Le porte-avions demeure le plus puissant outil d’une marine de guerre moderne, selon le CEMA.

Le porte-avions demeure le plus puissant outil d’une marine de guerre moderne, selon le CEMA.

À l’occasion de la Conférence navale de Paris, qui s’est tenue il y a quelques jours, le Chef d’état-major des Armées français, le général Thierry Burkhard, a défendu la pertinence et l’efficacité du porte-avions dans la guerre navale moderne.

Soutenant la décision de remplacer le Charles de Gaulle par le porte-avions nucléaire de nouvelle génération, ou PANG, en 2038, le CEMA a ainsi fait une liste non exhaustive des différentes capacités exclusives à ce navire, son groupe aérien embarqué, et son escorte, allant de la rupture d’un déni d’accès à la communication géopolitique, en passant par la transformation de la géométrie d’un espace de crise ou de conflit.

Le fait est, si le porte-avions fait toujours l’objet de nombreuses critiques, il est aussi doté de capacités opérationnelles, technologiques et politiques, qui en font un outil sans équivalent à disposition des états-majors et des autorités politiques, qui peuvent aisément justifier son existence, mais qui, dans le même temps, interrogent sur la nécessité d’un second navire pour assurer la permanence de ces mêmes capacités jugées uniques et indispensables

Sommaire

Trop vulnérable, trop cher… La pertinence du porte-avions remise (à nouveau) en question

Ces dernières années, la pertinence du porte-avions a été fréquemment remise en cause, en France comme aux États-Unis, y compris au sein des armées. Pour ses détracteurs, le porte-avions est désormais un outil obsolète, trop vulnérable pour représenter un atout opérationnel. Cette perception a été accrue avec l’apparition des missiles balistiques antinavires, ou AShBM, comme le DF-21D et le DF-16 chinois, et surtout le missile hypersonique antinavires 3M22 Tzirkon russe.

missile AShBM DF-25 chine
Le missile balistique antinavire AShBM DF-26 chinois a une portée de plus de 4000 km. Son profil de vol le met toutefois à porté des Sm-3 et Sm-6 qui protégent les porte-avions de l’US Navy.

Présentés comme imparables par certains, ces nouveaux missiles seraient, en effet, capables d’atteindre une cible majeure, comme un porte-avions ou un grand navire amphibie, à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de kilomètres, sans qu’il soit possible de s’en protéger.

En outre, les investissements nécessaires pour concevoir, construire et mettre en œuvre un porte-avions moderne, son groupe aérien embarqué, et son escorte de frégates, destroyers, navires logistiques et sous-marins, pourraient, toujours selon ses détracteurs, être bien mieux employé dans d’autres domaines, également sous tension.

Les questions concernant l’arbitrage budgétaire ont une évidente légitimité, le porte-avions est avant tout un outil portant une importante dimension politique, et c’est au niveau politique qu’il doit être arbitré, pour décider s’il est préférable d’avoir un GAN opérationnel, ou cinq ou six escadrons de chasse, et les escadrons de soutien qui les accompagnent. La France et la Grande-Bretagne acceptent ce sacrifice. D’autres non.

En revanche, la question de la prétendue vulnérabilité du porte-avions face aux nouvelles menaces, n’est pas un enjeu. Certes, de nouveaux missiles antinavires sont apparus. Toutefois, leurs performances ne constituent, dans les faits, qu’une évolution des performances qu’avaient certains missiles plus anciens, notamment les missiles antinavires supersoniques soviétiques, qui évoluaient au-delà de Mach 1 en transit, et Mach 3 ou 4 en attaque finale.

Tu-22M3 Backfire C
Les bombardiers à long rayon d’action Tu-22M backfire sovéitique représentaient une menace considerable pour les porte-avions de l’US navy pendant la Guerre Froide. Paradoxalement, c’est au sein du Carrier Strike Group (qui s’appelait task Force alors), que la solution a été trouvée, avec le système AEGIS armant les destroyers, d’une part, et le missile AIM-54 Phoenix du F-14 Tomcat de l’autre.

Comme ce fut le cas dans les années 70, avec la conception du système AEGIS et du couple F-14 Tomcat/ AIM-54 Phoenix, pour contrer la menace que représentaient ces nouveaux missiles soviétiques, de nouveaux missiles et systèmes défensifs sont en développement pour contrer ces missiles balistiques, hypersoniques ou non, antinavires.

À ce titre, les destroyers américains ont déjà pu employer, avec succès, le nouveau missile SM-6 pour intercepter les AShBM Houthis en mer Rouge, ce qui tend à indiquer qu’ils seront aussi capables d’intercepter les DF-21D et DF-16, les fameux Tueurs de Porte-Avions chinois, qui avait tant fait couler d’encre il y a quelques années. Il est probable qu’un missile comme l’Aster 30 soit, lui aussi, d’une telle interception. Et il en va de même de la menace hypersonique.

En d’autres termes, si, comme l’a reconnu le général Burkhard , il n’est plus possible, aujourd’hui, de revendiquer la supériorité technologique sur un espace de conflictualité, naval ou autre, le porte-avions n’est pas plus exposé ou vulnérable qu’il ne l’était auparavant, tout en conservant des capacités exceptionnelles.

La Groupe d’action naval, un outil d’une polyvalence inégalée

Ces atouts uniques sont au nombre de quatre. Le premier d’entre eux, repose sur la polyvalence sans équivalent, d’un porte-avions et de son Groupe d’Action Navale à la mer. Cette polyvalence a été démontrée, ces dernières semaines, par le déploiement de l’USS Eisenhower en Méditerranée et au Proche-Orient.

USS Eisenhower Golfe d'Aden
Le porte-avions américain USS Eisenhower dans le Golde d’Aden.

Initialement, la mission de Carrier Strike Group de l’Eisenhower, était d’effectuer une démonstration de forces au large des côtes israéliennes, suite à l’attaque du 7 octobre, pour contenir le conflit et empêcher son extension. Après quoi, il fut envoyé dans le golfe d’Aden, d’abord pour protéger les navires commerciaux des frappes Houthis, puis pour mener des frappes contre ces mêmes infrastructures Houthis desquelles les missiles étaient lancés.

De fait, au cours d’un même déploiement, le navire, son groupe aérien embarqué, et son escorte, ont effectué plusieurs missions de nature très différentes, aussi bien offensives que défensives, et même purement géopolitiques.

En effet, le groupe aérien du porte-avions, ses moyens propres et ceux de son escorte, confèrent au groupe d’action naval une polyvalence supérieure à celle de n’importe quelle unité navale, et même aérienne, susceptible non seulement de remplir un très vaste panel de missions, mais de les remplir simultanément ou successivement lors d’un même déploiement.

La capacité à durer d’un porte-avions au combat

Non seulement le porte-avions est-il d’une polyvalence inégalable, mais il dispose, en outre, d’un atout remarquable, sa capacité à durer au combat. En effet, contrairement à la plupart des navires militaires, le porte-avions a la possibilité de régénérer, voire de remplacer dynamiquement ses moyens offensifs et défensifs, au cours d’un même déploiement.

USS America CVA-66
L’USS America a maintenu une posture opérationelle pendant 292 jours face au nord vietnam entre 1972 et 1973, et participa activement à l’opération Linebaker II.

Ainsi, si l’Armée de l’Air et de l’Espace était parvenue à effectuer, avec l’ide de frégates de la Marine nationale, l’opération Hamilton contre les infrastructures chimiques syriennes, en avril 2018, celle-ci aurait été incapable de mener des frappes de même type dans la durée.

En effet, chaque mission ayant une durée de plus d’une dizaine d’heures, et mobilisant un grand nombre d’avions de soutien pour accompagner les Rafale et Mirage 2000-5 de la métropole jusqu’à la Méditerranée Orientale, l’Armée de l’Air serait rapidement arrivée à court de son potentiel au bout de quelques missions seulement.

À l’inverse, le porte-avions peut maintenir une posture opérationnelle, beaucoup plus proche des cibles visées, et donc mener des frappes quotidiennes, tout en économisant le potentiel de vol de ses aéronefs, pendant plusieurs mois. Ainsi, l’USS America, CVA-66, a été déployé en mission opérationnelle au large des côtes vietnamienne, durant 292 jours, de juin 1972 à mars 1973.

Faute de disposer d’un allié acceptant l’utilisation de ses bases, comme c’était le cas pour les frappes contre la Syrie, la base aérienne française de Jordanie ne pouvant être employée pour cette mission, le porte-avions est le seul à pouvoir maintenir une pression constante et soutenue, sur le dispositif adverse.

L’adaptabilité intrinsèque du porte-avions pour répondre aux évolutions

Système de systèmes par excellence, le porte-avions et son groupe naval, se caractérise également par une très importante évolutivité, lui conférant de nouvelles capacités qui ne s’imaginaient peut-être pas, lors de son entrée en service.

USS Nimitz Carrier Strike Group
L’USS Nimitz a rejoint l’US Navy en 1975, et quittera celui-ci en 2025, après 50 ans de service à la mer. En 2023, il avait enregisté plus de 350 000 appontages.

Ainsi, le groupe aérien de l’USS Nimitz, entré en service en 1975, se composait initialement de F-4 Phantom 2, A-6 Intruder et A-7 Corsair II, à la sortie de la guerre du Vietnam. Il se compose, dorénavant, de F/A-18 E/F Super Hornet et C Hornet, de EA-18G Growler et de E-2C Hawkeye, lui conférant des possibilités sans commune mesure avec son groupe aérien initial. Ses sisterships emportent, quant à eux, le nouveau F-35C, et certains pourraient même accueillir le futur NGAD.

Son escorte, quant à elle, est passée des croiseurs Longbeach ou California, destroyers Spruance, frégates Knox et sous-marins Los Angeles, aux destroyers Arleigh Burke et croiseurs Ticonderoga armés du système antiaérien et antibalistique AEGIS et de missiles de croisière Tomahawk, et sous-marins Virginia. En outre, par son volume et sa capacité énergétique, le porte-avions lui-même est une plate-forme nativement conçue pour être évolutive.

Ainsi, le Charles de Gaulle français s’est vu doté, au fil des années, de nombreuses capacités nouvelles, alors qu’à l’occasion de sa prochaine phase de modernisation, il recevra le nouveau radar AESA à face plane Sea Fire 500 de Thales, lui permettant de contrôler un espace aérien sur 350 km de rayon, étendues par les capacités de détection des nouvelles frégates FDI, elles aussi, équipées du même radar, et du nouvel avion radar E-2D Hawkeye.

Cette capacité à évoluer, et à intégrer de nouveaux moyens pour répondre à l’évolution de la menace sur les différents espaces de conflictualité, est, à ce titre, présentée comme l’un des enjeux clés du développement du nouveau porte-avions nucléaire PANG de la Marine nationale, par le CEMA lui-même.

La visibilité du porte-avions, un atout majeur dans la guerre de communication et la communication de guerre

Enfin, le porte-avions peut se parer d’une dernière vertu, que très peu de moyens militaires peuvent égaler, tout au moins dans le domaine conventionnel. En effet, au-delà de son potentiel offensif et défensif global, et de sa capacité à faire peser une menace constante sur l’adversaire, le porte-avions a un atout majeur dans la guerre moderne : il dispose d’une visibilité aussi importante que modulable.

CV-18 Fujian
Le Fujian, le nouveau porte-avions chinois de pr§s de 80 000 tonnes, montre incontestablement que la confiance dans le potentiel opérationnel du porte-avions, n’est pas un iais occidental.

Ainsi, l’envoi d’un porte-avions et de son escorte, à proximité d’un espace de crise, constitue aujourd’hui un message politique et diplomatique d’une immense portée, qui ne peut, objectivement, être dépassée que par le déploiement de missiles à capacités nucléaires, ou d’une force armée conventionnelle considérable.

Il s’agit, pour les pays qui disposent de cet outil, souvent du dernier avertissement précédant une frappe massive, qui d’ailleurs a fréquemment eu les effets escomptés, y compris contre des pays vindicatifs, comme l’Iran, la Syrie, la Libye, ou la Corée du Nord. Dans la même temps, par sa grande mobilité, le porte-avions sait aussi se faire discret, lorsque cela est nécessaire.

Conclusion

Bien que remis en cause par certains, le porte-avions demeure, aujourd’hui, un outil sans équivalent en matière de guerre navale, et ce, dans de nombreux domaines. Par sa polyvalence, sa capacité à durer, son évolutivité et sa visibilité, il confère aux pays qui en disposent, et à leur marine, un potentiel opérationnel et politique unique pour agir sur une crise, ou un conflit ayant une dimension navale.

PANG
Si l’avenir du Porte-avions de Nouvelle Génération, ou PANG, est dorénavant assuré, celui d’un éventuel sister-ship, ou d’un second navire d’une classe différente, semble des plus éloigné.

Reste qu’il s’agit d’un outil onéreux, que l’on peut aisément comparer, à l’autre bout du spectre naval, avec les sous-marins à propulsion nucléaire, aussi discrets, invisibles et spécialisés que le porte-avions est ostentatoire, visible et polyvalent. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce sont les pays qui disposent, également, de ce type de sous-marins qui, par ailleurs, alignent les porte-avions les plus importants.

Reste qu’en France, si la question du remplacement du Charles de Gaulle par le PANG, ne semble plus se poser, celle de la construction d’un second navire, de même type, ou de dimensions plus réduites, et doté d’une propulsion conventionnelle, pour en optimiser les couts et le potentiel export, ne semblent pas, non plus, sérieusement considérée, alors qu’un unique navire ne permet d’en avoir la jouissance opérationnelle que 40 à 50% du temps, dans le meilleur des cas.

Pourtant, si le porte-avions est paré effectivement de toutes les vertus énumérées par le général Burkhard, il y a quelques jours, la question d’en disposer en permanence, et donc de la construction d’un second navire, semble avoir une réponse positive évidente.

Porte-avions américains, français et britannique
Les porte-avions américains USS JOHN C. STENNIS et USS Kennedy, le Charles de Gaulle français, et le porte-hélicoptères britanniques HMS Ocean lors d’une parade navale.

En outre, en dépit des surcouts engendrés par une telle décision, des solutions existent précisément pour en réduire les effets de captation sur les autres budgets des armées, comme la coopération internationale européenne, avec des pays comme la Belgique et les Pays-Bas, dont les frégates escortent fréquemment le Charles de Gaulle ces dernières années.

Il faudra donc, dans un avenir proche, mettre en cohérence les positions et les besoins opérationnels, avec les ambitions politiques, et surtout avec les moyens conférés aux armées, en particulier dans ce domaine.

Article du 2 février en version intégrale jusqu’au 21 aout 2024

Le gouvernement américain approuve la vente d’avions de combat F-15EX à Israël pour 18 milliards de dollars

Le gouvernement américain approuve la vente d’avions de combat F-15EX à Israël pour 18 milliards de dollars


 

 

 

 

 

 

 

 

En janvier 2023, le ministère israélien de la Défense confirma son intention de se procurer 25 chasseurs-bombardiers F-35I supplémentaires ainsi que 25 avions de combat F-15EX « Eagle II » [désignés F-15IA Ra’am II dans la nomenclature israélienne]. Il était aussi question de porter 25 anciens F-15I à ce nouveau standard.

Seulement, après l’attaque terroriste lancée par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, des tensions sont apparues entre l’administration du président Joe Biden et le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, la première estimant que la riposte contre les groupes armés palestiniens de la bande de Gaza allait trop loin.

Ainsi, en mars, au Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis permirent l’adoption d’une résolution exigeant un « cessez-le feu immédiat » à Gaza durant le mois de ramadan. Puis, quelques semaines plus tard, alors que Tsahal s’apprêtait à lancer une opération à Rafah, le président Biden exprima son désaccord en annonçant que la livraison de certaines munitions à Israël allait être suspendue.

Pour autant, il n’était pas question pour Washington de remettre en question les livraisons potentielles d’avions de combat à Israël. En avril, CNN et l’agence Reuters rapportèrent que le gouvernement américain était sur le point d’autoriser la vente de 50 F-15EX [ou F-15IA] et la modernisation de 25 F-15I pour un montant estimé à plus de 18 milliards de dollars. Mais avant de publier un avis pour obtenir l’aval du Congrès, l’administration Biden a d’abord voulu prendre la température auprès des élus les plus influents.

Quant à la demande israélienne concernant les 25 F-35I supplémentaires, elle n’avait pas besoin de faire l’objet d’une notification au Congrès. Aussi, un accord a été trouvé en juin dernier. D’une valeur d’environ 3 milliards de dollars, il doit être financé par le programme américain de financement militaire étranger [FMF] dédié à Israël, doté de 38 milliards pour la période 2019-28.

Finalement, le dossier des F-15EX/IA s’est débloqué le 13 août, avec la publication par la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains], d’un avis recommandant au Congrès d’accepter la vente de 50 appareils ainsi que celle de kits de modernisation à mi-vie pour 25 F-15I [désignés F-15I+].

« Les États-Unis sont attachés à la sécurité d’Israël et il est essentiel pour les intérêts nationaux américains de l’aider à développer et à maintenir une capacité d’autodéfense forte et opérationnelle. La vente proposée est conforme à ces objectifs », a justifié la DSCA dans son avis. « L’intégration des F-15IA au sein de l’aviation de combat israélienne améliorera son interopérabilité avec les systèmes américains et renforcera ses capacités pour faire face aux menaces ennemies actuelles et futures », a-t-elle ajouté.

Pour rappel, développé par Boeing, le F-15EX est doté de deux nouveaux moteurs F110-GE-129, de commandes de vol électriques, d’un radar à antenne active [AESA] APG-82(V)1, d’un capteur IRST, d’une suite de guerre électronique EPAWSS [Eagle Passive/Active Warning Survivability], d’un ordinateur de mission ADCP-II [Advanced Display Core Processor-II], d’un cockpit numérique, et d’une liaison de données lui permettant de communiquer avec le F-35.

Par ailleurs, la DSCA a également approuvé cinq autres ventes potentielles concernant Israël, à savoir 30 missiles air-air AIM-120C-8 AMRAAM [Advanced Medium-Range Air-to-Air Missile] pour 102,5 millions de dollars, près de 33’000 obus de 120 mm pour 774,1 millions de dollars, 50’000 obus de mortier M933A1 de 120 mm pour 61,1 millions de dollars et un nombre non précisé de véhicules tactiques de type M1148A1P2 pour 583,1 millions de dollars.

Le contrat des 26 Rafale M et B pour la Marine indienne certainement signé avant la fin de l’année.

Le contrat des 26 Rafale M et B pour la Marine indienne certainement signé avant la fin de l’année.

L’annonce faite par Narendra Modi concernant l’acquisition de 26 Rafale M et B pour l’Indian Navy, avait été l’un des moments forts de la visite du premier ministre indien en France, à l’occasion des célébrations du 14 juillet 2023.

Depuis, toutefois, les autorités indiennes et françaises ont été très discrètes quant aux progrès réalisés dans les négociations, qui portent également sur l’achat de trois sous-marins Scorpene de la classe Kalvari supplémentaires.

Il semble, désormais, que cette dynamique soit proche de sa conclusion. En effet, selon la presse indienne, citant des déclarations d’officiels de la Marine indienne, les négociations ce sujet auraient progressé ces dernières semaines, et le contrat pourrait être signé, d’ici à la fin de l’année 2024.

Sommaire

Les négociations pour l’acquisition des Rafale M et B par la Marine indienne retardées de plusieurs mois par les élections législatives indiennes

Les négociations entre Paris et New Delhi, au sujet des deux contrats majeurs annoncés lors de la visite de Modi en France autour du 14 juillet 2023, ont été, selon les sources, ralenties, voire suspendues, par la campagne électorale pour les élections législatives indiennes, qui se sont tenus les 19 avril et 1ᵉʳ juin 2024.

narendra Modi Emmanuel macron Paris 2023
La commande de 26 Rafale, dont 22 Rafale M et 4 biplaces, pour la Marine indienne, a été annoncée à l’occasion de la visite officielle de Narendra Modi en France en 2023.

Si la coalition de l’Alliance Démocratique Nationale (NDA) a conservé, à l’issue des élections, une majorité à la chambre basse indienne, avec 293 des 543 sièges de députés, sa principale force politique, le Bharatiya Janata Party de Narendra Modi, sa principale composante, n’a obtenu que 240 sièges, contre 300 lors de la précédente magistrature, perdant de fait la majorité absolue parlementaire.

Quoi qu’il en soit, Narendra Modi a conservé, pour cinq ans, son poste de premier ministre à la tête du pays, permettant aux négociations de reprendre avec Paris, que ce soit au sujet des Rafale, et des trois sous-marins Kalvari, pour la Marine indienne.

À ce sujet, selon la presse indienne, des progrès significatifs ont été réalisés ces dernières semaines, permettant de fixer, notamment, la configuration des 22 Rafale M et des 4 Rafale B indiens, comme l’ensemble des services, munitions et pièces détachées, qui accompagneront les chasseurs indiens au sein de l’Indian Navy.

Un contrat de 4 Md€ et un appareil proche du standard des Rafale B/C des forces aériennes indiennes

Selon les sources citées, le contrat définitif, d’un montant proche de 4 Md€, pourrait être finalisé dans les mois à venir, pour une signature avant la fin de l’année 2024.

Rafale M
Le contrat des 26 Rafale M et B pour la Marine indienne certainement signé avant la fin de l’année. 9

Il faut, bien évidemment, prendre ces affirmations avec une certaine réserve. En effet, la presse indienne a souvent relayé des affirmations excessivement optimistes, ne s’étant pas vérifiées dans les faits. En outre, la situation politique tendue en France, peut, à son tour, ralentir les négociations avec New Delhi.

Pour autant, l’Inde étant un partenaire stratégique pour Paris, ne faisant pas l’objet de dissensions politiques au sein des forces en présence lors des élections législatives à venir, on peut supposer que si délais, il y a, ceux-ci seront limités, personne n’ayant intérêt à faire dérailler une telle commande de la part de New Delhi.

Parmi les informations diffusées par la presse indienne, figure notamment les évolutions des Rafale M indiens, vis-à-vis des appareils en service au sein de la Marine nationale. En effet, les chasseurs embarqués indiens emporteront des équipements supplémentaires, pour l’essentiel identiques à ceux qui équipent les Rafale B/C de l’Indian Air Force.

Il s’agit, notamment, du viseur à casque, certainement le Targo II de l’israélien Elbit System, des systèmes de brouillages et de guerre électronique spécifique, ou encore une évolution des logiciels pour permettre la mise en œuvre à bord des porte-avions indiens.

Rafale M lors des essais sur Ski Jump à Goa
Ce cliché montre un Rafale M lors des essais sur Ski Jump à Goa, en configuration lourde, avec 2 Mica IR, 2 Mica EM, 2 meteor, un AM39 exocet et deux bidons subsonique de 2000 litres.

En termes d’armement, il est aussi probable que la panoplie qui évoluera sous les ailes des Rafale Marine indiens, sera proche de celle de l’IAF, avec des missiles air-air METEOR et MICA (NG ?), des bombes A2SM Hammer, des missiles de croisière SCALP et, version navale oblige, des missiles antinavires AM39 Exocet, observé sous l’aile du Rafale M envoyé en Inde pour les essais d’utilisation du Ski Jump.

Le Rafale M indien opèrera à partir de tous les porte-avions de la Marine indienne

Si l’article de theprint-in, n’est pas très détaillé au sujet de cette configuration, n’abordant pas, par exemple, le standard de livraison de Rafale M indien (certainement F4.x, permettant une évolution vers F5), il donne toutefois une information intéressante, et même surprenante.

En effet, jusqu’ici, les Rafale de la Marine Indienne, étaient censés être mis en œuvre à bord de l’INS Vikrant, le porte-avions de conception et fabrication indienne, livré à l’Indian Navy en septembre 2022.

Or, dans l’article, il est précisé que les modifications logicielles demandées, permettront aux chasseurs embarqués de Dassault Aviation, d’embarquer à bord de tous les porte-avions indiens.

Cette déclaration suppose donc que les appareils pourront aussi être déployés à bord de l’INS Vikramaditya, un porte-aéronefs de conception soviétique appartenant à la classe Kiev, et profondément modifié pour mettre en œuvre des chasseurs embarqués à l’aide d’un tremplin Ski Jump et de brins d’arrêt.

Marine indienne INS Vikrant
Jusqu’ici, les Rafale M indiens devaient armer uniquement l’INS Vikrant, kle nouveau porte-avions indiens. Il semble qu’ils pourraient aussi embarquer à bord de l’INS Vikramaditya, dérivé du la classe Kiev soviétique.

Ceci laisse supposer que les Rafale M indiens pourraient, à termes, remplacer les MIG 29K qui forment le groupe aérien embarqué de ce porte-aéronefs de 45000 tonnes et de 284 mètres, construit dans les années 80, mais entré en service au sein de l’Indian navy en 2014, après dix années de transformation.

Une maintenance et une formation probablement mutualisée en partie avec les forces aériennes indiennes

Autre sujet d’intérêt détaillé dans l’article, la visite d’une délégation de la Marine indienne sur la base aérienne de Ambala, proche de la frontière Pakistanaise, qui abrite l’un des deux escadrons de Rafale de l’IAF.

L’objectif de cette visite était d’étudier les synergies possibles entre la Marine indienne et les forces aériennes indiennes, concernant la maintenance et la formation des équipages et personnels de maintenance des deux forces.

La proximité de configuration des versions terrestres et marines du Rafale indien, constituera, sans le moindre doute, un précieux atout dans ce domaine, y compris pour la gestion des stocks de pièces détachées et de munitions, ainsi que la régénération des appareils et des moteurs, avec, à la clé, d’importantes économies concernant les couts de possession des chasseurs.

Des négociations de bon augure pour le programme MMRCA 2

Ces similitudes entre les versions terrestres et navales, permettant des économies significatives en matière de couts de configuration des appareils désirés par les armées indiennes, ainsi que les synergies en matières de maintenance et de formation des appareils, y compris par l’industrie aéronautique indienne, déjà impliquée dans le processus, constituent de très sérieux points forts concernant les chances du Rafale de s’imposer dans la compétition MMRCA 2, pour le remplacement des Jaguar indiens.

Rafale indian air force
Les Rafale B et C de l’Indian Air Force ont subi de nombreuses modifications pour répondre aux besoins indiens. Modifications qui seront en grande partie reprise pour le Rafale M indiens, et qui ne seront pas à financer, si le chasseur français était choisi pour le programme MMRCA 2.

Rappelons que cette compétition, lancée en 2018, concerne l’acquisition de 110 chasseurs bombardiers polyvalents moyens à destination de l’IAF, destinés à remplacer les Mirage 2000 et Jaguar, à partir de 2030. Elle fait suite à la compétition MMRCA, lancée en 2001, remportée en 2012 par le Rafale, mais annulé en 2015, après que Dassault Aviation et HAL, l’avionneur d’état indien, au sujet des procédures de fabrication et de garanties.

Le contrat a été remplacé par l’achat de 36 Rafale B et C, fabriqués en France, destinés à remplacer partiellement le retrait des MIG-27 et MIG-21 indiens, ainsi qu’à porter la composante aérienne de la dissuasion indienne.

Ce contrat de 8 Md€, prévoyait, notamment, l’évolution du Rafale en y intégrant certaines technologies exigées par l’IAF, comme le viseur à casque Tagos II israélien, ou le leurre tracté X-Guard. En outre, une base de maintenance, permettant d’assurer le soutien d’une flotte de 150 chasseurs, a également été construite.

Ces investissements ont certainement joué un rôle dans le choix indien de se tourner vers le Rafale M plutôt que vers le F/A-18 E/F Super Hornet proposé par Boeing, avec des couts sensiblement inférieurs concernant l’achat et la maintenance des appareils.

RAfale maintenance
Le contrat des 26 Rafale M et B pour la Marine indienne certainement signé avant la fin de l’année. 10

De la même manière, les infrastructures déployées autour de la première commande Rafale pour l’Indian Air Force, et l’effet de masse généré par la décision de l’Indian Navy de se tourner vers le Rafale M, auront une influence sensible considérant les couts d’acquisitions et de maintenance des 110 chasseurs du programme MMRCA 2.

En effet, en tenant compte de l’inflation, les économies potentielles attendues, concernant les investissements déjà réalisés, sur le programme MMRCA, représentent aujourd’hui 4 à 5 Md€. Rapporté à 110 cellules, ce montant représente un écart de prix de 36 à 45 m€ par appareil, mettant le Rafale B/C à un prix d’acquisition presque moitié moins élevé que le Typhoon et le F-15EX, 40 % de moins que le KF-21 Boramae, 30 % plus économique que le JAS 39 Gripen E/F et que le Su-35s, ce dernier ayant, toutefois, peu de chances d’être choisi, pour ne pas provoquer l’ire de Washington et le déclenchement de sanctions au travers de la législation CAATSA.

Sachant qu’autour de ce contrat, s’articulent également des négociations avec le français Safran, pour le développement d’un turboréacteur de nouvelle génération pour propulser les nouveaux chasseurs indiens, le Rafale fait, aujourd’hui, office de favori dans cette compétition, dont le statut et le calendrier demeurent cependant incertains.

Article du 27 juin en version intégrale jusqu’au 17 aout 2024

Il manque 95 avions de chasse à l’Armée de l’Air et de l’Espace, et 12 à l’Aéronautique Navale française.

Il manque 95 avions de chasse à l’Armée de l’Air et de l’Espace, et 12 à l’Aéronautique Navale française.

Depuis la fin de la guerre froide, la flotte de chasse de l’Armée de l’air et de l’Espace, a été divisé par trois, passant de plus de 600 Mirage F1, Mirage 2000 et Jaguar, à moins de 200 Rafale et Mirage 2000D et -5F. La flotte de l’Aéronautique navale a, elle aussi, subi une sévère cure d’amaigrissement, passant de 80 Super-Étendard, F-8 Crusader et Étendard IVP, a seulement 40 Rafale M.

Cette réduction de format a souvent été critiquée, par les spécialistes du sujet, ainsi que par certains parlementaires, et même, plus récemment et de manière plus feutrée, par les états-majors eux-mêmes. Ainsi, l’Armée de l’Air et de l’Espace estime, publiquement, qu’il lui faudrait « au moins », 225 avions de combat, pour répondre à son contrat opérationnel.

Toutefois, le format optimal de la chasse française semble, aujourd’hui, davantage une question de négociations politiques et budgétaires, que le résultat d’un raisonnement objectif, face aux besoins auxquels l’Armée de l’Air et l’Aéronavale doivent être en mesure de répondre.

Dans cet article, nous tenterons de mener ce raisonnement, et de déterminer quel serait ce format, nécessaire et suffisant, pour permettre à la chasse française, de remplir pleinement et efficacement ses missions présentes et à venir. Comme nous le verrons, le format actuel apparait très sous-estimé.

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Le format de la flotte de chasse française aujourd’hui, son origine et son contrat opérationnel

Ce format, justement, quel est-il, et d’où vient-il ? Aujourd’hui, le LPM 2024-2030 vise à amener la flotte de chasse française à 225 avions de combat, avec 185 chasseurs pour l’Armée de l’Air et de l’Espace, et 40 pour l’Aéronautique navale.

Armée de l'air et de l'Espace Rafale Mirage 2000D
Il manque 95 avions de chasse à l’Armée de l’Air et de l’Espace, et 12 à l’Aéronautique Navale française. 7

Ce format a été fixé par la Revue Stratégique 2022, elle-même reprenant ce format de la Revue Stratégique 2018, qui servit de support à la création de la LPM 2029-2025 précédente. Là encore, ce n’est pas la Revue Stratégique 2018 qui fixa ce format, puisqu’elle avait pour consigne de reprendre l’ensemble des formats des forces, définis par le Livre Blanc de 2013.

C’est, en effet, ce Livre Blanc qui établit, pour la première fois, ce format à 225 avions de combat, avec la répartition 185/40 entre l’AAE et la Marine nationale. Pour arriver à ce résultat, les concepteurs de ce Livre Blanc, qui avaient pour ligne directrice de réduire autant que possible le format des forces armées françaises, fixèrent un contrat opérationnel relativement simple aux deux forces aériennes.

Pour l’AAE, il fallait être en mesure de garantir la projection de 15 avions de combat, y compris sur des bases distantes, comme ce fut le cas au Niger et en Jordanie, pour soutenir les forces françaises et alliées, déployées dans le Sahel ou en Irak et en Syrie. En outre, l’AEE devait assurer la disponibilité de la composante aérienne de la dissuasion française, avec deux escadrons équipés de Rafale. La Marine nationale, elle, devait permettre d’armer de 18 chasseurs le porte-avions Charles de Gaulle, pour deux déploiements de deux mois par an.

Cette réduction des formats permettait, par ailleurs, de réduire sensiblement les besoins de formation et d’entrainement des équipages, ainsi que les stocks de munitions, d’autant que la principale menace conventionnelle alors envisagée, concernait des conflits dissymétriques, en Afrique ou au Moyen-Orient, avec une menace très réduite sur les appareils eux-mêmes, et une pression opérationnelle relativement réduite pour les forces déployées.

La pression opérationnelle sur la chasse française depuis 2014, sensiblement supérieure à celle estimée par le Livre Blanc 2013

Bien évidemment, cette pression opérationnelle, depuis 2013, n’a absolument pas respecté la planification du Livre Blanc. L’Armée de l’Air et de l’Espace a ainsi dû, à plusieurs reprises, déployer vingt à trente appareils de combat en missions extérieures, y compris en Europe. Le porte-avions, quant à lui, a souvent largement dépassé les quatre mois de mer par an prévus, avec un record de 8 mois à la mer pour l’année 2019, avant son IPER.

RAfale Gripen AAE
Il manque 95 avions de chasse à l’Armée de l’Air et de l’Espace, et 12 à l’Aéronautique Navale française. 8

Si les armées françaises ont largement allégé leur dispositif en Afrique ces dernières années, le dispositif au Levant, lui, reste inchangé, alors que l’évolution des tensions, et des guerres, en Europe et dans le Pacifique, ont amené à de nouveaux déploiements particulièrement gourmands en potentiel de vol des appareils comme des équipages.

À ce sujet, justement, il est apparu que les appareils déployés, tendaient à consommer beaucoup plus rapidement leur potentiel de vol, par rapport aux appareils employés en France pour les missions d’entraînement et de Police du Ciel, d’un facteur allant de 2 à 3.

Comme tous les avions, civils ou militaires, les avions de chasse doivent respecter une procédure de maintenance très stricte, ponctuée de grandes visites, au bout d’un certain nombre d’heures de vol, durant lesquelles les appareils sont presque entièrement démontés et rassemblés, pour en garantir le bon fonctionnement à venir.

De fait, ces grandes visites rendent indisponibles chaque appareil pour plusieurs mois, et sont d’autant plus rapprochées, que les appareils volent beaucoup, en particulier en déploiement extérieur, et lors des missions opérationnelles.

40 avions de chasse promis par la France à l’OTAN, en cas de tensions ou de conflit

Si la pression opérationnelle a considérablement évolué ces dernières années, la guerre en Ukraine, et les fortes tensions entre l’OTAN et la Russie, ont amené à réviser le paramètre clé, au cœur de la construction même du format nécessaire et suffisante, de la flotte de chasse française.

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Il manque 95 avions de chasse à l’Armée de l’Air et de l’Espace, et 12 à l’Aéronautique Navale française. 9

En effet, la France s’est engagée, depuis son retour dans le Commandement intégré de l’OTAN, à fournir à l’Alliance, en cas de conflit, 40 avions de chasse prêts au combat. Cet engagement n’est pas nouveau, mais les évolutions géopolitiques récentes, en ont fait évoluer le statut.


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La Chine développerait un char moyen de nouvelle génération sans équivalent en occident

La Chine développerait un char moyen de nouvelle génération sans équivalent en occident

Ces dernières semaines, l’actualité du char de combat, allant du char léger au char lourd, avec le retour du char moyen, a été particulièrement riche, avec le lancement du développement du M1E3 Abrams américain, les avancées réalisées concernant le programme MGCS européen, ou encore les détails donnés autour du Leopard 2AX de KNDS.

Celle-ci fait naturellement écho au rôle déterminant que joue le char de combat dans la guerre en Ukraine, avec parfois des constats sévères sur certaines certitudes qui avaient cours jusqu’ici en occident.

De fait, face aux déboires rencontrés en Ukraine par le M1A1 américains, les Challenger 2 britanniques, et dans, une moindre mesure, les Leopard 2 allemands, les nouveaux programmes occidentaux, comme le M1E3, le MGCS et même le T-14 russe, visent tous une masse au combat plus réduite, de l’ordre de 50 à 55 tonnes, plutôt que 65 à 70 tonnes.

La Chine n’était pas, jusqu’ici, en pointe, dans le domaine du char de combat. Ainsi, bien que jugé très capable et performant, le Type 99A, son char le plus performant et le plus moderne, n’a été produit qu’à 600 exemplaires. L’état-major chinois donnait, en effet, la priorité aux forces aériennes et navales, en matière de modernisation.

Entré en service en 2011 et parfaitement moderne, on aurait pu penser que ce char aurait représenté le pilier de la réponse chinoise dans ce domaine, pour plusieurs décennies, sous couvert d’améliorations continues. C’est pourtant un char très différent, et, en de nombreux points, sans équivalent en occident, qui a récemment été photographié aux couleurs de l’Armée Populaire de Libération.

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Type 96, Type 99A et Type 15 : les chars de l’Armée Populaire de Libération ont beaucoup progressé ces dernières décennies

Si la composante terrestre de l’Armée Populaire de Libération demeure la plus volumineuse armée de la planète, avec un million de soldats d’active, son parc de chars de combat peut sembler, quant à lui, relativement modeste.

char de combat Type 96
Si le Type 99A est le char chinois le plus moderne, c’est le Type 96 qui constitue la colonne vertebrale de son parc de chars lourds.

En effet, celui-ci se compose, aujourd’hui, de 4 500 chars de combat, parmi lesquels 600 Type 99A, la version la plus moderne, d’une masse au combat de 55 tonnes, armée d’un canon de 125 mm, et équipée, semble-t-il, d’un système de défense soft-kill. S’y ajoutent 600 Type 99, qui le précèdent, d’une masse de 51 tonnes, disposant d’un armement similaire, mais d’une électronique embarquée moins évoluée.

Le gros du parc chinois est constitué de 2500 chars moyens Type 96, un blindé conçu dans les années 90, d’une masse au combat allant de 40 à 45 tonnes, et d’une génération comparable à celle des T-72 soviétique, bien que très différent dans l’aspect. Armé d’un tube de 125 mm, ce char sert de base au VT4, le modèle d’exportation proposé par Pékin.

Depuis 2018, l’APL s’est également doté de 500 chars légers Type 15, un blindé de 33 à 36 tonnes au combat, armé d’un canon de 105 mm, spécialement conçu pour les missions de reconnaissance armée, mais aussi pour opérer sur les terrains difficiles impraticables par des chars plus lourds, comme sur les plateaux du Ladakh indien, ou dans les espaces subtropicaux, de la Mer de Chine du Sud.

Enfin, les armées chinoises disposent d’un millier de chars beaucoup plus anciens, comme les Type-88 et Type-79, faisant office de réserve, mais destinés à être progressivement remplacés.

chr léger Type 15 APL
Le char léger Type 15 a été spécialement conçu pour opérer sur les hauts plateaux himalayens le long de la ligne de frontière avec l’Inde.

Jusqu’à présent, donc, la flotte de chars chinois, n’était pas très différente, dans sa constitution, comme dans son évolution, des flottes russes ou occidentales, avec notamment une augmentation sensible de la masse, de la protection, de la létalité et donc, du prix, au fil des nouvelles versions.

Le cliché publié il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux chinois, montrant un char de combat d’une conception en profonde rupture avec ces paradigmes, pourrait cependant indiquer que l’Armée Populaire de Libération, aurait pris une trajectoire beaucoup plus radicale, concernant les paradigmes appliqués à la conception de son nouveau char de bataille.

Un nouveau char moyen apparu sur les réseaux sociaux chinois

Pour l’heure, en dehors de ce cliché et des informations relayées sur les réseaux sociaux chinois, les données le concernant sont très limitées. Il est vrai que depuis 2019, Pékin se montre particulièrement attentif quant aux informations sur ses capacités industrielles défense et leur production, ce qui tend à créer un épais voile d’opacité autour de ses programmes militaires.

Quoi qu’il en soit, selon ces informations, ce nouveau char aurait une masse au combat de l’ordre de 35 tonnes, comme le Type 15. Il serait, également, armé d’un canon de 105 mm, comme le char léger chinois. Pourtant, il ne s’agirait pas d’un nouveau char léger, mais d’un char moyen, destiné à opérer en première ligne dans les combats de haute intensité.

Char Type-23-chine-apl
Une autre photo du nouveau char moyen observé en Chine.

Pour cela, il semble que les inégénieurs chinois soient partis d’une analyse comparable à celle publiée en décembre 2020 sur ce site, dans l’article « Les paradigmes du char de combat moderne sont-ils obsolètes ?« .

L’article préconisait, de manière synthétique, de s’appuyer sur une plus grande mobilité, les performances d’un système APS hard kill / soft kill, sur un armement principal plus léger complété par des missiles antichars et antiaériens, et sur un tourelleau téléopéré, pour obtenir, au final, les mêmes performances et survivabilité qu’un char lourd moderne, mais pour un prix beaucoup plus faible.

Ce sont précisément les paradigmes qui semblent avoir présidé à la conception de ce nouveau char moyen chinois, équipé d’un puissant APS pour assurer sa protection, d’une grande mobilité pour renforcer sa protection et sa létalité, et d’un armement complémentaire composé d’un canon de 105 mm pour engager les blindés moins protégés, de missiles antichars contre les chars lourds, et d’un RWS pour la protection rapprochée, notamment contre les drones.

Un profond changement de paradigmes sur la conception même de la fonction char de combat, adaptée au théâtre Indo-Pacifique

Contrairement aux chars M1E3, KF51 ou MGCS occidentaux, le nouveau char chinois ne s’appuie pas sur l’intégration linéaire des évolutions technologiques les plus récentes, notamment dans le domaine de l’automatisation et des nouveaux systèmes de détection, pour produire une version allégée, donc plus mobile, du Type 99A.

Il s’agit bien au contraire, d’une évolution profonde des paradigmes même du char de combat, avec une projection, à moyen termes, d’un usage relativement différent de ce que pourront faire les évolutions occidentales, ou même le T-14 Armata russe.

M1E3 US Army GDLS AbramsX
Le M1E3 américain pourrait être lourdement influencé par le démonstrateur AbramsX de GDLS.

Il semble, par exemple, que l’équipage du blindé ait été ramené à seulement deux personnes, un pilote et un commandant, rassemblés dans une cellule de survie au cœur du blindé, la tourelle étant, quant à elle, entièrement robotisée. Ceci laisse supposer qu’une grande partie de la charge de travail sera déléguée à des systèmes automatisés, mais aussi que le blindé ne sera pas conçu pour opérer dans la durée dans une zone de combat de haute intensité, ce qui serait trop éprouvant pour l’équipage.

Au contraire, il semble conçu pour des missions frappes à longue portée, grâce à ses missiles, et des tactiques de type Shoot&Scout, plutôt que de subir le feu adverse. Cette doctrine d’emploi, basée sur la mobilité, parait, en effet, adaptée aux engagements auxquels l’APL peut être exposée, que ce soit dans la chaine himalayenne, face à l’Inde, ou dans un environnement subtropical, radicalement différent, en Mer de Chine du Sud, autour de Taïwan, ou le long de la seconde chaine d’iles qui le bloque l’accès au Pacifique Sud et à l’Ocean indien.

Démonstrateur, prototype ou char de pré-série ?

Reste que, pour l’heure, le faible nombre d’informations attestées au sujet de ce nouveau char, ne donne qu’une idée superficielle de sa fonction potentielle à venir, au sein de l’APL, notamment sa place exacte, dans le parc de chars chinois, entre le Type 15 et le Type 99A.

Surtout, il est impossible, aujourd’hui, de déterminer avec exactitude, si le modèle observé constitue un char de pré-série, destiné à prochainement rejoindre les unités d’active de l’APL, ou le prototype d’un programme toujours en développement.

Char moyen Type 22 chine
Dernier cliché actuellement disponible concernant ce nouveau char moyen si original chinois.

Il peut même s’agir d’un démonstrateur technologique, comme il y en a de plus en plus en Chine, ce qui parfois induit des analyses précipitées quant à l’évolution des moyens de l’APL. Ce fut, notamment, le cas concernant l’observation d’un démonstrateur de corvette furtive ou des démonstrateurs de nombreux drones, voire de la plateforme expérimentale de porte-drones, qui n’a aucune capacité opérationnelle réelle.

Conclusion

Il faudra donc se montrer encore patient avant d’avoir une quelconque certitude concernant l’évolution du parc de chars chinois, et plus spécifiquement, pour ce qui concerne l’avenir de ce char moyen aux caractéristiques en rupture avec la trajectoire suivie par ailleurs, en occident comme en Russie.

Rien ne permet, en effet, d’assurer que ce modèle entrera bien en service au sein de l’APL, et encore moins qu’il viendra remplacer les chars lourds actuellement en service, même les modèles les plus anciens, proches en termes de masse.

Cela dit, il convient, aussi, de remarquer que la Chine a produit un nouveau modèle de char de combat sur chaque décennie depuis les années 70. Il est donc très probable qu’un nouveau modèle entrera en service sur la décennie en cours, d’autant que le Type 99A est entré en service au tout début des années 2010 (2011), comme le Type 99 qui le précédait, en 2001.

De fait, on peut effectivement s’attendre à ce qu’un nouveau char, baptisé Type 23 ou Type 24, c’est-à-dire conçu en 2023 ou 2024, apparaisse dans les années à venir au sein de l’APL. Dans ce contexte, il est, en effet, possible que ce char moyen aux paradigmes révolutionnaires, constitue les prémices de ce nouveau char à venir des armées chinoises. À suivre donc…

Article du 11 juin en version intégrale jusqu’au 12 aout 2024

Selon la SIMMT, le parc « hors ligne » des véhicules en dotation au sein des forces françaises a été divisé par deux

Selon la SIMMT, le parc « hors ligne » des véhicules en dotation au sein des forces françaises a été divisé par deux

https://www.opex360.com/2024/08/05/selon-la-simmt-le-parc-hors-ligne-des-vehicules-en-dotation-au-sein-des-forces-francaises-a-ete-divise-par-deux/


En 2006, l’armée de Terre mit en place une « Politique d’emploi et de gestion des parcs » [PEGP] afin d’optimiser l’utilisation de ses véhicules tout en rationalisant leur Maintien en condition opérationnelle [MCO] afin de trouver des marges de manœuvre budgétaires. Ce modèle était organisé selon quatre « pôles », à savoir « Entraînement », « Alerte », « Service permanent » et « Gestion », ce dernier concernant l’ensemble des matériels nécessitant des réparations ou devant subir un entretien programmé.

Puis, dans le cadre du plan stratégique « Au contact » élaboré par le général Jean-Pierre Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre, il fut décidé de procéder autrement avec la « politique de gestion des parcs au contact » [PAC], l’idée étant d’augmenter la dotation des régiments afin de faciliter leur préparation opérationnelle.

Désormais, il existe deux « familles » de parcs : le Parc en exploitation opérationnelle [PEO] et le Parc en immobilisation technique [PIT]. Connaître de la taille du second par rapport au premier permettrait d’avoir une idée de la disponibilité technique [DT] des matériels de l’armée de Terre, et partant, de son activité.

Or, cette donnée n’est plus publique et ne figure même plus dans les documents budgétaires publiés par le ministère de l’Économie et des Finances, comme les rapports annuels de performances ou encore les projets annuels de performances. Aussi, il est désormais impossible de vérifier si les mesures prises pour améliorer le MCO ont produit des effets.

Ayant passé quatre années à la tête de la Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels Terrestres [SIMMT], chargée de l’entretien de l’ensemble des véhicules du ministère des Armées, le général Christian Jouslin de Noray vient de donner quelques indications, à l’heure où il doit passer le relais au général Richard Ohnet.

« La maintenance terrestre répond aujourd’hui avec brio aux attentes des armées, directions et services. Pourtant les vents contraires ne l’ont pas épargnée. Elle a notamment dû affronter la crise sanitaire, la dégradation des flux mondiaux d’approvisionnement, le retrait du Sahel et la guerre en Ukraine », a d’abord tenu à rappeler le général Jouslin de Noray, dans un message diffusé le 1er août.

Malgré ces difficultés, les « résultats obtenus sont éloquents », a-t-il continué. Au point que, selon lui, la « disponibilité technique permet à nos forces de s’entraîner et de s’engager en opérations, à bon niveau et à coût maîtrisé », avec notamment un « parc hors ligne » qui a été « divisé par deux ». Faut-il comprendre que les véhicules passent désormais moins de temps en réparation que par le passé ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce résultat. Ainsi, pour la seule armée de Terre, la mise en service progressive des véhicules issus du programme SCORPION [blindés multirôles Griffon et Serval, engin blindé de reconnaissance et de combat Jaguar] ainsi que le remplacement du véhicule léger tout-terrain P4 par l’ACMAT VT4 en font partie. La fin des opérations au Sahel, très éprouvantes pour les matériels, également.

Mais à ces éléments conjoncturels s’ajoutent des considérations structurelles. Ainsi, le général Jouslin de Noray a mis en avant la « transformation numérique » de la SIMMT, avec l’entrée en service et la « modularisation » du système d’information « SIMAT », décrit comme étant un « véritable système d’armes du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres [MCO-T] ». Utilisé par les trois armées, il permet de connaître, en temps réel, l’état du parc, la disponibilité technique des matériels et de suivre l’évolution des réparations de ceux qui sont immobilisés.

« Nous disposons d’un des seuls systèmes d’information de l’État interfacé avec les systèmes d’information logistique de l’industrie privée. SIMAT finances a été développé de manière exemplaire, en moins d’un an. Des robots assistants administratifs nous appuient désormais et nous soulagent de nombreuses tâches chronophages », a souligné le général Jouslin de Noray.

« La numérisation des ateliers est aujourd’hui une réalité », s’est-il en outre félicité, en citant les apports de l’intelligence artificielle [avec, par exemple, le projet RORA – Reconnaissance d’Objet Rapide par intelligence] ainsi que ceux de la maintenance prédictive. « L’impression 3D [polymère et métallique], après avoir été résolument apprivoisée, tant dans ses aspects technologiques qu’organisationnels, passe actuellement à l’échelle », a-t-il relevé.

Par ailleurs, la SIMMT a également revu ses stratégies en matière de soutien, afin de « répondre au nouveau contrat opérationnel de nos armées », ce qui s’est traduit par la notification de « marchés novateurs et audacieux », censés engendrer « des gains de disponibilité et d’économies », a précisé son désormais ancien directeur central. Un effort a aussi été fait en matière de simplification des procédures et « l’ingénierie de la chaîne approvisionnement » a pris « un nouvel essor pour enclencher la constitution des stocks nécessaires », a-t-il conclu.

Avec le SAMP/T NG, le Mamba devient une bulle de défense multicouche antiaérienne, antibalistique et anti-drones dès 2025.

Avec le SAMP/T NG, le Mamba devient une bulle de défense multicouche antiaérienne, antibalistique et anti-drones dès 2025.

Lancé en 2021 par Paris et Rome, le Système Antiaérien Moyenne Portée Terrestre de nouvelle génération, ou SAMP/T NG, visait jusqu’à présent à des améliorations significatives du radar et du module d’engagement du Mamba, afin d’en étendre les performances de détection et de contrôle du système, notamment pour mettre en œuvre le nouveau missile antibalistique Aster 30 Block 1NT.

Il semble, désormais, que la nouvelle génération du système, sera bien plus évoluée qu’initialement annoncée, car elle pourra simultanément poser et contrôler des bulles de protection antibalistique et antiaérienne à longue, moyenne, courte et à très courte portée.

Ce faisant, le SAMP/T NG deviendrait un système de défense multicouche sans équivalent en Europe, et plus largement, en occident, pour assurer une défense intégrée contre un très large éventail de menaces, allant du missile balistique à la roquette d’artillerie, en passant par le planeur hypersonique, le missile de croisière et l’avion de combat.

 

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Le SAMP/T Mamba, un système antiaérien et antimissile qui a fait ses preuves en Ukraine

Conçu par la France et l’Italie, et entré en service en 2008, le SAMP/T Mamba a été le premier système antiaérien à moyenne portée européen. Il se compose d’un module d’Engagement, le cœur du système, accueillant 4 opérateurs, ainsi que d’un radar rotatif PESA Arabel conçu par Thales, et de 4 Modules de lancement, armés chacun de 8 missiles Aster 15 ou Aster 30.

Radar Arabel du SAMP/T Mamba
Le radar PESA Arabel de Thales dy système SAMP/T Mamba

Il permet de poser une bulle de protection de 200 km de rayon autour du radar Arabel contre des cibles de type aéronefs non furtifs évoluant au-dessus de l’horizon électromagnétique, d’une centaine de km contre un chasseur discret comme le Rafale à moyenne altitude, et de quelques dizaines de km contre un avion ou un missile furtif.

Il peut, en outre, être employé contre des menaces balistiques en phase terminale, avec une enveloppe de tir proche de celle du Patriot PAC-2, mais en disposant d’une plus grande manœuvrabilité. Le Patriot, en revanche, dispose d’un radar plus performant, mais qui ne couvrait que 120° jusqu’ici. Des modules de soutien complètent la batterie, comprenant un groupe électrogène, un atelier mécanique, un atelier électronique et deux modules de rechargement.

Bien qu’ayant démontré une grande efficacité lors des essais et exercices, le SAMP/T Mamba n’a pas rencontré le succès escompté sur la scène internationale. En dehors de la France et de l’Italie, ses concepteurs, il n’a été acquis que par Singapour, il est vrai dithyrambique sur les qualités du Mamba, lorsque interrogé à son sujet.

L’efficacité démontrée de la première batterie Mamba envoyée par l’Italie et la France en Ukraine, ainsi que les performances antibalistiques du missile Aster 30 contre des missiles antinavires Houthis, ont profondément changé l’image du SAMP/T Mamba, sur la scène internationale, de l’aveu même de MBDA.

Nouveaux radars et nouveau système de commandement et de coordination

Comme écrit précédemment, le SAMP/T NG devait, initialement, permettre d’embarquer un nouveau radar de tir pour remplacer le Arabel du Mamba, par le Ground Master 300 de Thales pour la France, et le Kronos de Leonardo pour l’Italie.

SAMP/T NG radar Leonardo Kronos
Les SAMP/T NG italiens emploieront le radar AESA Kronos de Leonardo.

Ces deux radars reposent sur une antenne électronique active AESA, effectuant une rotation complète par seconde, et améliorent simultanément la portée de détection (supérieure à 350 km), et la qualité de la détection contre des cibles plus petites comme les drones, plus discrètes comme les furtifs, ou plus rapides, comme les missiles balistiques ou les armes hypersoniques.

Le Module d’engagement, lui aussi, était modernisé, pour mettre en œuvre jusqu’à 6 Modules de lancement, soit 48 missiles Aster, et mieux traiter les signaux pour une prise de décision plus rapide et efficace. Ce faisant, le SAMP/T NG était paré pour accueillir le nouveau missile antibalistique Aster 30 Block 1NT, conçu pour intercepter des missiles MRBM d’une portée atteignant 1500 km, comparable au Patriot PAC-3 MSE.

Mais le SAMP/T NG sera, en fait, bien d’avantage qu’une simple évolution du Mamba, optimisée pour ce nouveau missile. En effet, à l’occasion du salon Eurosatory 2024, Eurosam a dévoilé une toute nouvelle caractéristique développée dans le cadre de cette version, la capacité à poser et contrôler une défense antiaérienne, antibalistique et antidrone multicouche, pour défense un périmètre de 150 km de rayon contre toutes les menaces actuelles.

Bulle antibalistique et anti-hypersonique : Aster Block 1NT et Aquila

Comme précédemment, l’axe principal de développement du SAMP/T NG concerne la défense antibalistique, avec l’arrivée du missile Aster 30 Block 1NT. Toutefois, selon les déclarations faites par le Délégué Général à l’Armement, Emmanuel Chiva, le système sera également capable de contrer les menaces hypersoniques existantes et à venir.

Selon les observations faites en Ukraine, les deux principales menaces hypersoniques du moment, le missile aéroporté Kinzhal, et le missile de croisière 3M22 Tzirkon, ralentiraient à l’approche de la cible, certainement pour leur permettre d’employer leurs systèmes de guidage terminaux.

missile aquila MBDa
Maquette du missile Aquila de MBDA – Paris Air Show 2023.

Dans ce contexte, l’Aster 30, couplé au radar Ground Master 300 de Thales, semble, en effet, capable d’intercepter ces menaces en phase terminale, sans pour autant être en mesure de les intercepter en transit, le missile plafonnant à 25 km d’altitude, contre 50 à 60 km d’altitude de croisière pour les armes hypersoniques.

Toutefois, dans le même temps, MBDA développe, dans le cadre du programme européen Hydis, le missile Aquila, capable d’atteindre ces altitudes, et précisément conçu pour intercepter les missiles hypersoniques en phase de transit, et les planeurs hypersoniques en phase de plané.

De toute évidence, si le SAMP/T NG doit, comme l’annonce Emmanuel Chiva, offrir une réelle capacité d’interception antibalistique, il mettra en œuvre ce missile Aquila, présenté pour la première fois lors du Paris Air Show de 2023. Il sera, alors, en effet, le seul système capable d’associer, dans une unique système, et sur un même espace, une capacité de défense balistique et hypersonique, ainsi qu’une défense aérienne basses couches.

Bulle antiaérienne moyenne et longue portée : Aster 30 et Aster 15 EC

Si l’évolution phare du SAMP/T NG concerne l’interception des menaces balistiques et hypersoniques, le système restera très efficace en matière de défense aérienne contre les aéronefs, les drones de combat et les missiles de croisière, à moyenne et longue portée.

Pour cela, le système s’appuiera sur le très performant Aster 30, un missile de 4,9 m et 450 kg, capable d’intercepter des cibles jusqu’à 150 km et jusqu’à 25 km d’altitude, à une vitesse de Mach 4.5.

Aster 30 MBDA
Missile Aster 30

C’est notamment ce missile qui a été employé par la frégate française Alsace et un destroyer britannique, pour intercepter avec succès des missiles balistiques antinavires lancés par les Houthis en mer Rouge.


L’association des performances de l’Aster 30, et du nouveau radar GM 300/Kronos du SAMP-T NG, permettra, par ailleurs, d’en étendre la portée d’interception, et la précision, et en fera un système aérien particulièrement efficace contre de nombreuses cibles aérodynamiques.

L’Aster 30 évoluera aux côtés de l’Aster 15 EC. Celui-ci constitue une évolution de l’Aster 15, qui n’est autre qu’un Aster 30 dont le booster est plus compact, long de 4,2 m et d’une masse de 310 kg. L’Aster 15 EC, dédié à l’interception à courte et moyenne portée, et à moyenne ou basse altitude, verra cependant sa portée étendue à plus de 60 km (contre 40 km pour l’Aster 15), et son autodirecteur amélioré pour davantage de précision contre les cibles petites ou discrètes.

Ensemble, ces deux missiles assureront une bulle de défense de 5 à 150 km de portée, et de 500 à 25 000 km d’altitude, contre l’immense majorité des cibles aérodynamiques de plus de 500 kg existantes aujourd’hui.

Bulle SHORAD : MICA VL, CAMM-ER et systèmes C-RAM / V-SHORAD (Mistral, Artillerie…)

Reste que, jusqu’à présent, la bulle SHORAD (SHOrt Air Defense), et V-SHORAD (Very SHOrt Air Defense), et l’interception des cibles de petites tailles, comme les drones FPV, les roquettes, voire les obus d’artillerie, ou C-RAM (Counter-Rocket Artillery Mortar), devait être déléguée à d’autres systèmes indépendants, alors même que, bien souvent, le nouveau radar du SAMP/T NG sera en capacité de les détecter, de les suivre et les engager.

MICA VL MBDA
Batterie MICA VL

C’est précisément là, qu’intervient la petite révolution annoncée par Eurosam à Eurosatory. En effet, le SAMP/T NG, et plus spécialement son Module d’Engagement, pourra contrôler, en plus des six modules de lancement Aster, six autres modules SHORAD, armés de missiles à courte portée, comme le MICA VL ou le CAMM-ER, conçus et fabriqués par MBDA, comme l’Aster.

Mieux encore, l’architecture scalaire ouverte du SAMP/T NG permettra d’ajouter au système d’autres radars de tirs, voire d’autres systèmes secondaires dédiés à l’interception C-RAM ou V-SHORAD, comme avec les missiles Mistral, ou des systèmes d’artillerie antiaérienne.

Bien que ce ne soit pas évoqué dans la communication d’Eurosam, cette architecture devrait permettre, à termes, de mettre en œuvre des procédures de détection et d’engagements multistatiques, améliorant significativement l’efficacité de la défense aérienne contre les avions furtifs, voire d’y ajouter des systèmes de radars passifs, là encore, pour traquer et détruire, les appareils discrets ou furtifs.

Un système prometteur et évolutif, qui doit entrer en service dans l’Armée de l’air et de l’Espace dès 2025.

On le voit, les annonces faites dans le cadre du salon Eurosatory, au sujet de l’évolution du SAMP/T NG, ouvrent de nombreuses opportunités. En effet, ainsi paré, le système disposera d’une enveloppe d’interception unique en occident, et qui nécessite, en Russie et en Chine, plusieurs systèmes interconnectés (S-500 + S-400 + S-350/Buk + Pantsir) pour obtenir la même efficacité de couverture.

Un tel système pourrait, par exemple, assurer une défense très efficace d’un espace entourant une ville, pour peu qu’il existe un emplacement approprié pour son radar, ou qu’il intègre des radars secondaires, comme évoqué plus haut.

SAMP/T NG illustration
Vue d’artiste du système SAMP/T NG

Reste à voir comment, et surtout sous quels délais, ces annonces se transformeront en capacités opérationnelles effectives, et surtout, si les armées françaises et italiennes, s’en doteront effectivement.

En effet, il est fréquent que Paris face l’impasse sur certaines capacités pourtant essentielles d’un système d’arme, pour en réduire les couts. Malheureusement, les exemples, à ce sujet, ne manquent pas, et touchent tous les gouvernements, depuis plus de 40 ans.

Article du 28 juin en version originale jusqu’au 11 aout 2024.

Découverte militaire : l’armée américaine prépare l’avènement des avions d’assaut de longue portée

Découverte militaire : l’armée américaine prépare l’avènement des avions d’assaut de longue portée

Armee Marine Aviation Industrie International

L’Armée américaine avance dans son programme d’avions d’assaut longue portée et passe à la phase d’ingénierie

 

**WASHINGTON, D.C.** — L’armée américaine a récemment annoncé que son ambitieux programme FLRAA (*Future Long-Range Assault Aircraft*, littéralement avions d’assaut à longue portée du futur) était sur le point de passer de la phase de développement technologique à la phase essentielle du développement d’ingénierie et de fabrication. Cette transition marque une étape notable dans les efforts de modernisation de l’armée américaine qui visent à redéfinir ses capacités aériennes et son champ d’action opérationnel.

Le projet FLRAA devrait représenter environ 70 milliards de dollars sur sa durée de vie, ventes militaires étrangères potentielles incluses. Ce programme ambitionne de remplacer près de 2 000 hélicoptères multifonctions Black Hawk à partir des années 2030. Au-delà d’un simple remplacement un pour un, le FLRAA est conçu pour assumer et développer les rôles joués par le Black Hawk, en offrant une vitesse, une portée et une capacité augmentées.

En juin dernier, le FLRAA, conçu par Textron Bell, est parvenu à franchir toutes les étapes d’une rigoureuse revue de conception préliminaire et d’une évaluation du Conseil d’acquisition des systèmes de l’Armée. « Après examen du FLRAA en terme d’abordabilité, de viabilité technologique, de projections de menaces et de sécurité, d’ingénierie, de fabrication, de soutien et de risques de coûts, le Conseil d’acquisition des systèmes de l’Armée a confirmé que toutes les sources de risques du programme ont été traitées de manière approfondie pour cette phase du projet », déclarait un communiqué officiel de l’Armée américaine.

**Nouvelle phase de développement et stratégie d’acquisition**

Transitant désormais vers la phase de développement de l’ingénierie et de la fabrication, l’Armée va attribuer une option de contrat à Bell, marquant ainsi le début d’une étape qui pourrait s’élever à environ 7 milliards de dollars avec les phases de production à faible cadence. L’avancée de la conception du basculement d’hélice de Bell a surpassé l’équipe Sikorsky-Boeing qui proposait une conception à pales de rotor coaxiales. Suite à cela, l’Armée américaine a accordé le contrat à Bell fin 2022. Une contestation ultérieure déposée par Lockheed Martin, la société mère de Sikorsky, a retardé le projet d’un an mais a été rejetée par le Government Accountability Office en avril 2023.

Le programme prévoit de doter sa première unité d’appareils à l’exercice 2031, suite à un essai réalisé par un groupe d’utilisateurs limité prévu entre les exercices 2027 et 2028. « Atteindre la phase de développement de l’ingénierie et de la fabrication est une étape importante pour le FLRAA et démontre l’engagement de l’Armée en faveur de notre priorité de modernisation aéronautique la plus élevée » a souligné Doug Bush, le responsable des acquisitions de l’Armée. « Le FLRAA fournira des capacités d’assaut et d’évacuation médicale pour l’Armée du futur, en apportant une augmentation significative de la vitesse, de la portée et de l’endurance ».

**Capacités stratégiques et champ d’action opérationnel**

A l’heure actuelle, les hélicoptères de l’Armée américaine n’atteignent pas les exigences opérationnelles futures, et ceci se fait particulièrement sentir dans des régions étendues comme la zone du théâtre Indo-Pacifique. Pour pallier ce problème, le FLRAA souhaite être capable de parcourir environ 2 440 milles marins (soit 2 810 miles) sans ravitailler, tout en conservant une grande souplesse pour déployer les troupes dans les zones à haut risque. « Les champs de bataille du futur exigent des manœuvres élargies, la capacité de soutenir et de fournir un commandement et un contrôle sur de grandes distances, et bien sûr, d’évacuer nos blessés » a indiqué le général de division Mac McCurry, commandant du Centre d’aviation de l’Armée. « Avec une portée et une vitesse environ deux fois supérieures, le FLRAA apporte une capacité de combat sans équivalent à la Force conjointe ».

Le contrat accordé en 2022 inclut neuf options. Avec cette phase, Bell est chargé de produire des conceptions d’avions détaillées et de construire six prototypes. Le premier avion de cette phase de développement devrait voler d’ici 2026, et la production initiale à faible cadence devrait débuter en 2028. « L’Armée continuera à examiner et à affiner le calendrier au besoin en fonction de l’attribution du contrat et des dernières activités du programme », a indiqué l’Armée.

**Le rôle du digital dans l’ingénierie**

Il est à noter que le programme FLRAA a été un pionnier dans l’utilisation de l’ingénierie numérique dès son début. Cette approche a favorisé une accélération du développement technologique et une précision du design. « L’utilisation de l’ingénierie numérique comme élément clé de notre approche « avancer lentement pour aller vite » a contribué à accélérer le programme en investissant dans le développement des exigences dès le départ » a expliqué le Colonel Jeffrey Poquette, chef de projet FLRAA.

Cette progression démontre l’engagement de l’Armée à préparer l’avenir de ses opérations aériennes, en l’équipant de capacités d’assaut à longue portée de pointe, indispensables sur les champs de bataille mondiaux en constante évolution.


Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

Des Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace ont effectué une escale inédite aux Philippines

Des Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace ont effectué une escale inédite aux Philippines


Pour rejoindre l’Australie et participer aux manœuvres aériennes Pitch Black dans le cadre de l’édition 2024 de la mission PEGASE [Projection d’un dispositif aérien d’EnverGure en Asie du Sud-Est], deux formations de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] ont pris des directions opposées.

Ainsi, le 27 juin, quatre Rafale, trois avions ravitailleurs A330 MRTT Phénix et trois A400M ont décollé en direction de l’Alaska [États-Unis] pour prendre part à l’exercice Arctic Defender, aux côtés des forces aériennes allemandes [Eurofighter et Tornado] et espagnoles [Eurofighter]. Appelé « Pacific Skies 24 », ce déploiement tripartite a ainsi réuni les pays du programme SCAF [Système de combat aérien du futur]. Les appareils impliqués ont ensuite rejoint l’Australie, après une escale « valorisée » au Japon.

Quant aux second déploiement, appelé « Griffin Strike », il a mis l’accent sur la coopération franco-britannique. Partis de France le 6 juillet, trois Rafale, deux A330 MRTT et deux A400M ont été rejoints en cours de route par des Typhoon de la Royal Air Force. Après une escale aux Émirats arabes unis et une autre à Singapour, cette formation est arrivée en Australie le 10 juillet. Avant de prendre part à Pitch Black 2024, elle a effectué un exercice au combat « dans un cadre multi-milieux et multi-champs [M2MC].

La séquence australienne étant désormais terminée, les formations « Pacific Skies » [dont les A400M se sont rendus en Nouvelle-Zélande] et « Griffin Strike » ont pris le chemin du retour… mais séparément.

La première a pris la direction de la Malaisie, avant d’enchaîner avec l’exercice Tarang Shakti [entre le 6 et le 13 août]. À noter que deux Rafale seront mobilisés pour une « interaction » avec les collectivités d’outre-mer et se rendront à La Réunion. La seconde a plusieurs « escales valorisées » à son programme, dont une inédite.

En effet, ce 1er août, l’État-major des armées [EMA] a fait savoir que deux Rafale, un A400M et un A330 MRTT venaient de passer quatre jours sur la base aérienne de Clark, aux Philippines. Ce qui ne s’était jamais produit jusqu’alors.

« Pour la première fois, les aviateurs français font escale aux Philippines. À cette occasion, un vol conjoint composé de deux FA-50 philippins, deux Rafale, et un A330 MRTT Phénix a été réalisé avec succès. Plusieurs vols en place arrière à bord de Rafale avec des pilotes de chasse philippins ont également été effectués, tout comme les embarquements en A400M et A330 MRTT au profit de nos partenaires philippins », a ainsi relaté l’EMA.

Et d’ajouter : « Cette interaction permet également d’approfondir la coopération militaire entre les deux armées, toutes deux engagées pour la sécurité et la stabilité de l’espace indopacifique. »

De son côté, l’ambassade de France aux Philippines a rappelé que cette escale « intervient après la signature » par Paris et Manille d’une « lettre d’intention définissant une feuille de route pour le renforcement de [leur] coopération » en matière de défense.

Quoi qu’il en soit, ce déploiement de Rafale aux Philippines a été organisé alors que Manille envisage d’acquérir une douzaine d’avions de combat supplémentaires, à l’heure où les tensions avec Pékin sont désormais récurrentes. Pour le moment, l’état-major philippin envisage deux types d’appareils : le Gripen suédois et le F-16 Viper américain.

Aviation : Le ravitailleur KC-46 de Boeing présente un nouveau défaut majeur

Aviation : Le ravitailleur KC-46 de Boeing présente un nouveau défaut majeur

Par Paolo Garoscio – Armées.com –  Publié le 1er août 2024

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L’Armée de l’Air américaine et le géant industrielle Boeing ont dévoilé une nouvelle lacune dans l’avion-citerne KC-46, un composant majeur de la capacité de ravitaillement aérien aux États-Unis.

Cette déficience, qui s’ajoute à une série croissante de problèmes de conception à haut risque, affecte le système de pompe à carburant de l’appareil et provoque par la suite des dommages aux conduits du système d’air.

Cette défaillance a été classée comme une déficience de Catégorie 1, ce qui implique un degré de risque élevé et impose des restrictions opérationnelles à l’aéronef ou à l’opérateur. Le problème a été découvert au début du printemps lorsque Boeing a observé les dommages résultant des vibrations de la pompe à carburant du KC-46 sur les conduits d’air de son système de saignée.

Boeing, chargée de la construction de l’avion-citerne, a pris des mesures immédiates pour réparer les conduits d’air endommagés. L’entreprise teste actuellement une solution temporaire à ce problème, selon Kevin Stamey, le directeur du programme de l’Armée de l’Air pour les aéronefs de mobilité et d’entraînement. En fonction des résultats de ce test, une rectification de conception plus permanente sera probablement mise en œuvre, pouvant entraîner une diminution de la gravité du problème, comme il a été rapporté lors d’une récente conférence de presse à l’occasion de l’événement Life Cycle Industry Day de l’Armée de l’Air à Dayton, Ohio.

Stamey a également indiqué que « La solution est conçue pour minimiser les dommages causés par les vibrations. » À ce jour, sept déficiences de Catégorie 1 ont été enregistrées, dont trois sont sur le point d’être résolues. Parmi celles-ci figure le système de vision à distance (RVS) du ravitailleur, un système de caméra spécialement conçu pour assister les opérateurs du ravitailleur dans le ravitaillement des avions récepteurs. La version redessinée par Boeing, baptisée RVS 2.0, qui résout les problèmes d’imagerie de son prédécesseur, est prévue pour une mise en service en 2026.

Un autre problème de conception significatif concerne l’actionneur à bras du ravitailleur, essentiel pour ravitailler en toute sécurité l’avion A-10. L’entreprise a achevé la fabrication d’un prototype pour le matériel requis et a commencé à le tester en laboratoire en mai dernier.

Boeing a indubitablement payé un lourd prix pour ces défauts de conception – pas moins de 7 milliards de dollars en frais liés aux problèmes de conception et de production du KC-46. Mais l’entreprise reste optimiste. Comme le fait justement remarquer Stamey : « [Boeing] se penche en avant lorsqu’ils ont une échappée de qualité. Ils ont ajouté des inspecteurs sur la ligne et ils y sont très sensibles. »

Cette saga reflète une étape importante dans la vie d’un actif majeur de la défense qui promet de jouer un rôle crucial dans la préservation de la supériorité aérienne des États-Unis dans les décennies à venir. Elle souligne les complexités inhérentes à la construction et à la gestion de la technologie militaire moderne, ainsi que l’engagement de Boeing à corriger les insuffisances pour garantir la fiabilité et la faisabilité de l’avion-citerne KC-46.


Paolo Garoscio
Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.