela pourrait changer dans les temps à venir…
C’est un peu la même chose pour Erdoğan, à la différence près que ce n’est pas l’État hébreu qui est directement visé par ses invectives ; il s’en sert pour affirmer sa volonté d’être le « nouveau Sultan » du monde musulman.
Jusqu’à maintenant, sa manœuvre n’a pas fonctionné malgré l’appui des Frères musulmans dont il est – au minimum – très proche. En effet, les révolutions arabes de 2011 sur lesquelles il comptait pour établir son leadership ont échoué en Égypte, en Syrie et en Libye.
La guerre de Gaza lui permet de revenir en première ligne.
Toutefois, si le discours récents d’Erdoğan peut être considéré comme un « classique » que tout le monde laissait plus ou moins passer auparavant, la suite est plus qu’inquiétante. En effet, il a exprimé son « respect » pour les dirigeants et les membres de la résistance palestinienne, « qui est devenue légendaire non seulement par leurs luttes mais aussi par leurs martyrs, et pour tous les héros qui ont arrosé les terres de Gaza de leur sang béni (…). Je souhaite la miséricorde de Dieu à Yahya Sinwar, le chef du Hamas qui est tombé en martyr récemment ».
Comme tous les dirigeants de la planète, il joue sur la corde sensible des Occidentaux et leurs valeurs « universelles », au premier rang desquelles se trouvent les Droits humains. Il est pourtant très mal placé pour donner la moindre leçon de morale. Certes, il n’a pas connu la période du génocide arménien – mais il l’a toujours nié en tant que responsable politique -, par contre sa violence à l’égard des Kurdes (après avoir pourtant tenté de négocier en 2013 via Abdullah Öcalan incarcéré sur l’île d’Imrali) est patente, que ce soit à l’égard des Kurdes turcs qui croupissent dans les geôles ou des Kurdes syriens et irakiens jugés comme des « cousins » du PKK.
La raison de l’attaque du PKK
Mais la raison de l’attaque est peut-être autre. En effet, le président du MHP (parti du mouvement nationaliste) Devlet Bahçeli, principal allié de l’AKP au pouvoir, avait invité Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999, à s’exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution de son parti et son renoncement au terrorisme.
Dans la foulée, le 23 octobre, le neveu du leader kurde, Ömer Öcalan, député du principal parti pro-Kurdes (ex-HDP) a pu le rencontrer dans sa prison d’Imrali. « Notre dernière rencontre en face-à-face avec Abdullah Öcalan avait eu lieu le 3 mars 2020 » a rappelé son neveu sur X. Entre-temps Abdullah Öcalan, 75 ans, à l’isolement, n’avait eu droit qu’à un bref échange téléphonique avec lui en mars 2021.
Cette démarche a certainement déplu en haut lieu au sein du PKK. Le 24 octobre, le président du Parlement Numan Kurtulmus a estimé à propos de cet attentat qu’il « ne peut s’agir d’une coïncidence ».
L’heure à l’exploitation tous azimuts du potentiel des drones pour l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). Mandats et expérimentations se multiplient parmi les régiments d’hélicoptères de combat pour construire la collaboration entre plateformes habitées et inhabitées et démultiplier les capacités de l’aérocombat.
Fini l’hélicoptère, remplacé par un drone moins complexe, moins onéreux et dès lors mieux adapté pour répondre à l’attrition de la haute intensité ? Loin s’en faut, les deux outils ont davantage vocation à collaborer qu’à s’évincer. La dernière édition de l’exercice Baccarat, grand rendez-vous annuel de la 4e brigade d’aérocombat (4e BAC), l’aura encore démontré en intégrant plusieurs drones dans un même espace aérien, du micro-drone de surveillance aux SMDR du 61e régiment d’artillerie et Puma du 32e régiment royal d’artillerie britannique.
Clôturé la semaine dernière, Baccarat était une nouvelle étape dans une dynamique globale visant à intégrer le drone dans la manœuvre tactique. Essentiellement exploratoire, la démarche amène un double enjeu selon le commandant de la 4e BAC, le général de brigade Jean-André Casanova. D’un côté, le défi de la coordination des acteurs de la troisième dimension, ou la capacité à faire voler davantage d’objets dans un espace restreint. De l’autre, le défi de la coopération entre drones et hélicoptères, ou comment tirer le meilleur parti de chacun des vecteurs pour maximiser les effets.
Étape par étape, chaque régiment d’hélicoptères de combat monte en gamme sur la question. À l’instar du reste de l’armée de Terre, tous disposent désormais de leurs propres micro-drones, formation de télépilotes régimentaires à la clef. Ces équipements « du combattant » sont principalement mis à profit pour la surveillance de zone ou des approches d’un poste de commandement, une mission confiée durant Baccarat au système mobilisé par le 3e régiment d’hélicoptères de combat d’Étain. Demain, rien n’empêchera d’étendre le spectre à la protection, par exemple, d’un « Forward Arming and Refueling Point » (FARP), ces stations-service mobiles projetées vers l’avant pour l’avitaillement des machines.
L’intégration volontaire ou non de nouveaux acteurs dans la bulle aéroterrestre nécessite de se pencher sur les problématiques de coordination. Un tel travail a déjà été réalisé à plusieurs reprises au Sahel par tous les régiments. Il s’agit désormais d’adapter les savoir-faire à la haute intensité et à un environnement allant au-delà de la ligne de contact, mission confiée au 3e RHC. Voilà un moment que ce dernier multiplie les expérimentations en lien direct avec le groupement aéromobilité de la section technique de l’armée de Terre (GAMSTAT).
Pour l’adjudant Marina, contrôleuse aérienne au sein du 3e RHC, le drone « est un type de vecteur auquel il faut que l’on s’intéresse particulièrement, notamment en termes de déplacement, de liaison avec le télépilote et de réaction en cas de panne. C’est une gymnastique supplémentaire ». Deux enjeux s’imposent d’eux-même : celui de la communication avec un télépilote qui n’a pas nécessairement le visuel sur sa machine, et celui de l’anticipation des événements en gestion de trafic tout en respectant le cadre tactique.
« La doctrine française est bien faite pour admettre tout ce qui vole. Ce qui change, ce sont nos habitudes et les drones qui se multiplient, mais sinon les principes restent les mêmes », observe le capitaine Guillaume, officier 3D du 3e RHC durant Baccarat. «Nous devons davantage coopérer mais les outils existent déjà», explique-t-il en écho à l’ « Integrated Command and Control », ce logiciel de l’OTAN conçu pour la programmation et la conduite des opérations aériennes. En théorie réservé aux échelons de commandement supérieurs, l’ICC est depuis peu descendu à l’échelon régimentaire dans l’ALAT. Nécessaire pour une coordination optimale, l’atteinte de ce niveau de granularité se traduit in fine par un gain d’agilité et de réactivité pour le chef tactique, note le capitaine Guillaume.
La collaboration, enfin, revient à définir « comment nous pouvons utiliser des drones qui existent déjà pour renforcer l’efficacité de nos appareils », résume le général Casanova. Hélicoptères et drones ont chacun leur utilité, leurs points faibles et points forts. Quand les premiers l’emportent en matière d’élongation et d’emport, les seconds représentent un « gain important dans le domaine tactique, car il est bien moins détectable qu’un hélicoptère et s’avère plus économique au vu du coût de l’heure de vol », rappelle l’adjudant Marina. Combiner l’un et l’autre devrait donc permettre de répondre à certains des challenges imposés par l’action dans la profondeur face à un ennemi à parité.
Cette « dronisation » de l’aérocombat est « le sujet le plus complexe parce que nous sommes presque imbriqués, mais aussi le plus exaltant car il implique de nouvelles procédures et l’achat de nouveaux matériels. C’est un nouveau domaine que nous avons commencé à explorer », indique le COM4BAC. Entre la hauteur de la marche à franchir et l’accélération technologique, la question est d’emblée devenue prioritaire pour l’ALAT.
Du leurrage à l’illumination, plusieurs applications sont simultanément à l’étude. Projeter des Tigre et des Caïman dans la profondeur du dispositif, c’est s’assurer de les exposer à un maillage de défense sol-air dense et potentiellement infranchissable. Plutôt que de s’y frotter, l’ALAT cherchera à créer une brèche à distance en misant sur le drone FPV, cette « bombe volante » pilotée à distance, abondamment utilisée en Ukraine et, surtout, susceptible de prolonger l’armement embarqué de l’hélicoptère.
Autre piste, le drone-leurre agira pour attirer les radars et autres capteurs adverses vers d’autres objets que les hélicoptères. Cette manœuvre de déception, « nous la travaillons déjà tactiquement via la simulation », avec pour objectif de déterminer le drone capable de simuler la surface équivalente radar d’un hélicoptère en vol. Aux industriels d’ensuite prendre le relais pour proposer une contre-mesure active abordable car « jetable » et apte à être programmée pour réaliser des vols en patrouille.
Si le 3e RHC est en pointe de l’effort mandaté par l’état-major de l’armée de Terre, il reviendra au 1er régiment d’hélicoptères de combat d’explorer une troisième voie, celle du « drone illuminateur ». Un « oeil déporté » chargé d’aller sur l’avant pour illuminer une cible et guider une frappe tout en permettant au Tigre de rester en retrait. Pour l’instant totalement exploratoire, l’idée aboutit déjà à une ébauche de solution et à de premiers liens avec des industriels du cru.
L’approche se veut progressive. « Nous avons déjà franchi un certains nombres d’étapes que je fixe moi », poursuit le général Casanova. « Aujourd’hui, nous sommes capables de télépiloter un drone FPV depuis la soute ou la place arrière d’une Gazelle ». Il s’agira ensuite d’arriver à le larguer et à le prendre en compte immédiatement depuis la soute pour le piloter. Et, plus tard, d’imaginer comment poser la charge dessus sans menacer la sécurité de l’appareil. Le drone FPV préfigure en quelque sorte l’arrivée des munitions téléopérées, « ces MTO qui, demain, pourraient être mises en oeuvre depuis les paniers de roquettes d’un Tigre, par exemple ». Autant de succès initiaux d’où émergeront les briques qui viendront alimenter un projet d’ensemble : celui du drone d’aérocombat, une ambition cette fois portée en dehors de la 4e BAC.
La sécurité informatique des entreprises de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française est un vaste chantier, qui plus est sans fin étant donné que les « cyber-assaillants » ont souvent un temps d’avance sur les dispositifs de protection éventuellement mis en place par leurs cibles.
Pour rappel, la BITD compte environ 4000 entreprises, dont 1600 sont considérées comme critiques. Elles peuvent bénéficier d’un soutien de la part de la Direction générale de l’armement, via le Plan en faveur des ETI, PME et start-ups [PEPS, ex-plan Action PME], qui, relevant de la nouvelle Direction de l’industrie de défense [DID], comporte un axe de résilience « cyber ». Au besoin, elle peuvent la solliciter pour mener des audits sur leur sécurité informatique. Seulement, est-ce suffisant, quand seulement 56 « diagnostics cyber » ont été effectués en 2023 ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les attaques informatiques contre la BITD ont augmenté « assez significativement », a ainsi confié Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 23 octobre.
Il arrive que certaines de ces attaques aient une motivation criminelle, notamment quand elles sont menées à des fins d’extorsion avec des rançongiciels.
Mais elles peuvent aussi [et surtout] être liées aux « intérêts de nos compétiteurs dans des domaines particuliers, comme par exemple le spatial et le naval », a expliqué M. Chiva. « On voit de plus en plus d’attaques structurées de services étrangers, dirigées plutôt vers des PME et des TPE, qui sont moins bien familiarisées aux moyens de lutte », a-t-il ajouté.
« Il y a des attaques pour neutraliser, il y a des attaques pour voler. Le plus inquiétant, c’est quand on ne sait pas », par exemple « quand vous découvrez qu’on vous dérobe vos données et que vous ne savez pas depuis combien de temps ça dure », a poursuivi M. Chiva. Et puis il y a aussi « toutes les attaques qu’on n’a pas encore découvertes », a-t-il complété.
Pour parer ces attaques informatiques, la DGA mise sur le dialogue et l’incitation à adopter de bonnes pratiques et non sur la coercition.
« Je ne sais pas s’il faut être plus coercitif ou pas. D’abord, il faut avoir les moyens de l’être. Je pense que c’est un dialogue que nous avons aujourd’hui avec l’ANSSI [Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information] qui nous permettra de répondre à un certain nombre de ces nécessités », a estimé M. Chiva. D’où l’importance de l’accompagnement des PME/TPE mis en place par la DGA.
« Plutôt que de les contraindre [les entreprises, ndlr], on a choisi de créer un référentiel d’exigence minimale cyber. Dans ce domaine là, les entreprises ont peur d’être confrontées à trop de normes, à trop d’obligations. Donc, on leur dit : ‘si vous voulez travailler pour la défense, voilà le niveau minimum de cyberprotection que l’on attend de vous’ », a expliqué le DGA. Ce référentiel est en outre utilisé par les maîtres d’œuvre industriels dans leurs relations avec leurs sous-traitants.
La même approche a été adoptée pour les risques d’atteintes « physiques ». En juin, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait fait état de 150 incidents constatés entre 2021 et 2023. « C’est quelque chose qui est très ‘Guerre froide’, mais qui n’a jamais disparu et qui reprend une force particulière depuis deux ans », avait-il dit, au Sénat.
Ce qu’a confirmé M. Chiva devant les députés. « On voit se multiplier un certain nombre d’évènements, d’incendies, de dégradations et autres qui pourraient être le fruit du hasard, sauf à regarder de près ce qui se passe. Il y a une usine qui construis[ai]t un des missiles utilisés en Ukraine qui a brûlé en Allemagne et je ne pense pas que ce soit à cause d’un mégot tombé dans une corbeille à papier », a-t-il dit.
Faut-il établir un parallèle avec l’explosion survenue à la poudrerie de Bergerac, en août 2022 ? Deux ans après, l’instruction est toujours en cours et, selon France Bleu Périgord, un « nettoyage insuffisant des installations avant maintenance » et « des mesures de prévention insuffisantes » en auraient été la cause…
Quoi qu’il en soit, comme pour la sécurité informatique, la DGA a élaboré un « référentiel d’exigences minimales de protection physique », encore appelé, par M. Chiva, « référentiel de sûreté fondamentale». Il est « pris en compte par un certain nombre de maîtres d’œuvre industriels pour évaluer leurs sous-traitants les plus critiques », a-t-il conclu.
Les choses se précisent en France pour ce qui est de l’IA militaire. Le ministère des Armées a choisi le tandem Hewlett-Packard Entreprise/Orange pour fabriquer un supercalculateur de pointe. Celui-ci devra posséder la plus importante capacité de calcul classifiée dédiée à l’intelligence artificielle d’Europe.
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, l’avait souligné ce printemps : la France ne doit « pas dépendre des autres puissances » pour l’accès à certaines technologies de pointe ayant des perspectives militaires. Cela inclut le calcul de haute performance que les superordinateurs effectuent, et l’intelligence artificielle (IA), en plein boom.
Opérationnel fin 2025
À l’époque, il était question de commander un supercalculateur pour une livraison en 2025. La machine, était-il alors indiqué, serait en mesure de traiter des données classifiées (secret défense) et sur de l’IA militaire. Mais, sécurité nationale oblige, les caractéristiques exactes du projet demeurent confidentielles.
Si les contours restent encore globalement flous, le ministère des Armées en a dit un peu plus le 24 octobre. Il a confirmé d’abord le calendrier de mise en place de ce superordinateur, qui débutera son travail à l’automne 2025, et sera pleinement opérationnel avant 2026. Quant à son constructeur, il s’agira du binôme Hewlett Packard Enterprise/Orange.
Surtout, on sait désormais que cette future machine a l’ambition d’être « le plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe ». Un podium que l’appareil revendique, bien que le domaine dans lequel il évolue est par nature opaque. Les superordinateurs de ce type sont aussi sous le sceau du secret, ce qui limite les comparaisons.
Actuellement, le superordinateur le plus puissant en Europe se trouve en Finlande — pour ce qui est, en tout cas, de la plus puissante machine dont les caractéristiques sont publiques. Il se trouve dans le top 5 mondial, a plus de 2,7 millions de cœurs. Le plus puissant du top atteint environ quatre fois sa puissance réelle maximale.
Une machine qui sera toujours hors ligne
Compte tenu de la sensibilité de l’installation, il est prévu de ne jamais le connecter à Internet, afin d’éviter tout risque de compromission à distance, par une opération de piratage. Il est aussi prévu de n’autoriser que des citoyens français habilités au secret de la défense nationale pour assurer sa maintenance, là aussi pour éviter une compromission interne.
Une fois en place, l’armée française pourra y accéder afin de traiter des données confidentielles de manière souveraine. Il est aussi prévu que des entreprises de défense puissent y accéder. On peut imaginer que des groupes spécialisés comme MBDA, Thales, Naval Group, Safran et Dassault Aviation aient un intérêt pour ce matériel.
Le succès de Hewlett Packard Enterprise/Orange fait toutefois une victime : Atos. Le géant français de l’informatique de service, qui traverse une grave crise depuis quelques années, était aussi en lice pour ce marché. Mais, dans une phrase, et sans le citer nommément, M. Lecornu a laissé entendre que sa proposition était « anormalement faible ».
Reste, enfin, une dernière réalité : si le tandem HPE/Orange implique au moins une société française, pour un projet de souveraineté, les composants clés qui seront dans ce supercalculateur seront, eux, américains. Il est prévu d’équiper l’appareil de puces Nvidia. Cruel rappel que sur certains secteurs critiques, l’Europe n’est pas au rendez-vous.
Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange
Par Le Figaro avec AFP – Publié le 24 octobre 2024
L’offre de l’américain et du géant français des télécoms a été préférée à celle du groupe informatique tricolore Atos
Atos a raté le coche. Le ministère des Armée va acquérir un supercalculateur pour son agence dédiée à l’intelligence artificielle (Amiad) auprès de l’américain Hewlett-Packard allié à Orange, un tandem préféré au groupe informatique français Atos, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Le contrat, d’un montant non précisé dans l’immédiat, a été notifié mercredi, selon cette source, confirmant une information de La Tribune. Évoquant mi-octobre l’appel d’offres alors en cours devant les députés de la commission de la Défense, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis». L’une des deux offres lui semblait notamment «anormalement faible et ce n’est pas parce qu'[on parle de] souveraineté qu’il faut que ce soit faible», avait-il esquissé.
Ce marché perdu par Atos, groupe français en pleine restructuration et qui avait repris l’activité de supercalculateurs hérités de Bull, ne constitue pas pour autant un accroc à la souveraineté que recherche la France dans ses programmes militaires, avait-il déminé par anticipation. «En matière d’intelligence artificielle, il n’y a pas de souveraineté pour l’instant», avait-il affirmé, rappelant que les processeurs GPU destinés à l’intelligence artificielle étaient tous produits par des entreprises américaines, en premier lieu Nvidia, et que les deux compétiteurs iraient «de toute façon s’approvisionner à la même source de GPU». «Ce qui peut nous faire décrocher en matière de souveraineté, c’est de ne pas disposer très vite d’un supercalculateur», selon le ministre. D’autant que ce supercalculateur n’aura une espérance de vie que de «deux à trois ans», selon le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva.
«J’ai demandé au ministère de regarder aussi comment une entreprise française aussi importante [qu’Atos] doit monter très vite en compétence pour conquérir notre souveraineté en la matière, d’autant plus parce que ce ministère est grand client d’Atos par ailleurs, donc il n’y a pas de défiance vis-à-vis d’Atos», avait ajouté Sébastien Lecornu. Ce supercalculateur classifié équipera l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense (Amid), un organisme créé en mars et doté de 300 millions d’euros par an pour développer et intégrer l’IA dans les équipements militaires.
L’armée française innove en utilisant des drones pour piloter ses canons Caesar. Une révolution technologique qui change la donne sur le champ de bataille. Découvrez comment cette synergie homme-machine repousse les limites de l’art de la guerre…
Dans le fracas des conflits modernes, une révolution technologique s’opère dans l’ombre. L’armée française, toujours à la pointe de l’innovation, vient de franchir un cap décisif dans l’art de la guerre en mariant ses redoutables canons Caesar à la précision chirurgicale des drones. Une synergie homme-machine qui repousse les limites du champ de bataille.
L’Armée Française Révolutionne ses Canons Caesar avec des Drones
par Steven Soarez – Viral Mag – publié le 25/10/2024
L’armée française innove en utilisant des drones pour piloter ses canons Caesar. Une révolution technologique qui change la donne sur le champ de bataille. Découvrez comment cette synergie homme-machine repousse les limites de l’art de la guerre…
Le Drone, Œil Céleste de l’Artilleur
Fini le temps où les éclaireurs devaient s’aventurer en territoire hostile pour repérer les cibles et guider les tirs d’artillerie. Désormais, c’est un drone qui joue ce rôle crucial, survolant la zone de combat à la recherche de l’ennemi. Véritable prolongement des sens de l’artilleur, il transmet en temps réel des images haute définition permettant d’ajuster chaque tir au millimètre près.
Grâce à cette technologie de pointe, les canons Caesar français peuvent désormais frapper avec une précision redoutable, tout en maintenant leurs servants à l’abri. Un atout considérable qui change la donne sur le théâtre des opérations.
Une Coordination Minutieuse
Mais pour que cette collaboration homme-machine soit optimale, encore faut-il une coordination sans faille. C’est tout l’enjeu des entraînements menés par l’armée française, où artilleurs et pilotes de drones apprennent à travailler main dans la main.
Chaque tir est le fruit d’un ballet millimétré entre le canon et son drone. Une chorégraphie guerrière où chacun doit jouer sa partition à la perfection.
Un pilote de l’armée de Terre.
Lors de ces exercices grandeur nature, les équipes s’entraînent à coordonner leurs actions en temps réel, affinant leurs procédures pour gagner en rapidité et en efficacité. Le moindre grain de sable dans cette mécanique bien huilée pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le champ de bataille.
L’Ukraine, Laboratoire Grandeur Nature
C’est d’ailleurs en Ukraine que cette révolution des drones a pris tout son sens. Face à un ennemi retranché et déterminé, l’utilisation massive de ces aéronefs sans pilote s’est imposée comme une nécessité. Éclaireurs, correcteurs de tir, mais aussi armes de frappe à part entière, les drones ont profondément modifié la physionomie de ce conflit.
Consciente de cette mutation, l’armée française a accéléré l’intégration des drones dans ses unités d’artillerie. Les canons Caesar en sont la parfaite illustration, combinant puissance de feu et intelligence artificielle dans un package redoutablement efficace.
Une Révolution Qui Ne Fait Que Commencer
Mais cette symbiose entre artillerie et drones n’est qu’un premier pas. À l’avenir, ces engins pourraient gagner en autonomie, voire se passer totalement d’opérateur humain. Une perspective qui soulève autant d’espoirs que d’inquiétudes, tant la frontière entre progrès technologique et déshumanisation de la guerre est ténue.
Une chose est sûre : avec ses canons Caesar pilotés par drone, l’armée française est à la pointe de cette révolution qui s’annonce. Une avancée technologique majeure qui pourrait bien redéfinir l’art de la guerre au XXIe siècle.
Recrutement : comment l’armée de Terre se prépare aux défis de demain
L’armée de Terre se lance dans un vaste défi de recrutement, avec un objectif ambitieux de 16 000 nouvelles recrues par an. Dans un contexte géopolitique tendu, ce renouvellement des effectifs est crucial pour maintenir la performance opérationnelle de l’armée, qui doit aussi répondre aux nouvelles exigences technologiques et humaines.
Par Jean-Baptiste Giraud – armees.com – Publié le 24 octobre 2024
Le défi du recrutement militaire : un enjeu stratégique
Pour l’armée de Terre, recruter 16 000 personnes chaque année représente un défi majeur. Comme l’a souligné le général Arnaud Goujon, il ne s’agit pas seulement d’atteindre ce nombre, mais aussi de s’assurer que ces nouvelles recrues possèdent les compétences et les qualités requises pour faire face aux défis modernes. Les campagnes de recrutement se multiplient et visent des profils variés, en mettant en avant les opportunités de formation, de spécialisation, et les valeurs fortes que porte l’institution.
L’armée cherche à attirer des candidats motivés, prêts à s’engager dans des carrières qui demandent non seulement des compétences techniques et physiques, mais aussi une capacité d’adaptation face aux nouvelles technologies militaires et aux exigences croissantes du terrain. Cette recherche de talents est indispensable pour garantir la modernisation des forces et leur efficacité face à des situations de plus en plus complexes.
Les difficultés croissantes du recrutement militaire
Le recrutement de l’armée de Terre n’échappe pas aux problématiques rencontrées dans d’autres secteurs. En effet, attirer de nouvelles recrues devient de plus en plus difficile dans un marché de l’emploi concurrentiel et en pleine mutation. « Le recrutement est un défi permanent », reconnaît un officier supérieur, soulignant que le contexte actuel – tensions internationales et complexité des missions – nécessite non seulement des candidats en nombre, mais surtout des profils particulièrement qualifiés.
Le ministère des Armées fait face à des enjeux multiples : d’une part, un certain manque d’attractivité du métier militaire auprès de la jeunesse. « Nous devons faire comprendre aux jeunes générations que l’armée offre des perspectives de carrière uniques, mais il y a une forte concurrence avec d’autres secteurs », explique un porte-parole du ministère. D’autre part, il y a aussi les exigences physiques et psychologiques que le métier impose. En effet, l’entraînement militaire, la préparation aux missions sur le terrain et les conditions parfois difficiles peuvent dissuader certains candidats.
Enfin, le ministère des Armées souligne que la digitalisation croissante des métiers militaires, avec l’introduction des nouvelles technologies et de la robotique, crée un besoin de compétences spécifiques : « Le soldat de demain doit maîtriser la technologie tout en conservant une capacité à s’adapter rapidement aux évolutions des théâtres d’opération », précise un responsable des ressources humaines militaires. Malgré ces défis, l’armée de Terre reste confiante dans sa capacité à attirer des talents, grâce notamment à des campagnes de recrutement modernisées et à des partenariats avec des institutions éducatives et des entreprises technologiques.
Comment rejoindre les rangs de l’armée de Terre
L’accès à l’armée de Terre s’effectue via plusieurs canaux. Les jeunes intéressés peuvent postuler directement en ligne ou se rendre dans les centres d’information pour participer à des sessions de présentation des métiers militaires. Le processus de recrutement est structuré en plusieurs étapes, comprenant des tests physiques, psychologiques et techniques, afin de s’assurer que chaque recrue possède les capacités nécessaires pour répondre aux missions de défense du territoire.
L’armée met également en avant les valeurs qui caractérisent ses forces : l’engagement, l’esprit de camaraderie, et la résilience. Ces qualités sont essentielles pour progresser au sein des rangs et pour mener à bien les différentes missions de défense et d’opérations extérieures. En proposant un large panel de métiers et de spécialisations, l’armée de Terre offre des opportunités variées pour ceux qui souhaitent s’engager dans une carrière au service de la nation.
Alors que de nombreux métiers évoluent et, parfois, disparaissent avec l’avènement de certaines innovations comme l’Intelligence artificielle, l’armée reste un employeur d’avenir. La diversité de ses missions permet des évolutions de carrière multiples et adaptées à chaque situation. Enfin, de nombreux jeunes se retrouvent chaque année dans les idéaux militaires de service de la nation, de camaraderie et d’exigence.
Jean-Baptiste Giraud
Journaliste éco, écrivain, entrepreneur. Dir de la Rédac et fondateur d’EconomieMatin.fr. Fondateur de Cvox.fr. Officier (R) de gendarmerie.