Ukraine : les Russes abattent leur propre drone furtif Okhotnik-B

Ukraine : les Russes abattent leur propre drone furtif Okhotnik-B

Par Jean-Baptiste Leroux – armees.com – Publié le 8 octobre 2024

Les Russes ont abattu leur propre drone S-70 Okhotnik-B au-dessus de l'Ukraine. Capture d'écran
Les Russes ont abattu leur propre drone S-70 Okhotnik-B au-dessus de l’Ukraine. Capture d’écran – © Armees.com

En pleine guerre en Ukraine, un avion de chasse russe a été filmé abattant un drone de combat russe de dernière génération, le S-70 Okhotnik-B. Cet incident, loin d’être une erreur, s’explique par des considérations stratégiques et techniques. Retour sur un événement marquant.

Un incident stratégique : pourquoi les Russes ont abattu leur drone

Bourvil aurait dit, dans le Corniaud, « qu’elle va marcher beaucoup moins bien maintenant ». Une aile volante russe, le S-70 Okhotnik-B, a été abattu par un chasseur russe dans le ciel au-dessus de la ville de Konstantinovka, en Ukraine. Ce drone furtif, conçu pour accompagner les chasseurs Soukhoï Su-57 dans des missions d’attaque et d’interception, n’était pourtant pas une cible ennemie. Cette action n’est pas le résultat d’un tir accidentel, mais bien d’une décision consciente des forces russes. Selon les informations disponibles, il est probable que la Russie ait perdu le contrôle du drone.

Les experts avancent que Moscou a pris la décision de détruire son propre aéronef afin d’éviter qu’il ne tombe entre les mains de l’armée ukrainienne. Ce drone, qui incarne une technologie de pointe, pourrait offrir des informations stratégiques cruciales à l’ennemi en cas de récupération. Les images de la destruction, qui ont circulé massivement sur les réseaux sociaux, montrent un chasseur russe tirant un missile guidé par infrarouge sur le drone, à environ 7 500 mètres d’altitude. Les raisons de cette perte de contrôle restent floues, bien que des spéculations sur un possible piratage par l’Ukraine circulent sans preuves concrètes à ce stade.

Le S-70 Okhotnik-B : un drone furtif de nouvelle génération

Le S-70 Okhotnik-B, également connu sous le nom d’« aile volante », est un drone furtif de 20 tonnes développé par la Russie depuis 2019. Ce drone impressionne par ses caractéristiques techniques : une envergure de 19 mètres, une capacité à voler à près de 1000 km/h et un design furtif conçu pour échapper aux radars ennemis. Il a été conçu pour opérer en tandem avec le chasseur de cinquième génération Soukhoï Su-57, selon le concept de « Loyal Wingman ». Ce concept repose sur une coopération entre drones et avions pilotés, avec l’intelligence artificielle jouant un rôle clé dans la coordination des actions.

Le S-70 a pour mission d’effectuer des frappes de précision au sol, de l’interception aérienne et des missions de bombardement à longue distance. Malgré le fait qu’il ne soit pas encore officiellement entré en service, ce drone fait partie des technologies les plus avancées de l’armée russe. Il est possible que les forces russes aient cherché à le tester en conditions réelles dans le cadre du conflit en Ukraine. Toutefois, l’incident montre que ce système est encore en phase de développement, et que des difficultés persistent, notamment en ce qui concerne sa gestion et son contrôle en situation de combat.


*Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l’Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l’Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

Une révision de la dissuasion française s’imposera-t-elle dès 2025 ?

Une révision de la dissuasion française s’imposera-t-elle dès 2025 ?

La dissuasion française constitue, aujourd’hui, l’un des piliers de la posture de défense du pays, tout en conférant à Paris son autonomie stratégique lui garantissant une liberté de position et de ton rare, y compris dans le camp occidental.

Son incontestable efficacité, depuis 1964, sera préservée, pour les quatre décennies à venir, par la modernisation de ses deux composantes stratégiques, avec l’arrivée du nouveau missile de croisière supersonique aéroporté ASN4G, dès 2035, et l’entrée en service des nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins SNLE 3G, à cette même échéance.

C’est, tout du moins, ainsi que la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, présente le sujet, qui va consacrer plus de 50 Md€ à cette mission sur son exécution, avec l’objectif de remplacer, presque à l’identique et à partir de 2035, les moyens actuels, par des capacités largement modernisées, donc plus efficaces.

Toutefois, ces dernières années, les menaces pouvant viser, potentiellement, la France, comme ses intérêts vitaux, censées protéger par la dissuasion nationale, ont considérablement évoluer, dans leur nature, leur origine et leur volume.

Alors que de nombreuses voix s’élèvent, outre-Manche comme outre-Atlantique, appelant à une révision profonde et rapide des postures de dissuasion britanniques et américaines, pour répondre à ces évolutions, il est, peut-être, nécessaire de faire de même en France, sans attendre la fin de la LPM en cours, pour transformer l’outil au cœur de la sécurité stratégique du pays, et de ses intérêts vitaux.

 

Sommaire

La dissuasion française, sa modernisation et le principe de stricte nécessité

Bâtie sur le principe de stricte nécessité, la dissuasion française a pour fonction de donner aux autorités du pays, les moyens nécessaires et suffisants, pour s’intégrer efficacement dans le discours stratégique mondial, et ce, de manière strictement autonome, tout en assurant la sécurité et l’intégrité du pays.

Rafale M armé d'un missile ASMPA nucléaire au catapultage
La FaNu permet à la France de déployer des missiles nucléaires ASMPA à partir de Rafale M embarqués sur le porte-avions Charles de Gaulle. Toutefois, avec un unique porte-avions, la Marine nationale ne peut deployer cette capacité que 50 % du temps, au mieux.

Celle-ci se décompose, aujourd’hui, en deux forces aux capacités complémentaires. La première est la Force aérienne stratégique, forte de deux escadrons de chasse équipés de chasseurs Rafale et d’une cinquantaine de missiles nucléaires supersoniques ASMPA-R, d’une portée de plus de 500 km, et transportant une tête nucléaire TNA de 100 à 300 kilotonnes.

À cette capacité mise en œuvre par l’Armée de l’air, s’ajoute, ponctuellement, la Force Aéronavale Nucléaire, ou FaNu, permettant à des Rafale M de la flottille 12F, de mettre en œuvre ce même missile ASMPA-R, à partir du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle.

La seconde est la Force Océanique Stratégique, disposant de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, ou SNLE, de la classe le Triomphant. Celle-ci conserve, à chaque instant, un de ces navires à la mer, pour évoluer caché dans les profondeurs océaniques, et lancer, à la demande présidentielle, ses 16 missiles balistiques M51.3, d’une portée de 10.000 km, et transportant chacun 6 à 10 têtes nucléaires à trajectoire indépendante TNO de 100 kt.

Ensemble, ces deux capacités confèrent aux autorités françaises en vaste champ opérationnel et lexical stratégique, la composante aérienne formant la force visible pour répondre aux déploiements de forces ou à la menace d’un adversaire potentiel, et la composante sous-marine, en assurant l’adversaire d’une destruction presque complète, s’il venait à frapper la France ou ses intérêts vitaux, et ce, même si la France était elle-même frappée massivement par des armes nucléaires.

FOST SNLE Le terrible classe Le triomphant
Avec quatre SNLE classe Le Triomphant, la France dispose en permance d’un navire en patrouille, susceptible de déclencher un tir nucléaire stratégique de riposte contre un pays ayant attaqué le Pays, y compris avec des armes nucléaires stratégiques.

Contrairement à ce qui est parfois avancé, la dissuasion française est aujourd’hui correctement dimensionnée, et certainement efficace, pour contenir la menace d’un pays comme la Russie, et ce, en dépit d’un nombre beaucoup plus important de vecteurs et de têtes nucléaires pour Moscou.

En outre, cette dissuasion, face à la Russie, toujours, est également suffisante pour être étendue à d’autres pays européens alliés, le cas échéant. Son efficacité est, en effet, liée à sa capacité de destruction chez l’adversaire, et non au périmètre qu’elle protège, même si, dans ce domaine, la perception de la détermination française pour protéger ses alliés, y compris en assumant le risque nucléaire, joue également un rôle déterminant.

De fait, aujourd’hui, la dissuasion française remplie pleinement, et parfaitement sa mission, et peut même, le cas échéant, le faire sur un périmètre plus étendu. C’est la raison pour laquelle, dans le cadre de la LPM 2024-2030, sa modernisation, avec l’arrivée du missile ASN4G pour remplacer l’ASMPA-R, et du SNLE 3G pour remplacer les SNLE classe Triomphant, est prévue à partir de 2035, avec un périmètre strictement identique.

L’apparition de nouvelles menaces change les données de l’équation stratégique française

Toutefois, ces dernières années, sont apparues de nouvelles menaces, susceptibles de profondément bouleverser l’équilibre stratégique sur lequel est aujourd’hui bâtie la dissuasion française, et qui est transposé, au travers de la LPM 2024-2030, dans la dissuasion NG française, à partir de 2035.

ICBM KN-22 Pyonguang
première présentation publique du missile ICBM KN-22 à Pyongyang en 2020

Ainsi, alors que la menace stratégique pouvant viser la France et ses intérêts vitaux, jusqu’à présent, était avant tout constituée par l’arsenal stratégique russe, d’autres pays, aujourd’hui, se sont dotés de moyens comparables, susceptibles d’atteindre la France, ses territoires ultramarins ou ses intérêts.

C’est en particulier le cas de la Corée du Nord, qui a développé un missile ICBM pouvant atteindre l’Europe, le Hwasong-15, d’une portée de 13.000 km, et qui pourrait, prochainement, être doté de têtes nucléaires à trajectoire indépendante MIRV.

L’Iran, pour sa part, dispose déjà de missiles balistiques susceptibles d’atteindre le sol européen, avec le Shahab-5 d’une portée estimée au-delà de 4500 km. Si le pays ne dispose pas, pour l’heure, d’un arsenal nucléaire, plusieurs services de renseignement, y compris le Mossad israélien, estiment que Téhéran ne serait plus qu’à quelques mois de pouvoir s’en doter.

Dans les deux cas, ces pays pourraient enregistrer, dans les mois et années à venir, des progrès substantiels dans leurs programmes nucléaires et balistiques, avec une aide technologique possible venue de Russie, en échange du soutien de Téhéran et Pyongyang à l’effort militaire russe contre l’Ukraine.

Bombardier Tu-160M
Les forces aériennes stratégiques russes disposeront d’une cinquantaine de bombardiers supersoniques à très long rayon d’action Tu-160M et M2 d’ici à 2040.

La Russie, justement, développe et modernise rapidement son arsenal nucléaire, avec l’entrée en service de nouveaux vecteurs, comme les SNLE de la classe Boreï, les bombardiers stratégiques Tu-160M et les ICBM RS-28 Sarmat, équipés du planeur hypersonique Avangard.

Surtout, les armées russes se dotent très rapidement de nouvelles capacités nucléaires non stratégiques, qu’il s’agisse de missiles balistiques à courte et moyenne portée, ou de missiles de croisières super ou hypersoniques, tous pouvant alternativement être équipés de charges militaires conventionnelles ou nucléaires.

Enfin, la Chine produit un effort sans équivalent, pour accroitre et étendre ses capacités de frappe nucléaire, son arsenal devant être triplé d’ici à 2035, pour atteindre 1000 vecteurs opérationnels.

DF41 ICBM Chine
le missile balsitique ICBM DF41 chinois représente un immense progrès vis-à-vis des DF-5 à carburant liquide en silo, employés jusqu’à présent.

Pékin se dote, notamment, de capacités stratégiques renouvelées, avec le nouveau missile ICBM à carburant solide DF-41, qui existe en version mobile et en silos, et le missile SLBM JL-3 qui arme les nouveaux SNLE Type 09IV chinois. Comme Moscou, toutefois, les forces chinoises s’équipent aussi d’un nombre croissant de vecteurs à plus courte portée, et d’une puissance de destruction non stratégique, à vocation conventionnelle ou nucléaire.

L’émergence de nouvelles menaces stratégiques non nucléaires doit également être considérée et traitée

À ces nouvelles menaces stratégiques nucléaires, pouvant directement menacer la France et ses intérêts vitaux, s’ajoutent, également, de nouvelles capacités au potentiel de destruction stratégique, mais armées de charges conventionnelles et/ou faiblement létales.

L’exemple le plus célèbre, pour illustrer ces nouvelles menaces, est l’arrivée des drones d’attaque à longue portée, mis en évidence avec les drones Shahed-136 iraniens et Geran-2 russes, employés par les forces de Moscou pour frapper les installations civiles clés en Ukraine.

Drone d'attaque Shahed 136 en Ukraine
Les drones d’attaque, comme le Shahed 136 iraniens, se sont montrés très efficaces pour frapper les infrastructures civiles ukrainiennes.

Bien que vulnérables et transportant une charge militaire relativement réduite, ces drones disposent de deux atouts les transformants en menace potentiellement stratégique, pour un pays comme la France.

D’abord, leur portée, pouvant dépasser les 2000 km aujourd’hui, probablement davantage demain, leur permet d’atteindre des cibles très distantes, pour mener des frappes destructrices contre les infrastructures civiles d’un pays, comme le réseau de communication, le réseau de transport, les réserves de carburant, les capacités industrielles et énergétiques, voire les centres de commandement et de coordination militaires et civils, y compris politiques.

Or, au-delà de la possibilité d’atteindre dans la profondeur des infrastructures clés, cette portée augmente, au carré, le nombre d’infrastructures potentiellement ciblées, rendant leur protection presque impossible par des moyens antidrones classiques. Ainsi, si un drone d’une portée de 500 km peut atteindre, potentiellement, les cibles présentes sur 200.000 km² du territoire adverse, une portée de 1000 km, porte cette surface à 800.000 km².

Surtout, ces drones sont relativement simples et rapides à concevoir et à construire, et ils sont peu onéreux. Ainsi, un drone de la famille Geran-2, serait produit pour 2 à 3 millions de roubles en Russie, soit 20 à 30 k$. Ce faisant, une flotte de 5000 de ces drones, susceptibles de saturer, endommager ou détruire la plupart des grandes infrastructures d’un pays comme la France, peut-être construire en une année, et pour à peine 150 m$.

Usine drones d'attaque Geranium-2
La Russie prévoit de construire plus de 8000 Geran-2, version russe modifiée du Shahed 136, sur la seule année 2024.

Ainsi, certains pays hostiles ou sous influence, peuvent se doter, à moindres frais, et sur des courts délais, de capacités de frappes au potentiel de destruction quasi stratégique, contre un pays très développé, qu’il serait presque impossible de contrer, et ce, sans même devoir franchir le seuil nucléaire.

Cette capacité, et d’autres comme les armes à impulsion électromagnétique, les attaques cyber, voire les moyens chimiques ou biologiques, peuvent engendrer, à relativement court terme, un profond bouleversement de la menace stratégique susceptible de viser, potentiellement, la France, contre laquelle la dissuasion, dans son format actuel, et tel que prévu dans les décennies à venir, pourrait ne pas suffire.

De nombreuses voix appellent à l’extension et la transformation de la dissuasion américaine

Si les questions portant sur la dissuasion, sont très rarement débattues sur la scène publique en France, en particulier par les militaires et les Think Tank qui travaillent pour le ministère des Armées, ce n’est pas le cas, bien au contraire, aux États-Unis.

SSBN CLasse Columbia US Navy
L’US Navy prévoit de n’acquerir que 12 SSBN de la classe Columbia. Un nombre jugé très insuffisant par la Heritage Foundation, qui préconise un retour à 16 navires, comme pendant la guerre froide.

Ainsi, le think tank conservateur américain Heritage Foundation, vient de publier une analyse stratégique pour anticiper la nouvelle Nuclear Posture Review (NPR), qui doit être rédigée et débattue en 2025, par la nouvelle administration américaine, qui sortira des urnes en novembre 2024.

Comme évoqué ici, la Heritage Foundation porte un regard critique sur le renouvellement, entamé aujourd’hui presque à l’identique des moyens de la dissuasion américaine, avec le développement de l’ICBM Sentinel, du bombardier stratégique B-21 Raider, ainsi que du nouveau SSBN classe Columbia, alors même que la menace, elle, a considérablement évoluée, en volume comme en nature, ces dix dernières années.

Sans surprise, la principale préoccupation du think tank américain, concerne la montée en puissance très rapide des moyens de frappe nucléaire chinois, venant déstabiliser le statu quo russo-américain hérité de la guerre froide.

Toutefois, là aussi, les analystes américains pointent la transformation des moyens stratégiques et nucléaires non stratégiques russes, et l’émergence de nouvelles menaces avérées (ICBM nord coréens), ou en devenir (programme nucléaire iranien), avec le risque d’une propagation rapide des armes nucléaires dans les décennies à venir.

silos missiles chine
La construction de plusieurs centaines de silos pour missiles ICBM a été observée en Chine

Pour répondre à ces menaces, et bien que d’obédience républicaine, donc proche de Donald Trump, dont le programme Défense demeure très incertain, la Heritage Foundation préconise l’augmentation rapide des moyens de dissuasion américains, avec le retour à une flotte de SNLE à 16 navires, le développement d’une version mobile de l’ICBM Sentinel, et l’augmentation du nombre de B-21 Raider.

Surtout, elle préconise le développement et le déploiement rapide de capacités nucléaires non stratégiques, notamment en Europe, pour contenir l’émergence de ce type de menaces sur les théâtres européens, Pacifiques et, potentiellement, moyen-oriental.

La modernisation itérative de la dissuasion française pour 2035 répond-elle à la réalité de l’évolution de la menace ?

Les arguments avancés par le Think Tank américain, pour appeler à une révision de la dissuasion américaine, dans son format comme dans sa composition, se transposent, évidemment, à la dissuasion française, elle aussi visant une modernisation itérative, des moyens dont elle dispose aujourd’hui.

Ainsi, même si elle intégrera probablement, à l’avenir, des drones de combat de type Loyal Wingmen furtifs pour accompagner les missions Poker, la composante aérienne de la dissuasion française demeurera armée d’un missile sol-air à moyenne portée et forte puissance, comme l’ASMPA-R aujourd’hui, mis en œuvre par des avions de combat tactiques Rafale, comme aujourd’hui, et soutenus par des avions de chasse d’escorte et des appareils de soutien, tanker et Awacs, comme aujourd’hui.

Rafale B missile ASMPA
Le missile nucléaire supersonique ASMPA-R (Rénové) sera remplacé, à partir de 2035, par le missile ASN4G, qui pourrait être doté d’un planeur hypersonique.

En outre, si les équipements seront beaucoup plus modernes, et performants, le nombre d’appareils, de missiles, et de têtes nucléaires, ne semble pas destiner à évoluer, alors que la répartition de la menace, elle, est appelée à sensiblement s’étendre.

De même, la force océanique stratégique à venir, prévoit toujours de s’appuyer sur 4 SNLE, permettant de disposer d’un navire en patrouille à tout instant, d’un navire en alerte à 24 heures, d’un navire à l’entrainement, mobilisable en quelques semaines, et d’un navire en maintenance.

Pourtant, l’arrivée de la Chine dans l’équation stratégique mondiale, et, dans une moindre mesure, de la Corée du Nord, obligera la FOST à diviser ses moyens, pour contenir simultanément ces menaces à la limite de la portée de ses missiles, notamment en déployant, au besoin, un SNLE dans une zone de patrouille mieux adaptée.

En outre, la montée en puissance des flottes sous-marines russes et chinoises, en particulièrement des flottes de sous-marins nucléaires d’attaque ou lance-missiles, SSN et SSGN, viendra accroitre le risque de compromission de l’unique navire en patrouille français, ce d’autant que le nombre de drones de patrouille sous-marine, conçus précisément pour accroitre les opportunités de détection, va nécessairement bondir dans les années à venir.

SNLE 3G Naval Group
Le conception et la construction des 4 SNLE 3G, destinés à remplacer, à partir de 2035, les SNLE classe le Triomphant, sera le chantier industriel et technologique le plus complexe réalisé en France dans les dix années à venir.

Enfin, l’absence de capacités de frappes de basse intensité, dites « Low Yield » en anglais, et de « de frappe nucléaire non stratégique », dans la nomenclature russe et en chinois, pourrait considérablement affaiblir la posture dissuasive française dans les années à venir, qu’il s’agisse de répondre à ce type de déploiement visible, de la part d’un adversaire potentiel, voire de contenir, au besoin, la menace de frappes stratégiques non nucléaires, par l’intermédiaire d’une flotte massive de drones d’attaque, à la portée budgétaire et technologique d’un grand nombre de pays.

Conclusion

On le voit, si la dissuasion française a rempli parfaitement son rôle, jusqu’à aujourd’hui, la trajectoire retenue, pour son évolution, dans les décennies à venir, bénéficierait, très certainement, d’une nouvelle analyse, prenant en considération, non pas le simple remplacement des moyens existants par des équipements plus modernes et performants, mais aussi la transformation qui est à l’œuvre, concernant la menace stratégique dans le monde.

Cet exercice permettrait, sans le moindre doute, de bâtir une vision plus actuelle sur la réalité des menaces, et leur évolution prévisible dans les années et décennies à venir, et ferait émerger une dissuasion française plus homogène, plus résiliente, et donc plus efficace, pour y faire face.

Enfin, cette démarche bénéficierait certainement d’une exposition publique, certes maitrisée pour préserver la nécessaire confidentialité là où elle est requise, mais qui permettrait de mieux cerner la construction de cette dissuasion, les moyens qui lui sont alloués, et donc, l’effort budgétaire et technologique demandé aux concitoyens, pour s’en doter, et pour assurer la sécurité du pays, comme de ses intérêts vitaux.

Faute de quoi, la France pourrait se voir doter, à l’avenir, d’une dissuasion, certes technologiquement très performante, mais incapable d’assurer efficacement sa mission dans sa globalité, avec, à la clé, des risques existentiels non maitrisés sur le pays, lui-même.

Article du 30 juillet en version intégrale jusqu’au 29 septembre

JOP 2024 : 85 télépilotes tombés dans les filets des armées françaises

JOP 2024 : 85 télépilotes tombés dans les filets des armées françaises

– Forces opérations Blog – publié le

Dans les airs aussi, la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques se sera déroulée sans écueil majeur. Coordonnée par l’armée de l’Air et de l’Espace, cette mission aura notamment conduit à l’interpellation de 85 télépilotes de drones. 

Les JOP finis, l’heure est au bilan pour les militaires engagés dans la sécurisation du ciel français, un volet qui s’est appuyé sur un socle de posture permanente de sureté aérienne (PPS-A) renforcé et complété par des dispositifs particuliers de sûreté arienne (DPSA) établis à Paris et Marseille. Principaux résultats : 90 interceptions réalisées au cours de 350 missions et 85 télépilotes interpellés, dont deux grâce au drone Reaper. 

Ce dispositif multicouches « hors normes de par l’ampleur, la durée et l’empreinte territoriale » aura nécessité d’employer l’essentiel des moyens antiaériens et de lutte anti-drones (LAD) dont disposent les armées, avec quelques « premières capacitaires » à la clef. Ainsi, les systèmes VL MICA fraîchement perçus sont venus compléter le système MAMBA, les Crotale NG et les trois sous-groupements tactiques d’artillerie sol-air MISTRAL de l’armée de Terre. 

La seule LAD aura mobilisé en simultané « une quinzaine de systèmes lourds et plusieurs dizaines d’équipes légères ». Derrière les MILAD, PARADE et autres fusils brouilleurs NEROD RF, deux radars Giraffe 1X ont été utilisés à Paris et Marseille pour compléter les systèmes lourds. Des radars 3D multimissions, compacts, produits par le groupe suédois Saab et qui, à première vue, viennent d’entrer dans l’arsenal français. 

L’effort était également interalliés. Les Espagnols ont contribué à la protection du ciel marseillais avec un systèmes NASAMS. La Royal Air Force a fait de même au-dessus d’un site paralympique parisien avec l’outil LAD ORCUS, déjà déployé en 2012 lors des JO de Londres. Des fusils brouilleurs HP 47 prêtés par l’Allemagne et conçus par la société allemande HP sont par ailleurs venus renforcer les moyens de brouillage déployés sur l’ensemble de la France. 

Si les téléopilotes fautifs étaient « principalement des touristes ignorant la réglementation en vigueur », deux autres sont le résultat d’une interception d’opportunité sans lien avec les JOP. Le 4 septembre, « le système mis en place pour assurer en particulier la protection de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle a détecté un drone de modèle inconnu, aux abords d’une prison », indique l’armée de l’Air et de l’Espace. 

Relayée aux forces de sécurité intérieure, l’information aura permis d’arrêter deux télépilotes en train de livrer des matériels illégaux dans un établissement pénitentiaire. « La coordination interministérielle au sein de la chaîne de lutte anti-drones a fait, une nouvelle fois, la preuve de son efficacité », se félicite l’armée de l’Air et de l’Espace. 

Crédits image : AAE

Des légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie vont participer à l’exercice Brunet-Takamori au Japon

Des légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie vont participer à l’exercice Brunet-Takamori au Japon


Depuis que leurs relations ont été élevées au rang de « partenariat d’exception », en 2013, la France et le Japon n’ont de cesse de renforcer leur coopération militaire, notamment au niveau opérationnel, les initiatives en matière d’armement, malgré les ambitions affichées, ayant été plutôt timides jusqu’à présent.

Ainsi, en mai, les deux pays sont convenus d’aller plus loin encore en ouvrant des négociations sur un accord d’accès réciproque à leurs bases militaires afin de favoriser « l’interopérabilité » entre leurs forces armées respectives, via la tenue d’exercice conjoints et la participation à des opérations régionales.

À vrai dire, les liens militaires entre la France et le Japon sont très anciens puisqu’ils remontent à la mission du capitaine Jules Chanoine, qui avait été chargée de former l’armée du shogun Yoshinobu Tokugawa. En outre, Paris contribua à l’essor des forces aériennes japonaises dans les années 1920. Seulement, cette relation prit fin lors de la Seconde Guerre Mondiale, avec l’invasion de l’Indochine par les troupes nippones.

Quoi qu’il en soit, ces dernières années, les activités menées avec les forces d’autodéfense japonaises ont surtout concerné l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et la Marine nationale.

Mais, depuis 2023, elles se sont élargies au combat terrestre, avec l’organisation de la première édition de l’exercice Brunet-Takamori [en référence au général Jules Brunet et à Saigō Takamori, le « dernier samouraï »] en Nouvelle-Calédonie, avec la participation du Régiment d’infanterie de marine du Pacifique de Nouvelle-Calédonie [RIMaP-NC] et de 5e Régiment d’infanterie de la Force terrestre d’autodéfense japonaise.

Pour sa seconde édition, l’exercice Brunet-Takamori se déroulera au Japon, plus précisément aux camps de manœuvre d’Ojyojibara et d’Iwateyama, situés dans la province d’Aomori. À cette occasion, l’armée de Terre y engagera une cinquantaine de légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI], qui relève de la 6e Brigade légère blindée. De son côté, la force terrestre d’autodéfense nippone mobilisera son 39e Régiment d’Infanterie [RI].

Devant avoir lieu du 8 au 21 septembre, l’exercice Brunet-Takamori « s’inscrit dans la montée en puissance du partenariat opérationnel des deux pays depuis 2022 », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué. Il permettra « aux forces armées japonaises et françaises de s’entraîner dans les domaines de la lutte contre-guérilla et des opérations Commando » ainsi que dans celui de « l’appui drone au combat », a-t-il ajouté.

« La première édition de l’exercice, conduite en Nouvelle-Calédonie en septembre 2023, avait constitué une première étape essentielle dans le rapprochement opérationnel des forces terrestres des deux pays, en donnant l’opportunité de développer de manière concrète une stratégie convergente en faveur de la paix et de la stabilité dans la zone Indopacifique », a conclu le ministère.

Cela étant, ce ne sera pas la première fois que des légionnaires participeront à des manœuvres au Japon. En mai 2021, dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc qui, cette année-là, avait mobilisé le porte-hélicoptères amphibie [PHA] « Tonnerre » et la frégate de type La Fayette « Surcouf », deux sections de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère [DBLE] et du 1er Régiment Étranger de Génie [REG] avaient pris part à l’exercice ARC 21 aux côtés de l’infanterie de marine nippone et de l’US Marine Corps. Organisé sur l’île de Kyushu, il s’était concentré sur les opérations d’assaut amphibie.

Photo : Édition 2023 de l’exercice Brunet-Takamori – armée de Terre

Ukraine : une vidéo révèle l’usage de drones lance-flammes

Ukraine : une vidéo révèle l’usage de drones lance-flammes

Par Jean-Baptiste Leroux – armees.com – Publié le 5 septembre 2024

L'Ukraine utilise des drones lance-flammes sur le champs de bataille. Capture d'écran X
L’Ukraine utilise des drones lance-flammes sur le champs de bataille. Capture d’écran X – © Armees.com

 

En Ukraine, les drones lance-flammes font désormais partie de la stratégie militaire. Utilisant de la thermite, un agent incendiaire puissant, ces drones ciblent des positions ennemies cachées. Ce qui marque un tournant dans la guerre asymétrique. Leur impact, à la fois destructeur et économique, change le visage du champ de bataille.

En Ukraine, l’usage des drones se diversifie

Dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie, les drones jouent un rôle clé. Une innovation récente a attiré l’attention : l’utilisation de drones capables de projeter des matériaux incendiaires. Ce sont les drones lance-flammes, des appareils équipés pour larguer de la thermite sur des positions ennemies. Une vidéo publiée dans la région de Zaporijia montre l’efficacité de ces drones, qui déversent une pluie de feu sur une zone boisée où se cachaient des soldats adverses.

La thermite, utilisée dans ces drones, n’est pas un lance-flammes au sens classique du terme. Il s’agit d’un mélange de poudre de fer et d’aluminium qui, une fois allumé, génère une chaleur extrême, capable de fondre des métaux. L’Ukraine exploite cette capacité pour endommager non seulement des positions adverses, mais aussi des véhicules blindés et des équipements lourds. Ce drone incendiaire est donc une arme à double effet : il inflige des dommages humains tout en perturbant les ressources militaires des forces russes.

Une arme à bas coût aux capacités dévastatrices

Les drones lance-flammes offrent un avantage tactique majeur aux forces ukrainiennes. En plus de leur capacité à toucher des cibles stratégiques dissimulées, ces appareils sont relativement bon marché. Un drone chargé de 500 grammes de thermite coûte une fraction du prix d’un blindé ennemi, mais il est capable de percer 4 mm de métal en dix secondes. Cela en fait une solution économique pour l’Ukraine, qui doit maximiser ses ressources face à une armée russe bien équipée.

L’avantage économique est crucial dans cette guerre, où les pertes matérielles s’accumulent des deux côtés. L’Ukraine a mis en place une stratégie de production locale pour ces munitions incendiaires, ce qui leur permet de maintenir une cadence régulière d’attaques tout en minimisant les coûts. En plus de leurs avantages financiers, ces drones sont extrêmement polyvalents. Ils peuvent s’adapter à divers environnements de combat, notamment les forêts où les troupes ennemies tentent souvent de se dissimuler.

La thermite : une munition historique adaptée aux drones

La thermite, bien que souvent utilisée dans des contextes industriels, a une longue histoire dans les conflits militaires. Cette substance incendiaire a été largement utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment pour détruire des structures fortifiées et des équipements militaires. L’Ukraine tire parti de cette histoire en adaptant la thermite aux nouvelles technologies, notamment aux drones, pour créer une arme à la fois ancienne dans son concept mais révolutionnaire dans son application.

Cette substance est capable d’atteindre des températures bien supérieures à celles de la lave, ce qui la rend particulièrement efficace pour percer les blindages et désactiver les véhicules militaires. En brûlant à 2.400 degrés, la thermite peut causer des ravages considérables, et même si elle ne détruit pas immédiatement une cible, elle la rend inutilisable. Utiliser la thermite via des drones permet aux forces ukrainiennes de maximiser l’effet de surprise tout en réduisant le risque pour leurs propres troupes.

Encadrement légal et impact sur le conflit

Si l’efficacité de ces drones est indéniable, leur utilisation pose des questions sur le plan du droit international. Le Protocole III de la Convention de Genève, qui régule l’usage des armes incendiaires, interdit leur déploiement dans les zones peuplées lorsqu’elles sont larguées par avion. Cependant, les drones ne sont pas explicitement mentionnés dans ce cadre, ce qui offre une certaine flexibilité dans leur emploi. Tant que ces drones sont utilisés pour frapper des cibles militaires et non des civils, leur utilisation reste autorisée.

L’Ukraine et la Russie, toutes deux signataires de ce protocole, doivent cependant se plier aux régulations internationales concernant l’usage des armes incendiaires. Malgré cela, les drones lance-flammes semblent être perçus par l’Ukraine comme une solution stratégique pour contrer l’avancée des forces russes, en particulier dans des zones reculées et difficiles d’accès. Le coût réduit et l’efficacité destructrice de ces appareils en font une arme de choix dans une guerre où les innovations tactiques jouent un rôle crucial dans l’issue des combats.


Jean Baptiste Le Roux
Jean-Baptiste Leroux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l’Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l’Association des Journalistes de Défense.

Des drones américains pour étoffer la trame de l’armée de Terre

Des drones américains pour étoffer la trame de l’armée de Terre

par – Forces opérations Blog – publié le

L’armée de Terre a pris livraison des premiers drones eBee Vision commandés auprès de l’entreprise américaine AgEagle Aerial Systems. Au moins un exemplaire est désormais dans les mains de la 11e brigade parachutiste (11e BP). 

Un premier lot de 20 systèmes eBee Vision est récemment arrivé en France, concrétisation d’un contrat de plus de 3 M€ officialisé en mai dernier. Cette livraison est « une étape importante dans notre stratégie de croissance du marché défense », déclarait pour l’occasion le patron d’AgEagle, Bill Irby. Une tranche équivalente suivra, de même que neuf autres systèmes de la gamme eBee, rappelle la société basée au Kansas.

Présenté au chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, à l’occasion d’une visite d’inspection de la 11e BP, ce drone de surveillance est avant tout destiné aux unités de contact. Il renforce depuis peu les capacités de reconnaissance, de détection et d’identification du 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP), visiblement en pointe sur la prise en main d’innovations dans le domaine.

Chaque système eBee Vision comprend un vecteur, une station de contrôle et un ensemble d’outils de communication et d’antennes. Déployée en moins de trois minutes, cette aile volante d’une envergure de 120 cm pour un poids de 1,6 kg dispose d’une autonomie de 90 minutes pour une portée de 20 km. Électrique pour gagner en discrétion, elle est équipée d’une caméra thermique FLIR Boson et d’une voie jour HD dotée d’un zoom 32x. 

Quant aux neuf autres systèmes, il s’agit à première vue d’eBee Tac, un modèle conçu pour des missions de cartographie et destiné aux unités spécialisées de l’armée de Terre. Selon son constructeur, l’armée de Terre fait partie des utilisateurs, de même que la Marine nationale et les forces terrestres britanniques et danoises. La rapidité de l’opération n’est en tout cas pas sans rappeler cette nouvelle dynamique privilégiée par les armées dans laquelle le besoin s’adapte à l’offre et l’évolution de la trame se veut plus rapide grâce à l’acquisition de systèmes en nombre restreint mais performants et déjà certifiés.

Crédits image : AgEagle

Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech

Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech


Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech
Le futur Super avion de chasse français ne laissera aucune chance à ses concurrents avec cette nouveauté high-tech

Le Rafale F5, le fer de lance de la force aérienne française volera entouré de drones.

Dans un monde où les tensions géopolitiques façonnent l’avenir de la guerre moderne, l’armée française s’apprête à franchir un nouveau cap avec le développement du Rafale au standard F5. Cette nouvelle version du célèbre avion de combat intégrera une technologie de pointe permettant de commander une flotte de drones, redéfinissant les missions aériennes de haute intensité, notamment dans des zones sensibles comme Taïwan.

Une évolution nécessaire pour le « vieux » Rafale

Le Rafale, déjà un pilier de l’Armée de l’air et de l’espace française depuis 2002, est en constante évolution. Le passage au standard F5 marque un tournant significatif avec l’adoption de systèmes sophistiqués et d’intelligence artificielle pour gérer des volumes de données sans précédent. Cette capacité renforcée permettra au Rafale F5 de synchroniser ses actions avec une meute de drones spécialisés, élargissant ainsi son champ d’action et sa capacité de frappe.

Technologie des « ailiers fidèles »

Le concept des Loyal Wingman, ou « ailiers fidèles », initialement développé par des nations comme les États-Unis avec des projets tels que le XQ-67A de General Atomics, trouve désormais sa place dans la stratégie aérienne française. Ces drones, conçus pour être interconnectés en réseau avec l’avion leader, augmentent la force de frappe, étendent les capacités de détection et de brouillage, et améliorent la protection contre les menaces ennemies.

Capacités et armement du Rafale F5

Extérieurement semblable à ses prédécesseurs, le Rafale F5 se distinguera par son câblage en fibre optique et son équipement IA, lui permettant de traiter des quantités colossales de données et de coordonner des missions avec ses drones accompagnateurs. Ces drones pourront être utilisés pour saturer les défenses adverses ou agir en complément du Rafale, selon les besoins de la mission.

Vers des missions de haute intensité

Avec la montée des tensions dans des régions clés comme Taïwan, et face à des adversaires disposant de systèmes d’armement avancés et nombreux, le Rafale F5 et ses drones ailiers joueront un rôle crucial. Ils permettront de neutraliser les défenses antiaériennes ennemies et de perturber la logistique adverse, augmentant significativement les chances de succès dans des conflits de haute intensité.

L’avenir de la guerre aérienne

Bien que la version F5 du Rafale ne soit pas attendue avant les années 2030, ses développements préfigurent déjà les futurs théâtres d’opérations militaires. Ces avancées posent la France et ses alliés à l’avant-garde de la technologie militaire aérienne, prêts à répondre aux défis futurs que la géopolitique mondiale pourrait poser.

La modernisation continue du Rafale en F5 illustre l’engagement de la France dans le maintien de sa supériorité aérienne et dans le développement de capacités répondant aux scénarios de conflit les plus exigeants. L’intégration de drones dans les stratégies de combat aérien n’est qu’un début dans l’évolution vers des guerres toujours plus connectées et technologiquement avancées.

Général Schill : Abandonner les hélicoptères d’attaque au regard d’une « expérience contingente » serait « dangereux »

Général Schill : Abandonner les hélicoptères d’attaque au regard d’une « expérience contingente » serait « dangereux »

https://www.opex360.com/2024/08/25/general-schill-abandonner-les-helicopteres-dattaque-au-regard-dune-experience-contingente-serait-dangereux/


Il peut être hasardeux de tirer des conclusions définitives à partir des retours d’expérience [RETEX] d’un conflit qui n’est pas encore terminé. Ainsi, durant les premiers mois de la guerre en Ukraine, le drone tactique turc TB-2, utilisé par les forces ukrainiennes, fut largement mis en avant et présenté comme étant un « game changer » grâce aux résultats qu’il avait permis d’obtenir face à l’armée russe. Mais cela n’aura finalement pas duré.

« Nous assistons chaque jour à une adaptation réactive permanente du glaive et du bouclier, de sorte que certaines capacités présentées comme emblématiques à tel ou tel moment de la guerre ne le sont plus. Le meilleur exemple en est le drone turc Bayraktar TB2, dont on parlait beaucoup il y a un an et qui a totalement disparu du narratif, parce qu’une parade a été trouvée pour en limiter l’efficacité », fit en effet valoir le général Jacques Langlade de Montgros, le Directeur du renseignement militaire [DRM], lors d’une audition parlementaire, en juillet 2023.

Cela étant, fin 2022, le ministère japonais de la Défense évoqua l’idée de retirer du service ses hélicoptères de reconnaissance et d’attaque [soit 12- AH-64D Apache, 47 AH-1S Cobra et 33 Kawasaki OH-1] pour les remplacer par des drones tactiques. Cette orientation avait été suggérée par l’attrition importante des Kamov Ka-52 russes en Ukraine.

En février dernier, l’US Army mit prématurément un terme à son programme FARA [Future Attack Reconnaissance Aircraft], qui visait à développer un hélicoptère de reconnaissance et d’attaque pouvant voler à la vitesse de 370 km/h et susceptible d’évoluer en mode autonome pour des missions dans des milieux fortement contestés. Le tout en ayant la capacité de mettre en œuvre des drones.

« En examinant le programme FARA à la lumière des nouveaux développements technologiques, de l’évolution du champ de bataille et des projections budgétaires actuelles, il a été estimé que les capacités accrues qu’il offrait pourraient être obtenues de manière plus abordable et plus efficace en s’appuyant sur une combinaison » de différents équipements, comme les drones et les moyens spatiaux, fit alors valoir l’US Army, qui avait mis le remplacement de ses hélicoptères OH-58D Kiowa et d’une partie de ses AH-64 Apache au premier rang de ses priorités en 2020.

En France, la question de l’avenir de l’hélicoptère de reconnaissance et d’attaque fut posée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors d’une audition au Sénat, en février 2023, alors que le projet de porter le Tigre au standard MK3 était fragilisé par le choix de l’Allemagne de s’en retirer.

« L’hélicoptère Tigre continuera de voler jusqu’en 2040/45. Après, le vrai sujet, c’est le saut technologique. J’ai demandé […] aux armées de regarder si ce qui est imaginé pour le standard 3 correspond bien à ce qu’on veut technologiquement. […] Est-ce qu’on n’aura pas un super hélicoptère déjà démodé [avec les drones]? J’assume poser la question publiquement », avait déclaré le ministre. Finalement, l’Aviation légère de l’armée de Terre devra se contenter de seulement 42 Tigre portés au standard Mk2+ sur les 67 exemplaires qu’elle possède.

De son côté, la British Army n’a jamais exprimé de doute sur l’utilité de ses AH-64E Apache / Guardian, expliquant qu’il suffisait d’adapter leur emploi aux nouvelles réalités du champ de bataille. Même chose pour la Pologne, qui a récemment confirmé l’achat de 96 appareils de ce type, ou encore pour la Corée du Sud, qui envisage de doubler sa flotte.

Certes, depuis le 24 février 2022, les forces russes ont perdu au moins 91 hélicoptères d’attaque. Mais cette attrition au combat a surtout été constatée durant les dix premiers mois de la guerre.

« Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, il y a eu au moins 23 pertes vérifiées d’hélicoptères d’attaque russes Ka-52. Cela représente plus de 25 % de la flotte en service au sein des forces aériennes russes, qui en comptaient alors 90 [exemplaires] et près de la moitié des pertes totales d’hélicoptères russes », avait souligné le ministère britannique de la Défense [MoD], en octobre 2022.

Par la suite, beaucoup d’hélicoptères d’attaque russes [Mi-28, Ka-52, Mi-35M] ont été détruits ou endommagés au sol… Cela a été le cas pour une quinzaine de Ka-52, selon les données compilées par Oryx.

Dans le numéro 0 de Combats Futurs, un revue publiée par le Commandement du Combat Futur [CCF], le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill a abordé la question de l’avenir de l’hélicoptère de reconnaissance et de combat.

« Dans le conflit ukrainien, il est clair que les progrès de la défense sol-air ont été plus rapides que ceux des moyens de pénétration aériens. Dans les phases tactiques, les moyens défensifs l’emportent sur les moyens offensifs conventionnels. […] Les belligérants contournent ce blocage par l’emploi massif de drones de taille, portée et mission différentes. Est-il pour autant pertinent d’en tirer la conclusion définitive de l’obsolescence des moyens aériens traditionnels [hélicoptères d’attaque ou avions de chasse] ? Je ne le pense pas », a affirmé le général Schill.

Cependant, a-t-il admis, « il est certain que dans un conflit de haute intensité marqué par des espaces de densité de défense sol-air, les hélicoptères sont plus vulnérables ». Toutefois, a poursuivi le CEMAT, le « sujet est plus complexe qu’une simplification qui s’arrête aux images de STRATCOM [communication stratégique, ndlr] qui montraient des destructions d’hélicoptères russes au début de la guerre ».

Ainsi, les RETEX « expliquent qu’après une phase initiale qui a vu leur disparition presque totale du champ de bataille, les hélicoptères d’attaque sont désormais utilisés efficacement en défensive pour interdire toute approche de blindés de la ligne des contacts. Ce fut notamment le cas lors de la contre-offensive ukrainienne de l’été 2023 au cours de laquelle les hélicoptères antichar russes ont joué un rôle majeur », a expliqué le général Schill.

En outre, a-t-il fait observer, peu d’armées possèdent et « savent utiliser » les hélicoptères d’attaque. « Il serait donc dangereux de mettre au rebut un type d’armement au regard d’une expérience contingente », a estimé le CEMAT. Et cela d’autant plus que « l’efficacité des armées continuera à reposer sur la combinaison des capacités – de toutes les capacités ».

« La complexité des matériels modernes impose par ailleurs une prudence dans les abandons capacitaires tant serait hasardeuse la recréation d’une capacité industrielle abandonnée », a encore insisté le général Schill.

Et de conclure : « Il est en tout cas certain que nous devons prendre en compte certaines évolutions et innovations. Je pense aux drones ou au binôme hélicoptère – drone par exemple qui sont des pistes indispensables à explorer ».

Une frégate française déjoue l’attaque d’un drone naval en mer Rouge

Une frégate française déjoue l’attaque d’un drone naval en mer Rouge

Touché et bien coulé

L’armée française signale un contact hostile avec un drone naval en mer Rouge. L’embarcation a été détruite par une frégate de la Marine nationale, alors qu’elle menaçait un pétrolier en difficulté.

Les drones navals ne sont pas seulement à l’œuvre en mer Noire, dans le cadre de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ces embarcations sans pilote apparaissent sous d’autres latitudes, ailleurs dans le monde. La mer Rouge, qui est une route maritime hautement stratégique pour le commerce international, en est la preuve la plus récente.

L’armée française vient de signaler un contact hostile avec un drone naval qui se dirigeait contre le pétrolier grec Sounion dans la matinée du 22 août 2024. L’engin a été détruit par une frégate de la Marine nationale, fait savoir sur X (ex-Twitter) le commandement français de la zone maritime de l’océan Indien (ALINDIEN).

Selon le compte rendu donné par le commandement des forces françaises aux Émirats arabes unis, le Sounion (qui compte un équipage de 29 personnes) a d’abord subi le 21 août deux attaques de la part de pirates sévissant dans la zone. Le pétrolier s’est retrouvé à la dérive, avec une voie d’eau ainsi qu’un incendie en salle des machines.

Alertée, la frégate française qui se trouvait dans les parages s’est déplacée sur zone pour assister le Sounion et évacuer son personnel. C’est alors que l’attaque du 22 août a eu lieu, avec une « embarcation lourdement chargée d’explosifs », selon l’armée. La frégate a alors engagé et détruit le drone, de toute évidence en faisant feu avec des tirs de mitrailleuse.

Une nouvelle menace qui requiert un attirail particulier

Le type d’unité qui a neutralisé la menace n’a pas été précisé, mais il peut s’agir d’une frégate anti aérienne de la classe Horizon. Début juin, le site spécialisé Mer et Marine indiquait l’arrivée en mer Rouge de la frégate Forbin pour un déploiement dans le cadre d’Aspides, la mission européenne visant à sécuriser le trafic maritime dans la région.

La classe Horizon compte un autre navire de ce genre, le Chevalier Paul. Le site Zone Militaire a relevé le passage du bateau au canal de Suez le 16 août. Chacune de ces frégates a dans son arsenal trois canons téléopérés de 20 mm, une artillerie de gros calibre (76 mm), ainsi qu’un éventail de missiles anti-aériens et de torpilles.

« Aspides opère sous mandat défensif et agit en tant qu’acteur européen crédible en matière de sureté maritime. Elle contribue à assurer la liberté de navigation dans sa zone de responsabilité et veille également à la protection des navires marchands qui y transitent », a réagi le commandement européen EUNAVFOR sur X.

frégate française horizon
Une frégate française de classe Horizon. // Source : Tristan Farsac

L’attaque, qui a eu lieu alors que la frégate portait assistance au Sounion, est une illustration de l’évolution du conflit en mer. Les drones y prennent une part croissante pour endommager ou couler des bâtiments adverses, et cela, à très bas coût. En raison de la guerre russo-ukrainienne, la mer Noire est devenue l’épicentre de l’emploi de drones navals.

La démocratisation des drones aériens ou navals sur le champ de bataille constitue d’ailleurs un défi pour les marines. Ils doivent s’adapter à ces attaques d’un nouveau genre, faciles à actionner et économiques — et qui peuvent aussi avoir un caractère saturant difficile à contrer pour un navire ou un système de défense donné.

 

Il y a également un autre problème qui est l’adéquation avec le coût pour parer une menace. Les frégates françaises embarquent des missiles qui coûtent entre 1 à 1,4 million d’euros à l’unité. C’est beaucoup pour abattre un drone. D’où des réflexions pour armer autrement les frégates, avec des lasers ou une artillerie renforcée.

Comment la tech a révolutionné la guerre

Comment la tech a révolutionné la guerre

 
IFRI -Léo Péria-Peigné, interviewé par Guerric Poncet pour Le Point

https://www.ifri.org/fr/espace-media/lifri-medias/tech-revolutionne-guerre


Lasers, essaims de drones, missiles hypersoniques… Ces nouvelles armes sont sur le point de bouleverser les conflits. L’art de la guerre n’échappe pas à l’accélération de l’Histoire. S’il fallait des décennies, voire des siècles, pour inventer un nouvel alliage métallique ou changer la forme d’un bouclier durant l’Antiquité, il suffit aujourd’hui de six mois pour qu’un drone soit obsolète sur le champ de bataille.

 

 

« Une invention qui change la donne à elle toute seule, cela n’existe plus, à part peut-être l’arme atomique », prévient Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Observatoire des conflits futurs de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

 

Adieu donc les fameux game changers, ces armements censés offrir un avantage décisif et définitif. « La guerre reste un duel dans lequel il n’y a pas de solution miracle, mais une combinaison de systèmes d’armes tous nécessaires », ajoute l’auteur de Géopolitique de l’armement (Le Cavalier bleu). Néanmoins, dans tous les domaines, des inventions vont radicalement transformer la conduite de la guerre. Emblème de cette révolution, l’intelligence artificielle (IA) « va irriguer toutes les dimensions de notre travail », assure le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre française, qui salue la création en mars dernier de l’agence ministérielle de l’IA de défense (Amiad).

« Dans dix à quinze ans, un tiers de l’armée américaine sera robotisé et largement contrôlé par des systèmes dotés d’IA », a même prédit le général Mark Milley, ancien chef d’état-major des armées américaines sous les présidents Trump puis Biden, lors d’une conférence le 15 juillet 2024. Aux États-Unis comme en Chine, des milliers d’ingénieurs travaillent sur des algorithmes voués à l’analyse du renseignement, à la surveillance automatisée des mouvements ennemis, à la conduite de mission des essaims de drones ou encore à la maintenance prédictive des outils les plus précieux comme les avions, les navires et les chars. Presque tout peut être géré par une IA en une fraction de seconde, charge ensuite aux humains de suivre le rythme impulsé par la machine.

L’étape suivante sera celle des systèmes d’armes létaux autonomes (Sala, parfois surnommés « drones tueurs »), une piste que plusieurs pays, dont la France, refusent de suivre. L’idée est de créer des drones terrestres, aériens et navals dotés d’une autonomie de décision plus poussée que celle des armements actuels, qui leur permettrait de tuer sans intervention humaine.

[…]

« Camouflage électronique »

« Dans l’immense majorité des cas aujourd’hui, les opérateurs de drones ne pilotent qu’une seule machine en utilisant une liaison radio », explique Éric Lenseigne, vice-président de Thales chargé de la guerre des drones, qui précise que son groupe fait « d’ores et déjà voler des essaims d’une dizaine de drones hétérogènes, qui accomplissent des missions précises sous le contrôle d’un opérateur unique ». Les usages sont infinis et parfois inattendus : « Des essaims de drones peuvent servir de camouflage électronique en émettant des ondes au-dessus d’un poste de commancdement », rapporte par exemple le général Pierre Schill. De quoi préfigurer la véritable révolution à venir pour les drones : celle de l’intelligence artificielle embarquée.

« Les essaims de drones que les hommes réussissent à créer avec l’IA sont aussi complexes que des vols d’étourneaux, l’une des choses les plus élaborées que l’on connaisse dans la nature », estime Giorgio Parisi, Prix Nobel de physique 2021 pour ses travaux sur les systèmes complexes. « À la différence près que les étourneaux n’ont la capacité de communiquer qu’avec les oiseaux les plus proches, alors que les drones communiquent à longue portée », précise le physicien. L’IA est la seule technologie capable de fournir à l’essaim l’agilité nécessaire pour remplacer à la volée les drones perdus et réorganiser les forces restantes. Les petits processeurs de chaque drone, connectés entre eux, fournissent une puissance de calcul importante tant que la liaison radio reste performante. Mais dans un contexte de spectre disputé, avec des brouillages de part et d’autre et des changements réguliers de fréquence et de mode de chiffrement, ce n’est pas un atout facile à préserver.

Autre nouveauté qui appartenait jusqu’à peu à la science-fiction : le laser. Les quelques armes expérimentales, installées notamment sur des navires et sur de petits blindés, ouvrent la voie à une systématisation de leur présence sur le champ de bataille en complément des fusils, canons et missiles traditionnels. Avec le laser, il n’y a pas de munitions : les tirs sont illimités tant que l’énergie est disponible.

 

« L’instantanéité du tir est aussi un atout majeur », précise Léo Péria-Peigné, qui souligne cependant « les problèmes d’échauffement et d’usure des lasers lorsqu’ils sont très sollicités ».

Les blindages doivent être réimaginés, tout comme la logistique et surtout la production d’énergie des véhicules, navires et avions. Seuls les porte-avions équipés de petits réacteurs nucléaires semblent aujourd’hui suffisamment dotés en électricité pour mettre en oeuvre plusieurs canons lasers dans un contexte de combat de haute intensité.

Manipuler les perceptions du cerveau

Le supersonique était une évolution, l’hypersonique est une révolution. Capables de dépasser cinq fois la vitesse du son (6 174 km/h), les missiles de croisière et les planeurs hypersoniques rejoignent les missiles nucléaires intercontinentaux dans la panoplie des armes quasiment imparables. Pis : contrairement à ces derniers, leur trajectoire n’est pas balistique. Jusqu’au dernier moment, ils peuvent manoeuvrer pour échapper à des défenses ou pour camoufler la véritable origine de l’attaque. Leur vitesse ne laisse que quelques instants à la cible pour décider d’une riposte, qui peut prendre la forme d’une contre-attaque éclair visant les systèmes de guidage et de ciblage des armes hypersoniques adverses : c’est ce que prévoit la Russie par exemple, avec une combinaison de missiles et de lasers. Toutefois, les armes hypersoniques coûtent très cher et n’apportent pas toujours un avantage décisif.

 

« La Russie dispose de missiles hypersoniques et cela ne lui a pas donné la victoire en Ukraine depuis deux ans », relève Léo Péria-Peigné, selon qui « Moscou préfère fabriquer une myriade de petits drones rustiques ou de missiles classiques, pour le prix d’un seul missile hypersonique ».

On sait brouiller les communications ; mais les cerveaux ? La guerre cognitive rêve de manipuler les perceptions du cerveau et donc d’altérer sa capacité à décider. En 2016, des diplomates américains et canadiens en poste à La Havane ont été pris de mystérieux vertiges et de maux de tête violents, au point qu’ils ont dû être rapatriés pour être traités dans leur pays.

[…]

> Lire l’article intégral sur le site du Point